Le parquet général de Toulouse a effectué une demande de supplément d’information dans l’affaire Delphine Jubillar concernant un nouvel élément à vérifier. La cour d’appel rendra sa décision le 8 février sur la requête qui pourrait provoquer le report du procès - attendu fin 2024 ou début 2025 - à une date ultérieure
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00:00 On est avec l'un des avocats de Cédric Jubilard. Merci d'être avec nous, Alexandre Martin.
00:05 Ce mobile financier, c'est un mobile possible ?
00:10 Bonsoir.
00:12 Écoutez, j'entends qu'aujourd'hui, on recherche un mobile.
00:18 On a une ordonnance de mise à l'accusation qui finalement n'arrive pas à déterminer de mobile, parce qu'il n'y en a pas.
00:23 Soyons sérieux, pourquoi Cédric Jubilard aurait-il tué Delphine pour un mobile financier ?
00:30 La disparition de cette dernière ne fait qu'accroître les difficultés financières de ce dernier, si tant est qu'elles étaient réellement existées.
00:38 Ce qu'on comprend quand même à travers les explications qu'on vient d'entendre, c'est que ça a quand même eu plusieurs effets.
00:46 Ça a permis de suspendre les remboursements des échéances du prêt immobilier qui partait du compte de Delphine Jubilard.
00:55 Ça a repoussé la nécessité de vendre la maison. Vous vous dites non, ce mobile financier ne tient absolument pas ?
01:02 Mais non, ça ne tient pas. Ça a déjà été démontré par la Défense. Cédric Jubilard travaillait, Delphine aussi.
01:08 Il avait des revenus inférieurs à Madame. Lui était propriétaire du terrain et remboursait le prêt relatif au terrain,
01:16 elle remboursait le prêt relatif à la construction immobilière. Donc ce n'est pas un motif.
01:23 Et cette maison qui a été présentée aussi comme un mobile, eh bien, l'on sait que juridiquement, cette maison appartenait à Cédric Jubilard
01:31 et qu'il lui suffit, si c'était la difficulté, de racheter la part de Delphine. Tout ça ne tient pas et ça a été démontré.
01:39 Est-ce que malgré tout, vous confirmez qu'il y avait bien des discussions entre eux ?
01:44 Les questions d'argent étaient un motif quand même de colère, de dispute entre eux ?
01:51 Non, c'était un couple qui était en instance de séparation. Donc l'aspect financier est un des composantes de la séparation.
01:59 Il y a pu y avoir des discussions. Et ce que Delphine reprochait à Cédric surtout, c'était le fait qu'il n'ait pas de contrat de travail à durée indéterminée.
02:07 Mais l'on sait, et on a pu démontrer dans le dossier, que Cédric Jubilard participait à hauteur de ses capacités au financement des frais du ménage.
02:17 Dominique, vous aviez une question ?
02:19 J'aurais posé une question à Alexandre Martin. Bonsoir, maître. Vous avez mis en cause quand même le comportement des juges d'instruction
02:27 et vous aviez l'intention de saisir le Conseil supérieur de la magistrature au motif que les deux juges d'instruction,
02:33 dans l'ordonnance de renvoi qu'elle rédige, écrivent à propos de votre client "l'instruction a permis de démontrer que Cédric Jubilard était l'auteur du meurtre de sa femme".
02:43 Ce n'est pas habituel. Un juge d'instruction ne fait pas ça en général. Qu'est-ce que vous allez faire ?
02:50 Écoutez, c'est tout à fait inédit. Lorsqu'on a lu ce paragraphe, on est tombé de la chaise, les trois avocats.
02:59 Un magistrat instructeur, il est là pour réunir des charges, présenter un dossier pour que les juges décident ou non de la culpabilité d'un individu.
03:06 Aujourd'hui, vous avez deux juges d'instruction qui décident de la culpabilité sans attendre que les juges aient statué,
03:14 portent une atteinte intolérable à la présomption d'innocence. C'est un comportement parfaitement inadmissible.
03:20 Et nous entendons saisir le Conseil supérieur de la magistrature parce que c'est la démonstration également de ce que nous dénonçons depuis le début,
03:28 à savoir que ces magistrats sont convaincus de la culpabilité de Cédric Jubilard et n'ont eu de cesse depuis le début de cette instruction
03:36 que d'instruire à Charles ce qui n'est pas leur travail. Cette position est proprement scandaleuse.
03:42 Et nous l'avons déjà avertement dénoncée. Et quand il sera temps, nous saisirons ce Conseil supérieur de la magistrature.
03:49 Vous avez vu, pour revenir à ces nouveaux éléments, il y a donc ces deux points. Il y a ce témoignage, cet homme qui dit qu'il avait contacté la gendarmerie en décembre dernier
03:59 parce qu'il avait remarqué une maison en construction. Il y a une pelleteuse qui avait disparu des lieux au moment de l'affaire Jubilard en 2020.
04:06 Et puis il y a cette conversation entre l'ancien codétenu de Cédric Jubilard et sa mère qui laisse à penser qu'ils auraient des informations,
04:15 que les enquêteurs n'ont pas, sur cette affaire. Votre réaction à ces toutes dernières révélations qui arrivent assez tard ?
04:23 Vous voyez la situation incongrue dans laquelle nous nous trouvons. Il y a quelques semaines, deux juges d'instruction écrivent noir sur blanc
04:31 que Cédric Jubilard est coupable du meurtre de sa femme et demande de s'en renvoi devant une cour d'assises.
04:36 Alors que nous allions discuter de cette ordonnance de renvoi, voilà que le parquet général demande un complément d'information.
04:44 C'est l'accusation qui demande un complément d'information parce qu'il y aurait des pistes à élucider, parce qu'il y aurait encore du travail à faire.
04:51 Regardez le désastre judiciaire. C'est la chronique d'un désastre judiciaire annoncé, ce que nous avions dit déjà dès le début de cette affaire.
05:00 Est-ce que Cédric Jubilard peut espérer être remis en liberté, selon vous ?
05:06 Écoutez, ce n'est pas nous qui pouvons décider. En tout cas, je crois que nous sommes face à une situation inédite.
05:14 Au bout de plus de deux ans et demi de détention, alors que l'instruction arrivait à son terme, on est encore en train de chercher des vérités.
05:23 C'est dire que ce dossier est vide de charge, c'est dire que l'accusation avance aveuglément, sans aucune certitude, sans aucun élément sérieux
05:32 pour venir nous dire aujourd'hui qu'il y a encore des choses à vérifier. C'est proprement inédit et bien évidemment se reposera très prochainement
05:40 la question du sort de Cédric Jubilard qui est détenu depuis deux ans et demi.
05:46 Et c'est ce qu'on disait en plateau quand même, c'est la particularité de cette affaire, pas de corps, pas d'aveu, pas de témoin, pas de scène de crime, Laurent Valdier.
05:52 Oui, mais à la fois, si le procès s'était ouvert sans vérification et sans ces auditions, les avocats auraient été les premiers à hurler et à se plaindre
06:02 et à demander à la cour d'assises de tout arrêter et d'aller interroger ces gens.
06:07 Donc c'est vrai que la défense de Jubilard est dans son rôle. Il n'empêche que les juges ont aussi beaucoup instruit à décharge,
06:14 ne serait-ce que parce qu'ils ont soupçonné en premier lieu l'amant et la femme de l'amant d'être possiblement responsables de la disparition de Delphine.
06:25 Ils ont ouvert d'autres pistes et d'ailleurs, l'avocat de Delphine Jubilard est dément tout mobile, mais il y a une unité de temps.
06:35 Tout se passe en 48 heures en réalité, puisque vous savez, Delphine, elle est depuis le mois de juillet avec un nouveau compagnon.
06:41 Ce nouveau compagnon a lui-même un couple et ce couple se désagrège lentement jusqu'à ce dernier dimanche, deux jours avant la disparition de Delphine,
06:49 où lui explique à sa femme qu'il va la quitter. Et le dernier rachat de Delphine sur son téléphone le soir de sa disparition,
06:58 c'est pour acheter des bouteilles de vin pour faire la fête avec son amant parce qu'il a quitté sa femme.
07:04 Autrement dit, il y a une unité de temps. L'argent est à la fois lié à cette séparation. C'est les dernières heures de ces deux couples.
07:14 Et c'est vrai que d'un côté, on a le couple de Montauban sur lequel il y a une énorme enquête. Ils sont cette nuit-là, leurs téléphones portables ont été vérifiés
07:21 minute par minute. On sait qu'ils sont à Montauban tous les deux. Et ce couple Jubilard qui vit lui aussi ses derniers instants.
07:28 Et on sait que Cédric Jubilard, ce n'est pas forcément son intention de voir sa femme qui vient de couper, changer son numéro de carte bleue.
07:39 Ce n'est pas vraiment son intention de voir sa femme quitter les lieux.
07:43 C'est vrai qu'il y a une superposition d'éléments dans un laps de temps assez court. A la fois le côté financier, qui fait en sorte de changer son numéro de carte bancaire
07:53 pour qu'il ne puisse plus l'utiliser. Évidemment, il allait la chercher dans son sommeil, la carte bleue de sa femme. Et puis, les célébrations parce qu'ils vont enfin pouvoir vivre
08:01 ce nouvel amour avec son amant.
08:04 Je vous réponds par la question que vous avez posée. Pas de scène de crime, pas de corps, pas d'aveu, rien de tout ça. Donc, on peut à partir de là, tout imaginer.
08:13 Il y a tout un tas de couples qui se séparent, qui s'accrochent, qui se disputent, qui ne s'entretuent pas. Et puis, on peut quand même se poser la question de savoir
08:21 comment est-ce que Cédric Jubilard, il y a ces cris à 23h07 des voisines qui entendent des cris dans la maison. Comment est-ce que Cédric Jubilard peut, entre 23h07, 4h du matin,
08:31 faire aussi parfaitement, aussi bien, aussi techniquement disparaître sa femme, au point que pendant deux ans et demi, les gendarmes ne la retrouveront pas en fouillant partout,
08:43 en faisant borner les téléphones, le bornage des téléphones jusque dans la maison. Comment se fait-il qu'on n'ait pas retrouvé ce corps ?
08:50 Donc, vous êtes en train de dire qu'il est aussi possiblement innocent ?
08:53 Il est aussi innocent que coupable.
08:54 Donc, il n'y a pas de faisceau de présomption pour utiliser cette expression ?
08:57 Je voulais le dire tout à l'heure, mais vous voyez, je n'arrivais pas à le dire. Je cherchais le mot, et c'est que sans doute, ça n'existe pas.
09:01 Heureusement que Perico est là.
09:02 Je dis juste prudence. On est dans une affaire criminelle, prudence tout le temps.
09:07 Oui, il n'y a aucun élément, en fait. Aucun élément matériel. Je veux dire, depuis le début, en fait, c'est vrai, je comprends ce que dit le confrère.
09:13 C'est un peu tiré par les cheveux. C'est un peu... Cédric Jubilard apparaît comme le coupable par défaut. Il n'y a aucun élément matériel, comme on l'a dit.
09:21 Pas de corps, pas d'aveu, rien du tout. Toutes les pistes ont été écartées. Rien n'a donné n'importe de fruit. Ils n'ont rien trouvé.
09:29 Et nonobstant, il y a une ordonnance de mise en accusation qui, aujourd'hui, va être remise en cause parce qu'il y a de nouveaux éléments suite à une conversation téléphonique interceptée comme cela.
09:40 C'est vrai que ça montre bien que l'accusation, elle tient sur un fil.
09:43 Elle est fragile, l'accusation.
09:44 Elle est extrêmement fragile.
09:45 Elle a le témoignage du petit Louis, qui a six ans, qui explique que ce soir-là, ces parents se sont disputés.
09:51 Mais ça, ça ne veut rien dire.
09:52 Ils ont retrouvé une branche de lunettes de Delphine Jubilard sous le canapé. Il y a une expertise technique qui démontre qu'il y a eu un arrachement de la lunette.
10:01 Ils ont, comme le disait Dominique, à 23h07, ils le ciblent très précisément parce que la voisine, qui est à 130 mètres de là, elle regardait un film et elle sait exactement à quel moment elle a sorti fumée dans ce film.
10:12 Donc, ils ont reconstitué l'horaire exact. Elle entend un cri strident de femme.
10:16 Elle pense que cette femme est attaquée par des chiens tellement c'est un cri d'effroi.
10:20 Et puis, Cédric Jubilard, il est censé avoir coupé son téléphone à 22h.
10:25 Il va le rallumer à 3h53 et à 4h08, c'est-à-dire 20 minutes plus tard, il appelle la police.
10:30 Et en quelques heures, il appelle les gendarmes.
10:34 Et en quelques heures, il appelle 189 fois sa femme.
10:37 Et puis, tout d'un coup, quand les gendarmes sont arrivés, etc., plus d'appel.
10:41 Donc, il y a tout ça. C'est un comportement qui...
10:47 - Je vous donne la parole derrière, mais on est toujours avec l'un des avocats de Cédric Jubilard.
10:52 Vous vous doutez qu'il souhaite réagir. Maître, c'est à vous.
10:55 - Écoutez, il me faudrait une heure de temps pour répondre à tous les arguments que j'ai entendus.
11:00 - Alors non. - Je ne vais pas vous prendre une heure.
11:03 Chacun y va de son histoire. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il n'y a aucun élément, aucune preuve que tout est interprété,
11:11 que tout est déformé, parce que Cédric Jubilard, depuis le début, est présenté comme le coupable idéal.
11:16 Et contrairement à ce qui a été indiqué par un de vos invités, l'accusation et l'instruction ont fait semblant de fermer les autres portes.
11:23 Depuis le début, l'on veut que Cédric Jubilard soit le coupable parce que c'est le coupable idéal.
11:28 Il n'y a pas de scène de crime, il n'y a pas d'indice qui permette de démontrer que Cédric Jubilard ait commis ce crime.
11:36 Je peux revenir sur beaucoup de détails qui ont été développés. Les lunettes, par exemple, quand on dit qu'il y a des lunettes qui ont été cassées,
11:43 les lunettes, elles étaient déjà cassées. C'est relevé par plusieurs témoins.
11:48 Donc elles ont été saisies plusieurs jours après la perquisition.
11:52 Tout ceci, ce sont des éléments qui sont présentés de manière fallacieuse, mais qui ne démontrent absolument rien et absolument pas la culpabilité de Cédric Jubilard.