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00:00 Moi je m'appelle Zeca Siso, peut-être que je n'en parlerai pas beaucoup parce que j'ai fait un peu de papier ici pour vous aider à bien comprendre ce que je suis.
00:12 Je m'appelle Zeca Siso, je viens de Verviers parce que j'habite là-bas depuis très longtemps.
00:20 Je représente l'organisation que nous appelons les Amis du Monde Entier, vous entendez l'amitié que nous cherchons.
00:28 C'est une organisation qui a été créée au début, c'était le mouvement du sans-papier en 98.
00:37 Le mouvement du sans-papier qui a été lancé en France par nos compatriotes ouest-africains qui avaient occupé l'église Saint-Bernard de Paris.
00:47 Et là alors ça a pris une ampleur presque mondiale parce qu'on en a parlé partout, on le savait, en 98.
00:58 À ce temps-là on pensait que c'était seulement un problème des Noirs, on s'est rendu compte que ce n'était pas seulement notre problème.
01:06 J'en parlerai un peu au départ dans l'africanisme.
01:10 Donc nous avons pu arriver au résultat parce qu'en 2000 on a obtenu une régularisation massive.
01:21 Pour dire que les gens avant, beaucoup d'Africains étaient vraiment bloqués dans leur vie sans-papier, ils ne pouvaient rien faire.
01:30 Les combats s'est engagé à ce moment-là, j'étais le porte-parole de la coordination nationale, il y avait d'autres porte-parole, on était bien nombreux.
01:40 On s'était réunis, on a fait ce travail-là.
01:44 C'est là que nous avons créé cette association.
01:48 Et avec l'objectif justement de dire que pourquoi nous sommes rejetés, nous sommes isolés, nous devons aller vers les autres, nous devons les provoquer.
01:58 Nous cherchions notre place.
02:02 Il ne s'agirait pas seulement de la régularisation mais quelle serait notre place dans la société.
02:09 Alors il fallait continuer, créer maintenant une association, qui après la régularisation, il fallait maintenant accompagner.
02:16 Parce qu'avant il n'y avait pas vraiment d'association, parce qu'on n'avait pas la possibilité de le faire.
02:22 C'est là où tout est parti, tout celui qui était régularisé pouvait se créer un espace et faire son travail.
02:31 On s'est rendu compte que les gens, les Africains, commençaient à être motivés.
02:35 Il y en a qui cherchaient du travail, il y en a qui s'occupaient des autres.
02:40 Et aujourd'hui, nous avons créé, pas aujourd'hui parce que le mouvement sans-papiers c'est depuis 1998.
02:48 En 2010, nous avons créé ce que nous appelons le MISIC, un mouvement international pour la construction des identités collectives de diaspora et sociétés civiles.
03:01 C'est un mouvement, une association de fait, portée par justement les amis du monde entier,
03:07 qui mobilise les Africains pour que nous puissions vraiment entrer dans ce panafricanisme,
03:15 pour vivre ensemble avec les autres et trouver notre place.
03:18 Et nous sommes déjà 450 associations de partout, en Europe comme en Afrique.
03:26 Donc on a dit que c'est une opportunité ici de connaître d'autres associations qui pourront accepter de se joindre à un mouvement beaucoup plus large.
03:37 C'est un espace vide, un espace qui n'empêche personne d'y entrer parce que c'est une association de fait.
03:45 Il suffit seulement que chaque association prenne au moins un espace, ou dans ce grand espace,
03:51 et occupe un peu de terrain dans l'espace.
03:53 C'est vraiment un champ cultivé, que chacun peut venir cultiver, sans condition, vous n'avez pas de condition.
04:00 Il suffit de se dire, là où vous êtes, j'appartiens au Mysique, alors on vous reconnaît, on vous met sur la liste, on sait que vous parlerez du mouvement.
04:09 La volonté de se libérer, elle est dans tous les peuples.
04:14 On ne peut pas rester enfermé. Nous devons nous en sortir.
04:20 C'était comme ça que quand nous sommes arrivés ici, c'était à Monant.
04:27 Moi je suis arrivé à Monant, il y avait déjà ceux qui étaient là, même qui n'avaient pas de papiers.
04:32 Chaque fois qu'on allait se visiter un Trudeau, entre Africains, chacun disait "moi aussi je n'ai rien".
04:40 L'autre, moi aussi il n'a pas de papiers. Les autres qui étaient en France c'est la même chose.
04:45 Un jour on va nous dire, voilà, en France les autres se sont révoltés, ils sont entrés dans l'église,
04:51 et ils ne sortent pas parce qu'ils exigent la réglementation avant d'en sortir.
04:57 Alors nous avons dit, partout, nous aussi on va faire ça.
05:01 Et je pense que ceux qui étaient là, ces années-là, vous avez vu que c'était maintenant dans toutes les villes.
05:08 Moi à Vervier, on a occupé cinq églises, et pourtant Vervier c'est une petite ville.
05:14 Ici à Bruxelles, beaucoup d'églises. L'église de Bignage était le centre du mouvement.
05:22 Mais il y en avait un peu partout, à Mons, en Anvers, et tout ça.
05:27 Mais qu'est-ce que nous avons constaté ? Nous d'abord, comme je vous ai dit,
05:32 on croyait que c'était le problème des Noirs, parce que les Noirs ont toujours des problèmes
05:37 avec ceux qui ne veulent pas qu'on existe, qu'on avance, tout ça, tout ça.
05:42 Alors, c'est le lendemain, on était dans l'église, on a vu le blanc qui venait aussi,
05:48 qui n'avait pas de papier, en bas. Donc il y a aussi des personnes comme ça qui sont toujours
05:54 « Oh non, moi je suis marocain », l'autre dit « Je suis gosselave », « Je suis russe », « Je suis romain », vous voyez ?
06:01 Comme ils viennent de le dire chez nous, au pays, on veut baser les élections
06:09 sur la base de l'ethnie, de la famille, et tout ça. On oublie les candidats de l'étranger,
06:15 comme on nous qualifie, et pourtant, ces gens-là, ils ont des ramifications pour peut-être
06:20 emporter encore la force qui peut encore nous aider à exister.
06:25 C'est vraiment très important, ça, si on peut transmettre à tout le monde
06:29 que le communautarisme, c'est notre malheur.
06:34 Et si on l'applique comme on l'a dit, nous devons nous ouvrir.
06:39 C'est là où je vous ai dit pourquoi on a créé les Amis du Monde,
06:43 de dire que nous ne sommes pas seulement les Noirs, même si vous ne venez pas,
06:47 mais nous on a une porte ouverte.