Bérangère Couillard, ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes et à la Lutte contre les discriminations
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00:00 Il est 8h moins le quart sur France Bleu Gironde et sur France 3 Nouvelle Aquitaine.
00:03 Notre invitée est Bérangère Couillard, la ministre déléguée à l'illégalité,
00:06 femmes, hommes et à la lutte contre les discriminations.
00:09 L'élue girondine est en déplacement aujourd'hui à Bordeaux, Pessac, Andernos, Les Bains et Biganos.
00:14 Une visite marathon pour parler de la lutte contre les violences conjugales, le racisme et l'antisémitisme.
00:20 Elle répond à vos questions, Jules Brelhaze.
00:21 Bonjour Bérangère Couillard.
00:22 Bonjour.
00:23 Alors merci d'être avec nous en studio ce matin.
00:24 Votre réaction tout d'abord à ces témoignages que l'on entend,
00:27 ces menaces de mort parfois à caractère raciste qui visent depuis plusieurs jours maintenant
00:32 un collège Marguerite Duras et un lycée Jean Monnet de Libourne.
00:35 Que répondez-vous aux professeurs, aux enseignants qui disent avoir peur pour leur vie ?
00:39 Déjà je leur apporte tout mon soutien évidemment face à ces propos scandaleux
00:43 et également aux élèves parce qu'il y a aussi des élèves qui ont été menacés.
00:48 Et donc j'apporte évidemment tout mon soutien à la communauté éducative et aux élèves.
00:53 Après vous savez mon quotidien c'est de lutter contre la haine et les discriminations.
00:59 Et donc il s'agit notamment d'y lutter à chaque instant.
01:02 D'où que ça vient ?
01:03 Et de rien laisser passer.
01:04 Et de rien laisser passer.
01:05 Et donc c'est pour ça d'ailleurs tout à l'heure que je préside un CORA
01:09 qui est un comité opérationnel qui vise justement à lutter contre le racisme,
01:14 l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.
01:16 Nous avons choisi justement de réanimer ces CORA
01:19 qui sont donc mis en place par le préfet et le procureur
01:23 et qui permettent justement de mettre autour de la table
01:26 tous les acteurs qui permettent de lutter contre la haine
01:29 parce que c'est indispensable de continuer à avoir ces initiatives.
01:33 Et là quand je vois ce qui se passe dans les écoles
01:35 il faut que nous continuions notamment à sensibiliser,
01:38 sensibiliser les professeurs pour pouvoir aussi sensibiliser les élèves.
01:41 C'est indispensable de le faire et ça fait partie du plan que je me charge de déployer.
01:47 Et puis nous avons aussi évidemment nos concitoyens,
01:51 une partie de nos concitoyens vivent des discriminations au quotidien
01:54 et donc j'ai cette charge, notamment nous avons voté une loi il y a maintenant deux jours
01:58 qui vise à lutter contre les discriminations.
02:01 Ça passe par la mise en place d'une loi notamment qui met en place des testings,
02:06 des testings pour lutter contre les discriminations à l'embauche,
02:08 les discriminations pour l'accès au logement
02:10 et puis également discriminations pour l'accès aux prêts bancaires.
02:14 Tout ça nous le menons de front parce que nous ne souhaitons pas laisser les choses aller dans ce sens.
02:19 - Et votre réaction également Bérangère Couillard à cette petite polémique
02:23 sur les réseaux sociaux à l'avant-veille, demain, de la journée de la laïcité.
02:27 Emmanuel Macron a participé à une célébration de la fête juive Hanoukka,
02:32 c'était hier soir à l'Elysée.
02:33 Comprenez-vous que l'image puisse interpeller certains défenseurs de la laïcité
02:37 et vous êtes bien placé pour en parler puisque vous participez vous aussi à cette célébration à l'Elysée.
02:42 - Alors il ne s'agissait pas d'une célébration à Hanoukka,
02:45 c'était la remise d'un prix que le président recevait au sein de l'Elysée.
02:49 Le grand rabbin de France était présent, d'autres rabbins de toute la France étaient également présents.
02:54 Et au moment d'allumer la bougie, j'étais présente et au premier rang,
02:57 donc je peux vous dire exactement ce qui s'est passé.
02:59 Le grand rabbin de France a demandé en dernière minute au président s'il pouvait chanter
03:05 et du coup le président a aimablement répondu positivement
03:08 et donc il s'est avéré qu'il en chantait un paragraphe d'une chanson religieuse.
03:16 Mais en aucun cas, c'était prévu dans le déroulé et donc c'était un peu surprenant
03:21 mais en rien ça ne remet en cause ce que défend le président avec vigueur, c'est-à-dire la laïcité.
03:27 L'idée c'était évidemment de faire en sorte qu'il y ait concorde et non pas qu'il y ait cette difficulté
03:32 et en tout cas pas cette polémique sur les réseaux sociaux.
03:34 Ce n'est pas une forme de clientélisme comme certains le dénoncent sur les réseaux sociaux
03:38 ou bien une forme de kalinothérapie parce qu'on sait qu'Emmanuel Macron avait été critiqué
03:42 pour avoir été absent à cette grande marche de l'antisémitisme.
03:45 Je vous assure que si vous avez vu l'enterreté de la cérémonie, vous auriez vu que le président a eu des mots
03:49 et d'ailleurs il l'a dit, il l'a dit au rabbin qui était présent, il a dit "je ne suis pas présent"
03:54 pour vous dire ce que vous avez forcément envie d'entendre
03:56 et qu'il y a des choses sur lesquelles on peut être en désaccord.
04:00 Je vous assure qu'à les 20 minutes de discours qu'il a prononcé, il a eu un discours de vérité, en tout cas sa vérité,
04:06 ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait pouvoir dire et la position de la France
04:10 et donc il ne s'agissait pas de kalinothérapie mais simplement de respect.
04:13 En parlant de laïcité, c'est un sujet sensible on l'entend, on parle souvent du retour du religieux chez les plus jeunes.
04:18 Exemple tiens avec Jason, c'est un élève de seconde dans un lycée de Bordeaux qui a une question pour vous Bérangère Couillard.
04:25 Bonjour Madame la Ministre, pourquoi on a mis la laïcité dans les écoles et tout ?
04:31 Parce que en quoi ça va déranger les personnes ?
04:33 C'est pas d'imposer les religions mais de se ramener avec la religion de chacun.
04:37 Par exemple les personnes musulmanes plus les femmes qui peuvent mettre des voiles
04:41 ou les personnes chrétiennes qui veulent mettre une croix, ça ne va déranger personne.
04:46 C'est une opinion personnelle mais qu'on garde pour soi.
04:49 Une réponse à Jason, il y a cette incompréhension, cette difficulté à expliquer le principe même de la laïcité.
04:54 Il l'a dit lui-même Jason, il a dit c'est une opinion personnelle qu'on garde pour soi.
04:59 Et donc du coup ce que demande la République et particulièrement la laïcité,
05:05 c'est justement de garder sa pensée, sa religion pour soi dans la sphère personnelle.
05:12 Mais il y a une neutralité des écoles, il est possible à partir des universités de porter des signes religieux
05:21 et donc de montrer en tous les cas son appartenance religieuse mais pas à l'école.
05:25 L'école doit être un sanctuaire et c'est la neutralité qui doit régner.
05:28 Vous êtes ministre déléguée à l'égalité homme-femme Bérengère Couillard,
05:31 comme ailleurs en France vous allez rencontrer aujourd'hui à Bordeaux et ce nom des femmes victimes
05:35 et des auteurs de violences conjugales. On les entend peu souvent, ils vous disent quoi ces auteurs ?
05:39 Écoutez les auteurs c'est aussi intéressant de les entendre.
05:42 Dans la mise en place des centres pour auteurs que nous avons mis en place, une trentaine partout en France.
05:47 Il y en a un à Charles Pérince à Bordeaux.
05:50 Nous mettons en place ces centres pour lutter contre la récidive.
05:54 Ce que me disent ces auteurs, notamment ceux qui viennent par eux-mêmes,
05:57 parce que vous savez 10% d'entre eux des 14 000 auteurs que nous avons accueillis l'année dernière,
06:01 sont venus de leur propre chef, c'est-à-dire qu'ils ont senti besoin d'être aidés,
06:05 ils ne veulent plus vivre cette situation, cet environnement de violence au domicile.
06:11 Ce que nous souhaitons faire, c'est faire en sorte qu'ils soient mieux accompagnés
06:15 et qu'ils viennent plus facilement de leur propre chef.
06:17 C'est pour ça que nous avons d'ailleurs lancé une communication plus grande échelle
06:23 pour faire connaître ces centres de prise en charge pour auteurs.
06:26 C'est un espoir. Autre sujet qui fait polémique, Bérangère Couillard,
06:29 ce projet de forage de nouveaux puits de pétrole sur le bassin d'Arcachon.
06:32 Quand dit l'ancienne secrétaire d'Etat à l'écologie que vous êtes ?
06:35 Est-ce que vous êtes pour ou contre ?
06:36 Plusieurs collectifs appellent à manifester demain, samedi, devant la sous-préfecture d'Arcachon
06:40 car c'est maintenant à l'État de se prononcer sur cette question.
06:44 Est-ce que ce sera oui ? Est-ce que ce sera non ?
06:46 Ecoutez, ce n'est pas moi qui décide si c'est oui ou non,
06:49 et ce n'est ni le gouvernement non plus.
06:51 Il y a aujourd'hui une loi qui a été votée en 2017
06:54 qui interdit toute nouvelle concession.
06:57 Et qui interdit la prolongation des concessions existantes à partir de 2040.
07:03 Il semble que dans le cas de la TEST, ce soit une concession existante.
07:07 Donc il s'agit d'une interdiction à partir de 2040.
07:10 Sur le fond, ce n'est pas ce que retiennent les Girondins
07:15 qui ont réagi lors de l'enquête publique.
07:18 Et même la commissaire enquêtrice a reconnu des inquiétudes légitimes du public
07:23 face aux grands enjeux et pourtant l'avis est favorable.
07:26 Il n'est que consultatif. Est-ce que le gouvernement va suivre cet avis ?
07:29 Ce n'est pas le gouvernement, déjà, c'est les représentants locaux de l'État.
07:34 C'est-à-dire l'ADREAL qui va regarder après l'enquête publique.
07:37 Qui dépend de la préfecture et qui est la représentante de l'État.
07:39 Mais qui regarde sur des faits, sur savoir si le projet respecte la loi.
07:43 Et vous, en tant qu'ancienne secrétaire à l'écologie et Girondine aussi...
07:47 Et ancienne députée, monsieur. Et donc nous votons des lois.
07:50 Et les lois, elles doivent être respectées.
07:52 Et donc, moi, je n'ai pas à me prononcer sur le projet.
07:55 Aujourd'hui, si le projet respecte la loi, ce sera évidemment les services de l'État
07:59 qui vont regarder si le projet respecte notamment les contraintes environnementales,
08:04 mais respecte la loi aussi et respecte un certain nombre de choses.
08:07 Moi, je comprends par contre que ça interroge les Français, bien sûr.
08:10 Quand on prône l'arrêt des concessions, forcément, quand il y a ce type de projet, ça questionne.
08:16 Et ça questionne d'autant plus que nous sommes particulièrement dans une période
08:21 où on parle de ces sujets parce qu'il y a la Cov-28.
08:23 Donc moi, je comprends tout ça.
08:25 La seule chose que je dis, c'est qu'il semble, dans ce cas,
08:27 que cette concession respecte la loi compte tenu qu'elle est déjà existante.
08:32 Donc, vous me demandez savoir ce que va faire le gouvernement.
08:35 Le gouvernement, moi, je vous réponds, en tant qu'ancienne législateur
08:38 et donc aussi en garante de l'application de la loi.
08:42 La seule chose, c'est qu'après, il faut regarder évidemment si ce projet respecte toutes les règles.
08:46 Mais je comprends que ça crée de l'émoi parce qu'en fait, l'idée, c'est de sortir du tout pétrole.
08:52 C'est bien ça l'idée.
08:53 Mais de dire que demain matin, on n'ira plus extraire du pétrole,
08:56 parce qu'en fait, aujourd'hui, on n'est pas en capacité de dire ça aux Français.
08:59 Et les Français, ce n'est pas ce qu'ils souhaitent.
09:00 Ils souhaitent pouvoir remplir leur réservoir pour aller travailler.
09:02 Un principe de réalité.
09:04 On en reste là.
09:05 Merci Bérangère Couillard d'avoir répondu à nos questions.
09:08 Ministre déléguée à l'égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations.
09:11 Merci d'avoir été notre invitée ce matin.
09:13 Il est 7h54 sur France Bleu.
09:15 J'irai en de cette interview.
09:16 Vous la retrouvez en intégralité sur notre site francebleu.fr, également en vidéo.