Mobilisation des agriculteurs : «C'est notre dernier combat», confie Serge Bousquet-Cassagne

  • il y a 7 mois
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Serge Bousquet-Cassagne, président de Coordination Rurale 47 et producteur de pruneaux, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils font le point sur l'évolution de la mobilisation des agriculteurs.

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Transcript
00:00 - Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le président de la coordination rurale du Lot-et-Garonne.
00:05 - Bonjour Serge Bousquet-Cassagne.
00:07 - Bonjour.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1, vous êtes producteur de pruneaux à Fumel,
00:11 vous êtes aussi le président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne
00:14 et vous êtes surtout sur le départ ce matin, Serge.
00:17 Vous êtes objectif Paris ou plutôt le mine de Rungis.
00:22 C'est bien ça, c'est toujours votre objectif ce matin ?
00:24 - Alors c'est toujours notre objectif,
00:26 mais on s'est rendu compte que les forces de l'ordre l'avaient bloqué complètement eux-mêmes ce matin,
00:32 on se demande si on va partir.
00:34 Je rigole bien sûr, hein.
00:36 Mais quand on voit le déploiement de sécurité qui est autour de Rungis,
00:42 on se dit que notre cible est la bonne.
00:44 - Les blindés de gendarmeries, ça ne vous dissuade pas de...
00:48 Mais qu'est-ce que vous voulez faire exactement ?
00:49 C'est assiéger Rungis, c'est rentrer dans Rungis, quel est l'objectif ?
00:53 Enfin si vous voulez partager avec nous.
00:54 - Assiéger Rungis et non pas affamer le peuple de Paris,
00:58 parce qu'on n'en arrivera pas là,
01:00 mais démontrer que ça, les agriculteurs, il n'y a pas de Rungis.
01:03 - Oui. On rappelle, Rungis, c'est tous les restaurants de Paris qui s'approvisionnent,
01:08 les fruits et légumes.
01:10 Sans Rungis, on tient 72 heures dans Paris, vous en êtes conscient Serge Busquet-Cassel.
01:15 Je vous dis ça parce que ça inquiète un peu les Parisiens, je ne vous le cache pas.
01:19 - Écoutez, nos amis les Parisiens ne risquent rien.
01:23 Qu'ils fassent des provisions, un petit peu quand même, on ne sait jamais.
01:26 Mais en attendant, je pense que nous allons bloquer,
01:30 nous allons être aussi extrêmement sérieux.
01:33 Nous ne voulons pas qu'il se passe de drame de nulle part.
01:37 Pas d'affrontement avec les forces de l'ordre,
01:39 sauf si bien sûr les forces de l'ordre nous affrontent.
01:41 Et nous sommes des gens qui quittons nos campagnes,
01:46 et quand nous montons à Paris, c'est soit pour aller voir des matchs de rugby,
01:49 soit pour aller manifester.
01:51 Et on aurait préféré aller voir des matchs de rugby, si vous voyez ce que je veux dire.
01:54 - Absolument. Serge Busquet-Cassel, racontez-nous,
01:57 vous allez partir à combien de tracteurs ?
02:00 Et puis comment ça va se passer ? Parce que l'air de rien, c'est pas tout à fait la porte à côté.
02:03 Rungis, pour faire le plein, pour dormir le soir, tout ça est organisé ?
02:08 - Tout ça est organisé, donc nous partons de plusieurs points du Lot-et-Garonne,
02:12 nous prenons au passage à Bergerac, Périgueux, nos amis de Dordogne,
02:16 à Limoges, nos amis de Léoviennois et les Limousins,
02:20 et nous montons, et nous espérons tout au long de la route,
02:25 rassembler des agriculteurs de toutes tendances confondues,
02:29 et arriver aux portes de Paris.
02:31 Là, nous savons que nous serons accueillis par nos amis de la FNSA,
02:36 qui se préparent à nous trouver des locaux pour dormir et pour se rassasier,
02:42 et nous sommes accompagnés par nos camions-citernes de gasoil,
02:46 nos livreurs de gasoil habituels, qui nous suivent et qui sont conscients
02:52 que sans nous, ils n'y auront plus de gasoil du tout.
02:56 Donc ils nous accompagnent.
02:57 - Vous nous dites bien accueillis par la FNSA,
03:01 parce qu'il semblait que ce n'était pas très cordial quand même
03:04 entre votre organisation syndicale, la Coordination rurale,
03:07 et l'organisation majoritaire FNSA qui disait en substance,
03:10 "non, non, le blocage de Rungist, nous, c'est pas notre affaire,
03:13 on ne veut pas être mêlé à ça".
03:16 - C'est pas leur affaire, ils ont décidé de ne pas s'y mêler.
03:19 Par contre, le solidaire est entre paysans et jouroirs à plein,
03:22 je vois mal nos amis de la FNSA d'Île-de-France nous laisser dormir dehors.
03:30 - Racontez-nous aussi Serge Bousquet-Cassin,
03:33 on va venir après sur le terrain des revendications
03:35 de ce que vous attendez de cette montée sur Paris,
03:38 mais vous laissez vos exploitations derrière vous là,
03:41 quand même pendant peut-être plusieurs jours,
03:44 comment ça va se passer, comment vous vous organisez vous à titre personnel,
03:47 Serge Bousquet-Cassin ?
03:49 - À titre personnel, j'ai un fils qui a la chance d'avoir un enfant qui reprend,
03:52 et donc il va rester sur la ferme.
03:56 Par ailleurs, en Haute-Garonne, la solidarité est organisée depuis toujours,
04:01 c'est un département très soudé, agricolement parlant,
04:05 et donc on va se prêter des bras les uns les autres
04:10 pour faire les travaux nécessaires de saison,
04:14 sachant qu'il a beaucoup plu,
04:16 alors qu'il ne devait plus pleuvoir pendant mille ans,
04:19 si on écoutait les oiseaux de mauvaise augure,
04:21 il a beaucoup plu, et donc on ne peut pas rentrer à l'échange,
04:24 donc on est un peu en stand-by en ce moment.
04:27 - On avait eu l'impression d'une détente vendredi,
04:30 après les annonces de Gabriel Attal,
04:33 lorsqu'il s'est rendu dans le sud-ouest sur le GNR,
04:37 sur la simplification des démarches administratives,
04:39 et puis en fait, non, on a vu que c'est très très vite reparti.
04:42 Qu'est-ce qui manque ? Qu'est-ce que vous souhaitez ?
04:44 Vous, c'est quoi votre objectif maintenant,
04:46 à travers cette montée sur Paris ? Racontez-nous.
04:49 - Alors, ce n'est pas de détailler des mesures,
04:52 notamment sur les normes, et faire des annonces,
04:55 c'est surtout envoyer un message fort aux agriculteurs
05:00 de changer le curseur de l'agriculture.
05:04 Il faut qu'on cesse de déproduire, et se remettre à produire,
05:09 et surtout, laisser ceux qui savent produire,
05:13 qui savent travailler la terre, la travailler,
05:15 c'est-à-dire les agriculteurs.
05:17 C'est tout un système à changer,
05:19 et je sens bien que c'est compliqué,
05:22 puisque une partie des politiques français,
05:25 ils sont complètement opposés.
05:28 - Comment ça, opposés ?
05:29 On ne veut pas vous laisser produire en France, c'est ça que vous dites ?
05:32 - Bien sûr, bien sûr.
05:33 Quand on vous oblige à laisser vos terres à jachères,
05:36 jachères, ça veut dire pas de production.
05:39 Quand on vous contraint, quand on vous dit
05:41 à quelle heure il faut que vous arrosiez,
05:43 à quelle heure il faut que vous semiez,
05:45 quel jour il faut que vous récoltiez,
05:47 quel jour il faut que vous semiez les couverts végétaux,
05:51 etc. etc.
05:52 C'est un empêchement de produire,
05:55 un empêchement de nourrir les hommes.
05:57 - Et vous dites, Serge Bousquet-Cassen,
05:59 je vous ai entendu dire ça,
06:01 que ce qui se passe en ce moment, c'est votre dernier combat.
06:05 Bon, vous avez 64 ans,
06:06 c'est vrai que vous n'êtes pas un perdreau de l'année, comme on dit,
06:08 mais qu'est-ce que vous entendez par cette idée d'un dernier combat,
06:11 Serge Bousquet-Cassen ?
06:12 Vous pensez que l'agriculture française peut mourir si on ne fait rien ?
06:15 - Tout à fait.
06:16 On a perdu la guerre des fraises.
06:19 Dans les années 80-90,
06:21 nos amis espagnols nous ont noyés sous leurs fraises.
06:24 On ne produit plus de fraises, ou très peu de fraises en France.
06:27 On a perdu la guerre des pommes.
06:29 On a perdu la guerre de l'eau à Sainte-Sauline et ailleurs,
06:33 et à Sivens.
06:35 Là, c'est notre dernier combat.
06:37 C'est-à-dire qu'il y a une espèce d'alignement de planète
06:39 qui fait que tous les agriculteurs sont solidaires,
06:42 vous l'avez bien vu,
06:43 que les discours apaisants de la FNSOA ne passent pas,
06:47 et c'est le moment ou jamais de s'engouffrer là-dedans.
06:51 Et si on perd ce combat,
06:53 l'agriculture française, qui était un fleuron exportateur,
06:57 nourrisseur de la France,
06:59 eh bien, va devenir comme le reste de l'industrie,
07:04 comme tout ce qui est produit en France,
07:07 quelque chose qui sera une réserve d'indien peut-être,
07:11 et c'est tout.
07:12 - Merci à vous Serge Bousquet-Cassagne.
07:14 Je rappelle que vous êtes le président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne,
07:18 ainsi que de la coordination rurale dans le département.
07:21 Et donc je rappelle, vous allez prendre la route avec
07:24 beaucoup de vos confrères agriculteurs de la région,
07:29 la direction de Paris. Merci à vous.
07:31 On va suivre évidemment votre avancée vers Paris.

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