La bande de “Julie jusqu’à minuit” réagit au décret qui permet la suppression du droit aux allocations chômage pour les travailleurs ayant refusé deux fois un CDI après un CDD ou une mission d'intérim.
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00:00 Safia, à votre tour de prendre le pouvoir avec ce gros changement pour les salariés qui touchent l'indemnisation chômage.
00:08 Depuis ce lundi, refuser un contrat à durée indéterminée, refuser un CDI pourrait avoir de lourdes conséquences.
00:15 À la fin de leur CDD, les salariés qui refuseront de CDI ou contrat d'intérim en l'espace d'un an ne pourront plus percevoir l'indemnisation chômage.
00:26 Certains diraient que c'est du bon sens.
00:28 Absolument pas, je pense que c'est plutôt un vol déguisé des travailleurs.
00:32 Parce que quand on parle d'assurance chômage, on parle de cotisation.
00:35 C'est-à-dire, et je le dis aux personnes qui travaillent, d'un salaire différé.
00:38 Nous payons nos cotisations, elles sont mises dans une assurance chômage, et là c'est mis sous condition.
00:43 Une restriction des libertés, il faut le dire, c'est une attaque sans précédent de la liberté des travailleurs sur leur choix de salaire, de mission, des conditions de travail.
00:52 C'est absolument aberrant.
00:53 Et je le dis par contre, vous savez, vous me connaissez sur le plateau, j'ai l'habitude de travailler très souvent, de parler souvent des travailleurs précaires.
00:59 Là en réalité, ça va toucher tous les travailleurs.
01:01 Notamment une certaine génération de jeunes cadrans Stan Smith, si je vais un peu vous faire rigoler,
01:06 qui en fait se pose des questions sur son avenir, sur les bullshit jobs, sur est-ce qu'elle continue en fait ses carrières et ses conditions de travail qui lui sont proposées.
01:15 C'est l'ensemble du camp des travailleurs qui est en réalité attaqué.
01:18 Puis vous savez, j'ai fait mes petites recherches, j'ai un peu gratté.
01:21 C'est intéressant puisque les premières personnes qui ont fait ces propositions-là de restriction de droit des libertés sur le choix au travail, de contrat et de mission, c'est l'extrême droite.
01:31 C'est Marine Le Pen qui, elle, avait conditionné en fait le fait de changer, de ne plus avoir accès aux allocations chômage si on refuse un seul CDI.
01:42 Pour le Modem, c'était au bout de trois CDI.
01:46 Donc en fait, Emmanuel Macron, c'est encore une fois avec son gouvernement, la politique du en même temps et d'une espèce de politique d'extrême droite sociale un peu édulcorée.
01:54 Olivier Vial, vous voyez sourire.
01:57 Non, pas sourire, parce que convoquer l'extrême droite à chaque fois qu'on a une réforme...
02:01 C'est Marine Le Pen qui a fait la première de cette proposition quand même.
02:04 La question du conditionnement des aides au chômage, c'est un débat qu'on a depuis plus de 20 ans et bien avant Marine Le Pen.
02:12 Et elle se pose cette question parce qu'effectivement, il y a aujourd'hui des secteurs entiers où on a du mal à trouver des personnes.
02:20 On a effectivement des gens qui changent de plus en plus régulièrement d'emploi et c'est souvent ni bon pour l'entreprise, ni bon pour eux.
02:30 Donc il y a aussi cette question-là.
02:31 Et à un moment donné, il va falloir avoir la question de l'adéquation entre les besoins du marché du travail et...
02:36 D'autant plus, parce que j'ajoute quand même une petite information, la fameuse proposition de CDI, en l'occurrence, doit quand même répondre à certains critères.
02:44 C'est-à-dire que l'offre, elle doit correspondre à peu près au même type d'emploi que la personne occupe déjà, au même lieu de travail, à la même durée de travail
02:52 et également à un salaire au moins équivalent à celui perçu pendant le CDD.
02:57 On n'est pas non plus dans quelque chose qui est extrêmement...
02:58 C'est cadré quand même.
02:59 C'est assez cadré.
03:00 Et il y a cette volonté-là aujourd'hui de retrouver un petit peu, parce qu'on a plein de secteurs où effectivement des gens ont quitté l'entreprise, se sont mis à chercher.
03:08 Il y a de plus en plus de gens qui sont en freelance et ça a beaucoup changé depuis le Covid et aujourd'hui, ça pose des problèmes à l'économie.
03:15 Donc il y a aussi cette question-là de savoir s'il ne faut pas avoir une meilleure allocation des ressources humaines.
03:20 Et cette question se pose.
03:21 La freelance, c'est différent.
03:22 Ça ne s'adresse pas tellement à la freelance.
03:23 Moi, je pense que c'est aussi une façon de responsabiliser un peu les gens.
03:27 Aujourd'hui, quand on veut embaucher dans tous les secteurs d'activité, c'est devenu extrêmement difficile de trouver de la main d'oeuvre, de la main d'oeuvre qualifiée, des gens qui veulent travailler véritablement.
03:40 Tout le monde vous le dit dans tous les domaines.
03:42 Donc c'est aussi une façon de dire, écoutez, il y a un moment, il faut se retrousser les manches et puis il faut accepter aussi de bosser.
03:49 Et surtout que c'est assez encadré.
03:51 Donc je trouve que ce n'est pas une mesure qui est...
03:53 Mais c'est l'argent des gens tout de même.
03:55 C'est l'argent des gens et puis les gens travaillent dans ces temps d'inflation, en fait.
03:58 Oui, mais en même temps, d'expliquer qu'au bout de deux CDI, il est temps d'accepter...
04:02 Il faut peut-être changer les conditions de travail et des salaires.
04:05 Non, ce n'est pas ça, puisque c'est encadré.
04:07 Puisque justement, c'est encadré.
04:08 Oui, mais ça ne suffit pas.
04:10 En tout cas, moi, de mon point de vue, c'est une façon aussi de faire avancer le marché du travail et de responsabiliser.
04:16 Parce qu'il y a quand même une forme de laxisme aujourd'hui dans ce marché du travail qui propose.
04:26 Il y a des offres et malheureusement, on s'aperçoit que quand on est employeur, on a beaucoup de difficultés.
04:33 On s'interroge, on se dit mais quand même, tous ces gens qui sont au chômage et on n'arrive pas à embaucher.
04:39 Et c'est le cas dans tous les domaines d'activité.
04:41 Ce qui est dit derrière cette nouvelle règle, c'est que certaines personnes qui touchent au chômage sont de mauvaise foi.
04:47 C'est ça derrière ?
04:47 Oui, il y a une chasse, un phénomène marginal mais réel qui est le chômage de confort.
04:53 Moi, je viens d'une région touristique où une pratique assez courante, c'est de travailler quatre mois pendant la saison d'été,
04:58 quatre mois pendant la saison d'hiver et puis quatre mois de chômage entre les deux.
05:01 C'est à dire...
05:01 Dans quelle région, vous, déjà ?
05:02 La Haute-Savoie.
05:03 C'est à dire 16 semaines de congés payées, payées par les autres, payées par le droit à la location,
05:08 puisque j'ai travaillé deux fois quatre mois.
05:09 Ça a d'ailleurs déjà été réformé par l'assurance chômage.
05:11 On lutte contre ça, mais c'était un phénomène réel.
05:14 On n'a pas de droit à, on a le droit de.
05:16 On a le droit d'attendre la solidarité quand on est vraiment dans le pépin.
05:19 Mais quand on nous propose des choses acceptables, avec des conditions précises,
05:24 on a l'obligation de les accepter parce qu'on doit justement participer du financement de cette solidarité collective
05:28 qui un jour nous bénéficiera si on a un vrai pépin.
05:31 Alors, bien entendu, il faut augmenter les salaires.
05:33 On a un vrai problème de salaire dans ce pays.
05:34 Si les gens refusent des CDI, ce n'est pas par fainéantise ou par mauvaise foi.
05:38 C'est aussi parce que quand ils se disent va falloir que je m'habille, que je me transporte.
05:41 Est ce que j'ai vraiment intérêt à prendre ce CDI vu comme il est payé avec les contraintes horaires, le chef, les sous-chefs.
05:46 Donc, il faut rendre les CDI plus attractifs, notamment à travers le salaire, mais pas seulement.
05:50 Mais il faut aussi responsabiliser les gens.
05:52 Est ce qu'on est là dans quelque chose de juste ?
05:54 Peut être pas. On va sans doute encore tâtonner et ce sera l'objet d'autres campagnes.
05:58 Mais vraiment, il faut redire à ce pays, outre la nécessité de faire un énorme effort collectif
06:03 parce qu'on a devant nous des moments difficiles, de passer du droit à au droit de.
06:08 Chacun en se regardant dans la glace.