Lionel Messi : la Vraie Histoire de la Légende sportive | Documentaire Complet en Français | Foot - Vidéo Dailymotion

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Depuis 5 ans, Messi domine la planète foot. Pourtant, pour le gamin de Rosario, tout aurait pu basculer lorsqu'enfant, il connait des problèmes de croissance. Quelle est sa vraie histoire ?    Plus de Documentaires ICI  ➤https://www.youtube.com/playlist?list=PL6NunKoQY9K8-Z7wIbyT25YVykjjtliQ_    Genre : Film complet en français, documentaire, sports, football

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00:00:00 La première partie de la série se termine ici. Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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00:06:25 C'est le plus jeune des Messie ? Si ça le joue comme ses frères, on a peut-être une chance.

00:06:35 Vas-y Léo, montre-leur ! Montre-leur ! Allez !

00:06:42 Il a le ballon !

00:06:47 Laisse-le !

00:06:57 C'est vraiment votre petit-fils ? Bien joué Léo !

00:07:10 Il a engagé et ça a été du délire. Dès qu'il récupérait le ballon, il passait plusieurs joueurs.

00:07:17 Quand il était à Grandoli, je jouais à Horizonte. Je suis plus âgé et je jouais dans la catégorie supérieure. Il jouait comme un dieu. Il passait tout le monde.

00:07:30 Vous pouvez l'amener tous les après-midi à l'entraînement ? Les autres apprendront quelque chose.

00:07:35 Quand Rodrigo, Mathias et tous les grands étaient là-bas, ils ne nous laissaient pas jouer et Léo non plus. Mais Léo en avait tellement envie qu'il le laissait jouer.

00:07:44 Il disait "Ne laissez pas Léo jouer, il est trop petit, on risque de le blesser". Mais plus tard, ils ont avoué que c'était pour éviter la honte de se faire dribler par Léo.

00:07:53 Léo !

00:07:57 La fameuse grand-mère. L'histoire de la grand-mère. Elle l'encouragait.

00:08:01 Quand la cloche sonnait, il était transformé. Il attendait la récré pour sortir avec le ballon et se mesurer aux autres classes.

00:08:08 Ils se battaient tous pour l'avoir. "Viens avec moi, viens avec moi". Bien sûr, impossible de gagner sans lui.

00:08:14 Ceux qui choisissaient Léo gagnaient. On les privait du ballon parce que ça provoquait des disputes.

00:08:19 C'est vrai. Quand on ne lui donnait pas le ballon, il prenait une bouteille en plastique. Il prenait des sacs qu'il bourrait de papier. Il fallait qu'il joue.

00:08:27 Il a fini par fabriquer avec des chiffons un très beau ballon qui a bien résisté.

00:08:32 Il aimait jouer à tous les jeux. Mais l'école ne l'intéressait pas beaucoup. Oui, il aimait d'autres choses. Il avait d'autres centres d'intérêt.

00:08:38 S'il vous plaît, ne me faites pas apprendre des maths ou de l'espagnol. Laissez-moi jouer au foot.

00:08:43 Mais s'il avait voulu, il aurait pu étudier.

00:08:47 Personne n'a dit le contraire. Mais on avait un mal de chien à le faire travailler en classe.

00:08:51 Je me souviens que Célia l'avait menacée de lui interdire de jouer au foot s'il ne faisait pas ses devoirs et s'il ne prenait pas son bain.

00:08:57 Léo disait qu'il avait fait ses devoirs, que tout était OK.

00:09:00 Merci, Cynthia.

00:09:02 Il s'asseyait toujours devant moi. Et il donnait un coup de pied dans ma chaise quand il voulait quelque chose.

00:09:07 Il faisait une boulette de papier et il la lançait.

00:09:09 On n'a jamais rien vu. Pas sur le coup, en tout cas.

00:09:13 Ils étaient voisins. Ils étaient très amis. Comme frères et sœurs.

00:09:17 On était si proches qu'on pensait qu'on était cousins.

00:09:19 Elle s'occupait de tout. Il lui demandait de tout.

00:09:21 Il utilisait sa voisine de pupitre comme interprète avec le prof.

00:09:25 Elle était comme sa mère ou sa grande sœur.

00:09:27 Quand Célia devait s'absenter, elle le déposait chez moi et maman l'allaitait.

00:09:31 Une fois, on m'a laissée chez elle et c'est elle qui m'a allaitée.

00:09:35 Il y a un mot pour ça. Comme mère. Non, comme...

00:09:40 Ils étaient frères de lait.

00:09:41 Frères de lait. Oui.

00:09:43 Oui, frères de lait.

00:09:44 Eh ouais.

00:09:45 Dans notre quartier, quand les rues étaient inondées,

00:09:48 quand les égouts débordaient, on avait de l'eau jusqu'aux genoux.

00:09:53 On jouait au foot dans la fange en risquant une infection.

00:09:58 Mon frère a un an de plus que moi.

00:10:01 Je me souviens de notre équipe, la machine de 87.

00:10:04 Quand on entrait sur le terrain, on était la seule équipe à recevoir des bouts de papier.

00:10:08 On n'allait pas directement au milieu du terrain.

00:10:11 On se mettait en ligne sur le côté.

00:10:13 Oui, sur le côté.

00:10:15 Et les pères de Mathias, de Raoul et d'autres nous jetaient du papier.

00:10:19 On avait l'impression de jouer devant 50 000 personnes.

00:10:22 Tu jouais à quel poste ?

00:10:24 J'étais milieu, avant-centre, avec lui.

00:10:26 Il te laissait marquer ou il faisait tout ?

00:10:28 Il me passait pas grand-chose, mais bon...

00:10:30 T'étais plus défensif.

00:10:31 Je la lui prenais et je marquais aussi.

00:10:33 Parfois, il te la piquait.

00:10:35 Quand on avait un problème, on lui passait le ballon et il trouvait une solution.

00:10:39 Comment tu t'appelles ?

00:10:40 Diego Revira.

00:10:41 De quelle équipe ?

00:10:42 New Wales.

00:10:43 Tu peux nous raconter ton but ?

00:10:44 Sur un coup franc, Mariano Miro a passé à l'héros.

00:10:47 Il a centré et j'ai marqué.

00:10:49 A qui veux-tu dédier ce championnat, Diego ?

00:10:51 A tous les gens que je connais.

00:10:53 J'ai toujours dit que je marquais souvent parce qu'il éloignait les défenseurs.

00:10:56 C'était plus facile pour les 1 contre 1.

00:10:58 On était très gâtés parce qu'on marquait beaucoup,

00:11:00 mais ensuite, c'est devenu plus difficile.

00:11:02 Le problème, c'est que quand on gagnait 2-1 ou 3-1 ou 3-2,

00:11:11 c'était trop déprimant.

00:11:13 Comment tu t'appelles ?

00:11:14 Gerdo Grini.

00:11:15 Ton club préféré ?

00:11:16 River.

00:11:17 Avec Léo, on gagnait 7-0 ou 8 ou 9 sans Léo, 2 ou 3.

00:11:20 Une fois, on a gagné 16-0, tu te souviens ?

00:11:22 On marquait tous des buts.

00:11:24 Un jour, on a marqué tellement de buts qu'ils nous ont dit

00:11:27 "Vous allez jouer les uns contre les autres.

00:11:29 Les New Wales de la première mi-temps contre les New Wales de la deuxième mi-temps."

00:11:32 Il était timide avec les inconnus, mais dans notre petit groupe, il était toujours génial.

00:11:36 C'était un pitre. Il faisait partie de la bande.

00:11:38 Ton nom et ton prénom ?

00:11:39 Franco Casanova.

00:11:41 De quelle équipe ?

00:11:42 New Wales.

00:11:43 A qui tu dédis ce but ?

00:11:44 A tous ceux que je connais.

00:11:46 On savait tous que c'était notre chef naturel.

00:11:48 Il s'emparait toujours du ballon et il nous faisait gagner nos matchs.

00:11:51 C'était un chef silencieux.

00:11:53 Je l'ai gardé jusqu'à 11 ans, ensuite c'est lui qui l'a pris.

00:11:56 J'étais pas là, mais voilà la machine, avec Dominguez.

00:12:00 Franco, moi, Léo, Lucas en 99.

00:12:04 Diego.

00:12:06 Je suis arrivé en survêtement rouge et avec un sac rouge.

00:12:10 Il m'a tapé dans la main en disant "c'est toi le père Noël ?"

00:12:13 Il cachait les chaussures de foot.

00:12:15 Il me faisait le coup tout le temps.

00:12:17 C'est toujours lui qui était à l'origine des farces.

00:12:19 Je me suis aperçu que j'avais oublié mes clés de voiture ou que je les avais perdues.

00:12:23 Impossible de les retrouver, le match allait commencer.

00:12:27 Je suis allé chercher les garçons au vestiaire, j'ai ouvert la porte et Léo m'a fait "ah ah ah".

00:12:33 Vous avez perdu vos clés ?

00:12:34 C'est pas vrai, il les avait ?

00:12:36 Il était d'un tel sérieux que je me suis dit "voilà un sacré farceur".

00:12:40 Vous ne me laissiez jamais jouer, j'étais toujours mise à l'écart.

00:12:43 Léo grimpait dans un effilé pour attraper les fruits ou il cueillait des murs.

00:12:47 Il passait tous les étés dans les arbres.

00:12:49 Si petit, si calme.

00:12:51 Il était très timide.

00:12:52 Il était très brave.

00:12:53 Ce qui m'a toujours plu, c'est qu'il n'était jamais méchant, jamais sournois.

00:12:57 Il était timide et réservé.

00:12:59 C'est vrai.

00:13:00 Je ne crois pas qu'il avait un problème relationnel avec ses parents.

00:13:03 Peut-être avec les adultes, mais pas avec ses parents.

00:13:07 Souvent les tournois offraient des vélos aux vainqueurs.

00:13:10 Tu te souviens, Franco, de celui du vélo ?

00:13:12 On perdait 2 à 0 et Lionel n'était toujours pas arrivé.

00:13:15 Il jouait pour le vélo ?

00:13:16 Un seul vélo ?

00:13:17 Non, un chacun.

00:13:18 Ah, onze vélos.

00:13:19 Ouais, c'est ça.

00:13:20 Après le premier prix, il y avait les deuxièmes et troisième prix.

00:13:23 Mais nous, on voulait les vélos.

00:13:26 Papa, je vais être en retard pour les matchs.

00:13:29 Il s'était enfermé dans la salle de bain.

00:13:31 Ouais, je m'en souviens.

00:13:32 Les boys se forment avec les suivants joueurs.

00:13:34 Avec le numéro 1, Juan Leguizamon.

00:13:35 Avec le numéro 2, Mariano Miró.

00:13:36 Bruno Milanese avec le numéro 3.

00:13:37 Avec le numéro 4, Héctor Correa.

00:13:39 Le numéro 5 pour Lucas Scaglia.

00:13:40 Le numéro 6, Federico Rosso.

00:13:42 Franco Casanova avec le numéro 8.

00:13:44 Diego Rovira avec le numéro 9.

00:13:45 Gerardo Ghirigini avec le numéro 10.

00:13:47 Et Lionel Messi avec le numéro 11.

00:13:49 Mais où t'étais passé ?

00:14:08 T'es une star, petit !

00:14:10 Fermez-la ! C'est la finale et on est en train de perdre.

00:14:12 Si on perd, c'est votre faute !

00:14:14 On perd 2 à 0, Léo.

00:14:15 Une photo.

00:14:16 Une photo.

00:14:17 Pablito !

00:14:18 Pablito, critique-toi sur tes frappes !

00:14:19 Il reste combien ?

00:14:20 20 minutes, Léo.

00:14:21 Arbitre !

00:14:22 Changement, changement !

00:14:23 Vous allez la fermer !

00:14:24 Pablito, viens ici !

00:14:25 Le gardien est nul sur les tirs au ras du sol.

00:14:29 D'accord ?

00:14:30 Allez, allez, vas-y !

00:14:31 Son père l'emmenait jouer, mais il ne se mêlait jamais aux autres parents.

00:14:37 C'était quelqu'un de calme.

00:14:39 Il se plaçait derrière les cages pour regarder jouer son fils.

00:14:43 Mais quand il ne marquait pas, il allait poser la balle devant le gardien et il le dribblait.

00:14:47 Quand il ne marquait pas, il devenait fou.

00:14:49 Il a marqué à tous les matchs.

00:14:52 Il voulait tout le temps récupérer le ballon, un peu comme aujourd'hui.

00:14:55 Il n'a pas changé.

00:14:57 Oui, sinon il s'ennuie.

00:14:58 Comme si on lui enlevait son jouet.

00:15:00 Petit, il était pareil.

00:15:02 S'il n'était pas sur le terrain, il devenait fou.

00:15:04 A 9 ans, un enfant a envie de jouer, sinon il devient dingue.

00:15:09 C'est un acteur d'une histoire qui est la nôtre.

00:15:12 Mais s'il aurait pu apparaître en Corée ?

00:15:14 Non, ni en Allemagne.

00:15:16 Il paraît qu'il arrivait souvent en retard et qu'il sauvait le match.

00:15:20 Tu te souviens comment on était contents ?

00:15:24 Léo était complètement différent sur le terrain et hors du terrain.

00:15:28 J'en reviens pas du 3ème but.

00:15:30 Il a été un peu fou.

00:15:32 Il a été un peu fou.

00:15:34 Il est entré 20 minutes avant la fin et il a retourné le match.

00:15:38 Ils l'ont fait rentrer et il a marqué à la chaîne.

00:15:40 But, but, but ! C'est un champion.

00:15:42 Ils n'auraient pas pu te donner un vélo plus grand ?

00:15:45 Laisse-le, tu fais toujours la même blague.

00:15:48 Comment t'es sorti de la maison ?

00:15:50 Sainte Vierge, qu'est-ce qui s'est passé ?

00:15:57 On gagnait tellement de points, on a perdu.

00:16:00 Sainte Vierge, qu'est-ce qui s'est passé ?

00:16:03 On gagnait tellement qu'on a été invité au Pérou.

00:16:06 Ce maillot c'était pendant le Pérou.

00:16:08 À Cantalão.

00:16:10 C'est un tournoi auquel on a participé au Pérou quand on avait 8 ans.

00:16:15 On logeait dans des familles, à 2 ou 3 garçons par famille.

00:16:26 Il a aussi un style Rosario, beaucoup de dribbles, beaucoup de petits ponts.

00:16:31 Il donne l'exemple à tous les joueurs, il tire le meilleur de chacun.

00:16:35 Tu te sens en confiance, quand il te passe le ballon tu sens que tu dois bien faire.

00:16:39 On était motivés.

00:16:41 Voilà l'équipe.

00:16:43 C'était typiquement la façon de jouer de Léo.

00:16:46 On a gagné tous nos matchs et on a fini champion.

00:16:50 Il était impressionnant, tout le monde venait le voir.

00:16:52 Il était exceptionnel.

00:16:53 Petit, il était vraiment très très très fragile.

00:16:58 Il était minuscule.

00:17:00 Ce gamin les rendait tous fous.

00:17:02 Hors du terrain, il payait pas de mine.

00:17:04 On ne tirera rien de ce gosse.

00:17:06 On ne sait même pas s'il va grandir et ce qu'il va devenir.

00:17:09 Oui, il est allé consulter un endocrinologue à Rosario.

00:17:12 Je l'ai vu pour la première fois à 9 ans en 97.

00:17:15 Bien, comme nous l'avions évoqué la dernière fois et comme nous le soupçonnions,

00:17:19 les analyses confirment une déficience en hormones de croissance.

00:17:23 Qu'est-ce que ça veut dire, docteur ?

00:17:25 Qu'il manque à Léo une hormone dont il a besoin pour grandir normalement.

00:17:29 Il ne grandira plus ?

00:17:30 Si on ne commence pas un traitement maintenant, il aura beaucoup de difficultés à grandir normalement.

00:17:35 D'accord, mais quel traitement ?

00:17:38 Il s'agit d'injections avec une seringue qui ressemble à un stylo.

00:17:41 C'est très facile à utiliser.

00:17:43 C'est ce qu'utilisent les diabétiques.

00:17:45 Il s'injectera chaque jour une dose d'hormones.

00:17:47 C'est un traitement agressif, non ?

00:17:49 Ce sont des injections, mais l'aiguille est très fine.

00:17:51 C'est presque sans douleur, mais c'est cher.

00:17:54 On essaiera de faire rembourser le traitement par la Sécurité sociale.

00:17:57 Est-ce que je pourrais encore jouer au football ?

00:18:00 Bien sûr, quelle question ! C'était toujours toi le plus petit sur le terrain, non ?

00:18:04 Sois tranquille, tu vas grandir et tu seras plus grand que Maradona.

00:18:07 Je ne sais pas si tu seras meilleur, mais tu seras plus grand, c'est certain.

00:18:10 Quand j'allais le chercher, il disait toujours "Attends-moi une seconde, j'arrive, j'arrive".

00:18:15 On allait tous chez moi après le foot et Léo disparaissait tout de suite.

00:18:20 Quand il restait dormir chez moi, il devait prendre son matériel d'injection.

00:18:25 Il se piquait tout seul.

00:18:27 C'est vraiment courageux à 10 ou 11 ans.

00:18:29 Sa mère nous avait raconté qu'il avait appris à se piquer pour pouvoir partir en voyage scolaire.

00:18:34 On ne faisait pas toute une histoire avec ce traitement.

00:18:37 Tout le monde était au courant.

00:18:39 Quand on vous propose de traiter votre enfant pour qu'il grandisse, j'imagine qu'on doit avoir des doutes.

00:18:43 Ils devaient être très inquiets.

00:18:45 Ça fait peur.

00:18:46 C'est risqué.

00:18:47 Mais ils ont pris la décision et ça a été une réussite.

00:18:50 Toutes les mamans du monde veulent le bien de leur enfant.

00:18:53 Oui, c'est vrai.

00:18:54 Et c'est ce qu'elle a voulu pour Lionel, c'est certain.

00:18:57 Léo, préviens-moi quand tu fais ça.

00:19:02 C'est bon, maman, j'ai fini.

00:19:04 Tu ne veux pas que je t'aide ?

00:19:05 Non, tout va bien.

00:19:11 Je vais me doucher.

00:19:13 Quand il revenait, il disait "J'ai dû me piquer pour le traitement".

00:19:21 Il utilisait ceci.

00:19:23 C'est avec ça que Messi est devenu Messi ?

00:19:25 Non.

00:19:26 Certains prétendent qu'il est une star grâce à ce traitement.

00:19:29 Je le prescrirai à mon propre fils sans hésiter.

00:19:31 S'il n'avait pas reçu ce traitement, même avec autant de talent, est-ce qu'il aurait eu les mêmes chances ?

00:19:37 Non, je crois pas.

00:19:38 Qui sait ?

00:19:39 Dans les dernières photos, il faisait une tête de plus que moi.

00:19:41 C'est incroyable comme il avait grandi.

00:19:43 Il savait que c'était dans son intérêt.

00:19:45 Tous ceux qui connaissent ces impasses savent que les voitures n'y circulent pas parce que les jeunes jouent au foot.

00:19:52 Ces impasses jouent un grand rôle dans l'histoire de ces jeunes.

00:19:55 Cela a dû jouer un rôle dans sa capacité à gérer les situations tendues et les conflits.

00:20:00 Parce que Rosario est une ville extrême.

00:20:02 Extrême en tout.

00:20:03 Footballistiquement, elle est incroyable.

00:20:05 Les autres villes ont une image culturelle, non ?

00:20:09 A Rosario, ce qui compte le plus, c'est le football.

00:20:13 Rosario adore le football.

00:20:15 Léo a le foot de rue dans la peau et il l'aura toute sa vie.

00:20:19 Voilà ce qu'il distingue.

00:20:20 Exactement, c'est ça la différence.

00:20:22 Voilà la différence.

00:20:24 Quelle que soit la quantité d'hormones qu'on donne à un enfant, il grandira en fonction de ce que lui disent ses gènes.

00:20:31 On s'est juste contenté de guérir une maladie.

00:20:33 Hé, Minus ! Tu peux pas te balader ici tout seul.

00:20:37 Qu'est-ce qui se passe ?

00:20:39 Hé, t'entends ce que je te dis ?

00:20:41 Il est à toi, ce vélo ?

00:20:43 Tu veux pas me le prêter un peu, que je joue avec ?

00:20:46 Du calme, Martin.

00:20:47 Alors ? Le bébé va appeler sa maman en pleurant ?

00:20:51 Plutôt pleurer que d'être une poule mouillée comme toi.

00:20:55 Vas-y, répète.

00:20:57 Et en plus, t'es sourd.

00:20:59 Rosario, le Che Guevara de Rosario.

00:21:02 La tête dure, un cabochard.

00:21:04 Je sais.

00:21:06 Quelle heure est-il ?

00:21:07 Aucune idée, il doit jouer dehors.

00:21:09 Ah, vraiment, ce gamin ? Je ne comprends pas qu'il ne soit pas là.

00:21:12 Qu'est-ce qui s'est passé ?

00:21:14 Léo, qu'est-ce qui t'est arrivé ?

00:21:16 C'est des grands, ils m'ont volé mon vélo.

00:21:18 J'arrive pas à le croire.

00:21:19 Ils ont cassé mes médicaments.

00:21:21 Comment c'est arrivé ?

00:21:22 Ils se sont moqués de moi.

00:21:23 Ils se sont moqués de toi ? Si on se moque de toi, tu baisses la tête et tu continues à marcher.

00:21:28 Ils se moquaient de ma taille.

00:21:31 Lionel, grâce à ça, tu vas pouvoir grandir.

00:21:35 Tu comprends, tu ne peux pas perdre tes doses dès que quelqu'un se moque de toi.

00:21:39 Tu sais combien ça coûte ?

00:21:41 Ça va, ça va.

00:21:42 Ils t'ont fait mal. Est-ce qu'ils t'ont blessé ?

00:21:44 Non, maman. T'inquiète pas, ils se sont enfuis.

00:21:47 Le traitement a duré pendant toute sa phase de croissance.

00:21:56 Au début du traitement, il mesurait 1,24 m, 1,25 m.

00:22:00 Aujourd'hui, il fait moins d'1,70 m.

00:22:02 Il doit pas être loin, disons 1,68 m.

00:22:04 Sûrement moins d'1,70 m.

00:22:05 Il mesure 1,69 m.

00:22:07 Il a grandi de 40 cm.

00:22:08 Voyons combien tu mesures.

00:22:11 Tiens-toi bien droit, ne triche pas.

00:22:14 Descends.

00:22:16 C'est formidable. Tu as encore un peu grandi.

00:22:23 Oui, pour devenir joueur de foot.

00:22:25 C'est bien. Tu as joué dimanche ?

00:22:26 Oui, on a gagné.

00:22:27 Tu as marqué des buts ?

00:22:28 Oui.

00:22:29 Combien ?

00:22:30 Trois.

00:22:31 Alors tu veux donc devenir footballeur, comme qui ?

00:22:32 Comme tata.

00:22:33 Comme tata ?

00:22:34 Et marre.

00:22:35 Tu vas jouer avec New Wales ?

00:22:36 Oui.

00:22:37 Tu marqueras pour moi ?

00:22:38 Oui, je vous le dédicacerai.

00:22:39 Génial. Tu m'en dois un ?

00:22:41 Oui.

00:22:42 Allez, file.

00:22:43 Il t'a dédié un but ?

00:22:44 Non, mais il m'en doit un.

00:22:45 Je veux qu'il le marque sur la pelouse de New Wales.

00:22:47 Sur la pelouse de New Wales ?

00:22:48 Pour l'instant, qu'il se fasse plaisir. On verra ça plus tard.

00:22:50 Viens à bouscar-la, Rosso.

00:22:51 Rosso, le déjà Messi.

00:22:52 Arranca Messi, déjando a uno le camino.

00:22:54 Va à prova de l'arco. Prova Messi. Goal !

00:22:57 J'habitais à Trois-Rues de la Pension. Il venait chez moi boire du lait.

00:23:00 Lui, Léo, Lucas Cagliari et on jouait à la PlayStation.

00:23:04 Léo n'était pas très bon à la PlayStation. Non, non !

00:23:07 Aujourd'hui, il dit que oui.

00:23:08 Je ne savais pas comment... Il n'était pas bon à la PS.

00:23:11 A l'époque, il était carrément mauvais.

00:23:14 Non, non, non. Je me souviens qu'on jouait à FIFA 94 et 95.

00:23:18 Sur la Family ?

00:23:19 Non, sur la Sega.

00:23:20 Il l'éteignait. Tu t'en souviens ?

00:23:22 Quand il perdait, il allait l'éteindre. Il était mauvais perdant. Il l'éteignait.

00:23:26 Il était mauvais perdant à la PlayStation et à la Sega.

00:23:30 C'était pareil chez Lucas.

00:23:32 Tu fais quoi, Lucas ?

00:23:34 Le grand Léo.

00:23:35 Où sont tes parents ?

00:23:36 Ils sont sortis. On se fait une coupe du monde ?

00:23:38 Pas une coupe du monde. On joue chacun pour soi. Allez.

00:23:41 Si vous voulez perdre.

00:23:43 On met les maillots ?

00:23:44 Non, ma mère sera furieuse.

00:23:46 Pourquoi ?

00:23:47 Parce que vous les salissez.

00:23:49 Allez, s'il te plaît. C'est pas pareil sans les maillots.

00:23:52 Je veux celui de Madrid.

00:23:56 C'est moi qui prends Madrid.

00:24:21 C'est le seul qu'il a jamais porté. Il l'enlevait seulement en partant.

00:24:25 Il était dingue de Barcelone. Il les adorait.

00:24:28 À l'époque, il y avait Cluivert et Rivaldo.

00:24:31 Et Franck de Gour.

00:24:32 Il est tout seul. Prends-la. Prends-la. Fonce.

00:24:36 Allez, va sur le ballon. Vas-y.

00:24:38 Pep Guardiola attaque. Bicyclette. Tipon. But.

00:24:41 Allez.

00:24:42 Un de plus. Salut.

00:24:43 Salut, ça va ?

00:24:44 C'est Antonella, ma cousine qui habite au-dessus.

00:24:46 Vous voulez manger ?

00:24:47 On attend une pizza.

00:24:50 But. But. Mais quel but, idiot ?

00:24:53 Quelle tête faisait Léo quand il a vu Antonella ?

00:24:56 Une tête d'amoureux.

00:24:58 Qui est tombé amoureux ?

00:25:00 C'est lui, en premier.

00:25:01 Il a eu du mal ?

00:25:02 Il a ramé.

00:25:03 Ah, il a ramé.

00:25:04 Il l'a rencontré quand il avait 11 ans.

00:25:06 Il la connaissait, déjà.

00:25:07 Il a fini par épouser sa petite amie de Rosario.

00:25:09 Ça en dit long sur sa personnalité.

00:25:11 C'est clair.

00:25:12 Alors qu'on pourrait le voir dans les pages People des magazines du monde entier.

00:25:15 Mais il revient en New Wales parce que c'est un gars loyal.

00:25:18 Regardez, c'est notre voyage scolaire de sixième.

00:25:21 On a le DVD de notre voyage scolaire.

00:25:24 Ça va être génial !

00:25:26 Oh !

00:25:28 Voilà le meilleur buteur !

00:25:30 On est les meilleurs, on a gagné !

00:25:32 Là.

00:25:34 C'est moi.

00:25:35 Voilà Walter.

00:25:37 Voilà Léo.

00:25:40 Et là, c'est Léo.

00:25:41 Cynthia, on était où, là ?

00:25:44 C'est moi qui passe, là.

00:25:47 Je me rappelle de la tête de Walter quand il conduisait.

00:25:50 Je me cognais partout.

00:25:52 Il allait à fond, accident, à fond, accident.

00:25:57 Il connaissait que le tricycle.

00:25:59 Ils ont fait un reportage sur lui à 12 ans quand je l'entraînais.

00:26:04 Comment tu t'appelles ?

00:26:05 Lionel Messi.

00:26:06 C'est toi le meilleur joueur du match, tu savais ça ?

00:26:08 Non.

00:26:09 Il raconte son but.

00:26:10 Le deuxième but.

00:26:11 Le deuxième, raconte-moi.

00:26:12 Federico ressautir, elle s'en va.

00:26:16 Federico ressautir, Righini la passe à Luka.

00:26:19 Luka me la passe en retrait et je marque.

00:26:21 Tu as marqué deux buts, c'est ça ?

00:26:23 À qui dédies-tu ce championnat ?

00:26:25 À mon père, à mon oncle, à toute ma famille et à tous mes amis.

00:26:29 À toute sa famille.

00:26:30 À toute sa famille.

00:26:31 Connaissant son père, je ne crois pas qu'on lui ait jamais dit

00:26:35 "tu dois faire ci, tu dois faire ça".

00:26:37 Non, c'est naturel.

00:26:39 Roré est comme ça.

00:26:40 Il a fait le tir d'esquine, il a laissé Léo Messi par là,

00:26:42 le joueur Jiménez, Jiménez, pour Messi, il a pris l'arbre,

00:26:44 il a donné la balle au pied, oh, qu'il était proche !

00:26:47 Roré, en octobre 1999, est venu près de la clôture du terrain n°2

00:26:54 où on s'entraînait.

00:26:55 Quand je lui ai dit bonjour, il m'a dit

00:26:58 "profitez bien des deux prochains mois".

00:27:00 Oui, je me souviens.

00:27:01 Je lui ai demandé "pourquoi ?"

00:27:02 Il m'a dit "profitez-en parce que je l'emmène ailleurs".

00:27:05 Je l'ai regardé et je lui ai dit "où est-ce que vous l'emmenez ?"

00:27:07 Léo était imbattable.

00:27:09 "Surtout ne l'emmenez pas à Central".

00:27:11 Heureusement, il est parti.

00:27:12 Pourquoi il est parti ?

00:27:13 Je ne me souviens plus si c'était un problème de sécurité sociale

00:27:16 ou un problème d'emploi.

00:27:18 Il faudrait appeler Messi pour lui demander ce qui s'est vraiment passé.

00:27:21 Mon père allait se retrouver sans travail

00:27:24 et on allait avoir des difficultés.

00:27:26 Il ne pouvait plus payer les médicaments, ce qui était crucial.

00:27:29 Sinon, il serait resté petit pour toujours.

00:27:32 Deux clubs n'ont pas pu financer le traitement.

00:27:35 New Wales et River.

00:27:36 Ils ont aussi essayé avec River, il me semble.

00:27:39 Ils ont essayé avec River ?

00:27:40 Oui, à Buenos Aires.

00:27:41 La famille a dit que New Wales ne prenait pas en charge le traitement.

00:27:44 Lopez a dû s'ouvrir les veines, non ?

00:27:47 Que River ne pouvait en payer que la moitié.

00:27:49 Exact.

00:27:50 Il était tellement petit que les dirigeants ont dû penser qu'il n'avait aucun avenir.

00:27:54 En Argentine, la situation politico-économique, c'était…

00:27:57 C'était le foutoir.

00:27:58 La dévaluation, la pécification.

00:28:00 La sécurité sociale avait des problèmes pour lui fournir régulièrement son traitement.

00:28:04 Le père de Léo est allé frapper aux portes

00:28:07 pour que les clubs argentins financent son traitement.

00:28:10 Jorge s'est senti désemparé.

00:28:12 Il a voulu emmener Léo pour montrer sa colère.

00:28:15 Dans ce club, on avait un champion avec un avenir très prometteur

00:28:19 et il ne pouvait pas l'aider.

00:28:21 Les seuls qui ont pris le risque de l'aider, c'est Barcelone.

00:28:23 Célia nous en a parlé à l'école.

00:28:26 Elle a dit que ses parents ne peuvent plus payer le traitement et le club non plus.

00:28:30 Oui.

00:28:31 C'était très cher.

00:28:32 Alors quand le représentant du Barça est arrivé,

00:28:34 le père a dit, il a décidé, c'est bon, on y va.

00:28:37 Si Léo était resté en Argentine, je ne sais pas s'il serait devenu ce qu'il est.

00:28:41 Non.

00:28:42 Ils sont partis seuls, Léo et son papa.

00:28:45 Il était si petit.

00:28:46 La famille est restée.

00:28:47 Il est parti à 13 ans.

00:28:48 Je me souviens encore du jour où il est parti.

00:28:50 Je suis allée lui dire au revoir, j'étais en retard.

00:28:53 Le jour où il est parti, ils nous ont coupé l'électricité pendant trois jours.

00:28:56 Non, la panne a duré cinq jours.

00:28:57 En tout cas, c'était très émouvant,

00:29:00 parce qu'il avait un lien très fort avec ceux de son quartier.

00:29:03 C'était horrible.

00:29:05 Je me souviens que tout le monde pleurait, lui aussi il pleurait.

00:29:08 Évidemment.

00:29:09 Je suis très triste, mais joyeux en même temps,

00:29:13 à cause de l'endroit où je vais jouer.

00:29:15 Ça ne te plaît pas, Léo ?

00:29:20 Allez, souris.

00:29:23 Léo, souris.

00:29:29 Allez !

00:29:33 On va aller se promener.

00:29:35 Peine-toi, fais-le pour ta mère.

00:29:37 Allez, s'il te plaît.

00:29:39 Oui, c'est ça, peine-toi comme ça.

00:29:40 Oh, t'es tellement lent.

00:29:42 Tu comptes jouer aussi lentement, dis-moi ?

00:29:44 Quand t'étais à New-Hells, t'étais avec tes amis.

00:29:47 Tu t'es senti nerveux ici ?

00:29:49 Comment t'as vécu tes premiers entraînements ?

00:29:51 Les premiers jours, j'étais un peu nerveux,

00:29:54 mais ensuite je me suis adapté.

00:29:56 Quand il est arrivé en même temps que moi, à 13 ans, au centre de la Masia,

00:30:01 il était très mal à l'aise.

00:30:03 Les premiers jours, dans le vestiaire, Léo s'est assis à l'écart de tous les autres.

00:30:07 Ça va ? T'as parlé avec quelqu'un ?

00:30:23 Non, juste un petit peu avec un garçon.

00:30:26 Qu'est-ce qu'il fait là, le petit ?

00:30:28 Je pense que c'est un fugueur.

00:30:31 Non, c'est demain les essais pour les ramasseurs de balles.

00:30:34 Il s'asseyait dans un coin et il observait les autres.

00:30:38 Un petit coin, où on voyait tout.

00:30:40 À la périphérie.

00:30:42 Ensuite, il s'est senti plus à l'aise.

00:30:44 Qu'est-ce que tu fais à l'entraînement ?

00:30:46 Je travaille avec le ballon, je tire des buts,

00:30:50 je travaille avec les cônes, on fait des 1 contre 1,

00:30:53 et après, on fait un match.

00:30:55 [Musique]

00:31:23 Comment tu t'appelles ?

00:31:25 Messi.

00:31:26 Messi ? Il était très fragile, ce n'était qu'un enfant.

00:31:30 Il était incroyablement petit et aussi incroyablement bon.

00:31:33 Je me souviens d'une anecdote, l'entraîneur nous avait dit

00:31:36 "ménagez-le, il est fragile, vous allez le tuer".

00:31:38 Il était intouchable.

00:31:40 On répondait "pas de soucis", mais c'est parce qu'on n'arrivait pas à le rattraper.

00:31:43 La première fois que j'ai vu Léo, il avait 13 ans,

00:31:45 et je me suis demandé s'il était capable de devenir professionnel.

00:31:47 C'est toujours la grande inconnue.

00:31:49 Des gamins super doués qui dribblent 6 adversaires et te mettent 20 buts,

00:31:52 j'en ai vu beaucoup.

00:31:54 J'ai vu disparaître une quantité de grands joueurs.

00:31:58 C'est bien, continue.

00:32:00 Vas-y, fais des têtes, allez.

00:32:02 [Sonnerie de téléphone]

00:32:04 Allô ?

00:32:05 Ce garçon me plaît beaucoup, il est incroyable.

00:32:08 Bien, et alors ?

00:32:10 J'en ai parlé avec les dirigeants.

00:32:11 Merci, ciao.

00:32:12 Génial.

00:32:14 On va fêter ça ?

00:32:15 Ouais.

00:32:16 Ce gamin est un champion, croyez-moi.

00:32:18 C'est un champion aujourd'hui, mais quand les autres le dépasseront ?

00:32:20 Alors financez son traitement.

00:32:22 Tu sais combien ça coûte ?

00:32:23 Et si on paye et qu'il n'y a pas de résultat ?

00:32:25 Vous devez le voir, c'est vraiment le meilleur que j'ai jamais vu.

00:32:28 Si on le laisse passer, on le regrettera toute notre vie.

00:32:31 Certains s'opposaient à cette idée, alors que d'autres étaient impressionnés.

00:32:34 On est un club de foot, pas une ONG.

00:32:37 On ne voit pas ça à son âge.

00:32:39 Normalement, ça vient à 17 ou 18 ans.

00:32:42 Dans quelques années, ce sera trop tard.

00:32:44 Ce gamin finira dans un des 5 meilleurs clubs européens.

00:32:46 Qu'est-ce que t'as fait à Barcelone les premiers jours ?

00:32:49 On a visité tout Barcelone.

00:32:51 Rechaque voulait voir ses essais, mais Rechaque était absent.

00:32:54 Il était en déplacement.

00:32:56 Il devait revenir des Jeux Olympiques.

00:32:59 C'était difficile pour ce garçon de devoir attendre une réponse.

00:33:02 Ils ont attendu dans un hôtel que le Barça les appelle, mais ils n'appelaient pas.

00:33:06 Ils passaient toute leur journée dans l'hôtel à regarder par la fenêtre.

00:33:09 Ça fait deux semaines qu'on attend.

00:33:11 C'est un peu long, non ?

00:33:12 C'est difficile pour le club de prendre un tel risque.

00:33:15 D'accord, mais qu'est-ce qu'ils veulent de plus ?

00:33:17 J'ai quitté mon travail à Rosario pour venir ici.

00:33:19 Mon fils est séparé de sa famille.

00:33:21 Il y a beaucoup de problèmes.

00:33:23 Le contrat est compliqué, ça prend du temps.

00:33:25 Le traitement est plus cher que prévu.

00:33:27 Et il faut loger toute votre famille.

00:33:29 Puisque c'est si compliqué, alors on s'en va.

00:33:31 Ciao.

00:33:33 Écoutez, si ça tenait qu'à moi, je signerais demain.

00:33:37 Je vais parler au vice-président.

00:33:38 Vous aurez la réponse dans quelques jours.

00:33:40 Les Jeux Olympiques ont tout retardé, mais il a continué à jouer.

00:33:43 Qu'est-ce que tu as le plus admiré ?

00:33:45 Le stade de Barcelone.

00:33:47 Pour son père, c'était peut-être plus difficile.

00:33:50 Léo, je n'ai jamais remarqué qu'il en souffrait.

00:33:53 Le seul match pour lequel Léo a reconnu qu'il était nerveux,

00:33:56 c'est un match test avec des garçons plus âgés de deux ans.

00:33:59 Rechaque l'a vu.

00:34:01 C'est un ancien joueur de Barcelone.

00:34:03 Il était directeur sportif.

00:34:05 Exact.

00:34:07 Que fait ce gamin ici ?

00:34:09 Lequel ?

00:34:10 Lui. Il ne devrait pas jouer en junior.

00:34:13 C'est le fameux gamin.

00:34:15 Il vient juste d'avoir 13 ans, mais il a une déficience en hormones de croissance.

00:34:19 On doit financer son traitement en mai, rien ne garantit le résultat.

00:34:22 Bon.

00:34:23 Vas-y, vas-y ! La défense !

00:34:32 Appelle le club. Dis-leur qu'il nous faut ce gamin à n'importe quel prix.

00:34:39 Il faut être dingue pour voir Messi pendant un test

00:34:42 et ne pas comprendre qu'il est génial.

00:34:44 Jeff a signé un contrat à Léo.

00:34:46 Quand il a fallu remplir la case observation,

00:34:48 j'ai indiqué "petit Maradona"

00:34:51 parce qu'il était comme lui. Gaucher, la tête basse,

00:34:55 droit au but, la verticalité, la vitesse.

00:34:58 La rapidité d'exécution.

00:35:00 Il avait tout ça. C'était un petit Maradona.

00:35:02 Je n'avais aucun doute là-dessus.

00:35:04 Parle-moi de Barcelone.

00:35:07 D'abord, quand as-tu découvert que tu avais une chance ?

00:35:09 Et ensuite, comment se passe l'entraînement au club ?

00:35:12 C'était génial. D'être là, de jouer à Barcelone,

00:35:15 le plus grand club du monde. C'était fantastique.

00:35:18 Léo est arrivé le premier. Ensuite, Mathias est venu.

00:35:23 Oui, les uns après les autres.

00:35:25 Je me souviens que quand Mathias est parti,

00:35:27 le grand-père nous a emmenés dans son pick-up.

00:35:30 Mathias a crié au grand-père "Arrête, arrête !"

00:35:33 Il est descendu pour embrasser l'angle de la rue.

00:35:36 Il a dit "ciao" et il est parti.

00:35:38 Ce quartier avait quelque chose de spécial.

00:35:41 On s'en va, mais on revient toujours.

00:35:43 On est tous restés.

00:35:44 Il est spécial.

00:35:46 Pendant un moment, on s'est retrouvés dans une situation,

00:35:49 comment dire, anormale.

00:35:51 Il était à Barcelone, sa famille était installée ici,

00:35:53 mais les papiers n'arrivaient pas.

00:35:55 Léo et Jorge étaient les seuls à avoir un permis de séjour.

00:35:59 Il m'a dit que sa famille avait vécu des moments difficiles.

00:36:03 Il trouvait aussi la langue pas simple.

00:36:06 Il lui apprenait le catalan.

00:36:08 Bon.

00:36:09 Je m'appelle...

00:36:10 Maria.

00:36:12 Et j'ai...

00:36:13 J'ai 9 ans et je viens d'Argentine.

00:36:16 Bien. En catalan ?

00:36:17 El meu nome...

00:36:21 El meu nome es Maria.

00:36:24 Dick no...

00:36:25 Annie.

00:36:26 I so...

00:36:27 Je ne sais pas et je m'en fiche.

00:36:29 Oui, je sais.

00:36:31 Mais la FIFA ! Que dit la FIFA ?

00:36:35 J'en sais rien ! Insistez !

00:36:37 La solution ne va pas arriver toute seule !

00:36:39 Discutez ! Mettez-leur la pression !

00:36:42 D'accord. D'accord, d'accord.

00:36:44 On en reparlera demain.

00:36:46 Ils n'ont toujours pas parlé à New Wales, tu le crois ?

00:36:50 On est là depuis 4 mois,

00:36:52 et Léo n'a toujours aucun contrat.

00:36:54 Tu réalises ce que c'est que de s'entraîner tous les jours

00:36:57 sans pouvoir participer au championnat ?

00:36:59 Bien.

00:37:01 Tu crois vraiment que ça a un sens de rester ici ?

00:37:04 Comment ça, un sens ?

00:37:07 Tu vois dans quel état on est ?

00:37:09 On est tous perdus.

00:37:11 Loin de la famille, de la maison, de nos amis.

00:37:14 Maria n'arrive pas à apprendre le catalan.

00:37:16 Elle va perdre un an d'école.

00:37:18 Mathias ne va pas bien. Sa fiancée lui manque.

00:37:21 Je ne peux pas.

00:37:26 Je ne peux pas.

00:37:27 Je ne peux pas.

00:37:28 Je ne peux pas.

00:37:29 C'est pas possible.

00:37:33 Je sais que c'est un milieu difficile, que c'est dur de négocier.

00:37:36 Et même si Léo est doué,

00:37:38 il y a beaucoup trop de choses qui nous échappent ici.

00:37:41 Pourquoi tu ne restes pas avec lui ?

00:37:44 Tu m'entends ?

00:37:47 Pense aux garçons. Ce sont ses frères.

00:37:51 Laisse-moi parler à Léo, d'accord ?

00:37:57 Je vais voir ce qu'il en dit.

00:37:59 Ah, t'es là.

00:38:06 J'étais en train de parler avec ta mère.

00:38:11 J'ai envie de jouer à Barcelone.

00:38:14 Très bien.

00:38:19 Je resterai ici avec toi.

00:38:23 Je suis content d'être revenu.

00:38:25 Je dois encore tenir le rythme.

00:38:27 Son objectif, c'était de jouer à Barcelone.

00:38:30 Et il a tout misé là-dessus.

00:38:32 Il était gonflé.

00:38:33 Je vais réussir à Barcelone. Je reste.

00:38:35 Célia, sa mère, est rentrée.

00:38:37 Et Jorge est resté avec lui.

00:38:39 Ça l'a anéanti.

00:38:40 Mais il avait la conviction qu'il réussirait.

00:38:42 Il te regardait et il disait,

00:38:44 "Je vais devenir le meilleur."

00:38:45 Si on demande à Léo quel a été le pire moment de toute cette histoire incroyable qu'il a vécue,

00:38:49 c'est celui-ci.

00:38:50 C'est sûr.

00:38:51 C'était ni les injections,

00:38:53 ni quand la sélection l'a critiqué,

00:38:55 ni quand Pekerman ne l'a pas sélectionné contre l'Allemagne.

00:38:57 Il dira que le pire moment a été la séparation d'avec sa famille.

00:39:01 Il s'est senti un peu responsable du fait que Jorge était ici et Célia là-bas.

00:39:06 Personne ne pouvait lui assurer que ça marcherait.

00:39:08 Au bout d'un an, ils te disent, "Retourne chez toi."

00:39:11 Je crois que sa mère faisait des allers-retours depuis l'Argentine.

00:39:14 Mais son père est toujours resté ici, à Barcelone.

00:39:17 J'ai vécu la même expérience.

00:39:20 Je suis parti en Angleterre à 17 ans.

00:39:22 J'y suis senti complètement seul.

00:39:24 Et malgré mes 17 ans, j'ai aussi beaucoup souffert.

00:39:27 Mais bon, quand on voit le résultat, on a bien fait de venir.

00:39:31 Il n'habitait pas au centre de la Masia,

00:39:33 mais avec son père dans un très grand appartement.

00:39:36 Il a fallu une année pour que son père sache s'il était pris ou pas.

00:39:40 Pourquoi ?

00:39:41 La procédure pour établir les papiers a été assez laborieuse.

00:39:44 Nous, on sera tous rentrés au pays au bout de six mois

00:39:47 parce que l'autorisation de transfert de New Wales n'arrivait pas.

00:39:50 Ensuite, il y a eu la blessure au Péronnet,

00:39:52 la blessure à la cheville en descendant les escaliers chez lui.

00:39:55 En revenant d'Argentine, il était assis dans l'avion à l'aéroport d'Esaïssa

00:39:59 et il a commencé à pleurer à côté de Roger.

00:40:01 On s'est vus une seconde fois et on a préparé un contrat

00:40:05 qui prévoyait déjà une carrière de 7 à 8 ans.

00:40:08 J'ai pensé, on signe pour des centaines de milliers de pesetas.

00:40:11 C'étaient encore les pesetas.

00:40:13 C'est délirant pour un garçon de 13 ans.

00:40:16 Allez, champion !

00:40:19 Pas de problème, sa famille est rentrée en Argentine.

00:40:21 Les autres dirigeants m'ont dit, c'est de la folie.

00:40:24 On devait vraiment être un peu fou,

00:40:26 autrement on n'aurait jamais donné notre aval à un tel projet.

00:40:28 Il était tellement petit qu'ils l'ont descendu d'une catégorie.

00:40:32 Il était en junior A avec nous et ils l'ont mis en junior B.

00:40:35 Quand il a débuté au Barça, avec les juniors,

00:40:37 un jour, le Barça a gagné 14 à 1.

00:40:40 Il a marqué trois ou quatre buts.

00:40:42 Il a dit, ils m'ont attendu tellement longtemps,

00:40:44 je suis là depuis un an, je vais leur montrer.

00:40:46 Au cours du deuxième match officiel, il s'est blessé.

00:40:48 Il s'est cassé la jambe.

00:40:49 Pendant un match, il a pris un coup.

00:40:51 Il est reparti en ambulance.

00:40:55 Quand on allait au cybercafé, l'Internet se coupait

00:40:59 et la conversation s'arrêtait en plein milieu.

00:41:01 C'était dur d'être si éloigné.

00:41:03 J'ai perdu le contact.

00:41:04 Il a tout laissé derrière lui pour recommencer là-bas.

00:41:06 Oui, il était en pleine adolescence.

00:41:08 C'était difficile de quitter ses amis.

00:41:10 Il a commencé le traitement à 9 ans et il l'a terminé en Espagne.

00:41:15 De temps en temps, il ne s'entraînait pas parce qu'il avait reçu son injection.

00:41:18 Le médecin venait nous dire, Léo ne s'entraînera pas,

00:41:21 il a eu une injection hier.

00:41:43 Léo a connu une progression sportive fulgurante.

00:41:45 Je manque d'endurance et de vitesse.

00:41:47 Je suis vite fatigué.

00:41:50 Arriver à dépasser les cadets espagnols A, c'est mon grand rêve.

00:41:56 C'est super, j'ai marqué 5 buts.

00:41:59 J'espère en marquer d'autres.

00:42:01 Au début, entre la blessure et le reste, c'était difficile.

00:42:05 Mais maintenant, je me sens bien.

00:42:07 Quand il est rentré d'Espagne, Léo était beaucoup plus musclé,

00:42:11 beaucoup plus grand.

00:42:13 Un impact contre lui, c'est comme avec quelqu'un d'1m85.

00:42:16 On ne peut plus le faire bouger.

00:42:18 Une force physique incroyable.

00:42:20 On voyait tous ses muscles.

00:42:22 Du muscle, de la fibre.

00:42:24 On a vu des progrès en puissance, en vitesse, en rythme.

00:42:27 Personne n'est aussi explosif que lui.

00:42:29 Il a développé ses qualités physiques avec du temps et du travail.

00:42:32 Il a travaillé un peu sa force.

00:42:34 C'est quoi de récepte pour l'explosivité ?

00:42:36 Super viril.

00:42:38 Je lui ai dit "c'est dingue comme t'es viril".

00:42:40 Il était devenu un homme.

00:42:42 Un jour, en le voyant jouer dans le centre, je l'ai pris pour un cadet.

00:42:45 Il lui a en fracturé la pommette.

00:42:47 D'un coup de coude.

00:42:49 Il s'est mis à pleurer, pas à cause de sa pommette brisée,

00:42:51 mais parce qu'il pensait rater la finale du championnat de Catalogne.

00:42:54 Et finalement, il a joué avec le masque de Pouyol.

00:42:56 Il lui avait dit "si le masque te gêne, on te sort".

00:42:59 Mais oui, bien sûr.

00:43:01 Il a commencé à jouer, il transpirait, le masque bougeait,

00:43:03 le masque de Pouyol qu'il avait emprunté.

00:43:05 Il a enlevé son masque et il a joué sans.

00:43:07 Son père aurait failli en faire une attaque.

00:43:09 Il a gagné le match et il est parti.

00:43:11 Messi, tout d'abord, c'est un diamant.

00:43:14 Un des plus beaux.

00:43:16 Il a ensuite trouvé des gens qui l'ont taillé pour qu'il brille.

00:43:20 Il n'a pas été terni par des idiots.

00:43:23 Certains joueurs sont ternis par des dirigeants stupides.

00:43:26 Ça en dit long sur ceux qui l'ont dirigé.

00:43:28 On est devant la vision de quelqu'un capable de dire "on va en discuter,

00:43:32 même si c'est contraire aux habitudes".

00:43:34 C'est ce qui s'est passé avec Rechak et Cruyff,

00:43:37 qui ont su dépasser les blocages et créer la pierre philosophale.

00:43:41 Jouer le ballon et contrôler le terrain,

00:43:44 attaquer quand on peut, ralentir quand il faut récupérer.

00:43:47 Toutes ces choses-là.

00:43:49 Ça a commencé avec Cruyff.

00:43:50 Léo a profité au Barça de conditions qu'il n'aurait jamais eues

00:43:53 dans la majorité des autres clubs du monde,

00:43:55 même en étant le meilleur joueur du monde, aucun doute là-dessus.

00:43:57 Allez, premier entraînement de l'année.

00:43:59 Je veux vous voir sur les ballons.

00:44:01 Vous vous êtes reposés, vous rentrez de vacances.

00:44:03 Maintenant, il faut vous mettre les piles et retrouver rapidement la forme.

00:44:07 Allez, allez, allez, allez, allez.

00:44:09 Vous êtes montés d'une catégorie.

00:44:11 Vous allez en baver.

00:44:12 Arrêtez d'applaudir.

00:44:14 Allez, au boulot.

00:44:15 Léo jouait dans l'équipe B du Barça.

00:44:19 Et Frank Rijkaard m'a demandé s'il pouvait m'emprunter quelques joueurs

00:44:23 pour un match amical à Assantas contre Porto.

00:44:26 Il était très respectueux, il m'a dit.

00:44:29 C'est toi qui décide.

00:44:31 J'ai répondu, il y a ceux-là et il y a Messi.

00:44:34 Il m'a regardé, il m'a demandé, qui c'est Messi ?

00:44:37 Salut.

00:44:40 Salut.

00:44:41 C'est lui, c'est ça ?

00:44:45 Rijkaard était un entraîneur qui faisait confiance aux jeunes.

00:44:48 Il les incorporait dans son équipe.

00:44:50 Il prenait Messi, Iniesta et les autres.

00:44:53 Et il l'a choisi.

00:44:55 Ça doit être quelque chose quand on a 16 ans de jouer pour Barcelone, non ?

00:44:58 Mathias, viens voir, c'est Léo.

00:45:00 Tais-toi un peu.

00:45:01 Je commence mercredi dans l'équipe première, maman.

00:45:03 Qu'est-ce qu'il dit ?

00:45:04 Il dit qu'il va débuter dans l'équipe première.

00:45:06 Comment ça, débuter ?

00:45:07 Allez, raconte, idiot.

00:45:09 Passe-le-moi.

00:45:10 Passe-le-moi.

00:45:11 Bien sûr qu'on va venir, tu fais quand même tes débuts.

00:45:14 On a tout acheté pour partir, t'en fais pas.

00:45:16 On va venir, sois tranquille.

00:45:18 Quand je l'ai vu débuter, je crois que c'était contre Porto.

00:45:23 Le match avec le maillot gris, c'est ça ?

00:45:25 Avec le maillot gris ?

00:45:27 Le maillot brun.

00:45:28 Oui, le brun, avec le numéro 14.

00:45:30 Ma mère m'a crié "Diego, Léo va rentrer".

00:45:32 J'ai fait tous les papiers aujourd'hui.

00:45:34 J'espère que je pourrai être sélectionné.

00:45:36 J'en ai très envie.

00:45:38 Est-ce une légende ou la réalité ?

00:45:40 Est-ce que Vivas l'a empêché de signer pour l'Espagne ?

00:45:43 Est-ce que Grandona a dit "faites-le jouer dans un match, sinon il jouera sous un autre maillot" ?

00:45:48 Je vais te raconter.

00:45:49 C'était la demi-finale contre l'Espagne.

00:45:51 Je te parle de 2003.

00:45:53 On rentrait à l'hôtel, on partageait le même hôtel que les Espagnols.

00:45:57 L'Espagne a toujours eu un chef cuisinier.

00:46:00 Je marchais quand il est venu me saluer et il m'a dit...

00:46:02 Monsieur Tocali ?

00:46:04 Non, je suis occupé, excusez-moi.

00:46:05 Je voudrais vous parler d'un jeune, Léo Messi de Rosario.

00:46:08 Vous le connaissez ?

00:46:09 Je ne parle pas affaire avec des inconnus, contactez la Fédération.

00:46:12 Il a 15 ans, les Espagnols veulent le sélectionner, mais il veut jouer dans la sélection argentine.

00:46:15 Quel gamin de 15 ans ne voudrait pas jouer dans la sélection argentine ?

00:46:18 Vous ne comprenez pas, c'est un phénomène, un génie.

00:46:20 Si vous ne le prenez pas dans les moins de 17 ans, on le perdra pour toujours.

00:46:24 Si on m'avait payé à chaque fois que j'ai entendu ça, je serais multimillionnaire.

00:46:28 Pardon.

00:46:29 Attendez, son père vous envoie ça.

00:46:31 Si ça ne vous intéresse pas, tant pis, mais sinon, appelez-le, c'est urgent.

00:46:34 Je vous en prie.

00:46:36 Surtout, n'en parlez pas aux Espagnols.

00:46:38 Bien, c'est tout ?

00:46:40 Oui, monsieur Tocali, merci beaucoup.

00:46:41 Au revoir.

00:46:43 Je suis reparti sans même le remercier.

00:46:45 Alors, pour la finale des moins de 17 ans, un cuisinier est venu dire "j'ai un joueur qui va te sauver".

00:46:48 Un joueur qui va me sauver, j'ai répondu.

00:46:50 Non, c'est la sélection nationale.

00:46:53 On fait jouer uniquement ceux qui se sont entraînés.

00:46:56 Si ça ne leur plaît pas, ils n'ont qu'à rentrer chez eux.

00:46:58 Tu comprends ?

00:47:00 Bien sûr, je te l'ai dit ce matin.

00:47:02 Tu ne m'écoutes pas.

00:47:04 Au bout du compte, je suis tout seul.

00:47:05 Ils nous roulent dans la farine.

00:47:07 Tu comprends ce que je te dis ?

00:47:09 Ils nous roulent dans la farine.

00:47:11 Il y avait cinq actions de Léo.

00:47:20 Il prenait le ballon, il marchait et il passait de 0 à 100 en 3 mètres.

00:47:25 J'étais sidéré.

00:47:29 Avec José, on se disait que dans la sélection des jeunes, on avait besoin d'un joueur rapide.

00:47:35 Un joueur capable de changer de rythme.

00:47:37 J'ai dit "il est parfait".

00:47:39 Tu ne savais rien de lui à ce moment-là.

00:47:41 Je ne le connaissais pas du tout.

00:47:43 Attends une seconde, s'il te plaît.

00:47:49 J'ai appelé immédiatement Omar Souto, le responsable administratif.

00:47:53 Écoute bien ce que je vais te dire.

00:47:55 Écoute-moi bien.

00:47:57 Tu dois me retrouver un gamin qui habite Barcelone et qui s'appelle Lionel Messi.

00:48:02 Tu as compris ?

00:48:03 Lionel Messi.

00:48:05 Je lui ai demandé de le contacter en Espagne par l'intermédiaire de Ravier, qui était dans l'équipe première et qui pouvait le faire.

00:48:12 Merci.

00:48:14 Je crois qu'il a fallu 40 minutes.

00:48:18 J'appelle de la part de la sélection argentine de football.

00:48:21 C'est formidable.

00:48:23 Le père du garçon était enthousiaste. Il m'a dit qu'il demanderait l'autorisation de Barcelone et qu'il viendrait.

00:48:30 Il avait 16 ans et ils l'ont pris dans les moins de 20 ans ou les moins de 18.

00:48:34 Ils ont joué contre le Paraguay.

00:48:36 En match amical.

00:48:37 Et c'est ce qui a permis à Léo d'entrer dans la sélection argentine.

00:48:41 Il l'a sélectionné pour l'Argentine.

00:48:43 Si Messi avait joué pour l'équipe d'Espagne qu'on a vu au dernier mondial...

00:48:46 Et qui a gagné deux Coupes d'Europe...

00:48:48 Elle aurait été imbattable.

00:48:49 Portons donc un toast à cette vidéo, à ce match que tu as organisé en Argentine,

00:48:54 et au fait que Rullio t'ait autorisé à acheter son billet pour le faire venir.

00:48:58 Real Madrid aurait fait jouer Messi à 17 ans.

00:49:01 J'espère que je pourrai continuer à jouer dans l'équipe première.

00:49:04 Il a fini par jouer dans l'équipe première et on ne l'a pas beaucoup revu.

00:49:08 C'était le bon moment techniquement pour l'équipe première, pour son entraîneur d'alors et pour son effectif de joueurs.

00:49:15 Ronaldinho l'a traité comme un fils.

00:49:16 Ce sont les joueurs qui demandaient "faites rentrer Léo".

00:49:19 C'est jamais facile à 16 ans de rentrer dans le vestiaire, surtout pour quelqu'un comme moi.

00:49:29 Mais Ronaldinho, les Brésiliens, Deco, Silvinho, Mota, ils m'ont tout de suite adopté.

00:49:34 Le premier jour, Ronaldinho m'a fait asseoir près de lui. C'était plus facile.

00:49:38 Ses coéquipiers à Barcelone ont accepté Léo comme il était.

00:49:41 Ils ont été géniaux.

00:49:44 Ils l'ont tous pris sous leur aile.

00:49:45 Un match très compliqué. On a pu ouvrir le score.

00:49:49 Ça a bien marché.

00:49:51 Ils l'ont protégé.

00:49:53 Ils l'ont aidé à grandir.

00:49:55 Rijkaard était patient, très patient.

00:49:57 Rijkaard avançait étape par étape, sans se presser.

00:50:02 Souvent, je ne comprenais pas pourquoi on ne me faisait pas jouer.

00:50:05 Il l'a beaucoup protégé.

00:50:07 D'autres entraîneurs n'auraient pas pris de risque avec lui.

00:50:11 Avec le recul, je vois qu'il avait raison.

00:50:13 Je lui en suis reconnaissant, parce qu'il savait ce qui était le mieux pour moi.

00:50:17 Quand on se précipite, on peut les perdre. Et les dégâts sont irréparables.

00:50:21 À Barcelone, Messi a eu à l'époque un entraîneur qui, selon moi, appartient à l'école hollandaise.

00:50:29 Tout ce que faisait Rijkaard était simple, efficace. Il l'a pris dans l'équipe première.

00:50:35 Même après ses débuts à Barcelone, personne ne se doutait qu'il allait devenir le meilleur joueur du monde.

00:50:40 Le premier but qu'il a marqué à Barcelone.

00:50:42 Ce jour-là, il a marqué un but incroyable.

00:50:45 Sur une passe de Ronaldinho.

00:50:47 Un sombrero sous la transversale.

00:50:49 Le premier à venir l'embrasser a été Ronaldinho.

00:50:52 Je n'ai pas réalisé ce qu'il faisait.

00:50:54 Avec les cris du public, j'étais tellement content d'avoir marqué mon premier but.

00:50:59 Ensuite, quand j'y ai repensé au calme, sa manière de fêter ça, j'ai compris que je comptais pour lui.

00:51:05 Comme si c'était lui qui avait marqué.

00:51:08 Comme le ferait un père. Il avait un feeling particulier sur le terrain.

00:51:11 En plus, il s'amusait.

00:51:13 Incroyable.

00:51:15 Ronaldinho est quelqu'un de loyal.

00:51:17 Contrairement à certains qui se diraient "oh, Messi progresse beaucoup".

00:51:22 Dans le vestiaire, il trouvait une nouvelle idée et il s'entraînait jusqu'à ce qu'il la maîtrise.

00:51:26 Et le lendemain, il nous montrait ce qu'il avait appris.

00:51:29 Marias a dit un jour "Ronaldinho est un joueur de plage et Messi un joueur de rue".

00:51:34 Pour Messi, chaque match est un match de rue.

00:51:37 Il joue même les matchs les plus simples comme si son honneur était en jeu.

00:51:40 C'est incroyable.

00:51:42 Il joue encore pour gagner un vélo.

00:51:43 Ronaldinho est le meilleur joueur du monde.

00:51:45 Être son remplaçant est très impressionnant.

00:51:47 De quoi rêves-tu ?

00:51:49 De jouer dans la sélection argentine.

00:51:50 Les débuts de Messi dans la sélection argentine n'ont pas été faciles.

00:51:54 Le premier match de la Coupe du Monde en Allemagne.

00:51:56 Contre la Hongrie.

00:51:58 Il était sélectionné ?

00:52:00 Oui, dans l'équipe première.

00:52:01 Dans l'équipe nationale ?

00:52:02 Il reçoit le ballon. Un défenseur l'attrape par le maillot, il le frappe pour se dégager.

00:52:06 Et l'arbitre lui colle un carton rouge pour comportement violent.

00:52:09 De la folie.

00:52:13 Une folie de l'arbitre ?

00:52:14 Oui, une folie de l'arbitre.

00:52:15 Ah, d'accord.

00:52:16 Léo a été expulsé au bout de 30 secondes sur le terrain.

00:52:18 Il a pleuré dans le vestiaire, c'était dur pour lui.

00:52:21 Quel dommage. On attendait beaucoup de lui dans ce match.

00:52:24 Quand as-tu compris que c'était un joueur à part ?

00:52:28 Un de ces joueurs qui marquent leur époque.

00:52:32 Avec le match contre la Juventus, tout le monde a commencé à ouvrir les yeux.

00:52:36 Là, il s'est fait un nom.

00:52:38 On a parlé beaucoup plus de lui.

00:53:00 Ce qu'il a fait au Camp Nou, c'était impressionnant.

00:53:02 Il devait avoir 17 ans.

00:53:05 Ce qu'il a fait ce soir, c'est impressionnant.

00:53:09 Il a montré tout son talent contre une Juventus qui a tout fait pour gagner.

00:53:13 Ils ont fait beaucoup de foot pour tenter de l'arrêter.

00:53:17 Et d'arrêter Iniesta, qui l'a beaucoup aidé.

00:53:19 Il a donné du fil à retordre à la Juve, qui avait pourtant des joueurs de haut niveau.

00:53:28 Même Capello, leur entraîneur, a dit...

00:53:30 Je crois que je n'ai jamais vu un joueur avec autant de qualité à cet âge-là.

00:53:35 De la personnalité, de la vitesse. Il a tout.

00:53:39 Rijkaard et Capello ont eu une discussion sur la pelouse.

00:53:42 Capello a dit "Tu me le donnes ?"

00:53:44 Rijkaard a répondu "Non, pas question."

00:53:46 Il faut protéger un talent comme celui-ci.

00:53:49 Ce soir, il était fantastique.

00:53:51 C'était un plaisir pour le public de le voir jouer.

00:53:54 Personne ne l'avait jamais vu avant qu'il apparaisse au Camp Nou.

00:53:57 C'était la première fois qu'il criait "Messi, Messi, Messi".

00:54:00 A ce moment-là, tout le monde voulait renouveler son contrat.

00:54:15 C'est alors qu'ils ont réalisé que ce contrat était précaire.

00:54:17 Le contrat de Messi, il est toujours précaire. Il est précaire tous les jours.

00:54:21 Il a été renouvelé six fois. Six renouvellements.

00:54:23 Sa première sortie internationale, c'était contre Chelsea.

00:54:26 Du délire.

00:54:27 Je crois que De Lorno a dû faire des cauchemars de Messi une semaine entière.

00:54:30 Et le cinéma de Mourinho ?

00:54:32 Du cinéma ?

00:54:33 Du très bon cinéma.

00:54:37 Le match contre Chelsea à Stamford Bridge a marqué sa carrière.

00:54:41 De Lorno l'a puni bien au-delà de ce qu'un joueur peut supporter.

00:54:45 C'est la première fois que j'ai vu Messi dans un match d'une telle intensité.

00:54:49 Ce match m'a appris beaucoup sur Messi et surtout sur la terreur qu'il inspirait à ses rivaux.

00:54:55 On avait regardé Real Madrid-Barcelone ensemble dans un bar.

00:54:58 Il avait fait quoi ? Un triplet ?

00:55:01 Ça date.

00:55:02 Oui, un triplet.

00:55:03 Il a marqué les trois buts du Classico.

00:55:06 Énorme.

00:55:08 C'était énorme.

00:55:09 Ensuite est arrivé selon moi et de loin le meilleur entraîneur du monde.

00:55:14 De loin.

00:55:16 Le meilleur entraîneur du monde.

00:55:18 Et c'est ça qui m'a fait penser à lui.

00:55:21 Je pense que c'est un des meilleurs entraîneurs du monde.

00:55:24 Je pense que c'est un des meilleurs entraîneurs du monde.

00:55:27 Je pense que c'est un des meilleurs entraîneurs du monde.

00:55:30 Je pense que c'est un des meilleurs entraîneurs du monde.

00:55:34 Le meilleur entraîneur du monde. De loin.

00:55:36 Guardiola a trouvé une équipe où jouaient Messi, Eto'o, Ronaldinho et Henry.

00:55:42 Excusez du peu.

00:55:44 Ils avaient du pain sur la planche et ils ont agi très rapidement.

00:55:47 Adieu Ronaldinho.

00:55:49 Ronaldinho s'en va, il donne le 10 à Messi et on commence à se demander si...

00:55:54 La Porta a dit à Ronaldinho "on va s'arrêter là".

00:55:57 Ils ont pleuré tous les deux, ils se sont embrassés.

00:56:00 Puis La Porta est sortie, il a téléphoné à Jorge Messi.

00:56:03 Et il a dit "Léo, c'est toi le patron".

00:56:06 Il avait 21 ans, j'imagine qu'il a réagi en disant "vous virez mes amis, mon frère adoptif".

00:56:11 Mais très vite il a dû dire "on aura quelle équipe, quelle formation, quels joueurs viendront".

00:56:16 Je crois qu'à ce moment-là, le patron n'était pas Messi.

00:56:20 Je crois qu'à 21 ans, Messi n'était pas le patron du Barça.

00:56:23 C'est ce qu'ils lui ont vendu.

00:56:25 Le patron de Barcelone, c'était Guardiola.

00:56:27 Le leader qui a décidé de placer Messi au centre de la scène, c'est Guardiola.

00:56:32 Il l'a fait un jour très précis, quand le Barça a battu le Real 6-2

00:56:35 et qu'il a pratiquement viré Eto'o de l'effectif.

00:56:37 Il l'a placé en périphérie, à l'aile droite, et il a mis Messi dans l'axe comme un faux avant-centre.

00:56:43 C'était une décision symbolique qui signifiait "cette équipe va s'organiser autour de toi".

00:56:48 Parce que cette équipe n'avait pas encore été construite.

00:56:51 Mais ça n'a pas été une décision de Messi, ça a été une décision de Guardiola.

00:56:55 Messi a grandi entre autres raisons parce que Guardiola avait deviné qu'Eto'o était un leader tribal,

00:57:01 qui au lieu d'aider Messi, le surprotégeait, et qu'il valait mieux pour Messi qu'Eto'o ne soit plus là.

00:57:05 Ronaldinho est parti parce qu'il croyait que son pouvoir d'absorption affaiblissait le rôle de leader de Messi.

00:57:11 Il s'est alors retrouvé dans la situation de devoir assumer son rôle.

00:57:15 Mais c'est Guardiola qui a créé ce cadre.

00:57:18 Quand vous ouvrez la porte et que vous dites "bonjour", ils savent tous qui vous êtes.

00:57:24 C'est clair.

00:57:27 Quand Guardiola ouvre la porte d'un vestiaire, tout le monde sait comment il faut jouer.

00:57:31 L'entraîneur fait tout pour ça.

00:57:33 Et Barcelone a commencé à progresser avec lui comme leader.

00:57:37 Une génération à son service.

00:57:40 Personne n'a discuté.

00:57:42 Et ceux qui doutaient de Messi ont fini comme cadavres au Barça.

00:57:45 Que se serait-il passé si Cristiano Ronaldo avait joué à Barcelone et Messi pour Mourinho ?

00:57:51 Bonne question.

00:57:53 On aurait vu la même chose ?

00:57:56 Ronaldo aurait-il quitté Barcelone comme beaucoup de grands joueurs ?

00:57:59 Léo adore jouer au foot de rue avec ses potes.

00:58:03 Et il aime jouer avec ceux qui ont la même idée du foot que lui.

00:58:07 Il a surtout besoin d'être entouré de complices, si je puis dire.

00:58:10 De copains.

00:58:12 Finalement, ils sont en quelque sorte connectés.

00:58:15 Je te la passe, tu me la passes.

00:58:17 Je me souviens quand Zlatan est venu ici un an.

00:58:19 C'était un joueur beaucoup plus anarchique.

00:58:21 C'était aussi un super joueur, mais il avait du mal à se connecter avec lui.

00:58:25 Messi doit-il jouer avec les meilleurs ou avec ceux qui le comprennent le mieux ?

00:58:28 Avec ceux qui le comprennent le mieux.

00:58:30 Ceux qui le comprennent.

00:58:32 Ça peut être les meilleurs ?

00:58:34 Certains attaquants ont dû partir parce que ça ne fonctionnait pas avec Léo.

00:58:37 Villa, Eto'o, Boyan Karkic, Ibrahimovic.

00:58:40 On joue de cette façon à Barcelone.

00:58:42 Si vous voulez jouer autrement, changez d'équipe.

00:58:44 Ibra était un obstacle, un défenseur de plus.

00:58:46 Oui, une barrière.

00:58:48 Messi a besoin de perspective.

00:58:50 Quand Messi a le ballon, tu te dis "je dois l'aider".

00:58:53 Et le laisser jouer les 1 contre 1.

00:58:54 Ça veut dire quoi "aider" ? Offrir à son coéquipier les meilleures conditions.

00:58:57 C'est ça "aider".

00:58:59 La première chose qu'il faut définir, à mon avis, c'est pourquoi est-ce un joueur hors normes.

00:59:04 Oui.

00:59:06 Le football n'est pas quelque chose de très mystérieux, pas une histoire de 4-3-4 ou autre numéro de téléphone.

00:59:11 Dans le football, il y a quatre actions.

00:59:13 Définir, concevoir, récupérer et défendre.

00:59:17 Quatre actions.

00:59:19 Messi était d'abord un formidable définisseur.

00:59:22 D'abord comme hélié sur un côté, mais ensuite...

00:59:24 On a découvert une nouvelle position, le faux numéro 9.

00:59:27 Un faux 9.

00:59:29 Il a trouvé un poste où il exploite au mieux ses qualités.

00:59:31 C'est certain. Et tout le mérite revient à Guardiola.

00:59:34 Il joue dehors, il joue dedans, peu importe.

00:59:37 Il joue comme un dieu.

00:59:39 Il ne manquerait plus qu'il défende bien.

00:59:41 Et le sprint de l'autre jour contre Kuhn.

00:59:48 Mon père, Roré Messi, m'a parlé du jour où il a découvert que son fils était un phénomène.

00:59:52 Il m'a dit qu'ils avaient fait un cercle avec Messi au centre.

00:59:55 Il se passait le ballon et dès qu'il est rentré, il s'est jeté dans les jambes de celui qui avait le ballon et l'a récupéré.

01:00:01 Il voulait absolument la balle.

01:00:03 Messi a besoin du ballon.

01:00:05 Ça c'est vrai.

01:00:07 C'est comme si un violoniste ne pouvait avoir son violon que toutes les deux minutes.

01:00:10 À toi de jouer maintenant.

01:00:12 Comme si l'orchestre jouait pendant une heure et que le soliste, le virtuose, ne jouait que deux notes.

01:00:18 Quand Messi n'a pas le ballon, c'est un joueur ordinaire.

01:00:21 Que vous donniez à Messi, 30 ballons ou 5 ?

01:00:24 J'ai vu un match en Argentine où Messi n'a touché que 4 ballons.

01:00:29 Il faudrait un miracle pour marquer 4 fois avec 4 possessions de balles.

01:00:33 On voudrait que Messi ait toujours le ballon.

01:00:35 Parce qu'on sait qu'au minimum, il le passera toujours à quelqu'un qui porte le même maillot.

01:00:40 Et là, on respire.

01:00:43 Vous savez ce que c'est.

01:00:46 Un jour, on s'était réunis.

01:00:47 J'ai fait sortir Maradona et j'ai demandé à tout le monde

01:00:50 "Combien de ballons vous allez donner à Maradona ?"

01:00:53 Là, ils m'ont regardé et j'ai dit "Tous".

01:00:57 Voilà pourquoi pour son jeu, un Busquets, un Xavi, un Iniesta sont essentiels pour qu'ils puissent jouer.

01:01:04 D'autant plus que, quand ils peuvent se voir, leurs regards sont à la même hauteur car ils font la même taille.

01:01:10 Le même poids.

01:01:12 Non, la taille c'est très important. Tu vois tout.

01:01:16 Vous n'avez pas idée de l'importance pour la carrière d'un joueur

01:01:20 de pouvoir compter sur 3 ou 4 joueurs sur le terrain.

01:01:23 On pourrait se distribuer des médailles et dire que c'est vrai.

01:01:26 Mais, Léo et Léo, peu importe avec qui ils jouent.

01:01:29 J'ai entendu Cruyff dire un jour qu'à l'origine de tout ça, il y avait Xavi.

01:01:34 Il maintient toujours un certain rythme.

01:01:37 Xavi a le ballon et il fait une passe rapide à Messi quand il est libre et qu'il peut démarrer.

01:01:44 C'est pas "je passe le ballon, on verra bien".

01:01:47 Maintenant, il y a aussi Iniesta. Et lui, c'est une autre histoire.

01:01:51 Tu t'entends très bien avec lui.

01:01:55 Quand tu lui fais la dernière passe et qu'il s'arrête...

01:01:58 Tu sais que quand tu la passes, il te la renverra à la perfection. Un 1-2 parfait.

01:02:03 Ce sont de bons joueurs avec le même profil.

01:02:05 Ils sont connectés. Connectés, oui.

01:02:07 Je réussirai jamais à faire un 1-2 avec lui. Jamais.

01:02:11 Je suis désolé.

01:02:13 Le temps est terminé pour le Barça.

01:02:14 Il y a le centre de Dani Alves. Le ballon est libéré par Thierry.

01:02:17 Il le déplace bien. Samuel et Thau. Il le met pour Messi.

01:02:19 Il le met pour l'Argentin. Messi est dans l'arrière. Il laisse la balle pour Andrés Iniesta.

01:02:22 Il le fait. Et c'est bon !

01:02:25 David !

01:02:30 Del Barça !

01:02:34 Andrés Iniesta a marqué !

01:02:39 Le 3e match !

01:02:42 Spectaculaire pour le Barça !

01:02:45 Il va se mettre en finale de la Ligue des Champions !

01:02:48 En Rome, Andrés Iniesta !

01:02:51 Léo Messi ! Le Barça sera en Rome !

01:02:55 Les gens croient souvent que le football se joue surtout avec les pieds.

01:03:00 Je dis qu'on joue avec sa tête et qu'on utilise ses pieds.

01:03:05 Ce qui me plaît, c'est qu'on peut toujours transformer un défaut en avantage.

01:03:09 Un petit joueur ne rivalise pas avec un grand.

01:03:12 Sa zone de contrôle est inférieure.

01:03:15 Il ne peut pas attaquer frontalement.

01:03:18 Il est plus bas. Quand il pousse, il pousse ici.

01:03:21 À une époque, Barcelone avait beaucoup de petits joueurs.

01:03:24 Et presque tous possédaient cette qualité.

01:03:27 Ils profitaient des chocs, car quand on te pousse, tu récupères de la vitesse.

01:03:30 Quand on me dit "les petits ne font pas de tête", j'aimerais faire les mêmes que lui.

01:03:34 Il a un marteau dans la tête.

01:03:35 Il y a une photo de la finale. C'était la Champions League, non ?

01:03:39 Quel but ?

01:03:41 Une hauteur incroyable.

01:03:42 Un bon stupéfiant.

01:03:50 J'ai entendu que Piqué, à l'entraînement...

01:03:56 J'ai souvent vécu ça à l'entraînement, quand je devais le marquer en défense.

01:04:00 Il te donne l'impression que tu sais de quel côté il partira.

01:04:03 Qu'il fera ceci.

01:04:04 Que tu sais ce qu'il fera, qu'il partira par là.

01:04:06 Je sais par où il sortira.

01:04:08 Mais même en le sachant, tu ne peux pas l'arrêter.

01:04:10 Et il sort.

01:04:11 Et il part.

01:04:12 Exact. Et il part.

01:04:13 Oui.

01:04:14 On a l'impression que s'il a envie de te passer, il le fait.

01:04:17 Et s'il n'en a pas envie, il ne le fait pas.

01:04:19 Il joue avec toi.

01:04:20 On savait quand il allait toucher le ballon.

01:04:25 On croit avoir deux contacts, mais il n'y en a qu'un seul.

01:04:28 Il peut le toucher ou pas.

01:04:32 Qu'il le touche ou pas, c'est pareil.

01:04:34 Mais si tu fais un pas en arrière, il recule toujours.

01:04:36 Quand j'entends les gens chanter les louanges de Messi...

01:04:39 Évidemment, regardez ça.

01:04:42 C'est bien plus important, bien mieux que de marquer un but.

01:04:45 Beaucoup de joueurs sont capables de marquer de beaux buts.

01:04:47 Quand Messi récupère le ballon, il n'hésite jamais.

01:04:58 De quoi il avait l'air ?

01:05:00 D'un monstre.

01:05:01 J'avais rarement vu un joueur courir aussi rapidement avec la balle au pied.

01:05:04 Très rarement.

01:05:05 Son gros avantage quand il court avec le ballon,

01:05:08 c'est qu'il fait deux foulées quand les défenseurs n'en font qu'une.

01:05:12 Ça veut dire que pendant ce temps-là, il peut aller à droite ou à gauche.

01:05:15 Et il n'y a pas de défenseur.

01:05:17 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:18 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:19 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:20 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:21 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:22 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:23 Il n'y a pas de défenseur.

01:05:24 Ça veut dire que pendant ce temps-là, il peut aller à droite ou à gauche.

01:05:27 Exact.

01:05:28 Encore une fois, c'est un gros avantage.

01:05:31 À chaque foulée, il a la possibilité de changer de direction ou de modifier le sens de l'action, non ?

01:05:36 C'est ça.

01:05:37 Voilà pourquoi il doit faire autant de contacts.

01:05:39 Si Barcelone a autant de succès, c'est à cause du nombre de contacts.

01:05:43 Autour de lui, on sait qu'il doit faire autant de contacts.

01:05:46 Le côté magique de Barcelone.

01:05:48 Même en ralenti, il paraît rapide.

01:05:50 On dirait qu'il avance à une autre vitesse.

01:05:52 Même en ralenti.

01:05:54 Il contrôle à une vitesse hallucinante.

01:05:57 C'est pareil quand il s'énerve sur quelqu'un et qu'il fait un petit pont.

01:06:02 En fait, il pourrait tirer n'importe quand, mais il ne le fait pas.

01:06:06 Il est tellement rapide.

01:06:07 Il fait ce qu'il veut quand il veut.

01:06:09 L'autre jour, il a marqué un but.

01:06:10 Iniesta a passé la balle à Alexis Sanchez et Messi l'a récupérée au milieu du genre "Excusez-moi, je peux la prendre ?"

01:06:15 Il l'a contrôlée avant de l'envoyer dans le seul endroit où elle pouvait passer.

01:06:18 Voilà pourquoi il est Messi.

01:06:20 C'est de la magie.

01:06:21 Les endroits les plus étroits, les endroits les plus astucieux.

01:06:24 Il sort le lapin du chapeau.

01:06:26 Pour marquer ou passer en profondeur ?

01:06:28 Il fait un changement à 30 mètres.

01:06:30 Comme les Coufrants.

01:06:31 Les Coufrants, par exemple.

01:06:32 Oui, il est gauché, je sais.

01:07:01 Mais son pied droit ne lui sert pas seulement à marcher.

01:07:04 Non, il a souvent marqué du pied droit.

01:07:06 Très peu de gauchers sont bons du pied droit.

01:07:08 Il est moins gauché que Maradona dans le sens où Maradona, quand il arrivait à se déporter sur la droite, faisait le coup du foulard.

01:07:14 Il utilisait un truc...

01:07:15 Il devait inventer un truc.

01:07:17 Pour ne pas utiliser son pied droit.

01:07:18 En revanche, Messi utilise son droit si nécessaire.

01:07:21 Un des pieds est toujours meilleur que l'autre.

01:07:23 Bien sûr.

01:07:24 Mais si le ballon vient de la droite, il faut le faire rentrer.

01:07:27 Et tu ouvres beaucoup plus si tu en es capable.

01:07:29 Et dans la sélection ?

01:07:31 Dans la sélection ?

01:07:33 Il jouait librement.

01:07:35 De toute façon, il fallait le marquer, non ?

01:07:37 Bien entendu, mais...

01:07:38 Impossible de le laisser seul.

01:07:39 Mais on peut le marquer de différentes façons.

01:07:41 Oui, oui.

01:07:42 Avec Messi, le 1 contre 1, ça ne suffit pas.

01:07:44 Il faut toujours chercher le 1 contre 2.

01:07:50 Pour le marquer, il faut oublier le règlement, non ?

01:07:52 Oui, pas de coup, mais...

01:07:57 Ça me fait mal quand il se fait tacler ou quand il tombe.

01:08:00 Je ne supporte pas ça.

01:08:05 Il est tellement précis qu'il n'a pas besoin de tirer fort,

01:08:08 parce qu'elle rentre.

01:08:11 Le ballon part toujours sur le côté.

01:08:14 Il vise toujours le plus loin possible du gardien.

01:08:17 Il a battu tous les records.

01:08:19 Un coup du chapeau, c'est banal pour lui.

01:08:21 Quand il marquait un seul but, on trouvait ça léger.

01:08:23 On était habitués à...

01:08:25 L'anormal était normal, surtout à l'entraînement.

01:08:28 Je pense que là, les gens ratent beaucoup de choses.

01:08:30 J'ai jamais envie de jouer contre lui, moi.

01:08:32 Personne.

01:08:34 Les gens, ils attendent quoi ?

01:08:36 Un double salto avant le but ?

01:08:39 Il a un avantage, c'est que le public ne voit pas la beauté du but.

01:08:43 Seulement que le ballon est rentré.

01:08:45 Comment ? Ça intéresse qui ?

01:08:47 Que ce soit de l'intérieur du pied, un pointu, ça peut être n'importe quoi.

01:08:51 Moi, c'est ça qui me plaît.

01:08:53 Le double pont, le double petit pont, c'est un peu pour la galerie.

01:08:55 C'est du cirque.

01:08:57 Il fait juste le nécessaire.

01:08:59 Il est économe dans le luxe.

01:09:01 Il respecte l'adversaire.

01:09:03 Il peut aussi dépasser les limites, non ?

01:09:05 Parce qu'autrement, on serait en train de parler d'une statue.

01:09:07 Bien sûr.

01:09:09 Et pour des bricoles, parfois.

01:09:11 Quand Léo est énervé, quand il perd, il est insupportable.

01:09:14 Toi aussi, tu peux être le roi des casse-pieds.

01:09:16 T'arrêtes pas de me tanner.

01:09:18 Tu finis par me mettre hors de moi.

01:09:20 C'est vrai.

01:09:22 C'est le jeu.

01:09:24 Si vous ne savez pas qui est derrière vous, lui, il le sait.

01:09:26 Toujours.

01:09:28 La vision panoramique, d'où vient l'adversaire, la position des coéquipiers,

01:09:30 l'espace disponible pour manœuvrer, c'est un don.

01:09:32 Je pense que le grand tournant dans le football espagnol a été le match Madrid-Barça,

01:09:38 la première année de Mourinho.

01:09:40 Un match compliqué pour le Barça.

01:09:42 Pepe s'est fait expulser.

01:09:44 Vous vous souvenez ?

01:09:46 Oui.

01:09:48 L'herbe était haute, entre autres.

01:09:50 Et avait joué la finale de la Champions League, la face du football espagnol aurait changé.

01:09:56 Messi les a stoppés par une action stratosphérique extraordinaire.

01:10:02 Il s'est emparé du ballon au centre du terrain.

01:10:04 Il a échappé à trois joueurs et il a marqué un but incroyable.

01:10:08 Je crois que ça a mis fin au Madrid de Mourinho.

01:10:10 Même si Madrid a gagné la Liga l'année suivante, on sentait que le Barça était toujours aux commandes.

01:10:15 Messi a été absolument décisif.

01:10:17 Dans ce match, c'est toujours nous qui régnons.

01:10:20 Il a gagné en jouant dans un style purement maradonien.

01:10:23 Selon moi, on a assisté à un moment quasi historique dans le football espagnol.

01:10:27 Les problèmes de Madrid avec Barcelone étaient surtout psychologiques.

01:10:30 Je crois que dans ces matchs, Messi a pesé d'un poids absolument énorme.

01:10:34 C'est sûr.

01:10:36 On sent que tout commence et finit avec Messi au moment où Madrid va trop loin.

01:10:40 C'est l'opportunité pour marquer, depuis le point de pénalty de Messi.

01:10:44 La gare de concentration.

01:10:46 Qu'est-ce que tu sais faire ?

01:10:59 T'es tout.

01:11:00 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:11:07 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:11:09 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:11:11 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:11:13 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

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01:13:03 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:13:05 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:13:07 Tu vas devenir le plus grand joueur du monde.

01:13:09 Vous êtes tous d'accord ?

01:13:11 Pourquoi ?

01:13:13 Pour une mise en scène, une comédie dont je serais un des personnages.

01:13:15 On est là pour dîner.

01:13:17 Vous cherchez, dans tous vos commentaires, à faire des comparaisons.

01:13:19 Vous cherchez, dans tous vos commentaires, à faire des comparaisons.

01:13:21 Vous vous rendez compte ?

01:13:23 Ce qu'on voit là, il le faisait déjà tout petit.

01:13:25 Il doit avoir 7 ou 8 ans.

01:13:27 Ils l'ont fait venir à la mi-temps d'un match de New-Hells.

01:13:29 Il a fait 300 ou 400 jongles sans perdre le ballon.

01:13:31 Quand on regarde Maradona, puis Messi,

01:13:33 on peut dire, ils sont semblables.

01:13:35 La différence, c'est qu'il n'y a pas de ballon.

01:13:37 Ils sont semblables.

01:13:39 La différence, c'est qu'il est beaucoup plus petit.

01:13:41 Oui.

01:13:43 L'autre est plus mûr.

01:13:45 Mais c'est pas un showman.

01:13:47 Diego, par exemple.

01:13:49 Avec l'orange.

01:13:51 Oui, avec la boîte de conserve, l'orange, le bouchon.

01:13:53 Je pense que ça l'amuse pas.

01:13:55 Non.

01:13:57 C'est resté un garçon simple.

01:13:59 C'est ce que je disais.

01:14:01 Il n'aime pas s'exhiber.

01:14:03 Il a toujours été humble.

01:14:05 Tu contrôles bien. Pourquoi tu l'admires ?

01:14:07 Tu veux l'imiter ?

01:14:09 Non.

01:14:11 Voilà le style

01:14:13 dont je parle toujours.

01:14:33 Il ressemble tellement au but de Maradona

01:14:35 contre les Anglais.

01:14:37 Identique.

01:14:39 Oui, ils couvrent la même distance.

01:14:41 Ils rencontrent les mêmes obstacles

01:14:43 sur sa trajectoire.

01:14:45 Maradona joue plus sur les changements de rythme.

01:14:47 Il doit les feinter parce qu'il est moins rapide

01:14:49 que Messi.

01:14:51 Par contre, Messi est tout en accélération.

01:14:53 Mais à la base, ils sont très différents.

01:14:55 Les deux sont gauchers,

01:14:57 mais l'un est plus rapide que l'autre.

01:14:59 Maradona cache la balle, la montre.

01:15:01 C'est une autre époque,

01:15:03 un autre football, d'autres adversaires.

01:15:05 On ne peut pas comparer les défenseurs anglais de l'époque

01:15:07 avec ceux d'aujourd'hui.

01:15:09 C'était il y a 30 ans. C'est impossible.

01:15:11 Maradona est un mythe, n'est-ce pas ?

01:15:13 Ce qu'il a fait en 1986

01:15:15 contre l'Angleterre après la guerre d'Hemelwin.

01:15:17 Maradona conduit une équipe

01:15:19 tandis que Léo définit la partie.

01:15:21 Maradona lui-même

01:15:23 a fait une excellente comparaison en disant

01:15:25 "J'ai une meilleure vision du terrain

01:15:27 et Léo une meilleure vision des cages."

01:15:29 Messi possède ces deux qualités.

01:15:31 Maradona a une auréole,

01:15:33 il porte son équipe, il insulte les supporters

01:15:35 et il siffle l'hymne national.

01:15:37 Léo porte son équipe en jouant.

01:15:39 Oui, en jouant.

01:15:41 Il s'impose par son autorité naturelle.

01:15:43 Les gens, ses coéquipiers...

01:15:45 Pas en tirant.

01:15:47 Non, il n'impose rien.

01:15:49 Messi est Maradona,

01:15:51 mais pas le Maradona qu'on a pu voir parfois.

01:15:53 Messi est Maradona tous les jours.

01:15:55 Non, chaque minute.

01:15:57 Je me souviens de certains matchs de Maradona à Naples

01:15:59 où il semblait avoir disparu du terrain.

01:16:01 Je ne suis pas d'accord.

01:16:03 Non ?

01:16:05 Non, Maradona a inventé Naples.

01:16:07 Et Messi a inventé Barcelone.

01:16:09 Messi a ajouté à cette oeuvre d'art

01:16:11 tout ce que vous voulez.

01:16:13 Les yeux, les cheveux,

01:16:15 le dernier coup de pinceau.

01:16:17 Mais le FC Naples,

01:16:19 c'était une bande de types qui couraient dans tous les sens.

01:16:21 Jouer à Naples,

01:16:23 c'était la classe ouvrière italienne

01:16:25 qui battait les puissants de Milan.

01:16:27 Maradona, c'est une épopée.

01:16:29 Toutes les planètes étaient alignées.

01:16:31 Voilà pourquoi la comparaison est injuste.

01:16:33 Léo, c'est Léo, et Diego, c'est Diego.

01:16:35 Et Léo sera toujours Léo et sera toujours notre ami.

01:16:37 Si vous me demandez aujourd'hui

01:16:39 qui est le meilleur entre Léo et Diego,

01:16:41 je vous répondrai mille fois Léo.

01:16:43 Je ne veux pas me prononcer.

01:16:45 C'est mon opinion.

01:16:47 Nous, les Argentins, on aime les comparer sur tout.

01:16:49 Sur le nombre de buts semblables qu'ils ont marqués, par exemple.

01:16:51 Vous avez vu celui avec la main ?

01:16:53 C'est aussi avec la main ?

01:16:55 Regardez, celui de Léo avec la main, c'est le même que celui de Maradona.

01:16:57 Incroyable.

01:16:59 Si Maradona avait marqué ce but de la main

01:17:07 mais n'avait pas marqué l'autre but,

01:17:09 personne ne se souviendrait de la main.

01:17:11 Non.

01:17:13 Ils se souviennent du but de la main parce que c'était contre les Anglais.

01:17:15 Mais malgré cette main, il a été le meilleur joueur de toute cette coupe.

01:17:17 C'est le même.

01:17:19 Exactement, c'est un miracle, une chorégraphie.

01:17:21 Les excess de chance, les excès de Diego en dehors du terrain,

01:17:23 il n'y a pas ça chez Léo.

01:17:25 Il faut faire taire Maradona.

01:17:27 C'est négatif pour le personnage public, mais excellent pour le joueur.

01:17:29 Diego a beaucoup plus souffert dans sa vie.

01:17:31 Ce sont peut-être les erreurs que Léo ne fait pas

01:17:33 qui le rendent meilleur

01:17:35 que Maradona.

01:17:37 Mais si, c'est l'Argentin qu'on aimerait être.

01:17:41 Peut-être.

01:17:43 L'Argentin bien élevé qui part conquérir le monde.

01:17:45 Diego, c'est l'Argentin que nous sommes.

01:17:47 Un Argentin plus bagarreur, plus excessif.

01:17:49 Il instaure une relation avec les gens.

01:17:51 Léo ne s'est jamais fait exclure sur une faute

01:17:53 pendant une coupe du monde.

01:17:55 J'arrête là les comparaisons, tu t'en es déjà chargé.

01:17:57 Tu ne m'écouteras pas.

01:17:59 Je reste les bras croisés et je ne dis plus rien.

01:18:01 Parce qu'on peut tout comparer.

01:18:03 Non, je ne compare pas.

01:18:05 Je ne veux pas entrer dans les comparaisons.

01:18:07 Je vais répéter la même chose.

01:18:09 Mais si.

01:18:11 Que ce sont deux joueurs extraordinaires, les meilleurs joueurs du monde,

01:18:13 les meilleurs joueurs de tous les temps,

01:18:15 mais que je n'aime pas entrer dans les comparaisons.

01:18:17 Quand on lui pose la question,

01:18:19 il dit qu'il ne faut pas les comparer.

01:18:21 À mon avis, Maradona était meilleur.

01:18:23 Mais je ne sais pas pourquoi il était le meilleur.

01:18:25 C'est le seul que je qualifie de meilleur.

01:18:27 Mais tous les suivants sont des craques.

01:18:29 Je remercie Dieu que Messi existe.

01:18:33 S'il n'était pas là,

01:18:35 on parlerait encore de Maradona.

01:18:37 Ce serait ridicule.

01:18:39 Par conséquent, il ne faut pas comparer.

01:18:41 Juste en profiter.

01:18:43 Qui est ton idole parmi les joueurs ? Maradona.

01:18:45 Léo, je veux juste dire que je t'aime beaucoup.

01:18:47 Que tu assures.

01:18:49 Laisse les autres dire

01:18:51 que tu seras le meilleur joueur de tous les temps.

01:18:53 On en reparlera quand tu seras en fin de carrière.

01:18:55 Pour le moment, fais-toi plaisir.

01:18:57 Profite de ta famille.

01:18:59 Je t'aime beaucoup, Léo. Vraiment.

01:19:13 Messi n'a quasiment jamais... Mal joué.

01:19:15 Mal joué. Sur 100 matchs que j'ai vus,

01:19:17 je l'ai vu mal jouer trois fois.

01:19:19 C'est pas un robot.

01:19:21 C'est un gamin.

01:19:23 Je l'ai vu seulement deux fois se faire siffler par le stade.

01:19:25 En Copa America à Santa Fe

01:19:27 et au Monumental contre la Bolivie.

01:19:29 Oui, contre la Bolivie. L'élimination.

01:19:31 Je crois que le public a réagi contre l'équipe entière.

01:19:33 Quand une équipe joue affreusement mal,

01:19:35 ils ne s'en prennent pas à l'hilier droit, mais à la star.

01:19:37 Le coup franc, tu t'en souviens ?

01:19:39 Mais comment ? Il a tiré n'importe où.

01:19:41 Et il s'est fait siffler.

01:19:43 Tant mieux s'ils l'ont sifflé.

01:19:45 J'en aurais fait autant.

01:19:47 Si j'avais été son entraîneur, je lui aurais dit

01:19:49 "Je peux pas te laisser faire ça. Ne recommence pas."

01:19:51 Pourquoi c'est surtout lui qu'ils ont sifflé ?

01:20:09 Ils ont sifflé l'équipe.

01:20:11 C'est lui qu'ils ont sifflé.

01:20:13 Il est sorti sous les sifflets, c'est différent.

01:20:15 Voilà, c'est lui qu'ils ont sifflé.

01:20:17 C'était un autre Messi.

01:20:19 Les gens répètent souvent ce qu'ils entendent, non ?

01:20:21 Une partie de la presse s'est emparée de l'histoire.

01:20:23 Les gens ont cru qu'il ne s'impliquait pas dans son équipe.

01:20:25 Il y avait des blagues sur Messi.

01:20:27 Quand je parle avec les gens,

01:20:29 ils me disent...

01:20:31 Il est nul ! C'est une bille, il voit rien !

01:20:33 J'avais toujours supporté, mais là, c'est plus possible.

01:20:35 Arrêtez les conneries, c'est un moins que rien,

01:20:37 ce mec-là, c'est une escroquerie !

01:20:39 J'étais très mal quand ils ont commencé à le critiquer.

01:20:41 Tu en souffres aussi.

01:20:43 Le gamin se décarcasse pour jouer en sélection,

01:20:45 et ils le critiquent.

01:20:47 C'est un touriste, il se promène sur le terrain.

01:20:49 Rien à voir avec Maradona.

01:20:51 Ne soyez pas méchant.

01:20:53 Ils lui ont reproché de ne pas chanter l'hymne.

01:20:55 Alors, la prof de musique ?

01:20:57 Je suis certaine de lui avoir appris l'hymne national.

01:20:59 J'étais à Santa Fe, on jouait l'hymne national.

01:21:01 Tout le monde, et lui aussi, savait que c'était injuste.

01:21:03 On sentait qu'il y avait beaucoup d'émotion.

01:21:21 On pense à beaucoup de choses.

01:21:23 Il n'est pas obligatoire de chanter l'hymne national pour être argentin.

01:21:29 Je suis parti 5 minutes en avance,

01:21:31 pour éviter d'entendre les commentaires du public sur Léo.

01:21:33 Quand les gens tombent là-dedans,

01:21:39 c'est d'une médiocrité épouvantable.

01:21:41 Je ne chante jamais l'hymne.

01:21:43 Ça ne m'intéresse pas.

01:21:45 Le plus important, c'est qu'il n'a pas joué pour l'Espagne,

01:21:47 tout à fait,

01:21:49 mais qu'il a voulu jouer pour l'Argentine.

01:21:51 Je me souviens qu'il a dit à Golpé qu'il fallait arrêter de le critiquer et le laisser tranquille.

01:21:53 Il a failli quitter la sélection.

01:21:57 Un jour, il se fatiguerait et ne viendrait plus.

01:21:59 Pour le moment, il vient toujours.

01:22:01 Léo est plus argentin que moi.

01:22:03 Il a toujours l'Argentine et Rosario dans la tête.

01:22:05 Revenir à Rosario, y jouer,

01:22:07 profiter de toutes les choses dont il a été privé enfant, non ?

01:22:09 Messi vit en Espagne depuis ses 13 ans.

01:22:13 Il parle le rosarien.

01:22:15 Il ne parle pas l'argent, il parle le rosarien.

01:22:17 À Barcelone, on m'a dit que Léo est un joueur

01:22:21 qui quitte Rosario chaque matin,

01:22:25 entraîne à Barcelone

01:22:27 et rentre ensuite en avion à Rosario

01:22:29 à la fin de l'entraînement.

01:22:31 C'est tout Léo.

01:22:33 Il est plus argentin que le tango.

01:22:35 Il y a eu un déclic dans la sélection argentine.

01:22:47 C'est le match de Barranquilla.

01:22:49 C'était à l'époque de Sabella.

01:22:51 Sabella est ici ?

01:22:53 Il est là.

01:22:55 À partir de ce jour-là, c'est devenu la sélection de Messi.

01:22:57 Et Messi a été le patron de cette équipe.

01:22:59 Ça a été le déclic.

01:23:01 Il a peut-être commencé à jouer plus à sa façon

01:23:03 qu'à celle que tu avais imaginée.

01:23:05 Il arrive souvent dans le football

01:23:09 que certains matchs marquent une étape.

01:23:11 "Si, seigneur, a gagné l'Argentine !"

01:23:13 Il faut essayer de comprendre chaque joueur.

01:23:17 Même si vous avez le meilleur joueur du monde,

01:23:19 il faut essayer de le comprendre.

01:23:21 Il m'a dit que j'étais dans le vestiaire.

01:23:23 Il m'a dit "Mon jeu en sélection aujourd'hui."

01:23:25 Il m'a dit "C'est le jeu que j'aime.

01:23:27 Les passes depuis les ailes."

01:23:29 Et j'avais Kun Agüero.

01:23:31 Il avait plus d'options.

01:23:33 Il est habitué à ça au Barça.

01:23:35 Ce qui est intéressant, c'est que quand il n'est pas là,

01:23:37 il est là.

01:23:39 On croit qu'il n'est pas là,

01:23:41 mais il est là.

01:23:43 On croit qu'il n'est pas là,

01:23:45 et tout à coup, il s'empare du ballon

01:23:47 et fait un carnage.

01:23:49 Comme à Barcelone.

01:23:51 On ne voulait pas l'admettre, mais maintenant, c'est chose faite.

01:23:53 Il a été champion du monde avec les juniors.

01:23:55 Et aussi champion olympique.

01:23:57 Être trois fois champion et être le meilleur du monde,

01:23:59 c'est le summum.

01:24:01 Les gens disent souvent "Il n'a pas gagné le mondial."

01:24:03 Mais il a reçu quatre ballons d'or et il est le seul.

01:24:05 Oui, mais on pointe toujours ce qui vous manque.

01:24:07 Exactement.

01:24:09 Je pense qu'il est le meilleur même sans être champion.

01:24:11 Je parle de sa carrière.

01:24:13 Ce serait parfait avec une Coupe du monde.

01:24:17 Un jour, on reprendra les Malouines avec Messi comme général.

01:24:19 Et on lui reprochera de ne pas porter une cocarde.

01:24:21 Quand tu fais une interview de Messi,

01:24:25 c'est à mourir d'ennui.

01:24:27 C'est un pur esprit.

01:24:29 Il enfile les clichés comme des perles.

01:24:31 Jamais on ne découvrira

01:24:33 quelque chose de négatif sur lui.

01:24:35 À une époque, les journaux ont parlé des problèmes fiscaux de Léo.

01:24:39 Envoyez-moi les questions et j'y répondrai.

01:24:41 Il a répondu depuis l'hôtel de la sélection, par mail.

01:24:45 Il est capable d'esquiver encore mieux que sur le terrain.

01:24:47 C'est mon unique interview par mail.

01:24:51 Je suis un homme de radio.

01:24:53 C'était une nouvelle expérience.

01:24:55 Il y a toujours des gens qui interfèrent.

01:24:57 Ils ne peuvent pas virer les masseurs de confiance

01:24:59 d'Iniesta ou de Xavi.

01:25:01 Eux peuvent le faire, pas la direction.

01:25:03 Il est l'homme qui doit mettre fin à ça.

01:25:07 Messi est-il capable de dire ce qui convient à l'équipe,

01:25:09 ce qui est bon pour le club ?

01:25:11 Doit-il ou ne doit-il pas le faire ?

01:25:13 La réponse ramone est oui.

01:25:15 Je dis que c'est oui.

01:25:17 Il a fini par s'isoler et par changer de numéro de téléphone.

01:25:19 Sinon, il était harcelé.

01:25:21 Depuis la Coupe du Monde, je n'ai pas parlé à Léo.

01:25:23 Non, je ne lui ai plus parlé.

01:25:27 Je ne te crois pas.

01:25:29 Je ne voulais pas l'embêter.

01:25:31 Tout à fait.

01:25:33 On communiquait et puis j'ai perdu...

01:25:35 Ton portable.

01:25:37 J'ai perdu mon portable, oui.

01:25:39 Quand on est passé dans sa vie et qu'on le voit courir,

01:25:41 on se dit "une de ces gouttes de transpiration m'appartient".

01:25:43 Pour nous, c'est déjà un héros.

01:25:53 Il n'a plus rien à nous prouver.

01:25:55 Levons nos voeux.

01:26:01 On ne peut pas nous laisser faire.

01:26:03 On ne peut pas nous laisser faire.

01:26:05 On ne peut pas nous laisser faire.

01:26:07 Levons nos verres.

01:26:09 Un Messie.

01:26:11 Un Messie.

01:26:13 Un Messie.

01:26:15 Un Messie.

01:26:17 (musique épique)

01:26:24 (cris d'enfants)

01:26:29 (musique épique)

01:26:30 (cris d'enfants)

01:26:33 (musique épique)

01:26:34 (cris d'enfants)

01:26:40 (musique épique)

01:26:41 (cris d'enfants)

01:26:46 (cris d'enfants)

01:26:49 (musique douce)

01:26:52 (musique douce)

01:26:55 (musique douce)

01:26:58 (musique douce)

01:27:01 (musique douce)

01:27:04 (musique douce)

01:27:07 (musique douce)

01:27:10 (en espagnol)

01:27:12 - On a vécu tous les deux un moment très important.

01:27:16 On devait avoir 11 ou 12 ans, et sa grand-mère était décédée.

01:27:21 Il m'a dit "Viens avec moi au cimetière pour voir ma grand-mère."

01:27:26 Je lui ai dit "D'accord, allons-y, mais c'est loin."

01:27:29 On était petits et on n'avait aucune idée de ce qu'il y avait en dehors de notre quartier.

01:27:35 C'était terrible.

01:27:37 Ça a été une véritable odyssée à travers ces quartiers très pauvres.

01:27:42 Les gens regardaient ces deux gamins, plus ou moins bien habillés.

01:27:47 On a fini par atteindre le cimetière pour voir sa grand-mère.

01:27:51 - Elle a eu une influence essentielle. - C'est évident.

01:27:54 - Parce qu'elle lui a transmis un certain optimisme... - C'est vrai.

01:27:57 - Elle lui a transmis ça. - En ce qui concernait son obsession,

01:28:00 devenir joueur de foot. - Il a beaucoup souffert de sa disparition.

01:28:04 On a mis des heures pour rentrer. On nous a demandé où on était partis.

01:28:16 On a répondu "On est allé voir la grand-mère de Léo."

01:28:20 Vous imaginez le lien qu'il avait avec sa grand-mère pour aller la voir,

01:28:24 tout en sachant que c'était dangereux de quitter son quartier ?

01:28:28 C'est un moment très important pour lui.

01:28:32 Le jour où Léo a été déclaré champion de la France,

01:28:36 la France a été encore plus forte que jamais.

01:28:39 Elle adorait le foot. - Elle adorait ça.

01:29:06 - Une vraie fan. - Foot, il y a foot, là ! But ! But !

01:29:16 Il aimait énormément sa grand-mère, c'est certain.

01:29:19 Elle n'a pas pu voir son triomphe. A chaque fois qu'il marque...

01:29:21 - Il la remercie. - Il la remercie.

01:29:23 Le signe de la victoire.

01:29:26 - Et il y a le champion de la France !

01:29:30 - C'est un moment très important pour lui.

01:29:33 - Il adorait la grande-mère de Léo.

01:29:36 - Il adorait ça. - Il adorait ça.

01:29:39 - C'est un moment très important pour lui.

01:29:42 - Il a été déclaré champion de la France.

01:29:45 - Il a été déclaré champion de la France.

01:29:48 - Il a été déclaré champion de la France.

01:29:51 - Il a été déclaré champion de la France.

01:29:54 - Il a été déclaré champion de la France.

01:29:57 - Il a été déclaré champion de la France.

01:30:00 Sous-titrage Société Radio-Canada

01:30:04 Sous-titrage Société Radio-Canada

01:30:07 Sous-titrage Société Radio-Canada

01:30:10 Sous-titrage Société Radio-Canada

01:30:13 *Musique*

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