• il y a 11 mois
Trois policiers sont jugés pour les blessures infligées à Théo Luhaka lors de son interpellation en 2017 à Aulnay-sous-Bois, qui ont causé un handicap à vie au jeune homme alors âgé de 22 ans. "L'affaire Théo" avait à l'époque relancé le débat sur les violences policières

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Transcription
00:00 - Audiance importante, Mélanie, parce que c'est une vidéo de l'interpellation qui a été projetée.
00:05 - Oui, c'est une vidéo qui dure 8 minutes et on a eu un commandant de l'IGPN qui est venu face à la cour,
00:14 la décrypter presque séquence par séquence pour savoir s'il y avait eu des fautes, des erreurs, des manquements
00:19 dans l'intervention policière. Alors sur cette vidéo, on voit Théo en t-shirt bleu qui est interpellé par des policiers
00:26 dans une cité d'Aulnay-sous-Bois, sauf que le jeune homme ne se laisse pas faire. Le ton monte rapidement,
00:32 tout se joue en quelques secondes. L'intervention des policiers dégénère et on voit le jeune homme recevoir
00:38 d'abord des coups et puis sur l'une des images, l'un des policiers sort sa matraque télescopique et inflige un coup
00:44 à Théo à travers son caleçon dans la zone anal et le jeune homme s'effondre littéralement sans doute sous le coup
00:51 de la douleur. Il sera ensuite raccompagné au commissariat et lui-même placé en garde à vue avant que l'IGPN
00:57 ne soit appelé pour enquêter rapidement sur ce dossier. Les quatre policiers d'Aulnay-sous-Bois seront à leur tour,
01:03 eux, placés en garde à vue à l'époque pour viol en réunion, même si la qualification a été abandonnée depuis.
01:09 Mais effectivement, c'est de ça dont il est question clairement, la légitimité de l'intervention policière,
01:14 la proportionnalité de la force des policiers ce jour-là. A noter que des photos des vêtements de Théo ont été projetées
01:21 dans la salle d'audience et c'est assez sidérant. On voit notamment le t-shirt et le caleçon du jeune homme récupéré
01:27 juste après son interpellation, qui sont tous maculés de sang.
01:31 Alors donc, la projection de la vidéo, c'était aujourd'hui, mais hier, le policier s'est justifié à la barre.
01:37 Qu'a-t-il dit ? Quels ont été ses arguments ?
01:43 Oui, Marc-Antoine Sey, il a 34 ans aujourd'hui. Ça faisait 4 ans qu'il était policier quand l'affaire Théo a éclaté.
01:49 Lui, qui a toujours eu un parcours professionnel sans embûche, a déclaré qu'il avait tout perdu avec cette affaire
01:55 et qu'on lui avait collé à l'époque la pire des étiquettes, celle de violeur. Mais je vous le disais,
02:00 il a été mis en examen d'abord pour viol, puis les poursuites pour viol ont été écartées.
02:05 Reste qu'il est mis en examen toujours pour violence volontaire, ayant créé une infirmité permanente.
02:10 Le policier explique avoir choisi ce métier par vocation pour être utile, avoir choisi aussi le 93,
02:17 malgré le fait que ce soit un département difficile. On n'est pas des mauvais gars, a expliqué le policier.
02:22 Et pourtant, on se retrouve aujourd'hui avec une épée de Damoclès judiciaire au-dessus de nos têtes,
02:26 devant cette cour d'assises, avec des peines à la clé qui sont très lourdes.
02:29 Ce policier, on l'a rencontré il y a quelques jours, il s'exprimait. Alors, pour la première fois, je vous propose de l'écouter.
02:37 A plusieurs reprises, j'ai porté des coups de bâton télescopique de défense en visant le haut des jambes de M. Luaka.
02:43 Je le reconnais et je l'assume. Je n'avais aucun autre moyen, a priori, de défendre mon collègue face à M. Luaka.
02:51 Je n'ai jamais eu la volonté de causer cette blessure désolante.
02:55 Alors, Mélanie, plusieurs personnes, symboles des violences policières, sont aussi venues à la barre apporter leur soutien à Théo.
03:04 Oui, hier et aujourd'hui, la mère de Naël, vous savez, ce jeune adolescent qui a été tué par un policier à Nanterre, est présente.
03:10 On l'a vu discuter, aller saluer Théo et sa famille. Elle n'a pas souhaité s'exprimer.
03:15 Michel Zecler aussi, ce producteur de musique qui avait été passé à Tabac en 2020 dans son studio d'enregistrement, lui aussi est présent.
03:23 Il avait appelé sur les réseaux sociaux à venir aujourd'hui. Lui-même, victime de violences policières, estimait que sa présence était indispensable aujourd'hui.
03:31 Et c'est clairement ce sujet qui doit être sur la table. En tout cas, c'est ce que pense Dominique Soppo, le président de SOS Racisme, lui aussi est là depuis le début pour soutenir Théo.
03:40 Et parce que, dit-il, ce sont toujours les mêmes populations qui sont visées par les policiers. On l'a interrogé tout à l'heure. On l'écoute.
03:47 En tant que président de SOS Racisme, pour moi, c'est important d'être ici parce qu'une fois de plus, quoi qu'il en soit, c'est une violence extrême qui a été exercée sur un jeune homme noir.
03:57 Ça n'est sans doute pas le fruit du hasard, même si, malheureusement, je regrette personnellement que les insultes racistes très graves dont Théo a fait témoignage de façon constante dans ses dépositions
04:10 ne soient pas réellement débattues ici puisque ça n'a pas été retenu dans ce qui est reproché aux agresseurs. Je pense que c'est important de témoigner par cette présence
04:21 qu'il y a quand même un débat qui n'a pas eu lieu, que nous sommes dans un pays où la multiplication de ce type d'affaires toujours sur les mêmes profils crée une absence de débat,
04:32 comme si ça ne pouvait pas être discuté.
04:36 Pour l'instant, Théo n'a pas encore eu la parole. Il sera interrogé longuement. Ce sera lundi prochain. Les trois policiers aussi seront plus longuement interrogés sur cette intervention
04:45 qui a fait basculer la vie de ce jeune homme. Il risque tous les trois de 7 à 15 ans de prison. Le verdict, lui, est attendu le 19 janvier prochain.

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