Lucile Buisson, chargée de mission énergie, environnement et transports au sein de l’UFC-Que Choisir, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur la nouvelle hausse des tarifs de l'électricité annoncée par Bruno Le Maire.
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00:00 - Europe 1, il est 6h43.
00:02 - Voilà bien une matière explosive
00:04 pour le nouveau gouvernement Attal. On parle ce matin sur Europe 1 du prix de l'électricité.
00:08 En pleine vague de froid, Bruno Le Maire a laissé entendre hier qu'il n'y aurait pas de gel, plus de gel sur le tarif
00:16 réglementé de l'électricité. Autrement dit, vous pouvez vous préparer à une nouvelle augmentation de votre facture.
00:21 - Votre invité ce matin sur Europe 1, c'est Lucille Buisson, chargée de mission énergie et environnement à l'UFC Que Choisir.
00:28 - Bonjour Lucille Buisson. - Bonjour.
00:30 - Bruno Le Maire prépare donc l'opinion à une nouvelle hausse des tarifs de l'électricité le 1er février.
00:36 Alors comme pour nous rassurer, il dit aussi pas plus de 10% d'augmentation.
00:40 Qu'est-ce que vous demandez au gouvernement ce matin sur Europe 1 ?
00:43 - L'UFC Que Choisir demande au gouvernement de renoncer à un relèvement de la tarification sur l'électricité.
00:49 En effet, la loi de finances permet une augmentation jusqu'à 10%
00:54 du prix d'électricité. Or cette augmentation est particulièrement malvenue pour les consommateurs
00:59 qui ont connu sur l'année 2023 une augmentation totale de 26,5% de leur facture,
01:08 ce qui représente pour un consommateur moyen environ 430 euros sur sa facture annuelle.
01:15 Et les potentiels 10% pour le 1er février 2024
01:20 amèneraient à une nouvelle augmentation de 200 euros sur cette facture annuelle.
01:25 C'est à notre sens une augmentation qui est beaucoup trop importante,
01:28 particulièrement en période d'inflation qui va se poursuivre en 2024.
01:33 Donc ce qu'on demande au gouvernement c'est ou le gel de cette taxe sur l'électricité
01:38 ou un maximum de 2,5% d'augmentation, ce qui correspond à l'inflation prévue pour 2024.
01:46 Alors évidemment 10% on est au-dessus du taux d'inflation. Notre sondage européen CNews JDD
01:52 a montré la semaine dernière que le pouvoir d'achat était la préoccupation numéro 1 des français.
01:56 Là évidemment Lucie Buisson, on est à contresens de cette préoccupation.
02:00 Oui tout à fait, c'est à contresens également des engagements du Premier ministre
02:06 de préserver les classes moyennes dans une période particulièrement inflationniste.
02:11 D'après les calculs de la commission de régulation de l'énergie,
02:14 la partie approvisionnement d'électricité sera amenée à ne pas évoluer.
02:18 Cela signifie que le bouclier tarifaire prendra fin de par la baisse des prix sur les marchés en 2024.
02:26 C'est par là un allègement des dépenses publiques en matière d'énergie.
02:31 Il est nécessaire que cet allègement n'aille pas de pair avec une réaugmentation d'une taxe
02:36 alors que l'électricité est déjà particulièrement fiscalisée.
02:38 Alors le bouclier tarifaire que vous évoquez, effectivement ça fait plusieurs mois
02:41 que l'exécutif commence à organiser sa sortie.
02:45 Il avait été mis en place, on le rappelle, fin 2021 pour limiter l'impact de la flambée
02:50 des prix du gaz et de l'électricité.
02:51 Ça a d'ailleurs plutôt bien marché.
02:53 Mais Bruno Le Maire ajoute, c'est exceptionnel,
02:57 ça a coûté trop cher pour les finances publiques, plus de 40 milliards d'euros dit-il.
03:00 Oui en effet, le bouclier tarifaire a coûté beaucoup d'argent public
03:05 mais il a été le gage de l'absence de crise sociale liée à l'augmentation des prix de l'électricité
03:11 ce qui a permis de préserver les consommateurs français.
03:14 Mais on va en ce moment, et ce sera l'objet de la loi souveraineté énergétique
03:21 qui sera examinée dans les prochaines semaines au Parlement,
03:24 vers une électrification massive des usages.
03:27 On peut penser à la voiture électrique mais également aux pompes à chaleur.
03:31 Donc c'est là envoyer un très mauvais signal aux consommateurs sur les futures décisions d'investissement.
03:36 C'est le message en fait, le sens du message qui pose question, dites-vous Lucie de Buisson.
03:41 Oui en effet, on va également vers une sortie des énergies fossiles.
03:45 Donc il est nécessaire d'envoyer un signal convaincant pour les consommateurs
03:50 pour qu'ils changent leurs habitudes et se tournent vers l'électricité décarbonée.
03:54 Alors si on regarde effectivement le coût de production de l'électricité,
03:58 c'est vrai qu'une hausse des tarifs peut paraître paradoxale puisque ce coût a baissé.
04:03 Le prix de l'électricité sur le marché de gros a baissé.
04:06 En fait, et vous l'avez évoqué il y a quelques instants Lucie de Buisson,
04:09 la hausse annoncée c'est celle du retour des taxes,
04:12 comme la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité
04:16 qui est perçue directement sur la facture des Français. C'est de cela qu'il s'agit.
04:20 C'est pour ça que la décision d'augmenter les prix de l'électricité
04:23 est aujourd'hui entre les mains du gouvernement uniquement.
04:26 Les conclusions de la commission de régulation sont claires.
04:28 Les prix ont baissé sur les marchés et donc le tarif réglementé de vente
04:32 va également être stabilisé par rapport au moment où il a été gelé.
04:37 Donc c'est vraiment sur la partie fiscalité que tout se joue
04:40 puisque le bouclier tarifaire au-delà d'un subventionnement de la consommation,
04:44 comprenez une baisse de cette fameuse TICFE que vous évoquiez à 1€ du MWh.
04:50 Donc 1€ du MWh actuellement contre 22,50€ avant la crise.
04:55 Je crois que ça permet quand même de relativiser aussi.
04:57 Elle était de 33€ en réalité avant la crise.
05:00 Alors le prix le plus juste, en tout cas les tarifs de l'électricité français,
05:04 ils restent quand même dans la moyenne européenne malgré tout.
05:07 En fait grâce à l'AREN, cela permettait aux consommateurs français,
05:12 et c'est la spécificité du mix énergétique français que de comprendre une grande partie de nucléaire,
05:18 grâce à ce dispositif, les Français ont en effet bénéficié de ces coûts de production moindres qu'ailleurs en Europe.
05:27 Et en fait c'est bien le résultat, le bénéfice de ces investissements passés
05:32 que dont les consommateurs bénéficient légitimement dans le prix de l'électricité.
05:38 Donc pour être bien clair, c'est bien le gel de la fiscalité sur le prix de l'électricité
05:43 que vous demandez au gouvernement ce matin sur Europe 1 Lucille Buisson ?
05:46 Oui tout à fait, il est vraiment nécessaire de limiter l'inflation au maximum,
05:52 et donc c'est cet engagement que l'on veut de la part de ce nouveau gouvernement
05:57 pour donner un signal clair de la préoccupation qu'il a pour l'achat des consommateurs.
06:01 Et bien votre message au gouvernement Atal est passé ce matin sur Europe 1.
06:06 Merci Lucille Buisson, chargée de mission énergie et environnement, je le rappelle à l'UFC que choisir.
06:12 Bonne journée.