Pourquoi (presque) personne ne veut de l’accord avec le Mercosur

  • il y a 8 mois
Le CETA, mais en pire. Le gouvernement français se trouve au cœur d’une tempête agricole majeure avec l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur en Amérique du Sud. Cet accord, en gestation depuis plus de deux décennies, est perçu comme une menace existentielle par les agriculteurs français. Le HuffPost vous explique pourquoi dans la vidéo en tête de cet article.

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Transcription
00:00 Le dossier a tout le potentiel pour faire exploser l'agriculture européenne,
00:04 et le gouvernement le sait très bien.
00:06 L'accord entre l'Union Européenne et le Mercosur
00:08 est au cœur de la colère des agriculteurs.
00:10 Mais pourquoi ?
00:11 D'abord, c'est un accord de libre-échange,
00:13 c'est-à-dire qu'il vise à faire baisser les droits de douane entre les deux zones.
00:16 Et elles réunissent à L2 pas loin de 780 millions de personnes.
00:20 C'est énorme.
00:21 Le programme, en discussion depuis déjà une vingtaine d'années, est radical.
00:25 Une baisse de 90% au global des droits de douane entre les deux régions.
00:29 Concrètement, ça signifie que les vins français arrivant au Brésil
00:32 ne seront plus taxés à 27% comme aujourd'hui, mais à 0%.
00:36 Dans l'autre sens, la viande bovine argentine, aujourd'hui taxée à 20%,
00:39 ne le serait plus qu'à 7,5% après application de l'accord.
00:43 Le problème de tout ça, pour les agriculteurs français,
00:45 il porte un nom, concurrence, déloyal.
00:48 Les professionnels du secteur redoutent l'arrivée de denrées
00:50 bien moins chères que celles produites localement.
00:53 En Argentine, le kilo de bœuf coûte aujourd'hui aux alentours de 5,60€,
00:57 un prix avec lequel ni votre boucher, ni votre supermarché
01:00 n'est aujourd'hui en mesure de rivaliser.
01:02 La viande, comme d'autres produits, fera tout de même l'objet de quotas.
01:05 99 000 tonnes pour le bœuf, 150 000 tonnes pour le sucre,
01:09 mais tout de même, ça ne passe pas.
01:10 Ni pour les représentants agricoles,
01:12 J'entendais hier encore le commissaire européen nous parler d'une possibilité
01:14 de signer le Mercosur d'ici le mois de juin, c'est une provocation.
01:17 Ni pour la gauche,
01:18 On est là parce que l'agriculture dit non au Mercosur.
01:20 Ni pour Emmanuel Macron,
01:21 Du tel que l'accord est en train d'être négocié avec le Mercosur,
01:24 la France s'y oppose.
01:26 Enfin, l'Emmanuel Macron de maintenant, pas celui d'il y a 5 ans.
01:29 On est gagnant sur le Mercosur, la négo n'est pas finie.
01:31 Ni même pour le Sénat, qui vient de publier une résolution
01:34 très claire sur le sujet il y a quelques semaines.
01:36 Parce que derrière cette différence de prix, il y a des différences de normes,
01:39 qu'elles soient sociales ou environnementales.
01:41 On ne rémunère pas de la même façon un agriculteur en Amérique du Sud et en Europe,
01:45 et on ne produit pas avec les mêmes contraints.
01:47 30% des pesticides utilisés par l'agriculture brésilienne
01:50 ne sont pas autorisés en Europe.
01:52 Pour beaucoup, c'est incohérent, alors que l'on demande des efforts
01:55 pour verdir l'agriculture européenne.
01:57 Mais alors, qui est pour d'autres pays européens
01:59 qui y voient des débouchés pour leurs produits et notamment leur industrie ?
02:02 L'Italie, la Suède, l'Allemagne.
02:05 En fait, c'est une majorité de pays dans l'Union Européenne,
02:07 malgré l'opposition de leurs agriculteurs.
02:09 Aujourd'hui, le traité n'est pas prêt d'être signé,
02:12 malgré l'accord de principe trouvé en 2019.
02:14 Il faut dire que les manifestations de ces derniers mois y sont pour beaucoup.
02:17 La preuve, c'est que même la Commission Européenne a admis
02:20 que l'accord n'était pas encore prêt.
02:22 Et ça, c'est sans doute le plus important,
02:24 puisque c'est la Commission, et non les États membres,
02:26 qui négocient et qui concluent les traités commerciaux.
02:29 Même si l'opposition d'un pays comme la France
02:31 rend la conclusion d'un accord très improbable.
02:34 [SILENCE]

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