Var-Matin s'engage contre la précarité avec son émission spéciale "Faim de Solidarité"

  • il y a 7 mois
Pour inaugurer cette grande opération solidaire, plusieurs invités varois, engagés dans la lutte contre la précarité, sont venus décrypter la situation du département lors d'une émission spéciale, disponible dès maintenant sur tous les sites.
Pour lancer l’opération exceptionnelle « Faim de solidarité », cinq responsables associatifs et administratifs varois ont dressé le bilan de la précarité dans le territoire lors d’une émission spéciale, disponible sur tous nos sites. Pour réaliser cet état des lieux, Simone Long, présidente honoraire de la Croix-Rouge, Joel Gatullo, président de la banque alimentaire, Bruno Chiapello, fondateur de la Féderation des étudiants toulonnais (Fedet), Gilles Rebêche, fondateur de l’Union diaconale et Christophe Paquette ont répondu à l'appel. Plusieurs thèmes ont été abordés dans l'émission, comme la situation des étudiants, des retraités, des femmes ou encore des sans-domicile fixe.
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00:00:00 [Musique]
00:00:22 Bonjour à tous. Pour évoquer la précarité, on peut décliner des chiffres, des statistiques en pagaille,
00:00:27 des nombres plus impressionnants les uns que les autres. On peut aussi parler des gens, évoquer des parcours,
00:00:32 être plus proche de l'humain, des réalités du terrain, de ceux qui ont faim, de ceux qui ont froid et qui parfois se cachent.
00:00:38 C'est ce que nous allons essayer de faire dans cette émission exceptionnelle.
00:00:41 Et pour bien comprendre la situation, pour tenter de tracer des perspectives, le plus simple est de laisser la parole à ceux qui savent,
00:00:47 c'est-à-dire à nos invités à Gadjouber que vous allez nous présenter.
00:00:50 Bonjour Lionel, bonjour à tous. Alors pour commencer, Christophe Paquette, vous êtes le directeur général adjoint
00:00:56 à la Solidarité du département du VAR et à côté de vos missions administratives, vous avez été directeur de l'association
00:01:02 de solidarité internationale Acting for Life pendant 5 ans. Simone Long, bonjour. Vous êtes la présidente honoraire
00:01:09 de la Croix-Rouge dans le VAR et grâce à vos actions, vous avez notamment créé des foyers de vie ou encore un institut
00:01:14 de formation sociale et sanitaire ainsi qu'un centre de radiothérapie. De votre côté, Joël Gatulot, vous êtes le président
00:01:21 de la banque alimentaire du VAR depuis 2018 et avant ce poste, vous avez œuvré dans d'autres associations varoises.
00:01:28 Bruno Chapiello, vous êtes président de la Fédération des étudiants toulonnais et en 2023, vous avez notamment développé
00:01:35 une épicerie solidaire qui propose des paniers repas à 3 euros. Et enfin, Gilles Rebesch, vous êtes le fondateur
00:01:42 de l'Union Diaconale du VAR et vous êtes à l'origine notamment de la Maison des Familles Ayer ou encore de l'Eco-Amo
00:01:50 à Saint-François à Draguigny. Merci à tous d'être présents avec nous.
00:01:53 Merci, Agathe. Christophe Paquette, la situation est plus grave dans ce département qu'ailleurs alors que l'image du VAR
00:01:59 est plutôt celle d'un département favorisé. Comment on peut expliquer ce paradoxe ?
00:02:02 Alors, le département du VAR, pour citer quelques chiffres qui nous permettent de nous situer, vous savez qu'en France,
00:02:10 on essaie de mesurer, et en Europe d'une façon générale, la pauvreté avec un indicateur qu'on appelle le taux de pauvreté.
00:02:16 Donc le taux de pauvreté, c'est assez simple, c'est un montant en dessous duquel les personnes qui ont des revenus
00:02:22 inférieurs à ce montant sont considérées comme pauvres. Et c'est une norme européenne, pour faire simple,
00:02:28 et qui dépend de l'ensemble des revenus du pays. La situation qu'on a dans le VAR, mais qui est vraie dans d'autres départements
00:02:35 comme les Alpes-Maritimes aussi, c'est qu'on a de l'inégalité. C'est-à-dire qu'on a un niveau de pauvreté dans le VAR
00:02:43 qui est supérieur à la moyenne nationale, ce qui est effectivement à priori contre-intuitif, même si on a des revenus
00:02:53 dans l'ensemble qui peuvent être élevés. Donc on est dans des départements dans lesquels le niveau de revenu
00:02:59 se caractérise par des grandes inégalités. On a une caractéristique particulière dans le VAR, qu'on partage également
00:03:06 avec les Alpes-Maritimes, qui est la cherté du logement. Si vous vous intéressez à la question des chiffres sur la pauvreté,
00:03:13 regardez, l'INSEE a publié très récemment une étude sur les profils de la pauvreté en France. Donc les retraités, les jeunes,
00:03:22 les personnes sans emploi, les travailleurs pauvres, et en différenciant les personnes selon leur logement,
00:03:28 est-ce qu'elles sont propriétaires, locataires du parc public de HLM ou locataires du parc privé. Et il y a tout un tas de cartes,
00:03:35 et on se rend compte que toute la bordure méditerranéenne, le profil des pauvres de la bordure méditerranéenne dans le VAR,
00:03:41 c'est des personnes sans emploi, locataires du parc privé, à cause du manque de logement public. Et donc on est dans le VAR
00:03:50 dans les 4 ou 5 départements français, dans l'ensemble des départements, pour lesquels le reste à vivre, après avoir payé son logement,
00:03:58 est le plus faible. Donc on a cette caractéristique, je dirais les deux déterminants de la pauvreté dans le VAR, c'est la question de l'emploi
00:04:06 et la question du logement. Après on peut avoir dans la grande précarité des accidents de vie, etc., on en parlera tout à l'heure,
00:04:13 tous ensemble, avec les autres participants qui connaissent bien sur le terrain ces situations, mais sur le plan général,
00:04:19 ce sont les deux déterminants de la pauvreté dans le VAR, c'est la question de l'emploi et la question du logement,
00:04:24 dans lesquels les pouvoirs publics s'investissent fortement, on en reparlera.
00:04:28 Bien sûr. Joël Gatulot, est-ce que la situation est différente sur le littoral et dans le Haut-VAR ?
00:04:33 Oui, simplement parce qu'il y a un déficit en tissu associatif dans le nord du département, contrairement au littoral où effectivement...
00:04:45 Mais on a palié ce défaut en allant au plus près, jusqu'aux Gorges-du-Verdon d'ailleurs, avec des CCAS, grâce à eux,
00:04:57 on arrive maintenant à toucher des petits villages qui étaient un peu ignorés sur la carte des zones blanches,
00:05:04 et effectivement elle est complètement différente, vous avez un tissu associatif beaucoup plus dense sur le littoral que dans le nord,
00:05:10 et on n'a pas encore couvert toutes les zones.
00:05:12 D'accord. Le VAR c'est aussi une terre de tourisme, beaucoup de gens viennent ici,
00:05:16 est-ce que vous pensez que le clinquant du département, ce côté un petit peu touristique, peut porter préjudice aux gens qui sont réellement dans le besoin ?
00:05:23 Madame Long ?
00:05:24 Oui, je crois qu'il y a un enjeu effectivement, ça n'est pas parce que nous sommes dans une belle région, car il faut reconnaître que nous sommes dans une très belle région,
00:05:35 mais le fait d'être surtout dans le golfe de Saint-Tropez, on n'imagine pas qu'il puisse y avoir une précarité aussi grande.
00:05:45 Donc c'est vrai, il y a une très grande précarité, oui, effectivement.
00:05:51 Alors pour rebondir sur l'actualité de ces derniers jours, mardi dernier à Boulogne-Biancourt, un sans-domicile est mort dans une cave,
00:05:59 au même moment à Carpentras, une femme s'est éteignée sur un trottoir.
00:06:02 Est-ce qu'on est prêt, si une vague de froid comme celle qui touche le nord de la France arrive dans le Var, est-ce qu'on est prêt à assumer tout ça ?
00:06:09 Je peux vous dire que je m'occupe beaucoup des SDF, du golfe de Saint-Tropez. Ils ne veulent pas aller, quand vous leur proposez, là en ce moment, nous avons quand même des journées de très grand froid,
00:06:25 eh bien ils ne souhaitent pas aller dans un hôtel. Non, parce qu'ils me disent, moi ils me disent, non, écoute, tu vas perdre de l'argent pour rien, nous n'irons pas coucher dans un hôtel.
00:06:37 Nous on couche dehors. C'est quand même quelque chose, ils ne veulent pas. Alors on est confronté à ça et les malheureux, en ce moment, je reconnais qu'ils souffrent,
00:06:47 parce que la nuit, les nuits sont vraiment très très froides.
00:06:50 Monsieur Rebeche, vous constatez la même chose ?
00:06:53 Moi je suis engagé auprès de ces populations depuis une quarantaine d'années et je réalise que souvent la question de la mise à l'abri est une des questions de l'hébergement,
00:07:07 mais plus que la mise à l'abri, ce qui compte c'est la considération. Et je pense que des personnes en grande précarité, parfois dans des situations d'extrême urgence,
00:07:19 refusent qu'on règle le problème simplement en les mettant à l'abri. Le problème est plus complexe. C'est un problème de considération, de reconnaissance de la dignité,
00:07:30 et parfois être mis à l'abri c'est simplement faire une assignation à résidence pour que tout le monde ait la conscience tranquille.
00:07:38 Donc moi je suis plutôt favorable, et c'est un de mes travails permanents, de créer sur le département, et on a réussi, on est arrivé à créer plusieurs dizaines d'associations,
00:07:55 de créer ce que l'on appelle des tiers lieux fraternels, ou des tiers lieux de solidarité. C'est à dire des sortes de lieux où on puisse à la fois, dans un accueil de jour,
00:08:08 rencontrer des amis, se restaurer, avoir accès à internet, avoir une bagagerie, et à partir de là, il y a des liens qui se créent, et on peut imaginer avoir un logement,
00:08:20 parce qu'il ne suffit pas d'avoir un abri, il faut habiter des relations, habiter un projet, et donc là où ça marche, c'est quand il y a des liens d'amitié au longours,
00:08:34 et le problème des situations que vous fourlevez, ce sont des situations souvent de personnes qui ont été totalement isolées, dans lesquelles le lien social s'est totalement délité,
00:08:45 parfois à cause de multi-handicaps, de conflits familiaux, de problèmes de santé.
00:08:52 De problèmes psychologiques aussi peut-être ?
00:08:55 Parfois aussi, parce que le fait de se retrouver dans des impasses, il y a une sorte de souffrance psychologique, de souffrance psychique,
00:09:02 parce qu'au bout d'un moment, les personnes en grande précarité, elles finissent par avoir honte, elles se croient responsables de leur propre précarité.
00:09:09 Et donc il faut retrouver l'estime de soi, ça permet de faire des projets.
00:09:16 Et ensuite il y a aussi, de fait, aujourd'hui avec l'évolution de la santé, on l'a vu pendant la crise de la pandémie du Covid,
00:09:25 combien ça a fait disjoncter des personnes liées à la solitude, et puis qui n'avaient qu'accès à des ordi.
00:09:31 Il y a des ruptures de soins, des personnes en grande précarité qui ont besoin d'avoir un traitement régulier,
00:09:38 à cause de multiples raisons, ont des ruptures de soins.
00:09:42 Et ces ruptures de soins, ça peut les faire chavirer.
00:09:45 Certains sont à la rue, parfois en ayant eu un logement, parce que c'est trop dur, et il y a une trop grosse pression avec toutes les charges.
00:09:52 Donc il me semble que la question du logement, c'est surtout une question du droit à habiter pour tous, d'avoir une citoyenneté,
00:10:01 d'être reconnus comme des gens dignes d'intérêt.
00:10:05 Et souvent il y a une manière d'aborder l'hébergement qui est une manière de se débarrasser du problème.
00:10:11 Aujourd'hui on trouve, grâce à l'évolution chez certains jeunes, de la coloc,
00:10:17 je vois le réseau Welcome qui accueille aussi des personnes en situation étrangère.
00:10:25 Dans le Var, il y a plus de 60 familles de citoyens privés qui partagent leur logement.
00:10:33 Il y a quand même de belles choses dans le champ de la solidarité.
00:10:35 Dès qu'on a compris que l'autre, ce n'est pas simplement un problème, mais c'est aussi un frère ou un ami qu'il faut aider.
00:10:43 Pour continuer sur ce thème, en 2017 Emmanuel Macron avait promis un toit pour tous.
00:10:48 Et pourtant aujourd'hui, comme on constate, il y a toujours énormément de sans-domicile fixe.
00:10:52 Je me tourne vers vous, Christophe Paquette. Pour vous, la faute, elle est...
00:10:58 Je ne sais pas s'il y a une faute. En tout cas, c'était aussi pour répondre à votre question précédente.
00:11:03 Si demain on a une grande vague de froid dans le Var, est-ce qu'on a une capacité de mise à l'abri ?
00:11:08 Donc ça, ce n'est pas une compétence du département, c'est une compétence de l'État.
00:11:12 Et on a dans le Var un État qui est extrêmement actif et engagé là-dessus.
00:11:16 Moi, j'ai été témoin dans un autre cadre. Alors vous vous en souvenez peut-être quand il y a eu l'arrivée de ce bateau, l'Ocean Viking.
00:11:24 Du coup, l'État était en mesure très rapidement de prendre en charge ces personnes.
00:11:28 Parmi eux, il y avait 44 mineurs qui ont été pris en charge par le département, mais grâce à l'État qui a su tout de suite réquisitionner des lieux.
00:11:36 Donc l'État se tient prêt. En plus, ça tombe bien en hiver, les centres de vacances sont plutôt disponibles.
00:11:42 Et donc l'État a un plan très bien structuré de façon à pouvoir ouvrir des lieux.
00:11:49 Et donc je dirais le problème numéro un, ce n'est pas tant la mise à l'abri en tant que tel en cas d'urgence.
00:11:53 On sait faire, l'État fait le job. Mais je voudrais rebondir sur ce que disait Gilles Rebesch.
00:11:59 Le cœur de la question de la pauvreté, de la précarité, c'est la question du lien social.
00:12:06 Et ça, le lien social, ce n'est pas l'État qui va être le premier pour le mettre en place.
00:12:09 L'État ou les pouvoirs publics comme le département, on a des prestations, on a des mesures, on a des droits sociaux.
00:12:14 On est dans un pays qui est sans doute parmi, au monde, les pays qui ont...
00:12:17 Moi, vous le disiez, j'ai travaillé dans beaucoup de pays du monde.
00:12:20 La France, c'est extraordinaire sur le plan de notre capacité et des pouvoirs publics à répondre.
00:12:24 Le point clé, c'est le lien. Tu disais le lien fraternel. On peut l'appeler lien fraternel.
00:12:30 Oui, c'est dans la devise républicaine, fraternité. Et donc, moi, je suis très reconnaissant de votre initiative
00:12:36 parce que vous adressez à nos concitoyens, à nos voisins, aux va-rois.
00:12:41 Et je pense, de la même façon qu'il y a des initiatives prises par les étudiants,
00:12:44 je pense que la question du lien, on ne peut pas la déléguer à l'État.
00:12:47 La question du lien, de l'amitié, de la main tendue à l'autre, de tout cet exemple de Wellcome, par exemple, de ses familles.
00:12:53 L'État fait le job. On peut faire mieux. On peut être critiqué. Sur la grande urgence, je crois que le job est fait.
00:12:59 L'enjeu, c'est aussi les bénévoles de la banque alimentaire. C'est le geste que chacun fait au quotidien.
00:13:05 Ça fait un peu le lien parce que... Est-ce que c'est vraiment possible, en fait, pour vous, là, je m'adresse à tout le monde,
00:13:10 pour une personne sans domicile, de se réinsérer ? Ou est-ce que c'est...
00:13:15 Bien sûr. Alors, moi, je pense qu'il n'y a pas de cas désespérés. Ça, c'est ma conviction.
00:13:21 C'est mon engagement, un peu comme d'autres. Ici, c'est mon engagement de vie, de professionnel.
00:13:26 C'est la question de la lutte contre la pauvreté. On ne peut pas préjuger qu'une personne ait un cas désespéré.
00:13:32 On n'y arrive pas toujours. Mais on essaye toujours. Et on essaye et on réessaye.
00:13:38 Donc moi, je suis profondément convaincu qu'il n'y a pas de cas désespérés.
00:13:42 D'accord. Un point important, vous parlez d'isolement, de liens sociaux. Je pensais aux étudiants, effectivement, a priori.
00:13:48 C'est toujours des a priori un peu idiots. Je me tourne vers M. Schiapello. C'est des a priori.
00:13:52 On imagine que les étudiants sont plutôt festifs, sont plutôt ensemble. Est-ce qu'ils souffrent également de cet isolement dont on parle ?
00:13:58 Alors oui, effectivement. Et pour rebondir avec tout ce qui a été dit avant, c'est vrai que le gros point de rupture, ça a été le Covid.
00:14:07 Puisque, bien évidemment, ayant connu un petit peu les années avant 2020, c'est vrai qu'on se souciait peut-être un peu moins.
00:14:15 Les associations étudiantes, du moins, se souciaient un petit peu moins de ce genre de choses, avaient un aspect un petit peu plus festif.
00:14:22 Et on ne se doutait pas qu'effectivement, il y avait autant de précarité que les étudiants comptaient vraiment les sous, comme on le sait maintenant.
00:14:33 Et c'est vrai que cette crise sanitaire a mis en exergue énormément de choses, notamment la précarité étudiante.
00:14:42 C'est vrai que lorsque, là, on s'attache à quelques chiffres, par exemple, nous avons sorti nos indicateurs à la FEDET sur le coût de la rentrée, par exemple, d'un étudiant.
00:14:54 Eh bien, il est à une augmentation de quasiment 2 800 euros de mémoire, ce qui est énorme, puisqu'il faut bien évidemment se loger.
00:15:02 Si on n'est pas chez les parents ou si on est chez les parents qu'on est un peu loin, il faut se véhiculer.
00:15:07 Alors, pardon, quand vous dites 2 800 euros, c'est-à-dire sur l'année, le budget annuel d'un étudiant doit augmenter de 2 800 euros ?
00:15:14 De 2 800. Oui, c'est considérable. C'est énorme. Et surtout, l'un des plus gros postes, effectivement, c'est le logement.
00:15:22 Alors, on reparlera bien sûr.
00:15:24 On reparlera, il n'y a aucun souci. Mais effectivement, le logement est un énorme point noir dans nos régions.
00:15:30 Pour terminer sur l'état des lieux, si on regarde à l'échelle de notre territoire, il y a une forte valorisation du tourisme,
00:15:39 notamment sur le littoral. Est-ce que ça a un impact aussi sur cette précarité ?
00:15:44 À travers le logement, inévitablement, en fait. Il y a une partie du parc de logement qui...
00:15:51 Alors, c'est un paradoxe, parce que le tourisme, c'est aussi l'emploi. Et l'emploi, c'est aussi l'instrument de lutte contre la pauvreté.
00:15:58 Et donc, on a des équilibres à trouver. Mais très certainement, les territoires tendus sur le plan du logement...
00:16:03 Toutes les lignées.
00:16:05 Voilà. Soulèvent ce genre de difficultés. Donc on a un grand défi, qui est d'arriver à maintenir l'attractivité touristique,
00:16:11 qui est quand même un moteur essentiel dans notre économie, donc dans l'emploi et donc la réduction de la pauvreté,
00:16:16 et en même temps, pouvoir offrir un logement accessible à chacun.
00:16:19 D'accord. Alors, un mot sur... On va prendre les retraités, les femmes, les situations les plus faibles, et puis les étudiants, effectivement.
00:16:25 Alors, les retraités, ça représente, selon l'INSEE, un tiers de la population varoise.
00:16:30 Alors, on pourrait croire que les seniors sont plus favorisés que les autres.
00:16:33 On imagine toujours qu'ils viennent au soleil pour passer leur retraite, donc qu'ils sont relativement aisés.
00:16:37 Et en fait, on s'aperçoit que c'est pas toute la réalité, en tout cas. Je ne sais pas qui veut répondre à cette question-là. M. Rebèche, peut-être ?
00:16:43 Moi, je peux témoigner que l'on voit dans les foyers d'hébergement, aujourd'hui, des personnes jusqu'à 85 ans.
00:16:51 Alors, pour ça, quand on parle de réinsertion, ça dépend ce qu'on met sous ce terme.
00:16:56 Mais on voit des personnes qui ont eu parfois une vie professionnelle, qui, à cause de la précarité, de deuil, d'accident de la vie,
00:17:05 se retrouvent, voilà, sans rien, avec une grosse culpabilité.
00:17:11 Et donc, c'est vrai que, à ces personnes-là, on ne va pas dire "il faut t'insérer par un travail".
00:17:19 Il y a une précarité de la pauvreté. Et je sais que l'association des petits frères des pauvres, qui est très implantée aussi sur le Var,
00:17:29 a le souci aussi de ces personnes isolées en précarité.
00:17:34 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, parmi les chantiers que nous voulons développer aussi dans le cadre de l'union de la Connaz,
00:17:40 c'est d'ouvrir des unités pour des personnes aussi âgées qui sont en précarité à la rue,
00:17:46 qui ne sont pas forcément adaptées toujours à la formule des EHPAD.
00:17:51 Enfin, trouver des formules un peu adaptées.
00:17:55 Parce que certaines ont aussi basculé avec des comportements qui peuvent être marginaux.
00:18:01 Mais voilà, ce sont des gens qui ont beaucoup de talent, qui ont beaucoup de choses à partager.
00:18:07 Et donc, de fait, on voit une évolution dans le monde de la précarité des personnes âgées.
00:18:12 Je vois dans un accueil de jour, comme les amis de Géricault à Toulon, qui est un restaurant social,
00:18:18 il y a tous les jours une vingtaine de mamies qui viennent avec leurs caddies,
00:18:24 et qui sont des gens avec des minimas sociaux, qui viennent au restaurant social,
00:18:28 mais elles ne viennent pas qu'au restaurant social, elles restent toute l'après-midi à causer,
00:18:32 parce qu'elles ont besoin de trouver d'autres personnes comme elles, qui vivent la même expérience.
00:18:39 Et par ce point, elles ont honte d'en parler à d'autres, d'être dans un club de Troisième Age ou un foyer de linge d'or.
00:18:45 Et là, c'est un lieu où elles peuvent échanger.
00:18:47 Alors, M. Gatulot, vous êtes, je le rappelle, président de la Banque Alimentaire du Var.
00:18:51 Les retraités, c'est une population importante dans les deux vendeurs.
00:18:54 Je me permettrais de compléter aussi sur certains points.
00:18:58 Sur les hébergements, parce qu'on fait partie du plan hivernal et on fait aussi partie du plan canicule l'été,
00:19:05 en appui à la préfecture. Donc nous sommes toujours intervenants.
00:19:09 Et le SIAO, c'est l'organisme qui gère un petit peu les grands froids.
00:19:17 Donc l'UDV aussi partage à un moment donné des gites pour la nuit quand il y a un grand froid.
00:19:24 Techniquement, l'État a pris les mesures. Mais alors, effectivement, on ne parlera pas de lien social, on parlera du technique.
00:19:31 On a fait ce qu'ils pouvaient faire dans le Var en ayant des chambres, des abris, hôtels et autres.
00:19:38 Dès que ça dépasse une température, on est prévenu, etc.
00:19:42 Et nous, on intervient si, par exemple, au Sion Viking, on est intervenu pour assumer la nourriture.
00:19:49 Mais c'est pour dire que l'État fait des choses. Mais on n'est pas dans la perfection. Mais ils font des choses.
00:19:57 Après, compte tenu des retraités, alors je dirais qu'il faut partir d'un principe, c'est que les retraites sont basses.
00:20:04 Vous avez des gens qui ont une petite retraite. Et vous parliez, juste au titre, du logement social.
00:20:10 Ils peuvent en profiter, tant mieux. Mais sinon, le logement privé coûte extrêmement d'argent.
00:20:15 Donc qu'est-ce qui se passe à la fin du mois ? Le minimum de reste à vivre ne permet pas, ne leur permet pas de couvrir toutes leurs dépenses.
00:20:22 Et c'est pour ça qu'on les retrouve à la banque alimentaire.
00:20:25 La crise du Covid chez les étudiants, elle s'est passée pourquoi ? Parce que les jeunes étaient enfermés. Plus de job d'été.
00:20:33 Donc nous, on est intervenu sur le tarmac. On a vu des jeunes en désespérance parce que pas de job, pas de rentrée d'argent, etc.
00:20:40 Donc on a commencé comme ça, avec la FedEx. J'estime qu'on a fait un gros boulot ensemble pour pouvoir sortir un petit peu cette population.
00:20:49 Les retraités, vous en aurez toujours du fait que d'abord, un, on vit plus longtemps. Je ne sais pas si c'est un bien.
00:20:58 Parce que quand on vit dans les mauvaises conditions, c'est plus difficile. Et puis les retraites sont toujours à très bas niveau.
00:21:05 La moyenne de la population est mal rémunérée sur le plan retraite. Mais ça, c'est leur vie.
00:21:13 Je vous donne un exemple qui est un peu choquant. La banque alimentaire a été créée en 1986. Gilles, tu en te souviens ?
00:21:21 En 1986, il y avait une... C'était pas très, je dirais grammaticalement acceptable comment c'était écrit. Mais on disait qu'un sur cent n'avait pas de quoi becqueter.
00:21:33 C'était marqué en rouge.
00:21:34 Une affiche où on voyait des oiseaux qui mangeaient sur une branche et 20 qui étaient à l'écart.
00:21:37 C'est pour ça qu'on se confond souvent avec la SPA quand on fait de la collecte. Quelque part, les SDF ont beaucoup d'animaux qui les suivent. Donc ça nous aide aussi.
00:21:46 Et aujourd'hui, sur les statistiques que vous avez, etc., qu'on a tous, c'est 15 sur 100 qui ne peuvent pas manger normalement.
00:21:54 Donc 15 fois plus.
00:21:55 15 fois plus. Donc ça, je ne l'invente pas. C'est écrit en 1986. C'est le reflet aujourd'hui des chiffres qu'on donne. On donne 14,7 %.
00:22:05 Donc chaque couche de la population... Après, on va revenir sur les femmes, parce que vous parliez des femmes.
00:22:09 Oui, on en parlait.
00:22:10 Donc je vous laisserai reprendre la parole. Mais les retraités, oui. Alors à la banque alimentaire, on a à peu près une centaine de personnes qui travaillent tous les jours, dont 80 bénévoles.
00:22:20 Et sur les 80 bénévoles, vous avez des petites retraites. Et les gens viennent travailler 2 jours par semaine, parce que compte tenu des modalités de la grande distribution et des restrictions imposées par la loi Garrault,
00:22:33 il nous reste à un moment donné des produits qu'on ne peut pas redistribuer le lendemain. Donc on fait des paniers solidaires aux bénévoles qui contribuent.
00:22:42 Mais ces 80 personnes sont des petites retraites.
00:22:45 Est-ce qu'ils ont des besoins spécifiques comparés à d'autres catégories, comme on évoquait les étudiants tout à l'heure, par exemple, pour, comme vous l'avez dit,
00:22:54 retraiter peut-être, apporter une aide au niveau des frais médicaux pour compléter ?
00:23:00 Oui, notamment. Alors ça, les frais médicaux, je dirais que la France est bien structurée à ce niveau-là. Donc au niveau médical, on n'a pas de souci avec cette population.
00:23:10 Elle est bien gérée, elle est bien prise en main. Mais le problème, ce que disait tout à l'heure M. Paquette, c'est le logement. Il coûte très cher.
00:23:19 Donc un retraité qui vit dans un logement du parc privé, il va payer 700 à 800 euros. Et en général, ils ont de 800 à 900 euros de retraite.
00:23:30 — Imaginons le chauffage. — Ils ont. Il y a des personnes... Moi, je sais que je reçois à mon épicerie solidaire des personnes âgées qui n'ont pas de retraite.
00:23:40 Elles n'ont pas cotisé. Ces personnes-là, malheureusement, ont commencé à travailler très tôt, à l'âge de 14 ans. Et à l'époque, on ne passait pas aux retraites.
00:23:50 Ce qui fait qu'elles ont rien du tout. Elles ont des petites allocations comme ça, mais qui, effectivement, ne leur permettent pas de vivre et de subvenir à tous leurs besoins,
00:24:01 ne serait-ce qu'alimentaires, vestimentaires, logements et tout. Et heureusement qu'il y a ces associations que nous représentons qui les aident un peu.
00:24:11 — J'ai envie de vous demander en fait quelle perspective pour ces gens-là. Parce qu'un étudiant peut toujours se dire qu'il va trouver un travail, qu'il va s'insérer.
00:24:19 Mais quelqu'un qui a 80 ans, qui a travaillé toute sa vie – ce que vous disiez, M. Rebèche –, qui a travaillé toute sa vie, qui a une vie, on va dire, normale,
00:24:26 tout à fait normale, et qui, d'un coup, se retrouve à être dépendant non pas physiquement, mais dépendant parce qu'il n'a plus assez d'argent, comment aider ces gens-là, concrètement ?
00:24:34 — Oui. Moi, je reviens avec insistance sur cette idée des tiers-lieux, où les gens... J'ai une devise en disant que personne n'est trop pauvre pour n'avoir rien à donner,
00:24:48 personne n'est trop riche pour n'avoir rien à recevoir. C'est un peu une définition du lien social. Par exemple, dans un village du centre-Var, là, à Pignon,
00:24:55 il y a des villages qui en ont... On a ouvert dans le village un tiers-lieu. Et je vois justement des personnes âgées et très dépendantes qui viennent,
00:25:02 une qui est en précarité, mais elle vient apprendre à l'autre à jouer aux échecs. L'autre, elle vient donner un cours d'alphabétisation à un gamin d'une famille étrangère
00:25:15 qui est arrivée au village. Et le simple fait de donner à quelqu'un la capacité de donner, de servir, de partager, ça lui donne déjà un... Voilà.
00:25:28 Elle est reconnue dans sa personne. Ça met en valeur sa dignité. Et ça lui donne du tonus, parce qu'il n'y a rien de pire. Déjà, même les personnes âgées qui ont des revenus
00:25:42 souvent vous disent "J'ai l'impression de ne servir à rien". Le plus dur pour moi, c'est de ne servir à rien. Parce qu'elles font souvent l'expérience de leur propre misère
00:25:50 à cause de la dépendance, de la maladie, etc. Mais c'est ça le vrai problème de l'être en précarité, c'est d'avoir le sentiment de servir à rien.
00:25:59 Et d'être considéré comme un déchet. Et ça, c'est catastrophique. Donc je pense que c'est le rôle des associations, c'est le rôle des citoyens, de dire...
00:26:09 Pour lutter contre l'exclusion, il faut que tout le monde fasse sa part. L'État fait sa part, le département fait sa part, la CAF fait sa part, les associations faut faire leur part,
00:26:18 mais il faut que les citoyens lambda fassent sa part. On ne peut pas considérer que la solidarité, c'est l'affaire que de quelques-uns.
00:26:24 Quand on est malade, quand on va se soigner, on voit bien qu'on a besoin de soins techniques, on a besoin de professionnels.
00:26:31 Mais on a besoin aussi de soins relationnels, on a besoin qu'on vienne nous rendre visite. Et puis on a aussi besoin de soins spirituels,
00:26:38 de dire "pourquoi ça m'arrive à moi, pourquoi ça m'arrive maintenant ?" Et souvent les gens se disent "mais pourquoi j'ai toutes ces catastrophes ?"
00:26:45 Donc il faut cette affaire générale. Je sais que Christophe Braquette est très soucieux et il a raison de la question du travail.
00:26:57 Je me souviens d'un homme, j'étais témoin à la sortie d'une église, il faisait la manche et une dame qui se voulait intelligente lui dit
00:27:09 "vous n'avez qu'à travailler, vous serez quelqu'un". Et lui, il avait répondu du tac au tac "mais moi il faut d'abord que je sois quelqu'un pour travailler".
00:27:15 Et ça m'avait impressionné de sa réponse parce que je trouvais qu'il avait dit l'essentiel. Parce que c'est vrai, suivant qui vous êtes,
00:27:26 on ne vous fait pas forcément confiance.
00:27:28 C'est totalement juste. Alors on vient d'évoquer la situation des retraités mais il y a également beaucoup de femmes qui sont en détresse.
00:27:36 Simone Lange, je me tourne vers vous. Est-ce que ces dames rencontrent plus de difficultés que les hommes ?
00:27:42 Je pense que les dames ont plus de retenue à aller demander qu'un homme y va plus facilement, il me semble.
00:27:52 Moi c'est ce que je constate dans notre épicerie solidaire.
00:27:57 Comment vous l'expliquez ça ? Pourquoi les femmes ont plus de retenue ? Elles ont plus de honte ?
00:28:02 Je ne sais pas. Honnêtement, je pense qu'il y a une question de dignité. Et puis les personnes, elles sont marquées par la vie, qu'on le veuille ou non.
00:28:14 Par les petits accros qui ont pu leur arriver. Et tout ça, il y a des gens qui sont très très marqués.
00:28:24 Moi je voudrais plaider et défendre les jeunes mamans d'origine étrangère qui sont arrivées parfois en couple et qui pendant le Covid ont été abandonnées.
00:28:36 Et des femmes qui subissent la triple peine, elles sont venues parce qu'elles ont quitté des situations de misère ou de grande violence.
00:28:44 Elles ont eu le courage parfois de traverser la mer ou des frontières de façon très dure.
00:28:50 Elles arrivent ici parfois, elles se trouvent dans une situation où le conjoint ou le compagnon les abandonne.
00:28:56 Elles se retrouvent seules, parfois avec des gamins. Et le fait d'avoir des bébés, elles ne peuvent pas faire les démarches ni pour apprendre le français,
00:29:03 ni pour aller faire des démarches d'insertion. Et on voit des... Enfin ce sont des mères courage.
00:29:09 Et en plus elles sont montrées du loin parfois dans la société comme si c'était des gens qui venaient là pour profiter.
00:29:17 Et j'avoue que ces femmes, ces jeunes, avec des tout-petits qui ont très... qui ont été mises à l'hôtel pendant le temps du Covid,
00:29:29 qui ont du mal à s'exprimer, moi j'aurais plaidé. C'est à dire que ce sont des mères courage.
00:29:35 Et souvent quand on parle des DSDF, on parle toujours comme si c'était des isolés. Mais tous sont des pères, des frères, des fils de quelqu'un.
00:29:43 En fait il y a aussi dans le lien social quelque chose du lien familial qui est souvent blessé, distendu. Et ça, ça cause beaucoup de problèmes.
00:29:52 — Alors pardon, vous parlez justement des sans-domiciles. J'imagine une femme sans domicile, une femme qui dort dans la rue...
00:29:59 Enfin j'imagine les risques, j'imagine l'angoisse, la peur. C'est pire, me semble-t-il, que pour...
00:30:04 — Il y en a moins quand même que les hommes. — Il y en a moins. Mais justement...
00:30:08 — Justement, il faut... — Parce qu'il y a une très grande précarité qui est cachée quand même. Il faut aller la découvrir par moments.
00:30:15 Les personnes n'osent pas venir vous voir et vous dire « Je suis embêtée, j'ai des enfants, je n'ai rien pour les nourrir ».
00:30:24 C'est quand même... On est confronté à ce genre de situation. Moi je vois dans le golfe de Saint-Tropez, je peux vous dire qu'il y a quand même une grosse, grosse précarité.
00:30:36 Et on croit parce que c'est Saint-Tropez, bling-bling, voilà, tout va bien, les gens sont à l'aise et tout. Pas du tout, pas du tout.
00:30:46 Il y a des personnes qui triment terriblement pour arriver à joindre les deux bouts. Et quand elles y arrivent, elles sont malheureuses.
00:30:53 — M. Paquette. — Oui. Il y a des mesures particulières. Il y a une attention particulière. On parlait tout à l'heure de l'attention des services de l'État pour les personnes
00:31:00 notamment dans les situations de grande précarité. Le département également, on prend en charge des nuits d'hôtel pour les femmes avec enfants en situation de rue.
00:31:10 Donc il y a vraiment... Enfin le département du Var, c'est plus de 900 personnes qui sont des travailleurs sociaux professionnels sur l'ensemble du territoire varois.
00:31:19 Donc en fait, il y a un effort très particulier et une attention particulière aux femmes, notamment à travers les dispositifs de PMI, la protection maternelle et infantile,
00:31:28 à la fois d'accompagnement, de prévention depuis les suivis de grossesse, mais également pour les femmes en très grande précarité, il y a un effort spécifique
00:31:38 qui est également fait par les services de l'État, par les associations et par le département. Donc oui, il y a des situations qui restent difficiles.
00:31:45 Mais ce sont quand même des situations pour lesquelles il y a une attention particulière des pouvoirs publics. Heureusement.
00:31:52 — On peut aussi parler de précarité monstruelle avec le prix des protections hygiéniques qui augmente, 6 euros la boîte de tampons.
00:32:00 C'est aussi une thématique à prendre en compte en plus chez les femmes. — Oui. Et ça, ce qui est très heureux, d'ailleurs, c'est que c'est maintenant
00:32:07 une thématique qui est parfaitement prise en considération. Enfin parfaitement. Bien sûr qu'il faut progresser. Mais c'est quelque chose qui était une réalité,
00:32:15 qui n'était pas dans le radar. Et actuellement, il y a vraiment des actions de plus en plus nombreuses pour prendre en charge ce sujet de précarité monstruelle.
00:32:22 — Oui, tout à fait. On fait des collectes pour justement ces problèmes de nature. — Oui, mais moi, j'en reviens encore à l'hébergement.
00:32:28 Ces personnes que l'on héberge temporairement, quand on les héberge quelques jours, elles sont à la rue, après. On fait quoi ? Malheureusement, il n'y a pas de suivi, des fois.
00:32:41 — C'est pour ça que parfois, l'intérêt aussi de créer du lien social entre l'État, les associations, les personnes elles-mêmes qui ont parfois des idées,
00:32:50 eh bien ça permet aussi... C'est comme ça que ça évolue au fil des années. Et je pense à... Parce qu'on parle du Golfe, de Saint-Tropez ou de certaines communes,
00:32:59 comme Fréjus-Saint-Raphaël. Moi, j'ai des associations qui ont... Comme il y avait un déficit aussi d'hébergement, de logements sociaux,
00:33:07 on a développé avec des associations ce qu'on appelle l'intermédiation locative. Une association, la Logivar-Esterel, développe de l'intermédiation locative,
00:33:17 c'est-à-dire c'est avec l'aide de l'État, aussi des départements, la CAF, et des associations et des particuliers qui acceptent de louer un bien privé à une association,
00:33:28 en ayant conscience que l'association va faire le suivi social de la personne en difficulté. Le problème du tourisme ici, c'est que souvent des particuliers, sur la côte,
00:33:37 acceptent de louer un logement à condition de le libérer pendant la période estivale parce qu'ils vont le louer à un prix qui va goûter plus cher que le reste de l'année.
00:33:47 Mais cette idée-là de développer aussi une forme de logement social un peu innovant, ou à Draguignan, à l'Ecoammo, on a fait du logement partagé,
00:33:59 ce sont des formules qui obligent à la créativité. Je me souviens d'un de mes formateurs qui disait toujours que quand on veut rien faire, on trouve toujours des excuses,
00:34:13 quand on veut avancer, on trouve des idées. En matière de lutte contre l'exclusion, c'est un peu la même chose. Mais il faut accepter d'avoir une sorte d'intelligence collective,
00:34:21 et que chacun, à partir de son positionnement associatif, citoyen, service de l'État, du département, et ça aujourd'hui, c'est aussi une pratique qui est en train de se mettre,
00:34:33 c'est qu'on arrive à discuter les uns avec les autres, ce qui n'était pas une réalité. – Bruno Schiapello, sur la question typique des étudianteux,
00:34:43 on lit des choses assez hallucinantes sur celles qui ont des problèmes, et parfois la façon dont on s'en sort, je fais allusion à la prostitution notamment,
00:34:50 qui est une réalité. Est-ce que vous avez une approche particulière pour ces personnes-là ? – Alors, a priori, c'est très difficile puisque c'est très caché.
00:35:00 Vous disiez, ce n'est pas quelque chose de prime abord que ces étudiantes vont aller crier sur tous les toits. – Bien sûr.
00:35:09 – Donc c'est relativement difficile de cibler ce souci. Alors c'est vrai qu'il y avait eu un article, il me semble, il y a quelques années,
00:35:21 qui avait mis en exergue ce problème-là, notamment au parking des lices à Toulon, où il y avait des étudiantes qui se prostituaient pour pouvoir payer leurs études.
00:35:29 – Ou manger parfois. – Ou manger, ou voilà, tout simplement, pour pouvoir vivre. C'est terrible, et c'est quelque chose qui est vraiment caché,
00:35:40 qui est extrêmement dur à… comment dire… il faut vraiment aller creuser, comme vous le disiez tout à l'heure.
00:35:47 Ce n'est pas quelque chose que l'on sait à la première conversation. Bon, sur des choses un peu plus prosaïques, j'aimerais juste revenir sur…
00:35:57 – La précarité menstruelle. – C'est quelque chose à laquelle nous nous sommes attaqués aussi avec la FEDET,
00:36:02 et notamment à l'université où nous avons fait installer des distributeurs de protection hygiénique,
00:36:08 où les associations étudiantes des facultés se chargent de les, on va dire, recharger, pardonnez-moi l'abus de langage, mais c'est le seul…
00:36:19 Et in fine, pour revenir sur ces problèmes de prostitution, nous n'avons pas réellement la demande du sopeur handi.
00:36:28 Alors effectivement, c'est caché.
00:36:31 – Toujours pour les étudiants, on a parlé de la précarité menstruelle pour les étudiantes, il y a aussi la précarité alimentaire,
00:36:39 avec le prix des courses qui ne cesse d'augmenter, le coût du logement, on en a discuté.
00:36:44 Pour vous, être étudiant dans le VAR, est-ce que c'est devenu un luxe ?
00:36:49 – C'est clairement un luxe. – C'est terrible ce que vous dites.
00:36:54 – C'est terrible comme constat. – Pardon, le fait que je vous pose,
00:36:56 mais le constat est absolument affligeant. – Le constat est affligeant, ça c'est clair.
00:37:00 Mais alors, ça ce n'est pas forcément VAROI.
00:37:05 Étudier est un luxe, à l'heure actuelle. Alors, est-ce qu'il y a 30 ans de ça, c'était autant un luxe ?
00:37:14 Je ne sais pas, mais là, le constat brûle pour point que, alors c'est très personnel ce que je vais vous dire,
00:37:21 mais là, j'ai l'impression que l'ascenseur social, il est un petit peu en banne.
00:37:26 Vous voyez, c'est peut-être un peu fort, mais j'ai l'impression que l'ascenseur social est en banne.
00:37:34 Alors, c'est la raison pour laquelle, à mon avis, nous nous mobilisons tous.
00:37:39 Je veux dire, nous ne pourrions rien faire sans nos partenaires, comme par exemple la banque alimentaire,
00:37:45 qui nous aide au jour le jour. C'est vrai que, eh bien, entre les courses, entre le logement,
00:37:54 entre les loisirs, beaucoup de choses, c'est un constat qui est affligeant.
00:38:00 Il y a aussi le prix des abonnements et le prix des téléphones aussi. On peut parler même de précarité numérique.
00:38:08 Comment subventionner et aider ces jeunes à poursuivre leurs études avec du matériel ?
00:38:15 Alors, à titre personnel, nous avons eu la chance d'obtenir, avec un partenariat avec Bouygues,
00:38:21 nous avons obtenu un partenariat avec Bouygues et La Fage pour lequel nous avons eu des abonnements
00:38:27 et des téléphones portables avec un abonnement relativement sympa, des dates Internet pour pouvoir aller naviguer
00:38:37 ou faire des recherches et parfois même passer les examens sur Internet, puisque maintenant, c'est la grande mode.
00:38:46 Beaucoup d'examens se font par QCM et via Internet. Donc, ça devient un prérequis.
00:38:53 Alors, ce n'est pas pour tourner en rond, mais on va revenir un petit peu au Covid.
00:38:57 Effectivement, c'est ce qui a mis exactement en exact, comme vous le disiez tout à l'heure,
00:39:00 aussi cette précarité numérique, parce que bien évidemment, il a fallu trouver des solutions.
00:39:05 Il a fallu trouver des solutions. Alors, je parle d'un point de vue purement étudiantin.
00:39:10 Il a fallu trouver des solutions pour faire passer les examens aux étudiants.
00:39:14 Et bon, quoi de mieux que les QCM sur Internet ? Et ceux qui n'avaient absolument pas accès à Internet,
00:39:19 ils se sont retrouvés, eux, dans une situation qui était catastrophique.
00:39:23 Alors, une question qui s'adresse un petit peu à tout le monde sur les étudiants, parce que la situation telle qu'elle est décrite,
00:39:28 je rappelle, un étudiant sur cinq qui ne mange pas à sa faim, ça paraît absolument extraordinaire.
00:39:33 Vous n'avez pas l'impression un petit peu que la France insulte l'avenir en ne s'occupant pas suffisamment de ces jeunes,
00:39:38 de ces étudiants notamment ?
00:39:40 Alors, je me suis permis, pardon, je prends la parole, mais il faut être très rapide.
00:39:43 Je me suis permis, à un moment donné, justement pendant le Covid, j'ai eu ce sentiment sur le tarmac de l'université.
00:39:50 Je me suis dit à un moment donné, on est en train de laisser un pays endetté, on ne donne pas à manger à nos jeunes, quitte de l'avenir.
00:39:56 Et ça m'a profondément heurté à ce moment-là. On s'est mobilisé, toute une équipe de la Banque Alimentaire
00:40:02 pour y être pratiquement tous les jours. Et on a ressenti cela. On a ressenti qu'on abandonnait un petit peu cette jeunesse
00:40:10 qui était justement l'avenir de notre pays. Et voilà. Donc quand j'ai dit ça, je l'ai ressenti.
00:40:16 C'est un constat. Monsieur Paquette ?
00:40:18 Je reprends la formule que tu disais tout à l'heure, c'est-à-dire la question c'est qu'est-ce qu'on fait ?
00:40:27 Quand on ne veut rien faire, on trouve des excuses. Quand on veut faire quelque chose, on trouve des idées.
00:40:31 Et donc la question c'est qu'est-ce qu'on fait ? Comment on se mobilise collectivement ?
00:40:34 Moi je crois profondément que les pouvoirs publics doivent faire leur part. Mais le fond de la question de la pauvreté,
00:40:42 et là je vous parle de mon expérience de lutte contre la pauvreté dans des contextes très différents.
00:40:48 Moi j'ai travaillé pendant de nombreuses années en Amérique latine, dans des bidonvilles.
00:40:51 J'ai commencé ma carrière à l'époque Pinochet dans les bidonvilles du Chili. J'ai travaillé en Afrique de l'Ouest.
00:40:56 J'ai travaillé en Asie, au Bangladesh, au Pakistan. Et donc toujours sur la question de la pauvreté.
00:41:01 Et puis maintenant je suis en France dans lequel on se dit oui on est dans une situation terrible.
00:41:05 Vous relativisez ?
00:41:06 Tout est relatif. Premièrement. Deuxièmement, moi je vais simplement vous parler d'un témoignage qui m'a marqué toute ma vie.
00:41:12 Je suis rentré en France en 1992 après avoir vécu 4 ans dans les bidonvilles du Chili à l'époque Pinochet.
00:41:18 J'arrive en France, il y avait une crise économique à ce moment-là. Mais j'arrive et j'ai le sentiment que j'étais chez les rois du pétrole.
00:41:25 Pardon, mais il y avait le RMI déjà à l'époque, il y avait la CMU, parce que la première cause de pauvreté,
00:41:30 le premier déclencheur international, c'est les questions de santé, sur les questions récurrentes de pauvreté.
00:41:36 Et je sentais des personnes autour de moi qui étaient toutes dans une situation de détresse psychologique sincère.
00:41:43 Les gens considéraient vraiment qu'on était dans une situation catastrophique.
00:41:47 Et en fait, j'ai eu à ce moment la clé de la question, et la clé c'est ce que tu as dit, évidemment, c'est la question du lien.
00:41:52 C'est-à-dire que dans les pays pauvres, il y a des solidarités familiales, il y a des solidarités de paroisses, de communes,
00:41:57 ça peut être l'imam, ça peut être le curé, ça peut être le groupe révolutionnaire selon le contexte où on est,
00:42:02 ça peut être le groupe de paysans. Moi j'ai beaucoup travaillé en milieu rural aussi, avec les communautés de base en Amérique latine.
00:42:08 Et le lien social c'est la base de tout. Et j'arrivais en France, et en France on considérait que la solution ça devait être les pouvoirs publics.
00:42:15 Ah ben la pauvreté c'est un niveau financier, il n'y a qu'à leur donner de l'argent.
00:42:19 Et on se retrouve comme les gens qui donnent la pièce au mendiant à la sortie et qui le regardent à peine,
00:42:24 ou qui détournent la tête, on donne la pièce, on dit "j'ai fait le boulot".
00:42:28 Et là on se dit "les pouvoirs publics ont qu'à régler le problème". Non. La question, oui, on doit faire le boulot.
00:42:34 Oui, les pouvoirs publics, on doit donner du service public. Vous savez cette phrase, le service public c'est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas.
00:42:40 Donc dans un pays, si vous avez une éducation de qualité, une prise en charge des minima sociaux, une couverture santé,
00:42:47 des services publics de transport, etc., on peut arriver à réduire la pauvreté réelle de beaucoup de populations,
00:42:53 c'est pas une question seulement d'argent. Mais donc voilà, pour moi la question c'est comment est-ce qu'on trouve des idées,
00:42:57 comment on se mobilise ensemble ? Et pas simplement comment on peut attendre les pouvoirs publics,
00:43:01 qui doivent faire leur partie, mais il faut qu'on se mobilise ensemble.
00:43:04 Oui, c'est parce que par rapport aux étudiants, moi pendant la crise de la pandémie j'ai eu ce genre de sentiment,
00:43:12 qui m'a réjoui et qui m'a donné de l'espérance, c'est en allant sur le campus de la gare, de voir des étudiants qui étaient eux-mêmes en précarité,
00:43:20 qui avaient organisé en lien avec la banque alimentaire, une distribution sur le campus, mais ils l'avaient pas fait en distribution
00:43:26 comme pendant les fils de la guerre. Ils avaient monté un groupe de musique, c'était toute une animation sur le campus.
00:43:34 Et je me dis, ben voilà en fait des jeunes qui sont capables de rebondir. Et donc après c'est les tempéraments que l'on a.
00:43:41 Moi je pense que aussi en termes de proverbe africain, j'aime bien ce proverbe africain qui dit que les marmites
00:43:47 elles commencent toujours à bouillir par le fond. Il ne faut pas attendre que les bulles se fassent en haut,
00:43:50 puisque c'est les bulles pontificales, enfin les bulles ça démarre par en bas. Et il faut qu'il y ait des actions de solidarité.
00:43:56 Et il y a quelque chose qui m'a beaucoup angoissé, qui m'a fait penser à l'action que vous posez, c'est, on a eu, je pense ici aussi dans les Alpes-Maritimes,
00:44:05 on a eu la crise du palmier avec les charençons. C'est ces arbres majestueux, magnifiques, et tout d'un coup, pof, on voit que par l'eau, tout c'est tout,
00:44:13 et ça se casse, et c'est sinistre. Et je me dis, mais dans notre société, c'est quoi le charençon ? C'est quoi qui pourrit de l'intérieur,
00:44:20 qui fait que des réalisations autour de la protection sociale, l'administration, tout d'un coup ça...
00:44:26 Et je pense que c'est autour du lien social, du rapport justement à... Il y a tellement de choses qui ont bougé, c'est pour ça qu'hier on a monté cette maison des familles,
00:44:36 dans un centre social, pour justement que ce soit l'intergénérationnel, que ce soit inclusif, pour que les parents des enfants handicapés puissent venir aussi à la ludothèque,
00:44:46 que les personnes âgées fassent des soutiens scolaires, que les personnes étrangères, dans le cas des cours de France Langue Étrangère, puissent rencontrer d'autres personnes.
00:44:54 Il y a besoin de tricoter des relations. Et si on ne le fait pas, et qu'on rentre dans des formes d'individualisme de chacun pour soi, c'est un peu comme le charençon.
00:45:06 Et je pense qu'il faut... Aujourd'hui on parle beaucoup en termes d'écologie, tout est lié, mais en écologie on sent qu'il y a besoin d'écosystèmes.
00:45:16 Donc on a besoin d'un écosystème de la solidarité. L'écosystème de la solidarité, la solidarité ne peut pas être que étatique, elle ne peut pas être que financière, qu'administratrive, c'est un écosystème.
00:45:28 Et je pense qu'aujourd'hui il faut retrouver une sorte d'écologie de la solidarité, avec un ensemble de...
00:45:36 Pour rebondir sur les actions de solidarité, dernièrement il y a plusieurs épiceries solidaires qui ont été créées dans le Var, dont une dernièrement à Toulon, en mai dernier.
00:45:48 Est-ce qu'il en faut davantage ? Pensez à d'autres actions aussi ?
00:45:54 Alors davantage... Je suis désolé. Davantage, non. Améliorer, on peut toujours améliorer. Effectivement.
00:46:02 Alors pour rebondir sur cette solidarité, effectivement, la solidarité c'est quand même la clé. C'est quand même la clé cette solidarité.
00:46:13 Il est évident qu'effectivement les pouvoirs publics ne peuvent pas s'occuper de tout.
00:46:18 Et d'ailleurs, sans me faire mon juriste, mais la solidarité comme elle avait été conçue dans le Code civil était une solidarité familiale, une solidarité entre amis, entre écosystèmes.
00:46:28 Et à mon avis, il faut revenir un petit peu à cette notion première de solidarité.
00:46:34 Et c'est la raison pour laquelle, alors ça m'a fait sourire quand vous parlez de tiers-lieu,
00:46:39 puisque effectivement le but de cette épicerie solidaire que nous avons montée à Toulon, c'est également d'en faire un tiers-lieu.
00:46:45 C'est également d'en faire un tiers-lieu, puisque les distributions alimentaires de la FedEx n'ont pas réellement commencé en janvier dernier,
00:46:53 puisque le date de notre partenariat depuis 2020, justement avec la la garde où on avait mis de la musique pour que ça ne fasse pas justement épicerie de guerre.
00:47:05 Justement, effectivement, on veut sortir un petit peu de ce truc.
00:47:10 Il n'y a rien de pire qu'une personne qui est en état de précarité, qu'il se sait en état de précarité.
00:47:18 Il n'y a rien de pire pour le moral, et c'est la raison pour laquelle nous essayons de rendre la chose la plus sympa possible.
00:47:26 Et bien, par exemple, on essaie de mettre la musique, qu'il y ait une bonne ambiance, que tout le monde soit souriant,
00:47:35 que ça ne fasse pas réellement épicerie militaire, où on vient, on récupère ses trucs et puis on part.
00:47:41 Voilà, il faut quand même que ça ait un aspect un petit peu sympa, créer du lien, que la personne puisse discuter, passer un moment.
00:47:49 Là, effectivement, nous avons aménagé le local, alors nous avons la chance qu'il soit divisé naturellement en deux parties.
00:47:58 C'est-à-dire qu'il y a la partie réellement épicerie, et puis il y a une partie qui est un peu plus espace co-working,
00:48:05 où nous avons mis des ordinateurs à disposition, que l'on nous a gentiment donné d'ailleurs.
00:48:11 Et il y a aussi également un vidéoprojecteur pour pouvoir faire des ciné-débats, des trucs comme ça.
00:48:19 C'est réellement, nous essayons d'en faire un tiers lieu.
00:48:22 D'accord. Alors, ce que vous dites, qui est quand même très intéressant, c'est que la solidarité est un petit peu la clé du problème,
00:48:28 ou en tout cas la solution, mais qu'est-ce que vous attendez de la puissance publique en général, j'allais dire, de l'État ?
00:48:33 Qu'est-ce qui fait défaut dans votre fonctionnement ? Qu'est-ce qui pourrait vous aider à mieux aider les autres ?
00:48:37 Si je peux me permettre, je crois qu'il faut revenir aux sources.
00:48:42 J'avais un bon ami prêtre qui m'avait dit une fois, quand on avait monté une association, pour prier il faut avoir le ventre plein.
00:48:51 Et ça m'avait plu, parce qu'en fait, si vous voulez, même pour être libre de penser, si on a faim, on pensera à une chose, c'est à se nourrir.
00:48:58 Et en fait, on revient à chaque fois dans nos conversations, dans nos expositions, dans le lien social fondamental, bien entendu.
00:49:05 Mais c'est la ressource alimentaire qui nous fait défaut. La ressource alimentaire, il faut quand même la citer.
00:49:12 Pourquoi elle est perturbée ? Parce que la loi Garrault, en 2016, elle a poussé la grande distribution à se restructurer.
00:49:19 Et de fait, si vous voulez, la banque alimentaire, qui représente 80% de la dotation alimentaire du département,
00:49:25 elle s'est retrouvée devant les ramasses, devant les magasins, avec une chute de 80% des denrées. Je dis bien 80%.
00:49:34 On a eu des réunions organisées par M. le Préfet, d'ailleurs également le conseil départemental.
00:49:40 On s'est réunis tous autour des tables. Et la grande distribution, on ne pourra pas évoluer dans ce monde-là,
00:49:45 parce que la grande distribution, c'est du commerce, et elle fait son job, et on ne peut pas lui reprocher.
00:49:51 Par contre, elle compense par les grandes plateformes de distribution où elle nous aide, etc.
00:49:58 Vous prenez les statistiques, et ça, on est obligé de parler de chiffres à un moment donné,
00:50:02 on a eu une chute de 40% de la denrée européenne pendant ces deux dernières années.
00:50:08 Elle n'est pas due parce que les gouvernements divers et variés ont fait des restrictions budgétaires.
00:50:13 C'est parce qu'elles n'ont plus trouvé, il y avait eu ce qu'on appelle des appels d'offres infructueux,
00:50:17 au manque de denrées, aux problèmes de transport, aux climatiques, etc.
00:50:21 Donc cette chute-là, il a fallu imaginer comment la compenser pour maintenir un niveau de distribution alimentaire aux uns et aux autres,
00:50:29 avec, je dirais, un maillage et une optimisation de moyens, logistique principalement, dans toute la France.
00:50:36 On a réussi à Interbank, à se céder, à trouver des systèmes qui nous ont permis de maintenir le niveau de prestation,
00:50:45 qui équivaut, ça donne une idée quand même, à 20 kilos de denrées par mois.
00:50:50 À chaque bénéficiaire, il y en a 51 000 par an.
00:50:54 Donc si vous voulez ça, on l'a réussi. Donc il y a cette ressource alimentaire qui pose un énorme problème.
00:50:59 Dès qu'il y a, cet hiver d'ailleurs, un gros problème peut-être dans des zones agriculturelles, on va se retrouver avec des déficits.
00:51:08 L'Europe, la guerre en Ukraine, beaucoup de produits venaient d'Ukraine, peu de gens le savent,
00:51:14 mais vous aviez tout ce qui était, le steak haché venait de Pologne, donc en Ukraine,
00:51:19 le poulet venait d'Ukraine, le tournesol venait d'Ukraine, etc.
00:51:24 Donc cette ressource alimentaire, elle a été pénalisée.
00:51:28 Et c'est évidemment que les pouvoirs publics font ce qu'ils peuvent pour nous aider, pour essayer de compenser, de trouver des solutions.
00:51:33 Mais là, effectivement, on doit nous être pro-créatifs pour essayer de compenser cela.
00:51:38 Donc n'oublions pas que cette base-là, elle est fondamentale. Il faut l'aliment.
00:51:43 Les aliments, si on ne l'a pas, on a un problème.
00:51:46 — Il y a un député en Tibois qui s'appelle Éric Poget, qui est membre des Républicains, qui a fait une proposition de loi tout récemment.
00:51:51 Il propose d'élargir la loi Coluche. Cette loi, vous le savez, c'est cette loi qui permet de déduire 75% du montant de son don dans la limite de 1 000 € par an.
00:51:59 Il souhaiterait porter ce taux à 100% de façon à ce que toute la somme donnée soit remboursée aux personnes qui donnent.
00:52:06 Est-ce que c'est une bonne idée, une fausse bonne idée, M. Rebesche ?
00:52:11 — Ça peut encourager l'engagement citoyen. Voilà. Un peu intéressé.
00:52:17 Comme on peut pousser aussi la grande distribution à pratiquer aussi ce qu'on appelle à la RSE, la responsabilité sociale environnementale...
00:52:24 Ils sont tenus en tant qu'entreprise de le vivre, de le vivre en partenariat avec des associations comme la Banque alimentaire qui ont le savoir-faire.
00:52:32 Quand je dis qu'il faut trouver des idées, ça en fait partie. Mais ce sont des... Oui. Comme il faut aider les petits producteurs.
00:52:40 Il y a des petits producteurs qui sont... On voit dans notre région, sur la ville de Hyères par exemple, on a préféré, avec le Secours catholique,
00:52:49 développer un projet de panier solidaire où ce sont des petits producteurs qui font de la production bio. Ils savent que comme dans les AMAP,
00:52:58 qu'ils ont une clientèle. Et on se dit que c'est pas parce que les personnes sont en précarité dans les cités ou à la rue qu'on va leur donner de la nourriture en surplus,
00:53:09 qui encourage l'obésité ou le diabète. Donc non, non, mais c'est vrai. Toutes ces questions, quand je parle d'écosystème, c'est une réflexion générale.
00:53:17 Et on peut pas avoir des solutions à la petite semaine. Et je pense que l'intérêt du milieu associatif, des gens du monde alimentaire,
00:53:27 se créent maintenant ce qu'on appelle des pactes d'aide alimentaire territoriaux. C'est pour essayer de mettre en ligne.
00:53:35 Moi, ce que j'attends de l'État, c'est ce qu'il essaie de faire, mais c'est plutôt d'être un chef d'orchestre, d'aider tous ces gens à se rencontrer.
00:53:43 Mais lui-même, il a de moins en moins de moyens, mais il faut aider les gens à communiquer parce qu'on est tous pris.
00:53:49 Et les bénévoles des associations, on a le dé dans le guidon parce qu'on n'arrête pas. Donc on a besoin d'avoir des gens qui nous aident à nous rencontrer
00:53:57 et qui aident à trouver des solutions cohérentes. - Moi, ce que je regrette quand même dans cette précarité, c'est qu'en fait, les associations ne communiquent pas entre elles.
00:54:10 Elles ne communiquent pas. Je suis désolée. Toutes les associations, Secours catholique, Restos du coeur, SOS, tout ça.
00:54:21 Parce que nous avons, quand nous sommes dans des endroits bien délimités, les mêmes personnes qui viennent, les mêmes bénéficiaires.
00:54:31 Et en fait, ces bénéficiaires, ils font le tour de tout le monde, ils vont chez toi, ils vont au Secours populaire, au Restos du coeur, et puis après, ils tournent.
00:54:44 Et moi, j'aurais aimé, je demande constamment, est-ce qu'on voit nos listes ensemble ? - Oui, mais si on associe les personnes.
00:54:55 Moi, je me suis rendu compte qu'à la plupart du temps, on a trouvé des solutions quand on associe les personnes en précarité à la réflexion.
00:55:00 Parce que souvent, elles connaissent parfois le territoire, parfois même mieux que certains travailleurs sociaux.
00:55:06 Mais il faut les associer, parce qu'elles ne sont pas que des personnes qui ont des besoins matériels ou alimentaires, elles ont une pensée, elles ont une réflexion, elles ont des idées.
00:55:14 Et parmi les gens en précarité, il y a des gens qui sont capables d'être aussi des agents de l'innovation, de la créativité.
00:55:21 Je pense que c'est un des éléments importants. Il n'y a rien de pire que de considérer les personnes en précarité comme des gens qui n'ont que des besoins de type alimentaire ou de logement.
00:55:33 Ils ont des idées, des projets. Et aujourd'hui, je pense que là, il y a une réflexion qui se fait aussi dans les services de l'État, dans le département.
00:55:39 On associe les pauvres et les précaires à l'expertise pour trouver des solutions.
00:55:45 Parce qu'il n'y a rien de pire, on le voit bien, que quelqu'un qui a subi l'injustice pour trouver des idées sur la justice.
00:55:50 On le voit bien, quand il y a des guerres et tout ça, ce sont ceux qui en ont bavé, qui trouvent des solutions.
00:55:55 Et nous, pour faire la guerre à la précarité, il faut associer à nos réflexions.
00:55:59 Je pense qu'à la prochaine table ronde, on invitera aussi une personne en précarité qui viendra aussi donner son avis au micro.
00:56:07 Peut-être ce que je peux, c'est vous donner une information qui pourra intéresser vos auditeurs et vos lecteurs, puisque cette question du lien et de la circulation de l'information est très importante.
00:56:15 Alors deux choses. D'une part, en 2024, il y a un projet qui est porté à la fois par le préfet et par le département,
00:56:21 qui est d'avoir un coordinateur, notamment sur l'achat, de façon à pouvoir avoir sur les produits frais, une bonne coordination de l'ensemble des acteurs.
00:56:29 Je pense que le pivot naturel, ce sera la banque alimentaire, pour pouvoir avoir des achats chez des producteurs locaux, Varroa.
00:56:35 Deuxième élément, quand on veut aider quelqu'un en précarité, on n'a pas forcément toujours l'information.
00:56:41 Et la personne elle-même ne l'a pas toujours. Et depuis maintenant quelques mois, on a dans le Var un dispositif qui s'appelle Soliguide.
00:56:48 Alors chercher Soliguide sur Internet, télécharger l'application Soliguide.
00:56:52 Soliguide, c'est la cartographie de toute l'information utile à ceux qui en ont besoin.
00:56:57 On a commencé par cartographier, donc c'est une association qui est soutenue par l'État et le département.
00:57:02 Vous êtes partenaire de Soliguide. Et c'est une cartographie de... Actuellement, on a commencé par l'aide alimentaire.
00:57:10 Et donc l'ensemble des points avec les horaires, les lignes de bus, les contacts précis, mises à jour en permanence,
00:57:17 donnent toute l'information sur l'ensemble de l'offre pour les personnes précaires en matière d'aide alimentaire.
00:57:22 Et maintenant, on est en train petit à petit de cartographier les autres éléments.
00:57:25 L'accès au droit, l'aide à la mobilité, progressivement l'aide spécifique pour les personnes âgées, l'aide contre la fracture numérique.
00:57:33 Toutes les ressources du territoire varroi à disposition des personnes en précarité sont progressivement cartographiées dans Soliguide.
00:57:41 Et aujourd'hui, on a pratiquement 100% de l'information sur l'aide alimentaire qui est cartographiée.
00:57:46 Et en dehors de Soliguide, pour nos lecteurs et nos téléspectateurs, qu'est-ce qu'on peut conseiller ?
00:57:55 Qu'est-ce qu'on peut leur conseiller pour qu'ils puissent se rendre utiles et ceux qui souhaitent aider dans le département ?
00:58:00 Donc, la parole est libre.
00:58:02 Vous savez, les bénévoles, il faut s'en méfier aussi parce qu'il y a des gens qui arrivent et qui vous disent
00:58:09 « Je suis libre, j'ai quelques heures à vous consacrer. » Oui, très bien.
00:58:16 « Mais que me proposez-vous ? » Alors on leur dit, écoutez, nous, par exemple, à la Croix-Rouge, il y a le tri des vêtements.
00:58:23 Non, pas les vêtements, autre chose. L'administratif, il n'y a pas d'administratif dans nos épiceries sociales.
00:58:30 Il n'y a pas d'administratif. On tient effectivement un agenda des personnes qui viennent, ce que nous leur donnons et tout ça.
00:58:37 Mais il n'est pas question de... Non, mais vous savez, c'est difficile, le bénévolat, aujourd'hui.
00:58:43 Il y a quand même des petits éléments qui sont organisés. Il y a une plateforme qui s'appelle France Bénévolat,
00:58:48 qui essaie aussi de conseiller, qui crée le lien. Dans les services qu'il met en place, on a un bureau,
00:58:56 un service du bénévolat, l'Union Diakonale du Var, avec une personne qui accueille et qui oriente pas forcément
00:59:01 sur les associations de l'UDV, mais aussi sur des associations partenaires, des activités,
00:59:05 suivant la compétence et le désir. Alors parmi les bénévoles, on a toutes catégories.
00:59:10 On a le retraité qui a envie de rendre service. Il y a la personne en activité qui a un temps particulier.
00:59:16 Mais il y a aussi la personne en précarité, ou la personne qui veut donner de son temps.
00:59:22 Alors il faut des propositions adaptées et en même temps, une petite formation, suivant la fonction.
00:59:29 Et puis il faut une petite supervision. Mais ça, ça existe. Et au contraire, moi, je rencourage
00:59:34 ce qu'on appelle l'initiative citoyenne, les sociétés bénévoles. Et il y a parfois des bénévoles improbables.
00:59:41 Je me rappelle, quand j'ai monté le 115, qui est devenu le SIAO, maintenant avec des professionnels,
00:59:46 sur la paroi sous JT, j'avais réquisitionné une équipe de mamies insomniaques,
00:59:53 et qui répondait toute la nuit au téléphone. Et parmi ces mamies insomniaques, il y en a plusieurs
01:00:00 qui étaient d'anciennes associations sociales, et qui étaient à la retraite, qui étaient veuves,
01:00:03 et qui avaient du temps, et qui ne pouvaient pas se déplacer. Donc après, on peut aussi imaginer des choses.
01:00:08 - Oui, mais mon cher Gilles, toi tu es dans une grande ville, tu es à Toulon, ville préfecture.
01:00:15 Alors imagine quand même, quand on est dans des villages, là nous sommes à Grimaud, Plain-de-la-Tour,
01:00:22 tous ça ce sont des villages. - C'est plus difficile, oui.
01:00:24 - C'est très difficile. Alors ce qui fait que toi, tu as un vivier qui te permet d'avoir tout ce genre de personnes.
01:00:29 - Oui, mais il faut encourager aussi. Avec ce matin, il faut encourager.
01:00:33 - Il faut encourager, donc il faut que ça soit un appel aux bénévolats, pour nos associations.
01:00:38 - J'ai remarqué une chose, c'est vrai que souvent l'information, on a tous, mais on la communique plus ou moins bien.
01:00:45 On a eu à développer, nous dans le plan France Relance, on a été lauréat pour développer la dessert des villages
01:00:53 un peu, je dirais, en carence associative. Et j'ai retrouvé des CCAS des maires extraordinaires, quoi que.
01:01:02 Qui disaient au début, mais on n'a pas de pauvres chez nous. Et puis finalement, qui sont très humains.
01:01:07 Ils se disent, mais je passe devant Pierre-Paul Laugeac le matin, puis je vois bien qu'à 75 ans,
01:01:13 il est en train de faire son jardin pour essayer d'avoir quelques tomates.
01:01:15 Donc tout ça se construit aussi par une approche citoyenne, populaire. Il faut aller mouiller sa chemise.
01:01:22 - Je voudrais aussi insister sur ce qu'on appelle le mécénat de compétences, parce qu'on a parlé des entreprises.
01:01:27 J'ai découvert de plus en plus qu'il y a des entreprises qui, dans le cadre même de la cohésion de leur vie d'équipe,
01:01:32 acceptent, je vois dans un accueil de jour, il y a toute une équipe qui était dans l'immobilier.
01:01:37 Ils sont tous venus avec leur directeur faire les peintures, les douches pour les sans-abri.
01:01:41 Et ils étaient d'une certaine manière fiers pour leur propre boîte.
01:01:45 Et il y a des gens aussi qui, dans leur propre entreprise, incitent leur entreprise à faire de la responsabilité sociale et environnementale.
01:01:54 - C'est la vocation du RSE.
01:01:55 - Oui, mais s'il n'y a pas des gens dans la boîte qui l'ont à cœur, il y a des pré-retraités qui peuvent prendre la retraite plus tôt
01:02:02 pour aller se mettre au service des associations. Et tout ça, c'est pratique citoyenne.
01:02:07 Je vois, nous, dans les associations, on en bénéficie. Il y a aussi le volontariat civique pour les jeunes chômeurs de moins de 25 ans.
01:02:16 Quand des jeunes, plutôt que de traîner, peuvent faire 6 mois ou 9 mois de service civique,
01:02:23 ils arrivent avec leur dynamisme, leur jeunesse, ils entraînent des copains.
01:02:27 Actuellement, on prépare un festival des talons pour le printemps dans nos associations.
01:02:33 On a demandé à ce que ce soit des jeunes étudiants qui créent ce qu'on appelle la chasse au trésor des talons.
01:02:40 On demande à ces étudiants, à ces jeunes, de venir dans nos associations en disant
01:02:45 "essayez de nous dire, avec votre manière d'interroger, les accueillis, les accueillants, les salariés".
01:02:51 Et on voit une association sociale qui sait faire de la musique, un accueil qui est informaticien.
01:02:58 Et on trouve comme ça des tas de talents. Et puis ça permet après, on a besoin de bienfaiteurs.
01:03:04 Mais des bienfaiteurs, il faut l'écrire B-I-U-N, trait d'union, fêteurs, avec un accent sur le doigt,
01:03:09 être capable de faire la fête ensemble. Et c'est ça qui redonne un peu la pêche dans la société.
01:03:14 Et on est dans une période sinistrose, après le Covid, après ces guerres, après tout ça.
01:03:21 Et ce qui donne de l'enthousiasme, c'est aussi d'être capable de faire la fête ensemble.
01:03:25 Moi, je rêve de ça. Et voilà, je suis religieux, il y a un psaume que je dis souvent,
01:03:32 il y a écrit "que les pauvres m'entendent et soient en fête". Faisons la fête ensemble.
01:03:36 Et voilà, si on ne la fait pas ensemble, on reste dans de la bienfaisance,
01:03:41 des choses un peu moralisantes où on se penche sur les autres.
01:03:44 Et je pense qu'au contraire, ce qui motive les bénévoles, c'est de trouver des amis,
01:03:48 d'avoir un sens à sa vie, d'aider les autres et de faire avancer la société.
01:03:54 - Moi, je voudrais simplement vous dire, permettez-moi de vous dire,
01:03:57 comment nous travaillons dans nos épiceries sociales.
01:04:00 On travaille avec les assistantes sociales du département et des CCS, des communes.
01:04:08 Et elles nous envoient des fils de liaison. C'est elles qui font quand même tout le travail,
01:04:15 à savoir l'étude de la situation de la personne, de la famille.
01:04:19 Et nous, nous recevons une fils de liaison, nous disons "voilà, Mme Hentel est dans une situation difficile,
01:04:26 elle n'a pas eu pour la sang, elle est dans l'attente de la régularisation de sa situation et tout ça.
01:04:31 Donc nous demandons une aide en panier alimentaire pour trois mois, pour un mois."
01:04:38 Alors ce ne sont pas les assistantes sociales qui décident quand même.
01:04:41 Nous avons notre bureau et en fonction de ce que nous avons, on décide, on aide ou on n'aide pas.
01:04:47 Parce que vous savez, souvent, ces bénéficiaires arrivent avec la feuille et vous disent
01:04:52 "voilà, je viens parce que l'assistante sociale m'a dit de venir et vous allez me donner ça, ça et ça."
01:04:59 Je dis "alors attendez, on va se calmer, on va déjà commencer par l'essentiel."
01:05:04 Ici, on a des droits mais on a aussi des devoirs.
01:05:08 Alors on respecte d'abord tout ça et puis après on discute.
01:05:12 Mais il faut quand même cadrer un peu ces gens-là parce que souvent il y en a qui arrivent en terrain conquis,
01:05:17 "j'ai le droit, vous me donnez et si vous ne me donnez pas, je vais appeler le préfet, je vais appeler qui vous voulez,
01:05:23 ici c'est moi qui commande."
01:05:26 Ici le préfet c'est moi.
01:05:28 Alors à Varmatin aussi, Agathe, on s'est demandé comment on pouvait donner un coup de main et on a eu une idée.
01:05:33 Et oui, dès demain, toutes les agences de Varmatin deviennent des points de collecte pendant un mois
01:05:37 pour les personnes qui se trouvent en difficulté dans vos villes.
01:05:40 Vous pouvez donner des aliments non périssables, des produits d'hygiène féminine ou encore des sous-vêtements.
01:05:46 Et le 11 février, tous les dons récoltés seront reversés à des associations caritatives choisies dans chaque territoire,
01:05:53 à Brégnol, à Draguignan, à Saint-Raphaël, Saint-Tropez, Hyères ou encore à Toulon.
01:05:58 Alors rendez-vous sur le site de Varmatin et dans le journal pour connaître les horaires de cette récolte.
01:06:03 Et ce sera le mot de la fin, fin, F.I.N. bien sûr. Merci à tous de votre présence.
01:06:08 Merci à Sophie Dancer et Philippe Bertigny qui ont réalisé cette émission,
01:06:11 que vous pouvez retrouver sur nos sites, sur les chaînes YouTube et Facebook de Varmatin.
01:06:16 Pour ceux qui veulent aller plus loin, ne manquez pas le dossier spécial que Varmatin consacre ce lundi
01:06:21 à toute la précarité dans le Var. Merci de nous avoir suivis. Bonne journée à tous et à très bientôt.
01:06:28 [Musique]

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