Décryptage : Vladimir Poutine au Moyen-Orient

  • l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00 c'est aussi une question d'image et Poutine ne s'en prive pas.
00:02 Le président russe est arrivé tout à l'heure à Abu Dhabi,
00:05 sa première sortie depuis que la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre lui.
00:09 Il a été accueilli, vous le voyez, avec tous les honneurs,
00:12 à commencer par la présence sur le tarmac de Mohamed Ben Zayed.
00:16 Il est rentré ensuite à Riyad, Ludovic de Fougo, vous nous avez rejoint.
00:19 Bonjour. - Bonjour.
00:20 - Poutine tente là un retour sur la scène internationale en pleine COP,
00:24 ça veut dire qu'il a choisi le bon moment, le bon endroit pour tenter de redorer son blason.
00:28 - Oui, exactement. Et l'image a un poids symbolique assez lourd,
00:33 puisqu'on vous l'avait dit, il a été accueilli avec tous les honneurs.
00:36 Il y a même eu une parade aérienne dans le ciel d'Abu Dhabi,
00:40 avec les couleurs de la Russie, des drapeaux accrochés le long des avenues.
00:46 Poutine qui sort de son isolement, qui redeviendrait fréquentable au moment,
00:50 on va y revenir, où le soutien occidental à l'Ukraine semble marquer le pas.
00:56 Mais d'abord, évidemment, l'endroit c'est parfait. Pourquoi ?
00:59 Parce que dans les pays du Golfe, les Émirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite,
01:03 où le président russe doit se rendre après,
01:05 ce ne sont pas des pays signataires du traité de Rome, de la Cour pénale internationale.
01:09 Donc le mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale
01:13 à l'encontre de Vladimir Poutine pour crime de guerre,
01:16 pour les déportations illégales d'enfants ukrainiens, ne va pas s'appliquer là-bas.
01:20 Donc pour ça, il est tranquille.
01:21 Et puis, l'autre raison qui fait que c'est intéressant pour Vladimir Poutine
01:25 d'être dans le Golfe aujourd'hui, c'est aussi pour y parler à faire.
01:29 Depuis le début de la guerre, depuis que des sanctions économiques occidentales frappent la Russie,
01:34 les liens commerciaux, par exemple, entre la Russie et les Émirats Arabes Unis,
01:37 se sont grandement renforcés.
01:39 Donc Vladimir Poutine est aussi là-bas pour cultiver, pour entretenir cela.
01:43 Il va aussi probablement parler avec son homologue iranien, Ibrahim Raisi,
01:46 qu'il doit avoir demain de moyens de contourner les sanctions internationales,
01:50 puisque l'Iran est aussi un pays qui est frappé par ces sanctions.
01:53 Et puis avec MBS, Mohamed Ben Salman, le prince héritier saoudien,
01:57 qu'il rencontrera aussi, il va probablement parler pétrole.
02:00 Une des principales sources de revenus de la Russie, c'est le pétrole.
02:05 En ce moment, les prix ne sont pas au plus haut
02:07 et pourtant, les pays de l'OPEP ont décidé de baisser un peu l'offre.
02:11 Donc c'est un problème économique pour la Russie.
02:13 C'est aussi pour cette raison qu'il est actuellement dans le Golfe.
02:16 C'est une bonne passe, disons-le, pour le président russe.
02:19 Ici, donc, son retour sur la scène internationale.
02:23 Sur le terrain militaire, les choses sont plutôt encourageantes pour lui
02:28 parce qu'il a l'avantage, même si c'est encore un avantage minime.
02:32 Et les Ukrainiens, eux, attendent, je le disais, le soutien occidental,
02:35 là qu'il y a du plomb dans l'aile.
02:37 Voilà, c'est ça. Donc le moment est parfait pour Vladimir Poutine,
02:39 pour occuper les écrans, pour se racheter une respectabilité.
02:42 Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, le soutien chancelle un petit peu.
02:47 La Maison-Blanche essaie de convaincre le Congrès de débloquer des aides d'urgence.
02:50 On l'a vu avec Gulliver à l'instant que le président Zelensky
02:55 devait intervenir virtuellement devant le Sénat.
02:58 Ça n'a pas été fait, il n'y a pas d'explication qui a été donnée.
03:01 Au niveau européen, il n'y a pas une vraie unité.
03:04 Tous les pays, tous les 27 ne sont pas au diapason.
03:06 La Hongrie, de Viktor Orban, par exemple, traîne toujours des pieds
03:09 pour débloquer les aides, pour débloquer les négociations d'adhésion
03:12 de l'Ukraine à l'Union Européenne.
03:14 Et puis côté ukrainien, on entend parler de division, de tension
03:17 au niveau politique, au sommet de l'État.
03:19 Au niveau militaire, la grande contre-offensive lancée en juin
03:22 n'a pas donné de très bons résultats, elle a même largement échoué.
03:25 Donc effectivement, les positions semblent quelque peu figées.
03:27 Et le monde semble aussi regarder de plus en plus vers Israël.
03:30 Exactement. Donc il y a tout un contexte qui fait qu'on sent poindre
03:33 du côté des alliés occidentaux de l'Ukraine une certaine lassitude.
03:37 Je vais vous citer un haut responsable militaire européen en poste à l'OTAN.
03:41 Il était interrogé par l'AFP, c'est dans une dépêche.
03:43 "Il faut maintenant, dit-il, gérer Zelensky, le faire revenir
03:47 de sa posture un peu jusqu'au boutiste.
03:49 Personne ne dit ça officiellement, mais je pense que c'est quand même
03:52 un peu ce qui se prépare."
03:54 Vous voyez que tout semble jouer en faveur d'un statu quo.
03:57 Probablement, on peut le dire, on peut le penser jusqu'aux élections
04:01 américaines l'année prochaine. Et d'ici là, on peut s'attendre
04:04 à ce que Vladimir Poutine cherche, comme il le fait aujourd'hui
04:07 dans le Golfe, à se normaliser.
04:10 Et ça inquiète évidemment les Ukrainiens qui ont peur d'être lâchés.
04:14 Merci Ludovic pour cette analyse.

Recommandée