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"C'est ça qui me plaît. C'est d'entendre le rire des enfants aujourd'hui." Julien Sommer est marionnettiste dans le théâtre des marionnettes du Champ-de-Mars. Pour neo, il nous présente sa passion et son lieu de travail.

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Transcript
00:00 - Voilà, comme ça, des voix d'enfant !
00:01 - Et la voix du grand méchant loup !
00:02 - Alors, faut savoir jongler avec la voix !
00:04 - C'est tout ça, c'est un mécanisme.
00:06 Bon là, on va se dire, il est à moitié cinglé, le gars.
00:08 Il met des voix comme ça !
00:10 Coucou !
00:11 Eh ben, c'est Guiguiol et moi, c'est Julien Sommer.
00:13 Entrez.
00:15 Voilà, dans le théâtre des marionnettes du Champ de Mars.
00:18 Donc le Castelet, qu'on voit ici, a été construit en 1902
00:22 et la salle a été construite en 1978
00:25 par Luigi Tirelli, qui était l'ancien marionnettiste,
00:28 qui était là depuis les années 50.
00:30 Et c'est lui qui m'a tout appris.
00:32 Des fois, je réalise comme ça,
00:34 il y a des petits flashs comme ça où je me dis,
00:38 j'ai vraiment de la chance d'avoir réalisé mon rêve,
00:41 parce que c'était vraiment mon rêve.
00:42 - Toto !
00:44 On fait comme ça avec la mort, voir Toto !
00:47 Alors là, on est dans les coulisses.
00:49 On est sous la scène.
00:50 Donc si je lève le rideau,
00:52 ici, on voit, voilà, c'est le bas de la scène.
00:54 Donc là, c'est comme si c'était le sol,
00:56 avec tous les éclairages qui sont aussi en façade.
01:00 Et les marionnettes évoluent à cet endroit-là.
01:02 - Oh, qu'est-ce qu'il regarde !
01:06 Oh, tout le monde est venu !
01:07 - Ah bah, Guignol, c'est le héros.
01:10 Quand on est petit, c'est lui le héros des histoires, des pièces.
01:14 Moi, quand j'étais petit, comme je disais,
01:15 c'était mon ami imaginaire.
01:18 Et comme je me suis senti toujours un peu en décalage,
01:22 finalement, ça me plaît bien d'être dans une vieille tradition
01:25 de Guignol qui est née en 1808.
01:27 C'est moi qui fais tout, les costumes, les dessins, les peintures.
01:31 Là, je vais faire une princesse.
01:34 Donc là, comme c'est une jeune première,
01:35 ça va être un visage plutôt ovale.
01:37 Je m'inspire de beaucoup de choses,
01:39 des fois des visages même de vraies personnes.
01:41 Il y a des acteurs ou des actrices aussi, par exemple.
01:44 Voilà, j'adore Louis de Funès, donc j'ai fait Louis de Funès.
01:48 Il y a Claude Jean-Sacq qui joue toujours sa femme
01:51 dans "Les gendarmes", par exemple.
01:52 - Ça ne marche pas ! Voilà.
01:54 - Quand j'étais petit, j'appelais tout le temps le répondeur
01:59 pour entendre la voix de Guignol,
02:00 parce que c'était Luigi qui faisait Guignol à l'époque.
02:02 Et à 14 ans, je suis revenu ici avec ma cousine
02:04 et en rentrant dans la salle, j'ai retrouvé les odeurs,
02:10 la Madeleine de Pouste, quoi, vraiment.
02:12 Tout est revenu d'un coup, des flashs.
02:14 Et je me suis remis à rappeler le répondeur,
02:17 comme quand j'étais petit.
02:18 Un mec à 14 ans, il rappelle Guignol.
02:20 Bon, ce n'est pas grave.
02:22 Et puis là, je suis tombé sur quelqu'un qui m'a répondu.
02:24 Alors, je me suis retrouvé comme un imbécile, en gros.
02:26 J'ai dit "Bonjour, qu'est-ce que vous jouez cette semaine ?"
02:29 Alors que je le savais, puisque j'étais là deux jours avant.
02:31 Et là, cette personne m'a dit
02:34 "Écoutez, on devait jouer La Belle et la Bête,
02:36 mais on est en manque de personnel.
02:38 Du coup, je ne sais pas si on va la jouer."
02:40 "Ah bon, très bien. Merci, au revoir."
02:42 Je l'ai raccroché.
02:43 Et puis, je me suis dit inconsciemment,
02:45 c'est un signe, c'est un signe, c'est un signe.
02:47 Je suis allé dans les coulisses
02:48 et d'avoir Guignol dans les mains, ça m'a vraiment...
02:51 Enfin, ça m'a...
02:53 Je ne sais pas, c'était un rêve, entre guillemets.
02:55 Et du coup, Luigi a vu que je savais plus ou moins la tenir.
03:01 Et il m'a dit "Bah écoute, si tu veux venir nous aider pendant les vacances,
03:03 viens à partir de demain."
03:05 Et puis, voilà, c'était le 17 février 2001.
03:08 22 ans après, je suis toujours là.
03:10 La peinture, c'est fondamental.
03:15 Parce que là, on voit le visage,
03:18 mais ce qui donne la vie vraiment, c'est les yeux.
03:21 Parfois, quand je bloque sur un costume, souvent,
03:27 je bloque parce que je n'ai pas forcément la technique d'un couturier
03:32 dont c'est le métier vraiment.
03:33 Moi, je l'ai appris tout seul.
03:35 Donc là, je mets du rouge pour faire les joues.
03:37 Voilà, je tapote comme ça.
03:41 Hop.
03:43 Et après, je vais venir étirer la peinture.
03:47 Comme il y a des éclairages de scène, c'est comme au théâtre,
03:49 il faut un peu marquer quand même les couleurs et le maquillage
03:55 parce qu'il faut que les enfants voient de loin les volumes et les traits.
03:59 Là, normalement, elle a tout pour être vivante.
04:03 Je crois que quelqu'un nous attend.
04:05 C'est vrai ?
04:05 Mais oui, regardez.
04:07 Oh, quelle bonne surprise.
04:09 Bonjour, bonjour.
04:09 J'ai aussi des petits passionnés, on va dire,
04:13 qui, comme moi, quand j'avais leur âge,
04:17 je les fais rentrer dans les coulisses aussi
04:19 et puis je leur fais tenir une ou deux marionnettes.
04:23 Et quand je vois des vrais passionnés,
04:25 j'ai qu'une envie, c'est de leur donner quelque part
04:27 la chance que j'ai pu avoir moi de mon côté.
04:30 Ouh, ouh !
04:31 Vas-y, fais ouh ouh pour voir.
04:32 Ouh, ouh !
04:33 Voilà.
04:34 Allez, vas-y, monte.
04:34 Un par un.
04:36 Trois, quatre.
04:37 Et voilà, et on balance.
04:38 La Duchesse, par exemple,
04:47 elle va avoir un peu une voix excentrique,
04:49 comme ça, voyez-vous, cher ami ?
04:51 Voilà.
04:53 Et le petit chaperon rouge, là, c'est une petite fille.
04:56 Donc c'est un peu plus petite fille.
04:57 Bonjour, papa.
04:58 Bonjour, maman.
04:59 Voilà, comme ça, des voix d'enfant.
05:01 Et la voix du grand méchant loup.
05:02 Alors, il faut savoir jongler avec la voix.
05:04 Voilà, tu vois, c'est tout ça, c'est un mécanisme.
05:07 Bon, là, on va se dire, il est à moitié cinglé, le gars.
05:10 Il a des voix comme ça.
05:11 Mais bon, quand on ne me voit pas
05:14 et qu'on voit que les marionnettes, ça marche.
05:17 On va dire ça comme ça.
05:18 C'est un jeu d'acteur, en fait.
05:19 C'est vraiment, pour que ce soit vrai pour le public,
05:21 il faut que ce soit vrai pour soi.
05:24 Voilà.
05:25 Aujourd'hui, c'est le trésor de la sultane.
05:27 Ça vous va ?
05:28 Ça va bien, super.
05:28 Si ça ne vous va pas, c'est le même sujet.
05:30 Je pense, quelque part, j'ai toujours mon âme d'enfant
05:32 et j'ai toujours ce regard-là.
05:35 Et je retrouve la sensation que j'avais quand j'étais petit.
05:39 Pas que ce soit des amis,
05:40 parce que maintenant, je sais très bien que ça n'existe pas.
05:43 Mais...
05:46 Ouais, quelque part, un repère, en fait.
05:47 Ce repère que j'essaye de donner aux enfants
05:49 et que j'avais moi-même quand j'étais enfant,
05:51 quelque part, il est toujours là.
05:52 Il est là, non, non, non, non.
05:56 Voilà, t'entends.
05:57 Et c'est ça qui me plaît,
05:57 c'est d'entendre le rire des enfants aujourd'hui
06:00 et qu'ils y croient, tout simplement, que c'est vrai.
06:04 [Sonnerie de fin]
06:06 [SILENCE]

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