• il y a 10 mois
Après avoir fait ses preuves dans l'antibiorésistance et la lutte contre les maladies infectieuses, Eligo Bioscience mise sur sa technologie pour mettre au point un traitement contre l’acné modérée et sévère. La biotech vient de lever 28 millions d’euros auprès de divers investisseurs pour développer des thérapies géniques capables de cibler les bactéries.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Donc on repart, on repart avec Xavier Duportais.
00:07 Salut Xavier, fondateur de Eligo Biosciences, parce que c'est français, c'est pas "Bio-science" ?
00:14 - Ça se dit... - Ça se dit... - Comme on veut.
00:17 - J'ai été regarder sur le site, je me suis dit "en fait, il est vraiment français".
00:20 Oui, Avenue de France en plus, le site français.
00:23 - Nos racines sont américaines. - Ben oui, tes racines sont américaines.
00:26 - On est renus en France, mais on est une boîte avant tout internationale.
00:31 Plus de 60% de nos employés sont internationaux.
00:34 - Et donc ça veut dire, parce que, je regarde, c'est très très bien foutu d'ailleurs le site, c'est très chouette,
00:38 ça donne vraiment, alors pour le coup, en termes d'attractivité, malheureusement je ne suis pas biologiste,
00:45 mais ça donne envie de rejoindre le truc. - Merci.
00:48 - Et c'est fait de manière assez simple. - Il n'y a plus de base.
00:51 - Voilà, c'est pas un espèce de délire de création, etc.
00:53 Non, c'est très simple, mais on voit des gens avec qui on a envie de travailler.
00:56 Je referme la parenthèse, ça veut dire que la moitié de ces gens-là, ils sont, enfin ces gens-là...
01:00 - Alors ils sont tous en France. - Ils sont tous en France.
01:02 - Mais ils viennent d'horizons de pays très variés.
01:05 - Xavier, je crois qu'on s'était parlé dans une autre vie en ce qui me concerne,
01:08 et visiblement toi aussi, parce que, à l'époque, tu te battais contre la résistance aux antibiotiques.
01:15 - Exactement. - Sujet... - Majeur.
01:18 - Majeur, voilà, et qui reste majeur aujourd'hui.
01:20 Est-ce que ce dont on va parler là, ces espèces de petits vecteurs qui vont aller attaquer les bactéries,
01:30 c'est dans la droite lignée de la bataille contre la résistance aux antibiotiques,
01:35 ou est-ce que tu as pivoté ? Parce qu'à un moment, il faut faire un produit qui puisse se vendre.
01:40 - C'est une très bonne question. Je pense qu'il y a eu des avancées technologiques,
01:44 et puis il y a eu une confrontation au marché, évidemment, au potentiel de marché aussi.
01:49 Aujourd'hui, je pense que la biotech, l'antibiorésistance, c'est un peu comme le changement climatique.
01:54 En gros, on sait que ça va arriver, on sait que ça va être désastreux, mais on ne met pas beaucoup d'argent.
01:58 Aujourd'hui, les boîtes qui développent des antibiotiques,
02:01 si on regarde quasiment toutes celles qui sont arrivées jusqu'à la fin de développement d'un antibiotique,
02:07 qui étaient approuvées par les autorités de réglementation,
02:10 en gros, leurs valeurs boursières ont complètement dégringolé, ont fait faillite,
02:16 parce que le système de santé aujourd'hui ne valorise pas l'antibiotique.
02:21 Ça coûte 2 euros ou quelques centimes, et ça sauve une vie, alors que le cancer, on a des...
02:28 - Y compris de nouveaux antibiotiques ultra efficaces contre les infections nosocomiales, des choses comme ça...
02:34 - Justement, que le plus ils sont efficaces, le plus on les garde pour les tout dernières...
02:38 On appelle ça des antibiotiques de dernière ligne.
02:41 - Pour qu'il n'y ait pas d'accoutumance à ces trucs.
02:44 - Exact. Et donc en fait, nous, on s'est focussé sur les antibiotiques pour les premières années de la boîte,
02:53 sur l'antibioresistance, sur les maladies infectieuses, avec de super résultats,
02:59 puisqu'on a arrivé à des résultats sur des... On développait un médicament pour traiter les diarrhées sanglantes du nourrisson.
03:05 Tu as peut-être entendu parler, il y a deux ans, il y a des gamins qui sont morts,
03:09 il y a deux gamins en France qui sont morts après avoir mangé des pizzas buitonnies.
03:12 Voilà. Et donc c'est cette bactérie-là qui produit une toxine dans l'intestin et c'est terrible.
03:18 Mais en fait, le marché est tout petit, mais ça nous a permis de prouver notre technologie.
03:21 En fait, on est arrivé à pouvoir démontrer que ça marchait dans des modèles animaux infectieux.
03:26 On donnait notre médicament, on sauvait les animaux.
03:28 On est arrivé à pouvoir montrer qu'on pouvait produire à très grande échelle notre nouvelle modalité,
03:33 notre nouveau type de médicament.
03:35 On est arrivé à discuter avec les agences réglementaires pour comprendre le chemin qu'il fallait pour aller en clinique.
03:40 Et en fait, ça nous a permis de convaincre des investisseurs, pas pour aller sur ce chemin-là de l'antibioresistance.
03:48 Aujourd'hui, ce programme, il est mis on ice, sur la glace, mais on discute avec des boîtes qui sont dans le domaine
03:54 de l'anti-infectieux, que ça pourrait intéresser.
03:56 Mais nous, là, on est une biothèque. Aujourd'hui, dans le monde de la biothèque,
04:00 le but, c'est d'arriver très vite en clinique sur des gros marchés.
04:03 Et il se trouve que notre technologie a une application toute tracée dans une maladie assez importante.
04:09 Avec un énorme marché qui touche 3% de la population mondiale.
04:13 C'est l'acné modéré sévère. Donc, c'est pas l'acné cosmétique.
04:17 Oui, c'est ça. Je t'ai entendu dire, c'est l'acné qui défigure vraiment.
04:20 C'est l'acné où on a plus de 40 lésions inflammatoires sur le visage.
04:23 Avant d'aller sur l'acné, je veux juste marquer un point, parce que j'aime bien faire ça quand même.
04:28 Ce que tu viens de décrire là, c'est vraiment le chemin de l'innovation.
04:31 Et c'est vraiment le chemin de l'entrepreneuriat dans l'innovation, quel que soit le secteur.
04:35 Y compris d'ailleurs, je n'en sais rien moi, nouvelles technologies.
04:40 Les gars qui ont développé des outils pour travailler avec les cookies,
04:44 puis tout à coup les cookies disparaissent, mais l'outil reste là et boum !
04:47 On le fait basculer, je pense à Criteo par exemple, on le fait basculer sur leur e-tail média.
04:51 Et hop, on repart dans une nouvelle histoire.
04:53 Mais le fond, le socle, ça reste quand même une technologie propriétaire.
04:58 Complètement. Et on reste au cutting edge, on continue à faire évoluer cette technologie aujourd'hui.
05:04 On sait que des compétiteurs qui étaient nos compétiteurs ne sont pas arrivés au même endroit,
05:08 ne sont pas arrivés à faire ce qu'on fait, ont décroché en cours de route.
05:12 Et on continue d'avancer, et on est plutôt content et très fier de cette équipe.
05:17 Donc là on rentre dans le détail, et c'est des trucs absolument fascinants.
05:19 Parce que donc, un, c'est la thérapie génique, déjà la thérapie génique c'est fascinant.
05:22 Donc je le dis très très rapidement, c'est envoyer en fait un espèce de petit robot médicament
05:27 qui va réparer le gène.
05:29 Mais toi, c'est presque le stade au-dessus.
05:32 C'est-à-dire que toi t'envoies un outil sur la bactérie pour le détruire.
05:40 Alors en fait, maintenant on fait plus que les détruire.
05:42 En fait, aujourd'hui, donc la thérapie génique, en effet, on essaie de corriger des gènes
05:48 dans nos propres cellules, les cellules humaines, qui sont défectueuses et qui sont associées à plein de maladies.
05:54 Et nous en fait, on s'intéresse à corriger des gènes, pas dans nos propres cellules à nous,
06:00 mais dans les cellules de notre microbiome.
06:02 Donc c'est les bactéries qui vivent en symbiose avec nous.
06:04 Et en fait, on se rend compte que certains gènes qu'ils expriment sont associés à plein de maladies.
06:09 On parle de l'inflammation de l'intestin, on parle de comment réagissent les tumeurs aux médicaments,
06:14 comment les tumeurs grossissent, des maladies inflammatoires de la peau, des maladies du cerveau.
06:19 Et en fait, nous, ce qu'on a développé, c'est une technologie qui nous permet de délivrer en effet des outils
06:23 dans ces bactéries pour soit découper et détruire leur génome et les tuer,
06:28 soit modifier de façon très spécifique leur génome,
06:31 ou la troisième chose qu'on a développée, et ça c'est assez chouette,
06:34 c'est de pouvoir les utiliser comme des petites usines de production locale.
06:39 Donc en fait, au lieu de prendre un médicament, on le fait produire par nos bactéries.
06:42 Et donc c'est produit de façon très locale, ça limite les effets systémiques et ça c'est assez intéressant.
06:45 Et ces outils, c'est alors ces fameux...
06:47 CRISPR !
06:48 Ils sont devenus fameux depuis que Emmanuel Charpentier a eu...
06:51 Le prix Nobel !
06:52 Le prix Nobel de...
06:53 Médecine !
06:54 Médecine ? Non ! Justement, j'ai un doute.
06:56 C'était de la chimie.
06:57 Chimie, je crois.
06:58 Oui, chimie, chimie, chimie, chimie.
07:00 Et ils sont devenus...
07:02 Et ça, je pense qu'on n'en parle pas assez en France, mais ils sont devenus encore plus fameux
07:05 parce qu'il y a la première thérapie avec CRISPR qui a été approuvée il y a quelques semaines, mois,
07:10 sur les patients de la bêta thalassémie.
07:12 Donc maintenant, on sait...
07:14 Donc on le dit, ce qu'on a dit, c'est des ciseaux, c'est ça ?
07:16 C'est vraiment l'image qu'on peut prendre ?
07:18 Exactement, c'est des petits ciseaux qui peuvent découper l'ADN, c'est ça,
07:22 qui peuvent découper en fait notre code génétique et le modifier...
07:25 Mais donc à l'intérieur de la bactérie !
07:26 À l'intérieur de nos cellules, et nous on le fait dans la bactérie.
07:29 Dans la bactérie.
07:30 C'est ça, et nous on le fait dans la bactérie.
07:31 En fait, on a été les premiers à montrer qu'on pouvait l'utiliser en dehors de nos cellules,
07:34 qu'on pouvait l'utiliser dans les bactéries.
07:35 Et c'est plus intéressant, donc...
07:38 On peut le faire dans les bactéries que dans la cellule humaine ?
07:40 Non, tu pourrais la détruire, cette bactérie.
07:42 Alors en fait, oui, nous, on peut la détruire.
07:44 En fait, selon le CRISPR qu'on utilise, on peut le programmer pour la détruire
07:49 ou pour modifier la bactérie et pas la détruire.
07:51 Donc en fait, en fonction des indications...
07:53 Parce qu'elle peut être utile, cette bactérie, en fait.
07:56 En fait, il y a des bactéries...
07:57 Si on corrige son mauvais fonctionnement.
07:59 Exactement.
08:00 Il y a des bactéries qu'on ne veut pas tuer, en fait.
08:01 Des bactéries qui sont vraiment importantes pour notre santé.
08:04 Et il y a juste un gène qui fait, dans certaines personnes,
08:10 selon leur propre background génétique, leur environnement, va causer des maladies.
08:14 Donc on ne veut pas la tuer parce qu'elle est bonne pour plein de choses,
08:16 mais on veut juste la modifier.
08:18 Je marque un silence parce que c'est fascinant, quand même.
08:21 C'est fascinant.
08:23 C'est extraordinaire.
08:24 C'est très très très très compliqué, mais c'est fascinant.
08:26 Et donc là, focus business, tu as ce sujet autour de l'acné sévère, encore une fois.
08:32 Modéré à sévère.
08:34 Modéré à sévère.
08:35 En plus, le truc, ça va se présenter sous forme de crème, c'est ça ton...
08:40 Oui, c'est topique, c'est ça.
08:41 Ça va être un gel.
08:42 Et en fait, dans le gel, il y aura nos petits vecteurs qui vont venir injecter les outils
08:48 dans les bactéries de la peau, puisque c'est les bactéries de la peau qui sont une sous-population
08:52 des bactéries de la peau qui est responsable de l'inflammation dans les follicules pileux.
08:55 Qu'est-ce que je...
08:58 Il nous reste peu de temps, mais...
09:01 Comment est-ce que tu vois...
09:03 Parce qu'on a beaucoup dit là qu'il y avait un coup d'arrêt sur l'ensemble de l'écosystème, etc.
09:07 Bon, tu avances, tu progresses.
09:10 C'est quoi ?
09:11 En fait, est-ce que c'est un coup d'arrêt de financement ?
09:13 Oui, sans doute un peu, mais est-ce que ce n'est pas aussi une forme de coup d'arrêt d'innovation ?
09:16 Ou en tout cas d'un certain nombre de sujets sur lesquels on espérait beaucoup
09:21 et qui, derrière, ont du mal à passer au marché, justement ?
09:24 Alors, je ne vois pas moi du tout ça comme un coup d'arrêt de l'innovation.
09:28 Au contraire, je vois ça comme...
09:31 On finance de là beaucoup plus de l'innovation ancrée dans le réel et dans les besoins,
09:37 plutôt que des choses qui sont...
09:40 À plus long terme, en fait.
09:43 Qui manquent de concret, en fait.
09:46 Je pense qu'il y a eu un peu une vague de...
09:48 La biotech, ça change le monde.
09:50 Oui, ça change le monde, mais en fait, il faut le faire bien.
09:53 Et c'est compliqué.
09:54 On ne peut pas financer n'importe quoi.
09:56 Typiquement, nous, on a passé du temps sur l'antibioresistance
09:59 et puis ce n'est pas forcément le marché qui va faire que la boîte va cartonner.
10:03 Là, c'est une forme d'âge de raison, tu dirais ?
10:06 Oui, d'âge de raison.
10:08 Et c'est tant mieux, en fait.
10:10 Nous, on est arrivé à lever nos 30 millions avec Sanofi Ventures.
10:16 Ce n'est pas un miracle, mais ça a été dur, ça a été long, mais on y est arrivé.
10:21 Et je pense que c'est parce qu'on a justement une véritable innovation.
10:26 Et puis, on a montré un chemin vers la profitabilité.
10:31 C'est compliqué en biotech, c'est dans très longtemps.
10:34 Mais en tout cas, on a su pivoter sur un des marchés intéressants
10:37 qui permettait de créer de la valeur au court terme.
10:39 Et donc, pour en générer encore plus par la suite.
10:42 Merci Xavier Duportet qui nous accompagnait pour cette session de Bismarck.
10:48 Le fondateur de Eligo Biosciences.
10:51 Et nous, on se retrouve la semaine prochaine.
10:53 Au revoir.
10:54 [Musique]

Recommandations