Jeudi dernier, le magazine Complément d’enquête s'intéressait à un monument du cinéma français : Gérard Depardieu. Dans des images tournées lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018 on l’y voit tenir des propos obscènes, choquant envers plusieurs femmes. Dans la foulée France télévision explique revoir les plans de diffusion des films de Gérard Depardieu. Alors jusqu’où faut-il aller ? Quel avenir pour Gérard Depardieu et ses films ?
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00:00 9h, 11h.
00:01 Héros 5, Culture Média.
00:03 Avec Thomas Hill.
00:03 Et Thomas, c'est l'heure de la question Média du Jour.
00:05 Jeudi dernier, le magazine Complément d'Enquête s'intéressait à un monument du cinéma français, Gérard Depardieu.
00:11 Dans des images tournées lors d'un voyage en Corée du Nord en 2018,
00:14 on l'y voit tenir des propos obscènes, choquants, envers plusieurs femmes.
00:18 Dans la foulée, France Télévisions explique revoir les plans de diffusion des films de Gérard Depardieu.
00:23 Alors jusqu'où faut-il aller ? Quel avenir pour Gérard Depardieu et ses films ?
00:27 On en parle ce matin avec Sabine Procoris. Bonjour.
00:30 Bonjour.
00:31 Vous êtes philosophe et psychanalyste, auteur du Mirage Me Too, c'est aux Cherches Midi.
00:36 Et puis Christophe Carrière. Bonjour Christophe.
00:38 Bonjour Thomas.
00:38 Journaliste, grand reporter personnalité à Paris Match.
00:42 Alors d'abord, Christophe Carrière, vous connaissez Gérard Depardieu,
00:46 vous avez eu l'occasion de l'interviewer plusieurs fois.
00:48 Est-ce que vous l'avez déjà vu, vous, avoir des gestes inappropriés ?
00:52 Oui, je suis très bien placé pour le savoir puisqu'il en a eu un envers moi.
00:57 Donc voilà, c'était en mai 98 au Festival de Cannes, au Martinez,
01:04 dans l'ascenseur du Martinez. L'ascenseur est tout petit au Martinez.
01:07 Et on était cinq dans l'ascenseur, il y avait Depardieu, son agent,
01:11 enfin son agent, son attaché de presse et trois autres personnes, deux autres personnes je connaissais.
01:16 Et là d'un coup les portes se ferment et sa main se pose sur mon entrejambe.
01:21 Mais quand je vous dis qu'elle se pose, il m'attrape l'entrejambe.
01:25 Donc moi je me colle autant que je peux contre la paroi et je lui dis mais...
01:30 Il se retourne et avec son air bonhomme, parce qu'il me tournait le dos en fait,
01:32 il se retourne et me dit "bah quoi, je peux pas te toucher le paquet ?"
01:35 Alors moi je lui dis "bah non, non pas vraiment".
01:38 Et là il recommence, il me colle et les autres étaient morts de rire.
01:42 C'était du lourd ?
01:43 Alors on arrive au troisième étage, les portes s'ouvrent et là il sort de l'ascenseur,
01:47 et il se retourne en me disant "moi je suis assez, je suis sidéré, voilà".
01:52 Je suis pas... Je prends ça...
01:55 C'est une forme de protection en fait, je prends ça à la rigolade, mais je suis quand même sidéré,
01:59 et il me dit "tu sais dans ce métier de toute façon un jour ou l'autre on se fait enculer,
02:02 donc le plus tôt c'est le mieux".
02:03 Et les portes se ferment, et moi je reste comme ça.
02:06 Ok, un an après j'ai raconté l'anecdote à Carole Boucher,
02:10 qui était mente de rire et qui me dit "ah mais il fait ça, c'est une marque d'affection pour lui,
02:13 c'est les gens qui l'aiment bien".
02:15 Je lui dis "mais je le connais pas moi".
02:17 Et si vous voulez, je vais vous le dire tout de suite d'ailleurs,
02:20 après cette anecdote, je l'ai racontée...
02:22 Alors à l'époque je travaillais au magazine "Première", on l'a publié,
02:25 on a publié l'anecdote, voilà, parce qu'on faisait le journal du magazine,
02:28 on racontait un petit peu ce qui nous arrivait dans le noir,
02:31 et on l'a racontée sur le ton de l'humour.
02:35 En mars 2017, j'étais chroniqueur à "Touche pas à mon poste",
02:39 je l'ai racontée en direct à l'antenne,
02:43 et pareil, on était sur une forme d'humour si vous voulez.
02:47 Et ce que je veux dire par là, c'est qu'à force qu'on en rigole tous,
02:51 en fait, de par Dieu, le monstre c'est nous qui l'avons créé.
02:54 Je voudrais faire un énorme, un gigantesque "mea culpa"
02:58 vis-à-vis de toutes les victimes, j'en ai parlé avec Charlotte Arnault,
03:00 j'en ai parlé avec plusieurs personnes,
03:03 pour dire que franchement, nous tous, autant qu'on est journaliste, artiste,
03:08 en fait, c'est nous qui avons généré le monstre, on l'a laissé faire.
03:11 Voilà, ça fait...
03:13 - C'est ce que dit Anouk Grimbert aussi, l'actrice Anouk Grimbert,
03:15 qui dit "l'indifférence du monde du cinéma face à ce qui est infligé aux femmes dans ce milieu",
03:20 il y avait de l'indifférence en fait.
03:21 - Mais évidemment, moi j'ai...
03:24 Pour tout vous dire, j'ai une ex-compagne à qui c'est arrivé,
03:27 enfin, il ne l'a pas violée, mais effectivement, il est tombé plusieurs fois,
03:32 il lui est tombé dessus dans un ascenseur, pareil, il doit aimer les ascenseurs,
03:35 mais...
03:36 Et je vous parle de ça au début, je vous parle de ça il y a plus de 30 ans,
03:41 et quand ça lui est arrivé, qu'elle me le racontait,
03:44 elle me le racontait avec un sourire, en me disant
03:47 "Bah c'est Gérard, on le connaît, il était sous..."
03:50 Donc, je vous dis, c'est-à-dire que là je ne suis pas là pour accuser Depardieu de quoi que ce soit,
03:57 voilà, l'affaire suit son cours, il y a déjà tout ce qu'il a dit dans le complément d'enquête,
04:01 enfin bon, on ne va pas revenir là-dessus.
04:03 Simplement, je voudrais aussi qu'on se positionne, nous, en tant qu'individus, artistes,
04:08 je vous dis encore une fois, journalistes,
04:10 comment on a laissé faire ça ?
04:12 Et qu'à un moment donné, c'est vrai que
04:15 depuis, et on va y venir je pense avec Sabine,
04:18 depuis effectivement octobre 2017,
04:21 donc, Weinstein,
04:24 le paradigme a totalement changé.
04:26 Et qu'effectivement on se dit "Mais non, mais c'est pas normal quoi,
04:29 faut arrêter, faut arrêter avec ces conneries quoi,
04:31 le gars, il n'est pas là,
04:33 il ne va pas nous attraper le paquet ou nous tomber dessus à nous peloter les seins,
04:37 sous prétexte que parce que c'est Depardieu, bah non, non ça ne passe plus."
04:41 - On va continuer à parler de cette affaire avec Sabine Pancoriz,
04:44 vous allez nous donner votre avis dans un instant,
04:47 et puis on va se poser cette question qui est l'avenir pour Gérard Depardieu
04:50 au cinéma, et est-ce qu'on peut encore diffuser ses films ?
04:54 On revient dans un instant sur Europe 1.
04:55 - Europe 1.
04:57 - Culture Média sur Europe 1 avec la question média du jour,
05:01 après la diffusion de compléments d'enquête sur Gérard Depardieu,
05:05 comment France Télé réagit notamment à la diffusion de ses films ?
05:08 On en parle avec vos invités, Thomas Hill, Sabine Procoris,
05:11 philosophe et psychanalyste, et Christophe Carrière,
05:13 journaliste, grand reporter, personnalité à Paris Match.
05:16 - Et Sabine Procoris, vous avez entendu à l'instant le témoignage de Christophe Carrière,
05:19 qui fait une forme de "mea culpa" ce matin, en disant aussi que
05:23 si Gérard Depardieu est comme ça, c'est parce que tout le monde l'a laissé l'être
05:27 et devenir ce qu'il est devenu, comment vous réagissez à ça ?
05:30 - Bah écoutez, j'ai deux ou trois remarques juste très rapides sur ce point,
05:34 d'abord, on nous grimpère dans ses avocats,
05:37 l'avocat de Depardieu hier, un des avocats a rappelé qu'il y a pas moins d'un an et demi,
05:42 elle a tourné un film avec lui,
05:44 je rappelle qu'elle était quand même l'épouse de Bertrand Blillet,
05:47 et elle écrivait des scènes la nuit pour les tourner avec Gérard,
05:51 alors je veux bien, mais c'est un peu schizophrénique.
05:54 Et je ferais aussi remarquer que la grossièreté
05:57 de Hanout Grimbert quand il dit "lui a mis son gros doigt de pute", etc.,
06:02 ce qui est remarquable, frappant dans cette formule,
06:06 c'est quelque chose qui est totalement absent des grossièretés de Depardieu,
06:09 c'est le ton de haine, c'est le caractère haineux.
06:12 Donc ça je pense que c'est important de le noter,
06:15 parce que c'est quand même une dimension qui est complètement absente
06:19 de toutes les grivoiseries, grossièretés, gestes déplacés de Depardieu.
06:22 Ça c'est une chose. Deuxième chose,
06:24 Hanout Grimbert nous raconte tout ce qu'il a infligé aux femmes,
06:28 et que je sens, monsieur, vous n'êtes pas une femme !
06:30 C'est-à-dire, ça ne vise pas spécialement...
06:33 - Ah vous parlez à Christophe Carrière ?
06:34 - Oui, oui, Christophe Carrière, vous n'êtes pas une femme,
06:36 donc ce qui montre bien que c'est indiscriminé,
06:39 ça ne vise, d'ailleurs le terme de "viser" n'est même pas bon,
06:43 ça se produit aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes,
06:47 et évidemment que ce sont des gestes déplacés.
06:50 Évidemment que ce sont des gestes déplacés, je ne veux pas dire que c'est formidable,
06:53 mais de là à réduire Gérard Depardieu, la personne de Gérard Depardieu, à cela,
06:58 c'est quand même un peu problématique.
07:00 Je suppose que vous avez pu lire l'entretien de Yann Moix dans le "Gilet des Dimanches",
07:05 où il montre bien que oui, c'est un aspect de Gérard Depardieu,
07:08 mais que c'est un petit aspect de Gérard, ce n'est pas la totalité de Gérard,
07:12 et ensuite le mot de "monstre", moi, me gêne.
07:14 - Il y a deux plaintes aussi en cours.
07:15 - Oui, il y a deux plaintes, mais une plainte, une accusation, ce n'est pas une preuve.
07:19 - Bien sûr, il est toujours présumé innocent.
07:20 - Oui, mais on le dit aujourd'hui parce qu'il faut le dire,
07:23 mais personne n'y croit.
07:24 C'est-à-dire l'accusation vaut preuve, surtout quand elle est en nombre.
07:28 Et l'autre chose que je voulais dire, précisément,
07:31 c'est que, si vous voulez, le terme de "monstre", moi, me gêne beaucoup,
07:35 aussi bien "monstre sacré", d'ailleurs, parce que c'est quoi, où elle est la monstruosité ?
07:39 Pour moi, elle est plutôt, je l'ai dit et redit à plusieurs reprises,
07:43 dans l'espèce de jouissance voyeuriste,
07:46 qui est excitée par ce genre d'émission,
07:50 et d'ailleurs, c'est un des clients à abattre de compléments d'enquête,
07:56 mais il y en a eu plein avant lui, et c'est toujours la même façon de faire,
07:59 c'est-à-dire, les gens se sont excités avec ces séquences,
08:02 qui sont en effet totalement graveleuses,
08:05 totalement graveleuses, mais franchement,
08:07 excusez-moi, mais je trouve qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat non plus,
08:09 en plus, elle n'aurait pas dû... - Arrêtez, arrêtez,
08:12 sexualiser une fillette de 10 ans... - Mais comment vous sexualisez une fille ?
08:14 Vous savez pourquoi on ne voulait pas que les femmes montent à Califourchon ?
08:17 - Mais arrêtez, d'accord, mais c'est pas... - Mais attendez, il ne lui parle pas,
08:21 il ne parle pas à cette fillette. - Non, c'est pas possible.
08:24 - Et le nombre de filles que j'ai entendues me dire
08:26 qu'elles ont connu le plaisir en montant à cheval,
08:29 c'est quand même une banalité, il ne parle pas à elle,
08:31 il parle, évidemment que c'est déplacé, évidemment que c'est très grossier...
08:34 - C'est plus que déplacé, madame. - Mais oui.
08:36 - Écoutez, franchement, je trouve que vos pudeurs de gazelle,
08:39 comme si les enfants... - Des pudeurs de gazelle ?
08:41 - Mais bien sûr, les enfants sont... - Vous avez fraqué !
08:43 - Il ne s'agit pas de sexualité infantile,
08:46 vous croyez que les enfants n'ont pas de rapport au plaisir ?
08:49 Il ne parle pas à la petite fille, il ne lui parle pas.
08:52 - Mais ce n'est pas une raison, il est filmé, il faut...
08:55 - Écoutez, moi je ne suis pas du genre à voir des choses...
08:58 - Évidemment, pardon, je termine.
09:00 La caméra tourne tout le temps dans un documentaire,
09:02 donc on filme, y compris ce qui ne devrait pas être filmé,
09:05 des blagues de corps de garde qui n'auraient jamais dû...
09:08 Et donc il faudrait peut-être s'interroger sur la manière
09:10 dont Complément d'Enquête s'est procuré ça.
09:12 - Mais non, mais alors ça c'est une autre question.
09:14 Moi j'ai une autre question qui nous intéresse ce matin, madame.
09:17 - Donc je crois que là il y a quelque chose qui relève du pénal,
09:19 alors qu'une blague graveleuse, comme l'a dit très bien hier soir
09:22 Christian Sampalet, pour l'instant il n'y a pas d'outrage sexiste constitué.
09:27 - Alors, il y a cette question qui se pose aujourd'hui
09:30 sur les films de Gérard Depardieu, je voudrais qu'on en vienne à cela,
09:33 puisque vous avez vu que le directeur du cinéma
09:35 du développement international de France Télé, Emmanuel Aldui,
09:39 a dit qu'il ne fallait plus qu'on célèbre Gérard Depardieu,
09:42 que ça n'était plus possible, et qu'il décide de mettre en pause
09:44 les nouveaux projets avec lui sur France Télévision.
09:48 Est-ce que ça, ça vous le comprenez, Christophe Carrière ?
09:51 - Écoutez, moi je ne suis pas du genre à voir les choses en blanc et noir,
09:53 il faut toujours mettre de la nuance.
09:56 Dans le cas, là, qui nous concerne, enfin,
10:00 ce que dit Emmanuel Aldui, en fait, ce qu'il faut retenir,
10:02 c'est mettre en pause, sur pause,
10:04 ça ne veut pas dire qu'il va interdire les films avec Gérard Depardieu,
10:07 il va mettre sur pause.
10:08 Donc, effectivement, le célébrer, non, là maintenant c'est fini,
10:13 on va arrêter, là ce serait indécent.
10:16 En revanche, ne pas diffuser les films à Gérard Depardieu,
10:21 là pour nous, ça constituerait une double peine.
10:23 C'est-à-dire que, toi qu'on en pense, toi qui l'ai fait, je veux dire,
10:28 ces films, c'est pas que lui d'ailleurs,
10:31 un film c'est une équipe, c'est quand même un travail d'équipe,
10:35 et puis c'est une œuvre d'art.
10:36 On ne va pas se mettre à supprimer toutes les œuvres d'art sous prétexte que
10:40 ou l'acteur principal, ou le réalisateur, ou le producteur
10:44 est totalement dérapé.
10:46 Parce que dans ce cas-là, si on se met à supprimer ça,
10:48 alors, comme c'est Valéry Benham qui l'a fait remarquer hier,
10:51 j'ai entendu dans TPMP, dans ce cas-là,
10:53 on supprime tous les films produits par Weinstein,
10:55 on voit plus aucun film produit par Weinstein,
10:58 ça va, on écoute plus jamais une chanson de Michael Jackson,
11:02 enfin, ça va être compliqué quand même.
11:03 - J'imagine que vous êtes d'accord avec ça, Phoebe.
11:05 - Oui, oui, ça va être complètement compliqué,
11:06 c'est déjà compliqué d'ailleurs.
11:08 Bon, si vous voulez, je ne comprends pas bien ce que vous appelez "célébrer Depardieu".
11:14 Comme il avait dit la même chose, Manuel Aldui,
11:18 quand ils ont diffusé "J'accuse", qui était déjà accusé,
11:22 comment dire, acheté, donc ils devaient le diffuser,
11:25 "on ne va pas célébrer l'artiste, mais on va diffuser son oeuvre".
11:29 Bon, très bien.
11:30 - Ah oui ?
11:30 - Oui, bon, mais qu'est-ce que ça veut dire "célébrer" ?
11:32 - Ça veut dire que, moi, je me souviens très bien quand
11:36 on vient à l'affaire Berthand Cantat est sorti de prison,
11:41 moi, franchement, je me suis posé la question,
11:44 est-ce qu'il faut qu'il remonte sur scène ?
11:46 Bah, qu'il remonte sur scène s'il veut,
11:48 mais qu'il ne réapparaisse pas dans les interviews et tout,
11:51 parce que franchement, moi, je me mets à la place des victimes.
11:54 Mais non, c'est-à-dire que "Depardieu", si vous voulez,
11:59 quand on diffuse ses films, c'est une chose,
12:01 on ne va pas non plus lui remettre un César Donner, un machin,
12:04 eh ben non, eh ben non.
12:05 - Bon, excusez-moi, mais qu'est-ce que ça veut dire "pas maintenant" ?
12:08 - Plus maintenant, plus maintenant.
12:09 - Je ne suis pas d'accord avec vous, du tout.
12:11 Ensuite, il y a une autre chose que je voulais dire que je n'ai pas dite,
12:14 vous parlez des victimes de "Depardieu".
12:16 - Oui.
12:17 - Pour l'instant, il n'y a pas de victime.
12:19 - Oui, alors ça, vous dites ça ?
12:20 - Il n'y a pas de victime pour l'instant.
12:21 - Ok, d'accord.
12:22 - Je vous rappelle d'ailleurs que la plainte de Charlotte Arnoux
12:24 avait été d'abord classée sans suite,
12:25 qu'elle s'est ensuite,
12:27 elle a déposé une plainte avec constitution de participe,
12:29 donc forcément, il y a une instruction qui repart,
12:32 et il est mis en examen pour viol,
12:34 mais aujourd'hui, ce qu'il faut savoir,
12:36 c'est que dans ce genre d'affaires,
12:38 les magistrats, ils ouvrent le parapluie.
12:41 Ils ouvrent le parapluie, c'est-à-dire qu'il faut absolument mettre en...
12:43 Alors, s'il est innocenté, Gérard Depardieu,
12:45 qu'est-ce qui va se passer ?
12:46 Il est mort de toute façon.
12:48 Donc, vous dites, comme s'il était avéré...
12:50 - Vous dites qu'il est médiatiquement mort, c'est ça ?
12:52 - Mais pas seulement médiatiquement,
12:53 je veux dire, vous dites comme s'il était avéré qu'il était coupable,
12:55 les victimes, moi, ça ne me va pas.
12:58 Et là, je le dis comme citoyenne,
12:59 comme l'État de droit, ça n'est pas ça.
13:01 - Oui, c'est tout à votre honneur de mettre en avant la présomption d'innocence,
13:04 vous avez raison.
13:05 - Mais non, bien sûr, la présomption d'innocence, c'est quoi ?
13:08 Ça veut dire, c'est une réserve de la justice,
13:11 c'est-à-dire que personne ne peut dire que quelqu'un est coupable
13:14 tant qu'il n'a pas été déclaré coupable par la justice.
13:17 Point.
13:17 Donc, quand les médias et les accusatrices,
13:20 qui ne déposent même pas plainte,
13:22 vous expliquent qu'il est coupable,
13:25 c'est un violeur, je m'excuse,
13:27 c'est quelque chose qui est pénalement répréhensible.
13:30 Et deuxièmement...
13:31 - Et ça, encore une fois, ce sera à la justice de se prononcer, madame.
13:33 - Et une dernière chose, par exemple,
13:34 sur la question des victimes, justement.
13:36 Vous dites victime.
13:37 Il y a une nouvelle plainte, là, d'une des filles
13:40 qui s'était manifestée sur Mediapart,
13:42 qui explique "ah, il y a 15 ans, il m'a mis la main aux fesses
13:45 et j'ai vécu l'horreur, moi je veux bien".
13:47 Mais enfin, entendre ça,
13:49 après le 7 octobre et ce qu'a fait le Hamas,
13:52 et que vous voyez que les mouvements féministes...
13:54 - Non, arrêtez, ne comparez pas !
13:56 - Mais comment ne comparez pas ? C'est vous qui...
13:58 - Non, non, là on part sur d'autres sujets.
14:00 - Mais non, c'est pas un autre sujet, c'est le même sujet.
14:02 - Et madame, c'est le ressenti de cette personne...
14:05 - Mais le ressenti...
14:06 - C'est indécent, vous pouvez pas mettre ça pied à pied !
14:09 - Le ressenti, mais un jaloux pathologique.
14:10 - C'est son témoignage.
14:11 - Un jaloux pathologique, d'accord ?
14:13 Son ressenti, c'est qu'il est trompé
14:15 par son conjoint ou sa conjointe.
14:17 Pour autant, le ressenti ne fait pas preuve.
14:19 Je n'avais pas dit que ce n'est pas sincère.
14:21 C'est son témoignage, mais les témoignages de ce genre,
14:24 c'est dans l'enceinte,
14:26 dans le cadre d'une procédure judiciaire,
14:27 qu'ils ont leur valeur.
14:28 Pas dans l'immédiat.
14:29 - Merci beaucoup, merci d'être venue ce matin,
14:31 apporter votre témoignage, Christophe Carrière.
14:34 Merci Sabine Procoris d'avoir été avec nous ce matin également.
14:39 Culture Média continue.