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La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet était l’invitée du 20H BFM ce lundi, alors que François Bayrou poursuit ses tractations pour éviter la censure à la veille de son discours de politique générale.

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00:00Bonsoir Sophie Binet, merci d'être là, je vous laisse le temps de vous installer Secrétaire Générale de la CGT.
00:04Forcément attentive à ce qui est en train de se passer ce soir, les dernières tractations
00:08entre les socialistes et le Premier Ministre François Bayrou. Il y a une réunion qui vient de se terminer, il n'y a pas eu de déclaration
00:13des socialistes à l'issue de cette réunion
00:17mais on sait que certains ont critiqué chez les socialistes ce soir
00:20une farce par exemple en expliquant qu'Orlyté n'était plus question de suspension, que le discours avait changé, on va en parler avec vous.
00:27Demain donc Sophie Binet, discours de politique générale.
00:30Sur les retraites, quels mots précis vous attendez de François Bayrou ?
00:33Eh bien ce qu'il faut comprendre c'est que cette question de la réforme des retraites, c'est une question centrale, c'est ce qui va déterminer
00:40la suite et la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron. Il faut qu'Emmanuel Macron et François Bayrou comprennent
00:46qu'il faut qu'ils écoutent ce que les parlementaires, les syndicats, les Françaises et les Français disent depuis deux ans, il faut
00:53abroger cette réforme et donc ce que nous attendons dans le discours de politique générale de demain, c'est que
00:58le Premier ministre ouvre le chemin vers l'abrogation de la réforme et la première étape c'est un gel
01:05immédiat de l'application de la réforme. Donc vous vous dites abrogation
01:09d'abord gel, c'est-à-dire que s'il prononce le mot de suspension
01:12demain dans son discours, est-ce que ça vous suffit ? Est-ce que c'est une première étape ?
01:16Eh bien il faut regarder dans le détail qu'est-ce qu'on appelle suspension. Il faut que ça soit une suspension immédiate parce que j'entends certains dire
01:22on pourrait suspendre à 63 ans. Non pas du tout.
01:25Aujourd'hui ce qui s'applique c'est 62 ans et demi.
01:29Donc bloquer la réforme comme on le demande, ça veut dire bloquer les curseurs immédiatement à 62 ans et demi. Voilà ce que nous demandons.
01:36Ça veut dire que vous ne demandez pas quand même de revenir à l'étape d'avant, c'est-à-dire 62 ans. Pour l'instant vous dites ok
01:42on gèle 62 ans et demi et après on discute, après on voit. La CGT demande l'abrogation, c'est la seule
01:48solution au problème, c'est d'abroger cette réforme. Mais effectivement la décision à prendre immédiatement sans attendre, c'est de geler
01:55l'âge de départ et le nombre d'annuités de cotisations, sachant que cette réforme aujourd'hui fait déjà des ravages.
02:01Depuis son application, le nombre de privés d'emploi de plus de 62 ans inscrits à Pôle emploi a augmenté de 50 %.
02:09Donc on a déjà une explosion du chômage des seniors. C'est pour ça qu'il faut immédiatement
02:13bloquer l'application de la réforme. Et j'ajoute, comme j'entends qu'on nous renverrait la patate chaude et qu'on demanderait aux syndicats de négocier
02:21avec le patronat, pour que ces négociations puissent se passer sereinement,
02:25il faut que l'application de la réforme soit bloquée. C'est pas possible qu'on négocie le fusil sur la tempe
02:30avec une réforme qui continue à s'appliquer et où en plus on nous dirait mais si vous n'arrivez pas à un accord avec le patronat,
02:36on revient et la réforme continuera à s'appliquer. Bon bah ça c'est un marché de dupes.
02:40Amélie. Sophie Binet, deux questions très rapides. D'abord, si jamais la réforme elle était bloquée,
02:46gelée, est-ce qu'il s'appliquerait à la fin de cette année ? Parce qu'à la fin de cette année en fait c'est
02:4962 ans et neuf mois. Est-ce que ça vous conviendrait ? Deuxièmement, vous dites qu'abroger ça ne coûterait pas très cher,
02:55c'est-à-dire comment on finance cette abrogation ?
02:57Alors la première chose c'est qu'il faut geler la réforme immédiatement.
03:01En fait, ce qui se passe c'est que là, si on ne gèle pas la réforme, les personnes nées en
03:071963 devraient partir au 1er octobre,
03:10c'est-à-dire après 62 ans et neuf mois, et si on gèle, elles partiraient au 1er juillet. Donc il faut que les personnes nées en
03:181963 puissent partir à partir du 1er juillet, c'est-à-dire dans six mois. C'est tout à fait faisable par les caisses de sécurité sociale si on
03:26l'annonce maintenant, parce qu'il y a besoin d'autour de six mois pour appliquer des nouvelles règles. Et la deuxième question sur comment on finance,
03:34le gel de la réforme des retraites, c'est moins de 2 milliards de coûts pour 2025.
03:39Mais le retour à 62, ce serait 3 milliards. 3 milliards. Oui, mais là, dans un premier temps, entre 2 et 3 milliards c'est quand même pas
03:47la différence pas très importante. Donc ce que propose la CGT, c'est de soumettre l'intéressement et la participation à cotisations sociales,
03:56ce qui permettrait de faire rentrer quasiment 2,5 milliards dans les caisses, et donc de financer le gel immédiat. Donc attendez,
04:03pour bien comprendre ceux qui nous regardent, vous dites, ceux qui nous regardent qui sont par exemple salariés, qui touchent de l'intéressement, de la participation,
04:09c'est vous qui allez devoir mettre la main à la poche d'une certaine manière pour financer ce gel cette année, si on va vers ce gel.
04:14Les employeurs, parce que les cotisations, c'est un tiers salarié, deux tiers employeur. L'intéressement et la participation, c'est malheureusement pas tous les salariés qui en touchent,
04:23c'est les salariés des grandes entreprises, et c'est plutôt des cadres. Et par ailleurs, soumettre à cotisation, ça veut dire ouvrir des droits, et donc ça veut dire qu'on cotisera davantage,
04:32et donc qu'on aura davantage de droits à retraite. Donc c'est un marché gagnant qui permet d'avoir davantage de droits à retraite pour celles et ceux qui cotiseront
04:40sur leur intéressement et la participation.
04:42Mais Sophie Binet, vous nous dites que ça coûte entre 2 et 3 milliards de geler cette année les retraites. Quand on regarde par exemple comment se comportent les taux d'intérêt,
04:50auxquels la France emprunte à 10 ans, ça a déjà pris 0,5% depuis que François Bayrou est arrivé au pouvoir. Donc les économistes vous disent « si on annonce ça demain, c'est la cata et ces taux vont flamber ».
05:03Je trouve ce débat hallucinant. Moi je vois depuis ce matin le patronat, la droite, les macronistes se rouler par terre en disant « si on abroge ou même si on gèle la réforme des retraites, le pays sera en faillite ».
05:16Il faut arrêter le délire. Là, on parle de 2 à 3 milliards d'euros pour 2025. Si on le met en regard des 80 milliards d'euros d'exonération de cotisation sociale dont bénéficie le patronat chaque année,
05:28on a une idée de la mesure des choses. On peut aussi le mettre en regard avec les 40 milliards de cadeaux annuels qu'Emmanuel Macron a offerts au patron depuis le début de son septennat.
05:39Donc là, on parle de 2 à 3 milliards immédiatement et de 16 milliards à horizon 2030 alors qu'en 7 ans, Emmanuel Macron a déjà offert 40 milliards de cadeaux aux entreprises chaque année.
05:52Et je ne parle pas des cadeaux pour les plus riches. Donc les marges de manœuvre, elles existent largement.
05:56Madame Binet, outre le fait qu'effectivement, c'est plutôt 16 milliards quand même à l'horizon 2027 et pas seulement les 3 milliards de cette année,
06:04comment vous expliquez que la France serait le seul pays au monde probablement à reculer l'âge de départ à la retraite alors que comme tous les pays,
06:11on n'échappe pas à une crise démographique qui fait qu'il y aura de plus en plus de gens qui vont vieillir et on fait de moins en moins de bébés ?
06:18Tous nos voisins sont en train d'augmenter l'âge de départ à la retraite et nous, on vivrait dans un pays formidable, tant mieux,
06:24où on se permettrait de réduire l'âge de départ à la retraite. Vous ne croyez pas qu'il faut travailler plus pour pouvoir financer la retraite de nos enfants et petits-enfants ?
06:31D'abord, moi, je crois au progrès et je pense que c'est bien d'avoir un horizon de progrès social. Ensuite, là, il ne s'agit pas de la retraite à 60 ans,
06:37il s'agit juste de maintenir la retraite à 62 ans. Ensuite, sur les comparaisons internationales, il faut toujours être très mesuré parce que c'est toujours un peu plus compliqué que ça.
06:47Il faut regarder l'âge effectif de départ à la retraite et ce qu'on constate, c'est que l'âge effectif de départ à la retraite, en France, il est à peu près au niveau moyen des pays de l'OCDE.
06:59On ne part pas aujourd'hui en France plus tôt que dans les autres pays de l'OCDE. Et moi, ce que je sais, parce que nous nous coordonnons avec nos homologues au plan mondial,
07:08c'est que c'est toujours la même histoire, en fait. À chaque fois, eux, que ce soit les Belges, les Italiens, les Allemands, etc., on leur dit « mais vous êtes les derniers isolés à avoir des avantages,
07:17ailleurs, ils travaillent beaucoup plus longtemps ». Donc, je sais qu'au niveau international, nous avons été soutenus par tous les syndicats du monde pendant notre mobilisation il y a deux ans.
07:25Ils nous disaient « tenez bon, vous tirez les droits vers le haut de tous les autres travailleurs et travailleuses du monde. C'est important qu'on ne nous fasse pas le coup à chaque fois du chantage
07:37en dégradant les droits dans un pays mondial pour ensuite faire suivre les autres pays à la chaîne. Donc, c'est important pour les travailleuses et les travailleurs français,
07:45mais c'est aussi important pour tous les autres travailleurs et travailleuses du monde parce que dans les autres réformes des retraites qu'on essaye d'imposer à l'étranger,
07:52par exemple, actuellement, on essaye d'en imposer une en Autriche, l'argument, c'est aussi « regardez, en France, ils se sont mobilisés, ils ont eu une réforme des retraites qui a été imposée ».
07:59Donc, c'est important pour les Français, mais aussi au plan mondial.
08:02– Sophie Binet, l'une des hypothèses, ce serait qu'il y ait suspension. Encore une fois, on n'y est pas, on aura le discours de politique générale demain.
08:08Et qu'ensuite, le gouvernement vous dise « écoutez, c'est donc au syndicat, au patronat de négocier ». Est-ce que vous dites « ok, on y va, chiche, on négocie »,
08:16sachant qu'il y a une contrainte ? C'est que le gouvernement va vous dire « il faut que l'équilibre financier de la réforme qui était passé, vous avez le droit de revenir sur les 64 ans,
08:24mais en attendant, il faut rester dans l'équilibre, il faut que ça reste équilibré ». Est-ce que vous dites « chiche » ?
08:29– Écoutez, chaque chose en son temps. D'abord, moi, j'attends de voir les annonces de demain et ce que nous demandons, encore une fois,
08:36c'est qu'il y ait un blocage très clair immédiat de la réforme à 62 ans et demi et 169 trimestres, pas plus. C'est bien les deux critères qu'il faut bloquer.
08:44Ensuite, sur la question de l'équilibre financier et de financer la brogation, nous, on n'a pas de problème avec ça.
08:50Ça fait deux ans que la CGT demande à organiser une conférence de financement pour faire entendre les propositions alternatives au report de l'âge de départ.
08:57Je vous ai parlé de soumettre à cotisation l'intéressement et la participation. La CGT propose également de soumettre à cotisation les dividendes.
09:05Il ne vous a pas échappé, les dividendes explosent cette année encore. On est à 100 milliards d'euros de dividendes rien que pour les entreprises du CAC 40.
09:12Je ne compte pas les autres. Si on soumettait à cotisation les dividendes, ça ferait rentrer 24 milliards d'euros immédiatement.
09:18Donc largement de quoi financer le retour de la retraite à 62 ans. Et en plus, on pourrait financer plein d'autres choses, l'égalité femmes-hommes,
09:24la pénibilité des départs anticipés pour pénibilité et se rapprocher des 60 ans. Donc des mesures de financement, il y en a beaucoup.
09:30J'ai beaucoup d'autres exemples. Donc nous, on n'a pas du tout de soucis à parler de ça. On souhaite justement qu'il y ait une discussion sans tabou
09:38et qu'enfin, on puisse augmenter les recettes d'évolu au financement du régime de retraite.
09:44J'ai une toute dernière question. Vous voulez prendre votre revanche sur Emmanuel Macron ?
09:48Non mais franchement, nous, on n'est pas du tout dans cet état d'esprit-là. Moi, ce que je veux dire ce soir très solennellement au président de la République
09:56et au Premier ministre, c'est qu'il y a des millions de travailleuses et de travailleurs qui attendent cette annonce depuis des années.
10:04Nous, notre sujet, ce n'est pas prendre notre revanche sur tel ou tel. On s'en fiche. Notre sujet, c'est qu'aujourd'hui, le chômage des seniors explose.
10:11Aujourd'hui, les licenciements des seniors explosent. Aujourd'hui, il y a des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses qui ne peuvent plus faire leur boulot
10:19à partir de 55 ans parce qu'il est trop pénible. Et donc, tous les travailleuses et les travailleurs attendent cette annonce du retour de la retraite à 62 ans
10:27et d'un horizon que souhaite la CGT d'avoir la retraite à 60 ans. Et moi, le message que je veux faire passer au président de la République,
10:35c'est que vraiment, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Là, il met le pays dans une impasse à cause de son entêtement.
10:42Il faut qu'il apprenne à faire des compromis. Il faut que le patronat, les macronistes et la droite apprennent à faire des compromis.
10:51Combien faut-il qu'ils perdent d'élection pour comprendre que les Françaises et les Français sont contre la réforme des retraites
10:57et demandent le retour à 62 ans et puis après à 60 ans puisque ça aussi, c'est majoritaire chez les salariés.
11:02La réponse demain dans le discours de politique générale de François Bayrou. Merci beaucoup Sophie Hidé d'être venue ce soir dans le 20h BFM.

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