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00:00 8h14, votre invitée ce vendredi Morgane Guillomart, c'est Florence Pagneux, elle est correspondante du journal La Croix à Nantes.
00:07 Journaliste qui a subi pendant un an une kinésithérapeute du pôle de médecine physique et de réadaptation au CHU de Nantes.
00:13 Florence Pagneux, bonjour.
00:14 Bonjour.
00:15 Dans le journal La Croix, dont le dernier numéro est en kiosque depuis hier, vous signez un long dossier sur ce service du CHU de Nantes,
00:22 dans lequel se retrouvent les personnes paralysées après un gros accident de la vie. Alors, à quoi ressemble la vie d'après pour ces personnes ?
00:30 Alors, la vie d'après, il faut se rendre compte que c'est vraiment un lieu, un microcosme ce service.
00:35 On y reste pendant vraiment de longs mois. Certains patients vont y rester un an, deux ans, deux ans et demi,
00:39 parce qu'ils prennent beaucoup de temps pour se reconstruire finalement.
00:41 Il y a des temps tous les jours de rééducation avec des kinés, des ergothérapeutes, il y a des chirurgies réparatrices qui mettent du temps aussi à se remettre.
00:49 Et du coup, c'est vraiment un lieu où il y a un lien très fort qui se noue entre soignants et patients, entre soignants, patients et famille.
00:55 C'est ce trio-là que j'ai voulu analyser au long cours et que j'ai voulu comprendre pour montrer toute l'humanité qui se dégage finalement de ce service
01:01 et dont on voit très peu finalement à l'extérieur les manifestations.
01:04 Et vous avez subi particulièrement Julie, une kinésithérapeute. Qu'est-ce que vous avez pu remarquer justement dans sa relation aux patients ?
01:13 Alors Julie, elle travaille depuis dix ans dans ce centre, donc elle connaît très bien les lieux.
01:17 Et elle est aussi présidente d'une association qui lie soignants et patients pour créer tout un tas d'animations dans ce service,
01:23 sortir au restaurant, partir voir des manifestations sportives.
01:26 Je suis partie avec eux tout un week-end assister à une finale de handball.
01:30 Et donc j'ai vu de près ce que c'est que d'accompagner au long cours des patients.
01:34 En fait, ce qu'elle dit Julie, c'est que la distance avec le patient, qui est parfois nécessaire,
01:38 elle fond nécessairement dans ce service parce qu'on passe beaucoup de temps ensemble.
01:41 Il faut savoir que les patients qu'elle voit, elle les voit tous les jours, deux fois par jour.
01:45 Donc vous imaginez le temps qui est passé ensemble dans un corps à corps,
01:48 parce que les patients et les soignants sont très proches les uns des autres.
01:51 Il faut soutenir les jambes, il faut soutenir les bras, il faut mobiliser les mains.
01:54 Donc il y a vraiment quelque chose de l'ordre d'un corps à corps très très proche,
01:58 qui est propice aux confidences, qui est propice à la proximité,
02:01 et qui fait que les liens noués entre patients et soignants sont très forts.
02:04 Les familles aussi sont très présentes dans le centre, elles peuvent venir très régulièrement voir les patients.
02:08 Et là encore, avec les soignants, il y a un lien très fort qui se crée.
02:11 Et vraiment, ce que me disait une ancienne patiente, parce que j'ai aussi rencontré des patients
02:15 qui sont sortis du centre, qui ont refait leur vie autonome,
02:18 qui me disaient que quand ils reviennent dans ce lieu, ils ont un attachement comme s'ils allaient dans une seconde famille.
02:22 Donc c'est pour vous dire l'importance qu'a ce lieu pour les gens qui se reconstruisent là-bas.
02:25 Et dans cet article, dans La Croix, vous nous faites rencontrer Paul, 32 ans, Nicole, 78 ans,
02:30 ou encore Thaïs, 17 ans, des profils vraiment différents en somme,
02:33 mais ils sont tous paralysés, ils ont tous vécu un accident de la vie.
02:37 Qu'est-ce qui vous a marqué dans leur manière d'appréhender ce qui leur est arrivé ?
02:41 Alors ce qui est intéressant, c'est de voir que chaque patient finalement a son histoire et appréhende différemment l'accident.
02:46 Paul, il me raconte que finalement, avant son accident, il n'allait pas bien.
02:49 C'était un jeune qui n'avait pas trop le moral, il était cuisinier, puis il avait changé de métier,
02:52 il ne savait plus trop où il allait.
02:54 Et puis il a eu cet accident très grave, et aujourd'hui, il a un regard sur la vie qui est complètement différent,
02:58 qui est beaucoup plus positif.
02:59 Par exemple, il m'a dit quelque chose de très fort, il m'a dit "avec ma mère et mon frère, on se dit enfin qu'on s'aime".
03:04 Alors qu'avant, les relations pouvaient peut-être être plus compliquées.
03:07 Il a un rapport à la vie qui a été complètement modifié par son accident.
03:10 Alors bien sûr que ce n'est pas évident tous les jours, qu'il y a beaucoup de choses encore à faire
03:13 pour retrouver de la force dans ses bras, pour reprendre une vie autonome.
03:16 Il sait qu'il va devoir passer encore de longs mois dans ce centre de rééducation.
03:19 Mais voir son sourire tous les jours à chaque fois que je l'interviewais,
03:22 ça me donnait vraiment beaucoup de baume au cœur, et ça m'a mis aussi de relativiser sur plein de choses.
03:26 C'est un reportage qui m'a beaucoup marqué.
03:28 On sent l'émotion de ces personnes, c'est des parcours de vie aussi que vous racontez dans cet article.
03:32 On apprend aussi que ce service est très technologique.
03:36 C'est un endroit où les personnels se battent pour que ce soit un service où on accueille bien les patients.
03:43 Oui, effectivement, c'est un lieu qui se veut de référence nationale
03:46 et qui possède plein de matériel pour aider les patients à se rééduquer de la meilleure manière possible.
03:52 Il y a des robots qui sont très impressionnants, qui permettent l'aide à la marche.
03:55 La personne s'installe dans un robot immense, et puis on met en marche tout un tas d'écrans et de systèmes.
04:00 Et puis elle réapprend, quand c'est nécessaire, à reprendre le mouvement de la marche pour que le corps se réhabitue finalement.
04:05 Alors ça ne concerne pas tous les patients, ça concerne ceux qui pourront un jour peut-être remarcher.
04:09 Pour d'autres, ceux qui sont définitivement paralysés, ça va être d'autres types d'exercices.
04:14 Mais ce que me disaient les médecins sur place, c'est que la technologie ne fait pas tout.
04:17 L'humain est extrêmement important.
04:19 Et c'est aussi pour ça que les médecins de ce centre se sont battus pour avoir de l'argent,
04:23 pour continuer à faire fonctionner ce centre, pour continuer à investir aussi dans l'humain.
04:27 La technique ne suffit pas.
04:28 - Merci Florence Pagnon. On sent votre émotion, qu'on peut avoir aussi en lisant votre dossier,
04:33 qui je le rappelle a été publié dans le numéro de La Croix, qui est en kiosque depuis hier,
04:41 sur l'unité de réadaptation au CHU de Nantes dans le journal La Croix.
04:45 - Merci.
04:46 - Comme on peut le voir si vous regardez France 3, il est à l'écran.

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