Omar Ba et son intervention sur le Panafricanisme et communautarisme

  • il y a 8 mois

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00:00 Mon domaine d'action pendant de nombreuses années a été toujours l'associatif.
00:06 J'ai été le coordonnateur de la plateforme des comités africains,
00:09 qui était une fédération qui regroupait 250 organisations, dont Bruxelles, Anvers, Gant.
00:18 Et à travers cette organisation-là, ça nous a amené à avoir des collaborations avec différents organes,
00:28 que ce soit les institutions régionales ou bien les institutions fédérales et même européennes,
00:34 dans lesquelles on a eu à agir. Et toujours avec un souci, c'était œuvrer pour l'intérêt des diasporas...
00:41 Pardon, excusez-moi. Œuvrer pour l'intérêt des diasporas africaines et au sud du Sahara,
00:50 pour ne pas dire "subsaharienne", un terme que... Et dans le Sahara aussi d'ailleurs, parce que c'est faux comme terme.
00:58 Et d'ailleurs, c'est dans ce contexte-là qu'on a eu à mettre en place Mémoire coloniale,
01:08 qui a été initiée à l'époque dans ce cadre-là, de la plateforme, et dont la plupart des membres étaient issus de la plateforme.
01:17 Je me souviens avec Moïse Esso, Vodounou et d'autres, et d'autres, et d'autres. Et aussi, dans ce même cadre-là,
01:30 on a travaillé... Il y a eu des collaborations avec le musée de Tervuren, où on a insisté en fait
01:40 pour une plus grande représentativité de personnes issues des régions concernées par la question mémorielle,
01:53 surtout des pays d'Afrique centrale, étant le Congo ou en Abourandi. Et donc c'est comme ça que le Conseil consultatif pour les diasporas
02:01 a été érigé à l'époque, aussi dans le cadre de cette même plateforme. Et c'est là aussi que le forcing a été fait
02:08 pour qu'il y ait en fait une remise en question de l'exposition, ce qui a amené à la rénovation, et ce qui a amené aussi
02:17 à la mise en place aussi de structures ou bien d'implications de personnes pour un questionnement de l'organisation de cet endroit.
02:29 Les initiateurs du congrès panafricain, des congrès panafricains, avaient compris très rapidement
02:36 qu'il fallait tisser des alliances, et c'était un rapport de force. Et pour mieux influencer, il fallait créer des alliances
02:45 qui vont même au-delà de l'Afrique, parce qu'il y a des intérêts communs et naturellement il y a des intérêts particuliers.
02:52 Maintenant je reviens à la phase des congrès. Donc le premier congrès, c'est là que la réflexion s'est vraiment faite.
02:58 D'abord, comment il faut que l'on ne peut pas prétendre qu'on n'est pas africain alors que 99,9% des participants ne sont issus que des diasporas,
03:08 et que des intellectuels africains ne participent pas. Donc pour le premier congrès, il y a eu le souci de faire participer
03:17 des intellectuels africains qui vivaient en Angleterre ou bien aux Etats-Unis, ou bien qui avaient la possibilité de venir.
03:27 Donc ça a commencé comme ça. Et c'est là que vraiment il y a eu un action plan qui a été mis en place.
03:33 Ça veut dire que là, il y a eu une vision vraiment de ne pas se limiter seulement à un congrès, mais de faire plusieurs congrès,
03:40 et qu'à chaque congrès, qu'on mette par exemple des objectifs à atteindre. Plus il y avait de congrès, plus on voyait que
03:49 les organisateurs des congrès pan-africains étaient déjà plus nombreux, plus représentatifs aussi,
03:56 de vraiment différentes régions africaines, ont tenté en tout cas, ils ont tenté, et qu'ils comprenaient aussi ce qui se passait autour d'eux.
04:04 Parce que le moment, en fait, l'un des plus grands tournants pour le mouvement pan-africainiste a été le début de la Première Guerre mondiale.
04:14 Et la tentative des Etats-Unis de vraiment supplanter les anciennes puissances coloniales, qui étaient l'Angleterre, la France.
04:24 Et l'avènement d'un président qui était très raciste, mais à l'époque on le prenait pour un sauveur, qui était Woodrow Wilson.
04:33 C'est une autre histoire lui, mais intéressez-vous un peu à son histoire, et vous allez voir qu'il y a une contradiction.
04:42 Néanmoins, il a ouvert une brèche, et grâce à des paroles qu'il a prononcées.
04:47 À l'époque, on pensait que c'était de sa bonne volonté, parce qu'il se souciait du bien-être des peuples opprimés et dominés.
04:55 Donc c'est lui qui a utilisé la première fois le terme "chaque peuple a droit à l'autodétermination".
05:02 Donc le terme "autodétermination", à cette époque-là, à la fin, pas l'intervalle, mais pendant la guerre, après la guerre,
05:11 c'est là que les Américains se sont imposés comme un peu les médiateurs.
05:18 Là, ils n'étaient pas carrément la puissance, mais une puissance en avènement.
05:22 Donc ce terme d'autodétermination, que tous les peuples avaient droit à l'autodétermination,
05:28 lui le disait pour une raison d'abord. Il le disait pour que les peuples européens,
05:35 donc les peuples européens qui avant n'étaient pas identifiés comme européens, mais qui avaient des identités particulières,
05:40 les Tchèques, les Catalans, les Écossais et autres, qu'ils avaient droit d'être eux-mêmes
05:47 et éventuellement aussi de s'organiser en tant que tel pour mettre en place un État ou bien une entité politique.
05:55 Et les États-Unis, qu'est-ce qu'ils voyaient là-dedans ?
05:58 C'était une forme de créer une fragmentation pour augmenter leur influence.
06:03 Vu cet angle-là, je trouve ça problématique de mettre l'africanisme et le communautarisme.
06:08 Maintenant, je sais d'où ça vient la réflexion communautariste.
06:14 Je doute que toute communauté qui veut exister au sein de la France ait un danger pour cette hégémonie française.
06:21 Donc là, par exemple, dans ce sens-là, et en Belgique aussi, surtout en Belgique francophone, on reprend ces termes,
06:29 cette discussion-là, on ne va pas la voir en Flancre.
06:31 Parce que la Flancre considère les communautés, elle s'est émancipée en étant une communauté.
06:36 Donc dans cette lancée-là, elle, par exemple, elle n'antagonise pas le fait que les gens s'organisent en communauté.
06:44 Et c'est pour ça que, par exemple, vous avez des fédérations communautaires.
06:47 Ça veut dire que la plateforme dont je parlais tout à l'heure, c'était une fédération communautaire africaine qui était acceptée,
06:53 qui était même reconnue par l'État d'ailleurs.
06:55 C'était, parce que là, elle...
06:57 Non, comme toutes les autres, les Turcs, les Marocains, les machins...
07:02 En Afrikaans, c'est la plateforme.
07:04 Donc la Flancre, elle, elle communautarise pour mieux gouverner.
07:10 Tu vois ? Ça veut dire que ce qui est bon, aimé, c'est ce qui peut aussi créer certains problèmes.
07:18 Bref. Donc c'est pour seulement placer ce contexte-là.
07:21 Mais dans ce contexte-ci, par exemple, où on craint, par exemple, on considère que quand une communauté fait une introspection,
07:32 et pour qu'une communauté puisse faire une introspection, naturellement, il faut qu'elle s'organise, tu vois ?
07:38 Et qu'elle cherche les communalités.
07:41 Et ça peut être la couleur, ça peut être des considérations régionales, ça peut même être des considérations tribales.
07:50 Allons-y, quoi.
07:51 Moi, maintenant, j'ai pas un problème avec ces dynamiques-là.
07:54 J'ai un problème avec ces dynamiques-là quand elles s'allient, les autres.
08:00 Tu vois ? Quand, par exemple, on crée une forme d'exceptionnalité tribale,
08:05 quand on crée une forme d'exceptionnalité ethnique, quand on crée une forme d'exceptionnalité de couleur,
08:11 et qu'on veut, par exemple, opposer à ce qu'on vit, par exemple, on se bat contre la suprématie blanche en étant suprématiste noir.

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