Russie : le bilan de l'année de Poutine

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Transcription
00:00 le président russe tiendra à nous de ses conférences de presse marathon annuelles
00:04 avec les succès russes sur le front et les divisions occidentales.
00:07 Le dirigeant retrouve donc du crédit.
00:09 On en parle avec Elena Voloshin, notre spécialiste de la Russie,
00:13 qui nous a rejoint sur ce plateau.
00:15 Bonjour Elena.
00:16 Bonjour.
00:17 Alors le président russe, il faut le dire, renoue avec cet exercice
00:21 et c'est la première conférence de presse annuelle
00:23 depuis le début de la guerre en Ukraine qui a commencé en février,
00:27 en fin février 2022.
00:29 Oui, effectivement.
00:30 Alors c'est la première conférence de presse dans ce format-là
00:33 qui existe depuis 2001.
00:35 Et effectivement, Vladimir Poutine n'avait pas tenu
00:38 cette grande conférence de presse annuelle,
00:40 ce grand barou de fin d'année, l'année dernière,
00:43 dans le contexte où cela faisait donc quelques mois
00:45 qu'il avait lancé ce qu'il qualifie d'opération militaire spéciale.
00:48 Et on se disait que, effectivement, c'était pas le moment pour lui
00:52 à ce moment-là de prendre la parole de cette façon,
00:54 sachant qu'il prend régulièrement la parole.
00:56 Il s'exprime régulièrement dans d'autres formats.
00:59 On le voit quasiment une fois par semaine maintenant
01:02 avec cette grande diatribe civilisationnelle qu'on lui connaît.
01:05 Il faut aussi noter que cette conférence de presse,
01:08 elle est couplée à un autre événement,
01:10 là aussi très important dans la propagande du régime de Vladimir Poutine,
01:14 dans cette verticale du pouvoir qu'il construit,
01:16 c'est la ligne directe avec les citoyens russes.
01:19 C'était en fait deux formats de fin d'année annuel
01:22 qu'il tenait depuis 2001.
01:24 La conférence de presse où vous aviez ces centaines de journalistes
01:28 qui brandissaient des pancartes,
01:30 qui se déguisaient même pour attirer son attention,
01:32 pour pouvoir lui poser une question.
01:34 Et la ligne directe avec les russes,
01:36 c'était une émission en direct à la télévision russe,
01:39 retransmise sur toutes les chaînes,
01:41 qui durait près de 3-4 heures.
01:43 Et ça, c'était une sorte de cahier des doléances des russes
01:45 où quelques dizaines de chanceux, on peut le dire,
01:49 parvenaient à lui, pas seulement à lui poser une question,
01:52 mais aussi à exprimer une doléance
01:54 pour des choses très locales, très concrètes,
01:56 comme réparer une route, une barrière dans une école
01:58 qui s'est effondrée, verser une allocation non versée, etc.
02:01 Donc Vladimir Poutine passait en pilotage manuel.
02:03 Cette année, il faut juste noter que ces deux formats
02:05 ont été réunis en un.
02:07 Il y aura donc les questions de quelques 600 journalistes
02:10 présents dans la salle et les appels des citoyens russes.
02:13 C'est cette deuxième partie qui, selon moi,
02:16 est plus intéressante, plus importante,
02:18 parce que les chaînes de télévision russe
02:20 ne se gênent même pas pour le dire ouvertement.
02:22 C'est en quelque sorte le seul espoir pour les russes
02:25 de voir leurs problèmes résolus.
02:27 C'est ça aussi la verticale du pouvoir.
02:29 C'est ce pouvoir suprême qu'incarne Vladimir Poutine.
02:32 C'est lui qui résout les problèmes dans le pays
02:34 alors que la responsabilité est directement transférée
02:37 sur les responsables locaux.
02:39 Et j'en terminerai là. Cela fait quelques jours
02:41 que les chaînes de télévision russes diffusent déjà
02:43 les questions qui sont envoyées en préparation de cette émission.
02:46 Et avant même qu'elles n'aient été posées à Vladimir Poutine,
02:49 on voit déjà des gouverneurs dire
02:51 "ça y est, on va résoudre le problème".
02:53 C'est pour comprendre cette peur de la hiérarchie,
02:55 cette verticale du pouvoir.
02:57 En cela, cet exercice est extrêmement important.
02:59 Un exercice qui est quand même un peu orchestré.
03:02 Et il est assez particulier cette année,
03:05 cette grande messe, puisque Vladimir Poutine
03:07 est un président candidat à sa réélection
03:10 en mars prochain.
03:12 Et finalement, il n'y aura pas vraiment de campagne.
03:14 Alors, effectivement.
03:15 Et ça, il n'y a rien qui change,
03:17 à part la guerre en Ukraine, malheureusement,
03:19 dans la Russie de Poutine.
03:21 On voit même, jusqu'à ce niveau de détail,
03:23 que dès que Vladimir Poutine s'est déclaré candidat,
03:26 le seul élément de campagne qui est présent dans l'espace public,
03:28 ce sont des affiches qui annoncent la date des élections
03:31 qui se tiendra sur trois jours,
03:33 du 15 au 17 mars prochain.
03:35 Et donc, ce n'est ni une surprise,
03:37 ni... Il n'y aura pas de campagne, en fait.
03:40 C'est vraiment ce qu'il faut comprendre.
03:41 Vladimir Poutine, il est en campagne permanente,
03:43 en quelque sorte,
03:45 dans une construction propagandiste,
03:47 dans un espèce de mythe civilisationnel,
03:49 encore une fois, qu'il écrit aux yeux des Russes.
03:51 Ça passe par une représentation permanente,
03:54 un culte de la personnalité.
03:56 Il y a en ce moment une énorme exposition à Moscou
03:59 qui s'appelle "Russie",
04:01 où sont représentées toutes les régions russes,
04:03 avec le développement qu'elles représentent, etc.,
04:06 y compris, d'ailleurs, les régions annexées d'Ukraine.
04:09 Donc, il faut vraiment comprendre que,
04:11 dans cet espace-là,
04:12 ce n'est pas une démocratie,
04:14 ce n'est pas un modèle politique comme un autre.
04:16 Il n'y aura pas de campagne,
04:17 il n'y a pas d'opposition face à Vladimir Poutine.
04:19 Il y aura des candidats qui vont se déclarer
04:21 les chefs des partis politiques à la Douma,
04:24 des candidats fantoches,
04:25 mais enfin, il n'y a pas d'opposition à Vladimir Poutine.
04:28 Il n'a pas besoin, aujourd'hui, de faire campagne.
04:30 D'ailleurs, il va sans doute désigner des délégués
04:32 qui participeront au débat télévisuel,
04:34 comme il le fait toujours.
04:35 Et pour le contexte,
04:36 il a fait changer la Constitution en 2020.
04:39 Il est au pouvoir depuis 2000.
04:41 Il peut se représenter.
04:42 Il a annulé ses mandats, en quelque sorte.
04:44 Il peut se représenter jusqu'en 2036.
04:46 Donc, en fait,
04:47 Mithri Peskov le disait, finalement,
04:49 cette élection, c'est plus une formalité.

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