• il y a 11 mois
À 99 ans, elle a choisi de quitter la Côte d’Azur pour retourner en Ukraine. Après dix-huit mois passés en France, elle veut mourir chez elle. Notre reporter, membre de sa famille,
l’a accompagnée dans cette odyssée extraordinaire.

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00:00 Valentina Khmelik est née il y a 99 ans à Dnipro, l'une des grandes villes ukrainiennes,
00:06 à l'époque en plein cœur de l'empire soviétique.
00:09 C'est la grand-tante de mon mari.
00:11 Valentina est une femme décidée, encore un roc malgré son grand âge.
00:15 La guerre l'a fait fuir son pays, il y a deux ans, et elle nous avait rejoints en
00:21 France.
00:22 Elle vivait à Kavaler, chez ma belle famille, un refuge où coulaient ses vieux jours d'anciennes
00:26 professeurs de français.
00:27 Mais récemment, elle a décidé de rentrer en Ukraine.
00:31 La douceur de la Méditerranée, les Sky pendant plus finir avec ceux restés là-bas, la guerre
00:36 vécue par procuration, tout ça n'avait plus de sens.
00:39 Malgré les difficultés que présentait un tel voyage, elle a choisi de s'arracher
00:43 à son rêve de retraite en bord de mer, pour retourner là où elle est née.
00:47 Et ce n'est certainement pas Poutine et ses manières de petits kajibistes, comme
00:51 elle l'appelle, qui allaient l'en empêcher.
00:53 En ce début du mois de décembre, elle a entrepris son périple.
00:56 Une odyssée.
00:57 Une amie de vieillesse, Nina, et son fils, Sacha, ont promis de l'accueillir à Dnipro
01:01 et de veiller sur elle.
01:03 Et moi, j'ai embarqué avec elle dans ce voyage qui a duré 24 heures, 3000 kilomètres.
01:07 Une odyssée a pas compté de vieilles dames un peu sourdes, à rebours des millions de
01:12 ses compatriotes qui ont fui leur pays.
01:14 Valentina a enduré chaque étape sans une plainte.
01:18 Je ne suis pas fatiguée, je ne suis pas… C'est normal.
01:24 De demi fatiguée.
01:26 De demi fatiguée, d'accord.
01:29 "Je suis un soldat", me dit-elle.
01:31 Il faut dire qu'elle en a traversé des tempêtes.
01:34 Deux guerres, une déportation, les heures sombres du stalinisme et l'holodomor, la
01:39 grande famille de 1933.
01:40 Une histoire ukrainienne, à elle seule.
01:43 Et nous avons voyagé pendant 17 heures pour traverser le pays d'ouest en est, une longue
01:47 complainte à travers des paysages enneigés.
01:49 Sur le quai, Sacha Ella, massif, émit aux larmes un bouquet de fleurs à la main.
01:57 C'est lui qui nous avait aidé à exfiltrer celle qu'il considère comme sa grand-mère
02:01 au début de l'offensive russe.
02:03 Ella, il la ramène à travers la ville, vers son vieil immeuble en briques rouges.
02:07 Au premier étage, nous arrivons devant la porte de son coquet appartement.
02:19 Valentina s'écroule en sanglots.
02:21 Au cours de son exil français, Valentina a souvent confié le désir de pouvoir se
02:37 recueillir une dernière fois sur la tombe de son père.
02:39 C'est en réalité la véritable raison de son retour au pays.
02:44 Mais la presque centenaire a finalement renoncé à arpenter ce vieux cimetière de la ville
02:48 qui n'en finit pas de grossir.
02:50 A côté de la tombe de son père, s'est construit depuis deux ans un labyrinthe de
02:54 sépultures fraîchement creusées, un soutenable miroir du carnage à l'oeuvre.
02:58 [Musique]

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