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00:00 - Exploitation, Laurent Wauquiez, notre invité ce matin, Nathalie Rodrigues. - Bonjour Laurent Wauquiez. - Bonjour. - Président Les Républicains à Dauvergne-Rhône-Alpes.
00:07 Alors 15 jours après le début du mouvement de colère des agriculteurs à Haute-Garonne,
00:11 10 jours après les premiers blocages chez nous en Dromardèche, ça y est les premiers barrages se lèvent.
00:16 Le gouvernement a fait le travail, Laurent Wauquiez.
00:18 - Ce qui compte c'est nos agriculteurs.
00:20 Et je préfère que ça aille dans une bonne direction que dans une mauvaise.
00:24 Si on compare avec les annonces de la semaine dernière, ça va dans une meilleure direction.
00:30 Mais je pense qu'on est tous très lucides.
00:32 La crise du monde agricole à laquelle on a à faire face, elle est très profonde.
00:36 Et tout reste à faire.
00:38 Et ce dont on a besoin, c'est maintenant d'enclencher un vrai travail de fonds,
00:43 pour redresser les choses, les remettre juste, j'ai envie de dire, dans le bon sens.
00:47 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire des agriculteurs qui sont payés,
00:50 et qui arrivent à se rémunérer pour leur travail, nourrir les gens,
00:54 et arrêter le harcèlement administratif qui les décourage tous.
00:58 Ce travail-là, il reste à faire.
01:00 Et c'est ce qu'on doit enclencher maintenant.
01:02 - D'ailleurs, les agriculteurs ont dit que le mouvement était suspendu pour l'instant.
01:05 Vous avez annoncé trois semaines de tournée dans les exploitations agricoles.
01:08 Est-ce que vous maintenez maintenant que le dur de la crise est passé ?
01:11 - Oui, évidemment.
01:13 - Pourquoi ? Vous voulez apporter quoi dans cette tournée ?
01:16 - D'abord, la première chose que je voudrais dire, c'est que nous, dans notre région,
01:20 on n'a pas attendu que les agriculteurs sortent dans la rue pour travailler avec eux.
01:23 Ça fait sept ans qu'on le fait.
01:25 On a multiplié par trois le budget de notre agriculture dans notre région.
01:29 - C'est-à-dire, il est de combien le budget aujourd'hui ?
01:31 - On a un budget qui a plus de 120 millions d'euros au total,
01:34 et qui en fait le premier budget agricole de toutes les régions de France.
01:37 Jamais dans notre région, on avait fait autant d'efforts pour notre agriculture.
01:40 Et je le fais pourquoi ?
01:42 Parce que je pense que notre région, Vendronalpe,
01:45 elle n'est pas la même sans les agriculteurs.
01:47 Ceux de la Drôme, ceux de l'Ardèche, nos produits terroirs,
01:50 ils contribuent à nos paysages, ils nous nourrissent,
01:53 on est la région des produits de qualité.
01:55 Et donc j'ai toujours pensé qu'il fallait les défendre.
01:58 Aider nos jeunes à s'installer,
02:00 les accompagner sur les circuits courts,
02:02 mais les aider aussi à exporter nos produits.
02:04 Et donc on a toujours misé depuis le début.
02:07 J'ai pas attendu qu'il y ait une crise pour nous en occuper.
02:09 - La région en fait abonde des fonds,
02:11 qui sont des fonds européens gérés effectivement par la région.
02:14 Vous abondez des fonds européens.
02:16 Il n'y a pas d'initiative propre à la région pour l'agriculture ?
02:19 - Ah mais si, bien sûr.
02:21 Je vais prendre un exemple très simple, comme ça vous comprendrez.
02:24 Nous on a une politique dans notre région,
02:26 avec un certain niveau pour installer les jeunes.
02:28 Si vous allez dans les régions autour,
02:30 les aides sont beaucoup plus faibles.
02:32 J'étais en Bourgogne-Franche-Comté,
02:33 où les jeunes agriculteurs sont vraiment en colère,
02:35 parce que les dispositifs proposés par leur région
02:37 ne sont pas du tout à la hauteur des nôtres.
02:39 Et donc on est vraiment, et on est identifié comme ça en France,
02:42 comme étant la région qui a vraiment beaucoup investi dessus.
02:45 Ce qui veut dire quoi ?
02:47 Que chez nous, l'agriculture c'est pas une annonce, c'est une constante.
02:50 Et je voulais être là avant la crise,
02:52 aux côtés des agriculteurs pendant la crise,
02:55 et je continuerai à l'être après.
02:57 Donc, pour le dire simplement,
02:59 je ne vais pas m'arrêter d'aller voir nos exploitations agricoles,
03:01 parce qu'il y a eu des annonces hier.
03:03 - Vous disiez, budget de la région pour l'agriculture
03:05 multiplié par 3, 120 millions d'euros aujourd'hui.
03:08 Multiplié par 3, en combien de temps ?
03:10 - On a fait ça en à peine 7 ans.
03:12 Et c'est unique.
03:14 Et surtout ce que ça montre,
03:16 c'est que quand on fait confiance à nos agriculteurs,
03:18 il y a quelque chose qui se passe.
03:20 Vous voyez par exemple, la moyenne en France
03:22 des exploitations où les agriculteurs ont moins de 40 ans,
03:25 c'est à peine 15%.
03:26 Dans notre région c'est 30%.
03:28 Donc, ce que je veux dire aussi à ceux qui nous écoutent,
03:31 c'est qu'il n'y a pas de fatalité à cette situation.
03:33 Si on s'occupe de notre agriculture,
03:35 si on leur fait confiance, ça peut marcher.
03:37 Et pourquoi je veux continuer à aller sur le terrain ?
03:40 Il y a des situations,
03:42 on se dit juste "mais comment on a pu en arriver là ?"
03:44 J'étais la semaine dernière sur une exploitation,
03:47 dans les monts du Lyonnais,
03:49 chez un agriculteur, dont la vache avait été la vache star
03:52 du salon de l'agriculture il y a 2 ans.
03:54 Un an après, il avait un contrôle sur son exploitation,
03:57 par un organisme de contrôle, l'OFB,
03:59 qui était sur son exploitation, avec le pistolet à la ceinture,
04:02 comme si c'était un délinquant.
04:04 Et il s'est retrouvé en garde à vue...
04:05 - L'Office français de la biodiversité,
04:07 les agences peuvent effectivement être armées.
04:09 - Mais ce qui est fou quand même,
04:11 on s'arrête 2 secondes,
04:13 on se dit "on va chez des agriculteurs, avec un pistolet"
04:16 et il a été contrôlé en garde à vue pendant une demi-journée,
04:19 parce qu'il avait curé son fossé à 80 cm au lieu de 50 cm.
04:23 C'est plus possible, c'est pas acceptable de continuer comme ça.
04:26 Et pourquoi je vous ai dit que la crise était profonde
04:29 et qu'il y avait un travail long à mener ?
04:31 Si le gouvernement pense avoir acheté le silence,
04:33 il ferait une lourde erreur.
04:35 Tout reste à faire, parce que ça peut pas être un coup de com'
04:38 dont a besoin notre agriculture.
04:40 C'est redresser les choses pour que,
04:42 tout simplement, les prix soient décents.
04:44 Là encore, je voudrais vous donner un exemple.
04:46 - La loi EGalim va être renforcée là-dessus.
04:49 Vous, Région, vous avez déjà voté le budget 2024.
04:51 Est-ce que cette crise agricole vous inspire des nouvelles mesures
04:54 que vous pouvez mettre en place au niveau régional ?
04:56 - Par exemple, on veut travailler avec nos agriculteurs
05:00 pour pouvoir améliorer la vitesse de paiement des aides de la région.
05:04 On veut travailler avec nos agriculteurs
05:07 pour pouvoir mettre plus en avant,
05:09 dans nos grandes surfaces, les produits de notre région.
05:11 Vous savez, parfois, si vous avez fait attention,
05:13 quand vous allez dans votre supermarché,
05:15 on a des produits "Ma région, ces produits",
05:18 avec un petit label bleu qui permet de les identifier.
05:21 L'objectif, c'est que chacun d'entre nous,
05:24 quand on va dans les supermarchés,
05:25 plus facilement on identifie ce qui vient de chez nous.
05:27 Donc on veut continuer à avancer dans cette direction.
05:30 Et globalement, c'est un travail de fond, l'agriculture.
05:33 C'est pas des coups de baguette magiques.
05:35 C'est pas "les agriculteurs sont descendus dans la rue, on fait des annonces".
05:39 Le travail, ça doit être un travail de fond qu'on enclenche.
05:41 Et c'est juste que chacun, tous ceux qui nous écoutent,
05:45 se gardent cette idée simple en tête.
05:47 On a l'agriculture la plus respectueuse au monde de l'environnement.
05:50 Et donc, dans notre pays, agir pour l'environnement,
05:52 c'est soutenir nos agriculteurs.
05:54 - Donc, vous avez visité une exploitation, vous le disiez,
05:57 dans les monts du Lyonnais.
05:59 Aujourd'hui, vous allez en Ardèche, à Rochessoeuf,
06:01 sur le plateau du Coiron, mais vous avez été aussi
06:03 en Normandie, dans le Jura, dans le Doubs,
06:05 dans le territoire de Belfort.
06:06 Est-ce votre rôle en tant que président d'Auvergne-Rhône-Alpes,
06:09 parce que vous êtes déjà en campagne pour la présidentielle 2027,
06:12 quand vous faites comme ça une tournée partout en France ?
06:14 - Mais, vous voudriez quoi ?
06:16 Que je reste dans mon bureau,
06:18 pendant qu'on a une crise du monde rural aussi profonde ?
06:20 - Non, mais on ne voit pas Xavier Bertrand, par exemple,
06:22 président des Hauts-de-France, descendre Andromardèche.
06:24 Ou du moins, il ne nous le fait pas savoir,
06:26 s'il vient en visite officielle.
06:27 - Eh bien, pourtant, je pense que c'est important.
06:29 Parce que, par exemple, quand je suis allé dans le Jura,
06:32 qu'est-ce que je suis allé voir ?
06:33 Je suis allé voir la filière Comté,
06:35 où ils arrivent à sortir un prix du lait qui est à 680 euros.
06:38 Là où, chez nous, dans notre région, on est 405 chez Lactalis,
06:41 parfois 450 chez des collecteurs comme Sodial.
06:45 Et j'ai voulu regarder et me dire,
06:47 tiens, est-ce qu'il n'y a pas des idées à prendre chez nous ?
06:49 En sens inverse, je vous l'ai dit, dans le territoire de Belfort,
06:51 dans le Doubs, j'ai eu un échange avec les jeunes agriculteurs,
06:54 qui me disaient, mais comment vous faites chez vous ?
06:56 Est-ce que vous pouvez nous donner des idées
06:58 pour qu'on puisse améliorer sur notre territoire ?
07:00 C'est la France, c'est notre pays.
07:02 L'agriculture, elle ne s'arrête pas juste aux frontières de notre région.
07:05 - Donc, c'est juste pour diffuser les bonnes idées,
07:07 ce n'est pas pour commencer une campagne présidentielle ?
07:09 - C'est pour écouter.
07:11 Et c'est important dans la période actuelle d'écouter.
07:13 Et vous seriez la première à me reprocher
07:16 de rester dans mon bureau
07:18 et de ne pas aller sur le terrain écouter nos agriculteurs.
07:20 Vous savez, je l'ai toujours fait.
07:22 Et France Bleu, vous m'avez d'ailleurs souvent suivi
07:24 sur toutes les initiatives qu'on a menées
07:26 aux côtés de notre agriculture.
07:28 - Mais les gens de la région vous attendent ici aussi
07:31 sur des dossiers importants, sur le TER
07:34 pour les voyageurs côté Ardèche-Rouen,
07:37 sur les TER bondés côté Dromois-Duron.
07:39 C'est quand même les compétences principales de la région,
07:42 le transport et l'enseignement.
07:44 Vous êtes entendu aussi sur ce sujet-là,
07:46 vous avez eu le temps d'aller faire des visites ailleurs en France.
07:48 - Mais, pardon, vous l'avez vous-même dit tout à l'heure,
07:51 où est-ce que je serai en Ardèche ?
07:53 Où est-ce que je suis ce matin, chez vous, à Valence ?
07:55 Où est-ce que j'étais hier soir, à Grenoble ?
07:57 Où est-ce que j'étais au milieu de la matinée hier, à Lyon ?
08:00 Où est-ce que je serai demain, en Haute-Loire ?
08:03 Le travail se fait sur le terrain.
08:05 Et vous ne pouvez pas rester enfermés chez vous.
08:07 C'est important de regarder et d'écouter.
08:09 Et c'est aussi quand même une fierté, vous devriez être fiers de ça,
08:12 de vous dire "mais ce qu'on a fait chez nous,
08:14 les autres territoires le regardent".
08:16 Et je crois aussi, pour bien vous l'expliquer,
08:19 à cette façon de regarder la France.
08:21 Vous voulez quoi ? Que ce soit juste Paris qui décide ?
08:23 Je pense que c'est important aussi qu'entre régions on discute,
08:26 qu'entre nos territoires on puisse voir les bonnes idées pour avancer ensemble.
08:29 Dans notre pays, ça se décide trop à Paris.
08:31 On a besoin de faire en sens inverse et de partir de nos terroirs.
08:34 Et moi c'est ce qui me motive.
08:36 Merci Laurent Wauquiez, président d'Auvergne-Rhône-Alpes,
08:38 qui continue sa tournée des exploitations agricoles partout en France.
08:42 Merci à vous.
08:43 Merci à vous.