• il y a 10 mois
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 31 janvier 2024 : le réalisateur, Pascal Thomas. Son nouveau film "Le voyage en pyjama" est sorti le 17 janvier dernier et il publie un livre d’anecdotes : "Souvenirs en pagaille" aux éditions Séguier.
Transcription
00:00 Bonjour Pascal Thomas.
00:01 Bonjour mademoiselle.
00:02 Vous êtes réalisateur.
00:03 Je dis encore mademoiselle.
00:04 Moi je prends.
00:05 Tout a débuté ado quand vous avez créé votre premier ciné-club avec votre professeur
00:12 de français.
00:13 On suivit une revue de cinéma, puis le journalisme, la bande dessinée et enfin la réalisation
00:18 et l'écriture de scénarios.
00:19 Alors on pense aux Ozo, c'est en 72, on pense au Chaux-Lapin, à La Dilettante, je ne vais
00:23 pas tous les citer.
00:24 En 2008, l'Académie française vous a honoré du Grand Prix du cinéma.
00:27 Aujourd'hui, vous publiez Souvenirs en Pagaille chez Séguier.
00:31 C'est une série d'anecdotes recueillies bien malgré vous par Alain Kruger et Jean
00:36 Ollé-Laprune.
00:37 Ces souvenirs démarrent sur l'une de vos citations.
00:39 Vous dites "le tournage d'un film est une aventure, comme la vie quotidienne, mais pas
00:43 plus".
00:44 J'écrivais un roman sans y parvenir.
00:46 Pourquoi ? J'avais beaucoup de difficultés pour les descriptions, d'écrire les lieux.
00:52 J'arrivais à faire des dialogues, tout ça.
00:53 Et un jour, j'ai fait une série de portraits pour le journal Nuit.
00:56 Il y a eu Hitchcock, des gens comme ça.
00:58 Et c'est Claude Béry qui, à l'époque, habitait rue Beaujon.
01:01 Il y avait une table basse, Jean Cnol.
01:04 Il y avait plein de scénarios.
01:06 Des scénarios, j'en avais vu, mais je n'avais pas fait cette réflexion.
01:10 Comme quoi, le scénario, c'est bien, intérieur jour, studio de radio, le metteur scène est
01:17 assis devant celle qui va l'interviewer, et hop, le dialogue.
01:20 Et là, je me dis "c'est bien, Claude, on ne fait pas de description dans les scénarios".
01:24 "T'as qu'à écrire un scénario".
01:26 J'ai pris un épisode de ce livre qui s'est transformé en film.
01:34 J'ai écrit un petit scénario la nuit.
01:36 J'ai donné ça à Claude, qui a donné à son directeur de production.
01:39 Et quatre mois après, j'ai eu au téléphone "Pascal, Pascal, on a la plus grosse avance
01:45 qu'on ait jamais eue pour faire un film, pour un court métrage".
01:50 - Ce qui ressort dans vos films, c'est toute cette éducation et tout ce qui vous ont transmis
01:54 de vos parents, d'ailleurs.
01:55 Votre père, vous avez dit, ne dénonce jamais personne.
01:58 On le découvre aussi à travers votre film.
02:01 Votre mère fait partie aussi de vos films.
02:03 Vous vous êtes rendu compte, d'ailleurs, au moment de la sortie de "Dilettante", à quel
02:06 point le personnage principal ressemblait à votre mère, avec cette liberté et ce
02:10 qu'elle vous l'a transmise.
02:11 - Oui, je pense que c'était une liberté considérable, considérable.
02:15 Elle inventait des mots.
02:17 Une fois, je la rencontre dans "Rue de Sèvres", je la vois qu'elle s'y fait là.
02:22 Elle me dit "je bade, je bade".
02:25 De Badeau, c'était très bien.
02:27 Donc, c'est vrai, mon père, comme beaucoup d'adultes de Saint-Chartres, à point de
02:34 bon contour, on n'est pas loin d'Oradour-sur-Glane.
02:37 Vous connaissez, vous savez bien ce qui s'est passé, les horreurs qui se sont passées.
02:40 Donc, il y avait, je ne vais pas dire un rituel, mais bon, on emmenait les enfants, en
02:46 tout cas mon père, nous avait amené à Oradour-sur-Glane pour nous dire l'horreur.
02:50 Nous avions des cris, l'horreur, etc.
02:51 Et puis, les dénonciations, etc.
02:54 Et en sortant, j'ai cette phrase encore en tête qui résonne vraiment de façon très
02:58 particulière aujourd'hui.
02:59 Tu entends, Pascal, tu ne dénonces jamais.
03:01 On ne dénonce jamais, jamais, jamais.
03:03 - Pour terminer, est-ce que ce n'est pas la définition de ce que vous êtes avant tout,
03:07 Pascal Thomas, un homme libre ?
03:09 - À ça, je le pense.
03:10 Je le pense à contre-courant, certainement libre.
03:13 Bon, oui, je le pense.
03:15 J'ai toujours ouvert et trop ouvert, d'ailleurs.
03:19 Cette émission en est la preuve.
03:20 Je me suis attiré des ennuis pour ces raisons-là, de comportement, la même
03:26 chose. Dans ma vie sentimentale, ça a été compliqué pour les autres
03:30 et pour moi aussi, d'ailleurs.
03:32 - Merci beaucoup, Pascal Thomas, d'être passé dans le monde d'Elodie sur France
03:36 Info. Le voyage en pyjama est donc disponible.
03:38 Et cet ouvrage, un souvenir en pagaille, prix Transfuge, du meilleur livre de
03:42 cinéma. Merci beaucoup, Pascal Thomas.
03:44 - C'est moi qui vous remercie.

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