• il y a 10 mois
Mardi 9 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Stephane Déo (Senior Portfolio Manager, Eleva Capital) , Léa Dunand-Chatellet (Gérante et directrice de l'investissement responsable, DNCA Investments) , Frederik Ducrozet (Responsable de la recherche macro, Pictet Wealth Management) et Yann Cordier (Gérant de portefeuilles, Alphajet Fair Investors)

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Transcription
00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour,
00:13 du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition.
00:16 Si vous nous suivez en direct, à retrouver en replay chaque soir sur bsmart.fr
00:20 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir,
00:25 des marchés qui restent dans une phase de digestion après le rallye monstre de novembre et de décembre.
00:32 Ce rallye généralisé sur la partie obligataire, sur la partie action,
00:37 qu'il faut bien digérer et c'est ce qu'on observe depuis le début de cette année 2024
00:42 avec des mouvements de marché relativement sans grande tendance.
00:46 Le CAC 40 tourne autour de 7400 points encore ce soir avec une petite baisse à la clé.
00:51 Les détails et les infos clés de cette séance en cours dans un instant avec Pauline Grattel.
00:57 Au démarrage d'une semaine qui sera marquée à nouveau par des chiffres macroéconomiques importants
01:03 après l'emploi américain la semaine dernière,
01:05 nous aurons le rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis pour le mois de décembre
01:09 qui sera publié ce jeudi et qui permettra de valider ou non la poursuite du phénomène de désinflation
01:15 qu'on a observé tout au long de 2023.
01:18 Et puis l'autre gros morceau qui attend les investisseurs ce sont les résultats d'entreprises.
01:22 Résultats de l'exercice 2023 avec des publications qui vont commencer dès ce vendredi aux Etats-Unis
01:28 par les grandes banques américaines, JPMorgan, Citigroup, Wells Fargo, BlackRock également dans le secteur financier
01:35 font partie des entreprises qui publieront leurs résultats annuels ce vendredi
01:40 et offriront peut-être des perspectives, le maximum de perspectives aux investisseurs.
01:45 En tout cas ce pilier micro sera évidemment très important pour les investisseurs et les marchés actions
01:50 notamment dans cette phage un peu de patinage.
01:53 Discussion à suivre avec nos invités de Planète Marché dans un instant
01:56 et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique,
01:58 nous nous focaliserons sur le thème de l'hydrogène entre promesses, fantasmes, mythes, réalité,
02:05 où en est-on de la technologie hydrogène en matière de vecteurs énergétiques,
02:10 en matière peut-être de carburants futurs.
02:13 Nous en parlerons avec un spécialiste qui analyse ce secteur depuis plusieurs années maintenant
02:17 et qui a même lancé une nouvelle stratégie tournée vers l'hydrogène,
02:22 c'est Yann Cordier d'AlphaJet Fair Investors qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:37 Avant d'entamer notre discussion de marché, les infos clés du jour, c'est avec Pauline Grattel dans Smart Bourse sur Bsmart.
02:44 La Bourse de Paris est ancrée dans le rouge aujourd'hui et a totalement effacé ses gains d'hier
02:50 dans la perspective de la publication très attendue de l'inflation aux Etats-Unis ce jeudi pour le mois de décembre.
02:57 Dans les indicateurs du jour, on retient la publication des chiffres du chômage en zone euro.
03:02 Le chômage a baissé pour le mois de novembre à 6,4% contre 6,5% en octobre selon Eurostat
03:10 pour retomber à son plus bas historique.
03:13 Les investisseurs ont aussi pris connaissance des chiffres de la production industrielle en Allemagne
03:18 qui reculent de manière inattendue sur le mois de novembre, -0,7% par rapport au mois précédent.
03:24 Il s'agit donc du sixième mois de baisse consécutif.
03:28 Outre-Atlantique, le déficit commercial s'est réduit à 63,2 milliards de dollars en novembre
03:34 contre 64,5 milliards le mois précédent.
03:38 Du côté des valeurs, aujourd'hui, Trigano, le roi du camping-car, a publié un chiffre d'affaires en hausse
03:44 de quasiment 20% au premier trimestre.
03:47 L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 931,6 millions d'euros.
03:52 Le titre progresse autour des 3%.
03:55 Le titre de Griffalls s'effondre au stock 600 d'environ 30%
04:00 après la sortie d'un rapport de Gotham City Research dénonçant des manipulations comptables
04:06 visant à minimiser le montant de sa dette.
04:09 Le groupe biopharmaceutique espagnol a réfuté ces accusations,
04:13 mais cela n'a pas empêché le titre de sombrer aujourd'hui.
04:17 ST Microelectronics s'est en baisse également d'environ 2%
04:21 et plus globalement les valeurs du secteur des semi-conducteurs
04:24 après que plusieurs concurrents, dont Samsung, ont averti d'une baisse prochaine de leurs bénéfices.
04:30 Enfin, on note que Téléperformance est en baisse d'environ 4% aujourd'hui
04:34 après l'annonce d'une réorganisation de la gouvernance.
04:38 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur les marchés
04:42 et c'est Pauline Grattel qui nous accompagne sur Bsmart.
04:45 *Générique*
04:55 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
04:59 Léa Dunanchâtelet est à nos côtés, directrice de l'investissement responsable de DNCA.
05:02 Bonsoir Léa.
05:03 Bonsoir Grégory.
05:04 Merci d'être là. Merci à Stéphane Déo de nous accompagner également.
05:06 Bonsoir Stéphane.
05:07 Bonsoir.
05:08 Vous êtes gérant senior chez Eleva Capital.
05:09 Et à nos côtés enfin, Frédéric Ducrozet.
05:11 Bonsoir Frédéric.
05:12 Bonsoir Grégory.
05:13 Merci de nous accueillir dans ce studio.
05:15 Vous êtes responsable de la recherche macro de PICTE, Wealth Management.
05:18 Parlons macro peut-être pour entamer cette discussion.
05:21 Frédéric, Stéphane, je me tourne vers vous.
05:23 Vous êtes toujours une casquette d'économiste, pas très loin Stéphane.
05:26 Frédéric, quand on prend les scénarios un peu consensuels pour les Etats-Unis et l'Europe,
05:30 donc le consensus nous dit soft landing aux Etats-Unis,
05:33 nous dit médiocrité continue en Europe, atonie de la croissance,
05:38 comment est-ce qu'on réfléchit aux risques qui sont attachés à ces scénarios ?
05:42 On a le sentiment quand même que les risques attachés aux scénarios de soft landing américains
05:45 ne sont pas tout à fait les mêmes que les risques attachés aux scénarios de médiocrité européenne.
05:50 C'est vrai.
05:51 La surprise par rapport à ce consensus, qui est quand même relativement fort en début d'année sur ces deux aspects,
05:56 est différente par nature.
05:58 Mais je dirais que maintenant qu'on a enclenché le mouvement de désinflation,
06:02 ce charge de la preuve aussi a changé un petit peu.
06:04 Donc je pense que le marché est vraiment focalisé sur le calendrier, le rythme des baisses de taux.
06:08 Plus personne n'attend des hausses de taux, c'est un fait.
06:11 Il faudrait vraiment une grosse surprise à la hausse pour changer ce scénario-là, sur l'inflation en tout cas.
06:18 Sur le marché du travail américain, pareil, on a des bonnes surprises, en tout cas sur les chiffres d'ensemble.
06:23 On n'a pas de cassures.
06:25 Mais ce que je note, et notamment dans les minutes de la dernière réunion de la Fed,
06:28 c'est cette crainte de la non-linéarité.
06:31 Ce n'est pas un ajustement, sur l'inflation c'est peut-être différent,
06:34 mais sur le marché du travail c'est quelque chose qui n'est pas linéaire,
06:36 qui n'est pas en ligne droite, qui peut se faire de manière tout d'un coup plus soudaine.
06:40 Le risque, en tout cas, s'il n'est pas élevé, il n'est pas pricé.
06:43 On surveille ces deux aspects de notre côté.
06:46 Oui, il y a un potentiel de baisse de taux, peut-être même plus rapide à terme si l'inflation ralentit,
06:50 mais le vrai risque par rapport au consensus, il est plutôt à la baisse sur la croissance, selon moi,
06:55 compte tenu du consensus qu'on a en début d'année.
06:58 Très intéressant. C'est plutôt le risque d'avoir un atterrissage moins doux que prévu aux Etats-Unis,
07:02 qui prévaut selon vous, Frédéric ?
07:04 Je pense, et encore une fois, à partir du moment où on a une montée du taux de chômage,
07:07 qui est pour l'instant très modeste, qui a même reculé légèrement,
07:10 qui est aussi driveée par des facteurs plus structurels,
07:14 donc tout ça est un petit peu encore confus,
07:16 il suffit d'avoir un ou deux chiffres un peu plus mauvais,
07:18 et encore une fois, dans les détails du dernier rapport sur l'emploi,
07:21 c'est pas si bon que ça. Il y a des signes de craquement ici ou là,
07:25 pour qu'à mon avis, ce consensus soit un peu ébranlé.
07:28 Alors que sur l'inflation, encore une fois, on peut avoir 0,1, 0,2, 0,3 sur le corps ce jeudi,
07:33 ça ne va pas changer la donne, je pense, dans l'immédiat.
07:35 Est-ce que c'était le sens du discours de Jérôme Poel,
07:38 lors du dernier FOMC mi-décembre, Frédéric ?
07:41 De signaler, assez fortement au marché, que la Fed serait proactive
07:46 dans la séquence macroéconomique du moment ?
07:49 Je crois. Il n'y a pas eu d'ailleurs vraiment de discours complètement en opposition de ça,
07:54 que les membres les plus faucons de la Fed sont venus pour dire
07:57 "on baissera peut-être pas les taux avant l'été",
08:00 mais il n'y a pas de contestation de ce constat très simple,
08:03 que la Fed a un mandat à double, et que le plein emploi fait partie de ce mandat.
08:06 Maintenant qu'on est quand même un peu plus convaincu, au moins de la direction de l'inflation,
08:10 encore une fois, le niveau, on verra, il y a matière à s'inquiéter,
08:14 à peut-être être plus proactif ou plus précis sur le premier mandat, qui est le plein emploi.
08:21 Stéphane, où est-ce que vous voyez les risques attachés au scénario consensuel de soft lending américain ?
08:28 Il y a la question effectivement du lag, combien de temps effectivement
08:31 est-ce qu'on verra le gros de la douleur infligée par le choc monétaire dans l'économie réelle,
08:37 et dans le même temps, on a des marchés depuis deux mois qui se sont considérablement détendus,
08:42 et là aussi il y a peut-être un effet d'inertie, mais il y a quand même l'idée que l'assouplissement
08:46 des conditions financières, et c'était noté dans les minutes,
08:49 devient peut-être un challenge pour la réserve fédérale américaine.
08:52 Oui, complètement. Alors je suis désolé Frédéric, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi.
08:57 C'est un marché, c'est un marché.
09:01 Moi, un des risques pour moi, c'est au contraire qu'il y ait une surchauffe de l'économie.
09:06 Pourquoi ?
09:08 Devant celui que décrivait Frédéric.
09:10 Pour moi oui. Si vous regardez le consensus, on était à 1% sur les Etats-Unis il y a encore quelques semaines,
09:16 ce que je trouvais honnêtement aberrant. On est passé à 1, 1, 2, on est à 1, 3 à l'heure actuelle,
09:20 et moins je crois que des réveillants à la hausse.
09:23 Si vous regardez maintenant la consommation, vous avez créé 2,7 millions d'emplois l'année dernière aux Etats-Unis.
09:28 Ça fait 2,7 millions de salaires en plus.
09:32 Ne serait-ce que sur le quatrième trimestre, vous avez entre 0,3 et 0,4% de croissance.
09:37 Vous avez les salaires qui ralentissent, mais l'inflation, comme tu l'as dit Frédéric, baisse beaucoup plus vite.
09:42 Donc les salaires réels progressent. Vous redonnez du pouvoir d'achat aux ménages.
09:47 Alors les Américains, c'est simple, vous leur donnez un dollar, ils dépensent un dollar.
09:51 Donc le trimestre prochain, vous allez avoir une consommation qui va être très bonne.
09:55 D'autant plus que les prix immobiliers repartent à la hausse, donc vous avez un effet richesse.
10:01 Les actions, vous l'avez dit, ont eu une fin d'année géniale,
10:06 donc vous avez un effet richesse encore énorme.
10:09 Et on a eu un chiffre hier d'emprunts des ménages qui était deux fois plus élevé qu'attendu.
10:15 Ce qui est logique, ça fait un an ou deux qu'ils diminuent leurs emprunts.
10:19 Là, tout d'un coup, ils ont des actifs qui sont en train d'exploser.
10:23 - Il faut garder la dette au regard du patrimoine détenu, toujours, bien sûr.
10:27 - Du coup, je peux emprunter plus. Donc ça aussi, c'est de la consommation.
10:30 Donc vous voyez, avec des conditions monétaires qui sont considérablement assouplies,
10:35 je ne suis pas en train de vous dire qu'un scénario de surchauffe est le scénario central.
10:40 Effectivement, quand on regarde un petit peu dans les détails des chiffres de l'emploi qui étaient très bons,
10:45 un brut de décoffrage, quand on regarde un peu dans les détails, il y a beaucoup de choses.
10:49 Il y a l'emploi temporaire, par exemple, qui a baissé.
10:52 Vous avez des offres d'emploi qui ont baissé. On est toujours sur des niveaux très élevés.
10:56 Mais tout ça, ça s'érode petit à petit. Donc il y a très clairement un ralentissement dans cette partie-là.
11:02 Mais oui, moi, je pense qu'il y a paradoxalement un risque qu'on ait un premier trimestre sur la conso qui soit très bon.
11:10 Vous avez en plus un investissement qui tient en particulier à cause de l'IRA.
11:15 Vous savez, l'Inflation Reduction Act qui donne des incitations aux entreprises pour investir.
11:21 Alors ce cher Donald Trump a dit qu'il allait abolir l'IRA.
11:27 Donc, au moins, précipitez-vous, faites tout tout de suite parce que sinon, on ne sait jamais ce qui va se passer après.
11:32 Donc les CAPEX vont tenir en toute probabilité.
11:36 On peut très bien se retrouver en fait avec une économie américaine sur la première moitié de l'année qui est beaucoup plus résiliente que ce à quoi on pense.
11:44 Est-ce que c'est un risque qui existe pour la zone euro ?
11:48 Alors, toute proportion gardée par rapport au potentiel économique européen.
11:53 Mais ce que vous décriviez sur les salaires réels positifs, on le voit aujourd'hui en ce moment en zone euro également.
11:59 Et pourtant, les enquêtes auprès des consommateurs ou des ménages montrent quand même qu'il y a une forme de dépression psychologique qui s'est installée de ce point de vue.
12:09 Les Américains parlent de la "Vibe Session", c'est-à-dire l'écart entre la réalité économique telle que vous, les macroéconomistes, vous pouvez l'observer,
12:17 et ce qu'on retrouve ou ce qu'on ne retrouve pas d'ailleurs en termes d'appétit ou en termes de morale dans les enquêtes réalisées auprès des ménages et des consommateurs.
12:25 Alors l'histoire est quand même un peu plus compliquée, je suis désolé à raconter sur l'Europe, mais c'est vrai qu'il y a des éléments de comparaison.
12:32 Les salaires là aussi en Europe sont maintenant plus dynamiques que l'inflation, surtout que les variations récentes des prix sont très très faibles.
12:41 C'est-à-dire que l'inflation est toujours élevée, mais parce qu'on compare décembre, le dernier chiffre, à décembre l'année d'avant.
12:48 Mais si vous regardez les variations depuis quelques mois, ça ne bouge quasiment plus. Donc les salaires, c'est vraiment...
12:53 – En niveau, les prix ne bougent plus. – Voilà, quasiment plus.
12:56 – Quasiment plus. – C'est beaucoup plus.
12:58 Donc oui, effectivement, il y a quelque chose comme ça. Il y a un autre élément qui prêche plutôt en faveur de l'Europe,
13:05 c'est que pendant la période Covid, il y a eu une épargne forcée, parce qu'il y a plein de gens comme nous autour de la table
13:10 qui ont perçu un salaire et qui ne pouvaient pas le dépenser puisqu'ils étaient clôtrés.
13:14 Donc cette épargne a été dépensée, en tout cas aux États-Unis, en grande partie, donc ils ont tapé dans leur épargne.
13:20 En Europe, ce n'est pas du tout le cas. On a toujours un taux...
13:23 – France-Allemagne notamment. – Exactement.
13:25 On a toujours un taux d'épargne qui est élevé, donc on est toujours assis sur un matelas de cash important.
13:30 – Et quelle hypothèse vous faites par rapport à la désépargne ou non des ménages allemands et français
13:36 dans les prochains mois et les prochains trimestres ?
13:38 – Je fais l'hypothèse que cette épargne ne va pas venir en consommation, parce qu'elle n'est pas venue, mais voilà.
13:46 Mais c'est, pour prendre le jargon de l'INSEE, c'est un aléa à la hausse, parce que si à un moment donné,
13:51 on se dit "mais finalement, vous avez dit, le taux de chômage est au plus bas historique en zone euro",
13:55 si à un moment donné, les ménages commencent à se dire "mais finalement, est-ce que j'ai besoin de toute cette épargne ?"
14:01 on peut avoir une partie de l'épargne qui arrive en conso, donc là oui, effectivement, une fois de plus,
14:06 ce n'est pas mon scénario central. – Je comprends.
14:08 Non, on parle de scénario de risque.
14:10 Et c'est potentiellement quelque chose qui peut contribuer à avoir des surprises à la hausse sur la consommation en Europe.
14:16 – Frédéric, où est-ce que vous voyez les risques pour le scénario européen ?
14:20 Donc la médiocrité, ça fait un an qu'il n'y a plus de croissance en Europe,
14:23 est-ce que ça continue comme ça ? Est-ce que ça peut bouger dans un sens ou dans un autre ?
14:27 Et puis, pour résumer un peu la partie macro, à quel moment est-ce que vous voyez des conditions réunies
14:33 pour que la BCE baisse ses taux et la Réserve fédérale baisse ses taux ?
14:38 – D'abord, on est d'accord sur tout, les données et l'analyse,
14:41 et je pense que la seule chose… bon, il n'y a que deux économistes, quatre mains, c'est dangereux,
14:44 ça fait beaucoup de points de vue et de débats plutôt longs.
14:47 Non, je pense que le point de désaccord, de débat, c'est la transmission de la politique monétaire.
14:52 Je pense que c'est ça, parce que je suis d'accord pour l'Europe,
14:54 et je pense qu'elle est plus rapide, cette transmission de la politique monétaire,
14:56 on a quand même un certain nombre d'éléments, une bancarisation et un système qui fait que ça va plus vite,
15:01 et que le pire est derrière nous.
15:02 Donc je suis assez d'accord avec ça, également les salaires, à mon avis,
15:05 j'ai du travail qui est ok, mais j'ai du mal à avoir des salaires accélérés pour toujours,
15:09 en zone euro non plus, avec une croissance quand même un peu molle.
15:12 – La BCE va être rassurée vis-à-vis de ce risque ?
15:14 – La BCE, je pense qu'il y a une forme de prétexte aussi,
15:18 quand Isabelle Schnabel qui connaît ses données, qui connaît ses inquiétudes,
15:21 qui connaît son sujet, vous dit entre les lignes quand même qu'elle est prête,
15:25 et que c'est qu'une question de calendrier, ça va venir,
15:27 donc peut-être que ce ne sera que le mois de juin, ce qui est d'ailleurs mon scénario encore,
15:30 peut-être que ce sera avril, mars, ce n'est pas ça qui est le plus important, je pense.
15:33 En revanche, effectivement, cette transmission, ça sera aussi le rythme,
15:37 ça sera plein d'autres choses, est-ce que l'épargne est utilisée,
15:40 est-ce qu'effectivement le reste de l'économie tient,
15:42 est-ce que la divergence entre une Allemagne quand même complètement à la traîne
15:45 et des pays comme l'Espagne, ne parlons pas du Portugal ou de la Grèce,
15:48 qui vont mieux, va se réduire, j'en doute un peu, la France au milieu.
15:52 Et puis pour juste terminer, parce que les États-Unis, c'est ça,
15:55 je pense, le point quand même important, je pense que ce qui compte,
15:58 c'est l'accès au crédit et le coût de financement,
16:01 et que ce n'est pas parce qu'un taux a baissé pendant deux mois
16:04 que ça va changer la donne pour des entreprises à yield ou basse main de grève.
16:08 Qui ne sont pas encore refinancées, qui vont devoir le faire.
16:10 Alors elles ne doivent pas se refinancer à trois fois plus cher, mais deux fois et demi plus cher.
16:12 Mais oui, ça restera plus cher.
16:13 Pour moi, c'est un process, en tout cas, c'est pour moi l'erreur que j'ai faite personnellement aussi
16:16 en termes de timing de transmission de cette politique monétaire l'année dernière.
16:20 Si c'est effectivement le cas, ça devrait encore être devant nous, pour une grande partie.
16:24 Et donc, vous dites, toutes choses égales par ailleurs,
16:27 le bon timing pour une première baisse de taux, c'est plutôt fin du premier semestre,
16:30 que ce soit la Fed ou la BCE ?
16:31 Oui, je pense que pour des raisons à la fois techniques, parce qu'il vous faut un certain nombre de chiffres.
16:35 Peut-être que janvier, c'est un point d'interrogation total sur l'inflation.
16:38 C'est quand même le mois, normalement, où on révise un certain nombre de prix sur les menus des restaurants ou des magasins.
16:43 Il va y avoir un problème de saisonnalité, il va y avoir un problème de mesures.
16:46 Eurostat va nous mettre un bazar pas possible.
16:48 On ne va pas savoir quoi en faire.
16:50 Donc une banque centrale a intérêt à attendre.
16:52 Pour attendre le chiffre de février, vous êtes déjà quasiment en avril,
16:55 parce qu'il y a un petit délai.
16:56 Donc peut-être qu'on peut attendre le mois d'avril, on verra.
16:59 D'accord. Bon, sur le timing, pour conclure là-dessus, Stéphane ?
17:02 Oui, alors, pour le coup, là, je suis d'accord.
17:05 Oui, plutôt plus tard que ce que le marché voit aujourd'hui.
17:08 Oui, parce qu'en fait, vous avez une réunion début mars, je crois le 7 mars.
17:11 Oui, j'ai le calendrier, parce que le calendrier est important dans ce genre d'affaires.
17:14 Et puis, après, c'est l'11 avril.
17:15 Oui, c'est ça.
17:16 Bon, ça, j'ai juste.
17:18 Qu'est-ce que vous savez le début mars ?
17:20 Début mars, vous savez que vous êtes en récession,
17:23 parce que les chiffres économiques, en particulier en Allemagne, ne sont pas bons.
17:27 Donc on aura très certainement un 4e trimestre négatif à l'Europe.
17:31 Vous aurez les chiffres d'inflation de janvier qui seront certainement bas,
17:35 parce qu'il y a des effets de base.
17:37 Donc, une fois de plus, on va comparer avec...
17:40 Dès le mois de janvier, ces effets de base vont être favorables ?
17:42 Dès janvier et février-mars, vous avez trois effets de base importants.
17:46 Moi, avec des simulations...
17:48 Alors, effectivement, il y a énormément d'impondérables,
17:50 donc je ne voudrais pas citer des chiffres précis.
17:52 Mais on peut arriver très proche de 2% dès février.
17:56 Donc on aura le chiffre préliminaire fin février.
18:00 Début mars, ils savent que l'inflation est nettement au-dessous de 2,5,
18:05 qu'on a une récession, et ils publient leurs prévisions de croissance.
18:08 D'accord.
18:09 C'est la règle du jeu.
18:11 Moi, je ne serais pas étonné qu'on commence à signaler que...
18:15 Qu'il y ait un signal au moins envoyé sur cette réunion.
18:17 Voilà.
18:18 Que la baisse est dans les tuyaux.
18:20 Et alors après, effectivement, que ce soit mai ou juin...
18:23 Oui, une fois que le signal est envoyé, le marché en prend acte.
18:26 C'est ça, effectivement.
18:27 Peu importe.
18:28 Mais c'est plutôt le genre de timing que j'ai en tête.
18:30 Bon, sur ces considérations macro, Léa, comment vous regardez les choses ?
18:33 Sachant que les résultats d'entreprises vont apporter peut-être aussi de la couleur et un éclairage différent.
18:39 Parlant de l'inflation, on a beaucoup parlé de cette partie de l'inflation
18:43 qui avait pu être générée par l'accroissement des marges,
18:47 au-delà des standards historiques dans certains secteurs et chez certaines entreprises.
18:51 L'inflation tirée par les marges, ça a été un vrai sujet pour les économistes.
18:55 Et ça a été un très bon call, j'allais dire, pour les gérants actions.
19:00 Ça a quand même, effectivement, dopé les profits et maintenu les niveaux de marge historiques,
19:04 encore aujourd'hui pour les entreprises européennes.
19:07 Est-ce que ce phénomène va se dissiper ?
19:09 Est-ce que c'est ce qu'on va rechercher dans les discours des entreprises
19:12 qui vont commencer à communiquer dans les prochains jours ?
19:14 C'est une très bonne question.
19:15 Et je pense que la première partie de la réponse, elle va quand même dans cette capacité pour les marchés
19:20 à anticiper cet atterrissage assez rapide.
19:22 Je suis surprise, et à chaque fois les économistes ou les stratégistes me surprennent,
19:26 cette capacité à penser que dans un trimestre c'est terminé.
19:28 Et j'y crois très peu en fait.
19:30 Et je pense que lorsqu'on écoute le discours de terrain,
19:33 vous avez évoqué le fait que finalement la confiance des ménages, par exemple, n'est pas vraiment là.
19:37 Les entreprises n'annoncent pas non plus des baisses rapides de leurs coûts d'une part,
19:42 financiers certes, mais pas seulement.
19:45 L'ensemble des autres postes qui avaient augmenté significativement ces deux dernières années
19:48 sont toujours encore en hausse et ne commencent pas à baisser.
19:53 Donc ça c'est un point.
19:54 Par contre, ils nous disent très clairement, et ça va à pair avec le sujet de consommation,
19:57 que les hausses des prix, pour eux, c'est derrière eux.
20:00 Donc ça c'est la première chose.
20:02 Et je pense qu'on ne peut pas se mettre dans un scénario microéconomique
20:06 où les coûts financiers vont baisser rapidement.
20:08 Et d'ailleurs, vous l'avez dit très justement, il y a une inertie.
20:12 Le refinancement des entreprises va durer encore un an et demi, cet effet taux élevé.
20:17 Donc je pense que de ce point de vue-là, j'aurais beaucoup plus de prudence.
20:20 Et les premiers jours de bourse viennent de nous le dire.
20:22 Parce qu'en fait, les marchés ne savaient pas trop dans quel sens partir,
20:25 étant donné la hausse qu'on venait de vivre d'une part,
20:27 mais surtout finalement les chiffres micro et macro qui étaient en demi-teinte.
20:31 Donc voilà, ça c'est la première chose.
20:33 Si on considère la microéconomie en tant que telle,
20:37 on a eu quand même pas mal d'alertes, on en a déjà parlé,
20:39 la fin de l'année n'a pas été glorieuse.
20:41 Il y a eu des alertes assez tangibles sur les marches justement,
20:44 qui ont été excessivement bonnes,
20:46 et donc répercutées sur des résultats en hausse pour les 18 derniers mois.
20:50 Le quatrième trimestre de l'année 2023 a quand même marqué un temps d'arrêt assez clair.
20:56 Pourquoi ? Parce que justement les hausses de prix ne sont plus faisables
20:59 ou acceptables en tout cas de la même manière.
21:01 Donc ça va forcément commencer à se répercuter.
21:03 Et je pense que les entreprises commencent à nous le dire très gentiment.
21:06 Je ne vais pas prendre de boules de cristal, on n'en sait rien,
21:09 mais il y a quand même tout un tas de secteurs,
21:11 l'automobile, les semi-conducteurs, on vient de l'entendre,
21:13 qui témoignent plus d'un ralentissement que d'une accélération,
21:18 et donc je ne vois pas comment les marchés et actions pourraient être soutenus.
21:21 Ça veut dire que le marché un peu global macro,
21:23 lui voit désinflation et donc baisse de taux,
21:26 et donc soutien pour les valorisations.
21:28 L'analyste et la gérante bottom-up, stock-piqueuse,
21:32 dit "attention", parce que pour les entreprises,
21:34 il y aura une phase sans doute de compression des marges,
21:37 avec cette désinflation qui va leur enlever du pouvoir de fixation des prix.
21:41 Absolument, et je pense qu'il y a trois paramètres
21:43 qui vont être un peu compliqués à gérer pour nous.
21:45 Le premier, c'est effectivement les prévisions de croissance des résultats,
21:48 qui étaient quand même élevées en fin d'année,
21:49 on est toujours au haut de 7% à peu près.
21:51 Ce qui, vu le contexte, semble relativement challenging.
21:54 Donc ça, c'est la première chose.
21:56 Mais pourquoi on a ces prévisions-là ?
21:58 Parce que le marché va, a priori, se comporter uniquement
22:01 sur les décisions de politique monétaire,
22:03 comme c'est le cas depuis des années.
22:05 Et donc, en fait, on a d'un côté la micro
22:07 qui semble donner des signes de faiblesse,
22:09 pour parler très simplement,
22:11 et de l'autre côté, un soutien très fort à la hausse des marchés actions,
22:14 qui est la baisse des taux.
22:16 Qui va l'emporter entre les deux ?
22:18 C'est assez compliqué de le savoir.
22:20 Et puis, le troisième paramètre, c'est quand même les élections américaines.
22:23 On rentre dans une phase d'élections américaines,
22:24 je sais qu'on ne va pas en parler.
22:26 Ça va apporter une volatilité considérable.
22:29 Qui plus est, sur des sujets de tensions budgétaires
22:32 qui vont être très forts,
22:33 on ne va pas tellement savoir dans quel secteur
22:35 il va falloir aller mettre ses billes.
22:37 Est-ce qu'il faut aller sur le pétrole l'année prochaine,
22:39 ou est-ce qu'il faut aller sur la mobilité verte aux Etats-Unis ?
22:42 Et ça, on va attendre huit mois pour le savoir.
22:44 Ça dépend un peu du prochain le Qatar de la maison blanche.
22:46 Oui, je comprends.
22:47 Qui est embarqué.
22:48 Donc, faire des paris, y compris sectoriels, cette année,
22:51 ça va être assez compliqué.
22:52 Sur la question des marges,
22:54 et du risque de compression des marges,
22:57 où est-ce que vous voyez,
22:58 dans quelle grande thématique, ou dans quel secteur,
23:00 est-ce que vous voyez des entreprises peut-être plus exposées que d'autres
23:04 à ce phénomène de renversement de l'inflation ?
23:09 Je pense que c'est clairement l'industrie.
23:11 Parce que c'est là où les charges financières sont quand même les plus élevées.
23:14 Globalement, je compare par rapport plutôt au secteur de la santé ou de la consommation,
23:19 c'est là où les coûts de logistique sont restés relativement élevés,
23:23 et où finalement, une grande partie de la hausse des prix avait déjà été passée.
23:28 Donc, si on maintient des niveaux d'endettement qui se sont quand même accrus sur certaines entreprises,
23:32 bizarrement, début d'année dernière, c'était l'inverse.
23:34 On voyait quand même encore des niveaux d'endettement qui étaient très nettement inférieurs
23:38 à trois fois la dette nette sur EBITDA, ce qui est un peu le seuil clé.
23:41 Là, progressivement, on sent les entreprises qui ont des difficultés dans ces secteurs
23:46 où il y a des investissements à faire,
23:48 à maintenir des niveaux d'endettement faibles, forcément.
23:50 C'est comme l'immobilier, quelque part.
23:51 Donc, c'est vrai que là, il y aura des sujets sur les marges.
23:55 À l'inverse, je pense, de secteurs comme la santé, qui n'ont toujours rien fait.
23:58 Je sais, c'est ma marotte.
24:00 Et ce n'est pas qu'une marotte.
24:01 C'est-à-dire qu'à un moment, c'est quand même les secteurs les plus agnostiques du cycle,
24:04 qui n'ont rien fait, qui sont revenus sur des niveaux de valorisation,
24:07 et qui n'ont en général pas beaucoup d'endettement.
24:09 Pour parler juste de cette charge-là.
24:11 Secteur défensif, qu'on retrouve un peu plus décoté que d'habitude aujourd'hui en termes de valo ?
24:16 Plus que beaucoup plus décoté.
24:18 Plus que beaucoup plus décoté.
24:19 C'est ça qui est quand même intéressant.
24:21 Parce qu'on a une mauvaise image de ce secteur si on regarde, on va dire, le secteur en tant que tel,
24:25 et ses performances l'année dernière en Europe.
24:27 Ça a été quasiment bon, voire très bon.
24:30 Mais c'est le fait d'une seule entreprise.
24:32 Ah bah nouveau !
24:33 Ah bah oui, si on enlève Novo Nordisk.
24:35 Ah bah bien sûr.
24:36 Ah bah oui, on enlève Sanofi.
24:38 Donc il y a plein de sélections de valeurs à aller faire dans ce segment-là,
24:42 qui n'ont pour l'instant absolument pas redonné de couleur au portefeuille.
24:46 Et pour des raisons saines.
24:48 Parce qu'on a parlé de l'écrasement des marges.
24:50 Cet écrasement des marges, il va être peut-être un tout petit peu soutenu dans la santé
24:55 par la fin de ce fameux phénomène de déstockage qu'on voit depuis 18 mois,
24:59 et qui dure et qui dure et qui dure.
25:01 Je pense qu'au-delà des marges, ce qui va être intéressant dans la publication justement de l'adulte annuel,
25:04 c'est est-ce qu'on a enfin touché ce point bas du déstockage ?
25:08 Est-ce qu'on a un peu de restockage possible de ventes ?
25:11 Sur l'inflation tirée par les profits, c'est un phénomène qui touche à sa fin, Frédéric ?
25:15 Non mais j'écoutais avec grand intérêt parce que c'est vraiment, depuis la pandémie notamment,
25:19 moi je trouve la convergence de la micro et de la macro.
25:22 Il faut aller parler aux boîtes et aux trésoriers et aux CFO et aux CEO
25:26 pour comprendre le pricing power au point de vue macro.
25:28 Je ne sais pas bien les mesurer d'ailleurs les marges dans les comptes nationaux.
25:31 C'est toujours imprécis.
25:33 Elles sont toujours élevées.
25:34 Et le titre que j'ai choisi pour les perspectives macro de cette année, c'est le prix à payer.
25:38 Il y a un prix à payer, je pense, pour les entreprises et la macro
25:41 de cet ajustement de ces chocs et des réponses de politique monétaire qu'on a eues.
25:45 Et effectivement, on le sent au niveau macro dans les enquêtes et on l'entend par les entreprises,
25:49 il y a une limite à ce que la plupart des secteurs,
25:52 les entreprises dans la plupart des secteurs, peuvent répercuter en termes de hausse des coûts.
25:57 Maintenant, je pense qu'il y a aussi un deuxième point,
25:59 c'est qu'on va avoir une inflation qui est volatile pour longtemps.
26:02 Je ne sais pas où elle va s'arrêter, 2, 2,5, 3, en dessous,
26:05 mais je suis certain qu'elle sera volatile.
26:07 Et on va se faire emporter par le marché,
26:09 même sur deux données de publication d'inflation,
26:12 avec 10 points de base d'écart par rapport au consensus Bloomberg,
26:16 que le rallye est vraiment commencé, simplement.
26:18 Donc c'est la marge d'erreur.
26:20 Et là-dessus, je pense que ça va continuer.
26:22 On peut avoir des surprises à la baisse d'abord, puis à la hausse,
26:24 pour des questions totalement techniques aussi, et d'autres impondérables.
26:28 Je serai un peu prudent par rapport à ça,
26:30 et je pense que la direction, elle est quand même vers un ralentissement.
26:32 Donc c'est effectivement de nature à soutenir les salaires réels,
26:36 mais pour les entreprises et les profits, je suis entièrement d'accord
26:38 qu'avec des anticipations encore à 11% aux Etats-Unis,
26:41 et 6-7 en Europe, ça me paraît un peu trop haut.
26:44 Et c'est illusoire d'imaginer, Stéphane,
26:46 que la fin de ce surpouvoir de fixation des prix,
26:51 qui a été accordé à certains secteurs, à certaines entreprises,
26:54 qui n'avaient pas historiquement de pricing point,
26:56 la fin de ce phénomène, ça va forcément peser sur les marges ?
27:00 Ou est-ce que, je ne sais pas, dans certains secteurs,
27:03 avec des gains de productivité, des nouvelles organisations,
27:06 des boîtes qui sont en restructuration permanente
27:09 au moins depuis trois ans à travers les crises qu'on a traversées,
27:12 est-ce qu'elles ont anticipé ce moment-là ?
27:14 Et est-ce qu'elles sont capables, au moins pour certaines,
27:17 de maintenir peut-être des niveaux de marge,
27:19 y compris au moment où elles baisseraient peut-être les prix
27:22 pour retrouver un peu de volume à l'arrivée d'ailleurs ?
27:24 Les deux, en fait.
27:26 Oui, oui, mais c'est très… j'imagine que c'est du cas par cas.
27:29 En fait, ce qui s'est passé,
27:31 à un moment donné, ce n'est plus une question de pricing power.
27:34 C'est-à-dire que pricing power, c'est j'ai quelque chose que je vends
27:37 qui est mieux que mon concurrent,
27:39 et donc je peux fixer des prix plus élevés.
27:41 Sauf qu'à un moment donné, quand tous vos concurrents
27:43 ont augmenté les prix, vous aussi, vous pouvez augmenter les prix.
27:45 Et comme tout le monde fait le même raisonnement,
27:47 ça fait boule de neige.
27:48 Et c'est exactement ce qu'on voyait il y a un an.
27:50 C'est-à-dire que, en fait, ce n'était pas une question de qualité,
27:53 c'est que vous aviez une augmentation des prix
27:55 qui était très, très généralisée.
27:57 J'ai décortiqué les chiffres de novembre,
27:59 on n'a pas encore les détails de décembre.
28:01 Vous avez 80% des secteurs maintenant où l'inflation baisse.
28:04 Donc cette belle histoire où tout le monde augmente les prix,
28:06 donc moi aussi je peux suivre, et donc tout le monde fait pareil, etc.
28:09 Elle est exactement la même, mais inversée maintenant.
28:13 C'est-à-dire que plus personne n'augmente les prix,
28:15 et donc plus personne ne peut augmenter les prix.
28:17 Donc il y aura forcément quelque chose qui va se passer sur les marges.
28:20 Par contre, j'avais regardé quel est le niveau de croissance
28:23 dont on a besoin pour avoir une croissance des bénéfices.
28:26 Et en fait, ce dont on s'aperçoit, c'est que décennie après décennie,
28:29 le niveau de croissance nécessaire baisse petit à petit.
28:33 Donc les boîtes ont fait des efforts sur les coûts, sur l'efficacité, etc.
28:38 À 2000% de croissance mondiale, on peut faire le même résultat.
28:42 J'entends que ça tout saute de la main gauche.
28:44 Et donc, moi je me souviens, il y a un an ou deux,
28:47 on me disait que les marges de 100 minrivertine reviennent à la moyenne.
28:50 C'est faux. Elles ne reviennent pas à la moyenne.
28:52 Elles reviennent à un niveau qui n'est pas exactement le même.
28:54 Et puis il y a un autre exemple qui est tout bête.
28:57 Donc on a franchi quand même des paliers en termes de marge,
29:00 qu'on ne va pas redescendre.
29:02 Si vous regardez le taux effectif d'imposition des entreprises aux Etats-Unis,
29:06 il a été divisé par trois depuis la Seconde Guerre mondiale.
29:09 Donc à un moment donné, c'est quand même beaucoup d'argent
29:11 que vous laissez dans les entreprises.
29:13 Donc là aussi... Ah ben oui !
29:15 Là je tout saute aussi.
29:17 Et du coup, le niveau de marge, après impôt,
29:22 il est forcément beaucoup plus élevé qu'il l'a été avant.
29:25 Donc, qu'il y ait une érosion des marges, c'est sûr.
29:28 Du coup, nous on le joue de deux manières.
29:30 On le joue soit avec ce qu'on appelle des "compounders",
29:34 c'est-à-dire des entreprises qui ont une stabilité de croissance,
29:37 des perspectives à long terme,
29:39 et qui ont des bénéfices récurrents.
29:42 Et en fait, quand vous regardez en fin de cycle,
29:44 parce que c'est quand même une histoire qui ressemble à une fin de cycle,
29:47 le marché paye beaucoup pour ces entreprises-là
29:51 qui arrivent à maintenir les marges.
29:53 En début de cycle, tout le monde augmente les marges.
29:55 Donc c'est pas discriminant.
29:56 En fin de cycle, les marges tiennent.
29:59 Donc ça c'est le shift un peu défensif, vers des secteurs plus défensifs.
30:02 Et l'autre shift, c'est qu'on fait du parable,
30:05 on prend les deux extrêmes,
30:07 c'est qu'il y a des valorisations sur certaines entreprises
30:10 qui nous semblent juste déraisonnables
30:12 et où il peut y avoir un potentiel de rebond assez important.
30:16 Je ne vais pas reprendre tous les points sur lesquels je ne suis pas d'accord,
30:19 mais il y en a quand même beaucoup.
30:21 Le point des marges qui ne peuvent pas revenir en arrière
30:25 et de cette surinflation des coûts qui va baisser,
30:29 c'est faux dans beaucoup de secteurs.
30:31 Le premier, vraiment devant tous les autres, c'est l'automobile.
30:35 C'est-à-dire que c'est la première chose que vous disent
30:37 les constructeurs automobiles aujourd'hui
30:39 et les équipementiers qui vont avec.
30:41 Ils vous disent "ça sera impossible de maintenir les marges qu'on avait avant".
30:46 Quand on voit la valeur du secteur, d'ailleurs le marché
30:48 n'a jamais anticipé un changement de statut de ces entreprises-là sur le plan boursier.
30:53 Ils estiment l'inflation non plus sur les sujets qui étaient liés au Covid
30:58 ces deux ou trois dernières années,
30:59 mais sur la transition technologique qu'ils doivent faire.
31:02 Et cette transition technologique est là dans plein de secteurs.
31:05 L'intelligence artificielle vient bouleverser toute la partie des secteurs
31:08 où il y avait des contenus, notamment dans les médias,
31:12 mais aussi dans tout ce qui est récupération de données,
31:15 par exemple pour la science.
31:16 Je pense à des sociétés comme Relix.
31:18 Toutes ces sociétés-là vous disent "mais en fait, on est extrêmement challengés sur nos marges
31:22 pour des questions de rupture technologique sur lesquelles
31:27 1) on n'a pas forcément investi et on a plus de barrières à l'entrée par rapport à d'autres.
31:32 2) on a des difficultés de recrutement énormes.
31:34 L'automobile l'a pointé du doigt clairement en disant
31:37 "de toute façon, si on doit aller chercher les bons sur ces sujets de l'électrification,
31:40 d'abord ils ne sont pas nombreux, il va falloir les payer très cher".
31:42 J'ai pris ces deux exemples, mais je pense qu'on peut le mettre dans l'énergie,
31:47 on peut le mettre sur les bâtiments.
31:48 Tous ces secteurs-là qui sont touchés par des ruptures technologiques
31:51 et qui font une grosse partie de la cotation,
31:53 ne vous disez pas que leurs marges ne sont pas challengées et au contraire.
31:58 Je ne suis pas d'accord.
32:01 Je passe sur le sujet de l'optimisation fiscale,
32:03 parce que c'est un sujet particulier et on pourrait y passer beaucoup de temps.
32:08 Il y a beaucoup d'optimisme dans ce que vous avez dit.
32:11 Qui ne se confronte pas à la réalité des entreprises.
32:17 C'est mon point de vue en tout cas.
32:19 Il y a une vue macro, une vue micro.
32:21 L'intérêt est de confronter ces points de vue.
32:23 J'ai du mal à m'exprimer parce que ce n'est pas du tout ce que j'ai dit.
32:26 Je n'ai pas dit que les marges n'étaient pas sous pression.
32:29 J'ai dit qu'on ne revenait pas à la moyenne. Ce n'est pas du tout pareil.
32:32 On a franchi des paliers.
32:34 Le taux d'imposition des entreprises est divisé par deux.
32:37 Ce n'est pas de l'optimisation fiscale.
32:38 C'est juste que je paie moins d'impôts. Donc j'en laisse plus pour l'actionnaire.
32:41 Ça c'est structurel.
32:43 Sauf à faire le pari que Trump va multiplier par deux les impôts.
32:48 Ce qui est possible, on ne sait jamais avec Donald.
32:51 Je pense qu'effectivement il y a une question de pression sur les marges.
32:56 On est tous d'accord, une fois de plus, les prix n'augmentent plus.
32:59 Ou beaucoup moins qu'ils ne l'ont fait avant.
33:02 Après, la question c'est toujours pareil.
33:05 C'est où est-ce qu'on met le curseur ?
33:07 Est-ce qu'on est un peu passionné ou à la folie pessimiste sur les marges ?
33:13 Moi, cette histoire-là, je l'entends depuis plusieurs années.
33:18 Pour l'instant, les marges tiennent.
33:22 Chaque période de résultat depuis 3-4 ans, on a des surprises.
33:29 Sur les EPS supérieures, sur les chiffres d'affaires.
33:34 Et ça coïncide toujours d'ailleurs avec un petit coup de bouse du marché.
33:36 Les marges tiennent.
33:38 Il y a quand même quelque chose qui se passe sur les marges.
33:42 Il y a deux réponses à ça.
33:44 Premièrement, le marché n'a pas payé pour les sociétés dont les marges étaient résistantes.
33:49 Pas en 2022 et pas en 2023.
33:51 C'est un point important.
33:53 Cette résilience qu'il y a dans certains business models ne s'est pas concrétisée dans les performances boursières.
33:58 Sur la partie des marges qui ne reviendraient pas à la moyenne par des effets d'optimisation fiscale ou autre,
34:07 pour moi, ce n'est pas sain.
34:09 C'est comme un cours de bourse qui monte parce qu'on fait du rachat d'actions.
34:12 Ça veut dire que la dynamique de la stratégie d'investissement d'entreprise n'est pas là.
34:17 On ne doit pas maintenir ses marges parce qu'on a des coûts qui baissent, notamment sur des pressions fiscales.
34:21 On doit maintenir ses marges parce qu'on gagne des parts de marché, parce qu'on est plus efficace,
34:25 et parce qu'on a du pricing power éventuellement autre que celui un peu mécanique qu'on a vécu.
34:29 On verra. La vérité est devant nous avec la période de publication des résultats du quatrième trimestre
34:35 qui sera la séquence immédiate des prochains jours et des prochaines semaines.
34:40 Je veux bien qu'on dise un petit mot de la Chine aussi Frédéric.
34:43 D'ailleurs, je ne sais pas quelle est la question à poser.
34:46 Je vais répondre.
34:49 Du coup, la réponse est facile.
34:52 Est-ce qu'il y a au moins un truc en 2024 avec la Chine qui serait une histoire un peu plus positive
35:01 que ce qu'on a vécu depuis deux ou trois ans maintenant ?
35:04 Je vais garder la vue relativement positive qu'on a à court terme.
35:07 On ne pense pas que la Chine soit le nouveau Japon d'une spirale déflationniste.
35:12 Je pense qu'il y a du pragmatisme et mine de rien quand même une accumulation de mesures de gouvernement
35:17 qui en fait quand vous faites le total de toutes les liquidités injectées, baisse de taux, soutien budgétaire
35:23 dépasse ce qui a été fait pendant la pandémie.
35:25 Alors en fait c'est une mauvaise nouvelle parce que compte tenu de quasiment 10% du PIB
35:29 qui a été l'équivalent de soutien à l'économie et qu'on n'a pas de reprise, c'est que le mal est plus profond.
35:35 On parle de confiance du consommateur, elle est à la cave pour un moment et il va falloir qu'il se passe quelque chose.
35:41 Je pense que vraiment ça reste du côté de l'immobilier un moment de "nettoyage" plus clair
35:47 pour que les investisseurs et le consommateur retrouvent un peu ces "animal spirits".
35:52 Mais c'est inquiétant quand même au-delà du court terme parce que je crois que même plus fondamentalement
35:57 en réalité on aura les élections à Taïwan ce week-end, je crois que le risque, le prix à payer pour la Chine
36:05 c'est une croissance potentielle plus faible chaque année qui passe.
36:09 La démographie n'a fait qu'accélérer ce déclin pendant la pandémie, le marché immobilier c'est l'économie
36:15 notamment en Chine avec la construction et l'investissement qui va derrière, il n'y en a plus.
36:19 Le moteur de relance il n'est pas là et surtout dernier point, Xi Jinping a décidé et officialisé je crois en décembre
36:25 pendant cette conférence qui tient tous les 5 ans sur les affaires étrangères, le ton durcit sécuritaire,
36:31 la sécurité du pays avant la croissance.
36:34 Donc ça fait quand même beaucoup de poids d'obstacles structurels à long terme.
36:40 Oui je pense qu'on va avoir un petit rebond, qu'il y a toujours un commerce interrégional qui se développe,
36:45 qu'on a touché le point bas j'espère, mais d'un point de vue purement court terme, c'est pas très réjouissant.
36:52 Avec des effets d'entraînement alors qu'ils sont peut-être très différents aussi de ceux qu'on pouvait avoir
36:56 dans la décennie passée d'une certaine manière.
36:59 Tout à fait et puis on peut espérer bien sûr qu'il y ait un changement, l'éclatement de ce monde, la fragmentation,
37:04 ça présente aussi des opportunités pour d'autres pays, l'Inde évidemment, qui d'ailleurs quand même devrait avoir un petit coup de mou
37:09 parce que c'était bien passé jusqu'ici, la Corée, d'autres pays en Asie qui ont toujours ces liens.
37:15 Si le reste du monde tient, il va y avoir un moteur qui peut remplacer en partie le moteur chinois.
37:21 Mais au-delà, il va falloir apprendre à vivre une croissance chinoise de peut-être 3,5-4% à terme, ça fait un gros changement.
37:28 Et vous disiez Stéphane, si les problèmes de la Chine sont connus, ils se matérialisent beaucoup plus vite que ce qu'on pouvait imaginer il y a encore quelques temps.
37:34 Non ? C'est pas vous qui dites ça ?
37:37 Si, si, si.
37:38 Si ? Je ne sais plus.
37:40 Si, si, si.
37:41 Non mais le phénomène démographique, la baisse de la croissance potentielle etc. ça arrive plus vite que ce qu'on pouvait imaginer.
37:48 Pour moi, je ne vais pas redire ce qu'a dit Frédéric, mais il y a trois problèmes.
37:51 Il y a un problème de croissance potentielle effectivement avec la croissance démographique.
37:55 Il y a le secteur immobilier qui va plomber je pense pour assez longtemps la Chine.
37:59 Et puis il y a un problème de gouvernance qui est très clair.
38:02 Après, ça c'est l'abus macro.
38:05 Quand vous achetez une action, vous n'achetez pas le piment.
38:07 Ben non.
38:08 Ce n'est pas le même animal du tout.
38:10 Et en fait, moi quand je regarde la côte chinoise, ce que je vois c'est, bon elle a beaucoup baissé évidemment, une fois de plus pour de bonnes raisons, mais de manière indiscriminée.
38:22 C'est-à-dire qu'il y a certains secteurs auxquels je ne toucherais pas, ou je n'essaierais même pas de toucher.
38:28 Par contre, il y a des secteurs qui ont une croissance extrêmement forte.
38:31 Nous, on est actionnaire par exemple de Pindodo, c'est 30% de croissance par an.
38:35 Et c'est des valeurs qui se payent à des prix complètement cassés parce que simplement c'est la Chine.
38:41 Donc tout le monde est parti de la Chine, tous les investisseurs.
38:44 Et donc les valorisations ont été baissées partout.
38:46 Et donc il faut faire attention à la partie macro où effectivement il y a beaucoup de challenges.
38:52 Après c'est une tendance classique.
38:55 Vous prenez le PIB du Japon il y a 30 ans, c'est pareil, il faisait du 10% et puis petit à petit ils ont baissé.
39:01 Donc de ce point de vue-là, il y a un parallèle qu'on peut faire.
39:06 Mais il faut faire attention en tant qu'investisseur, l'argument est assez différent.
39:12 Oui, oui, je m'entends.
39:13 En stock picking, il y a de très belles opportunités et on peut faire pas mal d'argent.
39:17 Et c'est de la performance qui peut se matérialiser.
39:19 Pour ça, il faut qu'il y ait des flux qui reviennent quand même sur ces valeurs.
39:22 Tout le monde nous dit que c'est ininvestissable aujourd'hui.
39:24 Alors moi je ne dis pas ça par contre.
39:26 Non mais ce que je veux dire c'est qu'il y a suffisamment de gens qui pensent que c'est encore investissable
39:29 pour que justement ces valeurs que vous ciblez retrouvent quand même de la valorisation.
39:36 Pour l'instant, vous avez certaines valeurs comme ça qui payent du 15% par an.
39:42 Donc même si je me trompe, je suis patient dans ces conditions là.
39:50 Mais effectivement, si on revient sur des valorisations normales, le potentiel est beaucoup plus fort.
39:55 Mais pour ça, il faut effectivement que la marée remonte et donc que les investisseurs reviennent.
40:00 Et ça pour l'instant, on ne le voit pas.
40:02 Non, le marché a du mal à trouver son point bas.
40:04 Effectivement, c'est ce qu'on voit encore en début d'année.
40:06 On parlait de la gouvernance d'un pays comme la Chine.
40:08 Mais je voulais qu'on dise un mot de l'ESG en 2024.
40:11 Léa, avec vous, directrice de l'investissement responsable chez DNCA,
40:14 à quoi ça sert l'ESG en 2024 et comment on pratique l'ESG en 2024 ?
40:19 J'espère que l'ESG en 2024, ce sera l'occasion de tirer les leçons.
40:23 Non mais les leçons d'un marché, vous le savez, qui a explosé et donc qui est devenu totalement illisible en réalité
40:30 parce qu'il y a 1000 ESG dans ce qui est proposé.
40:32 Donc il y a du bon comme du moins bon, y compris en termes de sélection de valeurs et de performance.
40:36 Je crois que ce qui est arrivé entre 2010 et 2020, c'était un effet thématique d'investissement
40:42 poussé par une baisse des taux et donc finalement des performances un peu sans discrimination de tout un tas de secteurs
40:48 qui, il se trouve, cochaient bien les cases des thématiques du développement durable.
40:52 Donc ça, c'était facile et on en a tous bénéficié, ce qui permet de fermer la porte à ceux qui disent que l'ISR ne fonctionne pas.
40:58 Ça a fonctionné pendant 10 ans, ce qui est un cycle très long.
41:00 2022, plus compliqué, mais il y a plein d'éléments au contraire.
41:04 On l'a déjà dit, la hausse des taux, la guerre en Ukraine, la sortie de crise Covid favorable à des secteurs ultra-cycliques et plutôt pas chers.
41:11 Bon ok, ça s'est fermé.
41:12 2023 est une année où j'ai des sons de cloche assez intéressants, à la fois des personnes qui me disent "ça ne marche toujours pas"
41:17 et puis finalement des performances d'un autre côté de fond très pur qui sont plutôt très bonnes.
41:22 La raison, elle est simple, c'est que ça y est, on va introduire la notion de sélectivité dans l'ISR.
41:26 Ça veut dire qu'on ne sélectionne pas le secteur de la santé, on ne sélectionne pas le secteur de l'eau, on ne sélectionne pas le secteur de la techno.
41:31 Au sein de ces secteurs où il y a des énergies renouvelables, il y a des bons et il y a des mauvais élèves.
41:36 Et c'est ça qui est important.
41:37 D'ailleurs Griffolds nous le montre parfaitement aujourd'hui.
41:39 Si on écoute finalement l'ISR en tant que tel, tout ce qui est santé c'est bien.
41:43 Non, non, non, il y a du bien et il y a du moins bien.
41:45 Et c'est ça qu'il va falloir faire maintenant quand on est gérant, c'est revenir à son métier de...
41:49 C'est que j'avais mal compris, alors.
41:50 Parce que pour moi l'ISR, et vous m'en parlez depuis 15 ans Léa, je vous en remercie,
41:55 j'avais compris que l'ISR était avant tout une gestion de conviction et justement que ça permettait dans un secteur ou dans une thématique d'aller choisir celui pour qui on pensait qu'il y avait les meilleures qualités extra financières etc.
42:09 Je pensais que c'était ça moi l'ISR.
42:11 Non je pense qu'on a oublié de cocher la case financière.
42:15 Et c'est pour ça que 2023 était intéressant et ça s'est encore plus concrétisé sur le secteur.
42:19 L'ESG s'est trop détaché de l'analyse financière.
42:22 Bien sûr, tous les marasmes boursiers de l'année dernière dans les équipementiers des énergies renouvelables, dans le rail, bref je ne vais pas les citer, ont été surachetés par les marchés, par les fonds ESL parce que ça cochait la case de la taxonomie.
42:36 Ah oui, il y a un super chiffre d'affaires taxonomie, on fait fi de la qualité fondamentale financière, de toute façon ça va marcher.
42:42 Oui, ça marchait quand il n'y avait pas de prix justement à donner à ces valeurs.
42:46 Aujourd'hui le marché est plus exigeant, les niveaux de taux vont rester élevés de toute façon même s'il se stabilise ou il baisse.
42:51 Donc on est dans un paradigme différent et il faut aller chercher des acteurs de qualité financière et extra financière.
42:58 Les deux vont de pair, c'est impératif.
43:00 La conviction ESG doit reprendre également la dimension financière de l'analyse.
43:06 Absolument, pour ceux qui l'avaient perdu.
43:08 Logique d'investissement pour 2024 chez Pigtay, Wealth Management, Frédéric, quelles sont les grandes lignes, les grandes idées ?
43:16 Faire écho à ce que disait Léa parce qu'on a commencé l'année avec un biais défensif après deux mois, un peu de folie, un peu trop, tout face, tout fourrieux sans fin d'année.
43:25 Et qu'on pensait que les banques centrales n'allaient pas baisser les taux dès le mois de janvier, disons pour faire simple.
43:30 Après, l'obligataire, justement il faut être un peu plus agile et pas acheter une obligation, une seule et la garder jusqu'à maturité.
43:37 Il faut faire les choses bien mais la duration en Europe, l'obligataire pour les bonnes entreprises de qualité jusqu'à 3, 5, peut-être même 7 ans.
43:44 On en a aussi, on garde de l'or pour tout ce qui peut se passer cette année. Je ne vais pas faire la liste des élections.
43:49 Plus que d'habitude ou pas ?
43:50 Non, alors parce qu'en Suisse, l'or, vous me direz, c'est un basique quoi.
43:53 Non mais enfin, je n'ai jamais entendu une maison suisse me dire qu'on n'avait pas d'or.
43:57 Désolé, je ne suis pas suisse.
44:01 Non, non, et en plus l'or a fait ses preuves et moi je ne suis pas forcément, certainement pas un aficionado normal.
44:08 Là, il y a une vraie pertinence.
44:10 Quand on veut du trésor américain et d'autres, Safe Haven, Classic joue moins leur rôle, diversification, ça c'est...
44:18 On en a encore, mais oui, 3, 5% maximum et puis on va être encore plus sélectif aussi dans tous les actifs réels et alternatifs qu'on peut avoir.
44:27 Parce qu'une montée des taux et des taux qui encore une fois, même s'ils baissent, sautent un petit peu, structurellement ont changé de régime.
44:32 Ça aussi, ça va être un challenge pour à mon avis toute une classe de...
44:35 C'est-à-dire quoi ? Ce n'est pas encore un marché d'acheteurs pour ces actifs alternatifs ?
44:39 C'est un marché non liquide par définition, dans lequel la réalisation de ces... Mais où la discipline, exactement, peut-être comme l'ESG, sans faire des parallèles hasardeux, va être plus importante.
44:49 On ne peut plus acheter des entreprises avec un niveau d'endettement ou rancrer dans des stratégies d'endettement aussi importantes.
44:54 On doit être plus sélectif. L'immobilier est intéressant malgré tout dans certains secteurs, peut-être même encore plus, parce que c'est aussi historiquement les années où vous faites les meilleurs investissements.
45:03 Donc un peu de tout ça et peut-être encore un peu de prudence sur les États-Unis pour les raisons que j'ai citées.
45:09 Chez l'Eva Capital, pour la stratégie que vous gérez, Stéphane, on n'est pas obligé de faire tout 2024, mais là, aujourd'hui, comment est-ce que vous êtes positionné ?
45:20 Sur la poche taux, on est positionné assez court sur la courbe, avec l'idée qu'à un moment donné, les banques centrales vont acter effectivement la baisse des taux.
45:29 Alors une fois de plus, je ne sais pas si c'est mars, avril ou mai. Et donc dans ces cas-là, c'est ce qu'on appelle le bélit de la courbe, c'est-à-dire la partie intermédiaire qui normalement donne la plus forte rentabilité.
45:40 On est aussi surpondéré sur le crédit, le crédit court. Parce qu'une fois de plus, si les taux courts baissent, forcément, vous avez le double effet normalement.
45:51 Sur les actions, on reste assez dynamique. Mais une fois de plus, c'est ce que j'expliquais tout à l'heure, c'est une stratégie de barbel, avec d'une part des belles sociétés qui ont des taux de croissance forts, etc.,
46:04 des marges récurrentes, parce qu'il y en a de très hauts niveaux. On en a une qui a 75 % de marge, par exemple, que je ne citerai pas, qui s'appelle Nvidia.
46:13 Et de l'autre côté, effectivement, il y a quand même certains actifs qui nous semblent avoir suffisamment d'écoute et de pricing. Dans les small cap en particulier, ou dans les mid cap, il y a des choses qui nous semblent déraisonnables.
46:31 Et donc, il faut les avoir et attendre le re-rating.
46:36 On a beaucoup parlé des small cap hier. Je vous renvoie à l'émission d'hier si vous voulez avoir les avis des gérants d'hier, en l'occurrence, sur les small cap.
46:43 Mais il y a un vrai consensus qui se forme sur l'idée que c'est peut-être pas mal d'être positionné, ou en tout cas être trop short de small cap aujourd'hui.
46:49 Ça peut être un risque pour les prochains mois.
46:51 Merci à vous trois d'avoir été des invités de Planète Marché. Stéphane Deshaut, éléva capital, Frédéric Ducrozet, Pictet Wealth Management, Léa Dunanch-Hatlet, DNCA Investments.
46:59 (Générique)
47:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
47:13 Le thème ce soir, c'est celui de l'hydrogène.
47:16 Et nous en parlons avec Yann Cordier, qui est gérant chez Alphajet Fair Investors.
47:19 Bonsoir Yann.
47:20 Bonsoir Grégoire.
47:21 Merci beaucoup d'être là.
47:22 Vous êtes spécialiste de la gestion thématique et ESG depuis près de 15 ans maintenant, je crois, Yann.
47:28 Avec ce fonds, donc, Hydrogène 360, Alphajet Hydrogène 360, qui est une stratégie toute récente chez Alphajet, qui a été lancée en octobre 2023.
47:38 Je voulais qu'on prenne quelques minutes quand même pour faire le point justement sur l'hydrogène en tant que vecteur d'énergie, en tant que possible carburant également.
47:50 L'hydrogène, ce n'est pas une ressource nouvelle, évidemment, dans le monde.
47:53 Qu'est-ce qu'on peut dire de la ressource hydrogène et de la manière dont on est capable de l'utiliser aujourd'hui par rapport à hier et peut-être demain également, Yann ?
48:03 Très bien. En fait, l'hydrogène, comme vous l'avez très justement dit, est produit industriellement depuis le 19e siècle.
48:09 Donc, ça n'a rien d'une nouveauté.
48:11 Mais il a des propriétés qui se révèlent particulièrement intéressantes aujourd'hui.
48:14 Tout d'abord, sa densité énergétique, qui est de l'ordre de trois fois plus importante que celle du pétrole.
48:20 Très concrètement, un kilo d'hydrogène produit autant d'énergie que trois kilos de pétrole.
48:25 C'est déjà un premier point dans une industrie décarbonée.
48:27 C'est quand même un très bon point.
48:29 Une autre chose intéressante, c'est que la combustion de l'hydrogène ne rejette pas de gaz à effet de serre, puisqu'elle produit de la vapeur d'eau.
48:40 Et un autre point qui me semble particulièrement intéressant, c'est qu'aujourd'hui, l'hydrogène, en fait, c'est le meilleur moyen de stocker de l'électricité,
48:48 notamment en venant d'énergie intermittente, et ensuite de la restituer, en quelque sorte, à la demande.
48:54 Donc aujourd'hui, c'est un vecteur d'énergie, et peut-être, comme vous l'avez dit, un carburant, de plus en plus intéressant,
49:00 pour respecter les accords de Paris, où, pour être dans les clous, il va falloir une multiplicité de technologies qui vont se combiner,
49:08 dont l'hydrogène prendra une part, à mon avis, très importante.
49:10 Au regard de toutes les caractéristiques que vous décrivez, vous dites que c'est impossible,
49:14 que dans le mix énergétique demain, il n'y ait pas une place importante, significative, en tout cas, pour l'hydrogène.
49:19 Absolument. C'est vraiment, pour moi, l'énergie du futur.
49:22 Alors, il est vrai qu'il y a eu un petit peu d'hésitation, on l'a vu encore l'année dernière, sur le thème de l'hydrogène, et depuis quelques années.
49:30 L'hydrogène a encore ses détracteurs, et on oppose un petit peu toujours les mêmes arguments.
49:34 Sa production est polluante, alors ça c'est vrai pour l'hydrogène gris ou l'hydrogène brun, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est 95% de la production mondiale,
49:46 donc c'est un vrai argument. Il y a aussi le fait de la sécurité, puisqu'aujourd'hui, on rétorque souvent que l'hydrogène est volatile, corrosif, inflammable, c'est vrai,
49:57 mais on n'est plus en 1937, au temps du Hindenburg, où là, on avait finalement l'explosion de l'hydrogène.
50:03 La catastrophe du Hindenburg, ce n'est pas tellement dû à l'hydrogène que à la peinture de la nacelle qui a provoqué la propagation de l'incendie.
50:11 Donc le grand ballon dirigeable, là.
50:12 Voilà, exactement, le zeppelin. Donc c'est vrai que ces arguments de sécurité s'entendent, mais aujourd'hui, il y a quand même quelque chose de très important qui se produit,
50:20 c'est qu'on construit de plus en plus des réservoirs de stockage de plus en plus étanches, en utilisant de l'acier, de l'aluminium, différentes résines,
50:30 et en plus, on est capable aujourd'hui, à température ambiante, de stocker de l'hydrogène sous forme solide. Donc ça, c'est quand même une vraie nouveauté.
50:38 La safety n'est plus un sujet.
50:40 Normalement, ça ne devrait plus l'être. Il faut évidemment former le personnel, mais aujourd'hui, la sécurité pour l'hydrogène est à peu près comparable à celle des hydrocarbons.
50:49 Donc ça ne devrait plus être un sujet.
50:51 Ce qu'on peut dire aussi, c'est que... Alors, on reproche à l'hydrogène d'être, c'est vrai, peu présent à l'état natif.
50:59 C'est-à-dire qu'on le trouve dans l'eau, évidemment, combiné avec l'oxygène, ou dans les hydrocarbures, combiné avec le carbone.
51:06 Donc l'obligation de le produire, et d'avoir des processus de production qui ne sont pas complètement décarbonés aujourd'hui.
51:11 Tout ça. Alors, le vapeau reformage pour tout ce qui est carboné, donc c'est 95% aujourd'hui à l'échelon mondial, et l'électrolyse à partir d'énergies renouvelables.
51:23 Et alors, il y a aussi quand même un événement très important qui est intervenu ces 10-15 dernières années, c'est la découverte d'hydrogène à l'état natif.
51:31 Alors, on savait qu'il en existait, mais finalement on s'aperçoit que ça peut être une véritable solution à l'avenir, parce que...
51:39 Alors, l'hydrogène à l'état natif, on en a découvert un petit peu partout. On en a découvert d'abord au Mali, puis en Mauritanie, au Maroc, en Amérique du Nord, en Australie.
51:49 Alors, Australie occidentale et méridionale qui sont très très à la pointe sur le sujet. En Russie et même en France.
51:54 Vous avez dû entendre parler forcément de la méga découverte à Fautschwiller en Lorraine, et c'est extrêmement important parce que d'un côté, c'est la production locale pour des besoins locaux
52:06 et très bien disséminée sur la Terre, et même sous les océans, et donc il n'y a pas de risque géopolitique, contrairement aux hydrocarbures.
52:13 Et d'un autre côté, on s'aperçoit, les scientifiques commencent à se rendre compte, que ces champs se régénèrent au bout de quelques mois.
52:21 Ce qui fait qu'on doit complètement inverser la logique et ne plus penser finalement en termes de stocks finis, comme dans le cas du pétrole, mais en termes de flux.
52:29 Et ça, vraiment, ça ne change plus.
52:31 - Sur l'hydrogène qu'on produit encore aujourd'hui, vous dites 95% est de l'hydrogène gris ou brun, ça évolue vite ?
52:39 La part d'hydrogène vert ou rose, alors j'ai appris qu'on appelait l'hydrogène rose produit à partir d'énergies nucléaires comme en France par exemple ?
52:48 - C'est ça, hydrogène rose ou jaune, ça dépend de la terminologie, c'est pareil.
52:52 - Cet hydrogène propre, il prend des parts de marché vite, très vite là ?
52:57 - Oui, alors là, il y a eu tellement de projets au niveau international, européen, et au niveau de chaque état,
53:05 tellement d'argent qui est mis sur la table, que effectivement, le poids des énergies renouvelables dans la production d'hydrogène décarboné est en train de croître de manière exponentielle.
53:14 L'hydrogène rose aussi, comme vous le disiez, à partir de nucléaires, puisque l'année dernière, l'Allemagne a consenti à s'aligner un petit peu avec la position française,
53:22 et consente sous certaines conditions à considérer le nucléaire comme un moyen de produire de l'hydrogène décarboné.
53:30 Donc voilà, tout est en train de se mettre en place pour que la part d'hydrogène polluant se casse la figure en fait, très clairement.
53:37 - À quoi sert l'hydrogène, concrètement ? Dans quoi, dans quel type d'équipement on va retrouver de l'hydrogène, soit sous forme de piles, soit en tant que carburant propre ?
53:52 - Oui, alors il faut faire très bien de mentionner ça, Grégoire, puisque effectivement, je vais citer par exemple la société brestoise EHM,
54:01 qui a mis au point, pour les bus, des moteurs à combustion interne utilisant 100% l'hydrogène, avec un haut rendement.
54:09 Donc là, on ne parle plus de moteurs électriques avec piles à combustible fonctionnant à l'hydrogène. C'est encore l'étape au-dessus.
54:15 Donc, il y a énormément d'innovation. Alors, maintenant, quand on parle de débouchés, il faut distinguer le court terme du moyen terme.
54:24 On ne parle vraiment pas de la même chose. Alors, à court terme, c'est surtout l'industrie qui doit faire face à une décarbonation accélérée de ses process.
54:33 Et là, on peut penser à la sidérurgie, à l'industrie cimentière, à la chimie, etc. Donc là, il y a un impératif de se décarboner.
54:40 Il y a aussi les mobilités lourdes. Alors, dans les mobilités lourdes, il y a le fret routier, les camions, il y a les transports en commun.
54:48 Donc, je parlais des bus tout à l'heure, mais on peut parler aussi des trains. Sur les lignes qui ne sont pas électrifiées, l'hydrogène peut constituer une très bonne alternative.
54:55 Et puis, le fret maritime aussi, où il y a des impératifs très forts pour décarboner très vite. C'est un secteur très, très émetteur de CO2.
55:06 Donc, ça, c'est plus pour le court terme. À moyen-long terme, on a tout ce qui est transport aérien, avec maintenant l'obligation d'utiliser des carburants décarbonés en quelque sorte,
55:19 utilisant partiellement de l'hydrogène vert, produit de manière non carbonée, évidemment. Alors, il y a la grande question de la mobilité légère, la voiture individuelle.
55:30 Alors là, les grands détracteurs de l'hydrogène, ça, c'est un petit peu Laurentienne. C'est de leur dire « Bon, oui, vous voyez, non, la voiture à hydrogène... »
55:38 — Ils sont restés bloqués là-dessus, quoi. — Ils sont restés bloqués là-dessus. — D'accord. — Et en fait, leur cadre d'investissement se réduit un petit peu à ça, pour disqualifier l'hydrogène.
55:46 Non. À l'heure actuelle, pour être très clair, boursièrement, si je joue l'hydrogène, ce n'est pas pour ça. Ce n'est pas pour ça. C'est pour l'industrie et la mobilité lourde.
55:54 Pour les mobilités légères, en 2030, peut-être que les choses auront beaucoup changé. Il y aura plus de stations de recharge. On aura fait des progrès en termes de rendement et d'autonomie.
56:03 Ça commence déjà à être le cas. Et vous voyez tous les big guys asiatiques, les Toyota, les Honda, Hyundai aussi très fortement, qui ont encore parlé aujourd'hui,
56:12 Stellantis également, et même les constructeurs allemands, qui voient dans l'hydrogène un moyen peut-être de sauver la filière automobile thermique.
56:22 Fin du moteur thermique met tellement à mal les filières de l'industrie automobile que l'hydrogène peut être vu comme une porte de sortie, ou en tout cas une soupape.
56:33 Je passe sur les moyens et les finances publiques dédiés au développement de l'hydrogène. Mais on sait qu'on a des grands plans de ce point de vue-là, notamment en Europe, France, Allemagne.
56:45 Ils ont mis quand même des paquets de milliards sur l'hydrogène. Chine, Etats-Unis, aussi pour vous donner une idée, la moitié aujourd'hui, à l'heure où on se parle,
56:55 la moitié de la capacité de production d'hydrogène par électrolyse, c'est en Chine. Donc la Chine est en retard, elle est en train de brûler les étapes.
57:02 Et le plan Biden aux Etats-Unis est en train également de faire des états-unis. On retrouve sur l'hydrogène à peu près le même rapport de force qu'on peut retrouver sur d'autres technologies
57:10 ou sur d'autres sujets de transition. En une minute, comment vous vous exposez stratégiquement en tant qu'investisseur gestionnaire d'actifs à ce thème de l'hydrogène ?
57:21 Qu'est-ce qui vous intéresse et quels sont les grandes verticales que vous traitez ?
57:26 Alors tout d'abord l'hydrogène natif, même si boursièrement il n'y a pas beaucoup de vecteurs pour le jouer aujourd'hui.
57:31 Il y a quand même la Française de l'énergie qui est une société vraiment pionnière et très bien gérée.
57:37 Donc tout ce qui est hydrogène blanc effectivement intéresse de plus en plus d'acteurs.
57:41 La production d'hydrogène vert via les énergies renouvelables, alors on aime bien des boîtes comme NextEra par exemple aux Etats-Unis ou Iberdrola.
57:49 NextEra va bénéficier beaucoup du plan Biden, des prix d'impôts absolument massifs.
57:54 On aime bien aussi tout ce qui est stockage, alors qu'il s'agisse des grands réservoirs de stockage.
57:59 Et là à Cocorico, on a deux grands acteurs français qui sont à la pointe là-dessus, qui construisent des gigafactories.
58:05 On a Forvia ou Plasticomium.
58:08 Et pour ces boîtes-là, ce n'est pas des petites parts de leur activité ?
58:13 Non, pour Plasticomium par exemple, on parle de 3 milliards de chiffre d'affaires en 2030 dans l'hydrogène, ce qui est quand même assez considérable.
58:21 On a aussi les acteurs des gaz industriels qui produisent, qui liquéfient le gaz, l'hydrogène et qui le transportent.
58:28 C'est un maillon clé de toute la chaîne.
58:30 Là évidemment, on pense à l'air liquide ou à l'Inde.
58:32 Il y a une boîte que j'aime bien, c'est Iwatani au Japon, qui est une sorte d'air liquide japonais,
58:37 mais qui bénéficie en plus d'une impulsion gigantesque donnée par l'État japonais depuis peu, après des années un petit peu en dormance.
58:46 Et puis évidemment, tout ce qui est motorisation, aux nouvelles, puis la combustible et le fret maritime.
58:52 J'aime bien par exemple la société finlandaise Vartila, qui est spécialisée dans la fabrication de moteurs pour la navigation.
58:59 Merci beaucoup Yann, merci pour ce tour d'horizon.
59:02 Alors on a fait un 360° rapide sur la question de l'hydrogène dans ce dernier quart d'heure avec vous.
59:08 Merci beaucoup d'être venu en parler.
59:09 Vous êtes gérant chez Alphajet Fair Investors, Vienne Cordier qui pilote la stratégie Alphajet.
59:14 Alphajet, hydrogène 360, qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de SmartBank ce soir.
59:20 Merci Grégoire.
59:21 Merci.
59:22 [Musique]

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