Montpellier va devenir la plus grande métropole d'Europe à proposer des transports en commun totalement gratuits à partir de ce jeudi à 19h. Mais quelle part des transports en commun est réellement payé par les usagers en France? La réponse avec l'éditorialiste BFM Business, Pierre Kupferman
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00:00 Alors Pierre, à partir de ce jeudi, à Montpellier, le tram, le bus ne sont donc plus payants.
00:05 La gratuité des transports en commun, ça existe déjà dans d'autres villes, à Aubagne, à Dunkerque.
00:09 Et donc on se dit évidemment, forcément, si c'est possible pour eux, pourquoi pas pour nous ?
00:13 Oui, la gratuité des transports en commun, c'est avant tout un choix politique avec, il faut le souligner, des implications financières importantes.
00:21 Je rappelle que les usagers, dans leur ensemble, ne payent qu'une partie négligeable des dépenses engagées par les agglomérations qui gèrent l'offre de transport public.
00:31 Si vous additionnez l'argent investi pour remplacer le vieux matériel, pour créer de nouvelles lignes, et ce que coûte l'exploitation du réseau, le salaire du personnel, l'entretien,
00:41 la part moyenne payée par l'usager, c'est 17%. En fait, les plus gros contributeurs, ce sont les employeurs, ils payent la moitié du coût total.
00:50 Et puis, il y a un tiers qui est assumé par les collectivités locales. C'est-à-dire concrètement que les contribuables des villes desservies par ces transports,
00:58 qu'ils utilisent ou non ces transports, mettent en moyenne deux fois plus la main à la poche que les usagers.
01:05 Alors mais ça, c'est la moyenne nationale, l'offre de transport en commun, c'est pas la même d'une ville à l'autre, et donc le coût non plus n'est pas le même.
01:12 Effectivement. Plus l'offre est importante, en fait, plus la part du coût payée par l'usager augmente. Quand il n'y a pas de métro, qu'il n'y a pas de tram, la moyenne, c'est 11%.
01:22 Quand il y a une ou plusieurs lignes de métro ou de tram, ça passe à 20%. Et en Ile-de-France, où l'offre est la plus importante de France, on s'approche des 40%.
01:33 Forcément, c'est plus facile de se passer de 11% de recettes de billetterie que de 20%. Et à l'inverse, quand les transports deviennent totalement gratuits,
01:43 ça devient plus compliqué financièrement de faire de nouveaux investissements, notamment pour des réseaux qui sont déjà très conséquents.
01:52 Donc la gratuité pour tous, c'est impossible.
01:54 Ce n'est pas impossible. Le risque, c'est que ça se fasse au détriment de la qualité du service. Et puis aussi, on peut se poser la question du bien fondé de la gratuité pour tous.
02:05 Gratuit pour ceux qui ont largement les moyens de se payer des billets, alors que la gratuité peut être réservée à ceux qui ne roulent pas sur l'or.
02:12 Gratuit pour les touristes qui, par définition, ne paient pas d'impôts locaux et dont les employeurs n'assument pas la moitié du coût de ces transports.
02:21 J'en profite pour dire d'ailleurs au passage que l'augmentation du prix des tickets pendant les Jeux Olympiques, dont on a beaucoup parlé,
02:26 en épargnant les abonnés et en permettant aux Franciliens d'acheter les billets à l'avance au prix habituel, c'est une décision qui favorise les contribuables et les usagers.
02:38 Mais la gratuité pour certains usagers, c'est déjà souvent le cas, non ?
02:42 Effectivement. Alors la question ensuite, c'est où on place le curseur ? Parce que quels critères on prend en compte ?
02:47 Je vous donne un exemple, parmi plein d'autres. Dans l'agglomération nantaise, les usagers, les plus pauvres, ne paient rien.
02:56 Et ensuite, en fonction des revenus, en fonction de l'âge, les abonnés peuvent bénéficier d'une réduction qui va de -30% à -90%.
03:07 Vous voyez que ça aussi, c'est un choix éminemment politique.
03:11 Et on a compris, donc la gratuité pour tous, partout, évidemment ce n'est pas pour tout de suite et ce n'est pas forcément la bonne solution.
03:16 Merci beaucoup Pierre, c'était la chronique Éco.