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Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est exprimé ce mardi soir en direct sur BFMTV, après le vote du projet de loi immigration et quelques minutes avant le passage du texte à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00 – Bonsoir Jean-Luc Mélenchon. – Bonsoir.
00:04 – Merci beaucoup d'être en direct ce soir pour cette soirée spéciale sur BFM TV.
00:07 On est à quelques instants d'un moment solennel et du vote de cette loi immigration.
00:14 Qu'est-ce que vous dites ce soir Jean-Luc Mélenchon
00:16 aux députés, notamment aux députés macronistes qui s'apprêtent à voter cette loi ?
00:20 – Moi je leur dis qu'il leur est possible d'agir autrement.
00:26 En définitive, l'Assemblée nationale a voté le rejet.
00:30 Et dès lors qu'elle l'a fait, comme dans la Constitution c'est elle qui a le dernier mot,
00:35 on pouvait penser que, bah ma foi, c'est la vie quoi d'une démocratie.
00:39 Un texte a été rejeté, bah on passe à autre chose.
00:42 Non, M. Macron s'est entêté.
00:45 Et depuis, comme vous venez de le dire à l'instant,
00:48 on n'a plus aucun repère stable et fixe.
00:50 Déjà, je n'en mentionne qu'un, nous venons d'avoir une CMP,
00:54 toute la France maintenant sait ce qu'est une commission mixte paritaire, n'est-ce pas ?
00:58 Alors on dit, c'est la rencontre entre les sénateurs et les députés.
01:02 Oui, oui, bien sûr, mais ce n'est pas une rencontre comme dans un club
01:06 ou à la terrasse d'un bistrot.
01:08 Il y a des règles.
01:09 La règle c'est que, en toute hypothèse,
01:12 c'est l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot.
01:14 Donc quand ils se sont rencontrés, les sénateurs avaient un mandat,
01:18 le texte qu'ils ont adopté au Sénat, et les députés en avaient un aussi.
01:22 C'est le rejet du texte.
01:24 Or, ce n'est pas ça qui s'est passé.
01:25 Les députés macronistes ont négocié ligne à ligne le texte du Sénat,
01:31 mais ce n'est pas ça l'objet d'une commission mixte paritaire.
01:34 – Mais s'il y a une majorité, c'est là aussi l'avis de la démocratie.
01:40 S'il y a une majorité au Parlement, de députés souverains
01:43 qui votent un texte souverainement.
01:44 – Oui, oui, bien sûr, mais pardon, souffrez quand même
01:49 qu'il y ait une certaine rigueur des formes,
01:52 parce qu'après tout on pourrait aussi amener un autre texte pendant qu'on y est.
01:55 Les députés auraient pu dire "eh ben non, puisque c'est celui-là, il ne vaut rien,
01:58 on amène un autre".
01:59 Je pense qu'il y a un esprit des lois autant qu'une loi elle-même.
02:03 Par exemple, j'ai entendu dire des dizaines de fois
02:06 que parce qu'on avait voté le rejet, on s'était tiré une balle dans le pied,
02:09 mais alors, ça veut donc dire qu'à chaque fois qu'une loi arrive,
02:13 il faut la voter pour éviter qu'une pire n'arrive derrière ?
02:15 Il n'y a plus de vie démocratique possible dans ces conditions.
02:19 J'ai entendu d'autres dire "ah mais le Front National,
02:22 le Rassemblement National a voté avec vous, vous devriez avoir honte".
02:26 Bon, je vois que la honte à présent se répartit bien, mais ce n'est pas le sujet.
02:29 Par définition, une motion de rejet, c'est quand on dit "écoutez,
02:33 quoi que vous nous disiez, votre texte, on ne peut pas l'avaler,
02:36 on n'est pas d'accord avec l'organisation générale de ce texte".
02:40 Et c'est précisément la raison pour laquelle des gens
02:43 avec des motivations très différentes peuvent rejeter ensemble.
02:46 C'est à ça que sert une motion de rejet.
02:48 Permettez que je vous en parle avec un peu d'expérience,
02:51 j'ai quand même été presque 30 ans parlementaire.
02:54 Donc tout ça, je l'ai vécu dans les diverses assemblées.
02:57 – Mais sans la motion de rejet, le texte aurait peut-être été moins à droite.
03:00 Sans la motion de rejet, le texte aurait peut-être été moins à droite.
03:04 – Mais alors donc, c'est bien ce que je suis en train de vous dire.
03:06 Donc dans votre esprit, du point de vue du fonctionnement
03:09 d'une démocratie parlementaire, il faudrait, quand on est de gauche
03:13 et contre un texte, mais absolument contre toute la logique de ce texte,
03:17 il faudrait qu'on le vote pour éviter qu'un autre, pire après, arrive.
03:21 Mais il n'y avait rien qui obligeait M. Macron à reprendre le texte du Sénat.
03:26 Il aurait pu dire "écoutez, ou je laisse tomber, puisque vous n'en voulez pas".
03:30 Ou bien finalement, les députés, puisque après tout ils font ce qu'ils veulent,
03:34 dans la commission paritaire, ils reprennent des arguments de la gauche.
03:39 Pas un n'a été repris.
03:40 Et permettez-moi de vous dire, là encore avec la hauteur de l'expérience,
03:44 que la plupart des choses dont on discute, c'est la 30e loi sur l'immigration.
03:49 Figurez-vous que je retrouve des articles qui ont été adoptés une première fois en 1987,
03:55 je m'y trouvais, qui ont été supprimés, je m'y trouvais, et qui ont réintroduit.
04:00 Et qui sont toujours aussi absurdes, comme vous savez, cette histoire du droit du sol.
04:04 J'y reviens, votre gosse numéro 1, votre gosse numéro 2, son nez, ils étaient français,
04:09 le suivant tombe sous le coup de la nouvelle loi,
04:11 lui, il n'est plus français jusqu'à l'âge de 16 ans.
04:14 Tout ça est absurde.
04:15 – Il faudra qu'il en fasse la demande.
04:16 – Ce sont des absurdités qui ont déjà été...
04:18 – Entre ses 16 et ses 18 ans.
04:20 Je me permets, parce qu'Elisabeth Borne, justement, a répondu à la gauche, elle dit...
04:25 – Des gens qui disent qu'ils trouvent qu'il y a trop d'étrangers dans ce pays,
04:28 transforment des gens qui seraient français en étrangers.
04:31 Quelle est la logique et à quoi ça sert ?
04:35 – Elisabeth Borne, donc, qui vous dit, ce qui est dans le texte,
04:37 c'est l'interdiction de placer des mineurs en rétention administrative,
04:41 ou la régularisation de celles et ceux qui travaillent
04:43 sans avoir besoin de demander l'accord de l'employeur,
04:45 et ça, la gauche ne l'a pas fait.
04:47 C'est ce qu'elle vous répond, la Première Ministre.
04:49 – Jean-Luc Mélenchon qui ne nous entend plus,
04:54 malheureusement, on va essayer de rétablir la liaison avec Jean-Luc Mélenchon,
04:59 ça va prendre quelques secondes.
05:01 Évidemment, une première réaction, Géraldine Velocerre,
05:03 à ce que vient de dire Jean-Luc Mélenchon,
05:04 qui dit aux députés macronistes, ce soir,
05:06 "vous avez encore le pouvoir de faire tomber ce texte".
05:10 Je trouve qu'il y a, au terme de cette journée,
05:14 beaucoup d'exagérations sur le symbole, sur la portée,
05:17 sur les principes portés par ce texte.
05:19 On comprend bien que chacun est dans une espèce de théâtre,
05:23 mais on a quand même un décalage, que je veux souligner,
05:27 entre la force de ces principes auprès des élus,
05:30 et ce que pense la population.
05:33 On parle d'un texte qui essaye d'adapter nos règles
05:37 aux réalités sociales, démographiques d'aujourd'hui,
05:42 le plus raisonnablement possible,
05:44 en essayant de rétablir un consensus,
05:48 d'essayer de suivre les opinions qui sont largement majoritaires
05:51 dans l'opinion sur ces questions,
05:54 en essayant justement d'établir un consensus,
05:57 et que ça passe par quelques points.
06:00 On a parlé des aides aux logements,
06:02 qui, effectivement, vont être conditionnées
06:04 à une certaine présence sur le territoire
06:06 pour les gens qui ne travaillent pas.
06:09 Voilà, c'est quelque chose qu'on pouvait discuter,
06:12 et ça correspond surtout aux souhaits de 70-80 % de la population.
06:17 On est en démocratie, on peut quand même attendre
06:21 que le peuple soit écouté.
06:22 Et je n'entends ce soir que des gens qui s'insurgent
06:26 qu'on ait écouté ce peuple comme si on avait une élite
06:29 qui avait une pensée et une moralité supérieure,
06:32 qui se raccroche à des principes immatériaux.
06:34 Ce qu'on a entendu tout à l'heure Alexandre Bonpart le dire,
06:37 c'est l'image de la France.
06:41 Si on peut comparer simplement et modestement la France
06:44 aux autres pays de l'OCDE,
06:46 je pense qu'on est dans une exagération, mais sidérante.
06:49 -Gérald Dume, je n'aurais pas aimé t'entendre en 1981
06:52 au moment de l'abolition de la peine de mort.
06:54 -Jean-Luc Mélenchon est prêt.
06:56 -On a retrouvé Jean-Luc Mélenchon.
06:58 Alors, je ne sais pas si vous avez pu entendre ma question tout à l'heure,
07:02 mais je vous ai parlé des propos d'Elisabeth Borne.
07:04 Elisabeth Borne qui dit ce texte, c'est aussi la régularisation
07:09 de celles et ceux qui travaillent sans avoir besoin de l'accord de l'employeur,
07:13 c'est l'interdiction de placer des mineurs en rétention administrative.
07:16 Et elle, elle le dit, la Première ministre,
07:17 ça, la gauche, elle ne l'avait jamais fait jusque-là.
07:21 -Oui, vous dites ça.
07:23 Bon, écoutez, on va repartir de...
07:25 Bon, je ne vais pas prendre l'argumentaire de Mme Borne,
07:27 parce qu'à chaque fois, il faut que je reprenne techniquement chaque point.
07:31 Ce n'est pas vrai, la régularisation,
07:33 c'est si le préfet la décide et c'est seulement pour un an,
07:36 et pour que le préfet la décide, il faut que la personne
07:38 qui est en situation irrégulière ait un papier de son employeur
07:41 qui atteste qu'il est employé depuis mois.
07:43 Enfin, c'est une vaste rigolade, ça n'a pas lieu,
07:45 ça revient tout simplement à les dénoncer.
07:47 Mais je voudrais reprendre ce qui vient d'être dit à l'instant
07:49 sur le caractère théâtral.
07:51 Mais évidemment que quand on agite et qu'on présente des grands principes,
07:54 on peut dire c'est théâtral, mais nonobstant cela, les principes existent.
07:59 Le droit du sol, madame, c'est depuis cinq siècles dans ce pays.
08:03 Donc on peut penser qu'avant l'arrivée miraculeuse de M. Macron,
08:07 qui s'est tout mieux que tout le monde,
08:08 pendant cinq siècles, on a pensé que ça fonctionnait.
08:11 De même, quand on dit qu'il y a une majorité de l'opinion,
08:14 eh bien je suis enchanté si on part des sondages.
08:17 Alors, il y a 60% des Français qui sont pour le rétablissement
08:21 de l'impôt sur la grande fortune, pour autant, vous ne le faites pas.
08:23 Donc, je proposerais que dans un débat de cette nature,
08:26 on écarte ces arguments.
08:28 Mais je voudrais cependant en présenter un.
08:31 Est-ce que vous êtes sûr que la France telle qu'elle est,
08:34 puisque vous parlez de ses réalités, notamment démographiques,
08:37 dans un pays vieillissant, décroissant en population,
08:40 puisque nous sommes en descendance finale, à 1,8 enfant,
08:45 est-ce que vous êtes sûr que c'est le moment où c'est la bonne idée,
08:47 c'est de dire "on ne veut plus voir personne dans ce pays".
08:50 Qui va bosser ? Qui va maintenir le niveau d'activité nécessaire
08:54 qui nécessite qu'il y ait des gens plus jeunes ?
08:56 Comment expliquez-vous que tant de pays dans le monde
08:59 soient en train de faire exactement l'inverse
09:01 de ce que vous vous proposez de faire pour la France ?
09:03 – Jean-Luc Mélenchon, je reviens sur ce que vous dites à l'instant.
09:05 – Le Canada va venir 480.
09:06 – Je reviens sur ce que vous dites à l'instant, quand vous balayez l'opinion,
09:09 quand vous balayez les sondages, les sondages qui, ces dernières semaines,
09:12 ces derniers mois, vont tous dans le même sens.
09:14 Quand vous avez deux tiers des Français dans les sondages qui vous disent,
09:16 par exemple, une question toute simple,
09:18 est-ce qu'il y a oui ou non trop d'immigrants en France ?
09:20 Deux tiers des Français répondent "oui" dans les sondages aujourd'hui.
09:23 Cet argument-là, vous dites, il ne compte pas, il ne faut pas qu'il compte,
09:26 et les députés qui vont voter ce soir ne doivent pas l'avoir en tête.
09:30 – Non, écoutez, vous avez une manière de procéder dans l'interrogation
09:35 qui me paraît assez brutale, hein, vous me demandez de répondre,
09:38 je m'en fous de ce que disent les gens, non, je dis, lorsque les gens pensent,
09:41 par exemple, qu'il y a 30% d'immigrés dans la population,
09:45 eh bien, ce n'est pas vrai, il n'y a pas 30% d'immigrés dans la population,
09:50 et ce n'est pas parce qu'ils le croient que pour autant,
09:53 il y a 30% d'immigrés dans la population, dès lors,
09:55 s'ils raisonnent sur la base du fait qu'il y ait 30% d'immigrés dans la population,
10:00 alors que ce n'est pas vrai, je comprends qu'ils disent,
10:03 "ah ben attendez, il faut arrêter ça parce que ce n'est pas la bonne pente",
10:07 sauf que le point de départ est faux,
10:09 donc il faut bien entendre qu'on ne peut discuter que de réalité,
10:12 et pour ça, il faut en saisir les gens, la majorité pense ça,
10:17 il se trompe, on a le droit de le dire, et surtout il se trompe sur un fait,
10:22 il n'y a pas 30% d'immigrés en France, il y en a 6-7%, et ainsi de suite.
10:27 – On est à plus de 10% aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon.
10:31 – Oui, alors c'est trop pour vous, n'est-ce pas ?
10:35 – Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, j'ai rectifié le chiffre que vous avez donné.
10:38 – Oui, mais donc, est-ce que 10% à votre avis, ça justifie qu'on dise c'est trop ?
10:44 Non ? Ou oui ?
10:46 – Eh bien, je réponds, moi, je comprends que vous ne posez que des questions,
10:50 mais moi je pose aussi une question, et je dis,
10:52 est-ce que vous avez compris que nous ne serons pas vous,
10:55 mais en général, nous allons bientôt être dans une situation
10:59 où la démographie va faire que le système des retraites ne pourra plus marcher,
11:04 que les cotisations sociales ne suffiront plus à payer les soins,
11:07 et par conséquent, s'il n'y a pas des gens qui travaillent et qui cotisent,
11:11 tout ça va s'effondrer, il ne restera que ceux qui auront la possibilité
11:16 de se payer une retraite par déplacement financier,
11:19 d'aller à la clinique ou à l'hôpital privé, parce qu'ils en auront les moyens.
11:23 La société, c'est un tout.
11:24 Enfin, j'ajoute la chose suivante, la France est un pays
11:29 qui s'est toujours constitué autour seulement de la politique,
11:33 le pacte Liberté, Égalité, Fraternité, on l'a dit assez de fois,
11:36 ça n'est donc pas un pays ethnique, en quoi sommes-nous dérangés ?
11:40 Par des gens qui viennent et qui partagent nos valeurs.
11:43 Alors je ne dis pas "tout le monde vient", je ne dis pas ça,
11:46 mais je dis que ce n'est pas raisonnable de mettre un verrou pareil,
11:49 regardez les grandes écoles, viennent de dire que c'est de la folie.
11:53 – Alors attendez, sur ce point-là, vous ne dites pas ce soir,
11:56 Jean-Luc Mélenchon, "tout le monde vient", j'entends,
11:58 mais je vous ai écouté tout à l'heure à 19h, dans votre prise de parole,
12:01 c'était sur YouTube, vous dites clairement qu'il faudrait aujourd'hui,
12:06 selon vous, régulariser tous les travailleurs sans papier en France.
12:09 Où pouvez-vous trouver aujourd'hui une majorité ?
12:12 À l'Assemblée ou dans l'opinion qui serait favorable
12:15 à une régularisation massive des travailleurs sans papier en France ?
12:19 – Mais nous ferons campagne pour ça, la question qui doit être posée,
12:24 c'est "est-ce que c'est raisonnable ou pas ?"
12:26 Personne n'est capable de dire combien il y a de gens
12:28 qui n'ont pas de papier dans ce pays, mais supposons que je prenne
12:31 la fourchette la plus haute, la chose qui fait le plus peur,
12:34 on a dit 700 000 personnes, et bien savez-vous si par hasard
12:39 vous arrivez à concentrer toutes les forces de l'ordre
12:42 pour passer toute la population au tamis,
12:45 je ne sais pas comment on ferait une chose pareille,
12:47 vous allez renvoyer 700 000 personnes où vous avez tous à espérer
12:51 qu'ils aillent tous au même endroit, combien ça fait d'avions,
12:54 combien ça fait de bateaux, combien ça fait de trains,
12:56 combien ça coûte 130 000, 13 000 euros pardon, par tête de pipe,
13:01 ce sont des sommes gigantesques, donc personne ne fera jamais repartir
13:05 les personnes qui sont clandestines en France, personne n'y arrivera jamais.
13:10 Et pourquoi le ferait-on ? Qu'est-ce qu'on a à perdre ?
13:12 Quand je dis les travailleurs sans papier, vous avez entendu mes mots,
13:15 ce sont les gens qui travaillent, ces gens payent des impôts
13:18 comme tout le monde, ne serait-ce que la TVA,
13:21 ils cotisent par la force des choses, car leurs employeurs,
13:24 à part ceux qui les prennent au noir, mais ce n'est pas la majorité,
13:26 cotisent, tous ces gens cotisent, participent, s'ils n'étaient pas là,
13:30 je le dis les yeux dans les yeux, à ceux qui m'écoutent,
13:33 s'ils n'étaient pas là, tout le système de la sécurité sociale
13:37 s'effondrerait, parce qu'il y aurait un trou dans la caisse.
13:40 Par conséquent, il faut arrêter de prendre des décisions
13:44 sans tenir aucun compte de la réalité.
13:46 Savez-vous qu'à l'heure à laquelle nous parlons,
13:48 le Canada fait entrer 480 000 personnes par an au Canada,
13:53 pour remplacer la population qui a vieilli ?
13:55 Ce n'est pas parce qu'il y a de la place qu'ils font rentrer 480 000 personnes.
13:59 En Italie, c'est de même, vous vous rappelez comme moi,
14:01 des scènes terribles qu'a vécues l'Italie,
14:03 et c'est pourtant ce qu'ils sont en train de faire.
14:06 Par conséquent, il faut réfléchir sur de toute autre base
14:09 au rapport qu'on a à l'immigration,
14:11 parce qu'au bout de 30 lois, on n'a toujours rien réglé.
14:14 – Jean-Luc Mélenchon, pendant qu'on parle,
14:15 il y a ces images en direct à l'Assemblée Nationale,
14:17 il y a du mouvement, puisque le vote doit maintenant avoir lieu dans 5 minutes.
14:21 Peut-être avez-vous entendu ces toutes dernières informations
14:25 sur ce que dit Emmanuel Macron, il dit "je ne veux pas de la loi immigration
14:29 avec les voix du Rassemblement National",
14:31 en gros il veut une majorité sans les voix du RN,
14:35 et si ce texte est adopté ce soir avec le RN, dit-il,
14:38 il saisira demain au Conseil des ministres le Conseil constitutionnel.
14:41 Est-ce que vous saluez, vous, cette démarche ?
14:45 – Mais tout ça, cette politique de gribouille, tout ça est absurde.
14:49 S'il ne voulait pas des voix du RN, ce qui n'est pas dans ses moyens, n'est-ce pas ?
14:54 Vous ne pouvez pas empêcher une Assemblée de voter comme elle veut,
14:56 mais s'il ne voulait pas des voix du RN, il ne fallait pas reprendre son programme.
15:00 Madame, on m'a citée tout à l'heure dans mon intervention à 19h,
15:04 j'ai cité, je les ai sous les yeux, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept points,
15:07 parmi les plus importants du texte de loi,
15:10 qui sont directement tirés du programme présidentiel de Madame Le Pen.
15:14 Ce qu'a M. Macron, c'est qu'il n'accepte pas de perdre,
15:18 et il n'accepte pas qu'à des moments, dans la vie politique,
15:21 ben, qu'est-ce que vous voulez, vous avez perdu, vous avez perdu,
15:23 et puis, vous vous inclinez devant un vote,
15:25 une Assemblée dit qu'elle rejette, et ben elle rejette,
15:28 on n'essaye pas de faire rentrer un texte par la fenêtre,
15:30 comme ils viennent de le faire, et là maintenant, quoi ?
15:33 On va rediscuter de tout ça ?
15:34 Et qu'est-ce qui lui fait penser qu'il y aura un autre résultat
15:37 au vote des députés que celui qu'il y aurait là ?
15:40 Tout ça est dans la confusion, la pagaille,
15:42 et ne correspond à aucun besoin, car je vous le rappelle,
15:45 où est le problème ?
15:46 Il y a une vague, tout d'un coup, d'immigration, nous sommes submergés,
15:50 où est le problème qui nécessite une telle urgence et une telle violence ?
15:54 Il n'y en a pas.
15:55 – Pour vous, elle est là, Jean-Luc Mélenchon, la victoire du RN,
15:57 la victoire idéologique dont parle Marine Le Pen, pour vous, elle est là ?
16:00 – Ah oui, ah oui.
16:02 Ben écoutez, elle a au moins eu la franchise de le dire,
16:04 je sais que c'était pour embarrasser tout le monde,
16:07 je la connais depuis assez longtemps, mais au moins elle l'a dit,
16:10 bien sûr que c'est une victoire idéologique,
16:12 comment l'homme qui s'est fait élire en disant
16:15 "vos voix me font devoir en parlant à nous",
16:17 à ceux qui au deuxième tour n'ont pas voté pour Mme Le Pen,
16:21 et maintenant le voilà en train de défendre le contenu,
16:25 le cœur de ce qui fait qu'une personne qui a voté Macron
16:28 ne peut pas accepter,
16:30 parce que bien sûr nous avons des divergences,
16:32 et vous en connaissez la profondeur, il suffit de voir comment ils me traitent,
16:36 mais nous avons aussi en commun un certain nombre peut-être de choses,
16:39 en tout cas nous on le pensait,
16:40 vous savez, je vais vous dire, on a peut-être fait preuve de naïveté,
16:43 parce que quand on a voté la motion de rejet,
16:46 on ne croyait pas que M. Macron reviendrait avec le même texte,
16:50 aggravé par des prises de position du RN,
16:53 comment a-t-on pu en arriver à une inversion de la société à ce point ?
16:58 Je pense que le Président là, il n'est plus tout à fait dans ses pompes.
17:01 – Enfin c'était l'une des options qui se présentaient à lui,
17:05 c'était soit le retour de la navette, soit la commission mixte paritaire,
17:08 soit le retrait, il a choisi la commission mixte paritaire.
17:11 Admettons là, je disais le vote…
17:13 – Mais attendez, j'ai dit il y a un instant pourquoi c'était un abus de pouvoir,
17:17 mais des fois ça arrive, moi je me rappelle du Président Mitterrand,
17:20 retirant la loi sur l'unité du service public de l'éducation,
17:25 parce qu'il y avait des manifestations extrêmement amples,
17:27 il a considéré que ça n'avait pas de sens d'essayer de forcer,
17:30 et j'aime mieux vous dire que nous on n'était pas contents,
17:32 les gens de gauche, ben quoi ?
17:34 On a accepté la situation dans laquelle on était,
17:37 parce qu'il valait mieux ça que de se déchirer comme on va bientôt le faire,
17:41 et vous vous imaginez pour que cette soite s'applique,
17:43 parce que combien se pose la question de savoir
17:45 comment techniquement on fait pour aller vérifier,
17:48 un par un dorénavant, depuis combien de temps vous êtes là,
17:51 est-ce que vous avez droit à tel type d'aide, à tel type d'autre,
17:53 encore de la paperasse des contrôles, tout ça est fou,
17:57 ça n'est pas raisonnable de faire tout ça,
17:59 mieux vaut avancer tranquillement, partir de choses raisonnables,
18:02 et les appliquer, et convaincre surtout, c'est une démocratie.
18:06 – Si on se projette dans les toutes prochaines minutes,
18:09 admettons que ce vote, qu'il y ait,
18:12 que ce texte soit adopté à l'Assemblée Nationale dans quelques minutes,
18:15 et après quoi ?
18:16 On est tous d'accord pour dire qu'il y aura un avant et un après projet,
18:19 projet de loi immigration, qu'est-ce que vous demandez vous ?
18:22 Est-ce que vous demandez un changement de Premier Ministre ?
18:25 Est-ce que vous demandez un remaniement élargi ?
18:27 Est-ce que vous demandez une dissolution ?
18:29 – Attendez, d'abord on fera, nous, le travail jusqu'au bout,
18:34 parce qu'on utilise tous les moyens mis à la disposition par les institutions,
18:39 par exemple, chaque fois qu'elles déposent un 49.3,
18:42 on dépose une motion de censure, je trouve incroyable qu'on nous dise
18:45 "vous êtes en train de banaliser la motion de censure",
18:47 peut-être bien, mais c'est eux qui sont en train de banaliser le 49.3,
18:51 vous connaissez beaucoup de démocraties dans le monde
18:54 où un texte est considéré comme entièrement adopté
18:57 sans qu'un seul parlementaire n'ait voté,
18:59 simplement parce qu'ils n'ont pas voté la censure,
19:01 c'est ce qu'on est en train de faire, maintenant on en est à la 22ème fois,
19:04 ça n'existe nul part ailleurs au monde.
19:06 – Là il a dit Emmanuel Macron, il n'y aura pas de 49.3,
19:10 il n'y aura pas de 49.3 en l'occurrence là,
19:12 en cas de blocage à l'Assemblée Nationale.
19:16 – Oui, mais il ne peut pas de toute façon,
19:17 alors il nous fait un cadeau qu'il ne peut pas,
19:19 c'est pour ça qu'il va faire revenir le texte,
19:21 parce que s'il fait revenir le texte en janvier,
19:24 il sera dans une nouvelle session parlementaire
19:26 et il aura à nouveau son droit de tirage de 1 49.3 pendant la session,
19:30 c'est de la technique parlementaire,
19:32 mais en ce moment on parle beaucoup de technique parlementaire,
19:35 nous déjà ce qu'on va faire,
19:36 c'est un recours devant le Conseil constitutionnel,
19:38 enfin madame vous avez entendu comme moi,
19:40 M. Darmanin dire à la tribune du Sénat,
19:43 qu'il savait qu'il y avait des articles qui sont anti-constitutionnels,
19:46 donc en ce moment l'Assemblée Nationale s'apprête à adopter,
19:50 à la demande du Premier ministre, un texte dont ils savent eux-mêmes,
19:54 qu'une partie va être censurée,
19:55 alors moi je pose la question,
19:57 quelle partie à son avis va être censurée ?
19:59 Est-ce que c'est ce qu'ils ont négocié avec LR ?
20:02 Autrement dit, ils leur ont proposé un pacte bidon,
20:05 je crois qu'on nage dans l'à peu près n'importe quoi,
20:08 et qu'on a du mal à deviner ce qui va se passer,
20:10 sinon que, vous êtes d'accord,
20:12 il y a en effet ce qu'on appelle une crise politique,
20:15 ça n'est pas à moi de dire comment M. Macron doit la régler dans sa majorité,
20:18 mais il est certain qu'au bout d'un certain temps de blocage,
20:22 c'est le retour au peuple, la bonne formule,
20:24 alors je ne dis pas qui ça arrange et qui ça n'arrange pas,
20:27 mais en attendant c'est comme ça que ça se passe dans les démocraties,
20:30 d'habitude quand on est dans une impasse,
20:32 on retourne devant les électeurs, ça se fait dans tous les pays du monde,
20:35 je ne vois pas où serait l'exception française
20:38 qui ferait qu'on n'aurait pas besoin de revenir au peuple.
20:41 – Et précisément Jean-Luc Mélenchon, dans cette optique-là,
20:43 on sait que beaucoup à gauche, en dehors de la France Insoumise,
20:47 et certains même à la France Insoumise,
20:48 vous ont accusé d'avoir abîmé la NUPES,
20:51 d'avoir abîmé l'union que vous aviez réussi à faire,
20:53 est-ce que vous considérez que ce soir, vu la tournure que prennent les débats
20:56 et les événements à l'Assemblée, vu ce texte de loi,
20:59 l'heure est suffisamment grave pour mettre tout ça de côté
21:01 et revenir à une union plus solide de la NUPES,
21:04 est-ce que c'est ce que vous appelez ?
21:05 – Alors, attendez, d'abord je ne peux que démentir ce que vous venez de dire,
21:11 je n'ai rien abîmé du tout,
21:12 ce n'est pas moi qui ai décidé de quitter la NUPES,
21:15 c'est le parti communiste,
21:16 ce n'est pas moi qui ai décidé de mettre un moratoire,
21:19 c'est le parti socialiste,
21:20 ce n'est pas moi qui ai décidé de suspendre les travaux en commun,
21:22 c'est Europe Écologie Les Verts,
21:24 et à l'heure à laquelle vous me parlez, je ne sais toujours pas pourquoi,
21:28 c'est-à-dire qu'à aucun moment, il n'a été dit autre chose que le style, le ton, etc.
21:33 mais chacun a sa manière,
21:35 quand j'ai proposé qu'on fasse un groupe unique, on m'a dit non,
21:38 ben si on ne fait pas un groupe unique,
21:39 chacun fait comme il le sent et a sa manière d'être,
21:42 moi je n'impose pas aux autres leur manière d'être,
21:44 alors maintenant, ce qui est certain,
21:46 c'est que j'ai entendu l'appel de Manuel Bompard, notre coordinateur national,
21:50 qui lui dit, il faut séance tenante,
21:52 que tous les partis de la NUPES se voient,
21:54 parce que cette fois-ci, c'est très grave,
21:56 quand on pense que les macronistes ont franchi le Rubicon,
22:00 qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
22:01 ben que vous avez le bloc des droites qui est en train de se constituer,
22:05 qui aurait une caractéristique, son centre de gravité,
22:08 plutôt vers l'extrême droite,
22:09 et d'autre part, un dénominateur commun, Abba et les filles,
22:13 alors avec ça, roule bouboule, c'est ça qu'ils comptent faire,
22:16 mais en effet, je pense que j'entends ce que dit Bompard,
22:19 et je lui donne raison, il faut se réunir d'urgence,
22:22 et moi je dis qu'on peut laisser tout de côté,
22:25 on peut faire un bilan, et on peut repartir sur des bonnes bases,
22:28 mais je crois que non, ce n'est pas ce que veulent faire les autres,
22:30 et en particulier pour les élections européennes,
22:33 si nous avons une liste commune,
22:34 nous rivalisons avec le Front National et les macronistes,
22:38 si nous n'en avons pas, nous ne rivalisons pas,
22:40 vous le savez aussi bien que moi.
22:41 - Les prises de parole, Jean-Luc Mélenchon,
22:43 sont en train de commencer à l'Assemblée avant le vote,
22:45 on attend notamment Gérald Darmanin,
22:47 une question encore avant Gérald Darmanin,
22:50 restez avec nous encore,
22:51 le ministre de l'Intérieur n'est pas encore arrivé,
22:53 on voulait vous garder encore quelques instants,
22:54 quelques minutes, Jean-Luc Mélenchon,
22:56 est-ce que vous dites ce soir, encore une fois,
22:58 le vote va commencer d'un instant à l'autre,
23:01 et on va le suivre en direct sur BFM TV, les prises de parole avant,
23:04 est-ce que vous dites ce soir, 21h33,
23:06 il y a encore un espoir que ce texte ne passe pas ?
23:09 - Oui.
23:12 Oui, il y a un espoir,
23:13 parce que vous avez beau penser que tout ça est très théâtral,
23:19 mais nous sommes nombreux sur tous les bancs
23:21 à avoir en quelque sorte la passion de la France,
23:24 et il y a des moments où on se retrouve sur certains sujets,
23:27 pour des raisons des fois très diverses,
23:29 pour moi ça va être par philosophie,
23:31 pour mes collègues du Modem qui sont démocrates chrétiens,
23:35 c'est parce que leur vision, leur inspiration chrétienne
23:38 fait qu'ils ne peuvent pas accepter d'organiser une maltraitance d'État
23:42 à l'égard des personnes qui arrivent dans notre pays,
23:45 ou des maltraitances d'enfants à cause de lois de cette nature,
23:48 et je pourrais en dire pour beaucoup d'autres,
23:50 je vois des gens qui sont en désaccord absolu avec moi,
23:53 comme M. Gilles Le Gendre, l'ancien président du groupe Macroniste à l'Assemblée,
23:59 a annoncé qu'il ne voterait pas cette loi,
24:01 ça montre bien qu'il y a aussi un socle commun
24:06 d'attachement à une certaine forme républicaine de l'État
24:10 qui nous relie entre nous, heureusement non ?
24:12 – Même si, même si, même si quand même,
24:15 ça risque d'être un petit peu compliqué, on l'entend, vous restez optimiste,
24:18 mais si le Rassemblement National vote la loi,
24:21 – C'est mon devoir.
24:22 – Voilà, si les Républicains votent la loi,
24:25 bon, vous comptez sur qui alors ?
24:27 Vous comptez finalement sur les députés de la majorité
24:29 qui diraient non, comme Sacha Houllier, comme Gilles Le Gendre, c'est ça ?
24:33 – Oui, oui, et d'abord ce n'est pas une majorité,
24:37 si bien pourquoi je peux y croire ?
24:38 Parce qu'ils sont une minorité la plus importante de l'Assemblée Nationale,
24:43 mais en trois groupes, le modem c'est 50 voix,
24:46 et pardon de vous dire que si le modem décide ce soir de ne pas voter cette loi,
24:50 c'est un problème politique qui va bien au-delà des 50 membres de ce groupe,
24:55 et je pense que la majorité de M. Macron,
24:58 interne, je veux dire entre eux, la majorité n'est pas si stable
25:02 qu'il puisse se passer de 50 personnes qui constituent un groupe entier,
25:06 quand on voit que le groupe Lyot, qui bien sûr n'est pas membre de la famille présidentielle,
25:12 va aussi voter contre, ne laissons pas croire qu'il y aurait un raz-de-marée
25:17 en faveur des idées de Mme Le Pen, y compris dans l'Assemblée Nationale,
25:22 parce que ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai,
25:23 et puis si on ne s'accroche pas à ça, eh bien alors à quoi bon lutter,
25:27 à quoi bon argumenter ?
25:28 Moi j'argumenterai tant que je peux et mes camarades le font,
25:31 vous savez en ce moment ce qu'ils font ? On appelle ça du bouton de veste, nous.
25:34 C'est-à-dire qu'ils sont dans les couloirs, dans les bancs,
25:36 essayer de convaincre l'un, convaincre l'autre,
25:38 et pas évidemment des idées de la France Insoumise, ce n'est pas le sujet,
25:41 le sujet c'est surtout "Votez pas ça, on va avoir l'air de quoi devant le monde entier dès demain matin".
25:47 – Merci beaucoup, merci Jean-Luc Mélenchon d'avoir été avec nous ce soir en direct
25:50 pour cette soirée spéciale, merci d'avoir été en duplex avec nous.

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