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ÉducationTranscription
00:00 J'ai commencé à boire à 14 ans, je finis par me réveiller tout seul dans la rue sans savoir où je suis.
00:04 Aujourd'hui ça fait plus de 8 ans que j'ai pas pris une goutte d'alcool.
00:07 Ce qui est dingue c'est que l'alcool c'est peut-être la seule drogue où l'on a besoin de se justifier, ne pas en prendre.
00:13 J'ai découvert l'alcool vers mes 14 ans.
00:15 Mon pote il me dit "écoute on va boire dans la rue avant d'arriver à la soirée"
00:19 parce que j'ai des potes plus âgés et c'est comme ça que j'ai l'habitude de faire.
00:22 Moi j'ai pas du tout envie de me sentir exclu par le groupe et donc je dis oui.
00:26 Dès cette première soirée alcoolisée, je n'ai plus jamais su faire la fête sans boire.
00:30 Lors de cette phase de défonce avant d'arriver en soirée, je commence à cacher ma bouteille à côté de moi près du canapé
00:36 pour pas qu'on touche à ma dose.
00:37 Je vais simuler des envies d'aller aux toilettes et de boire au goulot en me servant dans le frigo
00:41 des bouteilles de vodka, à prendre des gorgées et gouluments.
00:43 J'ai commencé à cacher des bouteilles dans ma chambre, j'ai commencé à me retrouver seul dans des parcs
00:47 et à boire mes canettes tout seul et en mentant par message où j'étais.
00:51 Progressivement je commence à boire plus tôt, finir plus tard.
00:55 Ensuite à boire le vendredi, ensuite à boire le mercredi après les cours.
00:58 Pour me procurer de l'alcool jusqu'à mes 18 ans c'était assez simple.
01:02 Dans des épiceries, je n'ai jamais eu à montrer ma carte d'identité.
01:05 La première fois que j'ai eu à montrer ma carte d'identité, c'était majeur.
01:09 J'ai découvert dans l'alcool un liquide qui allait panser mes angoisses.
01:12 L'alcool me permettait d'être quelqu'un d'autre, d'être drôle, ne pas avoir peur d'approcher les filles,
01:17 de pouvoir danser.
01:18 Ça me permettait de masquer mes angoisses, de masquer ma sensibilité, ma timidité.
01:23 Vers 20 ans, 21 ans, j'étais soit en période d'ivresse, soit en train de récupérer.
01:27 Et ça a eu de gros impacts négatifs, notamment la déscolarisation.
01:31 Et puis il y a eu d'autres impacts négatifs comme me mettre dans des situations très très dangereuses.
01:35 Je finis par me réveiller tout seul dans la rue, sans savoir où je suis, sans savoir comment je suis arrivé là.
01:40 Je me réveille dans le métro, je me réveille dans des lits d'inconnus.
01:43 Et puis je reste dans ma bulle.
01:44 Il n'y a aucune connexion à l'autre.
01:46 Je ne me souviens pas de ce qu'on me dit, je ne me souviens pas de ce que mes potes font.
01:49 Il faut savoir que l'alcool est un dépresseur.
01:51 Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'alcool ne détend pas du tout.
01:54 Donc ça nourrit les angoisses, ça nourrit les états dépressiogènes.
01:57 Comme d'autres impacts négatifs, j'ai connu la grande solitude.
02:01 Je suis de moins en moins invité parce que les gens ont peur de comment je vais être.
02:04 Ils ont peut-être un peu honte, donc ils me proposent moins.
02:07 J'ai arrêté à l'âge de 24 ans.
02:09 Je n'ai pas réussi du premier coup.
02:11 Je pouvais m'arrêter pendant peut-être 5 jours, 6 jours, une semaine grand max.
02:15 Et là, je me disais "mais attends, un alcoolique c'est quelqu'un qui boit tous les jours, donc tu n'es pas un alcoolique".
02:19 Et quand je recommençais, je ne savais pas me contrôler.
02:22 Et heureusement, c'est ma maman qui a participé à beaucoup de prises de conscience
02:25 et qui m'a proposé d'aller aux alcooliques anonymes qui m'a tendu cette bouée de sauvetage.
02:29 Aujourd'hui, ça fait plus de 8 ans que je n'ai pas pris une goutte d'alcool.
02:33 Aujourd'hui, je me souviens de ma vie.
02:34 C'est tellement précieux en fait.
02:36 Je vois les choses, je ressens les choses.
02:38 J'arrive à être un peu plus responsable, fiable.
02:41 Ce qui a été compliqué, c'est de vivre dans une société imbibée d'alcool.
02:44 Où en fait, même à 24 ans, tout le monde sort et à chaque fois, il y a de l'alcool dans ces réunions.
02:49 J'avais très peur qu'on ne m'aime plus, somme.
02:51 Je garde auprès de moi mes véritables amis qui me font sentir à ma place,
02:55 qui ne me proposent pas.
02:56 Parce que c'est vrai que j'ai eu dans ma vie des personnes qui m'incitaient.
02:59 Par exemple, des serveurs qui me disaient que j'étais chiant, que j'étais con,
03:02 que je devais faire pareil que les autres.
03:03 Ce qui est dingue, c'est que l'alcool, c'est peut-être la seule drogue
03:06 où l'on a besoin de se justifier, ne pas en prendre.
03:09 La peur, la colère, la frustration, tout ça me donne envie de boire.
03:13 Quand je me sens trop seul aussi, ça me donne envie de boire.
03:15 C'est lourd, c'est difficile.
03:17 Je vous promets que ça vaut le coup.
03:18 Je vous promets que c'est possible.
03:20 Ça vaut le coup de retrouver goût à la vie.
03:22 Le dry January, c'est d'avoir comme une expérience.
03:24 Tant qu'on boit, on ne pourra pas se rendre compte si l'arrêt est difficile.
03:28 Pourquoi est-ce que je bois ?
03:30 Quelle est la place qu'occupe l'alcool dans ma vie ?
03:32 Ça, c'est des questions qu'on pourrait tous se poser.
03:34 Qu'on soit dépendant, pas dépendant, vieux, jeune.
03:37 Ça peut être pour tout le monde.
03:38 *BIP*