Des six mois de bataille contre la réforme des retraites au massacre du Hamas en Israël le 7 octobre en passant par le marketing rose du film «Barbie», «Libération» vous propose de refaire le fil de l’année 2023 avec quatre de ses chef·fe·s de service.
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00:00 5 mois de bataille.
00:01 Ça bouge pour Odé.
00:02 Le 27 janvier.
00:03 Le 10 janvier.
00:04 On est le 6 février de Babs.
00:05 C'est la fin de l'année et pour Libération,
00:06 ça signe le moment de vous proposer notre rétro.
00:09 Donc on a réuni les chefs de nos différents services
00:11 pour vous rappeler les 10 événements qui marquent cette année 2023.
00:15 Le report de l'âge légal de départ à la retraite,
00:21 c'est une des mesures phares du programme d'Emmanuel Macron.
00:23 Le 10 janvier, la Première ministre Elisabeth Borne
00:26 présente sa réforme à la presse.
00:28 Elle propose un âge de départ à 64 ans.
00:30 C'est un an de moins que la proposition initiale du chef de l'État.
00:34 S'ensuit 5 mois de bataille à la fois au Parlement et dans la rue.
00:39 Au départ, la contestation est bonne enfant.
00:41 On assiste aux plus grandes mobilisations depuis 1968.
00:45 Mais une fois le 49-3 enclenché par le gouvernement,
00:48 la crise politique s'intensifie,
00:50 les manifestations se font plus violentes.
00:55 Les oppositions gardent une forme d'espoir,
00:58 d'abord avec le dépôt d'une motion de censure contre la Première ministre.
01:02 Celle-ci échoue seulement à 9 voix.
01:04 Puis avec un recours devant le Conseil constitutionnel,
01:07 lequel valide la loi.
01:08 On est le 6 février 2023 et un séisme d'amplitude 7,8 sur l'échelle de Richter
01:16 frappe le sud de la Turquie et le nord de la Syrie.
01:19 Ce séisme est suivi immédiatement par une série de répliques tout aussi importantes.
01:23 La catastrophe est terrible.
01:25 Le tremblement de terre a fait au moins 50 000 morts
01:28 et plus de 2 millions de sans-abris.
01:30 Des villes entières ont été rasées de la carte,
01:32 complètement détruites, dont la ville historique d'Antioche.
01:35 Le 8 septembre, c'est le royaume du Maroc
01:37 qui est touché par le séisme le plus puissant de son histoire.
01:40 Plus de 3 000 personnes trouvent la mort dans ce tremblement de terre.
01:43 Quelques jours plus tard, dans la ville de Derna, dans l'est de la Libye,
01:47 la tempête d'Agnel fait plus de 11 000 morts.
01:49 La rupture de deux barrages en amont de la cité a totalement inondé la région.
01:53 Et puis le 7 octobre, le jour des attaques du Hamas contre Israël,
01:58 c'est l'Afghanistan qui est touché par un tremblement de terre.
02:00 Là aussi, le plus puissant de son histoire.
02:03 Plus de 2 400 personnes trouvent la mort.
02:05 Ce 20 mars, notre portable a vibré en milieu de matinée.
02:12 Un message s'est affiché, il disait "ça bouge pour Odé".
02:16 On a vite compris.
02:17 Odé, c'est Olivier Dubois, correspondant de Libération au Mali,
02:20 mais aussi de Jeune Afrique et Dupoint.
02:21 Et ce message signifiait qu'après 711 jours,
02:24 presque deux ans de détention au Sahel, dans le désert,
02:28 Olivier Dubois avait été libéré.
02:30 Inutile de vous dire que la rédaction a explosé en applaudissements
02:33 à l'annonce de cette nouvelle.
02:34 Le 8 avril 2021, Olivier Dubois s'était rendu à Gao,
02:41 une ville dans le nord du Mali,
02:43 pour y mener une interview d'un cadre djihadiste.
02:45 L'interview a tourné au piège.
02:47 Une longue enquête conjointe menée par Libération,
02:49 Le Monde, RFI et TV5 Monde,
02:52 et publiée après la libération d'Olivier,
02:55 a révélé que les militaires français de l'opération Barkhane,
02:57 alors encore présents au Mali,
02:59 suivaient Olivier Dubois jusqu'au moment précis de son rappel.
03:02 Après sa libération, Olivier Dubois a donc retrouvé ses codecs,
03:05 ses proches, sa famille, ses amis.
03:08 Mais il a aussi appris que l'intermédiaire avec lequel il travaillait
03:11 jouait un double, voire un triple jeu,
03:13 puisqu'il était payé à la fois par les djihadistes
03:16 et par les militaires français de Barkhane.
03:18 Le 2 mai, le syndicat des scénaristes de cinéma et télévision à Hollywood
03:25 lance une grève historique.
03:27 Après 148 jours, elle devient le deuxième plus gros blocus de son histoire.
03:30 De leur côté, les 160 000 acteurs américains syndiqués à la SAG-AFTRA
03:34 tiennent leur grève pendant 118 jours d'affilée.
03:37 Ils luttent pour leurs acquis sociaux,
03:38 ils exigent des revalorisations de salaires
03:41 et des garanties contre le développement de l'intelligence artificielle.
03:43 La conséquence, c'est la mise à l'arrêt des tournages,
03:46 les tapis rouges déserts, la paralysie totale de la production
03:50 de la vaste majorité des films et séries,
03:52 causant des pertes estimées à 6,5 milliards de dollars.
03:55 L'industrie est mise en phase des bouleversements
03:57 causés par le boom des plateformes de streaming
03:59 et la demande galopante de contenu numérique.
04:01 Le bras de fer avec les patrons des studios et des plateformes de streaming
04:04 s'est soldé par des accords qui feront date.
04:06 Le 27 mai, Justine Frier remporte la Palme d'Or
04:12 pour son film "Anatomie d'une chute"
04:14 et son discours fait l'effet d'une bombe politique.
04:17 Elle dénonce la surdité du gouvernement
04:19 vis-à-vis de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites.
04:21 Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante.
04:28 Et elle défend le modèle de financement public de l'exception culturelle
04:31 qu'elle estime mise en péril par le pouvoir en place.
04:34 Ça fait complètement désordre dans les usages habituels des discours,
04:37 pleins de politesse et de congratulations.
04:39 La ministre de la Culture, Imam Abdul-Malak, se dit estomaquée.
04:42 La première ministre, Elisabeth Borne, reconnaît qu'un blocage
04:45 la dissuade d'aller voir le film.
04:47 À l'arrivée, "Anatomie d'une chute", c'est 1,3 million d'entrées en France,
04:51 350 000 de plus à l'international.
04:53 Et on s'attend à ce que le film squatte la cérémonie des Césars 2024.
04:57 À 8h15, le 27 juin, un refus d'obtempérer est annoncé à Nanterre,
05:03 sur les ondes de la police.
05:05 Deux agents lancent une brève course-poursuite.
05:07 Trois minutes plus tard, Florian M ouvre le feu sur le conducteur de la voiture,
05:10 Naël Merzouk, un français d'origine maghrébine de 17 ans.
05:13 L'adolescent est tué d'une balle dans la poitrine.
05:15 Des sources policières évoquent immédiatement une situation de légitime défense.
05:19 Cette version volant éclate deux heures plus tard,
05:20 avec la publication d'une vidéo sur les réseaux sociaux.
05:23 Sur ces images, on voit que Florian M, mise en examen pour meurtre,
05:26 n'était pas menacé.
05:27 Le soir même, à Nanterre, des habitants descendent dans les rues
05:30 pour crier leur colère.
05:31 Les nuits suivantes, dans des centaines de villes de France,
05:33 des feux sont allumés dans les rues,
05:34 des commissariats sont attaqués et des commerces sont pillés.
05:37 Ces révoltes sont réprimées par la police,
05:39 avec une utilisation massive d'armes mutilantes,
05:41 de LBD et de grenades de désencerclement.
05:44 Face à la colère, la seule réponse politique à porter est répressive.
05:47 Le gouvernement vise comme responsable
05:48 les parents des jeunes mobilisés pendant les émeutes.
05:51 La violence policière, point de départ de cette révolte,
05:53 est une nouvelle fois ignorée.
05:54 Le raz-de-marée auquel personne ne pouvait échapper le 19 juillet,
06:01 c'est le blockbuster Barbie.
06:03 Closer and...
06:05 *cri*
06:07 5,8 millions de spectateurs en France,
06:10 plus d'un milliard de dollars au box-office mondial.
06:12 C'est le résultat d'une grosse opération marketing
06:15 de l'empire jouet Mattel,
06:16 avec laquelle redorer le blason cool et féministe de Barbie.
06:19 C'est aussi l'origine de polémiques sans fin tout l'été,
06:22 sur fond de rebonds, des ventes de jouets et des produits dérivés.
06:25 Et en fait, chacun met en jeu son brevet de féminisme
06:29 pour se poser cette question.
06:30 Est-ce qu'un film en forme de placement de produits géants
06:33 peut être à la fois le fruit d'une stratégie capitaliste cynique
06:37 et une satire pop maligne avec du cœur ?
06:40 Ce qui est sûr, c'est que Greta Gerwig,
06:42 la réalisatrice et co-scénariste, a changé de statut.
06:44 D'ancienne égérie du cinéma indé-new-yorkais,
06:47 elle devient la première réalisatrice de l'histoire
06:49 à peser un milliard de dollars au box-office.
06:51 Le 7 octobre à l'aube,
06:56 le Hamas lance une attaque sans précédent contre Israël,
07:00 juste à la frontière avec Gaza.
07:01 Dans les kibbouts, ces villages,
07:03 le Hamas attaque sans discrimination à tous les civils présents.
07:07 Hommes, femmes, enfants, personnes âgées.
07:10 Les atrocités commises sont abominables.
07:13 L'attaque dure plusieurs heures.
07:14 Plus de 1 200 personnes ont trouvé la mort,
07:16 dont au moins 800 civils.
07:18 Le Hamas kidnappe également plusieurs centaines de personnes,
07:21 des femmes, des enfants, des bébés,
07:23 des familles entières qui sont ramenées dans l'enclave de Gaza.
07:26 La population israélienne est totalement sidérée.
07:29 Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou,
07:31 promet alors une revanche sans précédent.
07:34 Depuis, l'armée israélienne pilonne sans relâche la bande de Gaza.
07:37 Dans cette enclave où la densité de la population
07:40 est l'une des plus élevées au monde,
07:42 le bilan est catastrophique.
07:44 Près de 20 000 personnes,
07:46 une majorité de femmes et d'enfants, des civils,
07:48 auraient été tuées dans ces bombardements.
07:50 Près de 2 millions de personnes ont été déplacées
07:52 vers le sud de l'enclave, pensant y trouver la sécurité.
07:56 Mais même le sud n'est pas épargné par les bombardements israéliens.
07:59 Ce bilan vient des autorités sanitaires de la bande de Gaza,
08:03 contrôlées par le Hamas.
08:05 Ces chiffres sont donc invérifiables à l'heure actuelle
08:07 de manière indépendante,
08:08 puisque les journalistes internationaux
08:09 ne peuvent pas mettre le pied à Gaza.
08:12 Mais ils sont pourtant considérés par les experts,
08:14 les ONG, l'ONU, comme relativement fiables.
08:17 Une trêve d'une dizaine de jours a permis d'acheminer de l'aide humanitaire
08:20 et de libérer une centaine d'otages,
08:23 des femmes et des enfants principalement.
08:25 Il reste aujourd'hui environ 130 otages israéliens dans la bande de Gaza.
08:30 On ne sait pas s'ils sont vivants ou morts.
08:32 Les appels se multiplient pour un cessez-le-feu durable,
08:35 pour une solution politique.
08:36 Mais entre un gouvernement extrémiste en Israël
08:40 et une organisation terroriste inflexible,
08:43 toute solution politique stable semble plus que jamais incertaine.
08:51 La NUPES, Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale,
08:55 aura tenu un an et demi.
08:57 Et c'est sur le conflit israélo-palestinien qu'elle a éclaté.
09:00 Le 7 octobre, première secousse,
09:02 un communiqué de la France Insoumise
09:03 ne condamne pas clairement l'attaque contre Israël.
09:06 La polémique est lancée et s'amplifie lorsque les Insoumis
09:10 refusent de qualifier le Hamas de mouvement terroriste.
09:13 J'ai répondu sur terroriste.
09:14 Après une semaine de crise, les communistes sont les premiers
09:17 à tourner la page de la NUPES le 15 octobre.
09:20 Dans la foulée, les socialistes annoncent un moratoire
09:22 et demandent des clarifications à leurs alliés insoumis.
09:25 Enfin, les écologistes actent la pose
09:28 et pointent comme le reste de la gauche un problème Mélenchon.
09:30 La crise, en réalité, couvait depuis des mois.
09:33 Les partenaires étaient en désaccord avec la stratégie dite
09:36 de conflictualité prônée par le leader insoumis.
09:39 Beaucoup assurent qu'en 2027,
09:41 une candidature commune reste possible.
09:43 En même temps, ont-ils le choix avec le RN en Antmuscane ?
09:47 Le 13 octobre, quasiment trois ans jour pour jour
09:52 après l'assassinat de Samuel Paty,
09:53 le terrorisme frappe à nouveau l'école.
09:55 L'assaillant s'appelle Mohamed Mogouchkov, il a 20 ans.
09:58 De nationalité russe, il est fiché pour radicalisation islamiste.
10:01 En fin de matinée, dans son ancien collège lycée d'Arras,
10:04 dans le Pas-de-Calais, il se rue sur quatre enseignants
10:07 armés de deux couteaux.
10:08 Il poignarde à mort Dominique Bernard,
10:09 un professeur de français de 57 ans.
10:11 Trois autres personnes sont blessées dans l'attentat.
10:13 Avant l'attaque, Mohamed Mogouchkov avait revendiqué
10:15 son geste dans une vidéo au nom de l'organisation Etat Islamique.
10:19 Il a depuis été mis en examen, tout comme son frère et l'un de ses cousins.
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