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Emmanuel Macron a défendu son projet de loi immigration ce mercredi soir sur France 5. Malgré les critiques, il a affirmé qu'il s'agissait d'un "bouclier qui nous manquait" et parle d'une "défaite du Rassemblement national". 

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00:00 Retour sur le plateau de première édition, 7 minutes pour comprendre comment Emmanuel Macron va bien pouvoir finir son quinquennat.
00:06 Et avec nous pour en parler Priska Tevno, bonjour, secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse et du service national universel.
00:17 Et puis Bernard Salanès nous a rejoint, le président de l'institut de sondage Elabe.
00:21 Est-ce que ce qui s'est passé, Priska Tevno, depuis trois jours change tout ce qui va se passer dans les trois années qui viennent ?
00:27 Ce qu'il s'est passé depuis trois jours, c'est ce qu'il se passe maintenant depuis le début de la présidence d'Emmanuel Macron,
00:32 c'est-à-dire un Parlement, une majorité présidentielle, un gouvernement qui est à l'action,
00:37 à l'action pour avancer concrètement sur les défis qui sont face aux Français et sur des sujets que les Français nous demandent d'adresser.
00:44 La loi immigration, c'est une défaite du RN. Vous comprenez que depuis hier soir, ces mots-là aient fait bondir ?
00:51 Moi ce que j'interroge aussi, c'est pourquoi en permanence faire du RN l'alpha et l'oméga du débat politique ou médiatique ?
01:00 Parce que, en l'occurrence, Emmanuel Macron en a beaucoup parlé aussi.
01:03 Il a été interrogé dessus, et effectivement il est courtois et respectueux, il répond aux questions et c'est tout naturel.
01:10 Maintenant, regardons très concrètement ce texte. Est-ce que le RN est à l'origine de ce texte ?
01:15 Non, il n'est pas à l'origine de ce texte, c'est un projet de loi. Le projet de loi, ça vient du gouvernement.
01:21 Est-ce qu'il en a écrit une ligne ? Non plus. Est-ce qu'on peut me dire que le RN écrit un texte dans lequel il figure de régulariser
01:28 beaucoup plus les travailleurs sans-papiers qui participent à des métiers sous tension ? Je ne crois pas.
01:34 Est-ce que le RN a appelé à voter ce texte ? Non plus. Jordan Bardella, d'ailleurs, je ne sais pas si tu le souhaites pas trop,
01:39 le rappelait mardi matin. Donc moi je veux bien que médiatiquement le RN, ça fait vendre, mais politiquement, ça ne fait rien.
01:47 Et cette semaine, il l'a encore précisé et rappelé.
01:50 Alors on peut juste apporter deux bémols. On peut rappeler que l'inspiration sur l'immigration de LR, c'est le RN.
01:57 En mai dernier, Olivier Marnex, Éric Ciotti et Bruno Rotaillot font une grande interview au journal du dimanche
02:03 où ils parlent immigration. Et quand on la lit, on se dit "mais tiens, c'est dingue, c'est le programme de Marine Le Pen".
02:08 C'est d'ailleurs ce que dit Jean-Philippe Tanguy, il dit "c'est un copier, coller et honter de notre programme".
02:13 Ensuite, votre gouvernement a choisi de dealer avec LR, donc avec des gens qui s'étaient inspirés du programme du RN.
02:19 Et donc ce qu'on retrouve mécaniquement dans toutes les mesures qui ont été proposées, c'est la seule mesure qui...
02:28 Ce n'est pas anodin quoi.
02:29 Non, c'est la seule mesure qui rebutait Marine Le Pen, mais elle avait dit déjà fin octobre "je suis prête à voter le texte s'il n'y a pas cet article 3".
02:35 Si, si, elle l'a dit, vous regarderez, c'est sur France 3 le 29 octobre.
02:38 Elle l'avait dit, donc elle avait dit que ce texte lui allait. Et pourquoi ça lui va ?
02:42 Parce qu'il y a tout un ensemble de mesures qui valident des clichés véhiculés par le RN depuis des années.
02:47 "Les étudiants étrangers qui viendront en France seraient de faux étudiants".
02:50 Le président de la République s'est prononcé dessus.
02:51 Je dis juste, ça c'était un cliché qui est véhiculé depuis de nombreuses années.
02:54 "Les étrangers viendront en France pour toucher les allocs". Du coup on durcit les allocs.
02:57 Pour se faire soigner.
02:58 Voilà, "les étrangers viendront en France pour se faire soigner".
03:00 On s'est prononcé aussi dessus.
03:01 Je sais bien, mais vous voyez bien que les signaux envoyés par ce texte sont des signaux sur des thématiques qui étaient peut-être encore là.
03:07 Mais vous parlez de signaux, vous parlez de signaux. Je suis désolée, vous parlez de signaux.
03:10 Moi je veux vous parler des faits. Et les faits sont importants et têtu.
03:13 Vous parlez de l'aide médicale d'urgence.
03:15 Elle sera discutée en janvier.
03:16 Sauf erreur, de ma part, ce n'est pas dans le texte.
03:18 Mais elle sera discutée en janvier.
03:19 Ça a été retiré du texte et il n'est pas question de venir le supprimer, mais effectivement de venir en parler sur la loi.
03:25 Non, mais il y a l'effet sur la perception et l'effet aussi qui est important dans le signaux.
03:28 La perception, Bernard, en tout cas, c'est que pour les personnes que vous interrogez pour l'Institut des lab,
03:33 ils estiment, eux, que c'est une loi d'inspiration du Rassemblement national.
03:36 Oui, mais pourquoi ? Parce que l'immigration, la lutte contre les flux migratoires, c'est dans l'ADN du mouvement du Front National d'abord,
03:43 puis du Rassemblement national.
03:45 Ça a été un des premiers combats de ce courant politique.
03:47 Et donc quand des mesures sont prises, même si elles sont à l'initiative du gouvernement, ce qui est factuellement tout à fait le cas,
03:54 elles sont attribuées politiquement au Rassemblement national.
03:58 Et vous avez donc effectivement trois quarts des Français qui considèrent que ce texte est inspiré du Rassemblement national.
04:05 Plus grave pour l'exécutif. On peut dire que les mesures sont soutenues, ce texte satisfait l'opinion publique,
04:10 et donc la logique serait de dire que ça profite à l'exécutif.
04:13 Les Français disent non. Le grand vainqueur de la séquence, c'est d'abord le Rassemblement national,
04:17 et ensuite les Républicains, ils ne sont qu'un quart à penser que c'est l'exécutif qui sort renforcé de ce texte.
04:24 Priska Tevneau, est-ce que vous avez hésité quand même depuis mardi ?
04:28 Est-ce que quand vous avez appris qu'Aurélien Rousseau allait démissionner, vous vous êtes vous-même posé la question ?
04:33 Je vous pose la question parce qu'au moment de vous engager avec Emmanuel Macron pour les législatives,
04:38 vous aviez hésité en vous disant "mais regarde-toi dans le miroir, vous pensiez ne pas avoir vos chances".
04:43 Vous vous êtes dit ça depuis mardi à un moment ?
04:45 Pourquoi ? Parce que je suis une fille d'immigré, parce que je suis la mère d'enfants métissés.
04:52 Non, je continue à le dire et je me suis levée en tant que députée, je me lève aussi aujourd'hui en tant que secrétaire d'Etat.
04:59 J'ai fait plus de 43 déplacements pour aller rencontrer nos jeunes, non pas pour leur parler mais pour les écouter.
05:04 Et oui, je continue à combattre le Rassemblement national.
05:07 Mais combattre le Rassemblement national, je suis désolée, c'est aussi rappeler ce qu'il fait concrètement.
05:12 Et forcer de constater que si aujourd'hui je suis secrétaire d'Etat, il y a un jour j'étais encore députée.
05:17 Et je les ai vus œuvrer dans l'hémicycle.
05:19 Et sauf erreur de ma part, non seulement ils ne disent rien mais en plus ils ne font rien.
05:23 Et les seules fois où ils font des choses, ils écrivent des amendements qu'ils ne comprennent même pas.
05:27 Et nous avons passé un certain nombre de temps à les dénoncer, mais c'est vrai que malheureusement ce n'est pas suffisamment repris.
05:32 Donc à votre disposition pour en parler plus en détail.
05:35 S'il faut se gagner, alors on ne va pas dire la bienveillance mais en tout cas la neutralité du Rassemblement national pour faire passer vos textes.
05:41 Ça nous dit quoi de ce qui va se passer à présent pendant les trois ans qui viendront ?
05:44 Ça nous dit que nous sommes en majorité relative.
05:46 Je le dis aujourd'hui à la fin de l'année 2023.
05:48 Je le disais aussi en début 2022, en juillet 2022, quand j'étais encore porte-parole du groupe de la majorité présidentielle.
05:55 Et qu'on nous disait qu'on ne pourrait pas travailler pour la France et les Français au cours de ces quinquennats.
05:59 Mais il ne faudra pas chaque fois donner des gages au Rassemblement national pour être sûr qu'il ne va pas faire ça.
06:01 Mais écoutez, soyons très clairs. Est-ce que nous avons voté un seul amendement ou un seul texte porté par le Rassemblement national ?
06:05 Non.
06:06 Est-ce qu'on peut empêcher les députés du Rassemblement national ou de toute autre famille politique d'ailleurs de voter un texte qui n'est pas porté par eux ?
06:13 Non plus. Ça s'appelle la liberté parlementaire.
06:15 Est-ce que leur voix compte ? Ce sont des députés comme les autres ou est-ce qu'il faut les décompter ?
06:18 Déjà d'une...
06:19 Comme l'a fait l'exécutif.
06:21 Leur voix compte dans le processus législatif et dans le fonctionnement de nos institutions.
06:25 Est-ce qu'elle compte politiquement et idéologiquement pour moi ?
06:28 Je pense que vous avez la réponse dans votre question.
06:30 Est-ce qu'au fond, Emmanuel Macron n'est pas en train d'inventer une nouvelle forme de cohabitation, une cohabitation interne à sa majorité ?
06:37 En tout cas, ce qui est sûr c'est que les trois ans qui viennent vont être plus compliqués qu'avant parce que, vous l'avez dit, vous êtes en majorité relative,
06:45 parce que votre propre camp est aujourd'hui fissuré sur cette question.
06:48 On verra si c'est une fracture ou si cette fissure peut se résoudre.
06:52 Je ne dis pas que c'est fichu pour vous.
06:54 Mais je dis que globalement, il y a quand même une vraie fissure avec 60 parlementaires de la majorité qui ont dit qu'on ne se reconnaît pas dans ce texte.
07:00 Donc soit on s'abtient, soit on se rend compte.
07:01 Et puis parce que même le parti avec lequel vous pouviez faire le plus d'alliances, c'était les LR,
07:05 là ils se sentent pousser des ailes.
07:07 Ils ont réussi à vous tordre le bras sur la plupart des mesures.
07:10 Et donc ils vont faire monter les enchères sur les prochains textes que vous allez leur présenter.
07:14 Et c'est vrai qu'il y a eu 50 textes qui ont été votés un coup à gauche, un coup à droite.
07:17 Là, ce n'est pas certain que la gauche continue de jouer ce jeu-là.
07:20 Et pas certain que les LR le fassent sans faire de surrangement.
07:24 Juste sur ce point, même s'il y a effectivement une crise politique et on macronie,
07:27 dans l'opinion, le président de la République peut être sûr du soutien de son électorat.
07:32 On n'est pas dans la situation des frondeurs de François Hollande, qui réussissait à fracturer la gauche.
07:36 Là, l'électorat d'Emmanuel Macron soutient les mesures qui ont été prises et adoptées à l'Assemblée et au Sénat.
07:41 D'un mot, Priska Tevenau, hier soir, il y avait un dîner de Noël.
07:44 À Matignon, vous y étiez ?
07:46 Il y avait effectivement un dîner autour de la Première ministre.
07:49 C'était aussi l'occasion de rappeler et de faire le bilan de cette année passée.
07:53 Elle vous a dit quoi ?
07:54 J'ai dîné à côté d'elle, pour le coup, pour rien vous cacher.
07:57 J'ai toujours été en transparence, donc je le dis.
07:59 C'était aussi le moment de faire le bilan.
08:01 Je suis désolée, regardez, on est à la fin de l'année 2023.
08:03 Nous sommes à la veille des fêtes de fin d'année.
08:05 C'est aussi le moment de regarder ce qui a été fait au cours de cette année par l'entièreté du gouvernement,
08:09 derrière la Première ministre, avec le président de la République,
08:12 et vraiment avec l'ensemble des parlementaires de la majorité présidentielle,
08:18 dont je veux saluer ici l'engagement et le travail.
08:20 Ce sont des anciens collègues, ce sont également des amis.
08:22 Grâce à eux, aujourd'hui, la France est plus forte sur le sujet énergétique, l'environnemental,
08:26 l'industrie, mais également la protection du pouvoir d'achat des Français.
08:30 Et ça, je pense que c'est aussi important de le rappeler aujourd'hui.
08:32 Gérard Depardieu, il vous fait honte, comme Arima Abdel-Malak, ou il vous rend fier ?
08:37 Je n'ai pas à dire s'il me fait honte ou il me rend fier.
08:39 D'ailleurs, le président de la République, hier, l'a rappelé, nous devons respecter la présomption d'innocence.
08:44 Maintenant, je vais être très honnête avec vous.
08:46 Je l'ai regardé, ce reportage. Il est assez difficile à regarder.
08:49 Et si les faits sont avérés, s'il ne s'agit pas effectivement de montage ou autre, je suis très claire,
08:53 non, je ne suis pas du tout en ligne avec ce qui a été dit dans ce reportage.
08:57 Et vous pensez que c'est plutôt une chasse à l'homme ou une chasse à la femme ?
09:00 Il n'y a pas à dire une chasse à l'homme ou de chasse à la femme.
09:02 C'est l'expression qui a été employée hier.
09:04 Vous savez, dans le combat pour la lutte contre les violences faites aux femmes,
09:08 je pense qu'il est important d'être dans le respect du fonctionnement de nos institutions,
09:11 d'un côté comme de l'autre.
09:13 C'est ce que nous nous efforçons de faire depuis maintenant plus de six ans.
09:16 Et je pense qu'il est de notre devoir de continuer à le faire.
09:18 J'entends bien que nous devons avoir une parole très rapide, instantanée,
09:22 parce que les médias le demandent.
09:24 Mais la justice demande qu'on puisse prendre du temps et qu'elle se saisisse des sujets.

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