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Pour comprendre le travail des scientifiques de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, une scène de crime a été reconstituée à l'identique : un champ en Picardie, dans lequel une jeune fille a été découverte assassinée en 2002. A l'époque, les investigations scientifiques avaient duré trois ans et convoqué toutes les disciplines des sciences criminelles. Un véritable cas d'école que les experts de la gendarmerie ont repris pour les besoins du film. Ils ont reproduit ce que l'on ne voit jamais : les étapes techniques de l'enquête ainsi que les analyses en laboratoire qui ont permis de confondre le coupable.

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00:00:00 Ce programme vous est proposé en audio description.
00:00:03 Ils sont parmi les premiers à intervenir sur une scène de crime,
00:00:15 relevant chaque trace, chaque indice.
00:00:19 Là, une grosse trace rouge à l'écran.
00:00:22 Ces hommes en blanc peuplent nos séries policières.
00:00:29 On leur prête le pouvoir d'élucider le crime à eux seuls.
00:00:32 Mais qu'en est-il dans la réalité ?
00:00:36 Comment travaillent-ils dans le secret de leur laboratoire ?
00:00:45 Pour le comprendre, nous avons reconstitué une scène de crime
00:00:57 sur laquelle des experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie
00:01:01 ont travaillé, devant nos caméras.
00:01:04 Cette scène a réellement existé.
00:01:10 C'est celle que d'autres gendarmes ont découvert en août 2002, dans la Somme.
00:01:16 Ces hommes en blanc sont les techniciens d'identification criminelle de la gendarmerie.
00:01:21 C'est en fin de matinée qu'ils ont découvert, sous le bloc moteur de cette camionnette blanche,
00:01:25 le corps d'une jeune femme âgée entre 16 et 25 ans.
00:01:28 Dans cette affaire, qui a fait la une à l'époque,
00:01:31 les investigations scientifiques ont été déterminantes.
00:01:34 Elles ont duré trois ans et ont convoqué toutes les disciplines des sciences criminelles.
00:01:39 Un cas d'école.
00:01:42 Les experts ont repris pour nous toutes les étapes de l'enquête.
00:01:46 Ils ont exceptionnellement accepté de reproduire ce qu'on ne voit jamais.
00:01:51 Toutes leurs analyses en laboratoire.
00:01:54 Détection de traces ADN.
00:01:56 Test positif, c'est du sang humain.
00:01:59 Identification d'empreintes.
00:02:03 Analyse entomologique.
00:02:06 Études microscopiques.
00:02:12 Jusqu'où la science peut-elle aider à élucider un crime ?
00:02:20 Le jour où la science est en train de se dérouler.
00:02:23 Il est un peu moins de 7 heures ce matin,
00:02:37 quand l'employé d'une entreprise de travaux publics voisine
00:02:40 découvre une camionnette blanche stationnée sur un petit chemin le long d'une voie ferrée.
00:02:45 Il est obligé, il prévient ses collègues, qui vont découvrir des traces suspectes.
00:02:49 Une camionnette abandonnée.
00:02:53 Des traces de sang.
00:02:55 C'est ainsi que tout a commencé, le 21 août 2002.
00:02:59 Moins d'une demi-heure plus tard,
00:03:04 les premiers gendarmes arrivent sur les lieux,
00:03:06 suivis par les techniciens en investigation criminelle locaux.
00:03:11 Ils commencent à travailler sur ce qui n'est encore qu'une découverte inquiétante.
00:03:15 Les techniciens d'investigation criminelle sont intervenus
00:03:20 suite à la découverte d'un véhicule présentant des traces de sang
00:03:24 sur le capot, sur l'aile avant gauche.
00:03:27 Rien ne laissait penser qu'il y avait qui que ce soit en dessous du véhicule.
00:03:37 Vingt ans plus tard, les experts de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, l'IRCGN,
00:03:44 vont se confronter à cette même scène reconstituée par nos soins,
00:03:48 en appliquant à la lettre leur protocole habituel, millimétré.
00:04:05 On peut se mettre un premier piqué dans un premier temps.
00:04:09 Et puis ici, on va peut-être se mettre un autre piqué.
00:04:12 Premier impératif, geler la scène.
00:04:15 Veiller à ce que rien ne soit touché.
00:04:18 Les gendarmes commencent par observer la zone à distance.
00:04:24 La rue Balise Jaune va marquer la limite d'un périmètre préservé, infranchissable.
00:04:31 - Thierry ? - Il y a des traces de sang ici.
00:04:35 - D'accord. - Il faudra prendre un peu large.
00:04:38 - On va prendre un peu plus large. Il y a des traces rougeâtres ici.
00:04:42 Il n'y a pas de traces de semelles visibles, de traces optomatiques.
00:04:46 - Rien de particulier, il y a juste des traces du véhicule.
00:04:49 - Ça c'est une zone où même vous, pour l'instant, vous n'allez pas ?
00:04:56 - Pour l'instant, non. C'est interdit d'y aller tant que nous ne sommes pas équipés.
00:05:00 Pour éviter de polluer la scène et donc préserver les indices et les traces.
00:05:05 - On dit qu'une victime ne meurt qu'une fois et qu'une scène de crime peut être massacrée à de nombreuses reprises. C'est vrai ça ?
00:05:13 - Bien sûr, parce qu'en fonction du nombre d'intervenants, ça peut être des premiers secours,
00:05:18 ça peut être les témoins qui découvrent la scène et forcément au fil de toutes leurs actions,
00:05:23 ils sont susceptibles de la modifier.
00:05:28 - Je vais sécuriser la partie chemin, in fine. Vous n'avez rien vu d'autre ?
00:05:33 - Non, il y a juste une chaussure à l'arrière du véhicule.
00:05:35 - Une chaussure à l'arrière du véhicule, je l'ai aperçue.
00:05:38 A l'écart du périmètre gelé, pour ne pas risquer de déposer leurs propres traces sur la scène de crime,
00:05:46 la polluer, comme ils disent, les experts enfilent leur équipement de protection.
00:05:53 Combinaisons, charlottes, masques et même une double paire de gants.
00:06:00 - Généralement on en met deux, on va déjà prendre une première paire de gants pour s'équiper, surtout pas à main nue,
00:06:07 et ensuite on va travailler avec une deuxième paire de gants qui, au fur et à mesure des interventions,
00:06:13 des prélèvements que l'on va réaliser, on va les enlever, cette deuxième paire de gants,
00:06:17 et on va en remettre à chaque fois pour continuer nos prélèvements.
00:06:21 Ca permet d'éviter de polluer d'un objet sur un autre, etc.
00:06:26 - Allez, on va me donner l'opération à 10 heures.
00:06:45 Derrière la rue Balise, la progression se fait mètre après mètre, à la recherche de la moindre trace.
00:06:53 - Il y a quelque chose ? - Non, rien pour l'instant.
00:07:02 - On va pas accéder dans un premier temps au véhicule, on va essayer de définir un cheminement pour pouvoir y accéder,
00:07:08 donc on essaie de repérer tout ce qui est traces et indices à l'extérieur,
00:07:13 ça peut être des traces de semelles, ça peut être des traces de pneumatiques, ça peut être des mégots,
00:07:17 pour expliquer éventuellement et essayer de tenter de reconstituer la scène telle qu'elle a pu se produire.
00:07:24 Les premiers gestes de la science aux prises avec le crime.
00:07:35 Compter, répertorier, mesurer, fixer par l'image.
00:07:40 - On va faire un premier test.
00:07:43 - On va faire un premier test.
00:07:46 - On va faire un premier test.
00:07:49 - On va faire un premier test.
00:07:52 - On va faire un premier test.
00:07:55 - On va faire un premier test.
00:07:58 - On va faire un premier test.
00:08:01 - On va faire un premier test.
00:08:04 - On va faire un premier test.
00:08:07 Le médecin a une action criminelle.
00:08:10 - J'ai des traces rougeâtres sur le côté du véhicule, j'en ai plusieurs au niveau de la poignée également.
00:08:18 Une fois répertoriée et fixée photographiquement, les premières traces sont prélevées.
00:08:25 - La chaussure.
00:08:28 - Il n'y a pas de traces musiques dessus pour l'instant.
00:08:35 ...
00:08:42 - Un élément A1 et la chaussure.
00:08:45 - Parfait.
00:08:47 - L'objet que nous avons prélevé, ici, il est sous-selé.
00:08:52 C'est-à-dire que plus personne ne pourra y toucher avant le bris de selé.
00:08:59 C'est-à-dire une fois qu'il sera ouvert au laboratoire pour analyse.
00:09:04 Comme ça, nous conservons l'intégrité de notre prélèvement,
00:09:07 qu'il ne soit pas altéré à la fois par des manipulations faites par un tiers,
00:09:12 mais également qu'il conserve toutes les traces ou indices qu'il pourrait contenir.
00:09:17 Avant qu'elle ne s'altère, sous l'effet des rayons UV du soleil, par exemple,
00:09:23 les traces biologiques sont prélevées par écouvillon.
00:09:28 - La trace rougeâtre référencée prélèvement A2.
00:09:32 Et les experts ne se fient pas aux apparences.
00:09:36 - Sur le montant, ici, j'ai des traces rougeâtres aussi.
00:09:41 - On n'a aucun moyen de pouvoir déterminer dans l'immédiat si c'est du sang humain ou d'une autre origine.
00:09:46 Donc, pour l'instant, on reste le plus large possible en termes de dénomination.
00:09:50 C'est une trace rougeâtre. Voilà, tout simplement.
00:09:53 Et l'analyse nous permettra de pouvoir confirmer ou affirmer que c'est du sang ou autre chose.
00:10:00 - Donc là, on en a 2. Une trace rougeâtre encore, B6.
00:10:05 - B11, une isolée. La B12, je vais prendre tout le groupe.
00:10:13 - Plus on s'approche de l'avant, plus on a des projections, des traces.
00:10:17 La répartition de ces traces raconte une histoire.
00:10:21 Voilà pourquoi, jusqu'aux plus infimes, elles sont toutes répertoriées et photographiées
00:10:28 pour les fixer à l'état exact de leur découverte.
00:10:32 Car ensuite, d'autres actions vont irrémédiablement les dégrader.
00:10:37 Comme le frottement par écouvillons pour déterminer s'il s'agit de sang humain et faire une recherche ADN.
00:10:45 À ce stade, on peut juste supposer un événement violent.
00:10:52 Tout change lorsque les techniciens décident de sortir la camionnette du fossé.
00:10:57 - Après donc leur première constatation, ils ont décidé de bouger le véhicule, de le reculer.
00:11:04 Et c'est en poussant ne serait-ce que d'un mètre qu'ils ont découvert qu'il y avait un corps en dessous.
00:11:10 (Musique)
00:11:28 - Et là, la scène change de dimension j'imagine.
00:11:31 - Ah oui, tout à fait.
00:11:35 - Là, on est vraiment dans, comment on dit, une affaire criminelle.
00:11:40 Dès la découverte du corps à 11h, des renforts arrivent de toute la région.
00:11:48 Et les experts scientifiques de l'Institut de recherche criminelle sont dépêchés en urgence.
00:11:54 - Ça fait 20 ans mais j'ai toujours les images en tête.
00:11:57 Je revois la scène de clignotant comme si j'y étais en haut du champ.
00:12:00 Je revois le champ comme il était.
00:12:01 Je revois les traces de roues, les traces de sang parce que c'était une scène hors norme.
00:12:09 C'était rare d'être en pleine campagne comme ça et de se trouver au milieu d'un champ.
00:12:15 La voiture paraît toute petite sur la scène de crime.
00:12:19 Et là, on commence à l'embarger en disant qu'est-ce qu'on va faire ?
00:12:22 Pour fixer une scène de crime aussi vaste, des photos aériennes avaient été prises par hélicoptère.
00:12:31 Aujourd'hui, on utilise un outil moins onéreux et beaucoup plus précis.
00:12:36 L'œil du drone quadrille toute la zone.
00:12:46 De la même façon que notre vision stéréoscopique, œil droit, œil gauche, nous permet de restituer le relief,
00:12:56 un logiciel transforme les photos de drones en modèles en trois dimensions.
00:13:01 Il est ainsi possible de visualiser l'ensemble de la scène,
00:13:08 l'observer sous le point de vue le plus intéressant pour l'enquête.
00:13:13 [Musique]
00:13:28 Encore plus précis que le drone, le scanner laser.
00:13:33 Démonstration dans cette salle d'entraînement.
00:13:40 Le scanner émet des dizaines de milliers de faisceaux de lumière laser qui balaient la pièce à 360 degrés.
00:13:47 Les faisceaux rebondissent sur les surfaces rencontrées et reviennent vers le boîtier.
00:13:53 L'appareil génère ainsi un nuage de points qui vont reconstituer l'environnement en 3D.
00:14:06 La précision millimétrique du scanner prend tout son sens pour des détails comme les taches de sang.
00:14:11 Et une fois tous les angles scannés, la scène de crime s'anime virtuellement.
00:14:18 [Musique]
00:14:26 Le couteau qui est vu sur l'autre scan.
00:14:30 En trois clics de souris, on réalise une mesure qui, sur le terrain, aurait été complexe à faire et avec une précision qui est millimétrique.
00:14:38 Du coup, vous allez avoir des experts des différents départements qui peuvent utiliser et exploiter ces modèles 3D.
00:14:44 Si on prend l'exemple du département balistique, ils vont pouvoir faire apparaître directement dans le modèle 3D des trajectoires balistiques
00:14:53 pour vérifier des hypothèses, vérifier la possibilité d'avoir telle trajectoire ou telle position de tireur par rapport à la configuration des lieux.
00:15:00 Le département morphoanalyse de traces de sang, qui, à partir du modèle 3D que vous avez sous les yeux, peut faire l'analyse des trajectoires de traces de sang.
00:15:09 [Musique]
00:15:20 La deuxième chaussure, rouge, comme celle qu'on a retrouvée à l'arrière, qui a des traces rouges sur le pantalon, au niveau de la tête également.
00:15:30 Systématiquement, quand il y a découvert de cadavres, surtout quand il y a suspicion d'homicide, que la mort ne semble pas être naturelle,
00:15:40 automatiquement, on fait appel à un médecin légiste pour effectuer les premiers examens et surtout réaliser la levée de corps.
00:15:48 [Musique]
00:15:56 La levée de corps médico-légale, c'est la prise en compte du corps dans son environnement de décès, dans son environnement de découverte.
00:16:05 Le médecin légiste se déplace sur le corps, fait un examen de l'environnement, c'est-à-dire où est-ce qu'il est, dans quelle position il est, comment il est vêtu.
00:16:17 Il prend aussi la température du corps, puisque quand un corps meurt, la température diminue. Donc ça, ce sont des éléments qui vont se perdre.
00:16:25 En 2002, la médecin légiste et son assistante arrivent à midi, une heure après la découverte du corps.
00:16:39 Elles réalisent un premier examen visuel.
00:16:42 Une jeune femme, 20 ans, corpulence mince, recroquevillée sur elle-même.
00:16:50 Puis elle relève les hématomes et des lésions qui évoquent des plaies par arme blanche, mais ne se prononce pas sur la cause du décès.
00:17:07 En revanche, la médecin légiste peut affirmer que le décès est intervenu il y a plus de 6 heures et moins de 24 heures, grâce à la température du corps qui est descendue de 37 degrés à 23, la température ambiante.
00:17:22 Mais aussi grâce à un autre indice, la rigidité cadavérique.
00:17:32 "Il faut imaginer que c'est comme une contracture, c'est-à-dire que quand le corps s'arrête, les muscles sont coincés, je dirais, dans une position de contracture.
00:17:42 L'évolution est de la tête au pied pour aller jusqu'à une position maximum, on dit à peu près 8 à 12 heures, et puis ensuite, elles vont se rompre, ces rigidités, elles vont disparaître.
00:17:54 Donc ça aussi, ça nous permet d'évaluer le délai post-mortem."
00:17:59 Autre information pour estimer le moment de la mort, les lividités cadavériques.
00:18:05 Des colorations de la peau qui apparaissent après le décès.
00:18:10 Le sang, qui ne circule plus, suit la gravité et donne à la peau une coloration rouge dans les zones où il stagne.
00:18:19 Les zones en appui sur le sol, elles, deviennent blanches.
00:18:26 Le processus débute vers la troisième heure après le décès.
00:18:30 Sur le corps découvert, les lividités étaient en cours de constitution.
00:18:36 "Donc la zone C1, le corps en lui-même, ce sera le corps de la victime après déplacement du véhicule."
00:18:46 Tout cela confirme que la jeune femme était morte depuis moins de 24 heures.
00:18:52 "Est-ce que vous avez pris en photo les traces rouges sur le corps ?"
00:18:56 Pour étayer cette estimation, les experts ont des alliés inattendus.
00:19:02 "Au niveau de l'œil droit, présence de larves..."
00:19:06 En 2002, la médecin légiste prélève au coin de l'œil de la victime des œufs de mouche.
00:19:13 Car asticots ou larves peuvent livrer de précieuses informations pour dater la mort.
00:19:20 Au siège de l'IRCGN, à Sergipontoise, c'est le domaine des entomologistes.
00:19:26 Ils étudient les insectes qui peuvent servir d'indice.
00:19:31 "Je vais récupérer les CV."
00:19:35 Et notamment les insectes nécrophages, ceux qui se nourrissent de cadavres.
00:19:40 "Donc, heure d'arrivée, 10h30."
00:19:44 "10h30."
00:19:45 "Oui."
00:19:46 Les entomologistes sont les seuls experts à manipuler des scellés bien vivants.
00:19:57 "Donc le scellé insurantaux se compose d'un prélèvement à sec et d'un prélèvement conditionné en alcool."
00:20:06 "Dès les premiers instants du décès, le corps va commencer à émettre des composés organiques volatiles."
00:20:13 "Et même si ça reste indétectable pour l'odorat humain, les insectes pourront détecter ces odeurs sur plusieurs kilomètres."
00:20:21 "J'ouvre le prélèvement conditionné à sec."
00:20:24 "J'ai des petites larmes dans la gaze."
00:20:30 "Les premiers insectes arrivant vont s'intéresser aux éventuelles plaies, qui est toutes les parties qui auront une certaine humidité."
00:20:38 "Donc les yeux, le nez, les oreilles, la bouche, ce qui fait que très rapidement le corps sera entièrement colonisé."
00:20:44 Une seule pompe de mouche sur un corps peut produire des centaines d'œufs.
00:20:52 Ils se transforment en larves qui s'alimentent du corps.
00:20:56 Ces larves, des asticots pour le commun des mortels, se développent.
00:21:01 Une fois qu'elles sont proches de leur métamorphose, elles s'éloignent des chairs qui les ont nourries.
00:21:07 Elles se transforment en pupes.
00:21:09 A l'abri d'une enveloppe, la larve va se métamorphoser et atteindre son stade adulte.
00:21:16 Selon la température et l'espèce, le cycle peut durer de 8 à 51 jours.
00:21:23 "Donc là on a le stade larvaire, encore bien vivant et bien vivace."
00:21:29 "Cette toute petite larve qui ne se laisse pas faire."
00:21:34 "On a les cocons qu'on appelle une pupe et à l'intérieur de laquelle l'asticot va réaliser sa transformation jusqu'à l'état adulte de mouche."
00:21:43 En estimant le moment de la ponte de ces larves, on se rapproche de celui du décès.
00:21:49 Mais chaque espèce a un cycle de croissance différent.
00:21:53 Et comme les larves sont difficiles à identifier, il faut attendre patiemment qu'elles se transforment en mouches.
00:21:59 Les larves sont mises en élevage.
00:22:03 "Donc là je place les larves sur un morceau de viande pour qu'elles aient une source nutritive pour pouvoir finir leur cycle."
00:22:11 "Donc là les larves sont placées sur un morceau de bœuf, un morceau de viande rouge qui est a priori proche du muscle humain."
00:22:21 "Donc on a choisi, le laboratoire a choisi de normaliser son protocole d'élevage sur ce type de viande."
00:22:30 Les larves sont ensuite placées dans des incubateurs.
00:22:33 Température, lumière, humidité, ils sont maîtrisés pour contrôler tous les paramètres de croissance.
00:22:40 Une véritable pouponnière à mouches.
00:22:44 Trois fois par jour, leur stade d'évolution est scrupuleusement noté.
00:22:52 Surtout, ne pas rater le moment de la naissance des mouches.
00:22:57 Elles sont aussitôt euthanasiées.
00:23:04 Elles vont enfin pouvoir révéler leur espèce.
00:23:08 Pour les faire parler, il faut une binoculaire grossissante et l'œil aiguisé du spécialiste.
00:23:21 "Derrière ce mot mouche, en fait, il y a des centaines d'espèces, même des centaines de familles.
00:23:27 Et chaque mouche appartient à une espèce qui elle-même appartient à un genre, à un ordre. C'est très classifié."
00:23:35 Et entre espèces, les différences se jouent parfois à quelques détails anatomiques.
00:23:41 "Donc là, en l'occurrence, on voit que l'aile est globalement claire, translucide.
00:23:49 Elle a des nervures primaires et des nervures secondaires.
00:23:53 Donc, ça, c'est un exemple de caractéristiques.
00:23:57 On voit bien qu'on a une joue qui est un peu bicolore, plutôt orangée sur l'avant et brune sur l'arrière,
00:24:05 avec cette présence de pilosité très blanche sur l'ensemble.
00:24:10 Et on note également que sur la base de l'aile, cette partie est blanche et qu'elle présente sur sa surface une pilosité blanche également.
00:24:18 Et ces différences-là me permettent de dire que l'espèce que nous avons en présence est une chrysomia.
00:24:23 Donc ça, c'est le genre, chrysomia, et que c'est l'espèce albiceps.
00:24:27 Donc son petit nom latin est chrysomia albiceps."
00:24:31 Une fois l'espèce identifiée, l'expert collecte les données météorologiques du lieu de découverte du corps.
00:24:42 Car la croissance des mouches dépend des températures.
00:24:48 Et il peut enfin remonter le temps, remonter le cycle, pour estimer une date de ponte.
00:24:54 En 2002, ce sont des œufs qui sont trouvés sur le corps.
00:25:02 Une ponte toute fraîche de mouches califoridées, qui n'a même pas encore atteint le stade de larve.
00:25:13 L'expert en déduit que cette ponte a eu lieu pendant la nuit qui précède la découverte du corps.
00:25:19 Ce qui confirme la datation de la mort par la médecin légiste.
00:25:23 Plus de 6 heures et moins de 24 heures avant la découverte de la victime.
00:25:29 Les gendarmes ignorent l'identité de la jeune fille.
00:25:42 Pas de papier sur elle.
00:25:43 Ils entament des opérations de ratissage de grande ampleur autour de la scène de crime.
00:25:49 Ils font du porte à porte pour interroger les habitants.
00:25:58 Lorsque le corps est évacué vers 20 heures, on ne sait toujours pas qui elle est.
00:26:10 Un peu plus tard, à Villers-Bretonneux, plus de doute.
00:26:14 À la gendarmerie, un homme qui n'a pas vu sa fille depuis la veille l'identifie.
00:26:20 Elle s'appelait Christelle Dubuisson.
00:26:23 Elle venait d'avoir 18 ans.
00:26:26 Mais de quoi est-elle morte ?
00:26:32 L'autopsie du lendemain, le jour où elle est découverte.
00:26:38 L'autopsie du lendemain livrera cette information.
00:26:41 L'autopsie constitue la base de tout dossier d'homicide.
00:26:51 Dans une affaire de meurtre, il faut d'abord rétablir que la victime est bien morte suite à une intervention humaine.
00:26:59 Chaque corps raconte une histoire.
00:27:03 Et c'est la médecin légiste qui va le faire parler.
00:27:07 Je vais vous aider.
00:27:08 L'autopsie est une procédure très codifiée.
00:27:17 La médecin légiste commence par un minutieux examen externe du corps.
00:27:24 Couleur des cheveux, signe particulier, tatouage, tout est noté.
00:27:32 Puis, les lésions.
00:27:35 Dans le cas d'une plaie par arme blanche, la forme de la blessure peut aider à déterminer quel type de couteau a été utilisé.
00:27:41 La lame d'un couteau, il y a un fil qui est tranchant et il y a le talon qui n'est pas tranchant.
00:27:49 Donc le talon va laisser ce bord plutôt mousse, tandis que le côté tranchant va laisser ce bord effilé, pointu.
00:27:56 Si c'est une lame crantée, les crans vont laisser une trace sur les berges de la plaie.
00:28:02 Vous voyez, ce sont tous ces éléments-là qu'on doit relever et qui peuvent éventuellement aider à mettre en lumière le type de couteau.
00:28:09 Après l'examen externe, vient l'autopsie proprement dite, l'ouverture du corps.
00:28:19 La médecin légiste observe s'il y a des lésions internes sur les tissus profonds, les organes.
00:28:30 La procédure est toujours la même. Les organes sont sortis du corps, examinés, pesés.
00:28:36 On effectue des prélèvements pour des analyses toxicologiques.
00:28:40 On observe le bol alimentaire, le contenu de l'estomac, pour connaître le dernier repas pris.
00:28:47 En 2002, les médecins légistes expliquent le décès de Christelle par de multiples lésions à l'arme blanche.
00:28:56 Les trois principales se situent sur la jugulaire interne droite, sur le muscle trapèze gauche et au poumon gauche.
00:29:03 Il a pu s'écouler jusqu'à une trentaine de minutes avant le décès.
00:29:08 Aujourd'hui, le protocole de l'IRCGN prévoit que tous les corps soient passés au scanner, qui permet désormais de visualiser les organes en 3D.
00:29:25 Pour détecter des fractures ou des balles.
00:29:29 Ces images évitent de présenter au procès des photos trop perturbantes.
00:29:35 On ne présentera pas les photos d'autopsie en cours d'assises.
00:29:39 Une photo d'autopsie, c'est difficile à montrer. C'est difficile à montrer parce que c'est une image qui n'est pas banale, c'est une image traumatique.
00:29:45 Il y a du sang, donc on va présenter les images du scanner.
00:29:49 Comme par exemple celle de cette victime tuée par arme à feu.
00:29:53 Et là on voit déjà qu'il y a des corps étrangers, qu'il y a une fracture ici de la voûte et de l'arrière du crâne, un orifice qui a des caractéristiques particulières au niveau de ses berges.
00:30:04 Et on voit sur les reconstructions 3D, un orifice dont les caractéristiques nous évoquent un orifice d'entrée balistique, donc arme à feu.
00:30:13 Et puis une grosse fracture au niveau de l'arrière du crâne.
00:30:18 Le côté visuel est très important dans la retranscription de nos constatations, puisqu'on répond à un magistrat qui n'est pas médecin, donc on s'appuie beaucoup sur l'image.
00:30:29 Parce que visuellement, tout le monde comprend.
00:30:32 - On va la mettre là, mousse. - D'accord.
00:30:41 - Il y a des traces de terre. - Des fissures de la terre, du brevier.
00:30:47 Sur la scène de crime, les experts poursuivent leur méticuleux relevé de traces.
00:30:53 Tout ce qui peut concerner l'enquête est prélevé.
00:30:57 De la terre, du gravier.
00:31:01 - Il y aura des éléments pileux à prélever sur le matelas.
00:31:06 Un matelas en mousse à l'arrière du fourgon intéresse particulièrement les experts.
00:31:13 On le plonge dans l'obscurité pour le passer à la lumière bleue, qui fait apparaître les traces biologiques par fluorescence.
00:31:21 - Une grande trace fluo ici. Quelques auréoles. Encore un auréole fluo ici.
00:31:29 Une belle trace.
00:31:31 - Est-ce que c'est du sperme, est-ce que c'est de la salive ou autre, là on n'est pas en mesure de pouvoir le déterminer. Seules les analyses pour le faire.
00:31:40 Le matelas est ensuite sorti, puis posé sur du papier craft pour éviter tout contact avec le sol.
00:31:49 - Vous avez vu combien de traces ? - 4 traces.
00:31:54 - Une grande ici, un groupe de traces ici, 3 et 4.
00:31:59 - Alors j'étais à B19, on sera à la B20, la première trace.
00:32:04 - On veut préserver au maximum les traces, les objets aussi saisis. On ne veut surtout pas les contaminer et les polluer au fur et à mesure de nos investigations.
00:32:11 - Les erreurs qu'on peut commettre au moment des recherches et prélèvements sur site, c'est irréparable, c'est irréversible.
00:32:17 Les experts prélèvent ensuite toutes les parties du matelas qui contiennent des traces biologiques.
00:32:24 Ils examinent enfin l'habitacle, où ils relèvent de nouvelles taches de sang.
00:32:34 Avec des bandes adhésives, ils recueillent les fibres textiles déposées sur les sièges.
00:32:39 Ils passent un écouvillon sur le volant pour détecter un éventuel ADN.
00:32:44 Et ils découvrent un porte-carte qui contient une carte carburant et un ticket de péage.
00:32:51 Des empreintes de chaussures sont aussi relevées.
00:33:01 Un travail de fourmi.
00:33:03 Le jour de la découverte du corps, près de 80 scellés ont été constitués sur la seule camionnette.
00:33:09 A la fin de l'instruction, il y en aura plus de 1500.
00:33:13 - Bon là c'est un peu exceptionnel qu'on passe de 100 scellés à 1500 mais ça peut arriver.
00:33:18 - Il y a de nombreuses années on avait tendance à tout prélever sur une maison par exemple.
00:33:23 - On ramenait tout, je me souviens à l'Institut de recherche climatique on voyait arriver des camions de déménagement.
00:33:29 - Donc maintenant s'il y a un objet qui est à 3 mètres de hauteur que visiblement personne n'a touché,
00:33:34 - on peut le sceller bien sûr mais ce ne sera pas la priorité.
00:33:37 - Et peut-être que ce sceller ne sera pas traité parce qu'il n'y aura aucune utilité à le traiter.
00:33:43 Les derniers à pénétrer sur la scène de crime sont deux nouveaux experts.
00:33:52 Des spécialistes des empreintes digitales.
00:33:56 Un indice toujours crucial car il permet d'identifier formellement les individus.
00:34:01 Et peut-être l'auteur du crime.
00:34:05 Il commence par un examen visuel.
00:34:09 Une trace de doigt ne laisse pas forcément des empreintes digitales.
00:34:16 - Il y a quelques formes de doigt là mais il n'y a pas de crête apparente.
00:34:24 - Donc là on joue avec l'incidence de la lumière.
00:34:27 - Il y a un doigt qui a enlevé de la poussière.
00:34:31 - Mais on ne voit absolument aucune crête papillaire.
00:34:35 - Donc là pour le moment ça reste inexploitable.
00:34:38 Les crêtes papillaires recherchées par les experts, c'est le haut des stris que l'on a tous sur l'épiderme de nos doigts.
00:34:45 Un paysage dessiné de creux et de bosses.
00:34:51 Au sommet de ces crêtes, débouchent des pores.
00:34:55 Ces orifices qui permettent d'évacuer la sueur et d'autres fluides gras.
00:35:01 Lorsqu'on touche un objet du doigt, ces fluides se déposent en respectant le contour de ces crêtes.
00:35:08 Ce sont les empreintes digitales.
00:35:12 - En général, on reste sur la bosse.
00:35:19 - Sur les boucles de ceinture on a des traces.
00:35:22 - On dirait qu'il y a quelques crêtes papillaires.
00:35:26 - Là comme ça en lumière blanche elle n'est pas très visible.
00:35:30 - Dans ce cas là on va utiliser une lumière bleue.
00:35:34 - Et là en lumière bleue on voit que la trace elle réagit.
00:35:38 - Elle permet de voir mieux le dessin de l'empreinte digitale.
00:35:44 Cette empreinte partielle sera la seule relevée le premier jour à l'avant de la camionnette.
00:35:50 Pour un véhicule utilisé sur un chantier deux jours auparavant, retrouver aussi peu de traces intrigue les enquêteurs.
00:35:58 - On aurait dû découvrir au moins une empreinte palmaire du dernier utilisateur du véhicule.
00:36:08 - Donc pour nous il est évident qu'il y a eu un nettoyage qui a été fait à ce moment là.
00:36:15 - Dans l'enquête ça veut dire que dans son comportement de criminel il a quand même pensé à nettoyer les traces en partant.
00:36:22 - Il a conscience de ce qu'il a fait quand même et qu'il ne veut pas qu'on le retrouve.
00:36:34 Les experts continuent à chercher. Ils explorent aussi l'arrière du véhicule.
00:37:01 - On a besoin d'un dessin, une image très nette pour pouvoir analyser la trace à l'issue.
00:37:06 - On arrête de respirer. Photo.
00:37:10 - On voit que le dessin papillaire est fait avec toutes ces lignes là et elles ont toutes les spécificités.
00:37:19 - Donc ça rend l'empreinte unique.
00:37:25 Au total, trois empreintes exploitables, désignées comme A, B, C, ont été relevées le premier jour.
00:37:32 La trace du meurtrier, des utilisateurs habituels du véhicule.
00:37:38 Les enquêteurs relèvent les empreintes des conducteurs de l'entreprise d'où provient le véhicule.
00:37:43 Les experts vont les comparer avec celles trouvées dans la camionnette.
00:37:53 Voici comment l'adjudant fait parler les empreintes.
00:37:56 Sur l'écran de gauche, une trace inconnue.
00:38:01 À droite, les relevés d'empreintes de deux individus réalisés par les enquêteurs.
00:38:07 L'adjudant détermine d'abord la forme générale de la trace.
00:38:14 On parle de groupe de forme. Il y en a trois types.
00:38:20 Chacun peut regarder ses doigts et dire s'il a des groupes de forme du type boucle, comme celle qu'on a à l'écran.
00:38:26 On voit le flux de crête qui forme une boucle.
00:38:30 Une boucle à droite, dans ce cas-là, qui se termine en pointe.
00:38:33 On a des verticiles, où le flux de crête est circulaire.
00:38:39 Et on a aussi des arcs, ici, où vous avez juste une vague.
00:38:44 Vous pouvez avoir deux doigts avec des boucles et le reste en verticile.
00:38:49 Il n'y a pas de règle.
00:38:51 Vous pouvez avoir dix verticiles, dix arcs. Chaque individu, chaque doigt est différent.
00:38:57 La trace inconnue est une boucle à droite.
00:39:01 Ce groupe de forme se retrouve-t-il dans les empreintes des deux individus ?
00:39:08 Je vais regarder chaque doigt.
00:39:13 Et juste en regardant le groupe de forme, je vais pouvoir éliminer des doigts.
00:39:18 Là, j'ai une boucle à droite. Là, je n'ai pas une boucle à droite, mais j'ai un verticile.
00:39:22 Je passe à un autre doigt, je peux l'exclure, ce n'est pas celui-là.
00:39:25 Là, également.
00:39:28 Là, c'est pareil. Je discrimine.
00:39:32 Je passe à l'autre main. Main gauche, boucle à gauche, boucle à gauche, boucle à gauche.
00:39:38 J'ai fait les dix doigts de cette personne.
00:39:41 Sur les dix doigts, aucun groupe de forme ne correspond.
00:39:44 Je peux dire que ce n'est pas l'individu numéro un.
00:39:47 Je passe à l'individu numéro deux.
00:39:49 Là, le groupe de forme correspond.
00:39:52 J'ai bien une boucle à droite.
00:39:55 À partir de là, je suis forcée de passer à la deuxième étape.
00:39:59 Seconde étape, relever les points singuliers des dessins des crêtes.
00:40:03 Je suis une crête.
00:40:05 Et à chaque fois que je repère quelque chose, je mets un point vert.
00:40:09 Une bifurcation.
00:40:17 Un îlot.
00:40:19 Un arrêt de ligne.
00:40:23 Toutes ces caractéristiques qui rendent vos empreintes uniques s'appellent des minuties.
00:40:28 Un point vert, c'est une minutie clairement identifiée.
00:40:34 Là, je peux dire que la trace présente sur mon objet et le relevé fourni ont la même source.
00:40:43 Quand les points de minutie de la trace se superposent à ceux de l'empreinte de comparaison, c'est ce qu'on appelle un match.
00:40:49 La personne est identifiée.
00:40:52 Si la trace demeure inconnue et s'il y a au moins 12 minuties,
00:40:57 elle est envoyée au fichier automatisé des empreintes digitales, le FAED.
00:41:02 Cette base de données recense plus de 6 millions d'empreintes d'auteurs de crimes ou d'élits.
00:41:10 En 2002, le FAED permet d'identifier l'une des deux empreintes à l'arrière de la camionnette.
00:41:17 Un conducteur de l'entreprise fiché pour un délit commis un an auparavant.
00:41:22 L'autre est identifiée grâce au relevé d'empreintes des employés faits par les enquêteurs.
00:41:27 Les deux personnes ont été mises hors de cause par l'enquête.
00:41:31 Mais toutes les empreintes ont-elles été prélevées ?
00:41:34 Certaines d'entre elles peuvent être encore prélevées.
00:41:38 Certaines d'entre peut être encore dans les scellés.
00:41:41 Les scientifiques de l'IRCGN n'ont pas dit leurs derniers mots.
00:41:46 C'est pour le moment leur principale pièce à conviction.
00:41:50 A l'avant gauche du véhicule, les traces de sang sont multiples et bien visibles.
00:41:56 La fourgonnette a été volée dans le village de Buquois, dans un parking de société ouvert la journée sans gardien.
00:42:02 Encore faut-il connaître l'endroit à 40 km de Villers-Bretonneux.
00:42:07 Où et quand ce fourgon a-t-il croisé le chemin de Christelle ?
00:42:10 Vers 20h, elle quitte le domicile de son père à Villers-Bretonneux.
00:42:15 Direction Corbie et la place du village où les jeunes se rassemblent.
00:42:19 Mardi soir, elle était parmi eux.
00:42:22 Les témoignages permettent de retracer le parcours de Christelle jusqu'au milieu de la nuit.
00:42:35 A Corbie, à Fouillois, ou vers minuit, elle est vue marchant seule en direction de Villers-Bretonneux, le domicile de son père, à 4 km de là.
00:42:44 Puis, plus rien.
00:42:48 Le corps sera retrouvé sur un chemin, à l'écart du village.
00:43:01 Alors ce meurtre fait immanquablement penser aux deux autres affaires encore non résolues dans ce département de la Somme.
00:43:06 Deux crimes perpétrés contre des femmes et qui ont marqué les esprits dans la région.
00:43:10 Première victime, Élodie Culic. Cette jolie banquière de 24 ans est retrouvée morte dans un chemin.
00:43:15 La jeune femme a été violée, étranglée, son cadavre brûlé.
00:43:19 Le 6 juillet dernier, deuxième victime, Patricia Leclerc, 19 ans, est retrouvée dans un champ, perdue au sommet d'une colline.
00:43:26 Son corps a été broyé par une voiture.
00:43:30 Elle est tombée près de la National 29, dans un périmètre de 30 km, hasard, ou meurtrancée.
00:43:34 Les gens, ils ont peur. Alors là, celui qui a des enfants, ils ont dit "on ne sort plus".
00:43:39 La psychose semble désormais gagner le village. Un tueur en série sévirait-il dans la région ?
00:43:45 On a eu une pression politique, une pression judiciaire et médiatique.
00:43:51 Durant près d'une heure, cet après-midi, les familles des victimes ont écouté Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur,
00:43:59 et ont voulu les rassurer sur les moyens mis à disposition de l'enquête.
00:44:01 Il fallait rendre compte, tous les soirs, à l'interdiction de la gendarmerie,
00:44:06 qu'elle devait rendre compte à M. Sarkozy, qui était ministre de l'Intérieur à l'époque.
00:44:13 Donc on se met automatiquement la pression, en disant "il faut qu'on aille au plus vite,
00:44:19 qu'on découvre l'intéressé au plus vite pour arrêter ces crimes, ces meurtres".
00:44:24 On ne savait pas où aller, on n'avait pas d'éléments qui nous permettaient de diriger,
00:44:29 de partir dans un sens de l'enquête ou pas. On n'avait rien, on n'avait aucune piste.
00:44:36 On était vraiment dans le flou, dans le noir total.
00:44:39 Les premiers interrogatoires et les premières investigations scientifiques
00:44:45 n'ont pas permis d'identifier de suspects sérieux.
00:44:48 Alors pour tenter de débloquer la situation, il faut faire parler de nouveaux scellés.
00:44:54 Trois semaines après avoir été saisi dans la camionnette,
00:44:57 le porte-carte est confié au service empreinte digitale.
00:45:01 Avec le porte-carte, un ticket de péage autoroutier.
00:45:10 Peut-on y trouver des empreintes ?
00:45:20 A la lumière blanche, aucune trace visible.
00:45:23 Il va donc falloir rechercher d'éventuelles traces latentes, invisibles à l'œil nu.
00:45:28 Peut-être fragiles.
00:45:30 La technique traditionnelle pour les révéler, la poudre.
00:45:35 Mais elle présente des inconvénients.
00:45:37 "Je vais appliquer la poudre au niveau de la trace. C'est une poudre magnétique.
00:45:45 La poudre vient s'accrocher sur les sécrétions.
00:45:50 J'enlève le surplus. Et là, elle apparaît.
00:45:53 C'est une technique mécanique où on vient appliquer la poudre avec le pinceau.
00:45:58 Et forcément, on peut venir altérer les sécrétions qui sont déposées sur l'objet.
00:46:02 Mais en laboratoire, on a des techniques chimiques ou physico-chimiques
00:46:07 qui altèrent moins le dessin de la trace présente sur l'objet."
00:46:11 Le porte-carte trouvé dans la camionnette, c'est une surface lisse.
00:46:18 Sur laquelle les traces peuvent être effacées par simple frottement.
00:46:22 A la poudre, l'experte préfère une autre technique de révélation, plus adaptée au support.
00:46:30 Elle place le porte-carte dans une cuve de fumigation.
00:46:34 Une enceinte hermétique où l'on va vaporiser de la colle.
00:46:39 "On vient chauffer de la colle qui est attirée par les sécrétions présentes dans la trace.
00:46:45 Elle va se former de petits filaments blancs. Donc on s'apercevra d'un résultat blanchâtre à la sortie de la cuve."
00:46:50 Le traitement du porte-carte va durer 12 heures.
00:46:57 En 2002, les experts avaient également placé la camionnette dans une cabine de peinture
00:47:02 pour vaporiser de la colle sur toute la carrosserie.
00:47:05 En vain. Aucune empreinte détectée.
00:47:08 Et aucune non plus sur le porte-carte, comme en 2002.
00:47:13 Pour que le traitement fonctionne, voici les filaments blancs de colle qui révèlent une trace de doigt.
00:47:18 Tous les espoirs de se sceller reposent maintenant sur le ticket de péage.
00:47:23 Autre support, autre technique.
00:47:26 "Le ticket est un support poreux. Donc les éventuelles traces présentes sur le support ont migré à l'intérieur du ticket.
00:47:34 Et là, le bain à l'indandione que je viens d'appliquer va cibler les acides aminés piégés à l'intérieur des fibres du papier."
00:47:42 Les acides aminés contenus dans les sécrétions humaines des doigts vont réagir avec ce premier bain chimique
00:47:48 et faire ressortir l'empreinte, s'il y en a une.
00:47:52 "On commence déjà à voir quelque chose. Donc c'est de bonne augure pour la suite."
00:47:56 Des traces papillaires apparaissent. Mais seront-elles exploitables ?
00:48:01 Pour les faire ressortir plus encore, le ticket est passé dans un second bain chimique, à la nihydrine.
00:48:09 Il faut 24 heures à tous ces traitements pour enfin révéler des traces que la lumière du laser permet d'observer avec le meilleur contraste possible.
00:48:23 Une trace très nette, avec les crêtes bien visibles, parfaitement exploitable.
00:48:32 Mais en 2002, cette piste du ticket n'aboutit pas.
00:48:38 Il s'agit encore une fois d'un employé mis hors de cause.
00:48:42 Pendant les trois premiers mois d'enquête, toutes les pistes se révèlent infructueuses.
00:48:49 "Dans les trois premiers mois, de multiples hypothèses sont échafaudées.
00:48:55 Le véhicule a été volé dans une société, donc bien sûr, les enquêteurs vont essayer de voir si parmi les 80 employés, quelqu'un peut être impliqué dans l'affaire.
00:49:07 Il y a aussi bien sûr tout l'entourage de la jeune Christelle."
00:49:10 "On a aussi travaillé sur les délinquants sexuels dans le coin, sur les criminels qui auraient été capables de récidiver.
00:49:19 On explore toutes les pistes, aucune piste ne s'est dégagée."
00:49:23 Mais une arrestation dans une autre affaire va changer la donne et relancer le travail des experts.
00:49:35 Jean-Paul Lecomte, 36 ans, est sorti de prison six mois plus tôt.
00:49:43 Il purgeait une peine de 17 ans pour une série de viols et agressions sexuelles.
00:49:51 "Il n'y a rien à voir, c'est que tu ne peux rien dans cette histoire."
00:49:56 "Entendu par le juge d'instruction pendant deux heures cet après-midi, Jean-Paul Lecomte a continué de nier son implication dans le meurtre de Patricia Leclerc.
00:50:04 Et ce, malgré les traces ADN qui l'ont confondu et l'absence d'Alibi."
00:50:08 Dès son arrestation, Jean-Paul Lecomte intéresse les gendarmes qui enquêtent sur le meurtre de Christelle Dubuisson.
00:50:21 Le profil des deux victimes, le mode opératoire, la proximité géographique, des ressemblances plus que troublantes.
00:50:28 Mais surtout, les perquisitions au domicile du suspect font surgir une pièce déterminante pour l'enquête.
00:50:40 "Nous découvrons un cyclomoteur noir de marque Peugeot, type 103, correspondant au cyclomoteur qui était vu par un témoin à Buquois,
00:50:52 où était stationné le fourgon. Le témoin voit rentrer le cyclomoteuriste et voit le fourgon ressortir peu de temps après.
00:51:00 Donc on s'est dit, ça peut être M. Lecomte qui soit venu voler le fourgon."
00:51:10 Mais peut-on relier Jean-Paul Lecomte à la scène de crime ? L'empreinte relevée sur la ceinture n'est pas la sienne.
00:51:19 Son ADN ne se retrouve ni dans les taches de sang, ni dans les éléments pileux prélevés sur la camionnette.
00:51:27 Les enquêteurs ont un espoir. Peut-être a-t-il laissé son ADN sur les vêtements de Christelle.
00:51:36 Quand les experts en ADN analysent un vêtement, se pose une première question. Où chercher ?
00:51:42 Un véritable jeu de piste compliqué ici par la couleur de ce gilet.
00:51:47 Le noir rend difficile à voir les éventuelles traces biologiques qui contiendraient un ADN, comme le sang.
00:51:55 Il va d'abord s'agir de faire ressortir ces traces par fluorescence.
00:51:58 "Ici, déjà en lumière blanche, on voit qu'on a différents types de traces qui pourraient être assimilées à du sang.
00:52:04 Pour autant, il faut vraiment confirmer que c'est bien la présence de sang."
00:52:08 En lumière infrarouge, les traces sont encore plus visibles.
00:52:14 Les traces sont plus visibles, mais elles sont plus présentes.
00:52:20 En lumière infrarouge, les traces sont encore plus visibles.
00:52:25 Mais ce n'est pas encore suffisant pour confirmer qu'il s'agit de sang.
00:52:30 La seule façon d'en être certain, c'est de prélever une partie de la trace et de faire un test.
00:52:37 "Donc là, ça va être quelques secondes d'agitation.
00:52:48 C'est comme pour un test Covid. Une barre, le test est négatif, donc ce n'est pas du sang humain.
00:52:53 Deux barres, le test est positif, donc là, c'est bien du sang."
00:52:57 Le sang, comme le sperme, est une substance riche en ADN.
00:53:02 C'est pourquoi on le recherche en priorité.
00:53:06 "Donc là, on a affaire à un test positif, c'est du sang humain.
00:53:11 Alors par contre, on ne sait pas à qui appartient le sang, évidemment.
00:53:16 Après, il faut poursuivre les analyses et aller jusqu'à l'obtention du profil génétique pour savoir à qui appartient ce sang."
00:53:23 Le sang de la victime ? De l'agresseur ?
00:53:27 Il va falloir trouver le profil génétique.
00:53:31 En attendant, les experts recherchent d'autres traces ADN, ailleurs que dans les taches de sang.
00:53:38 Celles de l'ADN de contact.
00:53:42 Il s'agit d'ADN déposé, par exemple, par les mains de l'agresseur, s'il a saisi les vêtements de la victime.
00:53:48 Pour tenter de le récupérer, on va frotter un écouvillon humide sur des zones probables de contact.
00:53:54 Un prélèvement plus aléatoire et qui sera sans doute moins exploitable que le sang.
00:54:01 "Ces traces de contact, qui sont issues de cellules de la peau, qui se sont détachées naturellement du corps,
00:54:07 sont des cellules qui sont généralement en mauvais état et pour lesquelles il est assez compliqué de récupérer de l'ADN
00:54:12 de qualité suffisante pour avoir des profils génétiques très exploitables.
00:54:16 Donc on est vraiment sur des traces qualifiées de très complexes à analyser."
00:54:20 En 2002, pour ne rien laisser passer, les experts en génétique ont découpé le gilet de Christelle en 506 fragments,
00:54:29 tous analysés, pour tenter d'y trouver de l'ADN.
00:54:33 Quant à la tâche prélevée sur le matelas trouvé dans la camionnette, c'est une trace de sperme qui révèle un ADN.
00:54:43 "L'expert fait son compte-rendu d'expertise, il a déjà reçu une empreinte ADN à tel endroit dans le sperme sur le matelas à l'arrière du véhicule.
00:54:54 Point. Après c'est du domaine du directeur d'enquête de savoir comment cet ADN s'est retrouvé là, à cet endroit dans le véhicule.
00:55:03 Mais il ne faut pas crier victoire en disant j'ai trouvé une trace ADN dans le sperme du camion, donc j'ai l'auteur des faits, parce que souvent ce n'est pas le cas."
00:55:12 En 2002, le sperme sur le matelas s'avère être celui d'un employé qui avouera des relations sexuelles avec des prostituées.
00:55:23 Au bout de 14 mois d'analyse, 139 scellés sont passés entre les mains des experts en génétique.
00:55:30 40 ADN trouvés, 5 sont identifiés.
00:55:35 Celui du père de Christelle, de deux employés de la société de travaux publics, d'un ami de Christelle et d'un gendarme qui a pollué le prélèvement d'une tâche de sang.
00:55:47 Mais aucun ADN de Jean-Paul Lecomte.
00:55:51 "Monsieur Lecomte, vous ne reconnaissez toujours pas ? Toujours. S'il vous plaît."
00:55:58 "On garde à vue, il n'a pas du tout parlé, pour lui c'est une erreur, il n'a pas commis ça.
00:56:06 On connaissait sa réaction parce que dans le cas de Patricia Leclerc c'était déjà ça.
00:56:11 Alors qu'il y avait la trace de sperme qui était là, lui appartenant, c'était pas lui.
00:56:17 C'est quelqu'un d'autre qui lui met son sperme sur la culotte de la victime aussi."
00:56:21 "Vous continuez de nier ? Oui. Pourtant l'ADN a parlé.
00:56:26 Vous pouvez rester avec mon avocat, il y a encore des problèmes. L'ADN c'est une preuve. Non, non."
00:56:31 "Dans l'affaire Patricia Leclerc, l'empreinte génétique de Lecomte leur attache automatiquement à cette affaire.
00:56:37 A contrario, dans l'affaire Christelle Dubuisson, on n'a ni empreinte digitale, ni empreinte biologique.
00:56:42 D'où l'importance d'aller travailler sur les autres séries pour essayer de trouver un élément qui leur attache à cette affaire Christelle Dubuisson."
00:56:49 Au domicile de Jean-Paul Lecomte, ainsi qu'à la maison d'arrêt où il est détenu,
00:57:02 les enquêteurs saisissent l'intégralité de sa garde-robe. 60 vêtements.
00:57:11 Une banque de données pour les experts en fibres textiles.
00:57:14 Certaines fibres provenant de ces vêtements se retrouvent-elles sur la scène de crime ?
00:57:19 Car des fibres, les enquêteurs en ont prélevées dès le premier jour.
00:57:27 Sur le sol de la camionnette, mais aussi sur les sièges, piégés dans ces bandes adhésives.
00:57:33 S'agit-il de fibres des vêtements de Jean-Paul Lecomte ?
00:57:38 Ces scellés sont ouverts en laboratoire.
00:57:40 Sur les bandes adhésives, des fibres du siège, mais aussi d'autres, dont on ignore la provenance, des fibres étrangères.
00:57:56 "Donc là, je vais balayer toute ma bande adhésive.
00:58:04 À la recherche de fibres étrangères. Dès que j'aperçois une fibre, ou des groupes de fibres, je les entoure,
00:58:13 pour pouvoir plus facilement les repérer et les extraire par la suite.
00:58:18 Et je continue ainsi de suite. Il peut y avoir notamment des fibres, mais également des éléments pileux.
00:58:26 Une fois ce travail terminé, sur une bande adhésive,
00:58:31 je vais procéder à l'extraction des fibres.
00:58:35 Donc je vais inciser la bande adhésive,
00:58:39 de façon à pouvoir récupérer ma fibre étrangère qui est donc piégée par l'adhésif."
00:58:44 Cette opération minutieuse et entièrement manuelle, l'expert va la répéter autant de fois qu'il y a de fibres.
00:58:52 En 2002, 680 fibres sont extraits.
00:58:59 En 2002, 688 fibres avaient été analysées.
00:59:03 Un travail titanesque qui a demandé 8 mois.
00:59:07 "Là, j'ai ma fibre dans ma pince, que maintenant je vais apposer sur la lame,
00:59:13 pour pouvoir ensuite procéder à son observation au microscope."
00:59:17 L'observation au microscope permet de différencier les différentes fibres naturelles.
00:59:28 Voici, grossie 200 fois, de la laine, reconnaissable à ses petites écailles.
00:59:34 Une fibre de chanvre, du lin.
00:59:38 En revanche, impossible de caractériser précisément au microscope,
00:59:43 les fibres synthétiques ou chimiques, polyester, polyamide, acrylique,
00:59:49 comme celle-ci, prélevée sur le siège de la camionnette.
00:59:54 "Là, on voit à l'écran une fibre d'origine chimique, de couleur bleue.
00:59:58 On note que sa section est irrégulière.
01:00:01 Elle est plutôt brillante.
01:00:04 Maintenant, on va mesurer son diamètre.
01:00:08 Est-ce qu'il s'agit d'une fibre de polyester, de polyamide ?
01:00:12 Je ne sais pas de quelle fibre il s'agit."
01:00:15 Seul cet appareil, un spectromètre infrarouge, permet une identification.
01:00:20 Cette courbe, c'est le spectre infrarouge qui identifie la molécule de la fibre.
01:00:30 Il est comparé à une banque de données mondiale,
01:00:33 qui recense toutes les différentes fibres chimiques.
01:00:36 "En noir, on a le spectre de la fibre qu'on a récupérée sur la bande adhésive.
01:00:41 Et en rouge, on a le spectre de référence d'une fibre de polyester.
01:00:46 Et on voit que les spectres se superposent.
01:00:50 On a effectivement confirmation qu'il s'agit bien d'une fibre de polyester."
01:00:55 Or, Jean-Paul Lecomte possédait justement une veste de survêtement polyester, de couleur bleue.
01:01:04 Pour comparer, il a fallu pousser l'analyse.
01:01:09 Conclusion, les fibres de la veste et celles prélevées sur le siège
01:01:14 avaient les mêmes caractéristiques microscopiques et colorimétriques.
01:01:19 Cela pourrait relier Jean-Paul Lecomte à la scène de crime.
01:01:22 "L'expert va vous dire, ça peut correspondre.
01:01:25 Il y a une forte concordance entre la fibre trouvée sur le siège avant du camion
01:01:30 et l'élément du survêtement de M. Untel ou du costume d'Untel.
01:01:35 Mais il ne pourra pas dire, la fibre que j'ai trouvée du camion vient du survêtement.
01:01:39 Ça, ce n'est pas possible.
01:01:41 Et après, l'enquêteur, il va essayer de savoir d'où vient ce survêtement.
01:01:45 En l'occurrence, ils ont fait un travail formidable,
01:01:48 car ils ont retrouvé que le survêtement était vendu par une marque de vente par correspondance.
01:01:54 Et personne autour ne possédait cette même veste.
01:01:57 Donc, ça permet à l'enquêteur de dire que c'est vraiment sa veste à lui.
01:02:01 Et il y a une fibre qui se trouve sur le siège du camion
01:02:04 qui correspond fortement, d'après l'expert, à ce type de vêtements."
01:02:11 L'enquête sur les fibres vient donc soutenir l'hypothèse du vol de la camionnette par Jean-Paul Lecomte.
01:02:16 Mais ce n'est pas suffisant.
01:02:18 Il y a peut-être une autre fibre ou un élément pileux ailleurs que sur les sièges.
01:02:29 Alors, au cours des trois ans de l'instruction, le véhicule a été progressivement désaussé.
01:02:36 Les techniciens ont enlevé les ceintures, les sièges, le compartiment arrière.
01:02:41 Rien de concluant.
01:02:43 Mais parfois, les experts automobiles ont plus de chance en démontant pièce par pièce les véhicules.
01:02:51 "Personnellement, c'est la première de ce type là."
01:02:59 "Il y a juste à inverser la polarité pour l'ouverture-fermeture."
01:03:04 "Ouais, ouverture-fermeture."
01:03:06 "Je fais juste un test comme ça."
01:03:07 "Là, typiquement, on a découvert une cache aménagée avec un vérin qui va venir au contact, ouvrir la cache, pour du transport, d'argent, d'armes, de stupéfiants."
01:03:22 "Et là, on est sur une modification complète du véhicule pour vraiment intégrer ce type de système."
01:03:27 "Vous avez trouvé le trésor, là."
01:03:29 "Un petit peu, là, on est content parce que ce ne sont pas des caches qui sont rencontrées assez régulièrement et surtout, c'est un travail de professionnel qui est réalisé."
01:03:37 "Donc c'est plutôt une belle découverte, oui."
01:03:39 Une fourgonnette comme celle de l'affaire Christelle Dubuisson livrerait sans doute aujourd'hui beaucoup plus d'informations.
01:03:51 Car tous nos véhicules sont désormais bourrés d'électronique embarquée.
01:03:57 Radar de recul, radar frontaux, contrôle trajectoire, ABS, GPS, système multimédia, contrôle moteur, calculateur d'airbag.
01:04:08 Un GPS auquel on peut connecter son téléphone portable aurait pu donner beaucoup d'informations dans l'enquête sur le meurtre de Christelle Dubuisson.
01:04:22 "Là, les informations qu'on a pu extraire, c'est typiquement les navigations qui ont été effectuées par le véhicule."
01:04:28 "Donc là, rue Dupanel, à Pauze, adresse 27 740, en France."
01:04:33 "Il y a d'autres systèmes, on va retrouver beaucoup plus de données, on va pouvoir avoir plusieurs points GPS du véhicule lorsqu'il a fait une navigation."
01:04:42 "L'autre information, ça va être celle-ci, c'est la liste des contacts d'un des téléphones qui a été rappelé au système."
01:04:50 "On va retrouver la date du contact, le numéro de téléphone et surtout son nom et son prénom."
01:04:56 "On va également pouvoir retrouver les photos des contacts."
01:04:59 "Sur un système similaire, on a été capable de déterminer que la porte du conducteur a été ouverte, la porte du passager également."
01:05:09 "Et en fait, on a été capable de dire qu'il y a deux personnes qui sont sorties du véhicule, mais à la fin, il n'y en a qu'une seule qui est rentrée."
01:05:15 "Et sur les deux personnes, il y en a une qui a été portée disparue."
01:05:19 "Et pendant l'horaire où les ouvertures de porte ont été enregistrées, ça correspondait aux horaires de la disparition."
01:05:24 Après un accident, les experts automobiles font aussi parler les calculateurs airbags.
01:05:32 Cette puce mémoire a enregistré toute une série de données cinq secondes avant que l'airbag ne se déclenche.
01:05:42 "Donc ici, on va retrouver le temps avant l'accident. Donc ça commence à cinq secondes avant l'accident et après, on a un enregistrement tous les 500 millisecondes."
01:05:50 Vitesse du véhicule, appui sur la pédale d'accélération, action sur la pédale de frein, angle du volant.
01:05:58 Millisecondes après millisecondes, ces données peuvent s'avérer précieuses.
01:06:06 Comme dans l'enquête sur l'accident où deux policiers ont trouvé la mort sur le périphérique parisien en 2013.
01:06:12 Leur voiture a été percutée par l'arrière à grande vitesse par un véhicule en fuite.
01:06:17 Le conducteur affirme avoir cherché à éviter la voiture de police.
01:06:22 Mais les données du capteur airbag racontent une autre histoire.
01:06:26 "On a pu déterminer qu'il n'y avait aucune action sur la pédale de frein de la part du conducteur."
01:06:33 "Il y avait une action sur l'angle du volant et l'action de la pédale d'accélérateur à 100% et une vitesse qui était aux alentours de 150 km/h."
01:06:41 "Et donc on a pu déterminer que le conducteur n'a pas essayé d'éviter le véhicule, n'a pas essayé de freiner avant la percussion."
01:06:50 Mais dans l'affaire Christelle Dubuisson, pas de GPS et encore moins d'airbag sur le cyclomoteur de Jean-Paul Lecomte.
01:07:02 Les experts doivent travailler à l'ancienne.
01:07:05 Le suspect soutient que son 103 Peugeot fonctionne mal et qu'il n'a pas pu parcourir les 25 km pour aller voler la camionnette.
01:07:13 Or, les examens prouvent le contraire.
01:07:16 Le cyclomoteur peut tout à fait parcourir de longues distances.
01:07:20 Autre indice, de la terre a été prélevée sur le garde-boue du cyclomoteur.
01:07:30 Et si celle-ci présentait des similitudes avec le revêtement du parking où Jean-Paul Lecomte est soupçonné d'avoir volé la camionnette ?
01:07:38 Les analyses de terre durent dix mois.
01:07:43 Un travail d'une complexité inouïe, mais qui peut livrer une mine d'informations.
01:07:50 On attend d'ailleurs beaucoup de ces experts, parfois même trop.
01:07:58 On a une demande récurrente des enquêteurs et des magistrats sur la géolocalisation d'une trace de terre.
01:08:03 C'est-à-dire, ils vont nous demander, est-ce qu'à partir des traces de terre qu'il y a sous les chaussures de mon suspect, vous pouvez me dire où il a marché ?
01:08:08 Ça, aujourd'hui, on ne sait pas le faire.
01:08:10 Actuellement, on travaille uniquement par comparaison.
01:08:12 Donc, on peut regarder sous les chaussures du suspect, les traces de terre, et les comparer avec la scène de crime, par exemple.
01:08:17 On va comparer les deux.
01:08:19 Mais si on a que les chaussures du suspect, on ne pourra pas savoir où il a marché.
01:08:24 Pour comparer, il faut successivement analyser trois composantes du sol, en respectant toujours le même protocole.
01:08:32 D'abord, passer la terre dans un tamis pour recueillir la partie la plus fine du sol, l'argile.
01:08:42 Puis mettre l'argile en suspension sur des lames d'observation.
01:08:49 Un rayon X analyse la structure des cristaux d'argile.
01:08:57 Les résultats, ce sont ces courbes, des diffractogrammes.
01:09:02 Chaque couleur représente un échantillon.
01:09:05 Donc là, on a deux échantillons d'argile différents, l'orange et le rouge, et on peut voir qu'ils présentent des différences.
01:09:12 Ici, par exemple, sur l'orange, on a un pic qui correspond à un type d'argile que l'on ne retrouve pas sur le rouge.
01:09:18 On a des tailles de pics différentes, et on a ici un pic rouge que l'on n'a pas sur l'orange.
01:09:22 Avec ça, on peut conclure que ces deux lames d'argile ne proviennent pas de la même zone.
01:09:27 Si les argiles ne correspondent pas, inutile de poursuivre les analyses.
01:09:33 En revanche, la comparaison avec un autre échantillon fait apparaître des similitudes.
01:09:41 Sur ce diffractogramme, on voit qu'on retrouve les mêmes pics au même endroit, qui font à peu près la même taille.
01:09:47 Donc là, on peut dire que sur ces deux lames d'argile, on a les mêmes types d'argile et les mêmes structures cristallines.
01:09:52 Mais deux argiles proches ne disent pas qu'il s'agit du même sol.
01:09:57 Il faut poursuivre l'analyse à la recherche d'autres points communs.
01:10:01 Retour au tamisage pour recueillir cette fois ce qu'on appelle les macro-restes.
01:10:15 Dans les macro-restes, on peut retrouver surtout des fragments de feuilles, des fragments d'épines, beaucoup de fragments végétaux.
01:10:22 Sur cet écran, vous pouvez voir des bourgeons.
01:10:25 Vous allez avoir des fragments végétaux et aussi ce qu'on appelle des artefacts.
01:10:29 Les artefacts, ça va être des fragments issus de l'activité humaine.
01:10:33 Sur cet exemple-là, vous avez des petits fragments gris que vous voyez ici, qui sont en fait de petits morceaux de sacs poubelles.
01:10:38 Ces images sont issues d'une affaire dans laquelle on avait retrouvé un crâne dans un sac poubelle.
01:10:43 Il fallait comparer avec un autre lieu où le sac poubelle avait été probablement enfui avant d'être déplacé.
01:10:50 On retrouve bien ces petits fragments de sac poubelle sur les deux lieux, ce qui nous fait un point commun entre les deux.
01:10:56 Troisième et dernière composante, celle des sables, qui regroupent diverses particules minérales.
01:11:05 On les observe avec un microscope électronique à balayage.
01:11:12 À l'échelle du micron, le millième de millimètre, il faut parfois plusieurs jours pour recenser les différents grains qui caractérisent un sol.
01:11:20 Là, on est sur des grains classiques, ça c'est des grains de quartz classiques qu'on va trouver à peu près dans tous les sols.
01:11:25 Et par contre, on a des grains plus particuliers comme celui-ci, qui est là plutôt un agglomérat.
01:11:29 Là, on a des fibres d'amiante ou alors des grains de ce type-là qui vont être des grains beaucoup plus classiques.
01:11:35 Si on a ce type de grains dans un des échantillons et qu'on retrouve ce même type de grains dans un autre échantillon, là on a des faisceaux concordants.
01:11:42 Le faisceau concordant trouvé en 2002, ce sont des résidus miniers.
01:11:51 Il constitue le sol du parking.
01:11:54 Pour le vérifier, on a besoin de l'aide de l'échantillon.
01:12:01 Pour le vérifier, les enquêteurs sont allés jusqu'à prélever des échantillons sur les terrils d'où provenait ce revêtement.
01:12:10 Ces minéraux, très caractéristiques, se retrouvent aussi dans les échantillons retrouvés sur le deux-roues.
01:12:18 Il est donc probable que le cyclomoteur de Jean-Paul Lecomte ait roulé sur ce parking quand il est venu voler la camionnette.
01:12:29 Pour nous, ça conforte une fois de plus que le cyclomoteur a bien été à cet endroit.
01:12:33 Il y avait trop d'éléments troublants. La terre, le cyclomoteur, la fibre.
01:12:39 C'est un point de plus dans notre certitude qu'on tenait l'auteur des faits.
01:12:45 Dans l'enquête du Buisson, si on prend toutes les expertises une par une, c'est vrai qu'on peut se dire qu'on n'a pas grand-chose.
01:12:51 Mais après, quand on les rassemble toutes, on a une idée de ce qui s'est passé.
01:12:56 Donc il est proprement venu en mobilette pour voler le camion. Il a mis sa mobilette dans le camion.
01:13:00 Après, il est parti. Il a malheureusement croisé le chemin de Christelle Dubuisson.
01:13:05 Il est reparti en mobilette. Voilà.
01:13:07 Bout à bout, si on prend toutes nos expertises, on peut faire le cheminement de ce qui a pu se passer ce jour-là.
01:13:14 Mais il manque une pièce au puzzle.
01:13:19 Le déroulement du meurtre autour de la camionnette.
01:13:25 Que s'est-il passé à l'endroit de la tâche de sang dans le champ ?
01:13:28 Que racontent les traces sanglantes de Christelle sur la carrosserie ?
01:13:35 Car le sang peut parler, lui aussi.
01:13:38 L'étude de la taille, la forme, la distribution des traces de sang permet de dessiner un scénario.
01:13:46 Pour le comprendre, nous avons organisé une simulation.
01:13:52 Dans une salle de sport où s'est produit un homicide. Fictif.
01:13:57 Les violences qui s'y sont déroulées, Philippe Esperanza préfère ne pas les connaître à l'avance.
01:14:04 Il est morpho-analyste.
01:14:07 En étudiant uniquement les traces de sang, il va essayer de déterminer ce qui s'est passé ici.
01:14:13 Il délaisse les grosses coulées pour s'intéresser en priorité aux toutes petites traces.
01:14:20 Là on voit déjà qu'elles sont toutes millimétriques.
01:14:22 Donc là on s'attarde surtout sur celle-ci parce que le fait qu'elle soit millimétrique indique qu'il y a plus que la pesanteur qui agit sur elle.
01:14:30 Ce sont elles qui racontent une action violente.
01:14:34 Elles sont projetées après un impact puissant.
01:14:38 Ces éclaboussures millimétriques ont une forme ovoïde.
01:14:44 En effet, lorsque leur trajectoire rencontre un support, elles se déforment, s'étirent.
01:14:50 La partie arrondie, c'est là où le sang se dépose d'abord, et la partie pointue, là où le sang s'enfuit.
01:14:58 La forme de ces minuscules traces renseigne donc Philippe Esperanza sur la direction de la projection.
01:15:06 Direction qu'il figure par des flèches.
01:15:11 L'étude de toutes ces traces millimétriques sur le mur lui permet d'établir la hauteur probable du coup.
01:15:17 Lorsqu'on a une dispersion large comme nous avons ici, c'est un coup qui a été donné.
01:15:22 Un coup qui a été donné, qui a projeté du sang à partir d'une source qui se trouvait à cette hauteur-là.
01:15:28 Maintenant ce qui est intéressant c'est de savoir où on est dans l'espace.
01:15:31 Là on sait la hauteur, maintenant ça va être mais où sommes-nous dans cette zone ?
01:15:35 Et là on revient sur les traces au sol.
01:15:38 Sol qui est beaucoup plus simple à étudier parce que beaucoup plus lisse.
01:15:41 A nouveau, Philippe Esperanza se focalise d'abord sur les traces millimétriques.
01:15:48 Et lorsque je regarde où elles se trouvent, c'est ce qu'on appelle nous la dispersion,
01:15:53 j'en ai par exemple jusqu'ici, j'en ai encore ici, j'en ai même jusqu'une ici.
01:15:59 Après, lorsque je regarde, j'en ai plus.
01:16:03 J'en ai pas sur le banc de musculation, j'en ai pas sous le banc de musculation,
01:16:10 mais j'ai un arrêt assez franc avec une trace qui est la plus proche, ici, à l'aplomb du banc de musculation.
01:16:20 Et cette coulée vient corroborer ce que nous étions en train de déterminer
01:16:24 parce qu'elle commence également à l'aplomb du banc de musculation.
01:16:29 Donc cette coulée vient conforter la séquence violente qui se trouve sur le banc de musculation
01:16:34 et plus précisément vraiment sur cette zone-là du banc de musculation.
01:16:38 Ensuite, on va prendre en compte les constatations médico-légales.
01:16:41 Et on va voir où sont les blessures sur le corps.
01:16:44 Si c'est la tête, ben voilà, on a la tête de la victime qui était ici lorsqu'un coup lui a été donné.
01:16:49 La victime était donc allongée.
01:16:52 Savoir qu'elle était ainsi vulnérable peut aggraver la sanction pénale du meurtrier.
01:16:59 [Musique]
01:17:04 D'autres coups ont été portés au niveau de ce pilier.
01:17:07 Mais étaient-ce avant ou après l'épisode du banc ?
01:17:12 Les traces au sol indiquent un déplacement entre les deux zones.
01:17:16 Mais dans quel sens ?
01:17:19 Où les premiers coups ont-ils été portés ?
01:17:22 Une trace particulière va donner la solution.
01:17:28 Ça, c'est ce qu'on appelle, nous, une altération glissée.
01:17:32 C'est-à-dire qu'il y avait du sang au sol et quelque chose s'est passé sur cette trace,
01:17:37 a altéré la forme et lorsqu'il y a cette altération qui est glissée,
01:17:41 donc dans un mouvement, on peut souvent en déterminer le sens et la direction.
01:17:45 Là, on voit qu'on est du banc de musculation vers le pilier.
01:17:48 [Musique]
01:17:51 En établissant un scénario, une chronologie,
01:17:55 la morphoanalyse peut expliquer le comment d'un acte criminel.
01:17:59 À l'avant-gauche du véhicule, les traces de sang sont multiples et bien visibles.
01:18:05 Mais à la lumière du crimescope, les techniciens de l'Institut de recherche criminelle
01:18:10 espèrent mettre en évidence bien d'autres indices.
01:18:13 En 2002, la morphoanalyse était une discipline encore toute récente
01:18:18 et n'a pas été utilisée pour l'affaire Dubuisson.
01:18:22 Philippe Esperanza n'a plus que les photos pour esquisser des pistes.
01:18:25 On voit que la percussion a certainement eu lieu au niveau de l'optique avant-gauche
01:18:31 et que le corps a glissé sur le véhicule, à la fois un peu sur le capot et puis sur l'aile.
01:18:38 Et lorsqu'il y a eu cette percussion, ça a projeté le sang vers la suite du véhicule
01:18:46 qui se trouve être la portière conducteur qui commence ici.
01:18:49 Et c'est les traces qu'on retrouve ici.
01:18:53 Malheureusement, la qualité des clichés ne permet pas d'être plus précis
01:18:58 et d'aller dans l'affirmation ou d'aller dans une vraie analyse morphologique des traces de sang.
01:19:03 Donc les traces de sang sur cette voiture resteront un mystère quant à la raison pour laquelle elle se trouve là.
01:19:16 Le seul à connaître le déroulé des faits, c'est le meurtrier.
01:19:20 Mais Jean-Paul Lecomte ne parle pas, malgré des expertises et l'enquête de terrain qui le désigne.
01:19:28 L'épreuve scientifique, ça ne lui fait pas peur.
01:19:36 Lors du premier procès pour le meurtre de Patricia Leclerc,
01:19:40 il a tenu tête aux experts en génétique qui avaient relevé son ADN sur les vêtements de la victime.
01:19:46 Monsieur Lecomte, il y a une chance sur 5600 milliards pour que ce ne soit pas votre ADN.
01:19:51 Pourquoi est-ce que vous n'avouez pas l'évidence ?
01:19:53 Non mais attendez, je conteste une partie de l'expertise.
01:19:57 Je conteste une partie.
01:20:00 Je la contesterai toujours.
01:20:02 Dans ce cas-là, on a un ADN féminin, un ADN masculin, du sang et du sperme.
01:20:08 Le sperme, à moins de provenir de l'individu féminin, provient forcément de l'individu masculin.
01:20:13 Après seulement une heure et demie de délibéré,
01:20:21 Jean-Paul Lecomte est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Patricia Leclerc.
01:20:36 La déposition à la barre des experts en génétique qui ont établi la présence de son ADN a été déterminante.
01:20:42 Pour un expert, déposer à la barre, c'est un moment très particulier.
01:20:49 Parce que vous vous trouvez en face d'une personne mise en cause,
01:20:54 vous vous retrouvez devant des familles de victimes, vous vous retrouvez devant un juré populaire,
01:20:59 et vous n'avez pas le droit à l'erreur.
01:21:03 Sachant que des fois, on va peut-être essayer de le remettre en cause au travail,
01:21:07 donc il faut être serein. Il y a des experts qui peuvent passer un mauvais moment.
01:21:10 Il y a des procès, l'expert, chapeau ! Il faut y aller.
01:21:15 Car tout le défi, c'est d'exposer clairement leurs expertises à un public qui n'est pas scientifique.
01:21:26 Des magistrats, des jurés, des avocats.
01:21:32 S'ils n'y arrivent pas, tout leur travail n'aura servi à rien.
01:21:36 Un exercice de pédagogie auquel les experts de la gendarmerie sont régulièrement entraînés,
01:21:42 dans un vrai tribunal, sur de vrais dossiers.
01:21:45 Comme aujourd'hui, Damien Afoufa Bastien, le spécialiste des mouches.
01:21:50 Nous avons pu assister au tout début de la séance d'évaluation.
01:21:56 On connaît nos dossiers, c'est a priori pas le souci,
01:22:01 mais il y a une petite appréhension, c'est normal.
01:22:03 Il y a certaines questions auxquelles on ne pourra pas répondre,
01:22:06 des questions qui sortiront de notre domaine d'expertise,
01:22:09 les petits pièges de la défense éventuels, mais on ne les prévoit pas, on les attend.
01:22:13 La cour d'assises, c'est trois magistrats et des jurés.
01:22:18 Les jurés ont des professions très diverses.
01:22:21 Ils ne connaissent rien à la justice, rien à la technique ou à la science que vous vous représentez.
01:22:28 N'oubliez pas que la procédure à la cour d'assises, c'est une procédure orale.
01:22:32 Et ce qui est difficile, c'est que les jurés et les magistrats vont partir en délibéré
01:22:37 avec uniquement ce qu'ils auront noté.
01:22:40 Donc c'est vous qui, par la façon dont vous allez exposer les faits,
01:22:43 allez leur permettre de conserver l'important, l'essentiel.
01:22:48 Monsieur Afoufa, Damien Afoufa.
01:22:52 Bonjour Monsieur l'expert.
01:22:55 Bonjour Madame la Présidente.
01:22:57 Vous faites prêter serment, vous jurez d'exercer votre mission en votre honneur et votre conscience.
01:23:03 Levez la main droite et dites "je le jure".
01:23:05 Monsieur l'expert, nous vous écoutons.
01:23:07 Madame la Présidente, dans le cadre de ce dossier...
01:23:10 Le dossier évoqué pour l'évaluation est réel, toujours en cours d'instruction.
01:23:15 Nous ne pourrons donc pas en filmer plus.
01:23:24 Après sa condamnation pour le meurtre de Patricia Leclerc,
01:23:27 Jean-Paul Lecomte est à nouveau jugé, cette fois pour celui de Christelle Dubuisson.
01:23:33 Un énorme dossier.
01:23:35 Deux ans et demi d'expertise.
01:23:37 1507 scellés.
01:23:39 Parmi eux, la mobilette sur laquelle la terre a été prélevée.
01:23:44 Et la camionnette, où l'on a retrouvé des fibres de son survêtement.
01:23:51 Les deux éléments sans lesquels les experts scientifiques n'auraient pas pu déployer tout leur arsenal de recherche.
01:23:57 Je suppose que dans son optique, il ne voulait pas que le fourgon reste là.
01:24:02 Il voulait l'écraser, partir, nettoyer le véhicule, le remettre où il l'avait volé.
01:24:07 S'il n'y avait pas eu la découverte de ce fourgon, on n'aurait peut-être pas pensé à Jean-Paul Lecomte.
01:24:16 On n'aurait peut-être pas pensé.
01:24:21 Si cette affaire reste un cas d'école, c'est qu'elle a mis en lumière le travail de fourmis des experts.
01:24:27 Au bout de trois ans de persévérance, ils ont réussi à isoler parmi 688 fibres textiles, celles qui incriminaient le meurtrier.
01:24:38 Avec quelques fragments de terre, ils ont pu reconstituer le trajet de Jean-Paul Lecomte.
01:24:47 Face à ces éléments scientifiquement établis, celui qui avait toujours nié a soudain baissé la garde.
01:24:54 J'étais là-bas pendant plusieurs heures, mais il n'y a pas eu de moment de protestation de ce pas.
01:25:06 Lecomte est devant moi à 3-4 mètres et il n'a pas de réaction particulière.
01:25:13 Il ne pose pas de questions, il ne me demande rien.
01:25:17 Il m'a paru, de toute façon, abattu, mais il ne s'est pas du tout défendu, il n'a rien dit.
01:25:28 Verdict, Jean-Paul Lecomte sera à nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
01:25:39 La science ne permet jamais à elle seule de résoudre une affaire, mais elle est de plus en plus sollicitée.
01:25:50 Les 240 scientifiques de l'IRCGN se voient confier près de 600 000 expertises par an.
01:25:58 Un chiffre en constante augmentation.
01:26:03 Lecomte est un des plus grands scientifiques de l'IRCGN.
01:26:07 Il a fait partie de la première équipe de recherche de la science.
01:26:12 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
01:26:17 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
01:26:22 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
01:26:28 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
01:26:32 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
01:26:37 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
01:26:42 Il a été un des premiers à être en contact avec les scientifiques de l'IRCGN.
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