ÉDITO - "Ce qui prime pour Emmanuel Macron, c'est une loyauté sans faille" de son Premier ministre

  • il y a 7 mois
Alors qu'un remaniement gouvernemental est attendu dans les prochains jours, le président Emmanuel Macron a choisi de prendre son temps. L'incertitude demeure sur le maintien ou non d'Élisabeth Borne.
Transcript
00:00 Le remaniement, évidemment, ça spécule beaucoup.
00:03 Depuis 4 ou 5 jours maintenant, le président de la République
00:06 compte tenir d'entretenir le suspens sur l'éventuel,
00:10 je dis bien éventuel, successeur à Elisabeth Borne.
00:13 C'est quoi un bon Premier ministre pour Emmanuel Macron ?
00:15 Visiblement, ce n'est pas facile.
00:16 En tout cas, ce n'est pas facile à trouver, vu le mal de chien
00:18 qu'a le président à désigner un, peut-être une,
00:22 on verra, nouveau ou nouvelle Premier ministre.
00:24 En théorie pourtant, c'est assez simple.
00:26 Un bon Premier ministre, c'est d'abord un chef de guerre,
00:28 parce qu'on l'oublie souvent, mais il y a une bataille à mener.
00:30 Il y a des élections dans 6 mois, les élections européennes,
00:32 et le parti présidentiel est distancé dans les sondages
00:34 par le Rassemblement national, il pourrait même se faire talonner
00:36 par le Parti socialiste, donc c'est un chef de guerre.
00:38 Ensuite, c'est un chef de chantier, capable de mener les réformes,
00:41 de transformer le pays, quelqu'un qui maîtrise à la fois
00:44 les enjeux, les dossiers, bref, quelqu'un qui détermine
00:47 et conduit la politique de la nation, ça, c'est ce que dit la Constitution.
00:51 Enfin, c'est un chef d'orchestre, capable de trouver,
00:53 voire d'élargir une majorité réduite aux acaies,
00:56 on le sait depuis les législatives de 2022,
00:58 on a vu l'an dernier combien l'exercice était difficile,
01:01 capable aussi de faire travailler un gouvernement ensemble,
01:03 de se faire respecter par ses propres ministres,
01:05 bref, c'est donc un chef tout court, doté à la fois d'un sens
01:08 et d'un capital politique aiguisé, capable de se faire entendre
01:10 et comprendre des Français.
01:11 - Quand on vous écoute, tout ça plaide plutôt pour un poids lourd.
01:14 - Oui, un poids lourd comme Bruno Le Maire, par exemple.
01:16 Le problème, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de poids lourds en Macronie,
01:18 que les poids lourds, ils ont des ambitions,
01:20 et que ça, Emmanuel Macron n'en veut surtout pas,
01:22 parce qu'un poids lourd qui fixerait un cap, non, le cap,
01:24 c'est le président qui le fixe.
01:26 Ce qui prime pour Emmanuel Macron, c'est d'abord une loyauté sans faille,
01:29 donc un vieux compagnon de route, par exemple,
01:31 ou quelqu'un qui lui devrait tout,
01:33 comme Édouard Philippe en son temps, ou Jean Castex, par ailleurs.
01:36 L'objectif pour ce nouveau Premier ministre,
01:38 c'est de surtout pas faire de l'ombre au président de la République,
01:42 parce qu'on sait qu'Emmanuel Macron n'aime pas la concurrence en la matière.
01:45 On se souvient qu'Édouard Philippe avait été parti
01:47 au moment où il commençait à prendre de l'ampleur.
01:50 Sous Emmanuel Macron, en fait, les premiers ministres,
01:51 ils ont été cantonnés à un statut d'exécutant scrupuleux,
01:55 voire de collaborateurs, comme disait Nicolas Sarkozy.
01:57 Les deux noms qui circulent depuis quelques jours,
02:00 du coup, comme Julien Denormandie, qui est un fidèle,
02:02 il fut le directeur adjoint de cabinet d'Emmanuel Macron
02:04 quand il était ministre,
02:06 il a été ensuite ministre du Logement et de l'Agriculture,
02:08 ou celui du ministre de la Défense Sébastien Lecornu,
02:10 qui est venu de la droite, mais qui a réussi à s'imposer dans le premier cercle.
02:13 Eh bien ça, pour le coup, ça serait un profil type collaborateur.
02:16 Mais pardon, Elisabeth Borne doit aller demain dans le Pas-de-Calais,
02:19 c'est ce que disait Matignon hier.
02:21 Oui, et si on en croit nos confrères de l'opinion,
02:22 il y aura même un conseil de défense demain matin.
02:24 Donc, dans le mois, elle peut rester première ministre ?
02:26 Oui, en théorie, elle le peut tout à fait.
02:27 En juillet dernier, d'ailleurs, beaucoup la donnait partante,
02:29 puis elle est finalement restée.
02:30 Maintenant, est-ce qu'elle serait armée pour la suite
02:33 après une année qui a été quand même particulièrement éprouvante ?
02:35 Certes, elle a mené à bien ce que lui avait fixé le président de la République,
02:38 elle a fait voter 60 textes environ,
02:41 mais elle s'est quand même fait avoir deux fois,
02:42 sur les retraites et sur l'immigration, par les LR.
02:45 Elle a fait 23, 49, 3.
02:47 Elle est quand même assez fatiguée.
02:48 Et puis surtout, si c'est pour la garder,
02:50 à quoi bon l'affaiblir tous les six mois
02:51 en mettant en jeu son poste comme ça pendant quelques jours,
02:55 voire quelques semaines, et puis la conserver ?
02:58 C'est prendre le risque que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
03:00 Que se passera-t-il après les européennes dans six mois ?
03:02 Merci Mathieu.

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