Reportage à la rencontre des agriculteurs mobilisés sur l'autoroute A16 à Beauvais (Oise), le 31 janvier 2024 : normes, réglementations, surtransposition, difficulté à transmettre, les sujets de mécontentement sont nombreux.
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00:10 Alors on est présent pour montrer un peu le ras-le-bol du monde agricole
00:15 avec plusieurs sujets.
00:17 Enfin on disait qu'au niveau national on a à peu près 140 doléances
00:21 mais ce qu'on entend partout c'est d'abord sur la surtransposition,
00:25 les normes qui ne sont pas les mêmes entre rien que les pays européens et la France.
00:32 Quand on parle des normes c'est forcément le ras-le-bol de l'administratif,
00:36 la charge administrative que peuvent avoir les agriculteurs aujourd'hui.
00:41 Quand on discute avec les agriculteurs autour de nous
00:44 on se rend compte qu'on est tous condamnés à avoir une journée dans notre semaine
00:48 consacrée uniquement à l'administratif et à la paperasse.
00:51 Et aussi sur le revenu avec une volonté d'avoir des prix beaucoup plus cohérents
00:59 que ce soit l'augmentation des charges et le manque de visibilité qu'on peut avoir
01:04 et ensuite sur toutes les incohérences qu'on peut avoir avec la PAC.
01:08 Aujourd'hui un sentiment de colère est ras-le-bol
01:11 parce que la marmite elle boute depuis bien trop longtemps.
01:13 Qui dans cette société actuelle, parmi les consommateurs,
01:17 parmi tous les citoyens que nous sommes dans la France,
01:20 aujourd'hui qui accepterait de travailler à chaque fois plus pour en gagner moins ?
01:25 Il faut savoir qu'aujourd'hui, même moi par exemple je suis céréalier,
01:28 je vais vous dire, polyculteur, éleveur au vin,
01:31 je fais également un petit peu de prestations de service auprès d'autres voisins
01:34 pour amortir plus vite mes machines,
01:38 parce qu'avant je vendais du machinisme agricole.
01:41 Mais aujourd'hui quand on voit le coût des machines agricoles,
01:43 aujourd'hui la rentabilité sur nos exploitations,
01:46 ça a doublé en 15 ans le machinisme.
01:48 Et aujourd'hui le prix du blé, le prix de la viande, le prix du lait,
01:54 depuis 30 ans, 40 ans on est toujours au même niveau.
01:57 Et aujourd'hui on a des seuils de rentabilité qui sont beaucoup trop en arrière.
02:02 Aujourd'hui on ne peut pas travailler, continuer à travailler plus pour en gagner moins.
02:06 On n'est plus dans la société actuelle,
02:08 aujourd'hui le grand public regarde 35 heures, 35 heures, allez le SMIC.
02:11 Aujourd'hui beaucoup d'agriculteurs, même en polyculture,
02:14 aujourd'hui on fait avant tout tourner l'économie de nos exploitations,
02:17 on évite d'handicaper les revenus de nos entreprises quand même.
02:21 On se dégage le minimum de revenus.
02:23 On attend plus que les petites mesurettes qui ont été faites dernièrement.
02:31 Par exemple, je parlais au niveau européen,
02:37 on attend des vraies avancées sur tout ce qui est les 4% de survates improductives.
02:42 On attend un renforcement de la loi EGalim,
02:45 que ce soit sur les contrôles ou sur les négociations commerciales.
02:50 On attend un vrai pas en avant pour montrer que le gouvernement est derrière ses agriculteurs,
02:57 qu'il se rend compte du mal-être qui se passe.
02:59 Et forcément on attend une simplification énorme sur tout ce qu'on nous demande au quotidien.
03:04 Je me demande ce que sera l'avenir de mes enfants.
03:11 J'ai une expérience, j'ai bossé 10 ans avant de m'installer à l'extérieur.
03:14 Et aujourd'hui je forcerai mes enfants, avant de s'installer, à bosser à l'extérieur.
03:19 Aujourd'hui je ne pense pas que ce soit une mauvaise expérience que de bosser à l'extérieur,
03:22 mais aujourd'hui il est quand même malheureux d'en arriver là,
03:25 pour assurer des revenus qui soient décents.
03:28 L'optimiste va dire qu'il y a un avenir en agriculture.
03:31 Je pense que les jeunes vont pouvoir continuer à s'installer avec des beaux projets.
03:36 On le voit chez les JIA quand on se rend compte qu'il y a énormément de projets,
03:40 de beaux projets qui se mettent en place.
03:42 On sent que les jeunes sont motivés.
03:45 Vous l'avez vu aujourd'hui, il y a énormément de jeunes.
03:48 Depuis le début, c'est les jeunes qui sont vraiment moteurs sur les actions.
03:51 Donc ça donne un réel espoir.
03:53 Par contre, je crois que celui qui a envie de s'installer avec un projet,
03:58 il a intérêt de s'accrocher.
04:00 Parce que c'est parfois, sur certains projets, le parcours du combattant.
04:05 Ce qu'on veut au niveau du département, et c'est la tendance en France,
04:09 c'est peut-être utopique, mais c'est un départ en retraite, une installation.
04:14 On sait que ça ne se fera pas comme ça, ce sera difficile.
04:16 Mais si déjà on a une dynamique d'installation dans le département,
04:19 je pense que l'agriculture aura de beaux jours.
04:23 Merci.
04:25 [Musique]