Dans « Captives », drame féministe d’Arnaud des Pallières en salle mercredi 24 janvier, Mélanie Thierry incarne une jeune femme internée à l’asile de la Salpêtrière, dans le Paris du XIXᵉ siècle.
Certaines femmes y étaient parfois enfermées de force, pour le restant de leurs jours, non pas pour des problèmes psychiatriques, mais parce que leur mari ou leur famille en avaient décidé ainsi.
Josiane Balasko interprète, elle, une infirmière qui a existé et fait subir les pires sévices aux captives.
Les deux actrices nous racontent cette terrible histoire vraie derrière leurs rôles puissants.
Certaines femmes y étaient parfois enfermées de force, pour le restant de leurs jours, non pas pour des problèmes psychiatriques, mais parce que leur mari ou leur famille en avaient décidé ainsi.
Josiane Balasko interprète, elle, une infirmière qui a existé et fait subir les pires sévices aux captives.
Les deux actrices nous racontent cette terrible histoire vraie derrière leurs rôles puissants.
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00:00 Ces femmes-là étaient parfois internées pour des raisons qui n'étaient pas dues à une folie quelconque.
00:05 C'est un endroit assez étonnant parce qu'à la fois on peut y rencontrer des délinquants,
00:13 comme des alcooliques, comme des gens qui souffrent réellement d'une maladie mentale,
00:17 mais il y a aussi tout autant des putes que des marginales et des femmes comme ça dont il faut se débarrasser.
00:24 Camille Claudel en est l'exemple.
00:25 Bien sûr.
00:25 Des personnes très très connues qui ont passé la moitié de leur vie en asie psychiatrique
00:30 parce que ça arrangait la famille.
00:31 Et ces femmes-là étaient parfois internées pour des raisons qui n'étaient pas dues à une folie quelconque.
00:37 Il y a souvent quand on accuse les femmes de mensonges aussi, de mentir, pour diverses raisons,
00:45 soit parce qu'on a des problèmes psychiatriques, soit parce que ça nous arrange.
00:48 Donc c'est le côté un peu maléfique qu'on prête à la femme si jamais elle se dit victime.
00:53 Or pas mal de ces femmes qui étaient là, sinon la plupart, étaient victimes, soit de maladies, soit de la société.
00:58 C'est une façon de botter en touche.
00:59 On met tout ça dans le même panier et comme ça, ça nous épargne les échanges.
01:03 Je suis rentrée ici volontairement.
01:05 Je cherche ma mère.
01:11 Elle a été internée ici il y a des années.
01:13 Elle arrive d'une façon très innocente, avec un regard très pur,
01:16 en ne s'imaginant pas qu'une telle brutalité, une telle violence, va lui sauter comme ça au visage.
01:21 Effectivement, c'est volontaire cette démarche de devoir pénétrer à l'intérieur de ce service à la salle pétrière.
01:28 Mais à la fois, c'est déraisonnable, totalement déraisonnable,
01:31 parce qu'elle va être face à une telle violence et une telle cruauté,
01:34 qu'on va côtoyer la folie et elle va peut-être elle-même côtoyer finalement elle-même la folie.
01:40 C'est à travers mon regard qu'on découvre cet endroit, qu'on découvre le lieu de la salle pétrière,
01:46 à quel point c'est immense, que c'est une ville dans une ville.
01:49 Et découvrir, oui, toute cette vie qui existe, où à la fois on mélange les internés, les femmes de salle, les infirmières.
01:57 On se dit peut-être que les femmes de salle ont été aussi déjà internées avant,
02:01 qu'elles ont été malades, qu'elles le sont moins.
02:03 Et du coup, elles s'occupent des internés aujourd'hui,
02:05 parce que les hommes n'ont pas envie de s'en préoccuper, qu'ils ont envie de se préoccuper surtout d'eux-mêmes.
02:10 Elle a reçu son traitement d'entrée, la nouvelle ?
02:13 Moi, je suis Marguerite Botard, qui est un personnage qui a existé,
02:16 qui était infirmière en chef du service des personnes folles à la salle pétrière.
02:20 J'ai été longtemps assistante de Charcot, à qui je dévoue une adoration.
02:25 Et je fais ça non pas en pensant être cruelle ou en pensant être négative.
02:30 Au contraire, tout ce que je fais, tous les protocoles que je mets en œuvre pour soigner ces personnes,
02:35 je les pense bénéfiques, alors que c'est terrible.
02:37 Ce sont des bains glacés pendant des heures, c'est des camisoles de force, c'est des douches ultra-fortes.
02:43 Cela dit, jusqu'en années 60, sinon un peu plus tard,
02:46 on pratiquait des lobotomies en psychiatrie, donc ce n'était pas les traitements les plus doux.
02:51 Ils m'envoyaient une photo de Marguerite Botard, elle avait un chien avec elle,
02:54 ce qui la rendait peut-être plus humaine.
02:55 Et puis donc, j'ai dit au metteur en scène,
02:57 moi j'ai des chiens, mais ils seront incapables de jouer devant une caméra.
03:00 Et avoir un chien dressé, c'est un tanné.
03:03 C'est-à-dire que pendant qu'on tourne des scènes importantes,
03:05 t'as un mec qui fait "Allez, allez, viens, viens !"
03:08 Comme chaque année à la même saison, on se tiendra à notre bal costumé.
03:12 Ce bal, oui, qui a existé aussi, où on l'organisait pour des raisons
03:16 pratiquement de thérapie, en disant "On va la regarder,
03:18 comme nos pensionnaires vont bien, elles sont capables de faire des choses."
03:21 Et je pense que ça permettait à l'hôpital de recevoir un peu d'argent par des donateurs.
03:26 J'imagine qu'il y avait les gens de la Bonne Société qui venaient
03:28 un petit peu comme on va aux zoos,
03:30 voir des fans apparemment folles qui, d'un seul coup,
03:34 avec qui ils allaient danser et qui allaient s'exhiber, quoi, quelque sorte.
03:37 [musique]
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