Véronique Le Floc’h (présidente de la Coordination Rurale de France): "La priorité est que nous, agriculteurs, retrouvions des trésoreries dans nos exploitations"

  • il y a 9 mois
Les représentants de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, ont été reçus par Gabriel Attal ce mardi. Une rencontre jugée "constructive" par les syndicalistes, qui n'ont pour autant pas appelé à la levée des blocages, dans l'attente de mesures "concrètes" du gouvernement

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Transcription
00:00 Que vous a dit le Premier ministre ? Quelle a été la nature de vos échanges ?
00:03 Alors bonsoir à tous. Donc nous revenons du rendez-vous avec le Premier ministre
00:08 après avoir rencontré en début d'après-midi le ministre de l'Agriculture.
00:12 Nous avons beaucoup échangé sur les problèmes de trésorerie comme ça a été bien signalé, rapporté par
00:18 votre journaliste qui était présent sur place.
00:21 Pour nous justement, ce qu'il faut entendre c'est la détresse financière des agriculteurs
00:26 qui touche aujourd'hui 40% des exploitations selon le ministère de l'Agriculture.
00:30 Cette détresse elle est due à quoi ? Elle est le résultat de 30 ans, 40 ans, 50 ans de politique agricole
00:37 qui malheureusement est menée par un syndicat agricole aujourd'hui en France
00:41 et qui mène une politique qui pour nous n'est pas en faveur des agriculteurs.
00:49 On a trop laissé faire l'industrie agroalimentaire. Avec qui ? Pour qui nous travaillons ?
00:56 Comme nous travaillons pour eux, ce sont eux qui nous rémunèrent.
01:00 Pendant des mois qu'on vous dit qu'on a trop laissé faire, vous parlez de qui ? Notamment de la FNSEA ?
01:04 Justement les syndicats agricoles. Alors nous autres, syndicats coordination rurale, nous n'existons que depuis 1992.
01:11 Un moment où une grande réforme de la politique agricole a été menée.
01:16 Et c'est contre cette réforme de la politique agricole que nous sommes nés
01:20 parce que nous nous sommes opposés à cette politique qui allait nous cantonner à des prix bas
01:27 et compenser par des aides de l'Europe.
01:30 Et à partir de ce moment-là, les industriels ont compris que c'est l'Europe qui nous apporterait un complément de revenu.
01:37 Et donc les prix n'ont pas évolué comme ils auraient dû.
01:40 Alors ça c'est le constat que vous faites ce soir dans votre première prise de parole dans cette émission.
01:44 Cet après-midi avec le Premier ministre, est-ce que vous en êtes resté au constat ?
01:48 Ou est-ce qu'il a commencé à vous parler d'éventuelles solutions ? Et si oui, lesquelles ?
01:51 Alors c'est nous qui lui avons parlé de solutions.
01:54 Nous lui avons parlé de solutions à présenter dès cette fin de semaine pour répondre aux trésoreries des agriculteurs.
02:01 Nous avons de nombreux agriculteurs qui sont touchés par différents phénomènes,
02:05 que ça soit les crises sanitaires, la grippe aviaire, la MHE aujourd'hui,
02:09 des agriculteurs qui sont en attente de plus de 100 000 et de 100 000 euros,
02:13 des dossiers qui n'en finissent pas, qui ne sont pas régularisés parce qu'il manque des pièces, des justificatifs.
02:19 Donc tout ça, ça n'est pas normal.
02:20 Quelle est la priorité ?
02:21 La priorité...
02:22 Je pense à nos téléspectateurs qui ne vivent pas dans le monde agricole,
02:25 mais qui tous mangent tous les jours, font leurs courses, vous comprenez ?
02:29 Et ils se disent "mais pourquoi nos agriculteurs sont-ils dans cette situation-là ?"
02:33 Alors...
02:34 La priorité s'il vous plaît.
02:35 La priorité c'est que nous, agriculteurs,
02:39 retrouvions des trésoreries dans nos exploitations pour avoir cette confiance pour repartir au travail.
02:46 Parce que nous voulons participer, mais là c'est une stratégie sur du moyen terme,
02:53 à la reconquête de la souveraineté alimentaire que nous avons perdue en France,
02:58 à cause de cette politique européenne, qui est à la fois ultra-libérale et ultra-écolo,
03:03 mais qui est à l'origine de la signature de nombreux accords de libre-échange,
03:08 et donc l'introduction en France de produits ne respectant pas nos normes,
03:12 mais surtout qui n'a aucun impact sur le prix des produits commercialisés en France,
03:18 si bien que tous les consommateurs en payent les frais.
03:22 Les produits d'importation ne sont pas moins chers pour le consommateur.

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