La bande de 22H Max réagit à l'étude de l'institut Rexecode selon laquelle les Français travaillent moins que leurs voisins européens.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Et bien autre chose, Christophe Barbier, vous prenez le pouvoir ce soir avec...
00:04 On reste presque dans le même sujet.
00:07 Les Français sont parmi les Européens qui travaillent le moins, étuderaient que ces codes.
00:11 On est avant dernier, juste devant la Finlande, je vais y arriver.
00:16 Nous travaillons 1664 heures par an, si je ne me trompe pas, 36 de moins que la Belgique, 69 de moins que les Espagnols, 126 de moins que les Allemands.
00:24 Est-ce que c'est grave, docteur Barbier ?
00:26 - Oui, c'est grave, c'est inquiétant. C'est énorme parce que les Allemands, par exemple, on a 3 semaines de travail en moins dans l'année, nous les Français, par rapport aux Allemands.
00:33 Ça pose donc un véritable problème. Les Français travaillent moins quand ils travaillent.
00:38 Il y a moins de Français qui travaillent avec le chômage, les seniors exclus, etc.
00:42 Et ceux qui travaillent ont tendance à perdre en productivité alors que ça a longtemps été notre force.
00:46 Pour diverses raisons...
00:47 - On pouvait se permettre de moins travailler autant parce que la productivité en était meilleure.
00:51 - Donc en moindre, on faisait aussi bien en PIB par habitant que les autres.
00:54 Très bien, ce n'est plus le cas. Donc il faut s'interroger sur le pourquoi du comment.
00:57 Il y a des raisons dont on peut se flatter. D'ailleurs, il y a plus d'apprentis.
00:59 Donc évidemment, ils sont un peu moins productifs, ils apprennent.
01:01 Donc cette baisse de productivité, elle a aussi des raisons qui sont presque heureuses et qui vont se corriger.
01:06 Mais quand même, c'est inquiétant. Ce n'est pas la faute que des Français.
01:09 Il y a la moindre attractivité du travail, problème de salaire dans notre pays, problème sans doute d'ambiance dans les entreprises, de vie hiérarchique,
01:17 de rôle des syndicats qui sont souvent des syndicats très idéologiques, qui ne participent pas assez à mettre de l'huile dans les rouages de l'entreprise.
01:24 Tout ça, c'est exogène. Il y a aussi quelque chose d'endogène. Les Français ont perdu le goût de l'effort.
01:29 C'est un peuple pessimiste sur l'avenir et qui baisse un peu les bras, me semble-t-il.
01:33 C'est agueusi, comme dirait Perricot. Quelles en sont les raisons ? Il faut la traiter.
01:37 Il faut leur redonner le goût de l'effort pour eux, pour leurs enfants, pour leur pays, pour l'Europe.
01:42 Ça me semble très important. Donc je m'inquiète à voir ces chiffres.
01:45 Vous dites "agueusi", Perricot. J'espère qu'on n'en est pas là. C'est tragique, l'agueusi. Vous vous rendez compte ?
01:49 Je pense que non. J'espère que les Français ont encore le goût du travail. La majorité, ils l'ont, heureusement.
01:54 Mais il faut reconnaître, Christophe a présenté ça avec beaucoup de subtilité, de tact et de diplomatie.
02:00 Je sens que vous allez prendre une autre voie.
02:03 C'est que des feignasses, le français, c'est bien connu. Les caricatures épouvantables qu'on entend.
02:09 Est-ce qu'on veut dire cette vieille litanie ? Est-ce que la valeur travail a pris un coup dans l'aile ?
02:13 Pour certaines catégories professionnelles, oui. Pour certaines catégories sociales, aussi.
02:18 Mais pourquoi ? Mais chez Rubin, c'est parce que l'école ne leur a pas appris certaines valeurs.
02:22 Il y a des choses qui n'ont pas été transmises. Il y a des états d'âme, des états d'esprit qui n'existent plus.
02:27 La conscience professionnelle, l'amour du travail bien fait, toutes ces expressions qui sont très réactionnaires et très rétrogrades,
02:33 qui pourtant participent de la productivité qui a fait la force.
02:36 Ça me ressemble à ça, Perricot.
02:38 — Bien sûr que c'est bien. — Mais elle n'a pas connu Stéphane aujourd'hui. Mais attends, ça coule douce. C'est pour ça.
02:41 Mais nous, Christophe Hémon, on a trimé, je peux vous dire. — Et moi, non, peut-être.
02:44 — Et vous pensez qu'on fait quoi, nous, tous les deux ? Vous pensez qu'on fait quoi, ici, des ping-pong, demain soir ?
02:48 — Nous, on a pris des coups de pieds aux fesses. On avait des notes. On avait des punitions. Et puis le rendement, ça y allait.
02:52 Voilà. Et d'ailleurs, on n'imaginait pas que le monde était autrement. Aujourd'hui, vous avez des gens qui viennent et qui vous disent
02:57 « C'est quoi, mes droits ? ». Alors on leur dit « Vous avez des droits, mais s'il y a des devoirs ». Des devoirs ? Mais qu'est-ce que c'est que les devoirs ?
03:03 Alors la République, bien faite et bien constituée, c'est un État où la moitié est faite de droits, la moitié de devoirs.
03:09 Et l'équilibre doit être préservé. Aujourd'hui, vous avez des salariés, des gens qui sont dans la vie active, qui pensent de façon très sincère
03:16 parce qu'une certaine idéologie humaniste de gauche, un petit peu laxiste, une continuité de 1968 sous les pavés et la plage,
03:25 leur a dit « Les droits d'abord, et puis un petit peu de devoirs s'il en faut, mais pas trop quand même, pas trop d'infos ».
03:31 Voilà où on en est aujourd'hui, et ça donne ce genre de sondage.
03:33 - Safia Aykbarabou. - Non, mais je suis obligée de répondre à ça.
03:36 - Ah mais c'est fait pour ! C'était pour t'apporter une grande... - Je veux aussi évoquer quelque chose, là j'avoue qui est très personnel.
03:41 Moi, actuellement, il me manque une veine dans la jambe. Je me suis fait opérer il y a quelques semaines à cause de mon travail étudiant
03:45 parce qu'en fait j'étais vendeuse dans le prêt-à-porter à côté de mes études. Et dans notre génération, on est énormément à être boursier,
03:51 à connaître la précarité. Moi, mon père travaille sur les chantiers dans le BTP, ma maman est aide-soignante.
03:57 Donc en fait, on est en réalité dans des environnements sociaux, notamment pour les classes ouvrières et populaires,
04:03 où la dite valeur travail est centrale parce qu'on n'a pas le choix. Le travail rythme nos vies, nos quotidiennetés,
04:10 y compris vitales, et tout tourne autour de ça, y compris notre temps social, si je puis dire.
04:17 Et moi, ça m'interroge sur le fait qu'au contraire, on devrait s'ouvrir. Il y a des sociologues du travail qui taffent dessus,
04:23 il y a des syndicats, il y a des expertises qui tournent, qui ne pensent pas que la valeur de l'effort est en chute libre.
04:31 Le travail, les études, c'est aussi parfois, ou même quand on n'aime pas son travail, c'est Christophe Dejour, un psychologue du travail
04:40 qui le dit très bien, où parfois dans le travail, on peut trouver des formes de créativité, de relevéité de vie,
04:44 quand bien même parfois ça peut impacter notre santé. Et ce n'est pas le travail ou l'effort qui a impacté,
04:50 c'est qu'aujourd'hui, on a une génération qui est la mienne, où voyant aussi de nombreux mouvements sociaux arriver,
04:55 on se dit qu'en fait, on est en légitimité de questionner notre temps de vie, nos conditions de travail, nos salaires,
05:02 notamment dans un temps d'inflation.
05:04 - Vous prenez l'autobus et le métro, vous avez vu, j'arrive en retard tous les jeudis ou tous les lundis, parce que la ligne 8, à partir de 22h...
05:09 - Ce n'est pas à cause des travailleurs. Moi, les travailleurs que j'ai vus à la réforme des retraites...
05:12 - Je ne chauffe pas d'autobus. Mon majeur de gendarmerie me dit "nous n'arrivons pas à recruter".
05:17 - ... que les tâches qui leur étaient données ne permettaient pas l'entretien des lignes.
05:20 - Et il n'y a plus de collaborateurs dans les restaurants.
05:21 - Est-ce que vous connaissez les conditions de travail des travailleurs ? Parce que pour le coup, moi, s'il y a besoin que j'invite ma prof,
05:26 sociologue du travail qui a taffé dessus, ça va être grand plaisir pour la prof.
05:29 - C'est vrai qu'il y a un problème d'activité.
05:31 - Non, mais vous pensez qu'on a rétabli l'esclavage en France ? Je n'étais pas au courant.
05:34 - Il y a des exploitations, monsieur.
05:37 - Il y a des exploitations. Et je peux vous montrer les pays où c'est encore plus grave.
05:41 - Néanmoins, il faut quand même repasser aux 39 heures. Je dis ça comme ça.
05:44 - Ça, c'est glissé.
05:45 - Payez 41. 39 heures, payez 41. C'est la bonne formule économique.