• il y a 11 mois
Les agriculteurs français sont de plus en plus confrontés à la concurrence des pays de l'Est. C'est le cas notamment avec le poulet en provenance d'Ukraine depuis l'exemption des droits d'importation mise en place en mai 2022

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Transcription
00:00 Est-ce qu'on peut parler d'un déferlement de la volaille ukrainienne aujourd'hui en France ?
00:04 Oui, on peut totalement parler d'un déferlement de volailles dans l'Union européenne parce que ça a plus que doublé.
00:11 Et c'est des volailles qui sont produites deux fois moins chères que nous, mais pas avec les mêmes normes de production.
00:18 Et aujourd'hui, ça nous déstabilise tout le marché et ça entraîne l'ensemble des prix de nos volailles à la baisse.
00:26 Et c'est un vrai sujet de difficulté parce que la filière est en négociation commerciale en ce moment, c'est la fin, le 31 janvier.
00:34 Et il y a aussi pas mal de chantage avec du poulet importé dans les négociations et vraiment, ça impacte le revenu des éleveurs.
00:43 Il n'y a aucune fausse naïveté de ma part, mais qui mange ces volailles ukrainiennes ?
00:46 Moi, je n'ai jamais vu une volaille ukrainienne dans la moindre supermarché ou chez mon boucher.
00:51 Enfin voilà, quand on regarde les étiquettes, on ne voit que du made in France.
00:55 Alors c'est vrai qu'en France, la filière a la particularité d'avoir été exigeante en termes de transparence.
01:03 Donc on a mis en place la filière volaille française avec le logo pour mettre en avant l'origine.
01:09 Et là, on a une autre difficulté avec l'Union européenne, c'est que l'Union européenne n'impose pas aux États membres d'indiquer l'origine de la viande.
01:18 Alors qu'est-ce qui se passe ? C'est que le poulet ukrainien, en fait, ce n'est pas des éleveurs.
01:22 En fait, c'est un oligarque qui a intégré tous les maillons de la chaîne, qui a des abattoirs, des fabriques d'aliments,
01:28 des sites d'élevage de 2 millions de poulets, ce qui est totalement interdit chez nous, notamment.
01:33 On a même cité des chiffres jusqu'à 4 millions, ce qui paraît absolument faramineux.
01:38 Mais excusez-moi, ils vont où, ces filets de poulet ukrainien ? Ils finissent où ? Dans des produits déjà transformés ?
01:47 Oui, et peut-être éventuellement également en frais, parce qu'en fait, les produits viennent au travers d'autres pays de l'Union européenne.
01:56 Et cette entreprise a notamment des centres de découpe dans l'Union européenne.
02:01 Et vu que l'Union européenne n'impose pas l'origine, cet oligarque envoie donc des coffres de poulet.
02:07 On appelle ça comme ça parce qu'on vend des cuisses, des filets, des pièces, quoi.
02:12 Et la réglementation lui permet, en fait, quand il découpe proprement le filet dans un centre de découpe de l'Union européenne,
02:20 de d'y poser l'estampille sanitaire norme CE. Et du coup, on en perd la trace.
02:25 Et ça, c'est un scandale qu'on dénonce. Et le slogan "On marche sur la tête", on est en plein dedans, quoi.
02:31 – Une question très précise. Expliquez-nous concrètement combien vous vendez vos volailles aujourd'hui.
02:36 Et à partir de quel prix ça devient rentable pour vous ?
02:41 – Alors, ça dépend des types de volailles parce qu'il y a les volailles standard du quotidien,
02:47 il y a les volailles lavelles, les volailles bio.
02:49 Je peux vous donner le différentiel de prix entre le kilo de filet,
02:53 parce que c'est quand même la pièce la plus plébiscité du consommateur,
02:57 entre nous le français et l'ukrainien. L'ukrainien est à 3 euros le kilo.
03:01 Et nous, en France, on est à peu près à 6,50, 7 euros. Donc la variable va du simple au double.
03:07 Mais bon, voilà, on n'est pas dans les mêmes normes de production.
03:11 Alors, je vais citer deux, trois exemples.
03:14 Nous, quand on construit des poulaillers, on a des normes d'exigence environnementale très élevées
03:19 et qui nous coûtent très cher. On ne peut pas faire, par exemple, des sites de 2 millions de poulets.
03:24 Ensuite, nous, les éleveurs, on a des contrôles salmonelles systématiques
03:27 dans tous les élevages, chez les fabricants, chez les abattants, qui coûtent des fortunes.
03:31 Là, ce n'est pas imposé. L'usage des antibiotiques en élevage chez nous est interdit.
03:36 Dans l'Union européenne, il n'y en a pas.
03:38 Et par contre, en Ukraine, il n'y a aucune obligation sur les usages d'antibiotiques.
03:44 Et comme ça, des exemples, je pourrais vous en additionner.
03:47 Et à la fin, on arrive pas sur les mêmes prix.
03:49 Et donc, on a du poulet en augmentation d'importation chez nous, en France,
03:55 qui vient surtout des Pays-Bas, Pologne principalement.
04:01 Et là-dedans, nous, on suspecte fortement qu'en fait, dans le polonais et dans le hollandais,
04:05 Il y a du poulet ukrainien quoi.

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