• il y a 11 mois

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00:00 Il est déjà 8h10, ça passe à une vitesse ! Anne Pinsan-Dussel, est-ce qu'on peut qualifier notre invité de sportif aventurier solidaire ?
00:07 Ça colle ?
00:07 Ça colle, je pense que ça peut être pas mal, on peut lui poser la question, mais bonjour Claude Caz !
00:11 Bonjour !
00:12 Alors, ça vous va comme qualificatif ?
00:13 Oui, oui, on peut rajouter "explorateur" !
00:15 Allez, on rajoute "explorateur" ! Vous avez couru effectivement l'équivalent d'un marathon par jour pendant presque 3 mois
00:22 entre Perpignan et la Turquie, un défi qui n'était pas que sportif donc,
00:26 puisque le but c'était aussi de récolter des sous pour les victimes du tremblement de terre du mois de février.
00:32 3486 km au total, c'est ça ?
00:35 C'est ça, exactement.
00:36 Pourquoi vous vous êtes lancé dans cette aventure ?
00:38 Comme beaucoup de personnes, quand on voit des informations à la télévision, on est plus ou moins touché,
00:44 mais j'ai décidé cette fois-ci de ne pas zapper et de mettre un peu cette tristesse en action.
00:50 Après 8 mois d'entraînement, je me suis lancé dans ce défi.
00:54 Vous auriez pu juste lancer une cagnotte en ligne en restant dans votre canapé par exemple ?
00:57 Sauf que je ne suis pas de cette rampe-là, on va dire, je préfère avoir une action physique
01:03 plutôt qu'on va dire juste une action sur internet, ce qui est très bien,
01:07 il y a des personnes qui le font, mais pas moi.
01:09 8 mois d'entraînement, vous nous dites, c'est-à-dire, ça consiste en quoi ?
01:13 Comment on s'entraîne à ce genre de projet ?
01:15 C'est particulier parce que justement, j'essaye de ne pas avoir les mêmes angles que certaines personnes,
01:21 pas pour dire que je fais autre chose, mais parce que je pense qu'il y a d'autres façons aussi
01:24 de pouvoir avancer et réussir à faire ce genre de choses,
01:28 comme du tirage de pneus, de la course en marche arrière,
01:31 de la course pieds nus dans la ville de Béziers, alors imaginez-vous la personne qui fait ça pendant 8 mois.
01:36 Après, il y a aussi une préparation, on va dire, d'hygiène, de vie,
01:40 où j'ai supprimé certaines choses qui sont difficiles et qui permettent justement d'avoir un corps
01:46 pas parfait, mais loin des inflammations articulaires que tous les coureurs peuvent avoir.
01:51 Et ça s'est bien passé, ce trajet ?
01:53 Oui, oui, dans l'ensemble, 99%, ça s'est super bien passé, c'est une aventure humaine extraordinaire
02:00 que j'ai vécue avec des rencontres pareilles aussi, qui sont juste fabuleuses
02:04 et qui m'ont permis justement de pouvoir avancer, puisque
02:07 dès le début, j'ai été lâché par mon premier sponsor, un jour avant le départ,
02:11 et j'ai dû vite trouver quelqu'un d'autre, et c'est là où on voit qui est vraiment là.
02:17 Et donc vous êtes parti sans personne et presque sans rien, c'était quoi votre équipement ?
02:21 Ça a été ça en fait, la plus grosse difficulté de cette aventure, c'est qu'on est à peine une poignée de personnes
02:27 à avoir fait ce que j'ai fait, sans prétention, c'est juste que sans assistance, c'est vraiment une difficulté
02:32 qui est bien au-delà des personnes qui le sont, mais même si elles le sont, ça reste quelque chose de très très bien.
02:38 Oui, ça reste un défi.
02:39 Mais sans assistance, où on doit tout faire tout seul, au quotidien, appeler, répondre aux messages en courant,
02:45 essayer de ne pas stresser, en sachant qu'il y a sa famille qui est aussi en France, de se dire que tout va bien.
02:51 Il est arrivé sur mon chemin où j'étais en visio avec mes enfants,
02:54 et mon fils s'est cassé le doigt, a fracturé le doigt devant moi, et je ne pouvais plus...
02:57 En direct ?
02:58 En direct.
02:58 Donc il y a quand même aussi ce type de frustration, mais on doit faire avec au quotidien.
03:04 Et alors vous habillez quoi dans votre sac ? C'était quoi votre équipement ?
03:06 Au début, je devais partir avec un sac à roulettes que je traînais derrière moi,
03:09 comme j'avais fait pour le Nil, où j'avais marché plus de 6000 km à pied pour distribuer des médicaments.
03:14 Et au final, j'ai restreint, comme ma traversée de la France pour Octobre Rose,
03:19 pour sensibiliser les gens au cancer du sein l'année dernière.
03:23 J'ai uniquement eu ma banane autour de moi, avec juste le strict minimum,
03:27 j'avais 3 kg dans la banane, des bouteilles d'eau et pas plus, et la tenue bien évidemment de Forrest Gump.
03:34 Puisqu'on va dire qu'officiellement, les médias ont fait de moins le Forrest Gump français.
03:38 Sur tout votre trajet, vous avez traversé 7 pays,
03:42 quelle est l'anecdote de ce voyage qui vous a le plus marqué ?
03:46 Des anecdotes, il y en a plein, j'ai envie de dire qu'il y a vous et l'univers,
03:49 et il y a ce que vous êtes capable de demander, et on est entendu réellement,
03:54 je pense que c'est quelque chose qu'il faut dire, et dire à haute voix surtout.
03:58 Mais l'anecdote, il y en a une par exemple en Bulgarie,
04:01 il faut savoir que j'ai traversé dans les 7 pays, la Bulgarie a été le plus froid,
04:05 j'étais à -5 avec 1 m de neige, donc imaginez-vous...
04:07 Et avec 3 kg dans votre banane seulement ?
04:09 Et un short et un t-shirt tout le long.
04:12 Ce qu'il y a de bien aussi, c'est que dans cette préparation qui a été juste extrême,
04:16 je ne suis pas tombé une seule fois malade,
04:17 et c'est là où on voit justement les bienfaits de l'alimentation,
04:20 et d'une bonne préparation physique.
04:23 Et donc en Bulgarie, vous racontez...
04:24 En Bulgarie, en fait j'arrive au milieu des montagnes,
04:28 je franchis je ne sais plus combien de mètres,
04:30 et là je vois des traces en fait, 2 petites traces,
04:32 enfin une grosse et une petite, d'ours.
04:36 Et quand je vois ça, je comprends en fait qu'ils ne sont vraiment pas loin,
04:38 parce que j'ai l'impression que l'empreinte est encore fraîche,
04:42 et là je fais demi-tour.
04:43 Ça fait quoi ? Plus vite, non ?
04:44 Ouais !
04:46 Malgré le mètre de neige, effectivement j'ai quand même accéléré.
04:50 Est-ce que vous êtes toujours resté pleinement conscient,
04:54 ou est-ce qu'avec la fatigue, l'épuisement, il y a des moments où
04:57 on ne sait plus où on habite, on a des hallucinations, des choses comme ça ?
05:02 Non, du tout, du tout, du tout.
05:05 Vous parlez des ours quand même !
05:06 Non, vraiment, en fait j'ai demandé juste après aux personnes
05:09 qui allaient m'héberger justement ce soir-là,
05:13 est-ce qu'il y avait des ours à proximité,
05:15 et effectivement ils m'ont bien confirmé qu'il y en avait.
05:17 Et non, non, j'ai toujours été conscient,
05:19 je n'ai jamais failli, jamais abandonné,
05:21 et tout ça bien évidemment je le dois au soutien de ma famille,
05:24 mais je le dois aussi à toutes les personnes que j'ai rencontrées sur mon chemin.
05:27 Est-ce que vous étiez hébergé, c'est ça, chez des gens tout au long de la route ?
05:30 Il y a eu ce petit sponsor qui est rentré en fait,
05:34 et qui grâce à lui, et je tiens à le remercier,
05:37 c'est Youssef Oubézan, qui m'a soutenu,
05:40 où j'ai pu avoir un hébergement et de la nourriture,
05:42 mais quand en France et en Italie il reste trop cher,
05:45 parce qu'encore dans l'Europe, heureusement les autres pays moins chers,
05:48 ce qui m'a permis justement de pouvoir jauger avec ce quotidien, ce budget.
05:54 Mais j'ai essayé de toquer à des portes de personnes,
05:59 et à des structures religieuses aussi,
06:02 parce qu'ils sont aussi là pour nous aider,
06:06 quand on est un pèlerin qui traverse ce genre de choses.
06:10 Certaines fois ça a été le cas, d'autres pas du tout,
06:13 je ne vais pas les citer pour éviter d'avoir des polémiques,
06:16 mais ouais, ça a été ça sur le chemin.
06:18 Et c'est dur le retour à la vraie vie ensuite ?
06:21 Ce qui est le plus dur, c'est que tout le monde,
06:24 même si on aime notre famille, même si notre famille nous aime,
06:27 il y a un temps d'adaptation pour tout le monde,
06:29 parce qu'on prend des habitudes,
06:30 et je sais que pour moi, comme ma compagne ou mes enfants,
06:35 c'est dur d'avoir cette reprise.
06:37 Mais ce qui était important, c'est que tout le long du chemin,
06:41 je me faisais l'image de chaque journée,
06:44 puisque c'était un jour après l'autre, et pas plus,
06:47 et je visualisais déjà mon arrivée depuis le départ.
06:51 Et j'ai eu, je pense, l'arrivée aussi digne que les grands films,
06:56 avec des centaines de personnes, avec des centaines de médias,
07:00 et ça a été, on va dire, une toute petite frustration,
07:03 mais je vous remercie quand même France Bleu Héros
07:06 de cette occasion que vous me donniez pour pouvoir avoir cette visibilité,
07:09 puisque c'est aussi les médias qui ont fait
07:12 que ça a pu être aussi grandiose que prévu.
07:16 - Et justement, la cagnotte, vous avez récolté beaucoup d'argent ?
07:20 - C'est l'équivalent en fait de... pas tant.
07:22 Moi je trouve que pour ce que j'ai fait, j'aurais aimé avoir beaucoup plus,
07:26 mais encore une fois, les médias n'ont pas suivi en France au départ.
07:30 Ça s'est surtout fait sur le après, un peu sur la fin,
07:34 mais du coup, c'est l'équivalent en fait de 150 000 liras,
07:38 ce qui est 4 600 euros.
07:40 Donc ça reste quand même bien, parce qu'il y a eu un soutien
07:43 de cette communauté qui m'a suivi sur les réseaux sociaux,
07:45 mais j'aurais aimé rajouter un zéro de plus pour pouvoir aider encore plus de gens
07:49 que j'ai rencontrés à la fin de ce parcours-là.
07:52 - Et alors c'est quoi le prochain défi que vous vous êtes fixé ?
07:54 - Alors le prochain gros défi, c'est un défi de taille d'ailleurs,
07:57 il a un rapport avec la casquette de Forrest Gump.
07:59 C'est 25 000 kilomètres aux Etats-Unis,
08:02 donc en suivant le parcours de Forrest Gump qui existe.
08:04 Il a été fait par une seule personne, c'est un Anglais,
08:06 qui est devenu une bonne connaissance.
08:07 Il m'a donné son trajet, 595 jours de marathon consécutifs,
08:13 tout ça pour deux...
08:14 - Là c'était 83 pour donner un nombre d'échelles.
08:16 - Donc exactement, et c'est quand même une belle multiplication
08:21 pour deux causes qui sont importantes.
08:22 Je pense que l'environnement fait partie des choses
08:24 qu'il faut garder en tête, et le cancer,
08:27 parce que j'ai toujours, comme beaucoup de personnes,
08:30 eu des gens de mon entourage qui ont été touchés,
08:32 et je trouve qu'il faut toujours le mettre en avant.
08:34 - Et pourquoi vous faites ça ?
08:36 - La première raison, et je pense que c'est vraiment celle qui me motive,
08:40 c'est que je fais tout ce que je fais parce que je veux être un exemple pour mes enfants,
08:45 et je veux qu'ils soient fiers de leur papa.
08:50 - Et vous êtes bitérois, c'est ça ?
08:52 - Oui, je suis bitérois.
08:53 - Vous habitez toujours dans le département de l'Hérault ?
08:54 - À Béziers, tout à fait.
08:55 - D'accord, il faudra venir nous voir quand vous partirez.
08:57 - Bien sûr.
08:58 - C'est prévu pour quand justement le départ pour les Etats-Unis ?
09:00 - Je ne mets pas trop de dates, il était prévu déjà pour 2024,
09:03 mais en fait il se passe tellement de choses et de portes qui s'ouvrent
09:06 grâce à cette événement, grâce à la visibilité que j'ai eue en Turquie,
09:10 qui a été nationale.
09:12 Il y a eu, je ne sais pas, j'ai envie de vous dire plus d'une centaine de médias à mon arrivée,
09:17 donc ça a été juste incroyable avec plus de 1000 personnes qui étaient là pour écouter mon histoire,
09:22 et des gens qui pleuraient justement dans cette conférence de presse.
09:25 J'ai été content en fait de pouvoir arriver et de voir en fait que ces gens ont été touchés
09:30 par ce que j'ai fait, par mon parcours, malgré la cagnotte qui n'a été pas très très importante.
09:37 - Bon ben on suivra ce défi aux Etats-Unis, donc à plus de 500 jours de marathon.
09:42 Bon courage d'avance, merci beaucoup Claude Caz d'avoir été avec nous ce matin.

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