L'interview d'actualité - Laura Lebahr 

  • il y a 9 mois
Jean-Baptiste reçoit la psychanalyste Laura Lebahr pour aborder les bonnes résolutions de la nouvelle année ! 

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Transcription
00:00 Bonjour Laura Levar, merci d'être avec nous. C'est vrai que j'arrête de fumer, je vais me remettre au sport, je vais manger moins gras, je vais apprendre une nouvelle langue.
00:06 Pendant le réveillon hier soir, on est très nombreux à avoir pris plein plein plein de bonnes résolutions.
00:10 Ça existe depuis quand d'abord cette habitude de prendre des bonnes résolutions ?
00:14 Alors ça existe depuis très très longtemps. On en retrouve même des traces dans l'Antiquité chez les Babyloniens, mais ça se faisait à la Nouvelle Lune.
00:20 Après au XVe siècle, on appelait ça des décisions. Et enfin au XVIIIe siècle, il y a une signification que j'aime beaucoup,
00:27 on passait au thème de résurrection. Un peu comme un phénix qui renaît de ses cendres, des choix à faire,
00:33 pour pas que ça reste uniquement une résolution qui reste fictive et dans la pensée.
00:37 Et donc pourquoi c'est devenu le 1er janvier qu'on prend surtout de bonnes résolutions ? Parce qu'effectivement on pouvait les prendre à chaque pleine lune.
00:42 Alors ça, ça vient du XVIIIe siècle, en se disant "cette nouvelle année, j'enlève ce qui n'est pas bon pour moi, je prends soin de moi,
00:48 on se tourne vers se faire soin, mais finalement est-ce qu'on les tient vraiment ?"
00:51 Alors ça c'est toute la question, parce qu'effectivement on fait tous une liste.
00:54 Pourquoi cette idée de se dire "on va faire une liste, on va essayer de se tenir à des bonnes résolutions" et de s'obliger à se mettre des règles ?
01:01 Alors c'est très dogmatique, c'est-à-dire qu'il y a un côté très sociétal, on est tous là le 1er janvier à se dire
01:07 "ah, alors c'est quoi les résolutions que t'as prises ?" et on se sent presque obligés.
01:10 Il y a une pression un peu sociale.
01:12 C'est ça, une pression sociale. Et finalement il faut se concentrer sur la décision.
01:15 Vraiment ça c'est un choix. Tant que la résolution va rester un peu, pour le paraître, on n'est pas dans l'être.
01:22 Je ne suis pas recentrée sur moi, et à force de ne pas les tenir, je perds confiance en moi, et c'est un petit peu dommage.
01:27 Donc en ce 1er janvier, plutôt inciter ceux qui nous regardent à prendre des décisions qui les concernent,
01:32 et plutôt se tourner vers l'être que le paraître.
01:34 Oui, parce que quand on regarde les études, c'est assez hallucinant les chiffres.
01:36 Il y a une étude de 2019 qui montre que 85% des Français échouent à tenir à leurs bonnes résolutions.
01:41 Donc c'est un peu décourageant.
01:43 Alors justement, qu'est-ce qui va changer dans ceux qui tiennent vraiment ?
01:47 Ceux qui tiennent réellement, parce que c'est ça qui est intéressant, c'est pas leur profession,
01:50 c'est pas ce qu'ils font dans la vie, c'est vraiment des personnes qui vont se développer,
01:54 qui vont aller chercher tous les jours, mettre dans des actes.
01:57 Parce que finalement, on attend le 1er janvier.
01:59 J'arrête de fumer, mais je ne peux pas m'arrêter de fumer du jour au lendemain.
02:02 Par contre, je peux tous les jours me dire combien il va me falloir de réincarnation pour arrêter de mettre n'importe quoi dans mon corps.
02:07 Donc en fait, plutôt que de dire "je vais me remettre au sport", dites-le "non, je me mets au sport, là, aujourd'hui".
02:12 Non, mais faire une liste en fait, c'est-à-dire que tous les jours, un pas.
02:14 Aujourd'hui, je vais faire une minute, et puis demain, je vais peut-être en faire deux.
02:18 Et dans un mois, j'en ferai 30.
02:20 Et finalement, c'est un jour à la fois, poser des actes.
02:22 Ce que je conseille, c'est au lieu de faire une liste de résolution, c'est une liste de choix et de décision.
02:28 Qu'est-ce que je décide d'appliquer cette année, dans ma vie, ou en tout cas, au moins pour le mois en cours.
02:33 Parce que déjà, si ça tient jusqu'au 31 janvier, on est bien contents.
02:36 Et finalement, dans ce qui tienne, c'est surtout la rigueur, je pense.
02:38 Par exemple, prenons l'exemple d'arrêter de fumer.
02:40 C'est vrai que souvent, on se dit "bon allez, j'arrête de fumer".
02:42 Mais si on n'a pas vraiment envie, si c'est juste qu'on fait ça pour les autres, on a toutes les chances d'échouer.
02:46 Alors déjà, il faut arrêter de combattre la substance.
02:51 Finalement, le fondamental, ce n'est pas la substance.
02:53 Si j'arrête de fumer, mais que je compense par la nourriture et que j'ai du cholestérol, ça ne va pas aider à grand-chose.
02:57 C'est pas terrible, on peut essayer de faire les deux.
02:59 On va essayer d'éviter la frustration, on va essayer de s'améliorer.
03:02 De se dire "demain, comment je peux être un meilleur être humain ?".
03:04 Demain, comment je peux prendre soin de mon corps, qui me permet de faire agir ma pensée ?
03:09 Donc plutôt déjà de se dire "je vais réduire quelque chose" ou essayer de faire un peu mieux, plutôt que de mettre des objectifs intonables.
03:13 Juste prendre soin de moi, en fait.
03:15 C'est-à-dire, c'est comme la nourriture, la cigarette, l'alcool.
03:17 Se dire finalement "ce corps qui, tous les jours, me permet d'exister, me permet de travailler, me permet de prendre soin de mes enfants, de ma famille, me permet d'accomplir des choses,
03:25 est-ce que j'en prends soin ? Parce que sans lui, je ne peux pas faire grand-chose".
03:28 Et plutôt se tourner vers une pensée plus positive que vers une restriction et une frustration.
03:32 Parce qu'on se sent un petit peu obligé de prendre ces décisions.
03:35 La pression de l'extérieur, elle joue énormément sur les résolutions qu'on peut prendre au début d'année ?
03:38 On est dans une société où on est domestiqué.
03:41 C'est bien, c'est mal, t'es un gentil enfant, t'es une gentille fille.
03:45 Mais finalement, est-ce qu'on se demande ce qui est bon pour moi ou ce qui est mal pour moi ?
03:49 On voit des personnes qui fument toute leur vie, qui ne meurent pas d'un cancer des poumons, et des personnes qui meurent de cholestérol très jeunes.
03:54 À un moment donné, chaque personne est différente.
03:57 Et ce qui va être bon pour quelqu'un n'est pas forcément mauvais pour l'autre.
04:00 Il faut se tourner vers arrêter les dogmes et les jugements au profit de la bienveillance et de la liberté individuelle, je pense.
04:06 Et laisser chacun faire un peu ce qu'il a envie.
04:08 Comment on choisit justement la bonne résolution, celle qui va nous faire tenir et s'améliorer sur l'année 2024 ?
04:14 Je vais donner un exercice que je donne souvent, parce que je travaille sur l'inconscient.
04:17 Et celui qui a envie de le faire, il peut le faire, c'est très amusant.
04:19 C'est de fermer les yeux et de simplement écouter sa voix intérieure, ce qui vibre en soi.
04:24 Qu'est-ce qui est bon pour moi ?
04:26 En fait, c'est la seule boussole.
04:28 Finalement, le bonheur, c'est le point d'accomplissement entre ce que je désire et ce que je rencontre.
04:33 Mais c'est aussi la zone de sécurité.
04:35 Si je suis en survigilance ou en frustration, finalement, je ne suis jamais heureux.
04:38 Et le but de la vie, c'est chaque jour de se construire, de prendre soin de soi, de prendre soin des autres, de vivre avec l'autre.
04:44 Et c'est peut-être déjà la première résolution à prendre.
04:46 Et une fois qu'on a choisi justement sa résolution, qu'on a écouté sa voix intérieure,
04:49 comme vous nous dites, on fait quoi ? On fait un plan d'action pour les semaines et les mois qui viennent ?
04:52 Exactement. On fait un plan d'action.
04:54 Et si on se rend compte qu'on manque de rigueur, on se fait accompagner.
04:57 Mais la rigueur est la clé essentielle en développement personnel, en développement de soi, en connaissance de soi,
05:02 et pour accéder au bonheur, parce que finalement, c'est comme si je prends l'autoroute et je ne sais pas où je vais, je ne vais nulle part.
05:08 Donc, il faut un plan d'action parce que la pensée va engendrer mon émotion, qui va engendrer mon action, qui va engendrer ma réalité.
05:14 Donc, si ma pensée, elle est dans la frustration, ma réalité, elle est dans la frustration.
05:17 Si ma pensée, elle est tournée vers l'action positive, ma vie, elle est dans l'action positive.
05:21 Le plan d'action aussi, parce que le but, ce n'est pas, si on se met au sport par exemple, d'aller courir une fois ou deux une heure,
05:26 c'est de faire quelque chose d'assez régulier.
05:28 Quelque chose déjà de réaliste.
05:30 De réaliste, voilà.
05:31 Déjà de réaliste.
05:32 Qui nous corresponde.
05:33 Exactement. Il est évident que si vous prenez, voilà, j'ai un ado à la maison, je lui ai demandé d'aller courir une heure avec moi,
05:38 aucune chance, d'accord ?
05:40 Une fois peut-être pour vous faire plaisir et encore.
05:42 Voilà, pour moi qui cours tous les jours, ce n'est pas la même histoire.
05:44 Donc, effectivement, il y a une question de où on en est dans le curseur.
05:48 Donc, vraiment déjà avoir une vision réaliste de l'estime de soi, et ce n'est pas grave, sans se juger et en se jugeant favorablement.
05:53 Là, aujourd'hui, je n'ai pas fait de sport, on va se dire, depuis cinq ans, d'accord ?
05:57 Si je vais courir une heure, ça arrive, ce n'est pas grave.
05:59 L'essentiel, c'est de voir, là, c'est d'aller de l'avant.
06:02 Aujourd'hui, je choisis de prendre soin de mon corps, donc je mets un plan en place, petit un, petit deux, jour trois, jour quatre,
06:08 et tous les soirs, je fais le bilan.
06:10 Est-ce que j'ai tenu ? Est-ce que je n'ai pas tenu ?
06:12 Qu'est-ce qui a fait qu'elle a été la pensée qui m'a empêchée de le faire ?
06:15 Comment, demain, je me construis pour être meilleure, pour être meilleure pour moi et pour les autres ?
06:19 Ce qui va vous permettre de tenir, effectivement, sur la durée.
06:21 Et surtout, ce qui va permettre de gagner en confiance en soi.
06:24 Parce que la majorité de mes consultations dans l'année, c'est "je n'ai pas tenu mes résolutions, je n'ai pas confiance en moi".
06:29 Mais, en fait, si on n'a pas confiance en soi, c'est parce qu'on n'est pas dans l'action.
06:32 C'est que, finalement, comme vous le disiez au début, on a l'impression que c'est un échec.
06:36 Mais il n'y a pas d'échec, il n'y a que de l'expérience.
06:38 Si vous vous mettez une liste intenable, forcément, vous allez avoir un sentiment d'échec à la fin.
06:41 C'est sûr. Et ce n'est pas le but.
06:43 Le but de l'année, c'est qu'elle soit positive, c'est qu'elle soit radieuse, c'est qu'elle soit lumineuse.
06:47 Et c'est surtout qu'elle soit remplie de victoire.
06:49 Et vous, Laura Lebar, votre bonne résolution pour 2024, vous en avez fait ?
06:52 De devenir meilleure chaque jour, en tout cas, je l'espère, et de savoir vivre avec l'autre.
06:56 Et de pouvoir diffuser, en tout cas, quelque chose de positif.
06:59 Voilà, un message positif, d'optimisme.
07:01 Et puis, ce n'est pas grave si on n'arrive pas à toutes les tenir.
07:03 On est plus raisonnable, réaliste.
07:05 On est réaliste et puis, il faut lâcher un peu cette notion de dogme, de jugement de l'autre,
07:09 de regard de l'autre, pour s'accomplir soi-même, en fait.
07:12 Pas trop de pression des autres, en tout cas, en 2024.
07:15 Merci beaucoup, Laura Lebar, d'être venue nous voir dans TéléMata, ce 1er janvier.

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