Au programme du Quart d’heure américain, une semaine rythmée par la "séquence résultats" qui se poursuit et notamment dans la tech, avec les publications de résultats de Google et Microsoft. Côté banques centrales, la semaine sera ponctuée par la réunion de la Fed les 30 et 31 janvier. Notre correspondant américain Pierre-Yves Dugua fait aussi le point sur l’élection présidentielle américaine à venir. À quoi pourrait ressembler la politique économique de Trump 2 ?
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00:00 *Générique*
00:10 Reprenons le fil des enjeux de la semaine avec notre quart d'heure américain,
00:15 notre rendez-vous hebdomadaire pour traiter de l'actualité américaine avec notre correspondant américain en visio avec nous, lui aussi,
00:22 Pierre-Yves Dugas, bonjour et bienvenue Pierre-Yves, merci d'être avec nous,
00:26 fidèle au rendez-vous au démarrage d'une semaine qui sera intense.
00:30 Effectivement, les investisseurs étant directement concernés par la réunion de la Fed et les résultats d'entreprise et notamment de la tech américaine,
00:39 il y a deux événements d'ailleurs qui vous ont marqué ces derniers jours au sujet des enjeux boursiers, on va le dire comme ça,
00:48 Pierre-Yves, c'est ce qui s'est passé autour d'Intel et de Tesla.
00:52 Oui, je vous en dis un mot, mais auparavant vous en avez oublié un tout petit détail et nous espérons tous que ça ne restera qu'un petit détail
01:02 parce que pendant des dizaines de trimestres, ce n'était qu'un petit détail.
01:06 Nous attendons les annonces du Trésor américain en matière de composition de ses refinancements et de ses émissions obligataires,
01:15 ça doit tomber demain. Vous vous souvenez que le 1er novembre, on avait tous poussé un grand soupir de soulagement en apprenant que le Trésor américain
01:23 finalement s'alignait sur la minorité de ses contacts à Wall Street et décidait d'émettre un petit peu moins d'obligations à 10 et 30 ans.
01:33 La courbe des taux s'en était soulagée, les marchés s'étaient envolés.
01:36 Donc n'oublions pas cette information supplémentaire qui pourrait n'être que marginale et on souhaite qu'elle ne soit que marginale, mais qui pourrait avoir son importance.
01:45 On a eu deux catastrophes la semaine dernière. D'abord, les sept mercenaires de Magnificent 7 ne sont plus que six.
01:55 Il y en a un qui a été éjecté de la bande, c'est Tesla. Tesla n'est plus une société de croissance pour le moment
02:03 et c'est assez surprenant de voir le massacre boursier de Tesla. La valeur a perdu 12% en quelques minutes le soir de la publication de ses résultats trimestriels
02:15 parce qu'on avait des signaux indicateurs de difficulté de marge de Tesla avec des baisses de prix qui ont été annoncées en Chine et en Allemagne dans les dernières semaines.
02:27 Elon Musk lui-même n'avait pas caché le fait que la demande de véhicules électriques n'est plus ce qu'elle était et que la concurrence est de plus en plus forte.
02:36 Donc les marges de Tesla ont baissé par rapport à ce qu'elles étaient l'an dernier. Malgré cela, le marché s'est laissé surprendre,
02:44 ce qui nous prouve que nous étions vraiment « priced for perfection », que nous n'avions aucune marge d'erreur.
02:51 Autre exemple, Intel. Intel, là aussi, qui n'a pas publié de résultats catastrophiques ou choquants par rapport à ce qu'on aurait pu imaginer.
02:59 Et pourtant, Intel qui nous indique que l'année 2024 sera probablement une année de transition à nouveau.
03:07 Intel qui n'a pas proposé de produits particulièrement ciblés sur les applications d'intelligence artificielle.
03:15 Et Intel qui a perdu en quelques minutes 25 milliards de dollars de capitalisation.
03:21 On espère que dans les résultats qui vont tomber au cours des prochains jours, qui sont les résultats des autres membres de la bande d'E7,
03:29 nous n'aurons pas de telles surprises avec un regard particulier tout de même pour Apple, qui n'est plus la première capitalisation américaine,
03:40 qui maintenant est dépassée par Microsoft. Là aussi, en partie, parce qu'Apple, pour le moment, a été assez silencieux ou assez discret
03:48 sur ce que pouvait représenter pour ses produits et pour ses services l'intelligence artificielle.
03:54 Intéressant ce que vous appelez ce « pricing for perfection » chez Intel.
03:59 Par exemple, je crois qu'au regard des espoirs qui étaient soulevés avec l'intelligence artificielle,
04:04 Intel a à un moment été mieux valorisé que Nvidia, avec des résultats qui ont déçu la semaine dernière et un retour à la réalité un peu difficile.
04:13 Il y a la question des perspectives et de l'opérationnel pour ces entreprises richement valorisées de la tech américaine.
04:20 Il y a également la question de leur sensibilité au taux d'intérêt.
04:24 Depuis quelques semaines, depuis la fin d'année dernière, les choses vont mieux.
04:29 Les choses vont dans le bon sens avec une détente des rendements obligataires.
04:33 Mais quand on a vu encore la croissance spectaculaire de l'ensemble de l'économie américaine au dernier trimestre,
04:39 qu'on a devant nous d'ici 48 heures une décision ou une communication importante de la réserve fédérale américaine,
04:46 est-ce qu'on pourrait avoir à nouveau un espèce de phénomène de double peine pour cette tech américaine ou certains acteurs de cette tech américaine ?
04:53 C'est assez surprenant de voir que les plus grosses valeurs de la technologie américaine
04:59 se sont si bien comportées dans un environnement où on est passé en gros de 3,97 le 2 janvier à 4,16, 4,17 pour le rendement du T-Bond à 10 ans.
05:11 Il y a encore quelques mois, à chaque fois que ce rendement montait un petit peu,
05:16 on avait de grosses sorties sur les investissements dans ces valeurs de la technologie.
05:21 Leur valorisation élevée les place clairement dans une situation de vulnérabilité.
05:26 Reprenons l'exemple de Tesla à propos de valorisation.
05:30 En dépit de tous les signaux dont nous disposions, je ne reviens pas dessus, la Chine, l'Allemagne, l'Europe, la demande aux Etats-Unis, etc.,
05:39 et en dépit d'une forte chute de 27% je crois, oui c'est ça, depuis le début de l'année du cours de Tesla, 27%,
05:47 une valeur qui avait, c'est vrai, gagné quelques 73% l'an dernier.
05:53 Eh bien, le ratio prix-bénéfice courant de Tesla aujourd'hui c'est 42.
05:59 Le ratio prix-bénéfice attendu c'est 60.
06:04 On est toujours dans une situation où en dépit d'une forte correction qui manifeste le fait que beaucoup de gens ont été surpris,
06:11 on est toujours dans une situation où on reste "priced for perfection, perfection who's nowhere around".
06:18 Oui, on verra effectivement, tout peut se dérégler.
06:23 Effectivement, la perfection n'est peut-être pas là où on l'attend, en tout cas pour un groupe comme Tesla aujourd'hui.
06:29 Oui, 62 PE c'est du niveau d'Hermès, ça reste exceptionnel, extraordinaire, spectaculaire, c'est des écarts-types très importants par rapport à la moyenne.
06:40 Il faut de la croissance pour justifier ça.
06:43 Tesla nous a annoncé qu'il n'y aurait pas de croissance cette année.
06:46 Alors, on voit que les marges ont un petit peu baissé.
06:50 Moi, je n'ai rien du tout contre Elon Musk, je trouve que c'est un personnage absolument extraordinaire.
06:54 Heureusement qu'il est là pour mettre un peu d'ambiance.
06:57 C'est quelqu'un qui a changé le monde plusieurs fois,
07:00 donc je n'adresse pas une critique même pas à son style fracassant et parfois bizarre et probablement contre-productif pour ses actionnaires.
07:09 Mais payer aussi cher pour une société qui a pour le moment mis sa croissance entre guillemets, c'est quand même assez dingue.
07:16 Nous sommes entre deux vagues de croissance, c'était le message distillé par Elon Musk la semaine dernière à l'occasion de la publication de Tesla.
07:24 Venons-en à la politique et à ce que pourrait être la politique économique d'un Donald Trump
07:31 qui se retrouverait à nouveau locataire de la Maison Blanche pour un second mandat, Pierre Rivest.
07:37 Est-ce qu'on a des points clés, est-ce qu'on a des lignes directrices,
07:40 est-ce qu'on y voit clair sur ce que serait la philosophie de la politique économique menée par Trump s'il revenait au pouvoir ?
07:48 Alors, pour être très franc, Grégoire, on n'y voit pas clair.
07:53 On n'y voit pas clair parce que Donald Trump ne nous donne pas de signaux clairs
07:58 et probablement qu'il ne nous donne pas de signaux clairs parce que ça n'est pas clair dans son esprit.
08:02 Ce que l'on croit comprendre et ce qui est assez logique, c'est d'abord qu'il y a une grosse inquiétude en Europe,
08:11 une inquiétude dans les milieux patronaux américains qui n'est pas du tout dans la même proportion que l'inquiétude manifestée par les patrons européens, à Davos en particulier.
08:21 On a vu Jimmy Dimon, le patron de J.P.Morgan Chase, la plus grande banque américaine, tenir des propos finalement assez flatteurs
08:31 à l'égard des résultats économiques et de la politique économique qui avait été suivie par Donald Trump pendant quatre ans.
08:37 Mais il y a une grosse inquiétude des Européens sur ce que pourrait faire en matière commerciale Donald Trump si jamais il était élu le 5 novembre.
08:46 Et là, je trouve que c'est assez paradoxal parce que depuis que Joe Biden est arrivé au pouvoir,
08:52 il a maintenu en place toutes les sanctions commerciales que Donald Trump avait imposées non seulement à la Chine mais aussi aux Européens.
09:02 Aucun des contentieux inventés pratiquement de toute pièce par Donald Trump n'a été réglé depuis trois ans et demi,
09:11 depuis trois ans pardon, par Joe Biden. Les Européens ont été extrêmement gentils et extrêmement conciliants.
09:18 Et même sur l'acier et l'aluminium où il y a eu une petite évolution, le contentieux sur le fond n'a pas été résolu.
09:25 Dans ces conditions-là, Donald Trump sera tenté de vouloir monter d'un cran puisque l'apocalypse que l'on nous promettait
09:33 sur les relations transatlantiques ne s'est pas produite durant son mandat.
09:37 Elle ne s'est pas produite durant le mandat de Joe Biden. Il va vouloir en rajouter une couche.
09:42 Il nous annonce, d'orger déjà, qu'il a l'intention, il ne l'a pas décidée, mais enfin il l'a dit explicitement,
09:49 de relever carrément de 10% les droits de douane pour tout le monde, y compris les produits européens.
09:55 On croit comprendre que ce serait une sanction qui ne serait imposée qu'à condition qu'en retour, les Européens ne fassent pas des concessions.
10:05 En ce qui concerne la Chine, il est clair que là, on risque de monter d'un cran.
10:11 L'OTAN monte parce que ce ne sont plus simplement des rivalités commerciales qui sont en jeu,
10:18 mais c'est également un jeu géostratégique et militaire.
10:21 Et là, le Congrès est complètement uni derrière le futur président américain,
10:27 qu'il s'appelle Joe Biden, qui s'appelle Joe Manchin ou qui s'appelle Donald Trump,
10:32 pour rester extrêmement dur à l'égard de la Chine.
10:35 Bon, le playbook de Trump n'a pas considérablement changé depuis sa précédente élection de ce point de vue-là ?
10:46 Il y a un point qu'il faut mentionner dès maintenant. Enregistrez-le, on pourra le rejouer dans deux ans.
10:53 Le mandat de Jérôme Parrault en tant que président du Conseil des gouverneurs va expirer en début 2026.
11:01 Si Donald Trump est président, je serais fort surpris que le mandat de Jérôme Parrault soit renouvelé.
11:09 Qui, Donald Trump, pourrait choisir ? Mystère et boule de gomme.
11:14 Mais ça, c'est une décision importante qui risque de faire bouger les marchés dans les mois qui vont précéder.
11:21 Il avait été assez virulent contre la politique monétaire penée par Jérôme Powell
11:27 du temps où Donald Trump était à la maison blanche.
11:31 Merci beaucoup Pierre-Yves, merci pour votre éclairage hebdomadaire ce quart d'heure américain.
11:35 Chaque lundi, en direct entre 13h30 et 14h si vous nous suivez à la télévision.
11:39 Et à retrouver bien sûr en replay sur bismarck.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
11:46 [Musique]