Manuel Bompard s'exprime sur le déplacement d'une vingtaine de députés LFI à Rafah, mais pas en Israël

  • il y a 6 mois
Il réclame également un cessez-le-feu entre Israël et la Palestine et souhaite alerter sur la situation humanitaire à Gaza.
Transcript
00:00 Manuel Bompard, une délégation d'une vingtaine de parlementaires à la France Insoumise menée par Éric Coquerel se rend à Arafa ce dimanche,
00:07 au sud de la bande de Gaza. Arafa c'est le point de passage entre l'Égypte et la bande de Gaza pour défendre un cessez-le-feu immédiat.
00:14 Est-ce que vous savez si ces parlementaires ont prévu de se rendre en Israël après ce déplacement à Arafa ?
00:20 Je ne crois pas. Je crois que dans la délégation, le déplacement est prévu en lien avec les autorités égyptiennes de pouvoir se rendre à Arafa
00:29 pour alerter sur la situation humanitaire désastreuse dans laquelle se retrouvent aujourd'hui les habitants de la bande de Gaza
00:37 qui sont confrontés depuis maintenant plusieurs mois à des bombardements israéliens qui ont fait un bilan extrêmement lourd.
00:43 On parle de près de 30 000 victimes. C'est de ça dont on parle.
00:47 Et ça se fait dans le silence coupable d'une grande partie de la communauté internationale.
00:52 Je salue l'initiative des parlementaires et notamment des parlementaires de mon groupe de se rendre à Arafa pour attirer l'attention de la communauté internationale
01:01 et qu'elle bouge et qu'elle réagisse.
01:03 Pourquoi ne pas se rendre également en Israël après ce déplacement au-dessus de la bande de Gaza ?
01:08 Peut-être que certains d'entre nous se rendront par ailleurs dans une autre délégation en Israël. Pourquoi opposer l'un à l'autre ?
01:14 Est-ce que ça a déjà été le cas, Manuel Bompa ?
01:17 Bien sûr que ça a déjà été le cas.
01:19 Des députés insoumis sont déjà allés en Israël ?
01:22 Non, je ne sais pas. Nous avons reçu à l'Assemblée nationale plusieurs reprises.
01:26 Non, mais est-ce que des députés insoumis sont déjà allés en Israël depuis le 7 octobre ?
01:29 Depuis le 7 octobre, je ne crois pas.
01:31 Mais nous avons reçu par exemple à l'Assemblée nationale des députés de l'opposition israélienne, monsieur Netanyahou, avec qui nous avons des liens et des discussions.
01:40 Mais vous comprendrez donc, Manuel Bompa, que certains puissent se dire que c'est une vision un peu hémiplégique.
01:44 Non, je ne le comprends pas.
01:46 Pourquoi se rendre à Arafa et pas en Israël ?
01:48 Parce que ce qui choque tout le monde, c'est le fait que vous avez, selon la Cour internationale de justice, qui a rendu son verdict, dont je rappelle que c'est l'organisme judiciaire, rattaché à l'organisation des Nations unies,
01:58 vous avez aujourd'hui, dans ce qui se passe à Gaza, un risque de génocide.
02:03 C'est ça que dit la Cour internationale de justice.
02:06 Et ce qui devrait choquer tout le monde, c'est que face à cette situation, on ne fait rien.
02:12 Mais c'est un choc.
02:14 Non, mais attendez, Manuel Bompa.
02:16 Est-ce que je suis ému par le fait que...
02:19 Non, non, non.
02:20 Manuel Bompa, la question est très simple.
02:22 On a évoqué, notamment la semaine dernière avec Jean-Luc Mélenchon, longuement, cette décision de la Cour internationale de justice.
02:26 La question est extrêmement simple.
02:28 Vous avez en ce moment même une vingtaine de parlementaires de la France insoumise qui se rendent à Arafa, qui appellent à un cessez-le-feu, qui vont rencontrer les autorités sur place.
02:36 Pourquoi, depuis le 7 octobre, n'y a-t-il eu aucun déplacement de députés de la France insoumise sur le territoire israélien ?
02:42 Mais parce que nous avons eu des relations avec d'autres, comme je vous l'ai dit, députés de l'opposition au gouvernement de Netanyahou.
02:48 Mais ce n'est pas ma question.
02:49 Mais d'accord, mais on fait encore ce qu'on veut, monsieur Duhamel.
02:51 Mais d'accord, mais pourquoi ce choix de se rendre au sud de la banque de Gaza ?
02:54 Pour alerter sur la situation qui se déroule aujourd'hui à Gaza.
02:57 Et donc, quand on a vu d'autres responsables politiques français se rendre, notamment dans le sud d'Israël, dans les kiboutz, où des Israéliens ont été massacrés par le Hamas,
03:05 vous auriez pu y aller ?
03:06 On aurait pu effectivement y aller.
03:08 Et pourquoi vous n'allez pas là ?
03:09 On n'a pas été invité à y aller, en l'occurrence dans la délégation que vous êtes en train de dévoquer.
03:13 Il y a d'autres responsables politiques qui y sont allés, hors invitation.
03:16 Vous poserez la question à ceux qui y sont allés, pourquoi ils n'ont pas voulu nous inviter.
03:20 Mais vous auriez pu y aller de vous.
03:21 Non, mais j'ai l'impression que ça vous met mal à l'aise.
03:22 Non, ça ne me met pas du tout mal à l'aise, mais ce qui me met un peu mal à l'aise, je vous le dis franchement, c'est que je trouve ça stupéfiant
03:28 que vous cherchiez à venir polémiquer sur le fait que des députés de gauche aillent à Rafa pour alerter sur la situation catastrophique
03:34 dans la banque de Gaza, pour faire en sorte que la France prenne enfin la parole, pour faire en sorte que ce massacre s'arrête,
03:41 pour faire en sorte qu'on retrouve la paix le plus rapidement possible.
03:44 Et là, vous êtes en train de polémiquer pour savoir qu'on va à tel endroit ou pas à tel endroit.
03:47 Franchement, c'est vous là qui, à mon avis…
03:49 Non, non, non, Manuel Bompard, j'ai le souvenir d'un tweet de Jean-Luc Mélenchon qui reprochait à la présidente de l'Assemblée nationale,
03:54 Yael Brone-Pivet, d'aller, je cite, "camper" à Tel Aviv.
03:56 Donc il y avait bien une question politique sur les déplacements qui étaient choisis par les uns et les autres.
04:00 Vous comprenez donc qu'on vous pose la question de savoir pourquoi cette délégation parlementaire se rend à Rafa
04:05 et qu'aucun député insoumis ne s'est rendu en Israël depuis le 7 octobre.
04:10 On va faire de la géographie. Rafa, c'est en Égypte, vous êtes d'accord ?
04:13 Oui, c'est à la frontière entre la banque de Gaza et l'Égypte.
04:15 L'Égypte ne bombarde pas la banque de Gaza aujourd'hui, vous êtes d'accord ?
04:18 C'est le cas pourtant de l'armée israélienne, non ?
04:20 Je ne comprends pas le rapport.
04:21 Ce que nous avons reproché effectivement à un certain nombre de dirigeants français,
04:24 c'est d'aller parader avec l'armée israélienne qui était en train, au même moment,
04:29 de commettre des crimes de guerre reconnus comme tel par l'organisation des Nations Unies.
04:35 Donc si vous n'allez pas en Israël, c'est parce que vous contestez les bombardements qui sont faits.
04:38 Bien évidemment.
04:39 Mais voilà, au moins les choses sont claires.
04:40 Mais vous essayez de faire croire que je n'aurais aucun lien avec des représentants israéliens
04:45 qui pour une grande partie d'entre eux, d'ailleurs, s'opposent.
04:48 C'est la raison pour laquelle vous n'y allez pas.
04:49 Mais bien sûr.
04:50 Au moins les choses sont claires.
04:51 Puisque vous disiez "on va peut-être y aller".
04:52 Mais voilà.
04:53 Donc, c'est pour ça que je ne vous dis pas.
04:54 Mais non, mais je vous dis par principe, on n'a pas de difficulté à discuter avec des interlocuteurs israéliens,
04:57 puisque c'est la question que vous...
04:58 Mais pas jusqu'au point de se rendre sur place, témoigner de votre solidarité auprès des Israéliens.
05:02 Mais pas avec l'armée israélienne, non.
05:04 Pas avec le gouvernement d'extrême droite israélien.
05:06 Mais témoigner ma solidarité avec la population israélienne,
05:09 avec les personnes qui ont été victimes des crimes commis par le Hamas,
05:12 bien évidemment, je n'ai aucune difficulté à le faire.
05:14 Mais en l'occurrence là, ce dont on parle, c'est ce qui se passe en ce moment dans la bombe de Gaza.
05:19 Et ce qui se passe dans ce moment dans la bombe de Gaza est un crime odieux
05:23 qui doit être arrêté le plus rapidement possible.
05:25 Écoutez, la France a occupé au mois de janvier la présidence du conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies.
05:31 Qu'est-ce qu'elle a fait pour obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible ?
05:34 Rien.
05:35 Et la France a publié, parce que je voudrais que ça soit su, le 2 janvier 2024,
05:40 un communiqué suite à une décision de la Cour internationale de justice sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
05:45 Ce communiqué disait la chose suivante.
05:47 La France rappelle que les jugements rendus par la Cour internationale de justice sont définitifs
05:51 et obligatoires pour les partis et qu'ils doivent être mis en œuvre.
05:54 La France renouvelle son soutien à la Cour, organe judiciaire principal des Nations Unies,
05:59 qui est l'un des piliers d'un ordre international fondé sur des règles de droit.
06:02 La question que je pose est la suivante.
06:04 Pourquoi la France dit ça quand la Cour internationale de justice prend une décision sur le conflit entre l'Ukraine et la Russie ?
06:11 Et pourquoi la France n'est pas capable de dire la même chose quand la Cour internationale de justice...
06:14 La France a reconnu la décision entre...
06:17 Vous voulez qu'on reprenne les mots ? Je les ai ici.
06:19 Ils ont contesté cette décision.
06:23 Ils n'ont pas demandé à ce qu'elle soit mise en œuvre immédiatement.
06:26 Et en tout cas, ils n'ont rien fait au niveau du Conseil des Sécurités des Nations Unies
06:30 pour que cette décision s'accompagne d'une résolution pour obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible.
06:34 Et comme le gouvernement ne fait rien, nous nous déplatons à Rafa pour alerter le Conseil des Sécurités des Nations Unies.
06:40 Cette décision ne demandait pas un cessez-le-feu à Israël, contrairement à ce que souhaitait la Fédération.
06:44 Elle demandait que tout soit fait pour prévenir le risque de génocide. Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
06:49 Juste, c'était pour préciser sur la question du cessez-le-feu.
06:51 Oui, mais sauf que tout le monde l'ira, les deux communiqués.
06:54 Vous les publierez sur votre site internet, vous verrez.
06:56 Et vous verrez que les mots utilisés par la France, à travers le...
07:00 Bon, je pense que les choses... Donc, puisque vous me posez... Attendez, parce que moi, j'ai pas envie qu'à la fin,
07:05 on retienne de cet échange une polémique.
07:07 Moi, voilà ce que j'ai à vous dire.
07:09 Ce qui se passe va rester sur notre conscience pendant des années, des décennies et des décennies, si on ne fait pas quelque chose.
07:17 Donc, j'appelle la France, j'appelle l'ensemble des pays dans le monde à agir enfin pour mettre un terme aux opérations militaires de l'armée israélienne...
07:25 responsable d'un crime de masse. Voilà ce qui doit s'arrêter le plus rapidement possible.

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