Sénat en action - Violences dans le foot : la coupe est pleine

  • il y a 6 mois
Sénat en action s'immerge dans les coulisses du Sénat pour montrer le travail des 348 élus de la chambre haute, l'élaboration d'une loi et son application sur le terrain. Auditions, commissions d'enquête, projet de loi... plongée inédite au coeur du Sénat. Année de Production : 2023
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00:48 (Cris de la foule)
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01:06 Depuis sa plus tendre enfance, Mathieu a le Racing Club de Lens chevillé au corps.
01:10 A tel point que même s'il vit aujourd'hui à plus de 1000 kilomètres de son club de cœur,
01:15 dès que son agenda le lui permet, il vient soutenir les siens.
01:19 Et joue même un rôle primordial en tribune.
01:22 On présente clairement les couleurs de la section, les couleurs de Lens.
01:26 Vous allez plusieurs à la JTO ?
01:31 Je suis le seul à l'avoir celui-là.
01:33 Il y a des plus petits qui font 2 mètres sur 2,
01:36 on le donne à plusieurs membres de la section,
01:38 et celui-là il fait 3 mètres sur 3 et je suis le seul à l'avoir.
01:41 C'est un cool match pour la JTO.
01:45 C'est pour toi la signée.
01:48 Dans cette terre ouvrière, le club de foot occupe une place centrale dans la vie de beaucoup.
01:54 Il n'y a pas beaucoup de clubs en France où tu retrouveras ce genre de ferveur.
01:58 Il y en a quelques-uns, bien sûr, je vais prendre Marseille, je vais prendre Nantes,
02:01 je vais prendre Saint-Etienne, ce genre de clubs où ils vivent pour leur club.
02:05 Et nous c'est pareil, on vit pour le Hercé Lens, on l'a dans la peau.
02:08 Ils sont tatoués Hercé Lens.
02:11 Ça représente beaucoup pour chacun sa petite histoire,
02:17 et le club représente ce qu'ils ont vraiment envie au fond d'eux.
02:21 Quelques jours plus tôt, la ministre des Sports Amélie Oudea Castera
02:30 a décidé d'un moratoire interdisant les déplacements de supporters.
02:34 Mathieu et les Wolf17 ont décidé de faire passer un message
02:38 aux dirigeants du foot français, mais aussi aux politiques.
02:41 La fiche "supporters pas criminels", on l'a faite en raison des interdictions de déplacement.
02:47 Pour leur expliquer qu'ils peuvent faire ce qu'on veut,
02:51 mais nous on est supporters pas criminels.
02:53 Tu nous interdises comme si tu nous coupais les vivres.
02:55 Nous on n'est pas criminels, loin de là, bien au contraire.
02:58 On veut leur faire comprendre que ce n'est pas le bon exemple
03:01 pour nous faire interdire de se tailler.
03:04 Je ne vois pas l'intérêt.
03:06 Je ne pense pas, après vous pouvez poser la question à mes copains,
03:10 mais je pense qu'ils ont tous le même discours.
03:12 S'il y en a un qui se sent criminel, la porte elle est là-bas.
03:16 Un sentiment d'injustice palpable, car dans la quasi-totalité des cas de figure,
03:21 le foot se passe bien.
03:23 Il n'y a qu'en France, on a peur des supporters.
03:26 C'est bon, on va le jouer.
03:28 Comme Mathieu, ils sont des dizaines de milliers
03:34 à se rendre chaque week-end dans un stade de football sans créer de problème.
03:38 Pourtant parfois, la passion déborde et s'envenime jusqu'à devenir poison.
03:46 L'actualité en France, marquée par un épisode de violence dans le monde du foot.
03:50 Un mort, un supporter décédé hier à Nantes.
03:52 Au-delà des conséquences sportives, ce sont bien les scènes de chaos
03:55 que l'on a vues après le match qui interpellent.
03:57 Depuis plusieurs années, les cas de violence dans et aux abords des stades se multiplient.
04:03 Ces derniers mois, l'agression du jeune Kenzo, 8 ans à Ajaccio,
04:08 le caillassage du bus de l'Olympique lyonnais
04:11 et la mort d'un supporter nantais ont décidé les pouvoirs publics à réagir.
04:15 Jean Ingrès, sénateur des Vosges, se penche sur la question à la Chambre haute.
04:21 On a vraiment envie de prendre ce sujet à bras le corps
04:24 parce que l'avenir du foot en dépend aussi.
04:28 On ne va pas pouvoir continuer à avoir tout au long des week-ends
04:32 des interdictions de stade, des actes violents.
04:35 On s'en embrouille au gliau, même d'un point de vue de l'image.
04:39 C'est catastrophique, donc il faut qu'on prenne ce sujet à bras le corps.
04:42 L'élu avec d'autres sénateurs, mais aussi la ministre des Sports, refuse l'immobilisme.
04:47 Avec cette décision d'interdire les déplacements, Amélie Oudéa Castera souhaitait marquer les esprits.
04:53 Ce moratoire, c'est un coup de gueule, c'est un signal de notre détermination
05:01 à passer à une phase nouvelle d'action pour éradiquer cette violence-là.
05:06 C'était extrêmement important pour nous de montrer qu'on ne pouvait pas continuer comme ça,
05:11 qu'il fallait ce temps un peu solennel de prise de recul, de prise de conscience collective
05:18 et de se remobiliser tous ensemble pour agir dans un plan d'action renforcé
05:23 que j'espère nous ferons en capacité de mettre vraiment bien en lumière au cours des semaines qui viennent.
05:29 Mais dans le football, beaucoup de sujets se croisent et les causes sont multiples,
05:36 comme l'explique Vivien Kouzelas, journaliste et auteur du livre "Dans la tête d'un hooligan".
05:41 Il ne peut pas y avoir un seul coupable, ça ne peut pas être d'un seul côté juste les groupes de supporters,
05:47 les autorités bien entendu qui sont aussi coupables.
05:50 D'ailleurs pour moi la solution ne viendra pas que des groupes de supporters,
05:54 la gestion des groupes de supporters implique les groupes de supporters entre eux,
05:58 mais la gestion aussi de la part des autorités.
06:02 En attendant, les problèmes eux bien réels persistent et s'accumulent.
06:06 Le 1er septembre 2023, William Mahé et sa compagne Alicia décident d'emmener leur fils Marius, 6 ans, au stade pour la première fois.
06:18 Nantais mais supporters de l'Olympique de Marseille, leur équipe est de passage dans la région.
06:24 Comme tu peux voir, il y a mon fils qui justement avec son maillot de l'Olympique de Marseille,
06:30 avec son drapeau du FC Nantes, qu'il n'arrêtait pas d'agiter.
06:35 Son but était vraiment à la Beaujoire de voir des buts, comme tout enfant, c'était de voir un maximum de buts.
06:44 Et ce qui était bien, c'est là où nous on était, il y avait quand même des supporters mélangés de Nantais, de Marseillais,
06:50 et on était très bien là où on était placés.
06:53 Dans la tribune adjacente, un groupe d'ultra Nantais.
06:58 Seulement 4 minutes après le coup d'envoi, Marseille ouvre le score.
07:02 Et ce qui devait être une fête tourne au drame.
07:05 Mon fils s'est levé sur le siège et a buté, et ça ne l'aura pas plu.
07:12 Et ils sont arrivés déferlants en lui jetant, en l'insultant, hommes et femmes, en l'insultant, en lui crachant dessus.
07:21 Et c'était vraiment, comme je dis, je crois qu'on ne sait même pas le nombre de billets, de pistes, de crachats qu'il y a eu dans cette violence,
07:30 puisque ça allait très très vite.
07:32 Des vagues de haine comme celle-ci, William et les siens en essuieront deux autres jusqu'à la mi-temps.
07:38 A chaque fois, le père de famille s'interpose.
07:41 Ça m'a énervé, et je leur ai montré mon mécontentement en leur disant qu'il y a mon gamin.
07:47 Et ça te sert à quoi ? Et je suis tellement monté dans les tours que, bah oui, j'ai fait un double infarctus.
07:53 J'ai eu un long massage cardiaque. J'ai eu de la chance que l'équipe médicale était vraiment sur place.
07:59 Pourtant habitué des stades avec son épouse, l'homme de 39 ans se dit surpris des comportements dont ils ont été victimes ce soir-là.
08:07 Je n'avais jamais vu ça dans un stade, et je le redis, c'était une bande d'animaux.
08:11 Vraiment, pour la première fois, j'ai eu peur pour ma sécurité, la sécurité de ma famille, de toute ma famille compris.
08:21 Et heureusement qu'il y avait ce grillage, parce que je pense qu'il y aurait eu beaucoup plus de dégâts,
08:26 et je ne serais peut-être pas là pour en parler, mes enfants, mon fils non plus, et peut-être ma femme non plus.
08:33 Des blessures psychologiques profondes et des interrogations qui persistent.
08:38 J'en veux pas aux stadiers. Les personnes, tout le monde dit les stadiers, mais en fait ces personnes-là,
08:44 ils y sont pour rien. Ils obéissent à un ordre qu'on leur donne. Si on leur dit de bouger, ils bougent.
08:49 Si on leur dit de ne pas bouger, ils ne bougent pas. Ça aurait pu être fait autrement.
08:52 On peut toujours dire tout sera fait autrement. Je pense qu'il y aurait pu avoir un service de sécurité mis en place
08:58 au niveau du grillage en les faisant reculer. Rien n'a été fait, et ça je trouve dommage, parce que ça aurait pu être fait autrement.
09:06 Cet événement non isolé questionne sur la sécurisation des rencontres.
09:11 En période de saison de foot, chaque week-end, 19 matchs professionnels ont lieu sur les pelouses de l'Hexagone.
09:18 Des rendez-vous dont la sécurité est préparée en amont.
09:22 Comme ici, à Marseille, où le club local, l'OM, doit recevoir quelques jours plus tard l'équipe de Clermont-Lacroix.
09:33 Ce match aura lieu le dimanche 17 décembre à 17h05, c'est bien 17h05, au stade Orange Vélodrome.
09:41 Les enjeux de ces réunions, c'est de prévenir les troubles à l'ordre public autour des matchs de l'OM.
09:47 Pour cela, on organise des réunions une semaine à trois semaines pour les matchs les plus problématiques avant les matchs,
09:54 qui associent de nombreuses parties prenantes. C'est ça qui est important à comprendre, c'est que c'est un dispositif partenarial.
10:00 Autour de la table, le parquet, la ligue de football, les deux clubs, mais aussi les services de police et les renseignements territoriaux.
10:09 Tout le monde fait remonter des informations, mais surtout tout le monde a un rôle à jouer le moment venu.
10:14 Nos supporters sont plutôt... Enfin, vis-à-vis de notre équipe, ils sont très contents, donc tout va bien.
10:18 Vis-à-vis du gouvernement, ils sont toujours très mécontents de toutes les interdictions qui sont en train de sortir.
10:23 Donc là-dessus, ils font pas mal de banderoles et pas mal d'actions.
10:26 Ils nous ont fait ce week-end partout en France.
10:30 Un long temps d'échanges qui prévoit à la fois les questions de déplacement des supporters, des équipes, mais aussi le risque lié à la rencontre.
10:38 La TNLH n'a pas pour le moment classé ce match comme un match à risque.
10:45 On l'a vu, il n'y a pas d'antécédent d'affrontement entre les groupes de supporters de Clermont et de Marseille.
10:52 On s'en félicite. Sur les supporters, point de rendez-vous, donc 4 heures avant le match, escorte.
10:59 On va voir si on prend un arrêté qui met tout ça en musique réglementairement.
11:06 En tout cas, le dispositif est celui-ci.
11:09 À l'issue de ces réunions-là, on décide... On a un panel de possibilités.
11:17 On a la possibilité d'interdire le déplacement, qui est la possibilité extrême, qui est quand même assez rare.
11:24 On a la possibilité d'encadrer ces déplacements, de limiter la jauge, d'accompagner les supporters adverses.
11:32 Et puis de prise de mesures de police administrative, qui sont le pouvoir de la préfète de police.
11:39 La décision d'interdire ou pas est prise par la préfète de police en fonction des informations que je lui remonte, qui nous sont remontées dans cette réunion-là.
11:47 Mais voilà, on a 90% des informations et des décisions qui sont prises à l'occasion de cette réunion-là.
11:53 Même si in fine, évidemment, celle qui signe l'arrêté d'interdiction éventuellement, c'est la préfète de police.
12:05 Quelques jours plus tard, nous retrouvons notre sénateur Jean Ingrès à la rencontre de la préfète de police des Bouches-du-Rhône.
12:12 La représentante de l'État dans le département présente le dispositif à l'élu Vaugien.
12:33 On a ici une partie des CRS, on va aller les voir.
12:37 Le renfort, on a deux compagnies de CRS aujourd'hui.
12:41 Ça fait environ deux ?
12:43 120, en renfort des effectifs locaux, il y a à peu près l'équivalent d'effectifs locaux.
12:48 Circulation, CDI, la compagnie départementale d'intervention.
12:53 Et puis évidemment, tout un gros dispo de circulation autour du stade.
12:57 Des moyens déployés à l'extérieur du vélodrome où la responsabilité revient à l'État,
13:03 mais aussi, et c'est à noter, à l'intérieur de l'enceinte.
13:07 Passer les grilles, le club est seul responsable.
13:10 Mais à sa demande, une section d'intervention rapide de la police nationale se tient prête à agir.
13:15 C'est moi qui coordonne un petit peu le dispositif à l'intérieur du stade.
13:19 Donc la CIR est là avant tout pour détection d'éventuels troubles à l'ordre public.
13:24 Donc si le cas se présente, on est à même de contrôler l'individu qui pourrait poser problème.
13:31 On a aussi en permission l'accueil des supporters visiteurs.
13:35 Ils sont juste au-dessus.
13:38 L'accueil par le passion, on est en relation avec eux direct.
13:41 Et puis après, c'est une présence au niveau des failles qu'on appelle faille 1 ici,
13:46 donc au niveau des angles des tribunes, surveillance des groupes de supporters locaux.
13:53 On connaît bien.
13:56 Et si jamais il y a un trouble notoire au niveau des tribunes,
14:00 avec l'intervention éventuelle des forces de l'ordre,
14:03 on est à même de guider les forces mobiles qui ne connaissent pas forcément la topographie des lieux.
14:08 Car à Marseille, plus qu'ailleurs, la sécurité est l'un des enjeux principaux.
14:14 Le vélodrome est pour cela équipé d'un commissariat, avec salle d'interrogatoire et cellule de garde à vue.
14:21 Il est ouvert combien de temps avant ? Il est ouvert environ 4 heures avant le début du match.
14:29 Et il ferme quand il a fini de traiter tous ses gardiens à vue,
14:32 et qu'il a pu les ventiler dans les différents commissariats de Marseille.
14:37 L'an dernier, les forces de l'ordre ont procédé à 120 interpellations lors des rencontres de l'OM.
14:47 C'est deux fois plus qu'à Lens, pourtant en deuxième position de ce triste palmarès.
14:52 Les matchs à risque à Marseille, ce sont les événements sur lesquels je mets le plus de moyens policiers.
14:56 Alors cette ville en a bien besoin des policiers, et pas forcément que sur les matchs de foot.
15:00 Et nous sommes obligés les soirs de match de foot, c'est-à-dire tous les 10 jours, de mettre des moyens très importants.
15:04 Et la question se pose à un moment quand même de l'équilibre entre les moyens qui sont mis,
15:08 qui peuvent toujours être augmentés, mais jusqu'à où on met des moyens policiers
15:13 pour assurer le bon déroulement d'une manifestation qui doit être une manifestation festive, sportive,
15:18 et qui est une manifestation commerciale.
15:20 Parce que ces moyens, quand ils sont ici, ils ne sont pas sur la voie publique ailleurs,
15:23 à faire de l'antidélinquance ou de l'anticrime.
15:26 Le tout répressif est-il alors la bonne solution ?
15:31 Je rappelle que nous avons produit récemment, le 13 octobre dernier, ensemble,
15:36 une circulaire dans laquelle nous voulions continuer à privilégier les encadrements de déplacement
15:46 aux interdictions de déplacement.
15:48 Et dans le même temps, on a fait progresser les mesures d'encadrement,
15:51 justement pour qu'on ne prive pas les supporters de spectacles,
15:55 mais qu'on leur permette d'avoir un régime encadré, protecteur pour eux.
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16:10 Souvent considérée comme la patrie du ballon rond,
16:13 le Royaume-Uni a longtemps été une place forte du hooliganisme,
16:17 avant de faire aujourd'hui figure de bonne élève.
16:20 Geoff Pearson est professeur de droit à l'Université de Manchester
16:25 et travaille sur les questions de maintien de l'ordre
16:28 et de droits de l'homme appliqués aux supporters de foot.
16:31 Il n'y a pas eu de grande stratégie pour lutter contre le hooliganisme au Royaume-Uni,
16:37 mais il y a eu un certain nombre de choses qui se sont produites à peu près en même temps,
16:41 de la fin des années 80 au milieu des années 90.
16:44 Ces changements ont tout d'abord été d'ordre juridique.
16:47 Les interdictions de stade ont été introduites, par exemple.
16:50 Il y a eu des changements au niveau du maintien de l'ordre.
16:53 On est passé de la réaction avec la police anti-émeute
16:56 à un maintien de l'ordre basé davantage sur la collecte de renseignements
16:59 et l'identification des fauteurs de troubles afin de les empêcher d'assister au match.
17:03 Des changements ont été apportés au stade même à la suite de la catastrophe de Lisboro.
17:07 De nombreux changements ont été apportés à la sécurité des stades.
17:10 De nombreuses améliorations ont été apportées.
17:13 Si l'on réunit tous les facteurs, à savoir les facteurs juridiques,
17:19 les facteurs de maintien de l'ordre, les facteurs de contrôle et l'infrastructure,
17:23 c'est alors que les choses commencent à se mettre en place
17:26 et que l'on commence à maîtriser ce problème dans notre pays.
17:29 Pour remédier au problème, la police de la Couronne joue aujourd'hui la carte de la connaissance fine du dossier.
17:39 Pour cela, elle s'est dotée d'une unité dédiée à ce sport.
17:43 Mark Roberts est depuis 2017 à la tête de cette organisation.
17:51 La UK Football Policing Unit est une équipe composée de personnes expérimentées
17:56 et expertes dans le domaine du football, mais aussi des Jeux Olympiques,
18:00 de l'organisation d'événements majeurs ou de la coordination de police
18:04 pour répondre aux besoins du football dans tout le pays.
18:07 Il existe donc un réseau pour toutes les forces de police,
18:10 avec un responsable par club et des responsables des opérations
18:14 lorsque l'on veut faire passer des messages ou des directives.
18:19 Une expertise qui revendique des résultats,
18:22 en s'appuyant sur une approche sociologique des spectateurs de football.
18:26 Je pense que les Français ont de graves problèmes en termes de gestion des foules
18:32 et ces problèmes ont pris de l'ampleur ces dernières années.
18:35 En fin de compte, le principal problème en France est le maintien de l'ordre.
18:39 Les matchs de football en France sont gérés comme des événements d'ordre public
18:43 à travers lesquels les joueurs de football sont obligés de faire des choses.
18:47 Les événements d'ordre public à très haut risque.
18:50 Les gendarmes n'ont pas l'expérience nécessaire pour contrôler les foules.
18:54 Cela signifie que vous n'avez pas le type de communication
19:01 et d'approche basée sur le dialogue que nous savons être les plus efficaces
19:04 avec le public du foot.
19:06 Il faut comprendre à quelle foule on a affaire,
19:11 car la grande majorité des gens qui assistent à des matchs
19:14 ne connaissent pas sincèrement le football.
19:17 Je me suis rendu compte en voyageant à travers l'Europe
19:20 que parfois la police est trop agressive avec les vrais supporters,
19:23 alors qu'il faudrait simplement rester à côté d'eux.
19:26 Il est très important de comprendre qu'il faut maintenir le dialogue avec la foule.
19:30 Avec ces supporters qui ne posent pas de problème,
19:35 nous devons communiquer, les impliquer afin que les supporters s'occupent d'eux-mêmes.
19:39 D'un autre côté, il y a les personnes qui vont au football
19:42 uniquement pour se livrer à la violence et à des actes criminels.
19:45 Cela, il faut les exclure.
19:48 Et mettre en place une stratégie de lutte contre la criminalité pour les exclure.
19:52 Quant aux personnes qui se comportent généralement bien,
19:58 mais qui sont peut-être sous l'influence de l'alcool ou de la drogue,
20:01 elles doivent être gérées d'une manière particulière.
20:04 Mais il est important de comprendre son public
20:08 et d'appliquer les mesures appropriées en fonction de son comportement.
20:12 En Angleterre, il a fallu tellement de temps avant qu'ils réagissent vite.
20:18 Mais il y a eu un moment, il y a eu un degré de ras-le-bol
20:21 avec tout ce qui s'est passé avec le drame d'Eastbrow,
20:24 où il y a eu justement un mouvement de foule,
20:27 où les gens se sont écrasés en bas d'une tribune,
20:30 où il y a eu de nombreux morts,
20:32 ou même au niveau du degré d'affrontement et de violence.
20:35 On a atteint aujourd'hui, ça fait un certain nombre de temps que ça dure,
20:38 on a atteint des proportions de violence qui dépassent l'entendement.
20:42 Aujourd'hui, stop.
20:43 On a décidé qu'à partir d'aujourd'hui, c'était terminé.
20:46 Après, on pourra discuter dans un second temps
20:48 de savoir si les décisions sont radicales,
20:50 de savoir si elles sont justes ou pas.
20:52 Mais en tout cas, les Anglais, il faut leur envier
20:54 cette volonté de prendre le problème à bras-le-corps.
21:02 Mais selon les observateurs, le problème semble se reporter
21:06 peu à peu sur les catégories amateurs et les jeunes.
21:09 Une affirmation que le sénateur Ingres a souhaité soulever
21:14 avec les acteurs de son territoire.
21:16 Bruno Herbst est président du district des Vosges,
21:23 l'instance du football dans le département.
21:25 - Est-ce que, par exemple, la violence qu'on voit dans les stades
21:28 le dimanche à la télé, je pense aux incidents
21:31 qui ont eu lieu récemment à l'Olympique de Marseille,
21:34 mais il y a quelques mois à l'Olympique Lyonnais,
21:36 est-ce que ces images qui sont vues par les jeunes,
21:39 il y a beaucoup de jeunes avec des parents autour du stade,
21:42 est-ce que ça rejaillit au niveau du district des Vosges ?
21:45 Est-ce que ça a un impact auprès de nos jeunes ?
21:48 - Alors, effectivement, ça a un impact, parce qu'en fait,
21:51 les jeunes footballeurs et footballeuses,
21:53 ils copient un petit peu ce qu'ils voient au niveau national.
21:57 Lorsqu'il y a des gestes obscènes, dans certains cas,
22:00 ça arrive même en Ligue 1,
22:03 eh bien, ils les refont sur le terrain,
22:06 le samedi comme aujourd'hui, par exemple.
22:09 - Des incidents sur le rectangle vert,
22:11 mais aussi derrière la main courante.
22:14 - Aujourd'hui, la tendance, c'est un peu autour du terrain,
22:18 tout ce qui est parents, tout ce qui est supporters,
22:21 et on a autour du terrain que des sélectionneurs, quoi,
22:25 qui ont la meilleure composition de l'équipe,
22:28 qui râlent, qui respectent pas.
22:31 Donc c'est une question d'éducation,
22:34 et on travaille un petit peu sur le sujet.
22:37 Ça ne peut qu'impacter l'image du foot,
22:40 dans la mesure où, eh bien, certains parents
22:43 évitent peut-être de venir au match,
22:46 et puis, tout simplement, évitent aussi que le gamin fasse du foot
22:50 et leur propose plutôt un autre sport que le nôtre, quoi.
22:55 - Une atmosphère tendue.
22:58 Alors, pour endiguer le phénomène,
23:01 les pouvoirs publics en appellent à l'exemplarité des professionnels.
23:04 - Le niveau national influe sur le territoire.
23:07 Le territoire peut influer aussi sur le niveau national.
23:10 Je pense que ça se répond en miroir.
23:13 Le foot aussi donne beaucoup d'envie pour beaucoup de jeunes
23:16 qui sont passionnés, mais qui ont envie aussi
23:19 de réussir leur vie grâce au foot.
23:22 - C'est un ascenseur social.
23:25 On réussit, certains joueurs passent du statut
23:28 de parfait inconnu à statut de star, de star parfois mondial.
23:31 Donc, il y a aussi un exemple à donner de la part de ces joueurs.
23:36 - Je considère qu'il y a aussi le rôle des joueurs,
23:39 il y a le rôle des arbitres, qui sont des parties
23:42 prenantes importantes.
23:45 Ils sont impactés par ces phénomènes de violence.
23:48 Les entraîneurs aussi, on l'a vu avec Fabio Grosso,
23:51 ils veulent s'entendre leur voix et qu'ils nous aident
23:54 à construire ce football sans violence.
23:57 - Un foot sans violence, mais avec quelle méthode ?
24:00 - L'Etat peut durcir son arsenal judiciaire.
24:03 Je pense aux interdictions judiciaires de stade.
24:06 Aujourd'hui, ce sont des peines complémentaires
24:09 qu'on a dans la loi de mai dernier,
24:12 rendue systématique pour les faits les plus graves.
24:15 Mais peut-être faut-il allonger la durée
24:18 des interdictions judiciaires de stade.
24:21 - Quand vous avez 6 mois d'interdiction de stade en France,
24:24 en Angleterre, ça peut aller jusqu'à 10 ans.
24:27 Il y a vraiment un souci sur la chaîne de valeur,
24:30 la chaîne des peines qu'on peut affliger aussi aux personnes
24:33 qui sont violentes ou qui ont des propos déplacés
24:36 dans les stades le week-end.
24:39 - Mais pour une réponse efficace, la dimension de dialogue
24:42 reste centrale.
24:45 - On travaille avec les supporters adverses,
24:48 avec les supporters marseillais,
24:51 avec les collectivités, avec le club de l'OM.
24:54 On sait que la prévention nous évite des difficultés.
24:57 - Cette envie de dialogue, je l'ai maintes fois démontrée.
25:00 Maintenant, ce que j'attends des associations de supporters,
25:03 c'est qu'elles dénoncent ces faits de violence.
25:06 Je ne les ai pas entendues depuis Nantes, Nice.
25:09 Je les ai vues faire des recours
25:12 à des mouvements, des déplacements.
25:15 J'aurais aimé qu'elles concentrent aussi une part
25:18 de leur attention pour dénoncer ces faits de violence.
25:21 - Un équilibre difficile à trouver et qui ne se fera pas
25:24 sans les supporters.
25:27 - Les groupes de supporters et les ultras font aussi partie
25:30 du coeur de l'économie d'un club.
25:33 Ils participent en achetant les places pour le match,
25:36 ils participent à l'ambiance, ils participent même pour les diffuseurs
25:39 parce que les diffuseurs ont tout intérêt à ce qu'il y ait un stade plein,
25:42 on l'a vu pendant la période du confinement.
25:45 - Il faut absolument s'attaquer spécifiquement aux problèmes
25:48 et peut-être, du coup, en France, recréer une gouvernance
25:51 spécifique autour des acteurs du foot pour traiter cette problématique.
25:56 - La ministre a prochainement donné rendez-vous à toutes les parties
25:59 pour des assises du football qu'elle souhaite profondément réformatrices.
26:04 ...

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