La Maîtrise de Radio France interprète Treize Haïkus sous la direction de Sofi Jeannin, une commande de Radio France composée par Peter Eötvös. Extrait du concert enregistré le 18 janvier à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.
#PeterEötvös #SofiJeannin
La solitude est probablement un sentiment que le compositeur porte en lui depuis sa plus tendre enfance. Un sentiment qui l’a peut-être, plus tard, poussé à se reconnaître dans les destins de certains personnages, dans les déplorations finales des Trois Sœurs de Tchékhov ou dans les magnifiques poèmes d’une dame de cour du Japon médiéval. Avec ses 13 Haïkus, Péter Eötvös retrouve un cadre oriental familier. Dans les années soixante dix, il a accompagné Karlheinz Stockhausen au Japon ; cette découverte l’a marqué à jamais. En 2008, Lady Sarashina (2008) prolongeait donc l’expérience de As I Crossed a Bridge of Dreams, sur un livret de Mari Mezei, son épouse, également signataire du livret d’Angels in America (2004).
La jeune femme solitaire s’y exprimait alors en tankas, des poèmes dont la brièveté parvenait, sinon à dire, à suggérer beaucoup. Dans le cycle destiné à la Maîtrise, Péter Eötvös combine plutôt des haïkus pour en tirer des mouvements de taille inégale, chacun sur un animal différent. Si, au centre, le moineau n’a qu’un seul poème, le rossignol, l’alouette et le papillon en ont trois, mais disposés et enchaînés de diverses manières. La concentration est telle qu’il ne reste à la grenouille que quelques portées minimalistes. Le discours s’est resserré jusqu’à troquer sa polyphonie initiale contre de simples modes de récitation, assortis de quelques interventions chantées sur des hauteurs indéterminées. Si quelques figures évoquent le figuralisme typique du madrigal de la Renaissance – glissando sur le « vent », vocalises des « nuages » –, les vers s’effacent dans la répétition des mots, deviennent phonèmes puis phones essentiels pour toucher, avec le raccourcissement des formes, l’essence même de la poésie japonaise.
Destinée aux élèves de la Maîtrise, la composition des 13 Haïkus a probablement été, pour le compositeur, l’occasion de se remémorer son enfance. 1957, il a treize ans : « inauguration de l’orgue à Alsódobsza. Je devais aussi participer, mais comme ma partition était perdue, j’ai dû improviser. » Avril 1958, entrée à l’Académie de Budapest : « Ma mère vient de découvrir, par hasard, qu’il y aura aujourd’hui un examen d’entrée pour les talents spéciaux. J’ai emballé les partitions de toutes mes œuvres et nous sommes partis. L’examen à l’académie a duré environ une demi-heure. Le président était Zoltán Kodály (…) L’examen était relativement facile.
Écrire une mélodie, chanter une mélodie, chanter une lecture à vue, exemple de basse chiffrée et j’ai joué du piano à partir de mes morceaux… J’ai été admis et Kodály m’a assigné au professeur János Viski. » Peut-être devinera-t-on, alors, un certain bonheur à remonter le temps avec les jeunes interprètes. Un
#PeterEötvös #SofiJeannin
La solitude est probablement un sentiment que le compositeur porte en lui depuis sa plus tendre enfance. Un sentiment qui l’a peut-être, plus tard, poussé à se reconnaître dans les destins de certains personnages, dans les déplorations finales des Trois Sœurs de Tchékhov ou dans les magnifiques poèmes d’une dame de cour du Japon médiéval. Avec ses 13 Haïkus, Péter Eötvös retrouve un cadre oriental familier. Dans les années soixante dix, il a accompagné Karlheinz Stockhausen au Japon ; cette découverte l’a marqué à jamais. En 2008, Lady Sarashina (2008) prolongeait donc l’expérience de As I Crossed a Bridge of Dreams, sur un livret de Mari Mezei, son épouse, également signataire du livret d’Angels in America (2004).
La jeune femme solitaire s’y exprimait alors en tankas, des poèmes dont la brièveté parvenait, sinon à dire, à suggérer beaucoup. Dans le cycle destiné à la Maîtrise, Péter Eötvös combine plutôt des haïkus pour en tirer des mouvements de taille inégale, chacun sur un animal différent. Si, au centre, le moineau n’a qu’un seul poème, le rossignol, l’alouette et le papillon en ont trois, mais disposés et enchaînés de diverses manières. La concentration est telle qu’il ne reste à la grenouille que quelques portées minimalistes. Le discours s’est resserré jusqu’à troquer sa polyphonie initiale contre de simples modes de récitation, assortis de quelques interventions chantées sur des hauteurs indéterminées. Si quelques figures évoquent le figuralisme typique du madrigal de la Renaissance – glissando sur le « vent », vocalises des « nuages » –, les vers s’effacent dans la répétition des mots, deviennent phonèmes puis phones essentiels pour toucher, avec le raccourcissement des formes, l’essence même de la poésie japonaise.
Destinée aux élèves de la Maîtrise, la composition des 13 Haïkus a probablement été, pour le compositeur, l’occasion de se remémorer son enfance. 1957, il a treize ans : « inauguration de l’orgue à Alsódobsza. Je devais aussi participer, mais comme ma partition était perdue, j’ai dû improviser. » Avril 1958, entrée à l’Académie de Budapest : « Ma mère vient de découvrir, par hasard, qu’il y aura aujourd’hui un examen d’entrée pour les talents spéciaux. J’ai emballé les partitions de toutes mes œuvres et nous sommes partis. L’examen à l’académie a duré environ une demi-heure. Le président était Zoltán Kodály (…) L’examen était relativement facile.
Écrire une mélodie, chanter une mélodie, chanter une lecture à vue, exemple de basse chiffrée et j’ai joué du piano à partir de mes morceaux… J’ai été admis et Kodály m’a assigné au professeur János Viski. » Peut-être devinera-t-on, alors, un certain bonheur à remonter le temps avec les jeunes interprètes. Un
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