Intervention : L.Pineau

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Interprétation des analyses microbiologiques des eaux de dialyse et notamment des liquides de substitution.
Transcription
00:00 [Musique]
00:12 On va s'intéresser à l'interprétation de ces résultats et surtout au problème de non-conformité
00:16 et les non-conformités associées à l'analyse microbiologique des liquides de substitution.
00:20 Vous avez été nombreux à nous interroger sur ces difficultés d'interprétation
00:24 et le problème des faux positifs et on va essayer de savoir un peu,
00:27 on va essayer de comprendre, essayer de gérer cette situation.
00:31 Alors comment introduire le sujet ? J'ai voulu, au travers de quelques chiffres,
00:35 vous rappeler l'importance de la dialyse, mais vous connaissez certainement mieux que moi tous ces chiffres.
00:39 En 2021, presque 57 000 patients qui ont été dialysés,
00:43 l'âge médian de 72 ans, tout ça c'est des chiffres que vous connaissez
00:47 avec évidemment la dialyse non autonome qui regroupe 77% des patients.
00:51 Je voulais simplement vous rappeler ces chiffres parce que ça montre combien la dialyse est importante,
00:56 mais malheureusement, comme vous le savez, ça ne se passe pas sans problème
00:59 et évidemment on a quelques cas, quelques problèmes d'infection
01:03 et les cas d'infection en dialyse restent un des problèmes majeurs autour de cette technique
01:09 et on a des chiffres qui nous disent qu'environ 15% des décès seraient liés à des infections en dialyse
01:17 pour les personnes bien évidemment dialysées.
01:20 Alors si on s'intéresse un tout petit peu plus près à ces infections en dialyse,
01:26 on va s'apercevoir qu'il y a vraiment deux groupes d'infections.
01:29 Il y a évidemment les infections qui sont liées à l'accès vasculaire
01:33 avec ce problème d'accès justement aux veines du patient.
01:38 Alors là, les chiffres varient d'une étude à l'autre,
01:41 mais si vous prenez l'étude de Stevenson ou celle de Aja,
01:44 on a à peu près 4,62 pour 1000 séances d'hémodialyse
01:48 ce qui correspond environ à 3,2 à 5,7 pour 100 mois de suivi de dialyse.
01:55 Alors ce n'est pas cette partie-là qui va nous intéresser,
01:58 on va s'intéresser plutôt à l'autre partie du risque infectieux,
02:02 c'est-à-dire le risque infectieux lié au générateur et aux fluides de dialyse.
02:06 Et on va voir qu'on a un certain nombre d'informations,
02:09 même si on n'a pas des taux d'infection ou des taux de contamination précis dans la littérature,
02:13 on a quand même des informations qui vont nous permettre d'apprendre
02:16 à gérer justement ce risque lié à la production de ces fluides.
02:20 Alors je voudrais revenir déjà dans un élément qui est assez important,
02:24 on va s'attacher un peu à savoir, à identifier,
02:27 quels sont les micro-organismes qu'on va retrouver dans le cas de ces infections.
02:31 Et vous allez voir que c'est une information assez importante.
02:34 Tout d'abord, dans le cas des infections de la voie d'abord vasculaire,
02:38 il y a un certain nombre d'études qui ont été publiées,
02:41 dont celle-ci que je vous présente ici de Baudreuil,
02:44 qui montrent très clairement que dans les cas d'infections associées à la voie vasculaire,
02:50 les micro-organismes que l'on va retrouver sont principalement des micro-organismes,
02:54 ce qu'on appelle agrames positifs, et souvent ce sont des STAF,
02:58 c'est-à-dire plutôt une contamination par la flore cutanée du patient,
03:04 ce qui est assez logique malgré tout.
03:06 On retrouve bien évidemment quelques bacilles agrames négatifs,
03:09 alors bacilles agrames négatives, souvent des bactéries qu'on retrouve dans l'eau,
03:12 ou alors des entérobactéries, mais vous voyez que dans ce cas,
03:15 la proportion de micro-organismes qui vient de bacilles agrames négatives
03:19 est beaucoup moins importante, puisque ici on ne retrouve que 24 à 26 %
03:25 de ce type de micro-organismes dans ces infections de la voie de l'abord vasculaire.
03:31 Alors ça c'est pour l'abord vasculaire,
03:33 si l'on regarde maintenant les infections associées au générateur ou aux fluides,
03:38 qui sont générés par ces générateurs,
03:41 on va voir que la situation est complètement différente.
03:44 Dans cette étude qui a été publiée en 2021,
03:48 qui est une étude de la bibliographie,
03:50 l'auteur a essayé de recenser toutes les publications
03:53 qui avaient un lien avec des infections liées à du matériel utilisant de l'eau dans les hôpitaux.
04:01 Naturellement, il a recensé un certain nombre d'appareils
04:04 qui pouvaient entraîner des infections.
04:06 Il a parlé évidemment des unités dentaires,
04:10 il a parlé des échangeurs thermiques pour les CEC,
04:13 un certain nombre d'appareils.
04:15 Et puis dans la liste, il y a bien évidemment les unités de production d'eau de dialyse
04:20 et les unités de production d'eau osmosée.
04:23 Et il a recensé 24 publications qui faisaient état de contamination
04:28 liées à ces unités de production d'eau.
04:31 Et ce qui est intéressant, c'est qu'ils ont essayé de savoir
04:34 quels étaient les micro-organismes que l'on retrouvait dans ces cas de contamination
04:39 et ils ont calculé le taux de prévalence des différents micro-organismes
04:43 dans le cadre de ces contaminations.
04:45 Les publications étaient entre 1980 et 2019, j'ai oublié de le mentionner,
04:50 mais surtout ce qui est intéressant, ce sont les résultats qu'ils ont obtenus.
04:53 Et comme vous le voyez ici, la plupart des micro-organismes
04:56 que l'on va retrouver dans ces cas de contamination liés au générateur
05:00 sont soit des micro-organismes d'origine hydrique,
05:02 vous l'avez ici avec Pseudomonas aeruginosa ou Burkholderia sepacia,
05:07 et puis on va retrouver d'autres bacilles grammes négatives
05:10 comme quelques entérobactéries.
05:12 Donc ça nous donne déjà une piste assez intéressante,
05:14 c'est que contrairement au cas de contamination par des voies d'abord vasculaires,
05:19 dans le cas des liquides de dialyse et des générateurs,
05:21 ce sont surtout des bacilles grammes négatives que l'on va retrouver.
05:25 Alors ces résultats ont été confirmés par d'autres études,
05:28 il y en a notamment une qui a été publiée ici en 2020,
05:31 qui montre aussi très clairement que dans le cas des contaminations
05:35 des circuits des générateurs, pas des générateurs,
05:38 mais des unités de production d'eau osmosée,
05:40 lorsqu'il y a création de biofilms, on vient d'en parler il y a quelques minutes,
05:45 quand on a création de biofilms, là encore,
05:48 la plupart des bactéries que l'on va retrouver
05:51 sont des bacilles grammes négatives, sont des bactéries d'origine hydrique.
05:55 Donc encore une confirmation ici qu'on a bien un problème associé
05:59 dans le cas des unités de production d'eau à ces bacilles grammes négatives.
06:04 Et puis je voudrais quand même vous citer une autre étude
06:07 qui a été publiée en 2022 par Kanamori,
06:11 encore une fois une revue de la bibliographie entre 2011 et 2021,
06:16 sur 11 articles qui font état d'infection d'origine hydrique,
06:20 impliquant à peu près 154 patients,
06:23 et bien là encore, dans près de 91% des cas,
06:28 c'est-à-dire la grande majorité des cas,
06:30 les bactéries qu'on va retrouver sont des bacilles grammes négatives,
06:34 soit des bactéries d'origine hydrique, soit des entérobactéries.
06:37 Alors pourquoi ces trois exemples ?
06:39 C'était justement pour bien vous indiquer que lorsque l'on va parler de contrôle d'eau
06:44 et quand on va parler de vérification de la qualité microbiologique de l'eau
06:47 au niveau des générateurs, ce qui nous intéresse avant tout,
06:51 bien évidemment, ce sont ces bactéries à grammes négatifs,
06:54 qu'elles soient d'origine hydrique ou que ce soit des entérobactéries.
06:57 Et ça, c'est une information qui va être particulièrement importante
07:01 dans la gestion du risque que l'on va mettre,
07:04 dans la politique de gestion du risque que l'on va mettre en place.
07:08 Alors justement, en parlant de gestion du risque,
07:10 vous savez qu'il y a un certain nombre de circulaires,
07:12 on vient de le voir, de circulaires de recommandations,
07:14 de normes qui ont été publiées,
07:16 qui nous permettent de gérer la qualité de ces fluides.
07:20 D'abord, ces circulaires, ces guides, ces normes,
07:23 nous donnent à la fois des seuils,
07:25 mais nous préconisent aussi un certain nombre de recommandations
07:28 et de fréquences en ce qui concerne le contrôle.
07:31 Alors je ne vais pas les redétailler ici,
07:33 mais je voudrais juste m'arrêter quelques instants
07:35 sur la problématique du liquide de substitution,
07:38 puisqu'ici, pour le liquide de substitution,
07:41 on a deux textes qui ont deux orientations différentes.
07:44 Notre circulaire de 2007, qui nous dit qu'il faut faire des contrôles
07:47 avec une exigence assez importante,
07:50 puisqu'il faut retrouver moins d'une bactérie pour 500 ml,
07:53 et puis, à l'inverse, la norme 23-500,
07:56 qui nous dit que ce n'est pas la peine de faire des contrôles.
07:59 Alors justement, quand on regarde la norme 23-500,
08:02 qu'est-ce qu'elle nous dit précisément ?
08:04 Dans la partie 1, cette norme nous dit très clairement
08:06 qu'il est impossible de surveiller la conformité
08:09 aux exigences de qualité microbienne des solutions de substitution.
08:13 Elle dit en effet qu'il n'est pas nécessaire
08:15 de prélever des achations de liquide de dialyse ultra pur
08:18 ou de liquide de substitution
08:20 car les circuits de production sont équipés de filtres de rétention
08:23 de bactéries et d'endotoxines validés par le fabricant.
08:26 Cette position est assez forte,
08:28 elle a entraîné beaucoup de questions,
08:30 et c'est en lisant la partie 5 qu'on a quelques éléments
08:33 qui nous permettent d'expliquer pourquoi ils ont pris cette position.
08:37 En fait, dans la partie 5, on parle un peu plus de méthodes
08:40 qui sont utilisées pour traiter ces échantillons d'eau,
08:43 et la partie 5 nous explique très clairement qu'il y a un problème,
08:46 c'est-à-dire qu'avec les techniques de laboratoire que l'on a,
08:49 plus on va augmenter le volume d'eau à analyser,
08:53 plus on va augmenter le risque de faux positifs,
08:56 et donc ça devient impossible de démontrer la stérilité d'un échantillon,
09:00 c'est ce qui nous est demandé ici,
09:02 avec les techniques de laboratoire usuels.
09:04 Alors juste pour imager cela,
09:09 j'ai voulu vous présenter très rapidement
09:11 les trois méthodes qu'on utilise dans le laboratoire de microbiologie
09:14 pour dénombrer des bactéries dans un échantillon d'eau.
09:16 La première, c'est la méthode qu'on dit par ensemencement de surface.
09:20 On prend une gélose, on met un petit alicote de l'échantillon sur la gélose,
09:26 on va étaler, on va incuber,
09:28 puis on va compter les colonies qui sont en surface.
09:31 Cette méthode est valable pour des échantillons de l'ordre de 100 microlitres,
09:35 donc absolument pas utilisable pour nos techniques.
09:38 On a une autre technique qu'on appelle l'ensemencement en profondeur,
09:41 sensiblement la même chose,
09:42 mais là on va avoir des échantillons de l'ordre du millilitre
09:45 que l'on va mélanger avec de la gélose en surfusion,
09:47 on va encore une fois incuber,
09:49 puis on va compter les bactéries qui sont à la fois en surface et en profondeur.
09:52 Mais comme je vous l'ai dit, 1 millilitre,
09:54 donc peu applicable pour notre problématique de liquide de substitution.
09:58 Pour les gros volumes, comme les liquides de substitution,
10:00 on va utiliser la troisième technique
10:02 qui consiste à filtrer l'échantillon au travers d'une membrane,
10:05 de 0,22 micromètres ou 0,45 micromètres,
10:09 et les bactéries vont rester à la surface du filtre,
10:13 puis ensuite on va déposer ce filtre sur une gélose,
10:16 incuber, et on comptera les bactéries qui sont présentes à la surface du filtre.
10:20 Vous l'avez compris, plus le volume est important,
10:23 plus le temps de filtration est important,
10:25 donc plus l'exposition de cet échantillon à un risque environnemental est élevée,
10:30 et donc on va augmenter, encore une fois, le risque de faux positifs.
10:33 C'est un peu ce que nous explique la norme 23-500,
10:36 elle nous dit que si vous augmentez le seuil de détection de vos méthodes
10:39 en augmentant le volume,
10:40 vous allez augmenter le risque de faux positifs.
10:43 Alors, qu'en est-il vraiment de ces résultats d'analyse de liquide de substitution ?
10:48 Où en est-on ? Quels sont les résultats qu'on peut vous présenter ?
10:52 J'ai essayé d'extraire de nos bases de données
10:54 un peu tous les résultats de liquide de substitution
10:59 qu'on a pu faire depuis quelques années.
11:01 J'ai pris les années 2021, 2022 et 2023,
11:04 et j'ai essayé, vous avez les colonnes qui représentent le nombre d'échantillons,
11:08 et puis la courbe rouge qui vous représente le taux de conformité moyen
11:12 des échantillons de liquide de substitution.
11:15 Vous voyez qu'on varie entre 85 et 92% de taux de conformité,
11:20 avec une stabilisation sur les derniers mois aux alentours de 92%.
11:26 Alors 92%, c'est à la fois un bon résultat,
11:29 mais ça laisse quand même un certain nombre d'échantillons non conformes.
11:33 Mais est-ce qu'on est vraiment dans le cas de non conformité ?
11:35 Si on regarde un peu plus en détail,
11:37 et si on essaie d'exploiter un peu plus ces résultats,
11:41 on voit que la moyenne est à 90%,
11:44 et que la moitié des échantillons varie entre 87,5 et 92%.
11:51 Ça veut dire à peu près 10% de liquide de substitution non conforme.
11:56 Mais 10% de liquide de substitution non conforme,
11:59 est-ce que ce sont vraiment des non conformités
12:01 liées à une défaillance du système de production d'eau,
12:04 ou ce sont des non conformités,
12:06 comme le laisse supposer la norme 23-500,
12:08 à des contaminations environnementales ?
12:11 C'est ce qu'on a voulu essayer d'analyser dans cette étude,
12:14 en allant un peu plus loin,
12:15 en essayant vraiment de déterminer
12:17 quelle était l'origine des micro-organismes
12:20 que l'on pouvait avoir dans tous ces échantillons.
12:22 On s'est donc attaché à faire une analyse rétrospective
12:26 de tous ces résultats, pour aller dans le détail
12:29 et identifier à la fois le nombre de bactéries
12:32 qu'on pouvait retrouver dans les différents échantillons,
12:34 mais aussi la nature de ces micro-organismes.
12:36 Je vous résume à peu près le contexte.
12:39 On a une étude qui s'est focalisée sur les années 2021 et 2022,
12:45 à peu près 12 000 échantillons.
12:47 Dans tous ces échantillons,
12:49 une partie était associée à une identification
12:52 des micro-organismes qu'on pouvait retrouver,
12:54 puisque certains d'entre vous ne souhaitent pas
12:56 identifier les micro-organismes qui sont isolés.
12:59 On a donc essayé d'analyser, résultat après résultat,
13:02 ce que l'on pouvait trouver,
13:04 pour déterminer l'origine de la contamination
13:06 mise en évidence, et vérifier si ça variait
13:09 en fonction du niveau de contamination qu'on pouvait avoir.
13:13 Le premier résultat est purement quantitatif.
13:17 Qu'obtient-on sur ces 11 796 échantillons ?
13:21 La moyenne est de 87% de résultats conformes,
13:24 donc 13% de résultats non conformes.
13:26 Si l'on s'intéresse plus précisément à ces résultats non conformes,
13:30 on s'aperçoit que sur ces 1500 échantillons non conformes,
13:34 la grande majorité contiennent un nombre très limité
13:37 de micro-organismes, entre 1 et 3 colonies.
13:41 On en a quelques-uns, après environ 11%,
13:43 qui ont entre 4 et 9 colonies,
13:45 et puis un nombre très limité, 1%,
13:47 qui ont plus de 10 colonies.
13:49 Donc déjà, on voit une contamination assez faible,
13:52 principalement entre 1 et 3 colonies.
13:55 Si l'on regarde maintenant d'un point de vue qualitatif,
13:58 quels sont les micro-organismes que l'on retrouve ?
14:01 Sur ces non conformités,
14:03 les échantillons pour lesquels on avait l'identification,
14:07 c'est-à-dire environ 597 échantillons,
14:10 on s'aperçoit que pour 44% des non conformités,
14:14 la flore que l'on retrouve, c'est une flore cutanée.
14:17 La flore que l'on retrouve sur les mains,
14:19 à la fois des staphes, des micro-cocus.
14:22 Rien à voir avec ce que je vous ai présenté tout à l'heure,
14:24 rappelez-vous, sur les micro-organismes
14:26 que l'on retrouve généralement
14:28 dans le cas de contamination du rhézole.
14:31 Dans 43%, c'est de la flore environnementale,
14:34 c'est ce qu'on va retrouver dans l'air.
14:36 Ce sont des bacillus, ce sont des moisissures.
14:39 Là encore, rien à voir avec la production.
14:42 Et puis, par contre, dans 9% des cas,
14:45 ça va être...
14:46 C'est dommage, c'est superposé,
14:48 mais dans 9% des cas,
14:49 ça va être de la contamination d'origine hydrique.
14:52 Et puis, dans le reste,
14:54 c'est-à-dire à peu près 4% des cas,
14:56 on va avoir des contaminations
14:58 qui sont liées à des entérobactéries.
15:00 Donc, si on résume tout ça,
15:02 on s'aperçoit que d'un point de vue purement qualitatif,
15:05 on n'a que simplement 13% des non-conformités
15:09 qui peuvent être réellement associées
15:12 à un problème de production d'eau,
15:14 c'est-à-dire 13% où l'on retrouve ces bacilles grades négatives.
15:17 Et force est de constater que ces résultats
15:19 confirment un peu ce que disait la 23500,
15:21 c'est-à-dire que si on ne regarde pas exactement
15:23 la nature des micro-organismes,
15:25 on va retrouver des non-conformités,
15:27 mais qui ne sont pas liées à la qualité de l'eau,
15:29 mais plutôt à la manipulation lors du prélément,
15:31 lors de l'analyse de l'échantillon,
15:33 ou lors de la culture.
15:35 Alors, on a essayé de savoir
15:37 si ça variait maintenant en fonction
15:39 du niveau de contamination,
15:41 c'est-à-dire est-ce que cette distribution
15:43 était la même pour des échantillons
15:45 qui avaient peu de bactéries,
15:47 ou alors avec des échantillons qui en avaient plus,
15:49 dont certains avaient plus de 10 colonies.
15:51 Alors en fait, non.
15:53 La répartition est la même, vous le voyez ici,
15:55 qu'on ait des échantillons de 1 à 3 colonies,
15:57 ou de 4 à 9,
15:59 la distribution est la même,
16:01 on a toujours une part très importante
16:03 de flore cutanée
16:05 et/ou environnementale.
16:07 Et ce n'est que pour les échantillons
16:09 qui présentent plus de 10 colonies
16:11 qu'on va avoir une augmentation du nombre de bactéries
16:13 d'origine hydrique. Mais c'est un peu logique,
16:15 c'est-à-dire quand on a un vrai problème,
16:17 un vrai problème de production d'eau
16:19 avec une contamination par
16:21 les bactéries d'origine hydrique,
16:23 généralement on en retrouve beaucoup plus
16:25 que simplement 1 à 3 colonies.
16:27 Alors tout ça confirme en effet
16:29 qu'on a un certain nombre de micro-organismes
16:31 qui sont plutôt des faux positifs
16:33 qu'une réelle information
16:35 d'un problème de production d'eau.
16:37 Alors j'ai voulu résumer ça
16:39 en utilisant une autre représentation.
16:41 Vous avez ce gros rectangle,
16:43 on va dire, qui représente tous les cas
16:45 de contamination qu'on peut observer
16:47 au niveau du liquide de substitution.
16:49 En bleu, ce sont les cas de contamination
16:51 où on a eu de 1 à 3 colonies,
16:53 en rouge de 4 à 9
16:55 et en vert supérieur à 10.
16:57 Vous voyez déjà que la majeure partie,
16:59 c'est de 1 à 3 colonies. Puis après,
17:01 chaque sous-rectangle
17:03 est divisé en petits groupes,
17:05 soit parce que c'est de la contamination environnementale,
17:07 soit cutanée, soit de l'eau,
17:09 soit par les bacilles grammes négatives.
17:11 Et en fait, cette représentation
17:13 vous montre bien que dans 68% des cas,
17:17 68% des non-conformités
17:19 sont liées à la présence
17:21 de micro-organismes de la flore cutanée
17:23 ou de la flore environnementale
17:25 et n'ont strictement rien à voir
17:27 avec les cas de contamination du réseau hydrique,
17:29 comme on l'a vu tout à l'heure,
17:31 qui sont plus normalement liés à des bacilles
17:33 grammes négatives.
17:35 C'est pour cette raison, justement,
17:37 qu'on pense qu'il serait judicieux
17:39 de proposer de nouvelles règles
17:41 d'interprétation de ce liquide
17:43 de substitution pour justement
17:45 tenir compte de cette problématique
17:47 de la contamination de l'échantillon,
17:49 soit au moment du prélèvement,
17:51 soit au moment de son analyse.
17:53 Alors vous avez ce tableau qui représente
17:55 évidemment les anciennes recommandations
17:57 ou les recommandations en vigueur,
17:59 avec un niveau cible et un niveau d'action
18:01 qui sont à une colonie. Dès que vous avez une colonie,
18:03 vous devez cesser d'utiliser
18:05 le générateur,
18:07 pour la technique
18:09 que tout le monde vient de décrire.
18:11 Et puis ce que l'on vous propose en face,
18:13 qui serait à mon avis plus judicieux,
18:15 c'est d'adapter un niveau cible et de tolérer
18:17 la présence de quelques
18:19 micro-organismes, à partir du moment
18:21 où on a démontré que les
18:23 micro-organismes qui sont présents
18:25 sont bien des micro-organismes d'origine
18:27 cutanée et/ou environnementale.
18:29 Et donc ça nous permettrait
18:31 d'éviter
18:33 d'avoir à bloquer des générateurs
18:35 pour des contaminations qui n'ont strictement
18:37 rien à voir, encore une fois,
18:39 avec la contamination du réseau d'eau,
18:41 puisque c'est ce que l'on recherche quand on fait un prélèvement
18:43 de liquide de substitution.
18:45 Alors le paradoxe, c'est qu'on a
18:47 un autre exemple, on a un exemple
18:49 assez proche, dans un domaine tout à fait
18:51 différent, qui est l'endoscopie.
18:53 En endoscopie, on a deux types d'endoscopes,
18:55 les endoscopes classiques, qui vont être
18:57 en contact avec les muqueuses, les gastroscopes,
18:59 les coloscopes, puis vous avez d'autres
19:01 endoscopes, qu'on appelle les endoscopes critiques,
19:03 qui vont pénétrer les cavités stériles,
19:05 qui sont les cystoscopes
19:07 ou les urétéroscopes.
19:09 Et pour ces endoscopes, le texte initial
19:11 du ministère imposait des prélèvements,
19:13 bien évidemment, au moins
19:15 annuels, et le seuil
19:17 était moins de une
19:19 bactérie par endoscope.
19:21 On ne tolérait aucune bactérie dans ces endoscopes.
19:23 Et dans une étude qu'on a publiée
19:25 cette année, sur 90 000 prélèvements
19:27 d'endoscopes, on a pu démontrer
19:29 que pour ces endoscopes critiques,
19:31 le taux de contamination était de
19:33 30%. Il était 5 fois
19:35 supérieur à des
19:37 endoscopes digestifs.
19:39 Le problème ne vient pas de la qualité
19:41 de ces endoscopes, parce que ces endoscopes
19:43 sont rarement contaminés, mais en fait,
19:45 le problème vient du fait que le seuil
19:47 est tellement bas que là encore,
19:49 on se retrouve avec des contaminations qui n'ont
19:51 rien à voir avec le dispositif médical,
19:53 mais des contaminations liées au prélèvement
19:55 ou à la naïve. Et le ministère,
19:57 on a informé le ministère ou la direction
19:59 générale de la santé de cette problématique,
20:01 et le ministère a pris compte de ces éléments
20:03 et un nouveau texte devrait sortir très prochainement
20:05 en autorisant, en modifiant
20:07 sensiblement le seuil et en disant
20:09 "écoutez, si vous trouvez des micro-organismes,
20:11 que ces micro-organismes sont bien confirmés
20:13 comme étant des micro-organismes de l'environnement
20:15 ou de la flore cutanée, vous ne serez
20:17 pas obligés de bloquer l'appareil".
20:19 C'est donc une adaptation du texte
20:21 qui va permettre de limiter
20:23 l'impact
20:25 de ces faux positifs
20:27 sur les pratiques quotidiennes,
20:29 à la fois de l'endoscopie
20:31 comme je viens de vous le montrer,
20:33 mais je pense qu'il serait aussi judicieux
20:35 de le faire pour les mots "dialyse".
20:37 En conclusion, ce que je voudrais dire
20:41 bien évidemment, c'est qu'il faut bien
20:43 se rappeler que l'objectif
20:45 des prélèvements de Rouletine réalisés
20:47 sur les fluides de dialyse, c'est bien de mettre
20:49 en évidence une éventuelle défaillance
20:51 du système de production
20:53 d'eau et/ou une contamination du générateur.
20:55 Comme vous l'avez vu,
20:57 ces contaminations ou ces défaillances
20:59 sont toujours associées
21:01 à la présence de bacilles grammes négatifs.
21:03 La mise en place
21:05 de ces nouveaux critères
21:07 qui se focalisent plus sur ces bacilles
21:09 grammes négatifs et qui
21:11 tiennent moins compte
21:13 de flores qui seraient des contaminations
21:15 maniportées et/ou
21:17 environnementales,
21:19 permettent
21:21 de limiter l'impact de ces faux positifs
21:23 et on pourrait éliminer
21:25 68%
21:27 des faux positifs.
21:29 Avec ce type de recommandations,
21:31 ces nouveaux seuils
21:33 sont à la fois plus adaptés
21:35 à la réalité du risque infectieux lié au liquide
21:37 de substitution, bien évidemment,
21:39 en limitant la mise en place d'actions correctives
21:41 aux seuls cas qui peuvent
21:43 représenter un vrai risque
21:45 pour le patient.
21:47 Je vous remercie beaucoup
21:49 pour votre attention.
21:51 (Applaudissements)

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