Gabriel Attal est-il une arme anti-Bardella en vue des élections européennes?

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Transcript

00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.

00:04 Le Rassemblement National a un jeune président, Jordan Bardella, il est populaire.

00:08 Regardons ce que nous avons en magasin.

00:10 On a un jeune homme populaire qui s'appelle Gabriel Attal.

00:12 Bardella, Gabriel Attal.

00:14 Ils s'étaient repérés l'un l'autre.

00:15 Ils se reconnaissent.

00:16 Chacun dans leur candidat.

00:17 Tu es Philippe Bilger.

00:18 Tu seras mon adversaire de nom.

00:19 Il y a une sorte de symétrique de Jordan Bardella au Rassemblement National

00:23 et que c'est une des raisons pour lesquelles il a été choisi pour mener la campagne aux élections européennes.

00:28 La cote de popularité, ça vient de sortir du FIERRO magazine.

00:30 Jordan Bardella gagne 6 points, 35% et Gabriel Attal perd 3 points, est à 34.

00:36 Comme on dit, c'est de bonne augure pour le 9 juin.

00:38 Et donc à 34 ans, Gabriel Attal est le plus jeune Premier ministre de l'histoire

00:42 et il y a quelques mois des élections européennes,

00:44 beaucoup y voient une arme anti-Bardella.

00:46 Le président du RN, âgé de 28 ans, devrait de nouveau diriger la liste de son parti en juin prochain, Philippe.

00:51 Alors parlons vrai.

00:52 Est-ce que pour vous, c'est les deux futurs ténors de la politique française ?

00:55 Croyez-vous qu'on est en train de sauter une génération d'hommes politiques ?

00:58 Est-ce que vous pensez qu'avec l'arrivée à Matignon de Gabriel Attal,

01:02 la majorité pourra refaire son retard qui est de plus de 10 points sur la liste RN ?

01:08 À cette question, Gabriel Attal est-il une arme anti-Bardella en vue des européennes ?

01:12 Vous dites non à 74%.

01:14 Et on va en parler avec le Luc Gra, politologue.

01:17 Bonsoir Luc, merci d'être avec nous.

01:19 Philippe Bilger, alors on les oppose tous les deux, forcément, Gabriel Attal.

01:23 C'est sûrement lié à l'âge et à la nouvelle génération, cette nouvelle vague qui arrive.

01:27 Mais est-ce qu'on peut vraiment les comparer ?

01:30 Décidément, ma chère Cécile, mon cher Philippe, vous êtes un corrigi.

01:34 On a encore un expert qui est un chroniqueur.

01:38 Donc ça commence à faire beaucoup.

01:40 C'est une déstabilisation un peu choquante.

01:43 Mais plus sérieusement, je pense qu'il ne faut pas exagérer en anticipant trop le futur, c'est-à-dire 2027.

01:52 Il est évident que la politique générale qui sera menée par Gabriel Attal avec le gouvernement,

02:00 si elle est réussie, ne pourra qu'avoir une heureuse incidence dans la lutte qui est menée par certains contre le rassemblement national.

02:10 Mais sur l'Europe elle-même, je suis très dubitatif pour une double raison.

02:16 D'abord, l'Europe est, je dirais, le seul thème véritablement constant, sincère du président de la République.

02:24 Et je ne vois pas de raison qui ferait que, en réalité, Gabriel Attal pourrait infléchir la ligne qui sera peut-être défendue fidèlement par Olivier Véran.

02:37 Et le deuxième élément, c'est le fait que, évidemment, Gabriel...

02:45 - Attal.

02:46 - Attal n'aura jamais, techniquement, même dans le cadre des élections européennes, un débat direct avec Jordan Bardella.

02:56 Je ne le crois pas une seconde parce qu'il répondrait Jordan Bardella qu'il n'a pas à débattre avec le Premier ministre et lui-même ne le voudrait pas.

03:06 Donc je ne vois pas de raison de penser qu'il y aurait une modification substantielle pour l'Europe grâce à Gabriel Attal.

03:16 - René Fich.

03:17 - Moi je crois quand même que la nomination de Gabriel Attal c'est une arme anti-Jordan Bardella.

03:22 - Ah oui, bien sûr.

03:24 - C'est la question. Est-ce que Bardella est une arme anti-Bardella pour les européennes, dans un premier temps ?

03:29 Pour moi c'est une évidence. Parce que Bardella avait une telle avance dans les sondages...

03:34 - Il y avait 12 points dans les sondages.

03:35 - Oui, et on parlait ici de séjourner, mais maintenant c'est terminé.

03:40 Même Véran, c'est même plus sûr qu'il soit candidat puisqu'on parle d'une autre piste, moi j'ai appris ça, mais il faut assez confirmer.

03:45 Il pourrait que ce soit finalement Maud Bréjean qui soit tête de liste, ça serait une femme et une jeune aussi.

03:50 Je crois que si c'est dans l'optique d'Emmanuel Macron d'instaurer un duel Bardella-Attal, non seulement pour les européennes, mais aussi pour les futurs présidentiels.

04:02 C'est non seulement une arme anti-Bardella pour les européennes, mais c'est à mon avis même si c'est carrément une arme anti-Rassemblement National.

04:09 Parce que je pense maintenant que Macron dans son optique, il essaye d'instaurer à sa façon le dauphin Attal,

04:16 même si Attal aura ensuite dans les jambes Edouard Philippe et toute la clique et les autres.

04:20 Mais pour moi, si, je pense que c'est une arme anti-Bardella.

04:24 - Moi je pense l'inverse. Je pense que c'est effectivement la volonté d'avoir une arme anti-Bardella,

04:29 mais je pense que ça va faire l'effet inverse, puisque pour être une arme anti-Bardella,

04:33 il faut évidemment marcher sur les plates-bandes de Jorban Bardella et Gabriel Attal a déjà commencé à le faire.

04:38 Ils ont le même profil. La première chose qu'a fait Gabriel Attal en tant que ministre de l'Éducation, c'est d'interdire la BAYA.

04:44 Là, on a vu depuis sa nomination qu'il est sur des discours "ordre, ordre, ordre, travail, etc."

04:50 Bon, donc il marche un peu sur les plates-bandes de Bardella, sauf que Gabriel Attal est premier ministre d'Emmanuel Macron.

04:56 Donc, à tous les coups, comme ça arrive à chaque fois qu'Emmanuel Macron fait un coup de com',

05:01 on a un espoir pendant un, deux mois, et puis après tout retombe.

05:05 En plus, ils sont en majorité relative et donc rien ne sera fait.

05:09 La seule chose que ça pourrait contribuer à faire, au contraire, à l'inverse, c'est d'aller normaliser totalement Jordan Bardella.

05:16 Non seulement sur sa jeunesse, parce que maintenant c'est totalement normalisé.

05:20 Jordan Bardella est jeune, c'était la seule critique qu'on pouvait lui faire, et maintenant ça s'est envolé.

05:24 Et puis, aller normaliser aussi tous les sujets de prédilection du Rassemblement National,

05:29 sauf que Gabriel Attal n'agira pas dessus, alors que Jordan Bardella pourra toujours promettre qu'il agira dessus.

05:37 Luc Gray.

05:38 Vous savez, en science politique, il y a un principe américain qui s'appelle le "bande-wagon".

05:45 C'est-à-dire qu'en fait, les électeurs aiment toujours soutenir encore plus et davantage celui qui est en tête des pronostics.

05:53 Qu'est-ce qui s'est passé en l'occurrence ?

05:55 Il s'est passé qu'Emmanuel Macron a bien vu les études de sondage,

05:59 qu'effectivement, Renaissance avait pris plus de 10 points dans la vue avec le Rassemblement National.

06:05 Donc un peu pris de panique, il s'est dit "comment on peut contrer ?"

06:08 Et il a finalement utilisé sa seule carte, qui est ce jeune Gabriel Attal,

06:14 qu'il avait pensé au départ garder pour après les Européennes,

06:18 car Gabriel Attal, il faut bien comprendre, c'est la seule carte d'Emmanuel Macron pour essayer un sursaut

06:24 avant le dernier arrêt, qui est la dissolution.

06:27 Et donc voilà la situation.

06:29 Bien sûr que Gabriel Attal est une arme aux mains du Président,

06:32 mais il l'utilise de manière assez surprenante, très rapidement.

06:36 Ce qui veut dire que si le système du bande-wagon fonctionne,

06:41 ça n'empêchera pas le Rassemblement National de faire un très bon score aux Européennes.

06:46 Par contre, Macron aura grillé sa pièce maîtresse.

06:50 - Je rejoins totalement ce que dit Luc à l'instant.

06:53 Bien sûr, on le dit tous, René, pardon de mettre en doute votre originalité,

07:00 mais tout le monde a dit que Gabriel Attal était nommé pour faire pièce à Jordane Bardella.

07:08 Mais la question n'était pas seulement celle-là.

07:11 On verra en 2027 et rien n'est sûr.

07:14 Mais c'était pour les Européennes.

07:16 Et là, je rejoins, si je comprends bien Juliette et Lugrat,

07:20 il n'est pas du tout écrit que la nomination de Gabriel Attal

07:26 va créer la moindre difficulté pour Jordane Bardella aux Européennes.

07:31 - Non mais attention, je crois que vous m'avez mal compris.

07:33 Je n'ai pas dit que la nomination de Gabriel Attal était un gage de réussite.

07:38 - Vous avez dit que c'était à volonté, voilà.

07:40 - Exactement.

07:41 - Si je peux poursuivre en même temps mon petit discours...

07:45 - C'est long !

07:46 - Non mais sérieusement, je vous ai expliqué !

07:48 C'est évident que la nomination d'Attal, c'est pour contrer Bardella.

07:52 Même M. Lugrat le dit.

07:53 - Mais tout le monde est d'accord là-dessus.

07:55 - Mais bien sûr, tout le monde le dit, c'est évident.

07:57 Mais c'était la question. Est-ce que c'est une arme anti-Bardella ?

08:00 C'est là la question. Moi je réponds oui.

08:02 Mais maintenant, Attal va être confronté pendant 5 mois au quotidien.

08:08 On ne sait pas à quoi il va avoir à faire.

08:10 - Il y a des manifestations, à des mesures impopulaires...

08:12 - Il n'y a que des quoi prendre.

08:13 - Par contre, ce n'est pas du tout un gage de réussite.

08:15 Donc effectivement, c'est une arme anti-Bardella...

08:18 - Qu'il a grillé trop tôt.

08:19 - Non, je ne sais pas s'il a grillé trop tôt.

08:21 Parce qu'il peut avoir de bons résultats.

08:23 - Vous ne tenez que aux... Je ne défends pas du tout Gabriel Attal.

08:26 Vous comptez sur le fait qu'il puisse avoir du résultat et que ça puisse changer le prisme.

08:30 - Oui, c'est vrai qu'on a tendance à l'oublier un peu.

08:32 - Oui, c'est ça.

08:33 - Parce que Macron nous a habitués à ça aussi.

08:35 Il nous a habitués à faire des coups d'éclat et ensuite ça retombe comme un soufflet.

08:40 - Même si on aime Gabriel Attal, c'est un autre défi d'être à Matignon que d'être déjà...

08:46 - Si Attal a des très bons résultats pendant les 4-5 mois, même si c'est un laps de temps un peu court,

08:50 je peux vous dire que l'arme anti-Bardella, effectivement, sera très efficace et ce sera une réussite.

08:55 - Et aussi, il joue avec une majorité relative, de plus en plus relative,

08:58 puisque les frondeurs de gauche de la Macronie sont de plus en plus présents.

09:01 Et le modem n'est pas ravi du remaniement.

09:05 - Luc Graal, l'opération Gabriel Attal, c'est plutôt la roulette russe 5 trous 1 balle

09:10 ou la roulette belge 5 balles 1 trou ?

09:12 - Je préférerais... Je suis moins connaisseur de cette expertise.

09:17 Moi, je pense que c'est plus un replatrage pour essayer de sauver les meubles

09:21 dans une situation qui était vraiment perçue à l'Élysée comme catastrophique.

09:26 L'idée, c'est que qu'est-ce qu'on fait si on finit à 12 points de Jordan Bardella aux européennes,

09:33 le quinquennat est plié. Et donc, qu'est-ce qu'on fait ?

09:36 Et donc, il s'agit d'un replatrage là où la France a certainement besoin d'un terrassement en profondeur

09:43 pour se saisir des vrais sujets.

09:45 Et donc, Gabriel Attal, quel que soit son talent, il est un petit peu instrumentalisé par Emmanuel Macron

09:51 pour essayer de sauver le court terme.

09:55 Après, sur le long terme, je suis plus dubitatif dans ce sens où les événements et la médiatisation actuelle

10:02 montrent qu'on s'use de plus en plus vite.

10:05 Regardez Xavier Bertrand qui rêvait encore de venir au présidentiel, ou Édouard Philippe plus récemment,

10:10 et qui sont aujourd'hui cornerisés.

10:13 Donc, vous voyez, Gabriel Attal se met en danger actuellement par le fait du président de la République

10:21 et bien malin serait celui qui pourrait écrire le scénario dans trois ans.

10:27 C'est vrai. On va finir par cette phrase, on n'est pas à l'abri d'une bonne nouvelle.

10:31 Luc Graff. Merci beaucoup en tout cas d'avoir été avec nous.

10:34 Merci beaucoup Philippe Bilger, président de l'Institut de la Parole.

10:37 On a filmé trop vite.

10:39 Merci René Schiff, directeur des rédactions du groupe Entreprendre.

10:43 Merci beaucoup pour cette première, Juliette Briens.

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