L’eurodéputée écologiste Caroline Roose, invitée de L'Interview à la une

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Plutôt que la COP28, Caroline Roose préfère L’Interview à la une ! L’eurodéputée écologiste de Villeneuve-Loubet est l’invitée de notre grand entretien hebdomadaire, réalisé en partenariat avec Radio Émotion, qui sera mis en ligne ce samedi à 10 heures.

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00:00 *Générique*
00:14 Bonjour à tous, l'écologie politique en France c'est compliqué.
00:17 Bien sûr tous les français se disent concernés par l'environnement.
00:20 Dans le fond on serait tous vert, en vert et contre tous.
00:23 Même ceux qui voient rouge avec les gilets jaunes, même ceux qui ont des bleus à lames.
00:26 Mais à l'heure de voter patatras, tout le monde fait l'urne buissonnière.
00:30 C'est dire le plaisir d'accueillir aujourd'hui une eurodéputée européenne et azuréenne, une vraie.
00:34 Bonjour Caroline Rose.
00:36 Bonjour.
00:37 Bienvenue sur le plateau de l'interview à la une, l'émission de la rédaction de Nice Matins avec Radio Emotion.
00:42 J'aurai le plaisir de vous interroger aujourd'hui avec Frédéric Maurice, chef de l'édition Métropole de Nice Matins.
00:47 Bonjour Frédéric.
00:47 Bonjour Yannel.
00:48 Et nous commençons par quelques questions d'actualité.
00:51 Caroline Rose, l'eurodéputée écologiste Michelle Rivasi est décédée brutalement mercredi.
00:57 C'est une forte personnalité.
00:59 Quels souvenirs en conserverez-vous ?
01:01 Moi j'en retiens un très très bon souvenir.
01:05 J'ai travaillé cinq ans avec elle.
01:07 On était dans la même commission, la commission du développement.
01:10 On a travaillé énormément sur les pays en développement, sur l'humanitaire.
01:14 Et j'en retiens une très grande dame.
01:16 Et là c'est vrai qu'on l'a accompagnée jusqu'à l'hôpital.
01:22 C'est intervenu en séance ?
01:26 Non, c'est intervenu chez elle quand elle descendait prendre son petit déjeuner.
01:30 Et ça a été foudroyant et c'est très violent en fait.
01:35 Mais j'en retiendrai une très très grande dame.
01:39 Pour revenir à l'actualité de cette semaine aussi, jeudi vous avez manifesté à Paris
01:44 pour demander à de grands acteurs de l'habillement comme LVMH, Max Marat, les Galeries Lafayette
01:50 de s'engager à adopter enfin une politique bannissant la fourrure d'origine animale.
01:55 Il y en a encore tant de gens à porter de la fourrure aujourd'hui ?
02:00 Apparemment oui, puisque je me suis rendue hier, donc jeudi j'étais à l'avenue Montaigne.
02:07 Et je me suis aperçue que dans ces magasins de luxe, énormément de fourrure était en vitrine.
02:13 D'origine animale donc ?
02:15 Tout à fait, d'origine animale.
02:16 On a une initiative citoyenne européenne qui a été signée par 1,5 millions de citoyens
02:22 et citoyennes européens qui demandent à ce que soit arrêtée la commercialisation
02:30 de la fourrure d'origine animale.
02:32 Il faut une loi pour ça, c'est plus simple ?
02:34 Oui, il faut une loi pour ça, c'est plus simple.
02:36 Malheureusement on se retrouve dans un agenda politique un peu particulier puisqu'on a
02:40 les élections au mois de juin.
02:42 On a eu des promesses de la Commission européenne sur la révision de la législation bien-être animal.
02:47 La Commission a fait marche arrière et ne prononcera que le 6 décembre un seul axe
02:52 sur la révision sur le transport des animaux vivants.
02:55 La prochaine question vous est posée par Tristan Gasparot de Radio Emotion qui a interrogé un jeune homme.
02:59 On l'écoute.
03:00 Bonjour Madame le Rédéputé.
03:02 L'écologie me tient très à cœur et j'aimerais avoir votre avis par rapport au déroulement
03:05 de la COP 28 qui sera sur la présidence du sultan.
03:08 Personnellement, ça me choque.
03:10 Étant donné que le sultan est aussi le PDG du groupe pétrolier Adnok.
03:14 Et j'ai une dernière petite question.
03:15 Et vous Madame, comment comptez-vous y aller ?
03:18 En surfant sur les dunes ou bien en kayak ou en bateau ?
03:22 Est-ce que ce sera en avion ?
03:24 Alors, en ce qui concerne la COP, c'est une chose que j'ai dénoncée pendant la Commission
03:29 de développement puisque j'ai été en charge de l'avis sur la COP.
03:33 Et j'ai dénoncé ce conflit d'intérêts puisqu'il est le négociateur pour le climat.
03:38 Comment est-ce qu'un négociateur à la COP est aujourd'hui PDG d'une entreprise d'énergie fossile ?
03:46 On demande à ce qu'il y ait moins d'énergie fossile et on se retrouve avec un négociateur.
03:51 Et là, c'est quand même très problématique.
03:54 J'ai dénoncé ça en Commission de développement.
03:56 D'ailleurs, j'avais demandé à ce que ce soit écrit sur l'avis de la Commission.
04:01 Et je ne me rendrai pas à la COP ni par avion ni en surfant.
04:05 Je ne me rendrai pas à la COP par rapport à tout ça de toute façon.
04:08 Pourtant, c'est utile une COP.
04:10 C'est utile quand il y a des choses concrètes qui sont dégagées à la suite.
04:17 Il y a un exemple concret, c'est le fonds sur les pertes et dommages qui a été confirmé hier.
04:24 Mais sans contrainte.
04:26 Sans contrainte, qui va payer ? C'est un peu au bon vouloir des États membres.
04:31 Est-ce qu'un État membre qui pollue énormément va payer plus ? On n'en sait rien.
04:36 On est dans le flou et moi, c'est ce qui me gêne un petit peu.
04:40 Alors, je suis très contente qu'il y ait ce fonds aujourd'hui.
04:43 À plusieurs reprises, je l'ai demandé en Commission du développement.
04:46 Mais on a ce fonds sans avoir des caractères contraignants sur ce fonds.
04:53 Et ça, c'est embêtant.
04:54 La clause de la vulnérabilité, elle n'est pas finie de négocier quand même.
04:57 La COP n'est pas finie non plus.
04:58 Mais c'est quand même une bonne nouvelle d'ouvrir directement par une mesure aussi concrète,
05:02 alors qu'en général, c'est plutôt à la fin des COP qu'on obtient ce genre de décision.
05:07 Oui, c'est ça. C'est une première avancée pour moi.
05:10 Au premier jour de la COP, c'est très bien.
05:11 Maintenant, il faut voir ce qui en découle à la fin.
05:14 Sur la dernière COP, on a eu des promesses, mais qui n'ont pas été tenues.
05:20 Donc, Caroline Roselat, l'exposition universelle de 2030 a été attribuée à Riad, un Arabie saoudite.
05:26 Vous avez déjà pris vos billets ?
05:28 Non, je n'ai pas pris mes billets et je n'irai pas, puisque...
05:33 Bon, déjà, il faut y aller en avion.
05:35 J'essaye de prendre le moins souvent possible l'avion.
05:38 Et je dis le moins souvent possible parce que j'ai essayé de prendre le train de nuit pour aller sur Bruxelles.
05:43 C'est un petit peu compliqué selon les commissions à laquelle je dois assister.
05:49 Donc, je prends le train quand je peux prendre le train au maximum.
05:53 Vous y allez à Strasbourg, par exemple ?
05:54 Alors, quand je vais à Strasbourg, ça m'est arrivé une fois.
05:57 Il n'y avait ni avion ni train. Je suis allée en voiture.
06:00 Sinon, j'essaye d'y aller en train.
06:01 Et s'il n'y a pas de train, malheureusement, je prends l'avion.
06:04 Mais je le dis ouvertement.
06:06 Ça sera toujours par défaut, quoi.
06:08 Et voilà, toujours par défaut.
06:10 Pour Bruxelles, j'essaye de prendre le train au maximum, de faire moitié-moitié quand je n'ai pas le choix.
06:15 Là, je serai samedi sur Paris et je redescends et je monte en train.
06:22 D'accord. C'est important de dire que vous habitez Villeneuve-Loubet.
06:24 C'est ça.
06:25 Voilà, on y reviendra.
06:25 Alors, Villeneuve-Loubet-Bruxelles, c'est 12 heures de train.
06:28 On va rester sur l'Union européenne.
06:30 Oui. Quels sont les trois sujets pour lesquels vous êtes le plus battue depuis que vous avez été élue Eurodéputée en 2019 ?
06:38 Alors, moi, mes combats...
06:39 Pas facile de sélectionner, j'imagine.
06:41 Mais pour avoir une vision à peu près de ce qui vous a le plus accaparé depuis votre élection.
06:45 Alors, mes combats principaux, c'est la Commission de la pêche pour la préservation des mers, des océans, de la biodiversité marine qui me tient à cœur,
06:52 puisque moi, je suis ici d'une famille de marins.
06:55 Mon père était mécanicien bateau, mon mari marin embarqué.
06:57 Moi, j'ai été marin embarqué aussi.
07:00 Ah oui ?
07:00 Donc, je nage et je plonge depuis mon enfance.
07:03 Et donc, ce qu'il y a au niveau des fonds marins, j'ai vu une transformation des fonds marins.
07:08 Donc, c'est ce que je défends au sein du Parlement européen.
07:10 Je défends aussi, je dirais, la pêche artisanale, puisqu'on voit que la pêche industrielle détruit les fonds marins.
07:20 Et mon autre combat, c'est le bien-être animal.
07:23 J'ai été en charge de la Commission d'enquête sur le transport des animaux vivants.
07:26 Ça a contraint la Commission à revoir la législation bien-être animal.
07:31 Malheureusement, avec des questions d'agenda politique, on n'a pas pu voir les quatre axes de la législation.
07:36 On en a un qui nous sera proposé le 6 décembre, mais qui passera pas à cette mandature.
07:42 Donc, à la prochaine mandature, il y aura beaucoup de questions sur le bien-être animal.
07:45 On vous sent un peu désabusé, ou c'est une impression ?
07:47 On a l'impression que sur pas mal de sujets comme ça, vous faites, mais vous constatez que ça fonctionne pas forcément toujours.
07:52 Ah non, je suis pas désabusé, parce que je suis sur un temps particulier, puisque Michel Rivasi nous a quittés.
08:00 Et ça m'a beaucoup impacté, parce que c'était soudain et violent.
08:05 Et j'ai vécu la même chose avec mon mari en 2009, soudain et violent.
08:09 Et ça m'a replongée dans des souvenirs. Et c'est pour ça que je suis impactée là, aujourd'hui.
08:17 Mais non, moi, je me dis que chaque petit pas en avant...
08:21 Souvent, j'utilise un terme, j'aimerais courir, mais chaque pas en avant, je suis très contente de faire ces pas en avant.
08:27 Justement, de quoi êtes-vous la plus fière depuis votre élection au Parlement européen ?
08:31 Alors, je suis fière de défendre les pêcheurs.
08:34 Je suis fière d'être en lien avec les ONG, sortir en mer avec ces petits pêcheurs qui me montrent leur travail,
08:40 qui sont fiers d'être les gardiens de la mer.
08:43 Je suis fière d'avoir eu cette commission d'enquête sur le transport des animaux,
08:46 puisque c'est grâce à la pression des vers et à la demande des vers pour avoir cette commission d'enquête
08:52 qu'on a réussi à avoir la promesse de la révision sur le bien-être animal.
08:57 On commence à travailler dessus et pour moi, c'est une plus grande fierté.
09:00 Et à défaut, votre principal motif d'insatisfaction, votre regret le plus fort ?
09:05 Alors, mon regret le plus fort, c'est qu'aujourd'hui, on a une loi qui a été proposée par la Commission européenne.
09:13 C'est la loi sur la restauration de la nature.
09:15 On vit sur une planète qui est dégradée.
09:19 On s'aperçoit qu'il y a des espèces qui disparaissent, des habitats qui disparaissent.
09:23 Je suis contente d'avoir cette loi aujourd'hui, puisque à force de bataille, on a réussi à avoir cette loi,
09:28 mais elle a été vidée de son sens et j'aurais aimé que cette loi soit beaucoup plus ambitieuse.
09:33 Vous avez dit sur les réseaux sociaux, certains ont tenté de m'intimider, d'autres m'ont menacée.
09:38 Qui visez-vous ?
09:40 Alors, j'ai défendu la pêche artisanale.
09:44 C'est mon combat au quotidien de défendre la pêche artisanale.
09:47 Et notamment, j'ai mené une action par rapport à l'échoage de dauphins dans le golfe de Cascogne,
09:52 où je suis sortie en mer avec une ONG pour aller voir ce qui se passait au sein des captures accidentelles et des échoages de dauphins.
10:00 Suite à cette mission, on avait une mission en commission pêche en Bretagne.
10:07 Et là, j'ai rencontré des acteurs de la pêche.
10:11 Et il y a eu à un moment donné une manipulation du message politique quand la Commission européenne a annoncé son plan d'action pour la pêche.
10:19 C'est un plan d'action qui était attendu. C'était un plan d'action. Ce n'est pas une loi, ce n'est pas une directive, donc rien ne contraigna.
10:25 C'était une recommandation aux États membres.
10:28 Quand cette recommandation est sortie, on a certaines personnes qui ont manipulé le message politique en disant
10:35 « On veut tuer la pêche, c'est fini », etc. On s'est retrouvés avec des manifestations de pêcheurs.
10:40 L'Office national de la biodiversité qui a brûlé en Bretagne.
10:44 Et donc nous, on avait cette mission qui était prévue. On s'est rendus en Bretagne.
10:47 Et comme moi, je suis sortie avec les ONG et que j'ai défendu la pêche artisanale,
10:53 j'ai le président du Comité national des pêches qui m'a dit certaines choses en disant en gros que ce que je fais, ce n'est pas bien
11:04 et qui publierait mes votes et qui donnerait mon adresse aux pêcheurs et qu'ils s'occuperont de mes votes.
11:15 En un mot, une manipulation de qui ? Faite par qui ?
11:18 Par le président du Comité national des pêches.
11:20 D'accord. La manipulation de base dont vous parliez, la manipulation politique ?
11:23 La manipulation politique de base et ce message politique de base a été pris en partie par les libéraux au Parlement européen.
11:30 Et s'est montée en puissance, puisqu'après, c'est monté sur le Comité national des pêches.
11:34 RB Bervine s'est emparé du sujet aussi.
11:37 Et le secrétaire d'État à la mer est monté au Parlement européen, a vu le commissaire européen.
11:43 Et quand ils sont redescendus de Bruxelles, ils se sont fait passer pour les sauveurs de la pêche en disant
11:48 "Vous inquiétez pas, il n'y aura pas de plan d'action, tout va bien", alors que ce n'est pas vrai.
11:52 Une nouvelle question au micro de Radio Emotions.
11:55 Bonjour Madame Rouse, je suis Colline, je suis étudiante à la Faculté de droit.
11:59 Et je voulais savoir ce que c'était concrètement une eurodéputée et comment vous faites pour garder une proximité avec tous les citoyens ?
12:05 Alors moi, je suis militante de terrain à la base.
12:08 Donc j'ai besoin du terrain pour faire remonter les informations au sein du Parlement européen.
12:14 Quand je me suis saisi de la commission d'enquête sur le transport des animaux,
12:18 j'ai eu besoin d'aller voir ce qui se passait en vrai, puisque l'émission officielle,
12:22 on nous montre un petit peu ce qu'on a bien envie de nous montrer.
12:26 Sauf que le travail que je fais auprès des ONG, auprès des associations, est important.
12:31 Je travaille notamment avec L214, avec Sea Shepherd, avec Well Farm.
12:36 On a travaillé avec plein d'associations par rapport au bien-être animal.
12:41 Et là, on a vu l'envers du décor.
12:43 Et c'est tout ça, moi, que j'ai besoin de me nourrir de ça pour avancer sur les textes législatifs.
12:50 Parce que je ne veux pas rester juste dans ma bulle bruxelloise.
12:54 Et puis, travail d'eurodéputée, je pense qu'on défend ses convictions.
12:57 Moi, c'est un travail de cœur que je fais.
12:59 La mer me porte, et les animaux aussi.
13:01 Donc voilà, c'est mon quotidien.
13:03 Est-ce que vous défendez les méthodes de L214 ?
13:05 Ces images, ces irruptions dans des abattoirs, c'est souvent dénoncé.
13:11 Est-ce que vous, vous cautionnez, vous défendez cette manière de militer ?
13:15 Alors, j'ai fait l'émission officielle du Parlement européen.
13:18 Et comme je disais, on nous montre ce qu'on a envie de nous montrer.
13:22 Pour avoir des images, on a besoin de ces lanceurs d'alerte qui vont justement nous montrer ce qui se passe dans la réalité.
13:29 J'ai fait des missions avec eux au sein d'un abattoir, notamment.
13:33 J'ai fait d'autres missions avec d'autres ONG pour le transport des animaux vivants.
13:38 Et quand on voit les infractions à répétition, et on voit que ça n'avance pas,
13:42 aujourd'hui, les consommateurs ont besoin de voir ces images, même si elles sont très dures à voir.
13:48 Mais on a besoin d'expliquer ce qui se passe.
13:52 Moi, quand je fais le parcours d'une dinde aujourd'hui, je peux vous dire que je ne savais pas moi-même.
13:59 Et c'est pour ça que j'ai besoin d'aller sur le terrain pour voir ce qui se passe dans la réalité.
14:03 Pour la cause écologique, pour vous, la faim justifie les moyens ?
14:06 Dans la mesure où ce sont des actions qui ne sont pas violentes, moi, je suis avec les ONG.
14:11 D'accord. Alors la France ne s'est pas opposée au prolongement de l'utilisation du glyphosate.
14:15 C'est une honte pour vous ?
14:17 Pour moi, c'est une honte. C'était un gros combat de Michel Rivasi.
14:20 Elle s'est battue pendant des années pour que le glyphosate ne soit plus autorisé.
14:25 Aujourd'hui, on se retrouve avec une prolongation de 10 ans.
14:28 Et pour moi, c'est une aberration puisque, comme je dis, on a ce lien terre-mer.
14:33 Et tout ce qui est dans la terre va aller dans la mer. Et pour moi, c'est juste horrible.
14:37 Sur un tout autre thème, l'immigration, l'Europe a-t-elle la bonne politique ?
14:42 Alors...
14:44 On n'est pas dans vos domaines de compétence, de prédilection, on va dire.
14:47 Mais c'est quand même un débat très fort et puis une des prérogatives importantes de l'Europe.
14:53 Tout à fait. On a le pacte migration. Pour moi, on n'est pas à la hauteur de l'accueil qu'on devrait faire.
14:59 On a su le faire quand des personnes ukrainiennes sont venues ici parce qu'elles étaient dans une situation de guerre.
15:09 Je ne comprends pas qu'on ne puisse pas accueillir plus de personnes.
15:12 Et puis moi, je fais souvent le lien avec ma commission Pêche et les pays en développement et la problématique de la migration.
15:19 Est-ce qu'il est normal qu'on parle de notre sécurité alimentaire, même si moi, le terme de sécurité alimentaire ne me plaît pas ?
15:25 Je parlerais plus d'une fragilité alimentaire.
15:28 En Europe, on veut développer l'aquaculture.
15:31 L'aquaculture, ce sont des poissons carnivores qui sont nourris par d'autres poissons.
15:35 Et ces poissons, on les pêche en pays d'Afrique de l'Ouest, au détriment de la sécurité alimentaire des pays en développement.
15:42 Donc forcément, à un moment donné, il n'y a pas très longtemps, je me suis rendu au Sénégal pour aller voir les pêcheurs qui me disent "on n'a plus rien".
15:49 L'Europe nous pille les ressources. En fait, nous, on parle de sécurité alimentaire pour défendre notre sécurité alimentaire, si on peut dire ça.
15:57 On va payer les ressources des pays en développement et après, on va nous parler de migration.
16:02 Donc moi, je fais un petit peu tout ce lien-là et je trouve qu'on n'accueille pas suffisamment de personnes.
16:08 Quand vous voyez les sondages qui donnent le Rassemblement national à des scores très élevés aux Européennes,
16:14 est-ce que vous pensez que c'est en rapport avec leur investissement au sein de l'Europe ?
16:18 Alors, je me demande quels investissements ils ont en termes de travail au niveau européen.
16:24 Sur la loi sur la restauration de la nature, vous savez, on nomme des rapporteurs et des rapporteurs fictifs par groupe politique.
16:31 Personne n'a été nommé sur la loi sur la restauration de la nature. Sur le plan d'action, j'ai personne.
16:36 Ils ne viennent jamais aux négociations. Donc on n'a jamais de rapporteur qui négocie.
16:42 Il n'y a pas très longtemps, j'ai interpellé M. Bardella, qui faisait un beau discours sur la pêche artisanale.
16:47 Je lui ai posé la question, mais il est vite parti parce qu'il n'a même pas attendu la réponse de la Commission.
16:54 Ils font de très beaux discours en plénière, mais ils n'attendent pas la fin de la réponse.
16:58 Et je l'ai interpellé en disant « Mais où étaient vos négociateurs sur tel rapport, tel rapport ? »
17:03 Ils ne sont pas là. Et donc au niveau du travail européen, moi, ça me pose un problème.
17:07 C'est une manière générale, ça. Ce n'est pas que sur les questions écologiques.
17:10 Vous voulez dire en fait que c'est beaucoup de bruit et pas beaucoup de travail de fond, quoi.
17:14 Tout à fait.
17:16 En juillet, vous avez été choisie par votre parti pour être candidate à votre succession le 9 juin 2024,
17:22 donc pour faire partie de cette liste écologiste.
17:24 Mais il se dit que vous n'êtes pas très contente de la place qui vous est réservée.
17:27 Oh non. Moi, je suis septième de liste, donc je suis éligible.
17:33 Septième, la place est définitive, là, maintenant ?
17:35 Alors il y a des choses qui vont se voter au Conseil fédéral samedi matin.
17:40 Il y a des candidats d'ouverture qui arrivent. Mais non, moi, je suis contente de ma place.
17:47 Dans la mesure où je fais partie des personnes éligibles, on a chacun son thème de travail.
17:52 Donc le social est représenté, l'environnement est représenté, l'agriculture est représentée.
17:57 Moi, je suis satisfaite de ma place aujourd'hui et j'espère rester à cette place, c'est sûr.
18:03 Mais voilà, l'avenir le dira et j'espère pouvoir continuer surtout à défendre les combats que j'ai menés depuis cinq ans.
18:10 Vous parlez de candidats d'ouverture selon le Figaro Priscilla Lulowski.
18:13 Figure des Gilets jaunes serait l'une de vos colistières. Est-ce que vous vous en réjouissez ?
18:17 Ah, moi, ça me va très bien dans la mesure où elle va défendre justement le social.
18:22 On a eu ces manifestations dans les ronds-points, donc elle pourra défendre les personnes qui sont descendues dans la rue.
18:29 Donc pour moi, c'est une bonne chose et ce sera voté en Conseil fédéral samedi matin.
18:34 Il y avait deux candidats pour mener cette liste.
18:37 C'était tranché en même temps que votre candidature.
18:40 C'est Marie Toussaint qui va mener la liste. C'était la meilleure des deux candidates pour vous.
18:44 Il y avait aussi David Cormand qui était son challenger.
18:46 Ah, moi, j'aime les deux. Alors moi, j'aime les deux et je m'entends très bien avec les deux.
18:50 Ils ont tous les deux des compétences qui sont magnifiques.
18:54 Moi, j'adore l'analyse politique de David, le côté juridique de Marie.
19:00 Ils sont complémentaires, en fait. Marie est à deux listes.
19:03 Ils travaillent tous les deux ensemble et c'est une femme. C'est bien.
19:07 Elle est jeune.
19:08 Elle est jeune. Elle a fait partie de notre affaire à tous.
19:12 Elle est sur le terrain très souvent et moi, j'aime beaucoup Marie.
19:16 Très bien. Tout va bien. Cette liste écologiste autonome, est-ce que c'est le dernier clou planté dans le cercueil de l'ANUPS ?
19:23 On a besoin d'avoir une liste autonome au sein des élections européennes,
19:33 ce qui n'était pas le cas pour l'Assemblée nationale.
19:36 On sait très bien que si on a fait la NUPES, on avait besoin d'un groupe écologiste à l'Assemblée nationale.
19:43 On est très content d'avoir ce groupe aujourd'hui pour défendre l'écologie.
19:47 Il n'est pas dit qu'on ne continue pas ensuite avec la NUPES. Ce sera des choix qui seront faits au sein du parti.
19:55 Pour moi, ce n'est pas un clou.
19:58 Là, vous me parlez en fait de choses qui sont relativement générales.
20:02 Vous me parlez de stratégie politique, pas tellement de stratégie idéologique ou de défense d'idées.
20:06 Vous comprenez que ça peut choquer les gens ?
20:08 Non, on a des positions différentes sur l'Europe.
20:17 C'est pour ça que pour ma part, je trouve qu'il est normal qu'on ait notre liste aux européennes.
20:24 Est-ce que vous pouvez nous donner trois bonnes raisons de voter pour les écologistes ?
20:28 Trois bonnes raisons pour voter pour les écologistes ?
20:31 On est des personnes de terrain.
20:34 Pour ma part, je fais le lien avec les ONG, beaucoup.
20:38 Je travaille que ce soit avec les ONG, avec les associations.
20:43 On est beaucoup sur le terrain. On fait vraiment de l'écologie.
20:46 Il y a beaucoup de partis, beaucoup de groupes politiques qui se disent écologistes.
20:50 Mais qui est sur le terrain quand il faut être sur le terrain ?
20:53 Et puis, on ne fait pas du greenwashing.
20:55 En voilà une. Deux autres raisons.
20:58 Deux autres raisons ?
20:59 Oui.
21:00 Deux autres raisons.
21:02 Sur mes sujets, si je prends la différence entre les groupes politiques,
21:07 l'écologie, ce n'est pas que l'environnement.
21:10 L'écologie, c'est le social, c'est l'inflation de fin de mois, c'est le bien-être animal.
21:16 Ce sont mes sujets. C'est la défense de l'environnement, de la mer.
21:20 Pour moi, pour tous ces sujets-là, il n'y a que les écologistes qui peuvent les défendre.
21:27 Est-ce que vous craignez la concurrence de la liste de l'écologie au centre,
21:30 qui va être à priori défendue par Jean-Marc Gouvernatori ?
21:34 Vous devez le savoir, j'ai été candidate d'ouverture sur la dernière mandature
21:41 et la dernière liste des européennes au nom de l'Alliance écologiste indépendante.
21:46 Un parti que j'ai quitté. J'ai fait le choix de quitter ce parti parce que je ne m'y retrouvais pas du tout.
21:52 Je ne pense pas que ce soit une concurrence pour notre liste.
21:57 Très bien. Enfin, une dernière question sur ce point-là.
21:59 Une élue écologiste qu'on centre la plupart des critiques, c'est Sandrine Rousseau.
22:03 Quel regard vous pensez ? Quel regard vous portez d'elle ? Députée de Paris, bien sûr.
22:07 Écoutez, moi, je me suis rendue à Paris lors des élections pour les législatives.
22:13 J'ai été soutien de Sandrine Rousseau.
22:16 Elle défend surtout le rôle des femmes, le féminisme.
22:24 Elle incarne beaucoup de choses, Sandrine, même si des fois elle crie fort.
22:32 Mais elle défend, elle est sur le terrain aussi. Sandrine est toujours sur le terrain.
22:36 Et pour moi, c'est une bonne députée.
22:38 Elle sert plus la cause qu'elle ne la dessert ?
22:41 Je ne dis pas qu'elle dessert la cause. Non, non.
22:43 On a tous un caractère différent. On est tous différents.
22:47 Et moi, je trouve qu'elle sert la cause.
22:50 Elle crie fort, mais elle a raison.
22:52 Ah oui, moi, je suis d'accord avec ses propos.
22:55 On va parler un peu plus localement maintenant.
23:00 On va revenir au niveau des Alpes-Maritimes ou plus largement les Alpes,
23:04 qui ont été choisies mercredi, qui sont seules en liste désormais
23:08 pour être les organisatrices des Jeux Olympiques d'hiver de 2030.
23:13 Les artisans de cette candidature prétendent que ce seront des JO écolo
23:17 avec 95% des infrastructures déjà existantes. Est-ce que vous y croyez ?
23:21 Pas vraiment. Quand je vois le budget 15 milliards d'euros pour 15 jours,
23:25 déjà, ça me pose un souci.
23:27 Et puis, dans les Alpes, avec le changement climatique,
23:31 on va avoir besoin de neige. Qui dit neige dit de l'eau.
23:34 On a une problématique avec les nappes phréatiques.
23:36 On va avoir ce problème d'eau.
23:38 Pour moi, ce ne seront pas des JO écolo.
23:43 Vous avez réagi cette semaine à la mort d'une orque au parc Marine-Land d'Antibes.
23:47 - D'une otarie. - D'une otarie, pardon, excusez-moi.
23:50 Qu'est-ce qu'il faudrait faire, concrètement, selon vous ?
23:53 J'ai été à la rencontre de M. Picot, qui est directeur de Marine-et-Land.
23:58 On a réussi à discuter tous les deux, même si on n'est pas en accord.
24:02 C'est ce que je disais, j'aime bien aller discuter avec les gens.
24:05 Ce qu'il faudrait faire aujourd'hui, on a la structure,
24:09 peut-être garder Marine-et-Land pour faire un sanctuaire,
24:13 avant que ces orques et ces animaux, en général, soient aptes à être transportés.
24:19 Parce que là, il y a la problématique.
24:21 Est-ce qu'aujourd'hui, ils sont aptes à être transportés ?
24:24 Moi, j'ai très peur qu'ils soient transportés en Chine.
24:29 Et donc, c'est tout ça que je suis avec les associations sur le terrain.
24:34 Je voudrais pouvoir faire un sanctuaire,
24:36 et faire en sorte qu'elles puissent retourner en mer sur un sanctuaire.
24:39 Marine-et-Land, c'est aussi beaucoup d'emplois, beaucoup d'activités économiques.
24:43 Vous êtes sensible à ce thème-là ?
24:44 Oui, je suis sensible à ce thème-là.
24:46 D'ailleurs, on m'avait fait un petit peu le chantage à l'emploi à une époque.
24:50 Il y a eu des propositions qui ont été faites aux employés de Marine-et-Land
24:54 pour travailler justement sur la réhabilitation d'un sanctuaire.
24:58 Très bien. Les animaux sont maltraités à Marine-et-Land ?
25:01 Alors, je ne suis pas experte vétérinaire.
25:05 J'ai été à la rencontre de la personne qui dresse les animaux,
25:10 puisque c'est du dressage.
25:11 Ce qui me gêne, c'est qu'on utilise des animaux à des fins de divertissement.
25:18 Et ça, déjà, c'est une première problématique.
25:20 Un animal, ce n'est pas un objet.
25:23 Il y a quand même des problèmes qui ont été constatés à Marine-et-Land
25:27 sur l'identification des orques.
25:30 Et donc là, on est en attente de voir un expert indépendant
25:35 qui viendra voir l'état des animaux.
25:38 Caroline Rose, vous êtes hostile à l'extension de l'aéroport,
25:41 aux jets privés, aux paquebots de croisière.
25:44 Mais est-ce que vous avez conscience que le tourisme est très loin
25:46 la première ressource économique de ce territoire ?
25:49 On a une problématique de pollution, puisqu'on a des gens qui meurent de la pollution.
25:53 On est sur un tourisme de masse aujourd'hui, où on voit énormément de circulation.
25:58 Ces paquebots de croisière qui dégagent une pollution énorme.
26:04 Le prix moyen d'un touriste à bord d'un bateau,
26:07 le panier moyen de dépense d'un touriste, c'est 38 euros.
26:11 Est-ce que c'est nécessaire de polluer autant aujourd'hui
26:16 avec ce tourisme de masse ?
26:19 Donc vous êtes favorable à des mesures de régulation du surtourisme, du tourisme ?
26:23 Oui, je suis favorable à la régulation du surtourisme.
26:27 Nous passons tout de suite à la question perso.
26:30 Et c'est Frédéric Maurice qui vous la pose.
26:39 Caroline Roos, vous êtes belge de naissance,
26:42 vous habitez à Villeneuve-Loubet depuis votre enfance, je crois.
26:45 En 2021, vous avez lancé une demande de naturalisation.
26:50 Où en est-elle ?
26:51 Et quel regard, surtout, vous portez sur le débat,
26:54 actuellement en France, sur la réforme de l'immigration ?
26:57 Alors, moi, je suis belge, je suis arrivée en France,
27:01 et notamment à Villeneuve-Loubet, le 1er juin 1972.
27:04 Toute petite alors !
27:06 Toute petite, j'avais 3 ans.
27:08 Mon père a démarré le chantier naval sur le port de Marina-Baie-des-Anges,
27:11 et c'était les plus anciens commerçants du port.
27:13 Ma mère a ouvert la première épicerie au port de Marina.
27:16 Donc, j'ai grandi sur le port, je courais sur le port,
27:20 et c'est pour ça que je parle beaucoup de nage,
27:23 puisque mon père était mécanicien bateau.
27:26 C'est grâce à l'Europe que j'ai pu rester en France,
27:31 et étudier en France.
27:33 Et c'est pour ça que j'ai l'Europe chevillée au corps.
27:35 J'aime bien Villeneuve-Loubet,
27:37 même si Villeneuve-Loubet, c'est pour moi, beaucoup étendu,
27:41 peut-être un petit peu trop de béton,
27:43 on en parle souvent avec le maire,
27:45 mais c'est une ville que j'ai dans le cœur.
27:49 Pourquoi vous n'avez pas demandé votre naturalisation plus tôt ?
27:52 Ah, parce que ma mère écrivait difficilement le français.
27:57 Elle avait fait une première demande,
27:59 mais qui a été rejetée parce que le dossier avait été très mal fait.
28:02 J'ai voulu faire une double nationalité,
28:06 le dossier traîne un petit peu,
28:08 et j'attends comme tout le monde.
28:11 C'est compliqué de faire une demande de naturalisation ?
28:13 Oui, c'est un petit peu compliqué.
28:15 Parce qu'on a l'impression, dans le débat,
28:17 qu'on devient français du jour au lendemain.
28:19 Non.
28:20 Pour les gens qui font cette démarche-là,
28:22 c'est extrêmement compliqué.
28:23 Vous avez quand même les armes, vous êtes quelqu'un d'éduqué,
28:25 c'est compliqué pour vous.
28:26 On peut imaginer que les gens qui traversent la Méditerranée
28:31 sans diplôme du jour au lendemain
28:33 ne peuvent pas demander leur naturalisation aussi facilement.
28:36 Oui, c'est ça.
28:37 Déjà, le dossier est très compliqué et complexe quand même à remplir.
28:40 Il y a un certain nombre de détails à donner sur le dossier.
28:44 Pour moi, c'est vraiment très contraignant.
28:47 On voit qu'on peut simplifier les mesures de demande.
28:49 Et je pense qu'il faut aller sur des simplifications de mesures.
28:52 Et sur le débat actuel sur la réforme de l'immigration,
28:55 qu'est-ce que ça vous inspire, puisque vous êtes concernée quand même,
28:57 même si c'est l'immigration à travers européenne ?
29:00 Je dis que sur le débat qui est en cours,
29:04 on parle de régulariser des personnes qui travaillent déjà.
29:09 Les personnes sont ici, elles travaillent.
29:14 Et on manque par moment sur certains secteurs de main-d'œuvre.
29:19 On est très content d'avoir les personnes qui sont là et qui travaillent.
29:22 Et d'un autre côté, on ne veut pas les régulariser.
29:24 Et moi, ça me pose un problème.
29:26 Très bien.
29:27 Très bien.
29:28 Une dernière question.
29:29 La France a un problème avec son immigration ?
29:31 Oui, la France a un problème.
29:32 Est-ce qu'on a l'impression que c'est un problème majeur en France ?
29:34 Vous pensez que c'est le cas aussi ?
29:35 Non, ce n'est pas le problème.
29:36 Moi, je pense qu'on peut accueillir plus de monde.
29:38 On est en capacité d'accueillir plus de monde.
29:41 Bien, mais ce sera le mot de la fin.
29:42 Merci à vous, Caroline Rose.
29:43 Merci à Frédéric Maurice.
29:44 Merci à Philippe Bertigny et Franck Fernandez pour la réalisation de cette émission
29:48 que vous pouvez revoir en replay sur toutes les plateformes, les réseaux de Nice Matin et de Radio Emotions.
29:53 On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition de l'Interview à la Une.
29:56 Bonne journée et bon week-end à tous.
29:58 [Musique]
30:06 [SILENCE]

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