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Alexis Hache, agriculteur dans le Vexin et président du syndicat des betteraves de l'Oise, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur cette mobilisation inédite des agriculteurs qui réclament de nouvelles mesures pour pouvoir vivre de leur métier sans être asphyxiés par les normes.
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Alexis Hache, agriculteur dans le Vexin et président du syndicat des betteraves de l'Oise, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur cette mobilisation inédite des agriculteurs qui réclament de nouvelles mesures pour pouvoir vivre de leur métier sans être asphyxiés par les normes.
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NewsTranscription
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le président du syndicat Bétravier de Loise.
00:06 - Bonjour Alexis H.
00:08 - Bonjour Dimitri Pavlenko.
00:10 - Bienvenue sur Europe 1 Alexis, vous êtes donc Bétravier dans le vexin.
00:15 Alors ça va pas bien du tout pour la Bétra française depuis plusieurs années.
00:19 Vous allez nous en parler mais d'abord Alexis H. Vous êtes où exactement là ce matin ?
00:23 - Alors moi j'ai redécollé du barrage pour aller prendre une douche chez moi et je retourne juste après sur le point de blocage.
00:33 - Voilà, barrage de la 16. - Et le point de blocage est à Beauvais.
00:36 - À Beauvais, voilà. Comment s'est passé la nuit ? Tiens racontez-nous un peu.
00:39 - Alors j'étais chez vos collègues de CNews donc je peux pas trop vous dire comment ça s'est passé là-bas
00:46 mais nous on est sur le blocage depuis mardi soir et donc c'est toujours un peu pareil.
00:53 On a de la paille, des bétaillières, des bâches et les gars c'est surtout les jeunes agriculteurs de Loise
00:58 qui tiennent le barrage et qui sont incroyables depuis mardi.
01:03 - Bon Alexis H. Parlez-nous un peu de la betterave parce que c'est la matière première, la betterave,
01:07 de la filière sucre qui est historiquement un point fort de l'agroalimentaire français.
01:12 La betterave c'est aussi la filière éthanol qu'on ajoute dans le carburant maintenant
01:17 mais c'est la crise pour la betterave depuis quelques années.
01:20 Qu'est-ce qui se passe exactement ? Racontez-nous.
01:22 - Alors ce qui se passe c'est que, comme dans toutes les autres filières,
01:27 on nous a demandé de faire toujours mieux, on nous a supprimé des moyens de production,
01:32 on nous a enlevé des molécules de protection de nos betteraves pour les soigner et pour les protéger
01:38 et par contre au niveau européen, ces molécules n'ont pas toutes été supprimées.
01:43 Donc nos voisins allemands, belges, hollandais disposent de moyens que nous n'avons pas.
01:49 Et donc ce qui se passe c'est que depuis 5 ans on a fermé 5 usines en France,
01:54 on était premier producteur de sucre en Europe, on est maintenant deuxième derrière les Allemands
02:00 qui grâce à cette distorsion de concurrence intra-européenne ont pris le lead.
02:06 Donc ça c'est une chose et la deuxième c'est que depuis la guerre en Ukraine,
02:10 on s'est servi de l'agriculture comme moyen d'échange pour payer les armes,
02:15 on a importé massivement des céréales, des poulets, des oeufs et du sucre.
02:20 On a porté avant la guerre 25 000 tonnes de sucre ukrainien sur le territoire européen,
02:26 on importe aujourd'hui à peu près 700 000 tonnes et l'année prochaine on attend 1 million de tonnes de sucre d'Ukraine
02:33 qui rentrent sur le territoire, 1 million de tonnes c'est 10 usines pour l'Europe.
02:37 Et ces betteraves sont produites en totale distorsion puisque c'est des betteraves OGM,
02:43 donc interdites en culture en Europe, Roundup Ready,
02:47 c'est des betteraves enrobées Néo, c'est ce qu'on faisait il y a 10 ans chez nous,
02:52 c'est des betteraves traitées avec des produits fongicides dont on n'a plus accès,
02:57 donc elles sont en totale distorsion de concurrence.
03:00 Il aurait fallu pour soutenir ce pays-là, les aider à exporter le sucre vers leurs clients historiques,
03:05 parce qu'aujourd'hui leurs clients historiques vont se fournir ailleurs et notamment en Russie.
03:11 Donc on a fait l'inverse de ce qu'il fallait.
03:14 - Quand vous dites Néo, c'est néonicotinoïdes,
03:16 ce sont les fameux pesticides que les autres ont le droit d'utiliser mais pas plus vous en France,
03:21 parce que sur Transposition, on connaît maintenant évidemment la chanson qui plombe l'agriculture française,
03:28 est-ce qu'il y a un péril aujourd'hui sur l'existence même de la filière sucre française ?
03:33 Enfin avant de la filière sucre, d'abord la filière betterave,
03:35 est-ce que vous vous posez la question Alexi H de persévérer dans cette culture ?
03:39 Vous ne faites pas que de la betterave hein ?
03:41 - Non non, tout agriculteur a une rotation, on fait du blé, du colza, de la betterave,
03:47 chez nous les rotations du maïs, les rotations elles sont quand même extrêmement étoffées,
03:52 donc on peut faire n'importe quelle autre production.
03:55 Le risque c'est quand vous perdez des moyens de protection de la culture,
03:59 quand vous la semez vous êtes beaucoup moins sûr de la récolter,
04:03 et la betterave nécessite d'investir pas mal d'euros avant d'arriver à la récolte.
04:08 Donc certains agriculteurs, peut-être les plus fragilisés, vont se dire
04:13 "mais plutôt que d'investir avec un grand risque parce que j'ai pas les moyens de protection,
04:17 je vais faire autre chose".
04:19 Et le problème c'est quand vous perdez le producteur de betterave, vous perdez toute la filière,
04:23 vous perdez le transporteur, vous perdez l'usine, vous perdez la pulpe qui est à destination de nos éleveurs.
04:29 Aujourd'hui nos éleveurs ont besoin d'une ressource comme la pulpe qui est présente dans les Hauts-de-France,
04:33 si vous enlevez la pulpe vous enlevez les éleveurs dans nos régions,
04:36 et au final vous avez perdu toute la chaîne, et au lieu de donner 25 à 50 euros la tonne de betterave à l'agriculteur,
04:45 vous donnez directement 600 euros à la tonne de sucre à l'import,
04:51 donc cette valeur ajoutée entre le prix de ma betterave et le prix du sucre,
04:55 elle est perdue pour la France.
04:57 - Alors tout à l'heure sur Europe 1 avec Siach, Arnaud Rousseau sera l'invité de Sonia Mabrouk,
05:01 c'est le président de la FNSEA, Premier Syndicat Agricole Français,
05:05 il a vu à Gabriel Attal hier, qu'est-ce que vous attendez vous aujourd'hui des pouvoirs publics ?
05:10 Qu'est-ce que vous espérez qu'Arnaud Rousseau réclame au nom des agriculteurs français ?
05:15 - Alors nous ce qu'on espère c'est simple, c'est qu'on nous mette au même niveau que nos concurrents européens qui sont autour de nous,
05:23 que sont l'Allemagne, que sont la Belgique, que sont la Hollande, etc.
05:27 Vous savez qu'on a en France 177 molécules qui sont interdites chez nous et autorisées dans les pays autour.
05:35 On ne peut pas tenir comme ça, donc ce qu'on réclame au gouvernement,
05:39 c'est qu'il commence à mettre un coup de rabot sur toutes les surtranspositions qu'il a créées depuis des années,
05:45 qui nous remettent au même niveau que nos concurrents.
05:47 Et c'est défendu, on le sait, par Arnaud Rousseau de la FNSEA.
05:52 Arnaud était sur notre barrage de la 16 dimanche et il a bien entendu toutes les inquiétudes des agriculteurs présents sur notre barrage.
06:02 - Merci beaucoup Alexis H d'avoir été avec nous ce matin sur Europe 1.
06:06 Je vous rappelle que vous êtes le président du syndicat des producteurs de betteraves de l'Oise.
06:10 Merci d'avoir été avec nous et une bonne journée sur votre barrage.
06:14 - Merci Dimitri Pavlenko.