Alain Bauer déplore l'absence de volonté politique dans la lutte contre le narcotrafic

  • il y a 8 mois
"[Dans les années 1980, la gauche] était extrêmement rationnel au niveau local et arrivés à Paris il y avait un négationnisme culturel et c'était une invention de la droite", explique Alain Bauer à propos du narcotrafic. 

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Transcript
00:00 — Finalement, ce n'est pas démoralisant, ce que vous dites, parce que vous avez dit quand même qu'en 1970, avec un coup de fil de Nixon,
00:08 on a pu arrêter tous les dégâts qu'avait fait la French avec les labos de qualité qui étaient à Marseille. — Ah, de très grande qualité.
00:15 — De très grande qualité qui étaient à Marseille. Donc ça veut dire qu'il y a... S'il y a une volonté politique... — Oui, bien sûr.
00:20 — ...avec une loi qui donne certainement pas satisfaction, mais qui est sortie d'un coup de téléphone et d'une volonté politique.
00:25 Et c'est bien ça qui nous importe à nous dans cette commission d'enquête, c'est de porter derrière une volonté politique pour attaquer ce sujet.
00:35 Alors à l'autre du spectre, moi, qui m'importe beaucoup, mais c'est même pas là-dessus que je vais vous poser une question,
00:40 c'est sur la question du traitement médical et des addictions. Je sais que vous n'êtes pas médecin, mais vous avez quand même fait référence
00:45 à quelque chose que j'avais lu quand j'étais très jeune d'Oliven Stein, qui a écrit « Il n'y a pas de drogue heureux ».
00:51 Et il y avait des expériences qui étaient en cours, notamment à Marseille, par le Dr Pratt, qui menaient ces expériences.
00:57 Je sais pas si on s'en souvient bien. Moi, je m'en souviens pas trop. Peut-être que vous les avez en tête.
01:01 Mais est-ce que ces expériences, qui étaient quand même assez libertaires malgré tout sur certains plans, parce qu'ils disaient
01:07 qu'il n'y avait pas d'accroc à la cocaïne, etc., la drogue n'était pas la même à l'époque ? Est-ce que vous pensez qu'on peut s'inspirer
01:13 des propositions qui ont lieu, qui étaient à titre expérimentaux, qui n'ont jamais été vraiment soutenues ? Ça, c'est ma première question.
01:19 Même si vous n'êtes pas médecin, donnez-moi une piste là-dessus. Et l'autre question, c'est concernant les petits dealers de quartier.
01:27 Vous disiez tout à l'heure une courte peine. Pour les mineurs, c'est très efficace. – Courte peine, très rapide.
01:33 – D'accord. – C'est pas la courte peine. C'est la cassure. – D'accord. Préciser, parce que moi, je vois tellement des jeunes,
01:41 qui sont peut-être pas des mineurs, d'ailleurs, qui ont un bracelet, qui remontent le survêt pour qu'on voit le bracelet.
01:45 Ça leur donne, au contraire. Donc j'ai besoin de précision sur ces deux points. – Oui. Alors, pardon si je réponds au fur et à mesure.
01:52 D'abord, oui, il y a eu beaucoup d'expériences. Aucun bilan. Aucun. Autant le rapport Perfit, juste avant 1981,
02:05 avait fait en 20 volumes le plus beau et le plus impressionnant bilan de l'état de la criminalité, de la délinquance,
02:12 des problèmes urbains. Un diagnostic absolument remarquable, qui n'a provoqué ni pronostic ni thérapeutique.
02:19 Mais au moins, c'était fait. Après 1981, on a eu un certain nombre de propositions qui ont été réalisées sur un nombre important de secteurs,
02:31 mais qui ont amené une problématique complète de ne pas se montrer trop complaisant parce qu'il y avait un procès en incompétence
02:43 et en philobanditisme qui s'est arrêté après l'affaire Action Directe. Les attentats ont créé les conditions d'un retour à l'ordre, O majuscule.
02:55 Et on est revenus à un projet à peu près intelligent qui était « Des citoyens libres dans des villes sûres »,
03:01 « Colloque dit de ville peinte », issu anciennement du rapport Bonne Maison. Alors, c'est à peu près tous les 15 ans.
03:07 La gauche a eu une épiphanie. Elle découvre, parce qu'elle est aux affaires de la plupart des collectivités territoriales,
03:13 que cette question doit être traitée. Et d'ailleurs, c'est assez intéressant parce que c'est une gauche Janus.
03:18 Alors, je dis ça avec facilité, puisque j'en ai connu beaucoup. J'étais collaborateur de Michel Rocard pendant très longtemps.
03:23 Ils étaient extrêmement rationnels et normaux au sens de la normalité de la prise en compte du problème au niveau local.
03:31 Et arrivés à Paris, une transformation avait lieu. Et on avait des négationnistes culturels.
03:36 C'est-à-dire que le problème n'existait pas et c'était une invention de la droite. Alors, ça, évidemment, ça pose un problème.
03:41 C'est que ça construit l'opposition sur le thème, un, voilà, la France est le pays de négation, minoration, éjection.
03:48 Un, c'est pas vrai. Deux, c'est pas grave. Et trois, c'est pas de ma faute.
03:51 Ce qui fait que le citoyen lambda, pour qui c'est vrai, c'est grave et il fallait bien trouver quelqu'un qui s'en occupe,
03:56 décide de s'adresser aux extrêmes. Parce qu'au moins, les extrêmes lui donnent une réponse.
03:59 Certes, elle n'est pas bonne, mais il y en a une. Et puis surtout, elle ne commence pas par dire que ce n'est pas vrai,
04:03 ce qui est quand même un vrai problème quand vous le subissez tous les jours. C'est un sentiment.
04:08 Alors qu'en fait, nous vivons un climat. Ce n'est pas la même chose, le sentiment. C'est un truc évaporé.
04:12 Le climat, c'est ce qu'on rencontre tous les jours. Que ça soit plus ou moins grave, c'est un peu comme les gens qui n'aiment pas l'obscurité.
04:18 Vous avez le droit de vous moquer d'eux, mais vous ne pouvez pas penser que ça n'existe pas.
04:22 [Musique]

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