Monoxyde de carbone : "Je suis tombé, j'ai perdu connaissance", témoignent des Isérois

  • il y a 9 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Il est 7h45, vous regardez France 3 ALF, vous nous écoutez sur France Bleu Isère
00:04 et vous avez la parole ce matin, on parle d'un danger invisible, le monoxyde de carbone.
00:08 Oui, ce gaz incolore, inodore, mais très toxique.
00:11 On en parle après le décès d'un homme de 54 ans à Alvare la semaine dernière
00:15 après une fuite de monoxyde. 18 personnes aussi ont été blessées.
00:18 Alors comment prévenir les accidents ? Venez poser vos questions Mathieu.
00:22 Comment se protéger ? Quelles précautions prendre ? Comment le détecter ce gaz ?
00:26 Est-ce que vous, vous avez pris ces précautions ? Est-ce que vous n'y avez jamais pensé ?
00:29 Ça commence à vous inquiéter, on attend vos questions, vos témoignages au 04 76 46 45 45.
00:34 Et pour vous répondre le commandant Olivier Bruguet, chef du centre de traitement des appels
00:39 au 18, au 112, également des pompiers. Bonjour, commandant Bruguet.
00:43 Merci d'être avec nous. Ce matin d'abord, ce gaz, le monoxyde de carbone, c'est quoi ? Il vient d'où ?
00:49 Alors le monoxyde de carbone, c'est un gaz qui est produit par la combustion de matériaux carbonés.
00:56 Donc il aura pour origine tout incendie, soit involontaire ou toute combustion au volume pour la production de chaleur.
01:04 Donc ça peut provenir de problèmes au niveau des chaudières à gaz, à fioul ?
01:10 Tout à fait, les chaudières à gaz, à fioul, mais également les cheminées, les cheminées ouvertes, les cheminées fermées,
01:15 ou tout mode de chauffage alternatif, comme le chauffage de l'éthanol par exemple.
01:20 Et vous avez la parole également sur ce sujet sur France Bleu Isère, un premier appel au standard Mathieu.
01:25 Exactement, nous avons Sylvie qui nous appelle d'Ebens. Bonjour Sylvie.
01:28 Oui, bonjour.
01:29 Et vous justement, vous nous racontez que vous avez fait attention et que ça a eu des conséquences plutôt heureuses.
01:36 Oui, parce que j'ai deux filles qui ont été étudiantes à Chambéry et Lyon,
01:41 qui étaient chacune dans un appartement chauffé au gaz avec une chaudière à gaz.
01:45 Et en fait, dès l'entrée dans l'appartement, j'avais équipé avec un détecteur de monoxyde,
01:52 placé assez bas dans la pièce. Et en fait, par deux fois, les détecteurs ont sonné, les pompiers sont arrivés,
02:01 il s'en est suivi toute une procédure. Et les détecteurs de monoxyde ne sont pas encore rendus obligatoires par les assurances.
02:11 Ça ne coûte pas très cher et je pense que c'est une dépense qui peut être très utile et qui peut sauver des vies.
02:17 Mais je voudrais encore dire une chose, il ne suffit pas d'avoir le détecteur dans sa maison.
02:22 Le détecteur, il faut encore savoir bien le placer. Le monoxyde, c'est un gaz qui est plus dense que l'air,
02:27 qui va s'accumuler en bas de la pièce et le niveau va progressivement remonter.
02:32 Donc en particulier, quand on est allongé, quand on dort la nuit, il ne faut pas que le niveau du monoxyde arrive à bone harine.
02:41 Donc le détecteur, il faut aussi l'installer bas dans la pièce.
02:44 - Et du coup, vous l'avez installé aussi chez vous, ce détecteur de monoxyde, Sylvie ?
02:49 - Non, parce qu'on a un mode de chauffage qui n'est pas par combustion, donc ce n'est pas rendu nécessaire.
02:54 - Pas de risque.
02:55 - Voilà. En fait, le monoxyde est produit chaque fois que la combustion est imparfaite
02:59 et que le moyen de chauffage est mal réglé et que l'apport d'oxygène n'est pas suffisant.
03:04 - Sylvie, je me permets, vous avez l'air très calée, alors que globalement,
03:10 peut-être que notre invité nous confirmera, mais ce n'est souvent pas notre cas dans l'absolu.
03:14 Qu'est-ce qui fait que vous êtes dite d'installer...
03:17 - Je suis sensibilisée.
03:18 - Oui, c'est ça.
03:19 - Je suis professeure de science, donc...
03:22 - Ah, d'accord.
03:23 - Voilà. Et par défaut, je ne fais pas confiance à des choses que je ne connais pas.
03:27 - OK.
03:28 - Mais en fait, ce qui tue, c'est l'ignorance. Avant le monoxyde, c'est l'ignorance qui tue.
03:34 - Et c'est une professeure qui nous dit ça, effectivement.
03:36 - Exactement. On va essayer de diminuer cette ignorance.
03:38 Merci beaucoup de votre appel, Sylvie.
03:39 - Merci à vous.
03:40 - N'hésitez pas à faire comme Sylvie. 0476 46 45 45.
03:44 Alors, même pour poser vos questions aussi. Sylvie, elle connaissait tout.
03:47 Donc, ça, c'est en tout cas beaucoup de choses, mais vous, vous pouvez aussi poser vos questions.
03:50 N'hésitez pas.
03:51 - Je reviens vers vous, commandant Olivier Bruguet, des pompiers de l'ISER.
03:54 Alors, il y a beaucoup de choses dans le témoignage de Sylvie.
03:56 D'abord, les risques du monoxyde de carbone, quels sont-ils ?
04:00 En fait, c'est un gaz qui vient remplacer l'air.
04:02 - Tout à fait.
04:03 - Ou remplacer l'oxygène, pardon.
04:05 - Le monoxyde de carbone va passer par le sang et prendre la place de l'oxygène dans le sang.
04:12 Voilà. C'est pour ça que, physiologiquement, il y a un risque pour les personnes qui en inhalent en trop grande quantité.
04:19 Il peut y en avoir une très faible quantité de manière normale lorsqu'il y a une combustion,
04:25 près d'un feu de camp ou près d'une cheminée, par exemple.
04:28 Mais en quantité trop importante, ça va prioritairement prendre la place de l'oxygène dans l'hémoglobine du sang.
04:34 Et donc, empêcher l'oxygène de faire son rôle d'alimentation des cellules et des poumons.
04:40 Et donc, nous impacter durablement si l'on ne fait rien.
04:45 - Les premiers signes qu'ils doivent nous alerter, c'est quoi ?
04:47 C'est des maux de tête, notamment des vomissements ?
04:50 - Tout à fait. En cas de faible exposition, on a dans un premier temps des maux de tête
04:55 qui peuvent aller vers des vomissements, vers une fatigue générale.
04:59 Et puis, jusqu'au malaise, qui peut malheureusement aller jusqu'au décès une centaine de fois par an, comme vous l'avez dit.
05:05 - Oui. Et Sylvie nous parlait de ces détecteurs à monoxyde de carbone.
05:09 Ils ne sont pas obligatoires, mais ils se trouvent relativement facilement.
05:12 Vous, vous encouragez les gens à s'équiper ?
05:15 - Tout à fait. De par le caractère indétectable du monoxyde de carbone.
05:20 Vous l'avez dit, il est inodore, insipide. On ne va pas ressentir le monoxyde de carbone.
05:26 Il est préférable, lorsque l'on est dans un cas où l'on a à son domicile un chauffage à combustion,
05:33 je le redis, on n'est pas concerné si l'on a un mode de chauffage électrique, par exemple.
05:37 Donc en cas de mode de chauffage à combustion, il est préférable, dans une démarche de prévention,
05:42 de s'équiper d'un détecteur à la norme. C'est important pour garantir sa fiabilité.
05:47 - Justement, d'ailleurs, on vous l'a dit, vous pouvez appeler si vous avez des questions.
05:50 Et c'est le cas de Christine qui nous appelle de Tulin. Bonjour Christine !
05:53 - Oui, bonjour à tous les deux !
05:55 - Christine, dites-nous.
05:57 - J'ai un chauffage principal avec une pompe à chaleur, mais j'ai un poêle, chez moi, qui est assez récent,
06:02 qui a 10 ans, donc qui est d'une bonne qualité. Mais je me demandais si malgré tout,
06:06 il pouvait y avoir un départ de monoxyde de carbone.
06:09 - Un risque ? - Oui, un risque.
06:11 - Avec ce genre d'appareil ? - Finalement, je le règle assez bas.
06:15 Et dans ce cas-là, on sait qu'il s'échappe le gaz, et si je dois mettre un détecteur de monoxyde de carbone,
06:21 je le mets où par rapport au poêle ?
06:23 - Le commando Olivier Bruguet des pompiers de l'Isère va vous répondre.
06:26 Sur la pompe à chaleur, d'abord, c'est un mécanisme électrique.
06:29 Il n'y a pas, à ce niveau-là, de risque de monoxyde de carbone ?
06:33 - Tout à fait. Dans les risques que nous constatons en intervention,
06:38 il y a, et c'est ce qu'a précisé votre auditrice,
06:42 il y a également l'utilisation de chauffage accessoire ou complémentaire,
06:46 notamment dans les périodes de grand froid.
06:49 Et dans ce cas-là, où on peut observer aussi l'utilisation de matériels qui n'ont pas été contrôlés, vérifiés,
06:56 l'utilisation d'un bras zéro à l'intérieur, ou parfois même l'utilisation de groupes électrogènes à l'intérieur d'un domicile,
07:02 c'est toutes ces actions-là qui sont susceptibles de vous exposer au monoxyde de carbone.
07:06 - Et ce poêle à bois, alors ? Est-ce que ça peut être un risque aussi là-dessus ? C'était la question de Christiane.
07:11 - Tout à fait. Un poêle à bois, par définition, est susceptible d'émettre du monoxyde de carbone.
07:17 Ce qui est important, c'est de faire contrôler l'évacuation des gaz imbrûlés,
07:22 donc le ramonage, qui est également obligatoire à son domicile.
07:25 - D'accord. Le ramoneur est tenu de faire un contrôle aussi pour le monoxyde de carbone ?
07:31 - Le ramoneur, lui, va surtout garantir l'évacuation complète des gaz imbrûlés suite à l'incendie.
07:36 C'est plutôt les entreprises qui vont contrôler des chaudières, qui sont soumises à certaines normes,
07:40 et lors du contrôle, ils vont réaliser une détection de monoxyde de carbone pour s'assurer du bon fonctionnement de l'appareil.
07:46 - Et dans ce cas-là, l'autre question de Christine, c'était sur où placer le détecteur de monoxyde, une fois qu'on l'a acheté ?
07:53 Sylvie, par exemple, nous disait qu'elle l'avait placé plutôt bas, parce que le monoxyde était un gaz plus dense que l'oxygène.
07:59 Est-ce qu'effectivement, il y a un endroit propice pour installer ce détecteur ?
08:04 - Alors, il faut considérer que le monoxyde de carbone a une densité quasiment égale à l'air,
08:09 et qu'il va se diffuser dans la totalité des pièces d'une maison.
08:13 Il va se mélanger à l'air, et par les mouvements aéroliques liés à l'emploi d'une VMC, liés au mouvement d'air,
08:20 on peut le retrouver partout dans une maison.
08:22 Donc l'idéal est d'avoir un détecteur par niveau, comme pour les détecteurs incendies.
08:28 Si vous avez une habitation avec deux étages, l'idéal est d'en avoir un par étage, dans l'objectif de l'entendre lorsqu'il se met en marche.
08:36 - D'accord, mais il n'y a pas d'auteur préférentiel pour placer le détecteur ?
08:40 - Oui, l'auditrice nous disait qu'il vaut mieux le mettre bas, parce qu'il tombe le monoxyde.
08:46 - Le dioxyde de carbone, le CO2, qui est également connu, va être plus lourd, être vraiment en partie plus basse,
08:51 ou le gaz de ville, on le retrouvera plutôt en partie plus basse.
08:53 Concernant le monoxyde de carbone, il est préférable de considérer qu'il va se mélanger à l'air,
08:58 et qu'on peut le retrouver dans la totalité d'une habitation.
09:01 - L'important c'est d'avoir déjà un détecteur de monoxyde de carbone.
09:04 Et on retourne au standard de France Bleu Isère, Mathieu.
09:06 - Exactement, Martine est avec nous à Moiran.
09:08 Bonjour Martine !
09:09 - Oui bonjour !
09:10 - On remercie d'ailleurs Christine de son appel et de sa question.
09:13 Martine, vous avez été intoxiquée justement au monoxyde de carbone ?
09:16 - Oui, et du coup, pour revenir aux symptômes,
09:21 personnellement je n'ai pas eu du tout les symptômes qui sont indiqués, j'avais juste mal à la gorge.
09:27 - Est-ce que c'était une intoxication ? Je ne sais pas si on peut grader, mais est-ce qu'elle était forte ?
09:32 Est-ce qu'après on vous a dit que c'était que le début ? Peut-être que c'est ça aussi.
09:35 - Alors, je m'étais levée parce que j'avais mal à la gorge, donc je me suis levée pour boire et je suis tombée.
09:42 Et j'ai eu la chance, je suis tombée, je suis restée quelques instants par terre,
09:47 je ne sais pas combien de temps, parce que j'ai dû perdre connaissance puisque je me suis fait dessus.
09:52 Je ne sais pas combien de temps je suis restée par terre, mais en tout cas je n'ai pas dû rester longtemps.
09:56 J'ai réussi à m'accrocher, à me relever et à retourner dans ma chambre.
10:01 Et voilà, j'ai eu la chance, j'ai pris mon téléphone quand même pour appeler,
10:09 du cours. Et voilà, donc après, je ne sais plus trop,
10:16 on a été transporté dans un caisson hyperbar à Lyon, c'était quand même assez important.
10:24 Et alors donc, c'était la chaudière qui était vétuste et dans cet immeuble, la VMC se disjonquait souvent.
10:36 - Ah, donc elle ne fonctionnait pas. - Je pense qu'elle ne fonctionnait pas.
10:40 Et le téléphone, chaque fois qu'il venait, il renclenchait le truc, mais ce n'était pas contrôlé.
10:45 Et un jour, un week-end, la VMC alertait aussi, il y avait un voyant rouge en bas de l'escalier.
10:53 Et pendant le week-end, ça ne fonctionnait pas, il y a eu un grand vent.
10:59 Et comme j'habitais au dernier étage, le vent a tout refoulé dans notre appartement, les gaz.
11:06 - D'accord Martine. En tout cas, merci Martine de ce témoignage et d'avoir sensibilisé aussi aux risques des symptômes.
11:14 J'imagine qu'on peut peut-être le redécrire maintenant.
11:16 - Oui, merci beaucoup Martine. Commandant Bruguet, les symptômes, alors elle, elle avait mal à la gorge.
11:22 Il y a aussi des vomissements, on en a parlé, ça c'est les symptômes. Et puis des maux de tête.
11:27 - Tout à fait. En fait, comme toute exposition à un toxique, en fonction du degré d'exposition, on aura des symptômes différents.
11:34 On peut considérer que l'exposition à ce gaz toxique se fait de deux manières.
11:39 On peut être confronté à une faible quantité sur une durée importante, on parlera d'intoxication chronique.
11:45 Ou alors être rapidement confronté à une quantité importante de monoxyde de carbone.
11:50 C'est, je pense, ce qui est arrivé à votre auditrice.
11:53 - Puisqu'elle a été placée dans un caisson hyper bas, etc. Là c'est quand même à des niveaux d'exposition important.
11:58 On peut, et bien heureusement, ne pas en arriver là.
12:01 - Tout à fait. C'est d'ailleurs généralement ce qu'il se passe.
12:04 On va d'abord être donc confronté à des nausées, peut-être même à des vomissements dans un second temps.
12:10 Et puis une exposition un peu plus moyenne, on peut aller vers des vertiges, des vomissements.
12:16 Le poux va s'accélérer par le manque d'oxygène.
12:20 Et puis exposition importante, on va ressentir une grande faiblesse.
12:23 On peut s'évanouir ou convulser. C'est ce qu'a ressenti votre auditrice.
12:27 - Oui, on n'est pas obligé d'avoir tout, entre guillemets, parce qu'elle disait qu'elle n'avait pas tout eu.
12:30 Martine, j'imagine qu'il ne faut pas se dire "si je n'ai pas tout, ça ne va pas".
12:33 La moindre alerte, on ne prend pas de risque, j'imagine.
12:37 - Tout à fait. La difficulté, c'est que ces symptômes ressemblent aux symptômes des maladies hivernales,
12:43 telles que la grippe, les gastro-entérites, et généralement,
12:46 l'utilisation de la combustion pour le chauffage se fait aussi en hiver.
12:51 Donc pour éviter la confusion, il faut simplement avoir l'esprit que c'est une éventualité.
12:55 Tous ces symptômes ne montrent pas forcément qu'il y a une intoxication à notre domicile.
13:02 Simplement, dans ces cas-là, il est préférable de bien aérer, de bien renouveler l'air,
13:07 de ne pas obstruer tous les dispositifs qui sont prévus dans la construction des bâtiments,
13:12 pour permettre le renouvellement de l'air.
13:14 Et puis, bien évidemment, en cas de doute, faire appel au sapeur-pompier au 18 ou au 112.
13:19 - Et vous étiez là pour en parler, le message est passé.
13:21 Merci beaucoup, commandant Olivier Bruguet, chef du centre de traitement des appels au 18,
13:26 d'avoir été notre invité ce matin. Belle journée, merci.

Recommandations