Chantal Lapuerta, présidente de l'association "Les Simone veillent"

  • il y a 8 mois
Ce jeudi 25 janvier est la 1ère journée de lutte contre le sexisme et pour une meilleure égalité entre hommes et femmes. C'était un souhait d'Emmanuel Macron. Et ce sera désormais le cas, chaque 25 janvier.
En début de semaine, le Haut Conseil à l'Egalité entre femmes et hommes a rendu pour sa part son 6ème état des lieux du sexisme en France.
Et il fait foid dans le dos !
Selon ce dernier, d'une année sur l'autre, non seulement le sexisme ne diminue pas, mais il a tendance à s'aggraver.
Un jeune adulte masculin sur trois considère par exemple qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants, et 70% des hommes pensent encore qu’un homme doit avoir la responsabilité financière de sa famille pour être respecté dans la société.
On en parle ce matin avec Chantal Lapuerta, présidente de l'association "Les Simone veillent", un collectif féministe bitterrois créé en 2020, et qui lutte notamment contre les violences faites aux femmes.

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Transcript
00:00 Votre agenda, nous sommes le 25 janvier aujourd'hui, nous sommes jeudi.
00:03 C'est la première journée de lutte contre le sexisme et pour une meilleure égalité entre hommes et femmes.
00:07 Et c'est pour cette raison que nous recevons ce matin Guillaume Chantal Lapuerta,
00:10 qui est président de l'association Les Simone Veil.
00:13 Les Simone Veil, V E I, de Z E N T, bien sûr, mais on aura tous compris évidemment l'allusion.
00:18 Bonjour Chantal Lapuerta.
00:20 Bonjour à tous.
00:20 Merci d'être revenue une nouvelle fois dans ce studio.
00:24 Vous venez de tout droit de Béziers, ça a été sur la route, non ?
00:27 Ça a été un peu de bouchon, mais bon ça va.
00:28 Vous avez vu notre acteur ou il n'y a pas d'autre acteur ?
00:30 Pas encore.
00:31 Pas encore, c'est demain normalement.
00:32 Je suis arrivée trop tôt peut-être.
00:34 Normalement c'est demain, donc on ne vous aurait pas invité demain, c'était pas un problème de connaissance.
00:37 Bon alors très bien, c'est parfait alors.
00:39 25 janvier, première journée aujourd'hui de lutte contre le sexisme.
00:42 C'était une volonté d'Emmanuel Macron, il l'avait annoncé, désormais d'ailleurs ce sera le cas à chaque 25 janvier,
00:48 lutte contre le sexisme et pour l'égalité entre hommes et femmes.
00:51 C'est bien une journée où vous dites "une journée ça ne suffira pas".
00:54 Non, non, ça ne suffit pas.
00:55 Quand on lit ce sixième état des lieux, c'est inquiétant.
01:00 On a des chiffres épouvantables.
01:02 Alors sixième état des lieux du Haut Conseil à l'égalité entre les hommes sur lesquels on va revenir.
01:07 Tiens d'ailleurs, on va peut-être commencer par ça.
01:09 On va réécouter ce spot de sensibilisation fait justement par le Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes
01:17 qu'on entend beaucoup en ce moment, que les chaînes du groupe Radio France d'ailleurs diffusent gracieusement, gratuitement.
01:23 Pourquoi ?
01:24 On va écouter, vous allez voir ce qu'on entend, c'est absolument édifiant.
01:27 Dans les années 70, certains disaient
01:29 Moi si je veux me taper ma femme, je suis sûr qu'elle fera mieux d'un mois.
01:31 Le viol à proprement parler, ça n'existe pas.
01:34 Vous pensez que les temps ont changé ?
01:35 Non mais une claque, c'est pas de la violence, c'est de la virilité.
01:38 L'homme il doit se montrer ferme. La femme, elle a besoin d'être dominée.
01:41 Mais les meufs, tout ce qu'elles veulent, c'est se faire dé-mon-ter.
01:44 L'homme travaille, la femme elle est à la maison.
01:46 Elles ne veulent que ton argent.
01:47 Et pourtant, ces propos ont été tenus sur les réseaux sociaux en 2023.
01:52 Faisons du sexisme de l'histoire ancienne.
01:54 Un message du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.
01:57 Voilà, alors c'est pas des vieux trucs des années 70,
01:59 comme on en voit parfois dans les images d'archives.
02:01 Là c'est ce qu'on voit et ce qu'on entend sur les réseaux sociaux.
02:04 Chantal Lapuerte.
02:05 Ah oui, c'est très violent.
02:07 On peut s'avéroser que même la mentalité masculine évolue très peu.
02:12 Ou à très faible dose.
02:13 Et quand on lit, je l'ai encore relu hier soir,
02:16 ce 6ème état des lieux du sexisme en France.
02:20 Mais vous voyez, j'ai fait des petits coups de stabilo sur des choses qui m'ont vraiment beaucoup choqué.
02:27 Mais en fait j'aurais dû tout stabiloter parce que les chiffres sont inquiétants.
02:31 Et une journée de lutte contre le sexisme va nous mener où, elle sert à quoi ?
02:37 Qu'est-ce qu'il va y avoir derrière ?
02:39 Si on était sûr encore qu'il y ait des mesures de prise par rapport à cela
02:43 et qu'on laisse la liberté d'expression à toutes les femmes,
02:46 mais je dis bien toutes,
02:47 ben oui, pourquoi pas, mais il faudra en faire plus souvent.
02:51 Parce qu'on n'est pas au bon augure en ce moment.
02:54 On voit l'affaire de Pardieu, on voit tout ce qui se passe sur le soutien d'Emmanuel Macron
02:59 sur son terme de dénoncer une chasse à l'homme, à cet homme-là.
03:04 On ne comprend pas pourquoi une journée du sexisme arrive aujourd'hui.
03:07 - C'est contradictoire dire ça d'un côté sur le Pardieu, de l'autre...
03:10 - Ah complètement, mais il y a beaucoup de choses de contradictoires, il n'y a pas que ça.
03:13 - Parmi les chiffres, alors effectivement vous auriez presque pu tout stabilo bosser,
03:16 comme on dit dans ce sixième rapport du Haut Conseil à l'égalité.
03:21 Il y a deux trois choses qu'on retient.
03:22 Un jeune adulte masculin sur trois considère par exemple qu'il est normal
03:28 que les femmes s'arrêtent de travailler pour s'occuper de leurs enfants.
03:30 Alors là on n'est pas dans la violence physique ou morale,
03:33 mais c'est ce genre de propos et de comportement qui après
03:36 peut éventuellement déclencher autre chose.
03:38 - Mais bien sûr, on n'en est plus là.
03:41 Les femmes sont libres de travailler, sont libres d'avoir des enfants et de les élever.
03:46 En solo ou en couple, mais avec une répartition des tâches pour celles qui sont en couple.
03:52 Et puis en solo, elles doivent effectivement avoir droit à une liberté totale
03:57 de pouvoir assumer un travail et une éducation de son propre enfant.
04:01 Moi je pense qu'on est à la ramasse un petit peu là-dessus.
04:05 - Ce qui est inquiétant c'est qu'il s'agit de jeunes adultes,
04:08 donc c'est la jeune génération qui arrive.
04:10 On pensait que le sexisme reculait en France, pas du tout.
04:14 - Il y a 70% des hommes qui pensent encore avoir la responsabilité financière de sa famille
04:19 pour être respectés.
04:21 À quelle heure on est respecté parce qu'on suit bien la famille financièrement ?
04:29 Non, il faut changer de mentalité.
04:32 Pour changer de mentalité, alors moi j'ai confiance en l'avenir.
04:35 Je suis quelqu'un de très positif en général.
04:38 Et je me dis qu'aujourd'hui de ces 26-34 ans dont on parle dans ce sixième rapport,
04:44 très largement, parce qu'on en parle beaucoup,
04:47 de ces 26-34 ans, moi j'ai hâte de les voir arriver à 40 ans.
04:52 Parce qu'aujourd'hui je me dis, les filles d'aujourd'hui qui ont entre 26 et 34 ans,
04:57 peut-être subissent encore ce sexisme patriarcal,
05:00 que l'on subit encore parce qu'il y a une trace, une empreinte,
05:03 pas indélible j'espère, mais une empreinte certainement
05:07 qui est encore de reste sur notre société.
05:10 - Les réseaux sociaux, c'est la plaie aujourd'hui ?
05:13 - Oui, c'est très violent les réseaux sociaux.
05:16 Il faut non seulement passer, moi je pense, pour éradiquer ce sexisme en question,
05:23 de l'éducatif, de l'éducatif et encore de l'éducatif.
05:27 C'est-à-dire que c'est l'école, c'est la maison, mais c'est aussi le numéraire.
05:31 Aujourd'hui, il ne faut pas se voiler la face,
05:33 on a quand même un gros problème d'internet axé à des enfants.
05:37 - Le numérique, vous vouliez dire ?
05:38 - Oui, le numérire, excusez-moi.
05:41 - Comment ? Il y a la pornographie et tout ça, c'est quelque chose entre vous ?
05:46 Comment on surveille, comment on règlement tout ça ?
05:49 - Quand vous voyez qu'en fait, il y a des hommes qui pensent que c'est normal
05:55 d'avoir une sexualité au premier abord avec de la pornographie.
06:00 On a laissé la pornographie s'installer partout sur le net
06:03 et ils y ont accès à tout bout de champ.
06:07 Et voilà pourquoi on en est aussi un petit peu là.
06:10 Alors moi, il y a des groupes féministes qui sont...
06:14 Bon, ça se discute, mais moi je suis contre la marchandisation du corps
06:18 et moi je ne peux pas cautionner des sites internet aussi répandus.
06:25 Ce n'est pas possible sur les yeux des jeunes publics.
06:28 - Il ne se passe rien, on est bien d'accord, à part de demander l'âge de la personne qui veut...
06:32 - Voilà, voilà.
06:33 - Il nous reste peu de temps, Chantal Laporta, un mot des Simone Veil.
06:37 C'est un collectif créé à Béziers en 2020, il y a trois ans maintenant.
06:41 Vous n'attendez pas le 25 janvier pour vous mobiliser, j'imagine.
06:44 - Pas du tout.
06:45 - Et vous avez l'intention de le faire encore très prochainement, je crois.
06:48 - Oui, c'est très quotidien chez nous, c'est une lutte en permanence,
06:51 mais ça ne devrait pas l'être, ça doit être une mentalité, un état d'esprit pour tout le monde.
06:55 Et je dis bien tout le monde, ça touche tout le monde.
06:58 Et oui, on a un programme chargé cette année,
07:01 c'est qu'on fait une campagne contre les violences
07:04 parce qu'elles se répandent de plus en plus, on a de plus en plus de féminicides.
07:07 Aujourd'hui, on est à 10, à l'heure où je vous parle.
07:09 - Depuis le début de l'année ?
07:11 - Depuis le début de l'année, oui.
07:12 - Le 1er janvier, oui.
07:13 - Donc ça fait une femme à peu près tous les trois jours.
07:16 Ça part vraiment très mal, parce qu'on essaie d'éradiquer ce chiffre morbide,
07:20 mais on n'y arrive pas.
07:21 - Qu'est-ce que vous avez prévu ?
07:22 - Alors, on fait de la sensibilisation,
07:24 on fait une campagne de sensibilisation à Béziers avec les boulangers de Béziers
07:28 et de la ceinture bitéroise.
07:30 On est allés même dans les Hauts-Cantons,
07:32 on est allés même jusqu'aux Hauts-Cantons rencontrer nos boulangers
07:34 pour faire des étuis à baguettes la semaine du 8 mars,
07:37 où il y aura un violentomètre au dos
07:40 et en face, tous les numéros d'urgence auxquels on peut avoir accès.
07:44 - Violentomètre, expliquez-nous ce que c'est.
07:46 - Alors, un violentomètre, c'est une graduation
07:48 qui vous permet de savoir où vous en êtes dans votre couple.
07:51 - Ça, ça va être distribué chez les boulangers ?
07:53 - Oui, on va leur fournir les étuis sur l'équivalent d'une semaine,
07:57 donc on est en train de les démarcher en ce moment.
07:59 Et ils vont dire, voilà, sur une semaine,
08:01 on en passe 2000, 3000, peu importe,
08:05 et on prend en commande.
08:07 Et là, nous, il ne s'agit pas de faire de l'argent,
08:09 c'est uniquement pour nous rendre à Béziers.
08:11 On leur ramène quand même un prix de revient,
08:14 les étuis à baguettes beaucoup moins cher
08:16 pour qu'ils puissent jouer le jeu avec nous.
08:18 - C'est pour que les femmes prennent conscience elles-mêmes,
08:22 en utilisant ce violentomètre ?
08:23 - Oui, mais ça, ce violentomètre, il devrait être partout.
08:26 C'est-à-dire dans les restaurants, dans les toilettes pour femmes,
08:29 on devrait en avoir partout.
08:31 Parce que ça permet de nous situer soi-même.
08:34 C'est-à-dire que si c'est sur la table,
08:36 et bien on va regarder, tiens, où j'en suis ?
08:38 Ah mince, il regarde mon portable, il me demande où je vais,
08:40 il me chronomètre, ça c'est pas normal,
08:43 on est dans le rouge, il faut réagir.
08:45 - Ce sera à partir du début mars, on aura l'occasion évidemment
08:47 de reparler de ce violentomètre sur les étuis à baguettes
08:50 des boulangers bitérois.
08:51 - Voilà. - Merci Chantal Laporte.
08:53 - Je vous en prie, c'est moi qui vous remercie.
08:54 Simone va y être venue ce matin, dans le 6/9.
08:57 - Vous retrouverez cette interview sur le site internet,
08:59 comme toutes les autres d'ailleurs, en allant sur francebleu.fr.
09:01 La petite histoire du jour de Léopoldine Dufour, c'est dans 2 minutes.
09:04 2 minutes parce que les chansons des Beatles en général sont courtes.
09:07 Alors voici Yesterday, dans le 6/9 de France Bleu Héro ce matin à 8h24.
09:11 Merci de nous avoir choisis.

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