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00:00 Car ça fait un an que l'on sort tous les premiers lundis du mois le panier France Bleu qui mesure le prix des 37 produits du quotidien.
00:06 Il coûte 108,57 euros.
00:08 C'est 6 centimes de plus qu'il y a un mois et 8 euros de plus qu'il y a un an.
00:13 Bref, les prix se stabilisent.
00:15 Et pour commenter cette tendance dans l'écodiciste matin sur France Bleu, j'y rends sur France 3 Aquitaine, Thomas Cognac.
00:19 Vous recevez le directeur de la coopération agricole de Nouvelle-Aquitaine.
00:23 Bonjour Philippe Sommer.
00:24 Bonjour.
00:24 Merci de l'invitation.
00:25 Présentez-nous déjà cette coopération agricole de Nouvelle-Aquitaine, c'est quoi ?
00:29 La coopération agricole, c'est le mouvement qui rassemble les coopératives.
00:32 Les coopératives étant des entreprises particulières qui sont détenues et gouvernées par les agriculteurs.
00:37 C'est à peu près en Nouvelle-Aquitaine 40% de labo alimentaire et les deux tiers de la collecte en grande culture.
00:42 Et ça fait combien d'entreprises ?
00:44 C'est à peu près 250 entreprises et 4 000 actifs, agriculteurs ou salariés sur le territoire.
00:50 Vous êtes donc bien placé pour avoir les prix des denrées.
00:55 Déjà, stabilisation, vous remarquez ça vous aussi après une inflation à deux chiffres, voire à 20% si on regarde sur deux ans ?
01:02 Exactement.
01:03 La guerre en Ukraine a fait un emballement des prix.
01:06 En revanche, les chiffres qui sont tombés la semaine dernière, Eurostat et INSEE,
01:10 montrent une baisse de l'inflation, qui ne se trache pas forcément toujours par une visibilité en rayon.
01:16 On est passé de plus de 10% il y a un mois à 8% la semaine dernière en augmentation de l'inflation.
01:24 Mais on ne retrouvera jamais les prix d'avant ?
01:25 On ne retrouvera jamais les prix d'avant pour deux raisons, mais ils vont rebaisser.
01:29 Mais on ne va certainement pas revenir avant.
01:31 Il faut bien comprendre, dans un prix de produit, prenons un filet de poulet,
01:35 sur 10 euros de kilo, on a 3 euros pour l'élevage.
01:39 L'élevage, c'est au deux tiers de l'alimentation animale, des céréales.
01:44 Et ça, ça a augmenté ?
01:45 Et ça, ça a augmenté.
01:46 On a vu le blé qui est passé de 200 euros/tonne avant la guerre en Ukraine à plus de 400.
01:50 Évidemment, là on est redescendu à un niveau normal.
01:53 Donc cette partie-là redescend.
01:55 En revanche, après, on a l'étage de transformation et d'abattage.
01:59 C'est 3 euros aussi.
02:00 Et là, c'est du salaire, c'est de l'énergie.
02:03 Là, les salaires ont pris 10% en un an.
02:05 On ne va évidemment pas revenir en arrière.
02:07 L'énergie est toujours un peu chère.
02:08 Et donc, cette partie-là va augmenter.
02:10 Et après, c'est de 4 euros.
02:11 La plus importante, c'est finalement le coût de la distribution.
02:14 Et là, c'est aussi beaucoup de salaire.
02:16 C'est aussi de l'énergie pour faire du froid, faire du chaud.
02:19 7h17 sur France Bleu, Jérôme.
02:21 Notre invité dans l'écodigie, c'est le directeur de la coopération agricole de Nouvelle-Aquitaine.
02:25 Philippe Sommer.
02:26 Il y a 37 produits dans notre panier France Bleu.
02:28 Alors, il y a de l'alimentaire, mais pas que.
02:30 Mais ce qui augmente le plus vite, ça reste l'alimentaire.
02:33 Alors, il y a quelque chose qui est hors catégorie.
02:35 C'est le kilo de sucre, plus 45% en un an.
02:38 Le deuxième, il a plus 17%.
02:39 Alors, pourquoi cette augmentation si forte ?
02:42 Le sucre est déjà un fleuron de l'agriculture française.
02:45 Alors, pas Nouvelle-Aquitaine, mais dans le Nord,
02:47 on représente 30% de la production française de sucre,
02:49 à travers des coopératives d'ailleurs.
02:51 Alors, qu'est-ce qui fait une augmentation très forte ?
02:53 Déjà, une demande mondiale qui est en forte hausse.
02:55 Au final, la population augmente et la demande en sucre augmente.
02:59 Le phénomène El Niño a fait baisser la production,
03:03 notamment en Amérique.
03:04 Phénomène climatique.
03:05 Un effet climatique.
03:06 Et puis, en France, on a des effets à la fois d'énergie,
03:08 les sucreries demandent beaucoup d'énergie,
03:10 et des effets d'évolution de la réglementation
03:12 qui a fait baisser les facteurs de production.
03:14 On a parlé des néonicotinoïdes,
03:16 qui ont fait baisser la production française,
03:18 et donc une hausse des prix assez forte.
03:20 Et il faut rémunérer les producteurs correctement.
03:22 Il y a eu un mouvement, on marche sur la tête,
03:25 des agriculteurs, notamment en Nouvelle-Aquitaine,
03:27 ils retournaient les panneaux d'entrée des communes.
03:28 Est-ce qu'ils sont bien rémunérés, les producteurs, aujourd'hui ?
03:31 Je vous l'ai dit tout à l'heure,
03:32 un producteur sur un filet de poulet qui vaut 10 euros le kilo,
03:35 il récupère moins d'un euro.
03:36 Mais pas que pour lui, pour financer ses investissements,
03:39 pour financer l'énergie, le vétérinaire, etc.
03:41 Évidemment, l'agriculteur est finalement souvent
03:44 une part congrue des produits alimentaires.
03:46 Et ça, c'est le boulot des coopératives.
03:48 Notre boulot, c'est de valoriser ces produits au mieux
03:52 pour rémunérer au mieux les agriculteurs.
03:53 Mais puisque vous prenez l'exemple du poulet tout à l'heure,
03:55 60% des volailles consommées en France sont importées,
03:58 sont donc moins chères.
03:59 Vous dites aux consommateurs "faites un effort",
04:01 mais en même temps, ils ne peuvent pas le faire non plus
04:02 à cause de l'inflation.
04:03 Évidemment, il y a des choix.
04:05 Quand un consommateur va en rayon,
04:07 nous, on ne peut pas produire au même coût
04:11 qu'un poulet ukrainien ou un poulet polonais.
04:13 On a des contraintes sociales,
04:14 on n'a pas le même SMIC,
04:15 on a des contraintes environnementales,
04:17 on a des contraintes de production en France
04:20 qui font qu'au bout du compte,
04:22 le produit ne vaut pas le même coût.
04:23 Après, nous, on essaie de produire un produit
04:26 à un coût maîtrisé.
04:28 On ne descendra jamais au prix du poulet ukrainien.
04:30 Mais on dit aux Français "faites un effort",
04:32 pas forcément le plus haut de gamme,
04:34 mais essayez de vous fournir sur un produit français,
04:38 coopératif, ce sera une rémunération directe aux agriculteurs.
04:40 Avec toujours, évidemment, cet enjeu des prix en rayon.
04:42 Merci Philippe Sommer d'avoir été avec nous ce matin.
04:45 On rappelle que vous êtes directeur de la Coopération Agricole de Nouvelle-Aquitaine.

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