Simon Riondet, chef de la BRI : « Vivre une vie comme la nôtre, c’est un rêve de policier »

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La Brigade de Recherche et d’Intervention de Paris, qui a notamment lancé l’assaut du Bataclan le 13 novembre 2015, est au cœur d’une série documentaire à mille à l’heure sur Canal Plus

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Transcription
00:00 Votre invité média Céline Baillard-Court est le patron de la BRI, Brigade de recherche et d'intervention de Paris,
00:05 l'unité de police qui a pénétré dans le Bataclan le 13 novembre 2015,
00:09 unité au cœur d'une série documentaire diffusée sur Canal+.
00:12 Bonjour Simon Rihandé.
00:13 Bonjour.
00:14 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:16 Avant de parler précisément de cette série, dites-nous en quelques mots,
00:19 pour qu'on comprenne bien votre travail, dans quelle situation vous intervenez ?
00:22 Alors on a deux missions différentes.
00:25 La première mission c'est celle que tout le monde connaît, l'intervention en noir,
00:28 celle qu'on a vue au Bataclan, prise d'otage, forcenés.
00:32 Et puis la deuxième mission qui est moins connue mais qui nous prend beaucoup de temps,
00:35 c'est celle d'enquête.
00:36 C'est une mission qui consiste à trouver des cibles, des criminels,
00:39 qui vont passer à l'acte et les interpeller juste avant.
00:42 Donc grand banditisme, terrorisme.
00:44 Exactement.
00:45 C'est la première fois qu'une caméra suit vos hommes aussi longtemps,
00:48 quasiment un an, et d'aussi près,
00:50 ils se confient sur leur métier, sur les affaires qu'ils traitent, sur leur manière de travailler.
00:54 Pourquoi avez-vous accepté d'ouvrir vos portes au réalisateur Mathilde Gautry et Sébastien Giraudon ?
00:59 En fait c'est une discussion avec le producteur justement de cette série.
01:03 On a voulu montrer quelque chose de différent,
01:06 quelque chose qui permette de raconter la réalité du travail des opérateurs de la BRI
01:10 et pas seulement de faire des récits trop courts, trop rapides,
01:14 des choses un peu spectaculaires mais qui ne permettent pas de comprendre
01:17 ce que vivent les hommes et femmes qui travaillent à la BRI.
01:19 Et ça vous avez envie qu'on le sache ?
01:21 Oui, on a envie de montrer en fait quel est ce travail.
01:24 On a envie déjà de susciter des vocations au sein des policiers
01:27 afin qu'ils candidatent aux épreuves de sélection qui sont certes très dures
01:30 mais qui permettent d'intégrer ce service qui est exceptionnel.
01:34 Et puis ensuite, il me semble important pour les Français de comprendre
01:38 qu'on a des policiers aussi motivés, qui donnent de leur temps,
01:41 de leur temps de vie personnel,
01:43 pour s'impliquer dans la lutte contre le crime organisé et la lutte contre le terrorisme.
01:46 On est immergé dans cette série, dans des filatures,
01:49 des opérations de surveillance, des interventions.
01:51 Est-ce que tout est réel ou alors il y a des reconstitutions parfois ?
01:55 Non, la quasi-totalité des images sont réelles.
01:57 On a quelques images de reconstitution mais en fait c'était le contrat aussi.
02:00 C'est que les deux journalistes qui ont passé autant de temps dans la BRI
02:04 soient capables de suivre les hommes et femmes de la BRI.
02:07 Donc d'être réveillés en pleine nuit pour aller sur une surveillance.
02:10 Ils ont passé des heures assez incroyables.
02:13 D'ailleurs j'espère qu'ils étaient payés à l'heure parce que sinon
02:16 ils n'ont pas été très bien payés.
02:18 C'est vraiment le contrat et c'est ce qui permet d'avoir ces images de l'intérieur
02:22 où on sent le temps, la durée, la difficulté de faire ces filatures.
02:25 On va écouter un extrait, c'est l'un des membres de la BRI
02:28 qui raconte ce qu'il ressent au moment d'une intervention ultra-sensible.
02:31 Je suis un peu friand de ce genre d'individu parce qu'on est là pour ça en fait.
02:35 Notre service est là pour traiter la grande délinquance et le banditisme violent.
02:41 On sait répondre à ça, on a l'armement pour, la formation pour,
02:44 l'équipement pour, les physiques qui sont adaptés aussi,
02:47 les sports qu'on doit pour certains, les méthodes de travail.
02:50 On a tout ce qu'il faut pour répondre à ce genre d'individu.
02:53 Donc quand on a un groupe de ce genre, la motivation vient toute seule, il n'y a pas de souci.
02:59 On vous sent tous hyper confiants, vous-même Simon Riondé, vous dites dans le doc
03:03 "Je suis toujours certain qu'à la fin ce sont les bons qui gagnent".
03:06 Vous ne doutez jamais ? Vous n'avez jamais peur que ça se passe mal ?
03:09 On a peur, on fait très attention effectivement, mais on s'entraîne pour réussir.
03:14 On a l'expérience qui nous permet de prendre des bonnes décisions
03:17 et effectivement on le fait de manière la plus professionnelle possible.
03:21 Donc cette peur en fait, au lieu de nous neutraliser, elle nous galvanise quelque part
03:26 et on fait les choses de manière la plus professionnelle possible
03:29 et c'est pour ça qu'en général ça se passe très bien.
03:31 Et on sent même une excitation de la part de vos hommes au moment d'une intervention.
03:35 Ah oui, il y a un stress positif qui monte, c'est une chasse,
03:38 c'est des mois de surveillance et de filature et c'est un peu un aboutissement.
03:42 On sait qu'on va enfin neutraliser ces gens et éviter qu'ils ne passent à l'acte.
03:46 Donc c'est quelque chose de positif.
03:48 Aucune femme ne témoigne, il n'y en a pas à la BRI ?
03:51 Alors il y a des femmes à la BRI, la numéro 3 du service
03:54 qui est la chef de la section opérationnelle est une femme.
03:56 Elle est très régulièrement sur le terrain, que ce soit sur le terrain en noir
03:59 ou sur les surveillance filature.
04:02 Après on a effectivement peu de femmes pour l'instant,
04:04 mais justement on espère que ce documentaire va donner envie à des policières
04:09 de passer les tests et d'intégrer la BRI.
04:11 Vous vous témoignez à visage découvert, Simon Oriondet,
04:13 alors que tous vos hommes sont masqués.
04:15 Pour quelle raison ? C'est moins dangereux quand on est le chef ?
04:18 Alors c'est quelque part moins dangereux quand on est le chef.
04:22 C'est aussi que mon identité est connue, donc je n'ai pas de raison de me dissimuler.
04:28 C'est aussi une volonté de donner un visage, de pouvoir parler à visage découvert.
04:33 C'est quand même plus simple pour les téléspectateurs.
04:35 Par contre, effectivement, l'identité des opérateurs doit être protégée
04:38 pour leur propre sécurité et aussi pour pouvoir faire ces surveillance filature en restant discret.
04:43 Je vous propose d'écouter un autre extrait, cette fois ça concerne les sacrifices
04:47 que vous devez faire quand vous êtes membre de la BRI.
04:49 Tout le monde est ou marié ou vit en concubinage avec des enfants,
04:53 donc forcément ils épousent aussi le métier parce que c'est des grosses contraintes.
04:56 Horaire, ce n'est pas toujours évident à gérer.
04:59 On a toutes ces situations personnelles aussi, que ce soit les enfants ou autres,
05:02 quand on n'est pas là, quand on doit partir, c'est en pleine nuit.
05:06 Ça me plaît aussi, c'est ce côté un peu aventure, ce n'est pas la routine.
05:10 Mais effectivement, c'est compliqué à gérer au niveau des familles.
05:14 On peut rester longtemps finalement à la BRI, Simon Ruyandet, c'est tenable à long terme ?
05:19 C'est tenable, mais effectivement c'est un choix de famille, c'est un équilibre
05:22 qu'il faut être capable de construire avec son ou sa conjointe.
05:25 Il faut être capable d'avoir quelqu'un de très disponible pour compenser nos absences.
05:29 Mais en même temps, et j'en parlais, c'était vendredi, on avait une cérémonie
05:33 avec Robert Broussard, qui est l'un de mes prédécesseurs, probablement le flic le plus connu de France.
05:38 Celui qui a arrêté Mestrine ?
05:40 Exactement, et en fait, on parlait de cette capacité à être présent.
05:44 Et l'important c'est ça, ce n'est pas tant le nombre d'heures qu'on passe avec sa famille,
05:48 c'est d'être vraiment là au moment où on y est.
05:50 C'est la qualité ?
05:51 Exactement, la qualité, et d'avoir par contre une conjointe
05:54 qui soit capable de compenser parfois nos absences.
05:57 J'imagine que vous avez vu la série BRI sur Canal+,
06:00 qu'est-ce que vous en avez pensé ? Est-ce qu'elle représente bien ce que vous vivez au quotidien ?
06:03 C'est une fiction, donc forcément il y a des choses qui sont très différentes.
06:07 On voit notamment parce qu'il y a besoin de personnages,
06:10 donc il y a des effectifs réduits, on voit quelqu'un faire une filature seule,
06:13 ce que l'on ne ferait jamais.
06:14 Mais l'esprit est là, et ça c'est ce qui était intéressant je trouve aussi,
06:17 d'avoir une série qui parle de notre métier.
06:19 Et donc je l'ai trouvé plutôt vraiment très réussi.
06:22 Les comédiens sont venus vous voir avant pour prendre des conseils,
06:24 pour voir comment vous travaillez ?
06:26 Alors les comédiens, c'était une série sur la BRI Versailles
06:28 qui n'a pas tout à fait les mêmes missions,
06:31 mais ils sont effectivement allés voir nos camarades de Versailles.
06:33 Et j'ai bon espoir que dans une saison 2, ils viendront voir la BRI de Paris.
06:37 Ah parce qu'évidemment il y aura une saison 2 de cette série BRI.
06:40 Elle a engendré un regain de candidature chez vous ?
06:42 Alors on va le voir, les prochaines sélections auront lieu en mars, donc on l'espère.
06:47 Et en général il y a du monde, ça intéresse beaucoup de monde
06:50 de vivre une vie aussi prenante ?
06:53 Ça intéresse beaucoup de monde parce que c'est une vie absolument extraordinaire.
06:56 Comme je le disais, vendredi dernier, on avait les nouveaux qui étaient intégrés dans les groupes.
07:00 Et en fait, quelques heures après cette cérémonie d'intégration,
07:03 ils partaient avec leur groupe pour faire pour les uns,
07:06 une saisie de 500 kilos de stup et une arrestation d'un go-fast.
07:11 Et pour d'autres, dimanche, on parle encore des sacrifices familiaux,
07:14 arrêter une équipe de braqueurs avant qu'ils ne passent à l'acte.
07:17 Donc vivre une vie comme ça, comme on l'entendait sur la voie tout à l'heure,
07:21 c'est aussi quand même une forme de rêve policier.
07:24 Merci beaucoup d'être venu nous parler de cette série documentaire, Simon Riandet.
07:27 Merci d'être venu sur France Info.
07:29 Merci à vous.
07:30 Et merci Céline Baidarcourt.
07:31 BRI, la série documentaire, les deux premiers épisodes ce soir,
07:34 21h sur Canal+, et les deux autres vendredi prochain.

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