Les éducateurs et les personnels de la maison des enfants à Bourg-lès-Valence sont appelés à la grève aujourd'hui. Pour dénoncer le manque de moyens. Un rassemblement est prévu ce mardi à 13 heures 30 devant l'établissement.
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00:00 Info, trafic, météo, les essentiels du 6/9, France Bleu Dromardèche.
00:04 7h43, les enfants en danger sont de plus en plus mal pris en charge.
00:09 La CGT de la maison des enfants, structure d'accueil d'urgence dans la Drôme, appelle à la grève aujourd'hui.
00:15 Nous en parlons de suite avec notre invité Emmanuel Champal.
00:18 - Bonjour Etel Camilleri. - Bonjour.
00:20 - Vous êtes éducatrice, vous travaillez depuis huit ans à la maison des enfants à Bourg-les-Valences.
00:27 C'est un service d'accueil d'urgence du département pour les enfants qui sont placés après des décisions de justice.
00:34 On considère que les enfants sont mieux avec vous qu'avec leurs parents parfois.
00:39 Qu'est-ce qui ne va pas pour ces petits aujourd'hui ? Pourquoi vous vous mettez en grève ?
00:43 - Aujourd'hui on se met en grève parce que les professionnels de la maison des enfants sont
00:48 épuisés, les conditions de travail sont de plus en plus dégradées et difficiles.
00:53 C'est un impact sur l'accueil des enfants qui aujourd'hui sont de plus en plus nombreux à la maison des enfants et dans des locaux qui ne sont
00:58 pas en capacité d'accueillir autant d'enfants. - Ils sont combien aujourd'hui les enfants que vous accueillez ?
01:02 - Alors le nombre exact je ne l'ai pas
01:05 là entre les mains mais ils sont, enfin sur la plupart des services, on est à 200% de taux d'activité.
01:12 - C'est-à-dire qu'il y a plusieurs enfants par chambre ? Comment c'est très concrètement quand vous dites "on manque de locaux" ?
01:18 On imagine bien la situation ?
01:21 - Concrètement oui effectivement on a plusieurs enfants par chambre, on a des fois pas assez de chambres pour le nombre d'enfants.
01:26 Voilà on a des taux d'activité, enfin sur un service qui peut accueillir huit enfants on en a actuellement 15
01:34 sur voilà et c'est comme ça sur à peu près tous les groupes d'internat de la maison des enfants.
01:38 Donc effectivement les enfants sont entassés dans des chambres
01:41 dans peu de mètres carrés.
01:44 - Quand vous dites entassés, on en est vraiment là ? - On en est là.
01:47 - Pour des enfants qui sont en danger ? - Pour des enfants qui sont en danger.
01:50 - Ils vous le disent qu'ils sont mal ou est-ce que eux acceptent finalement cette situation ?
01:55 Les plus mal dans cette histoire finalement ce sont ces enfants, vous sentez que ça va pas bien pour eux,
01:59 ou est-ce que c'est pour le personnel qui a du mal à faire son travail ?
02:02 - Alors le personnel effectivement a du mal à faire son travail ça c'est une certitude parce que
02:06 il y a beaucoup plus d'enfants et du coup il faut les accompagner correctement et on a une mission de service public et on se doit
02:13 d'accueillir les enfants tous de la même façon. Aujourd'hui les conditions sont forcément dégradées quand on
02:18 a autant d'enfants à s'occuper avec leurs problématiques, avec leurs difficultés.
02:21 Les profils des enfants aussi sont de plus en plus difficiles.
02:24 - Ils sont là pour quoi justement ces petits ?
02:28 - Les enfants ils sont là souvent, pour la plupart d'entre eux, confiés dans le cadre d'une décision judiciaire
02:34 donc dans une mesure de protection et avec un travail à mener aussi auprès des familles pour accompagner ces enfants là.
02:41 - Ce sont des enfants qui sont victimes de violences ? - Par exemple oui.
02:45 - Ou des familles qui sont carencées et qui ont besoin de soutien éducatif et qu'à un moment donné il faut sortir l'enfant de son milieu familial pour pouvoir
02:52 reconstruire quelque chose. C'est notre travail après au quotidien.
02:55 - Ils ont quel âge en moyenne ?
02:58 - A la maison des enfants on a plusieurs services, on accueille des enfants de quelques jours jusqu'à leur majorité.
03:04 - Vous disiez il y a quelques instants
03:09 on est épuisé, on n'arrive plus à travailler correctement. Cette situation est nouvelle ou pas ?
03:14 - Non.
03:16 Cette situation n'est pas nouvelle, elle perdure depuis un petit moment déjà.
03:20 - Depuis combien de temps ?
03:23 C'est un problème qui est apparu il y a quelques années déjà ?
03:25 - C'est un problème qui est apparu il y a quelques années déjà et là cette dernière année ça a été de plus en plus important
03:31 du fait du nombre d'enfants qui a augmenté. Il y a eu la période un peu post-covid où du coup on a eu effectivement beaucoup d'enfants
03:38 qui sont arrivés après cette période là donc on pensait que c'était un petit peu une
03:42 quelque chose de conjoncturel et que du coup à nouveau on allait retomber à un niveau d'accueil à peu près normal.
03:48 La réalité c'est que c'est pas conjoncturel, c'est structurel et que c'est lié aussi à l'état de la société actuellement.
03:54 Voilà donc effectivement les professionnels sont
03:57 épuisés, les professionnels ne sont pas assez nombreux sur le terrain, les professionnels n'ont pas assez de moyens.
04:02 - Pour parler clair, il manque combien de personnes à la maison des enfants de Bourg-les-Valences par exemple ?
04:06 - Alors en termes de personnes moi je ne pourrais pas le calibrer. En tout cas ce qui est
04:11 en tout cas il manque du monde ça c'est certain, il manque du monde sur tous les postes aussi.
04:16 C'est parce qu'on a eu quand même des renforts éducatifs pour pouvoir s'occuper des enfants.
04:20 On peut pas dire qu'il n'y en a pas eu mais pas suffisamment, pas sur des postes qui sont suffisamment périns.
04:24 On a recours à l'intérim encore trop souvent.
04:27 Du coup avec des personnes qui n'ont pas forcément les bonnes qualifications ou l'expérience ou la connaissance de ces enfants là
04:32 parce que pour pouvoir travailler avec eux il faut aussi être en lien avec eux, les connaître, pouvoir les soutenir.
04:37 Pareil pour les familles qu'on accompagne, ça s'improvise pas.
04:41 C'est vraiment un vrai travail qu'il faut faire et puis après il y a tous les services de support
04:45 qui aident à la maison des enfants, la cuisine, l'entretien, voilà tous ces services là ils sont nécessaires.
04:51 Aujourd'hui c'est aussi une des raisons pour lesquelles on est en grève, c'est que ces personnels là ont été exclus du Ségur.
04:57 Donc ils n'ont pas perçu une prime alors que tous les autres professionnels de la MDE l'ont eu.
05:01 Donc aujourd'hui ça représente 12 personnes sur l'établissement et c'est aussi pour eux qu'on s'est mis en grève aujourd'hui
05:06 pour qu'ils soient reconnus et qu'ils puissent obtenir cette prime.
05:10 Et telle, Camille Iri, vous êtes éducatrice, on ne fait pas ce métier là par hasard.
05:14 Très franchement, le matin, désormais quand vous vous levez, c'est compliqué d'aller travailler ?
05:18 C'est compliqué. Disons qu'on a un métier un peu passion et on ne vient pas là par hasard.
05:28 Donc on le fait et on continue à le faire pour les enfants, pour les familles parce qu'on a un métier qui a du sens.
05:34 On le fait aussi pour nos collègues parce qu'on est un petit établissement, on se connaît, on travaille ensemble et voilà,
05:39 on vient pour les collègues. Mais après, vous dire qu'aujourd'hui on est bien au travail, non.
05:43 Que les conditions de travail sont acceptables, non.
05:46 Il y a des personnes qui s'arrêtent ?
05:48 Il y a des personnes qui s'arrêtent, oui. Et il y a des risques psychosociaux qui ont été reconnus sur l'établissement.
05:53 Voilà, la question de la santé au travail est vraiment au cœur de notre actualité dans l'institution.
05:58 On a fait une enquête récemment à ce niveau-là et on est en train d'analyser les résultats.
06:03 Quand la présidente du département de la Drôme dénonce elle aussi le manque de moyens,
06:10 vous vous dites quoi ? Que c'est en bonne voie, que ça va s'arranger ou est-ce que finalement vous dites que c'est des paroles en l'air et maintenant il faut que ça bouge ?
06:17 Alors on se dit qu'on est d'accord avec elle, on la soutient. Effectivement il faut des moyens supplémentaires
06:22 et ces moyens ne sont pas que de la responsabilité du département, c'est aussi au niveau de l'État et bien plus haut qu'il faut que ça se décide aussi.
06:31 Mais après concrètement, nous il nous faut des réponses aujourd'hui.
06:36 Nous c'est ce qu'on attend de sa part elle qui est notre employeur et c'est aussi pour ça qu'on est en grève aujourd'hui.
06:43 Merci à vous Etel Camillerie, éducatrice, vous serez à la maison des enfants à Bourg-les-Vallances à 13h30,
06:49 heure du rassemblement pour protester contre ce manque de moyens humains, on l'a bien entendu,
06:54 ce moyen financier, moyen matériel aussi pour cet enfant en danger. Merci à vous et passez une bonne journée.
07:01 L'interview a retrouvé dans quelques instants, ce sera téléchargeable, pote clasquable, tout ça sur francebleu.fr 8h - 10h.